« Toute analyse globale de la violence devrait
commencer par définir les diverses formes de violence de manière
à en faciliter l'évaluation scientifique
»52.
Le concept de « violence » vient du latin
violare. Il signifie porter atteinte, attaquer, transgresser,
déshonorer. Les mots qui désignent la violence expriment en
général un abus, une exacerbation de la force. Ce mot signifie
qu?une atteinte illégitime ait été portée à
quelqu?un, qu?une ligne ait été franchie.
La violence caractérise ce qui se manifeste avec une
force extrême, brutale, intense et traduit un abus de force. Ce terme est
volontiers plus utilisé que le terme « agression ». Ce qui le
renvoie à une attaque contre les personnes et les biens visant à
les détruire. La violence suppose dès lors une rencontre, une
relation. Dans cette relation ressort l?idée de l?autre
déshumanisé. La relation concerne aussi une réalité
abstraite qui n?interpelle pas l?individu dans ses capacités
d?émotion, de réflexion et d?identification. Ceci montre que la
violence est une déviance que l?on doit corriger par rapport à la
société. Katheline Toumpsin soutient que la violence ce n?est pas
le conflit, elle est plutôt ce qui envenime le conflit, « ce qui
empêche de donner une issue positive au conflit
»53.
Un acte de violence ne peut être
considéré comme tel qu?en référence à une
norme, à une situation et à un contexte. C?est pourquoi un acte
de violence est un acte de transgression.
L?Organisation mondiale de la Santé54
définit la violence comme la menace ou l?utilisation intentionnelle de
la force physique ou du pouvoir contre soi méme, contre autrui ou contre
un groupe ou une communauté qui entraine ou risque fortement d?entrainer
un traumatisme, un décès, un mal développement ou des
privations. Cette définition met l?accent sur l?intentionnalité
de l?acte violent, sur l?usage du pouvoir. Elle couvre aussi plusieurs
conséquences, y compris les dommages psychologiques, les privations et
le mal développement. Cela traduit la nécessité, de plus
en plus acceptée chez les chercheurs, d?inclure la violence qui
n?entraine pas obligatoirement des traumatismes ou la mort, mais qui n?en
représentent pas moins un fardeau pour les êtres humains.
52 Krug, G. Etienne et al (dir): Rapport mondial
sur la violence et la santé. OMS, Genève, 2002
53 Toumpsin, Katheline : Qu'est-ce que la
violence ? Pax Christi, Wallonie-Bruxelles, 2006, p.1
54 Krug , Etienne, Id, p.5
Galtung55 pour définir la violence statue
d?abord sur les causes de l?agression et des conflits. Il conceptualise alors
dans un premier temps la notion de violence et la catégorise. C?est
ainsi qu?il détermine trois types de violences : la violence
structurelle, la violence culturelle et la violence directe. La violence
structurelle est celle infligée par les structures politiques et
économiques. Elle est invisible mais se manifeste dans le tissu social
car, consiste en une négation des éléments fondamentaux
tels que : la vie, le confort physique, l?identité, la liberté .
La violence culturelle est par contre l?ensemble des valeurs, des croyances et
des attitudes apprises dès l?enfance et qui prédisposent à
la violence. Celles-ci intègrent par exemple les histoires glorieuses et
victorieuses de guerres, des victoires militaires bref des enseignements
projetant au subconscient l?image de la violence quoi qu?en ce moment
acceptable comme telle.
Violence structurelle et violence culturelle donnent
naissance à la violence directe. La violence directe c?est alors une
violence réelle, perceptible, dont les acteurs sont visibles. Elle
consiste en l?atteinte physique à une personne tierce directement avec
usage de la force. Les actes de guerres, les tortures, les combats, les
meurtres, les mutilations, les viols personnels ou de masse sont des exemples
de violence directe.
Dans un sens global, la violence intègre la violence
interpersonnelle ou intergroupe, la violence collective (violence commise par
des groupes de personnes ou par des Etats) et est de nature physique, sexuel et
même psychologique. Elle peut être résolue voire être
prévenue.