5- ZONES D'ENQUETE
L'enquête se déroule d'abord à P-au-P dans
deux communautés : Turgeau et Martissant. Rappelons que
Port-au-Prince, en 1749, fut retenu comme capitale des Iles sous le vent pour
des raisons militaires, administratives et économiques.63
Durant presque toute la période esclavagiste,
c'était une ville prospère pour les colons en dépit de
nombreuses catastrophes naturelles (cyclones, tremblements de terre...) et de
guerres. Sous la première occupation états-unienne, toutes les
activités (économiques, culturelles, administratives...)
étaient centralisées à P-au-P. Ce qui débouche sur
une ville dégradée, densifiée... Des zones d'habitat
très fragiles (avec des constructions anarchiques) se
prolifèrent. Le dernier séisme du 12 janvier 2010 a
dévasté la capitale et quelques autres villes de province.
Tous les ministères du pays y sont logés. Il y
existe une forte concentration des écoles privées ou publiques,
des universités, des établissements sanitaires, administratifs,
commerciaux et économiques du pays. Environ une cinquantaine de partis
politiques et un nombre élevé des stations de radio et de
télévision se trouvent à P-au-P.
Port-au-Prince a trois sections communales : Martissant, Morne
de l'hôpital et Turgeau. À Martissant 23, nous travaillons sur dix
enfants en domesticité et une famille de placement; et au bas de
Turgeau, sur dix autres cas d'enfants en domesticité et une famille de
placement.
Puis, notre collaboration, pendant des mois, dans le domaine
de la protection de l'enfance avec une institution internationale, nous permet
d'enrichir notre connaissance sur la problématique de la
domesticité des enfants en Haïti.64
63 Cf. Prophète Joseph, Dictionnaire
historique et géographique des communes d'Haiti, Editions Konbit,
Canada, 2008, p.170
64 Cf. Les entretiens que nous avons eus
n'entraient pas dans le cadre de notre accord avec cette institution
internationale bien qu'on ait profité de cette opportunité
d'emploi dans le domaine de la protection de l'enfance en vue d'enrichir notre
rapport de recherche académique. De ce fait, on n'est pas
autorisé à citer le nom de l'institution.
En effet, nous en avons profité pour collecter des
informations utiles à Jérémie auprès de deux
familles naturelles, à Maniche auprès de deux enfants non
domestiques, à Petit-Goâve auprès de deux anciens enfants
domestiques et, enfin, à Gros-Morne auprès de quelques jeunes et
leaders communautaires travaillant dans le domaine de la protection de
l'enfance.
Parlons un peu de ces quelques villes de province. D'abord, la
ville de Jérémie. Chef-lieu du département de Grand-Anse,
elle est fondée en 1760, ayant un quartier et neuf sections communales.
La ville et deux de ses sections communales sont côtières. Seule
la ville est électrifiée. Quant à la ville de Maniche,
elle fut élevée au rang de commune en 1979. Située dans le
département du Sud, cette commune n'a presque pas de
représentants des ministères de la santé publique et de la
population, de l'éducation nationale et de la formation professionnelle.
Pas d'électricité, ni journaux, ni stations de
télévision ou de radio. Presque pas non plus d'infrastructures
économiques, financières. Une commune sans bibliothèque,
sans musée, sans salle de cinéma. Puis, il y a Petit-Goâve,
connu également sous le nom de la cité Soulouquoise. C'est une
ville fondée en 1625. Petit-Goâve fut élevé au rang
de commune en 1663. Il y existe douze sections communales. Cette commune n'est
pas du tout bien équipée au niveau des infrastructures
économiques et financières. Le tremblement de terre du 12 janvier
2010 a aussi causé des dégâts énormes à cette
ville. Enfin, la commune de Gros-Morne. Autrefois appelée cité de
Poltron, cette commune possède huit sections communales. Gros-Morne n'a
presque pas d'infrastructures sanitaires, culturelles...
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