B- Les théories extensives
Les théories extensives concernent essentiellement la
théorie de la dépendance (1) et le constructivisme (2). Elles
sont dites extensives parce qu?elles étendent le champ de
compréhension de la violence à d?autres acteurs des Relations
Internationales tels que les individus .
89 Roche, Jean Jacques: Théories des
Relations Internationales. Montchrestien, Paris, 6è édition,
2006, p.88
1-La théorie de la dépendance
Au niveau des Relations Internationales, l?une des variantes
les plus dominantes du marxisme est la théorie de la dépendance.
Cette théorie s?est développée dans les années 60
en Amérique latine à la suite de la stagnation voire de la
régression économique et de l?incapacité des
modèles de développement issus de l?Amérique du nord
à impulser la croissance. Pour expliquer les raisons du non
développement et de l?inégalité persistante et
grandissante entre les pays riches capitalistes et les pays pauvres du
tiers-monde certains économistes notamment argentins et
brésiliens développèrent la théorie de la
dépendance. D?après cette théorie, le monde est
constitué d?un centre ou d?un certains nombres de centre et d?une
périphérie avec quelques Etats considérés comme
pays intermédiaires. Cette théorie explique donc le
déséquilibre entre le centre et la périphérie comme
étant d?ordre structurel. Cela signifie qu?il y a un centre parce qu?il
y a une périphérie et qu?il y a une périphérie
parce qu?il y a un centre. Ce qui veut dire que dans le fonctionnement du
centre, il y a certaines lois qui l?amènent automatiquement à
exploiter la périphérie pour exister comme centre. Ainsi donc, la
périphérie est maintenue dans un état de dépendance
structurel par rapport au centre. Les relations au niveau international
fonctionnent donc pour maintenir cet état des choses. Les relations
politiques étant d?après la philosophie marxiste,
dépendante des rapports économiques, la politique internationale
est donc dictée par le centre puissant pour sauvegarder ses
privilèges et perpétuer sa domination sur la
périphérie90. Les Relations Internationales
apparaissent donc comme marquées par un conflit structurel fondamental.
La théorie de la dépendance fournit non seulement les causes du
sous-développement, mais aussi donc les voies de sorties possibles. Les
dépendantistes pensent que tous les modèles de
développement euro-américains imposés par ces derniers et
appliqués par les pays du tiers-monde par le centre, participent de la
sauvegarde des intérêts des pays industrialisés et
contribuent ainsi au développement du sous-développement dans les
pays du tiers-monde. Cette structure des Relations Internationales ne sert que
l?élite des pays sous-développés et favorise ainsi dans
ces pays l?émergence d?une bourgeoisie comprador qui, à
son tour exploitent la population et reproduit ainsi au niveau local, ce qui se
passe au niveau global. Pour sortir de cette situation, Certains
dépendantistes prônent un remplacement des modèles de
développement imposés par le nord par des modèles
endogènes91. D?autres prônent une révolution
socialiste. Quelques-uns encore prônent un détachement du
marché international et
90 Id pp.124-127
91 Celso Furtado par exemple est de cette approche
le développement d?un marché
régional92. Certains prôneront même une
véritable autarcie. La thèse qui sera la plus répandue et
fondera une politique concertée des pays du tiers-monde sera celle d?un
Nouvel Ordre Economique Mondial. Jusqu?à la fin des années 80,
l?avènement de cet ordre économique mondial qui romprait avec les
mécanismes de dépendance et permettrai enfin un
développement dans les pays sous-développés sera le
programme central des Institutions comme : l?Association des Pays
non-alignés, l?Organisation de l?Unité Africaine (QUA).
Les accords UE-ACP constituaient des tentatives de
réponses à une telle demande et étaient censés
contribuer à la résolution du conflit entre le centre et la
périphérie du moins pour ce qui est des pays européens et
de leurs anciennes colonies. Ces démarches conciliantes même si
elles ont été loin d?être efficaces, se sont
imposées du fait de la bipolarisation du monde, donc de la guerre froide
et de la nécessité pour les pays occidentaux de ménager
les pays du Sud, pour éviter qu?ils ne basculent dans le camp ennemies
socialistes. Avec la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide,
l?attitude du centre va changer radicalement. L?attitude conciliante visant
à désamorcer la tension avec le tiers-monde va céder la
place à un dur cisaillement et la formulation de conditionnalités
comme pré requis dépendantistes pour cacher leur propre incurie,
leur malversation et la mauvaise gouvernance dont ils sont responsables. Les
recherches des causes exogènes au conflit dans les pays
sous-développés se voient taxés de subterfuge pour se
dédouaner de leur responsabilité historique de la situation de
marasme dans lequel ils ont plongé leur pays, dans la corruption
généralisée qui inhibe tout effort de développement
et dans le tribalisme outrancier auquel ils recourt pour s?octroyer des
avantages exorbitants et empêcher toute démocratie. Qn assiste
alors à un véritable changement de paradigme. Les causes et les
auteurs du sous-développement, de la pauvreté et du
désordre social et politique sont désormais avant tout
recherchés au niveau interne.
En ce qui concerne la RDC, le déséquilibre
structurel avec la Belgique s?observe. Mais, les structures politiques et
économiques ne suffisent pas pour cerner la dynamique de la violence
dans ce pays en général et au Nord Kivu en particulier. Des
éléments tels la socialisation de la haine à travers des
générations d?hommes, de femmes et d?enfants permettent de mieux
appréhender l?escalade de la violence.
92 Samir Amin par exemple est de cette approche
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