CHAPITRE 2. MILIEU D'ETUDE ET METHODES DE RECHERCHE
2.1. Milieu d'étude
Par ordonnance n° 81/Agriculture du 27/07/1937,
la réserve zoologique et forestière de Kahuzi-Biega fut
instituée par l'administration coloniale belge afin de
réglementer l'exploitation des ressources naturelles dans cette partie
de la forêt tropicale humide située dans le Kivu montagneux. En
1970, cette réserve située en haute altitude (1200-3308 m) prend
le statut du Parc National en vue d'une protection intégrale de la
biodiversité avec une attention particulière sur le gorille de
plaine de l'Est, Gorilla berengei graueri, une espèce
endémique dans les forêts de l'Est du Congo. Ce parc couvrait
60.000 ha.
En 1975, il est élargi vers la basse altitude
(600-1200m) et couvre 600.000 ha. C'est en 1980, par la loi Congolaise n°
80/008 du 18/07/1980, que le PNKB fut inscrit sur la liste des sites du
patrimoine mondial de l'UNESCO (Shalukoma 2008).
2.1.1. Situation géographique
Le PNKB est situé à l'Est de la RDC
(voir figure 1) à cheval sur trois provinces : le Sud-Kivu, le Nord-Kivu
et le Maniema. Il est cerné par le territoire administratif de Kabare,
Walungu, Kalehe, Shabunda, Punia et Walikale. Géographiquement, il est
situé à 1°36'-2°27' de latitude Sud et
27°33'-28°46' de Longitude Est (Fischer, 1993).
Figure 2. Parc National de Kahuzi-Biega
2.1.2. Végétation
Selon Mühlenberg et al. (1995), près
de 90% du PNKB se trouve dans la
partie basse altitude (600 - 1200m) et est
dominé par la forêt ombrophile équatoriale très
humide. Elle possède une grande densité d'espèces
végétales dominées par les grands arbres ramifiés
aux sommets ; leurs pénombres ne favorisent pas le développement
des plantes herbacées. Dans la partie de haute altitude (15001300m), on
a la région des monts Kahuzi et Biega.
On y distingue 6 formes de végétations
:
- forêt ombrophile de montagne : en se basant
sur leur composition floristique et leur physionomie, on distingue
:
- forêt de basse montagne à
Pantadesma lebrunii et Lebrunia bushae avec comme
espèces caractéristiques : Gossera multinervis
- forêt de moyenne montagne à
Drypetes divsp., cet étage est beaucoup plus
hétérogène que le précédent. Newtonia
buchananii et Lebrunia bushae se rangent parmi les espèces
dominantes ;
- forêt de haute montagne à
Podocarpus, à partir de 2000 m apparaissent Podocarpus
milanjianus et Podocarpus usambarensis qui peuvent former des
véritables peuplements. Viennent ensuite les espèces comme
Ficalhoa laurifolia, Parinari excelsa et Parinari
holstii. Le sous-bois est riche en fougères.
- Aningeria adolfi-frederici se rencontre
à tous les étages.
- formation à Sinarundinaria alpina :
au Kahuzi, jusqu'à plus de 3000 m d'altitude, la strate
supérieure atteint 20 m de hauteur. Elle est composée uniquement
de Sinarundinaria alpina. Dans le sous-bois règne une
demi-obscurité peu favorable au développement d'une strate
inférieure dont le recouvrement ne dépasse jamais 15 à 20
%. On peut y trouver Pilea, Ceratomera et diverses Polypodiaceae
et des jeunes Podocarpus.
- Forêt mésophile de montagne : cette
forêt, à base de Newtonia buchananii, a jadis recouvert
d'importantes surfaces en bordure du Lac-Kivu. Saccagée par l'homme,
elle a pratiquement disparue du versant oriental, mais subsiste encore sur le
versant occidental entre 1400 et 1600 m d'altitude.
- Recrus et forêt secondaire de montagne : Aux
altitudes moyennes, c'est un recru à base de Pennisetum purpureum
qui s'installe après l'abattage de la
forêt aux altitudes plus élevées.
Les stades initiaux sont caractérisés par Lobelia
gibberoa. On note, cependant, des dominances locales de Croton
macrostachys, Dombeya goetzenii, Neoboutonia macrocalyx et Markhamia lutea.
Hagenia abyssinica est très abondant vers 2000m. Les forêts
secondaires que l'on rencontre aux altitudes supérieures à 2000m
sont dominées par Polyscias fulva et Macaranga neomildbraediana.
Xymalos monospora est l'espèce caractéristique du
sous-bois.
- Formation sclérophile : ces formations sont
nettement d'origine secondaire.
Elles apparaissent lors de l'abattage du manteau
forestier primitif dans les endroits où une faible pluviosité, un
relief accidenté ou un sol poreux crée des conditions de
sécheresse élevée. Agauria salicifolia, Hypericum
lanceolatum et Myrica salicifolia en sont les espèces les plus
courantes.
Aujourd'hui, la partie de haute altitude du PNKB est
constituée des îlots de forêts primaires et des plages des
forêts secondaires de terre ferme. On y remarque aussi des taches
(clairières ou trouées) dues à la dominance de
Sericostachys scandens et d'autres espèces qui lui
succèdent ; il s'agit de Mimulopsis solmsii, Mimulopsis
arborescens et plusieurs autres espèces des familles Urticaceae
(du genre Pilea), Acanthaceae (Barleria et
Hypoestes), Lamiaceae (Solanestemon), Malvaceae
(Triumfetta) ainsi que des fougères (Pteridium)
et autres herbacées. A plusieurs endroits, on observe l'émergence
de Sericostachys scandens allant jusqu'à la hauteur de grands
arbres et par la fin, cette dernière étouffe la plante en lui
privant d'une bonne absorption de l'oxygène. Au fil de temps, l'arbre
sèche et cède à la fin au poids des individus et
ramifications enchevêtrées de S. scandens. On peut
observer par ci par là, des taches parfois avec corridor et matrice,
donnant ainsi une physionomie non forestière à cette
phytocénose. Il faut aussi ajouter que dans cette partie, à part
les marais, aucun endroit n'est épargné par l'action
dévastatrice de Sericostachys scandens. Elle attaque tous les
habitats dans tous les biotopes, que ce soit une végétation
climax fixée sur une surface plane ou sur une pente et/ou dans les
vallées. Même dans les îlots de forêt primaire la
présence de cette espèce est probable, mais peut être
encore en adaptation. La présence de Sericostachys scandens est
plus intense dans la forêt secondaire (jeune ou vieille) et dans la
forêt de bambous (Balezi 2008).
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