b)- Cas # 2
Je suis Valérie, née à Gros-Morne en
1997. J'ai deux soeurs et deux frères. Ma mère est morte deux ans
après ma naissance. Mon papa est cultivateur. C'est une tante qui nous a
élevés. En 2005, pendant la période du carnaval, une
cousine de ma mère m'a conduite à Turgeau. Mon grand-frère
était déjà là-bas chez un ami de mon
père.
Je vais à l'école du soir, car je dois m'occuper
pendant la journée des tâches domestiques. À la maison, je
suis responsable de tous les objets perdus. On me torture. Mon frère a
quitté la maison dans laquelle on l'a placé parce qu'il ne
pouvait pas accepter les maltraitances. Ainsi, il est devenu un enfant de la
rue. Un jour, je l'ai croisé, il m'a donné quelques sous et il
m'a expliqué que non seulement on le maltraitait là où il
était, mais également on le forçait à mendier dans
les rues pour apporter de l'argent à la maison.
Je n'ai pas du temps pour m'amuser. Je suis très
soumise : j'obéis à tous les ordres. À plusieurs reprises,
on a abusé de mon innocence. Je n'ai pas d'autres choix, car c'est ainsi
que je peux assurer ma survie. Je n'ai aucune fierté d'être une
fille domestique. À l'école, les autres enfants critiquent mes
chaussures, mes vêtements...
Souvent, je me demande pourquoi Dieu m'a créée,
mais je n'ai jamais eu la moindre idée de me suicider. J'aspire à
être médecin et avoir des enfants qui ne connaîtront pas
toutes ces difficultés.
c)- Cas # 3
Je suis Joseph, né à Maniche en 1999 dans une
famille de huit enfants. J'ai laissé Maniche en 2008 en compagnie d'un
jeune homme pour venir vivre à P-au-P. Ce jeune homme a fait savoir
à mes parents qu'il y a beaucoup plus d'avenir pour un enfant
élevé dans la capitale que dans un milieu paysan. Mon papa lui a
donné 500 gourdes pour assurer les frais de voyage. Arrivé dans
la capitale, j'étais d'abord placé dans une famille à
Cité soleil qui m'a expulsé pour avoir été trop
rebelle. Puis, le jeune homme m'a mis chez quelqu'un à Martissant.
J'ai compris bien vite qu'il faut être obéissant
et tout accepter quand on est placé chez une personne inconnue. Chaque
matin, je me lève de très tôt afin de me rendre disponible
pour tous les services réclamés par quiconque. Après, je
dois aller au marché avec la dame afin de l'aider à vendre ses
produits comestibles. Je n'ai pas du temps pour aller à l'école.
Il me faut attendre que tout le monde dorme avant de me coucher par terre dans
un petit coin. Parfois, je meurs de faim, mais je ne peux m'en plaindre.
Je ne me sens pas du tout bien dans cette maison de placement.
Un jour, pendant le mois de décembre, on m'a emmené voir ma
famille et je disais à ma mère : mon plus beau cadeau de
Noël serait de me retirer de cette maison de placement. Elle m'a
répondu ainsi : « c'est une chance que tu as parmi ses autres
enfants de vivre à la capitale qui peut, dans bien des cas, t'offrir de
meilleurs possibilités ».
Je me résigne et je fais montre de docilité afin
de jouir d'une meilleure considération dans cette maison de placement.
Je souhaite être un jour capable de répondre aux différents
besoins de mes parents.
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