VII. Le cheminement trilogique et dialectique de la
citoyenneté politique féminine togolaise
La citoyenneté politique des femmes togolaises
ressemble à une véritable trilogie marquée par une
inclusion, une exclusion puis une re-inclusion. D'abord, comme en
témoigne les résultats de notre recherche (tableau 7), la majeure
partie des enquêtés considèrent que les femmes ne sont pas
restées en marge des luttes indépendantistes. Déjà
en 1933, elles avaient commencé par le biais d'un embryon de parti
politique (Duawo), à attaquer l'édifice colonial pour
réclamer l'allègement du régime fiscal. En outre, elles se
seront associées aux mouvements nationalistes durant les processus de la
décolonisation.
Après les indépendances, commence un nouvel acte
de la citoyenneté féminine togolaise marquée par son
silence dans les débats politiques. Déjà, elles ni
figuraient pas dans le 1er Gouvernement de Sylvanus Olympio.
L'épilogue sera atteint avec les crises et les violences politiques
né de l'assassinat du 1er Chef d'Etat togolais et
l'instabilité
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politique de l'époque. En 1969, le RPT, vit le jour.
Désormais, tous les autres canaux d'expression politique
parallèles, sont verrouillés puisque tout devrait se faire au
sein de ce parti unique. Pour les femmes, l'UNFT considérée comme
la version féminine du RPT, demeure la seule voie d'expression politique
de la femme togolaise. Et quelle forme d'expression politique ? Il s'agissait
essentiellement des animations, les danses et chants à allure
dithyrambique à l'endroit du pouvoir politique. Donc, disons que de 1960
à 1990, on a assisté à une forme de citoyenneté
politique passive des femmes togolaises où les femmes se servaient que
du faire valoir sur l'échiquier politique.
A partir de 1990, avec l'émergence des mouvements de
droit de l'homme, l'avènement de la démocratie et surtout les
séries de conférences mondiales19 organisées
autour de la thématique du genre et du droit de la femme, le
problème de genre et de l'inclusion politique de la femme deviennent une
préoccupation fondamentale des gouvernants. En outre, la ratification ou
l'adoption d'un certain nombre d'instruments juridiques internationaux,
notamment les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ont
amené les partenaires pour le développement à être
intransigeants et beaucoup plus pressants sur la question de genre en
général. A partir de ce moment, on inaugure une nouvelle
ère caractérisée par une re-inclusion politique de la
femme togolaise. Même si le processus semble un peu timoré, et
qu'à l'état actuel, nous ne sommes pas encore parvenus aux
résultats escomptés, l'inclusion politique des femmes est
malgré tout, d'une façon transversale, en train de marquer les
esprits.
19 4ème Conférence mondiale sur les femmes à
Pekin (1995) et Pékin + 10 et sommet de L'ONU en 2005 Sommet mondial
pour le développement social à Copenhague (1995)
Conférence mondiale sur la population et le
développement au Caire (1994)
Conférence mondiale sur les droits de l'homme à
Vienne (1993)...
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