INTRODUCTION
La politique est-elle l'affaire des femmes ? Question
lancinante à laquelle on ne saurait répondre sans susciter
beaucoup de controverses. En effet, la quête d'égalité
demeure la préoccupation des femmes africaines. Cette
égalité n'est seulement pas affirmée dans les documents
sanctionnant les rencontres planétaires mais elle figure
également dans les textes fondamentaux de la plupart des nations
démocratiques du monde. La Constitution togolaise adoptée en
1992, a mis en place les bases de légitimation d'une politique
d'égalité et d'équité de genre en prenant en compte
d'une manière explicite la question de genre dans son article 11
« Tous les êtres humains sont égaux en dignité et
en droit, l'homme et la femme sont égaux devant la loi ».
Aussi le Togo a-t-il ratifié l'ensemble des conventions internationales
relatives aux droits de la femme et à l'égalité des sexes,
notamment la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de
Discrimination à l'Egard des Femmes ainsi que le programme d'action de
Beijing.
Cependant malgré ces dispositions, les femmes sont
toujours à la traine dans les prises de décisions publiques.
Dominées dans la sphère privée, elles sont
marginalisées dans l'espace politique qui reste largement la chasse
gardée des hommes. Les différentes conventions signées et
les différentes conférences tenues à ce propos peinent
à traduire dans les faits leurs engagements qui semblent des
rhétoriques séduisantes masquant une réalité
amère.
L'histoire politique de la femme a été
marquée par de profonds schèmes de domination et d'asservissement
que n'ont jamais cessé de dénoncer les intellectuels.
Déjà à son époque, Condorcet fustigeait ce manque
d'égard aux femmes dans son article sur l'admission des femmes
au droit de cité, publié le 08 juillet 1790 dans
le Journal de la Société de 1789 :
« Ou aucun individu de l'espèce humaine n'a de
véritables droits, ou tous ont les mêmes, et celui qui vote contre
les droits d'un autre, quels que soient sa religion, sa couleur ou son sexe a
dès lors abjuré les siens1 ».
En Afrique généralement, et au Togo en
particulier, on assiste depuis l'entrée dans l'ère
démocratique à une légère amélioration des
conditions des femmes. Ce, grâce à la mobilisation des acteurs
sociaux de développement et de tous ceux qui sont sensibles à
l'injustice et à l'oppression faites aux femmes. Mais au vu des
résultats des diverses initiatives et de la réalité sur le
terrain, on s'accorde à admettre que le chemin reste à parcourir
pour une véritable promotion de leadership féminin en
matière politique. Partout les disparités sont criardes. Au Togo
plus précisément, les femmes qui représentent 51% de la
population demeurent dans une situation peu enviable. Dominées,
défavorisées et clochardisées à outrance dans le
domaine social, elles sont marginalisées sinon reléguées
au second plan dans le champ politique. Pourtant, elles étaient au
devant des luttes pour l'accession du Togo à son indépendance et
des scènes ayant présidé l'entrée de la
démocratie dans notre pays. Cette situation, loin d'être fatale,
nécessite alors une ingéniosité dans la recherche des
facteurs et implications afin d'éviter certaines extrapolations et mieux
retracer l'histoire politique de la femme togolaise. C'est donc à partir
de ce point de vue doctrinal, que va se dérouler notre étude qui
s'avère importante afin de reconstituer le cheminement alambiqué
de la citoyenneté politique féminine au Togo. Notre étude
est articulée autour de deux (2) parties :
6
1 Cité par M.-P. Berenger dans Citoyenneté
politique des femmes, 2003
7
V' La 1ère consacrée aux
cadres théorique, conceptuel, physique ? historique et
méthodologique
V' La 2ème à la
présentation, à l'analyse des données et à
l'interprétation des résultats.
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