CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Il ressort de cette étude, que la réserve de
faune d'Abokouamékro qui ne devrait pas subir des agressions
anthropiques du fait de son statut juridique a été fortement
dégradée. Sa couverture forestière à
été réduite de 22,98% sur ces 20 dernières
années.
Les défrichements agricoles, la production de charbon
de bois, l'exploitation forestière et les feux de brousse ont
été identifiés comme les principales causes de cette
réduction. Sur la période de 1989 à 2011, la superficie de
l'ensemble des îlots forestiers, forêts galeries et savanes
boisées a diminuée au profit des savanes arbustives.
Les îlots forestiers et forêts galeries qui ne
représentent que 12% de la superficie de la réserve stockent
environ 50% du stock total de la réserve. Les stocks de carbone de la
réserve varient de 13,69 t C/ha à 164,84 t C/ha selon les types
de formations végétales. Cette réserve a perdu 14% de son
potentiel de séquestration carbone sur ces 20 dernières
années.
Le défi du mécanisme REDD+ dans la
réserve de faune d'Abokouamékro serait d'inverser la tendance
baissière de son potentiel de séquestration carbone. L'atteinte
de cet objectif passe nécessairement par la réhabilitation de la
réserve. Mais une politique de réhabilitation de cette
réserve, qui ne prendra pas en compte les causes directes et indirectes
de sa dégradation, ne donnerait pas les résultats
escomptés. Des campagnes de sensibilisation doivent être
menées pour expliquer l'importance de la réserve aux populations
riveraines et leur montrer les différents avantages qu'elles pourront
tirer de l'existence de la réserve. Par exemple, dans le cadre des
activités écotouristiques certains jeunes des villages riverains
pourront servir de guides touristiques. En outre, de nouvelles pratiques
culturales dont l'agroforesterie doivent être vulgarisées pour
l'amélioration des rendements agricoles et également pour la
production de bois énergie. En somme, une stratégie de gestion
durable de la réserve de faune d'Abokouamékro doit contribuer
à l'amélioration des conditions de vie des populations
riveraines. Les éventuels revenus carbone dans le cadre d'un projet
REDD+, doivent servir à réaliser des activités de
préservation de la réserve.
Par ailleurs dans l'optique de connaître avec
précision le potentiel de stockage du carbone de la réserve de
faune d'Abokouamékro, il faut réaliser des études
complémentaires qui prendront en compte le carbone emmagasiné
dans la biomasse souterraine (racine), dans la matière organique morte
(litière, bois mort) et dans le sol. Aussi faudra t-il mettre en place
un système de suivi, de mesure, de notification et de
vérification (S&MNV) pour le suivi des formations
végétales et du stock de carbone de la réserve.
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