La transformation des conflits c?est un terme
exprimé par John Paul Lederach qui vise la mise en place de nouvelles
relations sociales et des structures équitables dans des conflits. Elle
englobe l?escalade, le plaidoyer, la réconciliation et le
développement durable.
101 King, Martin Luther : La force d'aimer. Casterman,
Paris, 3 e édition, traduit de l?américain par Jean Brus,
1965, p. 65
102 Id, p.67
Transformer c?est changer et mettre en évidence un
processus et non des solutions rapides. Cette notion désigne l?ensemble
« des processus dans lesquels la misère est
atténuée et de nouvelles relations sont crées, la
vérité éclate au grand jour et est pardonnée, des
institutions sont mises en place, le dialogue sur des normes et des valeurs
peut avoir lieu, des compétences sont créées et l'espoir
voit le jour »103.
C?est donc la désescalade pour prévenir ou
arrêter la violence, mais aussi entrer en confrontation et intensifier
les recherches des causes du conflit afin de lancer un signal pour l?avenir. La
non-violence prône la tolérance qui est une coexistence pacifique.
Elle tolère l?existence de l?autre qui à son tour, facilite la
transition de la violence à la paix positive.
La non-violence prône de joindre parole et acte, l?agir
et le dire, la théorie à la pratique. Très souvent, les
acteurs en conflit professent les principes nobles de paix mais pratiquent
l?antithèse qu?est la violence. Des discours sur la paix sont tenus, des
plaidoyers pour la justice sont faits mais la démarche relève de
l?injustice. Cette dichotomie entre ce qui est et ce qui doit être
représente le côté tragique d?une quete pour la paix
truchée de pratiques contradictoires. Pour cela, la non-violence
prône l?unité entre la parole et l?action.
Aussi, la non-violence prône la conscience. Bon nombre
d?analyses estiment encore que la guerre et la violence répondent aux
problèmes. Une forte croyance est due en la force des armes, la course
aux armements. Or, l?expérience de la guerre montre sa surannée.
Une alternative y est trouvée par l?adoption de principes non violents.
En effet, aucune nation, aucun groupe ne peut prétendre à la
victoire de la guerre. « Une guerre dite limitée ne laisserait
qu'un héritage catastrophique de souffrance humaine, de désordre
politique...une guerre mondiale... ne laisserait que du feu couvant
sous la cendre, en témoignage muet d'une espèce humaine
que sa folie aurait conduite à une mort prématurée
»104.
La paix est menacée par une forte croyance en
l?anéantissement, parce que trop nombreux sont ceux qui sont
inconscients. La non-violence transforme donc cette mauvaise acceptation de la
paix en de situations positives viables, en clamant sincérité et
conscience de par les effets dévastateurs de la violence.
D?après John Paul Lederach, « Negociation is
only possible when the needs and interests of all those involved and affected
by the conflict are legitimated and articulated »105. Ceci
dit, la non-violence est un complément nécessaire à cette
négociation, en aidant les
103 Galtung, Johan : Repenser le
conflit : l'approche culturelle, préparé pour le projet
dialogue interculturel et prévention des conflits, conseil de l?Europe,
Strasbourg, 2002, p.21
104 King op cit , p55
105 Lederach, John Paul: Preparing for Peace:
Conflict Transformation across cultures. Syracuse University Press,
New York, 1995,p.14 cité par Dudouet Véronique; Nonviolent
Resistance and conflict transformation in power
asymmetries, Berlin, Berghof Research Center for
constructive conflict Management,2008,p.13
groupes marginalisés d?acheminer un processus de
négociation effectif. La non-violence renforce les capacités des
individus en matière de paix, elle accorde à ses partisans un
changement, développe le sens du respect, de l?organisation et l?esprit
de groupe.
Comme première phase du renforcement des
capacités, la non-violence éduque, alerte sur les relations
inéquitables et cherche à restaurer cette équité.
La seconde phase concerne la mobilisation et la formation des groupes pour une
action commune directe. Par exemples, ces groupes qui sont très souvent
des activistes, mettent en oeuvre des stratégies pour être rallier
même par ceux qui au début ne soutenaient par leur cause. Les
actions symboliques, les démonstrations permettent de renforcer la
cohésion entre résistants et influencent les attitudes des
adversaires les appelant au dialogue. La non-violence mobilise aussi la
conscience générale sur une situation conflictuelle. Elle appelle
des organisations et autres groupes quoi que ne faisant pas partie des victimes
à s?opposer par des moyens non violents à une oppression.
Bien que la non-violence perçoive le conflit comme
négatif, elle pense tout de même que c?est une opportunité
de rencontrer l?adversaire afin de bâtir un avenir meilleur. En plus, ses
techniques et règles présentent une forte littérature
visant à déconstruire les relations conflictuelles et rassurer
les adversaires sur leurs intérêts et préoccupations.