PARTIE II
25
ANALYSE DU MARCHE DES CAPITAUX DE L'UEMOA
26
CHAPITRE III
ANALYSE MICROECONOMIQUE DU MARCHE DES BONS DE
TRESOR
En général, l'offre de titres publics sur le
marché intérieur est étroitement liée à
l'exécution de la politique budgétaire par l'Etat et à la
conduite de la politique monétaire par la Banque Centrale. Dans le
premier cas, les titres publics sont émis en vue de mobiliser les
ressources financières auprès du marché des capitaux pour
financer les besoins de trésorerie ou pour réaliser les projets
d'investissement de l'Etat, dans certains cas. Dans le deuxième cas, les
titres sont émis pour réguler la liquidité au niveau du
système bancaire, dans le cadre de la conduite de la politique
monétaire par la Banque Centrale. Ainsi, l'offre des titres dans ce
cadre est déterminée par le niveau des réserves
excédentaires du système bancaire et l'orientation de la
politique monétaire.
Toutefois, force est de constater que la BCEAO ne fait
recours qu'aux titres des Etats dans la mise en oeuvre de sa politique
monétaire. Ainsi, dans ce travail les titres émis
spécifiquement pour la mise en oeuvre de la politique monétaire
ne seront pas objet d'analyse. Dans ce contexte, l'offre de titres est
assurée exclusivement par les Etats qui sont assistés par la
Banque Centrale, en sa qualité de conseiller et agent financier de
l'Etat. Elle assiste ainsi les Trésors nationaux dans la programmation
et la diffusion des annonces d'émissions et dans l'organisation
matérielle des adjudications22 (Brou, 2008).
Au regard de la nature différente des besoins
exprimés par les Trésors nationaux, une gestion prudente et
efficace des finances publiques recommande le recours aux bons du Trésor
pour couvrir les besoins de financement de trésorerie et les obligations
du Trésor, qui sont les titres à moyen et à long terme,
pour la couverture des besoins de financement des projets d'investissements
publics. A cet égard, les Etats devraient recourir au marché
monétaire pour lever les ressources à court terme en
échange des bons du Trésor et au marché financier
régional pour mobiliser les ressources longues, en échange des
Obligations de Trésor.
L'insuffisance des observations, compte tenu de la jeunesse
de ce marché, ne nous permettra pas de recourir aux techniques
économétriques pour l'étude plus approfondie du
comportement des divers acteurs du marché des titres. En effet, pour une
analyse économétrique, il est indispensable de disposer d'une
série longue avec un minimum de 20 observations. Ainsi, l'analyse sur la
base de la statistique descriptive privilégiée.
22 La BCEAO assure également la tenue de
comptes-titres ainsi que l'exécution des opérations de
règlement/livraison et compensation liées aux transactions sur
les bons de Trésor
27
Les bons du Trésor sont des titres à court terme
émis par les Etats sur le marché des titres publics de l'UEMOA,
qui est un compartiment du marché monétaire de l'Union.
3.1. ANALYSE DE L'OFFRE DES BONS DE TRESOR
L'offre de titres sur le marché monétaire est
animée par les Etats membres de l'UEMOA, en tant
qu'émetteurs23 et la Banque Centrale agissant comme
intermédiaire.
Au terme de la réglementation en vigueur, le Ministre
chargé des Finances est le responsable pour l'élaboration et la
mise en oeuvre des programmes périodiques d'émission de titres,
de la préparation des plans de communication pour la réalisation
des émissions et participe au dépouillement des offres
reçues et à l'adjudication.
La technique de l'adjudication24 a
été retenue pour la vente des titres, en vue d'assurer la
transparence et la concurrence entre tous les demandeurs dans l'ensemble de
l'Union, ce qui favorise le développement du marché à
l'échelle régionale. Ainsi, chaque Etat est tenu de produire un
calendrier trimestriel d'émission afin de « permettre aux
investisseurs d'intégrer les futures émissions dans leurs
prévisions et de mieux s'organiser pour participer aux adjudications
» (Brou, 2008). Aussi, dès l'annonce des caractéristiques de
l'émission tous les investisseurs potentiels de l'Union sont avertis, en
vue de soumettre leurs demandes de titres.
3.1.1. Evolution de l'offre de titres sur le marché
monétaire de l'UEMOA
Au cours de la période de 2001 à 2008, les
appels d'offre pour la suscription des bons sur le marché des titres
public de l'Union (représentant l'offre de titres) ont porté sur
le montant global de 1.407,7 milliards de F CFA. Par pays, l'offre des Etats
sénégalais et ivoirien ont représenté chacun 22,5%
du total de l'offre, suivi du Trésor burkinabais (20,8%), malien
(17,1%), nigérien (8,2%), béninois (7,6%), bissau guinéen
(0,8%) et togolais (0,7%).
Par montant offert, l'année 2007 figure en
première position avec 393.100 millions de F CFA, du fait de la mise en
vente des titres ivoiriens à hauteur de 225.000 millions de F CFA, soit
57,2% de l'offre globale sur le marché des titres public de l'Union
enregistré
23 Les Etats sont les agents économiques
à besoin de financement qui offre les Bons du Trésor sur le MTPU
aux agents à capacité de financement (secteurs financier et
privé).
24 La technique d'adjudication utilisée (adjudication
à l'hollandaise) consiste à servir chaque soumissionnaire au taux
effectivement proposé et prioritairement les offres les plus
avantageuses pour l'émetteur, dans la limite du montant mis en
adjudication.
28
cette année. Par pays, le Sénégal et le
Burkina Faso sont les Etats les plus assidus au niveau du marché, suivis
du Mali, de la Côte d'Ivoire du Niger et de la Guiné-Bissau ; le
Togo étant le seul Etat à n'avoir réalisé qu'une
seule offre jusqu'en 2008.
Globalement, les données du Tableau 1 ci-après,
montre une tendance à la hausse des offres de titres sur le
marché monétaire, passant de 53 000 millions en 2001 à 255
000 millions en 2008, soit un taux de croissance moyen annuel de 25,2%.
Tableau 1- Evolution des offres des bons du Trésor par
Etat
En millions de F CFA
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Total
|
Benin
|
-
|
-
|
-
|
-
|
18.000
|
49.000
|
-
|
40.000
|
107.000
|
Burkina Faso
|
-
|
42.500
|
25.000
|
40.000
|
40.000
|
50.000
|
40.000
|
55.000
|
292.500
|
Côte d'Ivoire
|
-
|
-
|
5.000
|
15.000
|
40.000
|
-
|
225.000
|
30.000
|
315.000
|
Guiné-Bissau
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6.000
|
5.000
|
-
|
-
|
11.000
|
Mali
|
10.000
|
-
|
10.000
|
15.000
|
102.800
|
20.000
|
53.100
|
30.000
|
240.900
|
Niger
|
-
|
-
|
-
|
-
|
30.000
|
30.000
|
25.000
|
30.000
|
115.000
|
Sénégal
|
43.000
|
-
|
23.000
|
45.300
|
50.000
|
45.000
|
50.000
|
60.000
|
316.300
|
Togo
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
10.000
|
10.000
|
Total
|
53.000
|
42.500
|
63.000
|
115.300
|
286.800
|
199.000
|
393.100
|
255.000
|
1.407.700
|
|
Source : BCEAO
Par rapport aux besoins de financement effectivement
enregistrés dans le tableau consolidé des opérations
financières des Etats de l'UEMOA, l'offre sur le marché des bons
de Trésor a représenté en moyen 30,3% des besoins de
financement effectivement exprimé sur la période 2001-2008 avec
un minimum de 9,7% en 2002 et un maximum de 61,0% en 2007. En termes des
recettes fiscales, les offres de bons de Trésor ont varié entre
un minimum de 1,3% en 2002 à 9,1% en 2007 avec une moyenne de 4,5% sur
la période sous revue. Ces données montrent l'important
rôle que cette source de financement joue dans la satisfactions des
besoins de trésorerie de l'Etat.
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