L?intérêt porté par la communauté
internationale pour la prévention, la prise de conscience de
l?importance des facteurs lourds ou structurels dans la violence, et
l?implication des acteurs du développement vont de paire avec une
approche à long terme à la prévention de la violence. La
phase concernée est celle de l?escalade de la violence. Ici, le calcul
de l?horreur résout la difficulté liée à la
capacité de prévoir la possibilité et la
probabilité de l?escalade de la violence et à comprendre quelque
chose qui n?existe encore qu?en germe. Les outils sont ceux de la
coopération pour le développement, spécialement
conçus dans l?optique d?une potentielle escalade de la violence. Aussi,
le calcul de l?horreur complète l?approche do no harm qui
s?assure que les actions de développement ne créent ni ne
favorisent les conflits.
En termes de coopération au développement,
cette approche est dite sur les conflits, puisqu? elle correspond
à des actions ou programmes travaillant directement sur les conflits,
méme s?ils ne correspondent qu?à des situations de violence
potentielles. Le calcul de l?horreur renforce l?alerte précoce
traditionnelle concernée par l?explosion de la violence et classiquement
pensée relativement à court terme.
Dans les méthodes classiques de prévention de
la violence, l?approche dite du travail autour des conflits (around
conflict) concernait dans son aspect développementaliste à
arrêter des programmes spécifiquement créées ou
dessiné pour cette phase, devant contribuer au retour de la paix.
En phase post-conflit, correspondent les actions complexes et
longues de construction de la paix, de réhabilitation et reconstruction
post-conflit, de transformation du conflit, où toutes les actions
diplomatiques ont un rôle à jouer. Le but est d?adresser les
causes de la violence, de soigner les plaies et déchirures pour faire
durer la consolidation de la paix. « Le post-conflit est très
similaire au pré-conflit. Il est plus compliqué parce qu'il faut
également guérir les blessures liées au conflit lui
même. Il est plus simple parce que le conflit a eu lieu et donc les
problèmes et acteurs connus... »177. L?objectif est
ici de réduire l?escalade. Puisque les risques accrus de
résurgence de la violence se prolongent pendant une dizaine
d?année, les méthodologies du calcul de l?horreur sont
opérationnelles pendant toute cette période afin de palier au
risque de mettre en oeuvre des mesures de prévention à court
terme n?ayant aucun impact sur le futur.
La période post-conflit fait suite à une
cessation des hostilités. C?est une période marquée par
une paix relative. Dans ce contexte, les groupes et belligérants sont
souvent difficilement identifiables et leurs besoins peu connus. Le calcul de
l?horreur agit sur les facteurs socioéconomiques pour tenir en compte
l?ensemble des réclamations des parties en conflit ou subissant le
conflit. Aussi, il agit sur la réconciliation et la reconstruction.
Cette reconstruction cherche à garantir la stabilité et la
durabilité de la paix, mais aussi celle du pouvoir politique et de sa
légitimité, celle de la société civile et
finalement celle du secteur économique, afin d?assurer la
prospérité et d?ainsi limiter les possibilités d?une
reprise des hostilités. Comme le précisent Schnabel et
Ehrhart178, cette reconstruction est aussi devenue un enjeu de
sécurité au même titre que la fin des hostilités en
elle-même.
177 Lavoix, Hélène :
Indicateurs et méthodologie de prévision des
crises et conflits, évaluation, AFD, 2005, p.11
178 Schnabel, Albrecht, Ehrart, Has-Georg : Security sector
reform and post-conflict peace building, United Nations University Press,
New York, 2005, p.2
Par ailleurs, le calcul de l?horreur vise la conception d?un
système d?information pour éviter l?escalade de la violence ou
des conflits ainsi que les crises humanitaires qui obstruent le
développement de la personne humaine et des groupes sociaux. Le
développement humain renvoie ici à l?amélioration des
conditions de vie humaine, adaptée au changement et la satisfaction des
besoins fondamentaux tels que la sécurité, l?identité et
la participation aux décisions communes. Aussi, le calcul de l?horreur
prend du temps pour élaborer des stratégies, bâtir des
supports pour implémenter des actions à long terme devant
impulser le développement et réduire les catastrophes que sont la
violence. il identifie et analyse les
conflits latents et manifestes pour en déduire des pistes de
dé-escalade.
Bien plus, le calcul de l?horreur génère des
analyses qui identifient les facteurs majeurs conduisant à
l?instabilité, proposant des bases d?évaluation de futurs
scénarios, et recommande des options de préventions
appropriées pour les décideurs locaux et internationaux.
Ces éléments renforcent le lien entre le calcul
de l?horreur et violence et peuvent titre utilisés pour établir
des programmes politiques et des coalitions entre potentiel
bénéficiaires des initiatives de prévention de la
violence. En plus, ces coalitions peuvent déterminer les acteurs locaux
ou internationaux, du ressort public ou privé à s?investir pour
établir la paix à long terme.
Le calcul de l?horreur agit ainsi sur les violations des
droits humains, sur les atrocités de la guerre, restaure la
légitimité de l?Etat, résout le problème des
réfugiés et déplacés et autres dégâts
posés par la violence directe.