L'importance du développement du marché des
titres publics pour l'exécution de la politique budgétaire peut
être appréciée par les avantages qu'il proportionne par
rapport aux sources traditionnelles de financement du déficit, notamment
l'extérieure et la bancaire. En effet, le recours au marché des
titres, au contraire des financements extérieurs, permet à l'Etat
de maîtriser l'accès aux ressources (détermination du
calendrier, des montants, des échéances), d'échapper aux
conditionnalités souvent imposées par les créditeurs ou
bailleurs de fonds, tout en lui permettant de renforcer la gouvernance
publique, afin de protéger la qualité de sa signature.
Comparé au financement bancaire, le financement par le marché a
l'avantage de favoriser une transparence plus accrue de l'Etat dans la mesure
où les conditions de financement sont publiques et implique la diffusion
d'analyses indépendantes sur les finances publiques. De même, le
recours au marché permet d'allonger la maturité du financement
tout en réduisant les conflits d'intérêt qui pourraient
résulter des rapports bilatéraux entre l'Etat et chaque banque
prise individuellement. Au total, le recours aux émissions de titres de
dette sur le marché intérieur permet une substitution au
financement monétaire et une diversification des sources de financement
des Etats qui concourt à la stabilité financière
(Cabrillac, B. ; Diffo Nigtiopop, G. et Rocher, E., 2008).
Cependant, pour la mise en place d'un marché de titres
publics, il est nécessaire préalablement de disposer d'un cadre
macroéconomique solide, afin de créer la confiance chez les
investisseurs. Cela passe par la mise en oeuvre de politiques
budgétaire et monétaire appropriées, conjuguée avec
une position de la balance des paiements et un régime de change viables.
En outre, pour développer un marché des titres intérieurs,
il faut assurer, dès les premières étapes, la
réglementation et l'infrastructure du marché des valeurs, ainsi
que l'offre et la demande de titres (FMI,2001). Ainsi, dans un premier
temps, les Autorités peuvent offrir les Bons de Trésor pour
attirer l'intérêt des investisseurs, avant de passer aux
instruments à long terme dans une phase postérieure (Johnson,
2001). Ces développements favorisent l'émergence et la croissance
du marché des titres privés. En effet, les rendements des titres
publics, qui sont généralement les titres moins risqués,
servent normalement comme référence pour les émissions des
titres privés.
Dans une étude récente sur 93 pays en
développement, dont 40 de l'Afrique subsaharienne, Abbas, A. et
Christensen, J (2007) ont conclu qu'une dette intérieure
modérée (ratio de dette intérieure sur les
dépôts bancaires de 35% au plus) accélère fortement
la croissance économique. Cependant, le niveau optimal susceptible de
maximiser la croissance est tributaire de la qualité de la dette
intérieure. Ainsi, défend ses auteurs, la dette intérieure
sous forme de titres négociables, assortis d'un taux
d'intérêt positif et détenus par le secteur non bancaire,
favorise plus la croissance économique. Cela peut s'expliquer par le
fait que dans ce cas, l'effet d'éviction sur le secteur privé est
moindre, compte tenu que le secteur bancaire n'est pas trop impliqué
dans le financement public. En outre, l'impact de la dette intérieure
sur la croissance est plus important dans un contexte de risque
élevé.
S'agissant de l'impact du marché des capitaux sur la
gestion de la dette publique, Diffo (2002) a reconnu qu'il pourra, à
court terme, renchérir le coût de la dette, dans la mesure
où les charges financières associées au financement
intérieur sont supérieures à celles liées aux
financements extérieurs, qui comportent souvent un important
élément dons. De même, le recours aux marchés des
capitaux intérieurs expose les pays au risque de marché,
lié à l'évolution des taux d'intérêt, et au
risque de refinancement. Selon lui, nonobstant ces contraintes, le
développement du marché des capitaux intérieurs
devrait permettre de réduire les effets négatifs du
financement extérieur sur les économies10, dus
notamment aux variations des taux de change, aux changements de l'environnement
international à la disponibilité et aux conditionnalités
associées à ces financements. En outre, les exigences
liées aux recours aux marchés des capitaux favorise une
allocation efficiente des ressources et contribuent à terme à la
réduction du coût de financement de l'économie par l'impact
du développement du marché secondaire.
16
10 Diffo (2002, p. 34) .