République du Bénin Université
d'Abomey-Calavi Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines Département des Lettres Modernes
MEMOIRE DE MAITRISE
Le conte et l'éducation chez les Lokpa du
Bénin
Etudiant BAOUM Akéouli Nouhoum Mémoire
dirigé par
Madame Thècla MIDIOHOUAN Maître de
conférences à l'UAC
i
Dédicace
A la mémoire de mon père qui a eu la sagesse de
m'envoyer à l'école, et qui m'a toujours appris que, lorsqu'on
monte une pente à vélo, tant qu'on n'a pas encore atteint le
sommet de la pente, il ne faut jamais arrêter de pédaler,
A ma mère qui a dépensé le dernier de ses
sous, qui s'est privée du luxe des pagnes, pour que je ne meure de faim
sur la voie de l'école,
A mon épouse qui a su trouver les mots justes pour
m'encourager à aller de l'avant dans la rédaction de ce
mémoire, alors que je perdais espoir,
A toutes les autres personnes qui me sont chères, et qui
dans leurs rêves comme dans leurs prières pensent à moi,
Je dédie ce mémoire.
ii
Remerciements
Mes remerciements les plus sincères vont à
l'endroit de :
Mme Thècla MIDIOHOUAN, pour avoir accepté
malgré toutes ses occupations de diriger ce travail. C'est grâce
à la lumière de ses conseils que ce travail a pu être
conduit à bon port,
M. ALI Yao Pierre, mon deuxième père, qui a
consenti d'énormes sacrifices pour la réussite de mes
études universitaires,
Mon jeune frère, BAOUM A. Abdoul-Rahamane, sans qui je
n'aurai pas pu réussir ce travail à distance,
Mon ami, ABAOU Souradji, qui a lu mon travail et m'a
encouragé,
M. Gero STEUP, grâce à qui j'ai pu avoir
accès aux livres de la bibliothèque universitaire de Bonn,
Des habitants du village de Foumbéa grâce à
qui j'ai pu constituer mon corpus.
iii
Sommaire
Introduction
|
1
|
1. L'aventure du conte
|
4
|
1.1 Les origines du conte
|
4
|
1.2 Essai de définition
|
.8
|
1.3 Classification des contes
|
..22
|
2. Le conte et l'éducation chez les Lokpa
|
..33
|
|
2.1 Définition et précision du sens des termes :
Education, parole et conte
|
..33
|
2.2 La performance du conte chez les Lokpa
|
.36
|
2.3 Analyse des contes du corpus
|
50
|
2.4 Etude des thèmes dominants et interprétation
des contes
|
.64
|
Conclusion
|
99
|
Bibliographie
|
.101
|
Table de matières
|
105
|
Annexes (Corpus de contes)
|
..108
|
INTRODUCTION
Le peuple Lokpa est un peuple du nord-ouest du Bénin.
Selon Bawanam Bernard SINDJALOUM, « Le grand groupe socioculturel
Lokpa est subdivisé en deux sous groupes, les Lama et les Lokpa ; ce
grand groupe occupe plusieurs portions des territoires des Etats d'Afrique
Occidentale : les Lokpa de Ouaké dans le département de la Donga
au Bénin ; les Lokpa Kabiyè (Apalu, Cillaalu) de
Lamakara, de Niamtugu, et de Pya au Nord-Est togolais ; les Lokpa Tala
Wèle, Kumatè du Nord-Est du Mali ou de la
Guinée1. » Comme nous pouvons le constater à
travers le propos B. B. SINDJALOUM, tous les Lokpa du Bénin se
réclament de Ouaké qui est une commune frontalière du
Togo. Ouaké est la source de la plupart de Lokpa du Bénin. Mais
limiter les Lokpa à cette seule commune constitue une exclusion d'une
majeure partie des Lokpa du Bénin. En effet, les Lokpa sont
répartis sur presque toute l'étendue du territoire
béninois. Il existe des villages peuplés presque uniquement de
Lokpa hors de la commune de Ouaké. C'est le cas de Foumbéa,
village composé seulement de Lokpa dans lequel nous avons fait nos
recherches. Ce village est situé dans la commune de Djougou, plus
précisément dans l'arrondissement de Kolokondé.
Les Lokpa sont en majorité des agriculteurs. Ils vivent
de la terre comme la plupart des peuples d'Afrique noire. Ils font la chasse
comme sport et surtout pour avoir de la viande. Mais la chasse
(Làkú) chez les Lokpa est une activité régie par
des règles strictes. Elle se fait après les récoltes et
reste la chose des hommes. Il y a la chasse normale (Làk?) et la chasse
nocturne (Kùtùsù??).
Les Lokpa d'aujourd'hui sont chrétiens, musulmans ou
traditionalistes (il faut entendre par traditionalistes ceux que d'autres
appelleraient "animistes"). Certains sont à la fois
"chrétienstraditionalistes" ou "musulmans-traditionalistes". Cela veut
dire bien que les Lokpa aient épousé les religions modernes, ils
demeurent attachés à leurs valeurs culturelles. En
témoigne l'influence qu'ont encore certaines traditions
héritées des ancêtres. La fête de la
lanière2 ou Kàm??? est une illustration de la
vivacité de la culture Lokpa. Des pratiques restées intactes
malgré l'influence de la modernité ambiante. Les Lokpa ont
gardé leurs traditions : chants, danses, prières, rites et
autres. C'est un peuple qui a une littérature orale abondante mais qui,
malheureusement, n'est pas bien connu dans le domaine de la recherche. Le seul,
à notre connaissance, qui a tenté une description de la culture
Lokpa, c'est B. B. SINDJALOUM que nous avons cité plus haut. Or la
littérature orale de certains peuples d'Afrique noire a connu
un traitement particulier. Elle est souvent citée comme
exemple dans le domaine de la recherche. De chercheurs célèbres,
tels que Amadou HAMPATE BA, Lilyan KESTELOOT, Jean DERIVE, Christiane SEYDOU,
Géneviève CALAME-GIAULE (cette liste n'est pas exhaustive) ont
étudié et certains continuent d'étudier les
littératures orales africaines (Sénégalaise et malienne
surtout). Mais cette littérature reste inépuisable, et se
développe, passant ainsi de génération en
génération. Dans cette Afrique pluriethnique, de nombreux peuples
sont simplement oubliés. Le manque d'intérêt des chercheurs
pour ces littératures orales des peuples oubliés a pour
conséquence la non-prise de conscience des populations elles-mêmes
de la valeur de ce trésor inépuisable qui chaque jour se
renouvelle et se développe. La société Lokpa
n'échappe ni au phénomène de méconnaissance de sa
propre culture, ni à la dynamique de celle-ci.
Le présent mémoire a pour ambition d'apporter un
peu de lumière sur ce peuple. Le choix du thème a
été guidé par cette envie. Pour y parvenir, le choix a
été porté sur le conte. Précisément, le
rôle que le conte joue dans l'éducation chez les Lokpa. La
question nous serait peut-être posée de savoir, pourquoi vouloir
faire connaître le peuple Lokpa en s'intéressant juste à
ses contes ? Mais y a t-il plus beau moyen de connaître un peuple que de
le faire en étudiant une des manifestations de sa culture ? Le conte,
genre prépondérant, profane accessible à tous (enfants,
adultes, filles, garçons, hommes, femmes, vieux ou vieilles), est une
des manifestations de la culture Lokpa. Sa simplicité et son
accessibilité font de lui une arme puissante d'éducation. Il est
porteur de la vision du monde de chaque couche de la société et
décrit, au travers des sujets qu'il aborde, les vices qui minent cette
même société. Car, « les contes et les fables
disent aussi bien des vérités. Toutes les vérités
que la politesse et les convenances empêchent de dire, le conte et la
fable permettent de les énoncer sous le masque des animaux ou des
personnages fictifs3i C'est ce qui justifie le choix
porté sur le conte. Partant du postulat que le conte, en
général et Lokpa en particulier, joue un rôle dans
l'éducation, ce mémoire tente de comprendre comment le conte
éduque. Qu'est ce qui fait du conte une arme d'éducation facile ?
Quel élément du conte éduque ? Qui le conte
éduque-til ?
Pour répondre à notre problématique,
l'étude va se répartir en deux grandes parties. La
première partie a été empirique. Elle a consisté
à l'organisation de veillées de contes dans le village de
Foumbéa. Les veillées nous ont permis d'enregistrer sur cassette
un nombre important de contes (62 contes au total) dont nous avons fait un tri
pour former notre corpus de contes. Le corpus, enregistré d'abord sur
cassette a ensuite été transcrit dans sa langue
3 Lilyan KESTELOOT, Contes, fables et récits du
Sénégal, Karthala, 2006, p.8.
originale (Lokpa), puis traduit littéralement. De cette
traduction mot à mot avons-nous fait une traduction littéraire.
Le corpus ainsi obtenu sera mis en annexes comme textes à analyser. La
deuxième partie consistera à l'analyse du contenu du corpus:
c'est-à-dire des contes. Conscient que le diable se trouve dans les
détails, cet échantillon de contes abordant différents
thèmes sera soumis à différents types d'analyses. Pour
réussir cette analyse, nous nous inspirons de la méthode
structuraliste de Vladimir PROPP, de Claude BREMOND ; de la sémiotique
de J. A. Greimas, de Fontanille et Zilberberg ; de la narratologie avec Genette
et Todorov. Puisque la structure à elle seule ne permet pas de
comprendre un récit, surtout quand il s'agit d'un conte qui est un monde
de symboles et d'images, Paul RICOEUR a été d'un grand secours
pour l'interprétation des contes. Cette interprétation permet de
mettre en relation le monde fictif du conte et celui réel de la
société Lokpa. Ces outils, mis ensembles, permettent de saisir le
message du conte en le décodant.
Le mémoire est divisé en deux parties. La
première partie, intitulée "L'aventure du conte", est un rappel
de tout le chemin parcouru par le conte de l'Antiquité à nos
jours. Cette partie subdivisée en trois zones, essaie de chercher les
origines du conte, de lui apporter une définition, et d'en faire une
classification. Cette partie constitue la partie théorique, philologique
de notre mémoire. Toutes les informations que nous y avons
placées, nous les avons toutes trouvées dans les livres. Cette
partie constitue également pour nous un rappel de tout ce que nous avons
étudié à l'université.
La deuxième partie du mémoire, intitulée
"Le conte et l'éducation chez les Lokpa", est celle qui fait l'objet du
présent mémoire. Elle tente de montrer les conditions de
production du conte Lokpa, d'étudier sa structure et enfin de voir
comment les nombreux sujets abordés dans les contes sont traités
et pourquoi.
PREMIERE PARTIE
1. L'aventure du conte
1.1 Les origines du conte
Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, le conte,
cet élément clé de la littérature orale, n'a pas
fini de livrer ses secrets. C'est d'abord ses origines qui ont fait couler
beaucoup d'encre. Plusieurs théories se sont développées
dans le but de parvenir à expliquer ses origines. Une école est
donc venue avec ses idées que plus tard une autre école conteste.
Voyons dans un ordre chronologique croissant, c'est-à-dire de
l'Antiquité à nos jours, les différentes théories
qui ont tenté d'expliquer ou de démontrer les origines du
conte.
1.1.1 Les anciennes théories : le Symbolisme et
l'Evhémérisme
Déjà dans l'Antiquité, les chercheurs et
philosophes ont commencé à s'interroger sur l'origine des mythes
définis par certains comme les formes originelles de nombreux contes.
Deux théories s'étaient répandues à l'époque
pour interpréter ce qu'ils appelaient « les aventures
étranges qu'Homère et Hésiode avaient racontées sur
les dieux » selon Charles Martens dans L'origine des contes
populaires4, paru en 1894. Il s'agit de
l'Evhémérisme et du Symbolisme. La première théorie
rapproche la naissance des mythes à l'histoire. Selon cette
théorie les mythes sur les aventures des dieux seraient des «
poétisations populaires d'hommes et d'actions humaines5
». Evhémère, qui a donné son nom à la
théorie, rejette ainsi le caractère sacré des mythes en
les considérants comme des produits de l'imagination des hommes au cours
des âges, au cours de l'histoire.
Le Symbolisme ou la théorie allégorique a aussi
essayé de résoudre le mystère des origines des mythes.
Inventée par Théagène de Rhégium au VIème
siècle avant J-C et renforcée par Anaxagore et Métrodore,
le Symbolisme ou théorie allégorique soutient que les dieux sont
la personnification des forces de la nature, c'est-à-dire les quatre
éléments de la nature : la terre, l'eau, l'air et le feu.
Ces théories dites anciennes ne nous apprennent
malheureusement pas grand-chose sur l'origine des contes.
4 Martens Charles, L'origine des Contes populaires, Revue
néo-scolastique. 1° année, N°3, 1894. pp. 235-262.
doi : 10.3406/phlou.1894.1380
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1894_num_1_3_1380
5 Idem
1.1.2 Les travaux des frères Grimm
Influencés par le Sturm und Drang6 ou
Tempête et Passion en français (1767-17857),
le Weimarer Klassik ou le classicisme de Weimer (1786-1805) et le romantisme
(1796-1835) l'histoire tourmentée de l'Allemagne, les frères
Jacob et William GRIMM8 concentrent leur force à
dépouiller les contes de l'antique Germanie dans un élan
patriotique. Il faut noter que l'Allemagne n'était pas encore à
l'époque une République. Elle a changé à plusieurs
reprises ses frontières et en 1806 le Saint-Empire romain germanique (ou
Heiliges römisches Reich deutscher Nation) est dissout par l'empereur
français qui le remplace par la Confédération du Rhin (ou
Rheinbund) sous protectorat français. Le combat des frères Grimm,
comme l'on les appelle, a eu pour objectif la réunification et
l'affirmation de l'identité culturelle des Allemands et de l'Allemagne
non souveraine. C'est donc un mouvement à la fois littéraire et
politique. Animateurs de la vie littéraire de l'époque, les Grimm
prennent le contre-pied du romantisme. Alors que le romantisme cultive
l'individualisme en combattant de ce fait la féodalité en France,
les Allemands en font un instrument de réunification du pays. Selon Riva
KASTORYANO, « Le romantisme allemand est né au début du
19e siècle en réaction à la France, aux idées
révolutionnaires qui ont conduit l'Allemagne à un repli «
communautaire ». En effet, le romantisme allemand, en privilégiant
le sentiment d'appartenance à une culture et à un peuple, se
heurte à la rationalité qui a inspiré la Révolution
et ses valeurs universelles qu'il rejette. » Les Allemands vivent
l'époque romantique en cultivant leur unité. Les frères
Grimm, faisant partie de l'école Heidelberg, se sont
intéressés aux contes. Ils essayent à travers leurs
travaux de remonter aux origines germaniques des contes qui selon eux sont
issus des mythes de ce peuple. D'ailleurs Jean-Claude SCHNEIDER, dans sa
préface consacrée à l'édition de 2000 des
Contes choisis des Grimm, écrit : « Dans les
ressemblances qu'ils durent inévitablement constater entre les
traditions des divers peuples, les frères Grimm, en héritiers du
romantisme et en disciples des théories linguistiques d'August Wilhelm
Schlegel, ont la preuve de l'origine commune, aryenne, des nations d'Occident.
» C'est dans cette souche aryenne que se trouverait alors l'origine
des contes plus précisément dans les mythes. Max
Müller9 cité par Charles Martens
6 Le Sturm und Drang est l'expression par laquelle
l'on désigne le romantisme allemand.
7 Selon Wikipédia, consulté le
10/06/2011
http://de.wikipedia.org/wiki/Deutschsprachige_Literatur#Sturm_und_Drang_.28etwa_1767.E2.80.931785.29
8 Jacob et William GRIMM : Sous l'appellation de
frères Grimm, on désigne les deux linguistes,
philologues et collecteurs de contes de langue allemande Jacob
Grimm(° 4 janvier 1785 - 20 septembre1863) et
Wilhelm Grimm (24 février 1786 - 16
décembre 1859). Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_et_Wilhelm_Grimm
9 Friedrich Max Müller (6 décembre, 1823
- 28 octobre, 1900), plus connu sous le nom de Max Müller,
était un philologue et orientaliste allemand, l'un des fondateurs des
études indiennes et de la mythologie comparée
écrit à la suite des frères GRIMM :
« les contes sont le patois de la mythologie ; ils tiennent par toutes
leurs racines aux germes de l'ancien langage et de l'ancienne
pensée.» Pour mieux comprendre Müller, il convient de se
rappeler que la littérature orale dont les contes sont l'une des formes
n'était pas encore reconnue comme littérature sérieuse. Il
ramène tous les mythes à cette seule origine aryenne. Il
précise par ailleurs que les Aryens ne croyaient pas du tout à
tous les mythes qu'ils racontaient.
Cette théorie porte la griffe de son temps. Elle a
pourtant un mérite. Car « En cherchant à établir
les rapports du conte et du mythe, elle a mis pour la première fois en
lumière l'expérience humaine tout à fait
générale que le conte, comme le mythe et la légende, est
chargé en même temps de voiler et de transmettre10.
»
La théorie des Grimm a inspiré d'autres
chercheurs qui comme eux ont tenté de trouver une origine commune aux
contes. Si ces recherches ont fait leur temps, l'avancées des
connaissances dans le domaine de la littérature orale permet de
constater combien certaines conclusions étaient erronées.
1.1.3 La théorie africaine ou ethnologique
Les ethnologues ont investi les campagnes des peuples
où se pratique l'oralité à l'affût des
littératures orales conservées vivantes. Grâce aux travaux
de ces chercheurs européens et africains, la lumière a
été faite sur ces « histoires absurdes et
grossières ». Ces ethnologues, contrairement aux
précédents, s'évertuent à chercher les origines des
contes et mythes au sein des sociétés qui les ont vus
naître. Pour eux les histoires autrefois bafouées constituent une
entière littérature aussi riche et vivante que celle
écrite. Geneviève Calame-Griaule dit à ce propos que
« La recherche sur l'oralité s'est beaucoup
développée et l'on reconnaît aujourd'hui que les
productions « populaires » méritent bien le nom de
littérature car elles témoignent d'une recherche
d'esthétique au niveau de la forme, d'un emploi particulier de langue et
de procédés stylistiques propres à l'oral qui leur
confèrent une valeur esthétique fortement ressentie par les
usagers. Non seulement l'expression « littérature orale » est
très largement admise, mais son statut a changé et l'on l'inclut
dans ce qu'on appelle depuis peu avec respect le « patrimoine
immatériel11. » A ce niveau de
développement, nous pouvons dire que la littérature orale a ses
racines, ses origines au sein des sociétés qui la produisent.
Ses propres interprétations (aussi appelées
mythologie solaire) furent critiquées par la suite mais il avait
introduit un nouveau domaine d'étude comparatiste, Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_M%C3%BCller
10 Marthe Robert, cité par Jean-Claude
Schneider, Grimm. Contes choisis, 2000
11 BAUMGARDT, Ursula. UGOCHUKWU, Françoise.
Approches littéraires de l'oralité africaine, Karthala,
2005, p.5.
Ainsi selon Pierre N'Da Kan12, se basant sur les
travaux des traditionalistes africains, les contes proviendraient des
ancêtres de la tribu chez les Fang du Gabon; ils proviendraient, selon
les Baoulé de Sakassou (Côte d'Ivoire), de l'Eternel-Dieu qui les
aurait créés sans témoin et à une époque
lointaine et les aurait donnés aux hommes. Pour les Nzima du Ghana et
les Baoulé-Agba de Côte d'Ivoire, c'est encore Dieu (Edenkanman
pour les Nzima et Nanan Nyamien pour les Baoulé-Agba) qui aurait
créé les contes et les aurait répandus sur la terre depuis
le commencement des temps. Mais pour les Baoulé-Agba, Nanan Nyamien
après avoir créé les contes les a donnés à
l'araignée qui les a répandus. Ainsi, comme on peut le constater,
les sociétés africaines donnent au conte des origines divines.
Cette théorie traditionnelle de l'origine des contes
nous rappelle curieusement une autre que nous pouvons nommer théorie des
théologiens. En effet, dans un livre13 qui date du
début du 19ème siècle, Paul GUDIN disait : « Si
j'en crois des théologiens qui ne mentent jamais, l'origine des contes
est toute céleste. Les Anges en firent long-temps avant la
création du monde : ils y eurent un si prodigieux succès, que la
moitié des Anges se fit chasser pour les trop aimer. ». Cette
théorie théologienne correspond à la pensée
traditionnelle africaine. Cette convergence rapproche les deux visions et
renforce la piste de ceux qui pensent que les contes africains, malgré
leur ressemblance avec ceux d'ailleurs, restent pour la plus grande partie des
productions authentiquement africaines, n'en déplaisent à ceux
qui essaient de « montrer comment sont issus d'une souche unique,
attestée dans l'Inde ancienne, plusieurs groupes de contes que nul,
à première vue, ne songerait à apparenter.
»14.
Conclusion partielle
La revue des différentes théories, comme nous
avons pu le constater, ne permet pas de trouver une origine commune aux contes.
Ce qui entre temps était considéré comme des histoires
« grossières, absurdes, destinées aux seuls enfants
», se révèle aujourd'hui être de vraies productions
littéraires. Depuis Propp15 sur la « Morphologie du
conte », les connaissances sur les contes ont évolué.
Ce pionnier a ouvert la voie à plusieurs autres chercheurs qui ont
approfondi et nuancé ses travaux. Mais le Russe a le mérite
d'être celui qui a transformé le monde de la recherche sur les
contes. Il a prouvé que les contes sont des récits avec des
structures qu'on peut déceler, reconnaître, et qui sont identiques
dans tout conte de fée (Nous reviendrons plus loin sur les travaux de
Propp). Ce qu'il faut retenir ici, c'est que grâce à
12 Pierre N'DA K., Le conte africain et
l'éducation, L'harmattan, 1984, p.13.
13 Paul GUDIN, Histoire ou recherches sur les
origines des contes, Tome 1, Messidor An XI, 1803, p.3.
14 Bremond Claude. Avant-propos. In: Communications,
39, 1984. Les avatars d'un conte, p.3.
15 Vladimir PROPP, La morphologie du conte,
Gallimard, 1970.
Propp, on sait aujourd'hui que les contes sont des oeuvres
littéraires à part entière. En tant qu'oeuvres
littéraires, les contes ont ainsi leur origine dans la
société qui les crée.
Lorsque nous considérons tous les débats autour
de l'origine du conte, nous en concluons que c'est une oeuvre vaine que de
chercher celle-ci hors de la société qui l'a produit. OEuvre
littéraire, donc de l'esprit humain, le conte porte en ses entrailles
les traces de la culture de la société d'où il est issu.
« Davantage que dans une origine ethnique commune, c'est dans le
dépôt de l'inconscient qu'il convient de chercher la cause de
cette analogie des contes entre eux.16 ».
1.2 Essai de définition
Il n'est pas aisé, si l'on veut être rigoureux, de
trouver une définition définitive et acceptée de tous au
conte. Deux obstacles majeurs rendent difficile le travail des chercheurs.
Dans un premier temps, c'est la ressemblance du conte avec un
certain nombre de genres oraux. Il s'agit de la légende, du mythe, de la
fable, de la chantefable. Françoise ESTIENNE17 soulève
le problème en ces mots : « Selon Gillig, contes, récits
mythiques, fables et légendes ont en commun de constituer un
récit écrit ou parlé dans lequel la plupart des
personnages possèdent une nature à la fois humaine et surhumaine,
agissant sur des événements ou un environnement à la fois
réels et surréels » Les frontières entre ces
genres sont théoriquement reconnaissables, mais dans la pratique une
confusion règne entre ces genres et rend le tracé des
frontières difficile voire impossible. Pierre N'DA K. souligne cette
réalité en citant Senghor : « Mais ce n'est que
simplification grossière. Il n'y a en Afrique noire, ni douaniers, ni
poteaux indicateurs aux frontières. Du mythe au proverbe, en passant par
la légende, le conte, la fable, il n'y a de frontières.
»18
Ce propos de Senghor nous conduit au second aspect qui rend
difficile la définition du conte. En effet les genres oraux, dans chaque
société, diffèrent. Même si certaines
sociétés partagent parfois des genres identiques, nombreux sont
des genres spécifiques à chaque peuple. En Afrique notamment, le
conte peut prendre différentes formes qu'on pourrait facilement
assimiler à un autre genre qui lui est proche : le mythe, la fable,
l'épopée, la légende ou la chantefable. « La
réalité que les sociétés traditionnelles africaines
appellent « contes » n'est pas uniforme.»19 En
Afrique, il est difficile d'appliquer une définition conventionnelle au
conte. Selon chaque société, la forme du conte change. Le contenu
aussi n'est pas toujours le
16 Jean-Claude SCHNEIDER, Grimm, Contes
choisis, p. 12.
17 ESTIENNE Francoise, Utilisation du conte et de
la métamorphose, Masson, 2001, p. 3.
18 N'DA K. Pierre, op. cit. p.22.
19 Idem
même partout en Afrique. L'approche de définition
à laquelle nous nous préparons reste alors purement
théorique. Pour mieux appréhender ce qu'est le conte, nous allons
user d'une approche comparative. Nous allons mettre le conte aux
côtés des autres genres auxquels on l'assimile. Ce sont des genres
cités plus haut : la légende, l'épopée, le mythe,
la fable, la chantefable. Le conte, mis aux cotés de ces genres, est
plus facilement saisissable, du moins théoriquement. Quelle
définition pouvons-nous donner à ces différents genres
?
1.2.1 Le mythe et le conte
Le mythe est défini comme la forme première du
conte. Certains chercheurs affirment que les contes sont issus de la
dégradation des mythes. Même si certains restent prudents et
n'attribuent pas à tous les contes le titre « d'avatar du
mythe», ils considèrent tout de même que certains contes
ont une souche avérée mythique. Qu'est ce qu'un mythe ?
La réponse à cette interrogation n'est pas
aisée. Selon le dictionnaire de l'Académie française,
le mythe est récit fabuleux contenant en général un
sens allégorique20. Le mythe, ainsi défini,
relève du sacré. C'est aussi l'avis de Mircea Eliade. Pour lui,
« le mythe raconte une histoire sacrée ; il relate un
événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps
fabuleux des commencements. C'est donc toujours le récit d'une
création. Du fait que le mythe relate les gesta des Etres Surnaturels et
la manifestation de leur puissance sacrée, il devient le modèle
exemplaire de toutes les activités humaines
significativesi21 Dans la définition d'Eliade, certains
termes attirent l'attention : récit, temps primordial, temps fabuleux,
histoire sacrée, Etre Surnaturels. Ces expressions résument ce
qu'il faut retenir du mythe. Elles sont aussi la base de la confusion entre le
mythe et le conte.
Qu'est ce qu'un conte ? Selon le dictionnaire de
l'Académie française, le conte est un court récit
d'aventures imaginaires, soit qu'elles aient de la vraisemblance ou qu'il s'y
mêle du merveilleux. Cette définition fort courte, nous donne
quelques pistes sur ce qui peut être en général
appelé « conte ». Nous savons que le conte est un
récit. A l'origine oral, il est aujourd'hui écrit ou plutôt
transcrit. Françoise ESTIENNE dit que « le conte est semblable
au rêve ; comme lui, il est tissé d'une multitude
d'éléments conscients ou inconscients, de désirs et de
peurs, de réminiscences et de préoccupations quotidiennes qui se
jouent sur la trame du réel. » 22 Le « réel »
ou « le quotidien » des hommes (par hommes nous entendons bien
sûr êtres humains) caractérise le conte. Ainsi,
contrairement au mythe qui s'inscrit dans le temps des commencements, le moment
où le quotidien des hommes n'était pas ce qu'il est
20 Dictionnaire de l'Académie fraicaise,
8ème edition,
http://atilf.atilf.fr/academie.htm
21 Mircea Eliade, Aspects du mythe,
Gallimard, pp.15-16.
22 Françoise ESTIENNE, Utilisation du conte
et de la métaphore, p. 9.
aujourd'hui, le moment où les hommes vivaient en
harmonie, où le mal n'existait pas, bref une période qu'on
regrette aujourd'hui, le conte lui s'inscrit dans le présent, dans le
quotidien. Les faits qu'il relate ne sont pas inconnus, étrangers au
quotidien des hommes. Il faut tout de même signaler que le merveilleux
intervient aussi dans le conte. Cependant les auditeurs restent attentifs au
message véhiculé qu'ils acceptent malgré l'invraisemblance
de certains faits merveilleux relatés. Le conte joue avec « le
pourquoi pas ». Tout ce qui est impossible dans la vie réelle,
devient possible dans le monde du conte. C'est le lieu où s'expriment
les désirs, les aspirations des hommes. F. ESTIENNE le dit en ces mots :
« L'originalité du conte est qu'il formule et agit en
même temps, que, il théorise et, encore, qu'il accomplit les
représentations du désir aussi bien chez celui qui l'a
imaginé, ceux qui le répètent et chez ceux qui le
savourent.23 ». A en croire Françoise ESTIENNE, le
théâtre quotidien de la vie se joue sur la scène du conte.
Tout le monde y trouve son compte. Ce qu'il est bien de retenir, c'est que le
conte est un outil, un véhicule de savoir. Nous ne voulons pas, ici,
dire « savoirs traditionnels » comme plusieurs chercheurs l'ont fait
jusqu'ici, mais nous parlerons de « savoirs » tout simplement. Car il
faut convenir avec Françoise ESTIENNE que le conte est influencé
par la vie de tous les jours. Et elle précise « De tous les
jours mais non d'une époque donnéei24 Cette
précision n'est pas anodine. Elle nous apprend que le conte
évolue et s'adapte à son époque. Il n'est donc pas
figé. On pourrait alors dans un conte dit aujourd'hui retrouver les
traces du présent : présence de voiture, de vélo, d'avion,
d'instruments modernes qui témoignent de l'actualité de
l'histoire contée.
Cette précision montre aussi la différence
théorique entre le mythe et le conte. En effet, pendant que le mythe
nous fait vivre une période qui n'est plus, un temps qui a
précédé l'époque des hommes, une «
pré-humanité », le conte nous plonge dans
l'humanité, dans le monde des hommes. Il nous fait vivre les aventures
d'un être qui affronte les problèmes du quotidien. L'être
mis en scène peut être une personne ou un animal. Dans le cas d'un
animal, on découvre très vite, à travers les faits et
gestes, qu'il s'agit en fait d'une peinture de la société des
hommes. L'on devine très vite les tars, les vices, les peines, les
joies, les exploits, les échecs ou les victoires des hommes dans la vie
de tous les jours. Le temps du conte n'est pas fixable dans le temps.
L'ouverture « il était une fois...» qui introduit le
conte, le rend constant. Il n'appartient ni au passé, ni au
présent, ni au futur. C'est plutôt la résultante de ces
trois temps. Et ceci rend le conte toujours intemporel. Autrement le conte est
« une histoire fictionnelle, à la fois pour le récitant
et pour son auditeur. Il n'appartient à aucune période
23 Françoise ESTIENNE, op. cit.
24 Idem
de l'histoire, ni le présent ni le passé ni
le futur et le traditionnel « il était une fois », qui ouvre
le récit du conte, au lieu de référer à une
antériorité effective, renvoie bien plutôt à un
temps hors du temps. Il acquiert par cette abstraction temporelle une
actualité constante. Le conte est signifiant de façon
éternelle parce qu'il n'est pas pris dans les rets de la
temporalité. »25 Ce serait trop vite aller en
besogne que de dire que cette citation délimite les frontières
entre conte et mythe. Si le conte se distingue par son actualité, le
mythe aussi ne peut être dit d'archaïque. A en croire Claudia de
OLIVEIRA GOMES et Charles TAFANELLI, « le mythe est un récit
d'une actualité constante et non fictionnelle. Aussi bien
récitant que public sont à l'intérieur du mythe. Car, le
mode d'existence spécifique du mythe, c'est l'existence comme
réalité26 ». Cette définition du
mythe qui ressemble curieusement à celle fait du conte à une
différence moindre. Alors que le conte relève de la fiction, le
mythe, lui, ne découle pas de l'imagination. Le mythe explique les
choses comme elles étaient aux temps primordiaux. C'est le récit
des origines. L'origine des choses, de l'homme, de l'univers. Les personnages
du mythe sont des entités surnaturelles, des dieux. La période de
l'action se situe dans le temps avant le temps, « la
métahistoire27 ». Dans Comparatisme,
mythologies, langages : hommage à Claude LEVI-STRAUSS, les auteurs
nous proposent des pistes pour comprendre les mythes. Selon eux le mythe se
caractérise par quatre traits de reconnaissance qu'on pourrait
désigner par « sémantèmes profonds
»28. Les sémantèmes profonds sont « des
traits (ou des plans, des séquences) de sens liés au vécu.
» Il s'agit selon eux de :
- le sémantème du sacré
- le sémantème du pré-temporel
(méta-histoire)
- le sémantème de la propriété
partagée par la communauté
- le sémantème de l'exemplarité
Le sémantème du sacré, à en croire
nos auteurs, est le trait caractéristique qui distingue le mythe des
autres genres littéraires proches. Le sacré se manifeste alors
à travers la référence au surnaturel, à ce qui
dépasse l'homme. « Le mythe pose un ordre qui transcende et qui
fonde les réalités de ce monde. »29
Le deuxième trait, le sémantème du
pré-temporel, fait référence au temps du mythe.
Selon encore nos auteurs, « le mythe se déroule, prend forme
dans une isotopie qui est celle de la
25Claudia de OLIVEIRA GOMES, Charles TAFANELLI, Comprendre la
mythologie, pp14-15 26Idem, pp.14-15.
27Christophe VIELLE, Pierre SWIGGERS, Guy JUCQUOIS, Comparatisme,
mythologies, langages: en hommage à Claude Lévi-Strauss, Peeters,
p24
28 Idem
29Ibidem, p.25.
fondation de l'historicité : par cette
référence au « fondationnel », qui est situé
dans une prétemporalité, le mythe crée les conditions pour
sa propre temporalité et celle de sa réception. [...] Le mythe
présente donc des événements sous une modalité
gnomique, dont le propre est de dire comment la réalité est
survenue et d'instaurer en même temps cette réalité. C'est
ce méta-historicisme du mythe qui le rend d'être
réactualisé en permanence pour (r)évoquer une
réalité. » 30
Le troisième trait signifie que le mythe est une oeuvre
communautaire. C'est la communauté toute entière qui se retrouve
et se reconnaît à travers le mythe. Le mythe en tant que parole de
l'origine sur l'origine s'adresse à toute une communauté et non
à un individu. Il est anonyme. « Le mythe est une
propriété de la communauté, et celle-ci se constitue
à travers, et se reconnaît dans, les mythes qu'elle raconte.
»31 Le mythe alors ainsi en clair une sorte de charte, de
fondation et d'identification d'une société.(revoir la structure
de la phrase, a dit le prof)
Le sémantème de l'exemplarité
est ce trait du mythe qui nous montre la voie à suivre, l'exemple, la
bonne conduite des relations interhumaines. « Le récit
mythique, évoquant le surnaturel dans son rapport avec le monde humain,
établit un paradigme normatif, idéal, d'après lequel
l'homme doit modeler sa conduite. L'exemplarité du mythe réside
dans le fait qu'il raconte une séquence archétypale qui
fonctionne comme modèle pour l'action humaine dans le temps.
»32
L'approche que nous venons faire du mythe nous permet de voir
clairement ce qui le différencie du conte. Le conte, tout comme le
mythe, est un genre narratif. Le temps du mythe est celui du commencement,
celui d'avant les contes, le moment où tout allait bien, avant la
société et ses problèmes. Par contre, le conte s'inscrit
dans la société. Le mythe en tant que récit ne
relève pas de la fiction. Ce n'est pas un genre fictionnel. C'est un
genre sacré, qui relève du fait religieux. A ce sujet, Mircea
Eliade nous apprend que « les personnages des mythes sont des Etres
surnaturels. Ils sont connus surtout par ce qu'ils ont fait dans le temps
prestigieux des « commencements ». Les révèlent donc
leur activité créatrice et dévoilent la sacralité
(ou simplement la « surnaturalité ») de leurs oeuvres. En
somme, les mythes décrivent les diverses, parfois dramatiques irruptions
du sacré (ou du « surnaturel ») dans le Monde. C'est cette
irruption du sacré qui fonde réellement le Monde et qui le fait
tel qu'il est
30 Christophe VIELLE, Pierre SWIGGERS, Guy JUCQUOIS, op. cit,
p.25.
31 Idem
32 Ibidem, P.26.
aujourd'hui. Plus encore : c'est à la suite des
interventions des Etres surnaturels que l'homme est ce qu'il est aujourd'hui,
un être mortel, sexué et culturel »33
Or le conte est ce que nous pourrions qualifier de genre
profane. Il ne relève pas du sacré. Ses personnages, même
quand ils sont des êtres surnaturels, mystiques, ou des animaux,
agissent, vivent comme les hommes. Ce ne sont pas des êtres
supérieurs qui dictent aux hommes la conduite à tenir. Ce ne sont
pas des « personnages archétypaux ». Les êtres
surnaturels qui interviennent dans les contes merveilleux sont plus des
complices des personnages humains, que des dieux qui dirigent leurs vies
à leur guise. Dans certains contes, les personnages sont des animaux.
Mais nous l'avions dit plus haut déjà : ces animaux sont une
représentation des hommes. Leurs gestes, propos, pensées et
idéologies renvoient à la société humaine.
« Dans un conte, se moque-t-on de l'hyène ? C'est pour tourner
en dérision les gens stupides ; le lièvre ridiculise-t-il le lion
ou le léopard ? C'est pour critiquer les puissants de la terre, les rois
et les chefs abusifs, etc. »34 Ansoumane Camara dans une
étude de la littérature orale des Malinké de la
Haute-Guinée nous apprend que le « conte à animal (sobo
tali)35 » est un conte dans lequel les personnages
principaux sont des animaux. Dans la même étude, Camara nous parle
aussi « du conte à djinn »36 qui est,
selon lui, un type de conte dans lequel le rôle principal est joué
par une créature surnaturelle. Ces créatures usent de leur
pouvoir pour agir sur la vie des humains. Cette mise au point nous conduit donc
à la conclusion que la présence du merveilleux dans un conte ne
fait pas de lui un mythe. Aussi faut-il remarquer ici le statut du surnaturel
qui n'apparait comme le traceur du destin des humains mais plutôt comme
un adjuvant ou opposant qui aide les humains à sortir
de certaines situations difficiles ou qui les y pousse. Les forces
surnaturelles peuvent ainsi être nuisibles ou
bénéfiques.
Le conte et le mythe se différencient aussi dans leur
pratique. Le conte, en tant que genre profane, peut être dit par tous
mais pas n'importe où et n'importe quand. Signalons qu'il se
dit généralement la nuit. Dans la tradition africaine, le
conte se dit la nuit. Quiconque le fait le
33 Mircea ELIADE est cité dans
Comparatisme, mythologies, langages: en hommage à Claude
Lévi-Strauss à la page 25. Mircea ALIADE, né en 1907
et mort en 1986, est un historien des religions, mythologue, philosophe et
romancier roumain. Il parlait et écrivait parfaitement huit langues :le
français, le roumain, l'allemand, l'italien, l'anglais, le persan,
l'hébreu et le sanskrit.
34 Pierre K N'DA, op. cit. p.17.
35 Ansoumane CAMARA, Le conte (tali) et
l'épopée (fasa) dans la littérature orale des
Malinké de la Haute Guinée, In Approches
littéraires de l'oralité africaine, Ursula BAUMGARDT,
Françoise UGOCHUKWU, Karthala, 2005.
36 Les jinns (parfois orthographié djinns
[?in: / gin: / ?in:]), sont des créatures issues de croyances de
tradition sémitique. Ils sont en général invisibles,
pouvant prendre différentes formes (végétale, animale, ou
anthropomorphe) ; ils ont une capacité d'influence spirituelle et
mentale sur le genre humain (contrôle psychique : possession), mais ne
l'utilisent pas forcément. Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jinn
jour encoure la colère des dieux. Cette interdiction est
rarement transgressée car les activités champêtres ne
laissent souvent dans la journée aucun temps pour le conte.
Par contre, le mythe à cause de son caractère
sacré, religieux, reste la chose des spécialistes, des
initiés. N'importe qui ne peut dire un mythe. Il ne se dit pas n'importe
où non plus. Seuls les initiés ont le droit de dire le mythe.
Pierre K. N'DA nous apprend que le mythe se dit dans les couvents ou au cours
de certaines cérémonies rituelles. Le mythe aborde des
thèmes sur la création, Dieu, l'homme la vie et la mort, le sexe
et la fécondité, l'âme et le corps, le bien et le mal,
l'amour et la haine, la santé et la maladie, le destin et
l'au-delà. Bref, il se place au niveau des valeurs existentielles et des
problèmes métaphysique de l'homme.
Pour nous résumer, citons Alain MOREAU, qui, partant de
la question « Les distinctions entre le mythe et le conte sont-elles
pertinentes37 ? » rassemble en quatre points ce
qui distingue le conte du mythe. Il oppose alors :
- le caractère religieux du mythe à celui profane
du conte
- l'enracinement du mythe à l'intemporalité du
conte
- le héros à forte personnalité dans le
mythe et le personnage évanescent dans le conte - le sens dans un mythe
et la gratuité dans le conte
Cette tentative s'avère difficile car le conte n'est
pas aussi gratuit qu'on le dit. Le conte ne distrait pas tout simplement. Alain
MOREAU lui-même le reconnaît en ces termes : « la
leçon n'est pas toujours explicite.» Ceci signifie que les
contes ne sont pas gratuits. Ils sont de vraies armes didactiques.
La distinction entre le conte et le mythe est certes
théoriquement possible, mais, répétons le, elle reste
théorique. Dans la pratique, il est difficile de ne pas se tromper. Dans
la réalité, nous avertit encore Pierre K. N'DA, « la
zone de transition entre deux récits n'est pas aussi clairement
délimitée et de façon hermétique : du plan
discursif, un récit peut passer imperceptiblement au plan narratif, les
distinctions entre mythe, mythe dégradé, conte, ne sont pas
toujours évidentes. » Il nous invite donc à la
prudence. Dans la pratique, surtout en Afrique noire, cette théorie a
des limites. On ne fait pas aussi facile la distinction entre les genres. Ainsi
ce qu'il convient d'appeler « fable » est désigné par
« conte à animal »38 .
1.2.2 La fable et le conte
La fable est un genre proche du conte. Selon le dictionnaire
« Le Robert », la fable est un récit en prose ou en
vers dans lequel on exprime une vérité sous le voile de quelque
fiction.
37 Alain MOREAU, « Les éléments
folkloriques dans les mythes grecs ». In Mythe et
création, colletif dirigé par Pierre Cazier P 89
38 Ansoumane CAMARA, op. cit.
Mais l'encyclopédie libre Wikipédia nous donne
une définition légèrement différente de la
première. Selon elle, « La fable est un court récit
écrit plutôt en vers qu'en prose et ayant un but didactique (qui
cherche à instruire). Elle se caractérise
généralement par l'usage d'une symbolique animale ou avec des
personnages fictifs, des dialogues vifs, et des ressorts comiques. La morale
est soit à extraire de l'implicite du texte, soit exprimée
à la fin ou, plus rarement, au début du texte. Les fables les
plus caractéristiques comportent un double renversement des positions
tenues par les personnages principaux. On peut la comparer à un
apologue: tous deux sont des récits brefs et plaisants, à
visée didactiquei39 La fable se définirait alors
comme le conte, mais à la seule différence que celle-ci est
directe, avec un but didactique ou satirique affiché. Elle est aussi en
vers ou en prose. Crispin MaaluBungi nous propose une définition du
fabliau africain en ces mots : « le mot vient du latin fabula ou
fabella (« petite fable »), il désigne des « contes
à rires » dont les personnages principaux sont des animaux,
contrairement au fabliau européen, récits de cent ou deux cent
vers octosyllabiques qui mettent en scènes « presque toujours des
êtres humains de condition modeste (bourgeois, manants,
représentants du bas-clergé) dans un cadre de vie quotidienne
» (Bremond). ils sont généralement sans portée morale
explicite et relatent les aventures d'un animal apparemment faible dit «
Trickster animal »/ « Duiker », d'où leur nom anglais de
« Trickster tales » ou français de « contes du
décepteur » (Paulme) ou « contes du Joueur de tours »
(Morcos)i40 Dans ces fables, le décepteur, le
trickster ou encore le joueur de tours comble son manque de
force par son intelligence grâce à laquelle il vient à bout
de ses adversaires. Maalu-Bungi l'explique à travers les mots du
professeur Louis-Marie ONGOUM du Cameroun : « le décepteur,
leur héros unique mais multiple dans ses manifestations, y est
incarné par soit par la tortue soit par le lièvre et la tortue
indifféremment. (...). Il possède toute une gamme
d'expédients - astuce, duperie, fourberie, tricherie, mensonge,
vengeance, mauvaise foi (...) - dont il joue pour se jouer de ses adversaires,
souvent à son profit et quelquefois à son détriment,
rarement en faveur de son peuple dont il devient le démiurge
»41 Cette définition attribuée à la
fable ne nous trace pas les frontières qui la séparent du conte.
Maalu-Bungi dans sa définition du « fabliau » qu'il
classe dans la rubrique des « contes populaires » admet que
le fabliau, c'est-à-dire une « petite fable » est un conte
à part entière. En citant Géneviève CALAME-GRIAULE,
Maalu-Bungi dit que « le conte est un récit, une dramatisation,
mettant ensemble des personnages
39 Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fable
40 Crispin MAALU-BUNGI, Littérature orale
africaine: nature, genres, caractéristiques et fonctions, P.I.E
Peter Lang, Bruxelles, 2006, pp.96-97.
41 Idem
imaginaires, humains, animaux ou surnaturels et situant
leurs aventures dans un cadre imaginaire, à la différence de
l'anecdote qui suppose toujours que tous les éléments du
récit sont authentiques. »42 Il nous confirme la
confusion qui règne autour de la définition qu'il convient
d'attribuer au « conte » séparément des autres genres
qui lui sont proches. La différence entre le conte et la fable nous
semble encore même théoriquement difficile à
démontrer. Même si nous nous en tenons au critère de la
forme, qui montre que la fable peut aussi être écrite en vers,
celle-ci reste avant tout orale comme le conte. La seule versification ne peut
ainsi pas établir cette différence.
L'autre point de vue qui soutient que la fable a toujours un
but moraliste, satirique ou didactique ne peut aussi pas distinguer le conte de
la fable. Aujourd'hui, il est clair, et plusieurs chercheurs l'ont
montré, que le conte, en l'occurrence le conte africain, n'est pas
innocent. Il n'est pas ce genre « gratuit », dénué de
sens et n'ayant pour tout objectif que de distraire, comme l'ont soutenu par
ignorance ou par mépris des chercheurs, surtout occidentaux, pendant des
années. Aujourd'hui, il est démontré que le conte
éduque, fait la satire des sociétés et constitue un outil
qui permet de véhiculer une idéologie, un idéal social. A
ce stade, quelle définition pouvons nous donner une définition au
conte ? Comment distinguer, même théoriquement le conte de la
fable ou encore de la chantefable.
1.2.3 La chantefable et le conte
La chantefable, comme l'indique son nom, est une fable qui
contient un ou des chants. Cependant, l'encyclopédie libre
Wikipédia nous apprend que la chantefable est un genre vieux, de
l'Antiquité gréco-latine. Selon elle, «La Chantefable
est un genre littéraire qui fait surtout partie de la littérature
de Moyen Âge. Ce genre consiste en un « jeu dramatique » qui
alterne des phases narratives en prose et des phases en vers chantés. On
connaît surtout Aucassin et Nicolette comme un modèle type de la
Chantefable, qui a survécu sous d'autres noms jusqu'à la fin du
XIVe siècle43i La différence entre la fable et la
chantefable vient ainsi du fait que celle-ci contient des séquences
chantées. La chantefable, sur le plan théorique et aussi dans la
pratique, se distinguerait ainsi de la fable. Mais la définition
donnée par Wikipédia reste très évasive et laisse
aussi une grande ouverture. Une définition aussi évasive que la
première nous vient de Nicole QUENTIN-MAURER qui dit que la chantefable
est un «Jeu dramatique médiéval, où les parties
narratives en prose alternent avec des passages versifiés
chantés. La composition la plus connue de ce type est Aucassin et
Nicolette. Le genre littéraire de la chantefable survécut
jusqu'à la fin du XIVe siècle sans
42 Crispin MAALU-BUNGI, op. cit.
43 Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chantefable
toutefois continuer à en porter le nom.
»44 Les deux définitions soutiennent que la
chantefable a survécu jusqu'au XIVe siècle sous d'autres noms
mais ne nous disent pas quels noms, quels termes étaient alors
utilisés pour désigner la chantefable ? Aujourd`hui, dans
certains contes africains surviennent des passages chantés. Nombreux
sont des contes qui contiennent des chants. Parfois certains conteurs
professionnels ou non accompagnent ces chants avec des instruments de musique.
Parfois l'auditoire répète en choeur le chant scandé par
le conte. Pourrait-on désigner de pareils contes comme étant des
chantefables ? La réponse nous vient de Simha AROM45, dans
une étude menée en République Centre Africaine. Dans un
article à lui consacré par Alvarez-Pereyre F dans la revue
scientifique Persée, nous pouvons lire : « S. Arom, à la
suite de G. Rouget et E. M. S. Belinga, propose de distinguer la chantefable de
récits strictement parlés, bien que les Ngbaka amalgament, quant
à eux, ces deux genres de récits dans leurs dénominations.
Il semble bien que contes et chantefables se rejoignent comme pièces de
divertissement en même temps que didactiques, dites dans plus ou moins
spécifiques (lieu, temps...)i46 A en croire donc Simha
Arom, contes et chantefables ont une même signification chez les Ngbaka.
Lui, il parle « d'amalgame », cependant, les études
ont montré aujourd'hui que les genres oraux africains ne peuvent pas
être classifiés ou définis selon les modèles
conventionnels occidentaux. Christiane SEYDOU, nous prévient que
différents genres littéraires peuvent porter le même nom
dans certaines sociétés africaines. En l'occurrence, le conte, le
proverbe et la devinette portent souvent ainsi les mêmes
dénominations. Pour elle « le genre « conte » ainsi
classé dans la catégorie du fictif et l'imaginaire [...], il y
côtoie, sous la même dénomination le proverbe ou la
devinettei47 Pierre K. N'DA en citant Paulette Roulon ne fait
pas de différence entre le conte et la chantefable. Selon P. ROULON,
« ces contes sont pour la plupart des chantefables, c'est-àdire
qu'ils contiennent un chant que le conteur lance et que l'auditoire
reprendi48 Il dit aussi à la suite de Eno Belinga que
« la chantefable est un récit oral de fable ou de conte
mêlé de strophes chantées : le récit et la
mélodie se recoupent mutuellement avec harmoniei49
44Sources :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/chantefable-genre-litteraire/
Il faut aussi retenir que cette définition est extraite de l'article
Chantefable, genre littéraire de Nicole QUENTIN-MAURER
45Simha AROM est un ethnomusicologue
franco-israélien né en 1930 à Düsseldorf en
Allemagne, reconnu comme expert des musiques d'Afrique centrale, en particulier
celle de la République centrafricaine. Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Simha_Arom
46Alvarez-Pereyre F, Arom, S., Conte et
Chantefables ngbaka-ma'bo (République centrafricaine). Sources :
http://www.persee.fr
47 Christiane SEYDOU, Genres littéraires de
l'oralité : identification et classification, In Littératures
orales africaines, perspectives théoriques et méthodologiques,
p133
48 Pierre K. N'DA, op. Cit. p.21.
49 Idem
Il est ainsi clair que la différence entre le conte et
la chantefable est difficile à démontrer dans la pratique
même si leurs formes, sur le plan de la théorie littéraire,
diffèrent. Mais dans la pratique, selon les nomenclatures des peuples
qui produisent ces genres, il n'y a pas de différence de
dénomination.
1.2.4 La légende, l'épopée et le
conte
La légende, à l'origine, du mot latin "legenda"
qui signifie « qui doit être lu », est un récit
mis par écrit pour être lu en public : pendant les repas, dans les
églises, dans l'optique d'édifier les fidèles au cours
d'une fête consacrée à un saint. La légende
apparaît ainsi comme un genre de la littérature sacrée.
D'ailleurs, selon Wikipédia, « dans ce genre de
littérature, la précision historique passe au second plan par
rapport à l'intention spirituelle (dans l'hagiographie50) ou
la morale. 51». Comparé au mythe, la légende
passe au rang sacré au même titre que ce dernier. La
légende reste toujours historique car le saint qui est son personnage
principal reste connu comme ayant vécu pendant une période
donnée de l'histoire. Ce saint reste humain, serviteur de Dieu et non
jamais lui-même un dieu. L'historicité de la légende serait
ainsi établie, claire et sans zones d'ombres, alors celle du mythe reste
ouverte au début des temps, au commencement des choses, alors même
que les légendes n'existaient pas encore. C'est aussi cette
précision historique qui distingue également la légende du
conte. Josiane BRU nous dit dans un article que « Le conte est par
définition un récit situé dans un temps et un lieu
indéterminés (Il était une fois...), alors que la
légende - prise en compte et transcrite depuis plusieurs siècles
comme récit historique - met en scène des personnages
censés avoir existé, en des lieux dont le nom attesterait de
l'ancienneté et de la vérité des faits
racontés52. » La légende serait-elle alors
un genre purement écrit ? La réponse évidemment est non.
Selon toujours la Wikipédia, « c'est un récit fictif le
plus souvent d'origine orale faisant appel au merveilleux. Une légende,
à la différence d'un conte, est fortement liée à un
élément clé, ceci est précisé et se
concentre sur un lieu, un objet, un personnage, une histoire,
etc.53» La légende, tout en étant fictive,
reste alors très proche de la réalité. Contrairement au
conte qui est une fiction qui ne peut être fixée dans le temps ou
dans l'histoire, la légende se veut plus
50 L'hagiographie (du grec ancien
öyéoç hagios, « saint », et ypâqo
graphô, « écrire ») est l'écriture de la vie
et/ou de l'oeuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que
rarement d'« une hagiographie » (sauf dans le sens figuré),
mais plutôt d'un texte hagiographique ou tout simplement d'une vie de
saint. Le texte hagiographique étant destiné à être
lu, soit lors de l'office des moines soit en public dans le cadre de la
prédication, on lui donne souvent le nom de légende (du latin
legenda, « ce qui doit être lu »). Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hagiographie
51 Wikipédia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende
52 Josiane Bru, Josiane Bru, « Le repérage et la
typologie des contes populaires. Pourquoi ? Comment ? » Bulletin de
liaison des adhérents de l'AFAS, n° 14, automne 1999.
53 Idem
précise, plus historique, plus précise que le
mythe et complètement profane. Elle peut naître également
de l'imagination humaine et prendre des allures de conte. Car en
réalité, certains contes donnent parfois des précisions
qui pourraient placer leurs personnages dans l'histoire. Ce sont des contes
facétieux. Le conteur essaie de localiser les personnes et les lieux
où se seraient déroulés les faits. Nous citons ici en
exemple le conte N°6 de notre corpus. Dans ce conte, le conteur a
donné des noms de lieux connus : Foumbéa,
Kpalak?. Or l'histoire met en scène des animaux.
Ce constat ne fait que renforcer la confusion dans la distinction des genres
oraux proches du conte.
Pour nous résumer, voyons un peu ce que dit du conte et
de la légende Jean Du BERGER. Comme pour couper court à toute
polémique, il dit : « Hors de l'espace et du temps, le conte a
pour objet de divertir l'auditoire qui ne croit pas en ce qui lui est
raconté ; la légende, par ailleurs, située dans l'espace
et le temps du narrateur et de son auditoire, est objet de croyance : à
ce titre, elle exerce une fonction d'édification ou de
répressioni54 Bien que son constat soit chargé de
sens et d'enseignement, il pêche par son manque de réserve. Chez
les Lokpa l'auditoire ne prend pas pour faux tout ce qui est raconté
à travers les contes. Et en plus affirmer que le conte a pour objet
de divertir l'auditoire relève d'une méconnaissance de ce
genre et des peuples qui le produisent.
L'épopée, selon le
Dictionnaire de l'Académie française, est une «
vaste composition littéraire en vers, qui développe un
thème historique ou légendaire et célèbre les
actions d'un héros exemplaire ou les hauts faits d'un
groupei55 L'épopée, ainsi définie, est
donc intimement liée à l'histoire. Elle est un genre noble et
presque sacré selon les mots de Paul le Gentil cité par Lilyan
Kesteloot et Bassirou Dieng dans leur introduction à Les
épopées d'Afrique noire. Même si les deux auteurs
citent Paul le Gentil pour montrer les contradictions des chercheurs
occidentaux face à l'oralité en général et
africaine en particulier, ce que dit Paul le Gentil nous apprend encore plus
sur l'épopée. Selon lui l'épopée un «
genre noble, presque sacré, celle-ci célèbre avec
solennité, dans un langage rituel, la liturgie de l'héroïsme
chevaleresque. Pareille poésie doit rester hors d'atteinte de tout ce
qui pourrait affecter sa grandeur. Elle existe par elle-même,
indépendante de talents ou des renoms individuels qui la
servent.56» Un tel plaidoyer montre l'ampleur du genre
épique, l'intérêt et le respect à lui porter dans la
sphère littéraire. En tant qu'oeuvre relatant les hauts faits
d'une société, chaque épopée porte en elle
l'empreinte du peuple qui l'a créée. Presque
54Jean Du Berger, « Marius Barbeau : le conte et
le conteur », Études françaises, vol. 12, n°
1-2, 1976, p. 61-70
http://id.erudit.org/iderudit/036621ar
55
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/generic/cherche.exe?51;s=1821573375.
56 Lilyan Kesteloot, Bassirou Dieng, Les
épopées d'Afrique noire, Karthala, 2009, p.10.
chaque peuple a sa propre épopée. Ainsi, nous
avons l'épopée africaine, l'épopée grecque,
l'épopée latine, l'épopée indienne, la chanson de
geste, la saga scandinave, l'épopée japonaise,
l'épopée russe, l'épopée française,
l'épopée postmédiévale en occident,
l'épopée moderne. Chaque épopée a ses
caractéristiques particulières. La plus ancienne des
épopées serait l'Epopée de Gilgamesh écrite entre
le XVIIIe et le XVIIe siècle avant J.C. en akkadien57.
En ce qui concerne l'épopée africaine, elle est
oralement transmise de générations en générations
par les griots. Jean DERIVE et Christiane SEYDOU nous apprennent qu'«
il s'agit en effet de textes narratifs mettant en scène des personnages
célèbres, acteurs d'exploits héroïques et, - ce qui
peut les distinguer des simples chroniques historiques - illustrant du
même coup, explicitement ou implicitement, les représentations et
les valeurs constitutives de la culture dont ils émanent58.
» Cette affirmation fait suite à celle de Moussa
M Diabaté, cité en notice par les deux auteurs.
Pour ce dernier, « l'épopée se situe entre l'histoire et
le mythe. Reprenant un fait historique, elle concentre autour d'un personnage
qui a marqué son temps, tout l'acquis culturel d'une
société [...] ; d'autre part, elle attribue au personnage autour
duquel elle se forme toutes les valeurs passées et présentes et
constitue alors un lieu de reconnaissance et de distinction d'un peuple par
rapport aux autres. Elle est donc, l'épopée, un fait
éminemment cultuel.59 » L'épopée se
définit alors comme une oeuvre narrative au même titre que la
légende et le conte. Elle émane d'une société qui
s'y reflète, s'en identifie mais construite autour d'un personnage.
Wikipédia nous apprend que l'épopée africaine est
essentiellement orale, chantée et dansée ou dite sur un
accompagnement musical : la harpe ou le mvett60. L'oralité de
l'épopée s'explique par le fait que l'Afrique dite «
traditionnelle » n'a connue l'écriture que trop tard. Les garants
des connaissances ancestrales restent pour la plus grande partie
étrangers à l'écriture. L'épopée africaine
la plus connue est l'épopée de Soundjata ou
l'épopée mandingue. Mais dans l'Afrique où
l'oralité vit, nous pouvons dire que chaque peuple ou presque a son
épopée, car chaque peuple a son histoire, ses us et coutumes et
ses héros.
L'épopée reste très proche du conte et de
la légende. Les définitions, théoriques, que
nous venons de donner de ces trois genres se retrouvent parfois
enchevêtrées dans la pratiques. Le
57 L'akkadien (liðânum akkadîtum) est
une langue sémitique qui fut parlée du quatrième au
premier
millénaire av. J.-C.. Elle se divise en deux dialectes :
le babylonien, au sud de la Mésopotamie (voir Babylone) et l'assyrien,
au nord (voir Assyrie).
58 Jean Dérive, Christiane Seydou,
Littératures orales africaines, Karthala, 2008, p.211.
59 Moussa M. Diabaté cité en notice par
Jean Dérive et Christiane Seydou dans Littératures orales
africaines à la page 211.
60 Le mvett ou mvet désigne un instrument de
musique à cordes connu depuis l'ancienne Égypte, et un ensemble
de récits guerriers qui se jouent accompagnés de cet instrument,
formant la culture des Fangs.
conte, ou plutôt ce que certaines sociétés
appellent conte, peut avoir théoriquement les mêmes attributs que
l'épopée ou la légende, ou vice versa.
Conclusion partielle
La revue des genres que nous venons d'entreprendre nous
apprend qu'il est théoriquement possible de tracer les frontières
entre les genres oraux proches du conte. Seulement, dans la pratique celle-ci
s'avère plus ardue. Pourtant, aujourd'hui il existe des contes, des
fables, des épopées, des mythes, des légendes, des
chantefables reconnus tel quel. Cependant, à cause de la
difficulté de classement, on retrouve parfois dans des recueils de
contes, d'autres genres proches qu'un examen minutieux permet de classer
ailleurs. Pierre N'DA nous dit « Dans Légendes africaines de
Dadié, il y a confondus, de véritables légendes (la
légende baoulé, par exemple) et de véritables contes (la
bataille des oiseaux et des animaux, par exemples) ; de même Contes et
légendes d'Afrique noire de Socé ; de même dans Contes et
légendes du Sénégal de Terrisse, ainsi que dans Contes et
légendes de l'Afrique noire de Vallerey et Contes et légendes du
Niger de Boubou Hama ; aucune différence n'est faite entre les textes.
Qu'est-ce qui est conte ? Qu'est-ce qui est légende ?
»61 L'auteur, après ces deux dernières
interrogations, constate qu'aucune précision ne vient marquer la
différence entre les textes. Aussi en Afrique, certains chants prennent
l'allure d'histoires contées. On écoute certains chants et on
reconnaît très vite un conte qui raconte une histoire pareille. La
seule différence c'est que l'histoire est chantée. Ce qui nous
prouve que dans une société où vit l'oralité, les
classifications théoriques héritées de chercheurs
occidentaux sont insufisantes. Mais il faut tout de même
reconnaître que les travaux de ces chercheurs ont permis de faire la
lumière sur la richesse de l'oralité africaine. Grâce
à ces travaux, le conte, genre très important dans
l'oralité, est mieux appréhendé et classifié.
Après ce grand tour de l'horizon du conte à la
recherche d'une définition qui le représenterait, il nous
apparaît clair que la plus simple est celle qui fait du conte un
récit. Le conte un récit imaginaire qui met en scène des
êtres imaginaires (humains, surhumains ou animaux). Mais il est loin
d'être un récit gratuit qui distrait juste. C'est un récit
qui amuse en même temps qu'il édifie l'homme. Sa structure simple,
apparemment facile d'accès est une arme éducative. Amadou
Hampâté Bâ nous dit que « le conte est le message
d'hier transmis à demain à travers
aujourd'hui62i
61 Pierre N'DA K., op. Cit. p.19.
62Cécile Bénoist, Les
médiathèques à l'heure du conte, enquête
ethnographiques et regard socioanthropologique, Presses universitaires de
Bordeaux, 2007, p.6.
Ainsi dans certaines sociétés, africaines
notamment, la réalité conte, peut renvoyer aussi bien
à la fable, au mythe, à la chantefable, qu'à une
épopée. Chez les Lokpa dont nous étudions ici les contes,
le conte (M?t?) peut recouvrir plusieurs autres sens si nous lui appliquons les
critères standards. La définition adéquate qui nous
séduit c'est celle qui définit le conte comme un récit
imaginaire ou réel recouvrant en son sein les manifestations culturelles
de la société d'où il est issu.
1.3 Classification des contes
Le conte, longtemps considéré comme vulgaire
parce qu'oral, est un genre qui ne cesse de nous révéler ses
secrets. Après une longue discussion sur ses origines, sur la
définition qu'il convient de lui donner, ou plutôt comment le
distinguer de ses cousins (mythes, légendes, fables, chantefables,
épopées), le moment est venu de nous pencher sur le conte
lui-même. En admettant avec Emmanuelle Saucourt que « le conte
est le lieu où s'articule différents champs des
préoccupations des anthropologues, il est un espace impalpable et
intemporel de la parole en performance, où se côtoient tradition
et modernité, enseignement et divertissement, savoir technique et
artistique, croyance et connaissance, organisation sociale et
représentation de la personne, représentation du monde et
symbolisme »63, il apparait que le conte fait partie de la
vie de tous les jours et intervient dans plusieurs domaines et influe aussi sur
le mode de vie de ceux qui le pratiquent. Sa valeur littéraire et
sociale restaurée, il est aussi important pour nous de nous
intéresser au conte dans toutes ses formes. Quelle typologie
pouvons-nous faire des contes ? Est-il possible de classer les contes ? Quels
sont les travaux déjà effectués dans ce sens ?
Nous allons dans cette partie donner ou exposer quarte grands
travaux qui à notre sens sont complémentaires et ont permis une
approche à la fois sociale et littéraire du conte. Il s'agit des
travaux de François-Victor Equilbecq, d'Aarne Amatus Antti et Stith
Thompson, de Vladimir Propp et de Denise PAULME.
1.3.1 La classification d'Equilbecq
François-Victor Equilbecq était en son temps
administrateur colonial dans l'AOF (AfriqueOccidentale Française) quand
il a publié son Essai sur la littérature merveilleuse des
noirs, suivi de Contes indigènes de l'Ouest africain
français, un essai « pour bien connaître la
race noire, pour apprécier sa mentalité, pour
dégager ses procédés de raisonnement, pour
comprendre sa vie intellectuelle et morale
»64, si nous pouvons ainsi paraphraser Maurice Delafosse,
Administrateur en Chef des Colonies dans la préface qu'il a faite du
livre pour l'édition de 1913. C'est donc dans le but de mieux
connaître ses sujets et mieux les gouverner que le colonisateur a
entrepris la collecte et l'examen des contes africains en occultant au passage
la beauté de la parole qui produit ces contes. Equilbecq s'attache
plutôt à ce qu'il appelle caractère dominant pour
établir sa classification. Il trouve au total sept (07) classes de
contes réparties comme suit :
- Légendes cosmogoniques, ethniques,
héroïques et sociales.
- Contes de science fantaisiste (histoire naturelle,
astronomie, etc.).
- Récits d'imagination pure et dépourvus
d'intentions didactiques.
- Contes à intentions didactiques, tant de morale pure
que de morale pratique.
- Fables. Geste burlesque du lièvre et de
l'hyène.
- Contes égrillards. Contes à combles (se
confondant souvent avec les contes égrillards). -
Contes-charades
Cette classification, comme nous pouvons constater, est
très peu viable. Elle se cramponne au sujet traité dans le conte,
alors que certains contes pourraient facilement se retrouver en même
temps dans plusieurs catégories. N'DA K. Pierre à ce sujet
écrit : « la classification d'Equilbecq n'est pas rigoureuse et
ne peut donc pas servir de base à une typologie générale
des contes. Comment classer par exemple les contes qui sont à la fois
moraux, merveilleux et étiologiques65 ? »
Même si cette classification semble être une copie mal faite
des recherches Antti Amatus Aarne dont les travaux étaient
déjà connus en son temps dans les cercles occidentaux des
chercheurs en littérature orale, et malgré les avis durs dont
elle fait l'objet, la classification d'Equilbecq a, à une époque
de l'histoire de la littérature orale, éclairé les esprits
sur le "folklore des indigènes africains". A travers la comparaison
qu'il établit entre les productions épiques occidentales et
celles africaines, l'auteur montre consciemment ou inconsciemment la richesse
de l'oralité africaine. Il écrit par exemple dans la partie
intitulée Le chevaleresque dans la littérature des noirs
ce qui suit : « Noms donnés aux armes et aux montures des
héros. Le fusil de Samba s'appelle Boussalarbi, tout comme
l'épée de Charlemagne avait nom : Joyeuse et celle de Siegfried :
Balmung. Le cheval de Samba s'appelle Oumoullatôma et celui de Birama
NGourôri : Golo, de même que celui des 4 fils Aymon était
appelé: Bayard et ceux de Gradlon, roi de Kérys : Morvarc'h et
Gadifer. » Ce rapprochement des personnages légendaires
occidentaux à ceux africains montre ainsi la
64 Extrait de la préface de Maurice Delafosse,
In Essai sur la littérature merveilleuse des noirs, suivi de Contes
indigènes de l'Ouest africain français, 1913
65 Pierre N'DA K., op. cit. p.32.
beauté et la grandeur des récits oraux africains.
Le mérite lui revient alors de s'être aventuré sur un
terrain où nul n'osait aller : oralité africaine comme
littérature à part entière.
1.3.2 La classification d'Aarne et Thompson
Nous l'avons dit dès le début de notre travail :
le conte, où plutôt la littérature orale, attire de plus en
plus l'attention. Le conte en premier rang a fait l'objet de plusieurs travaux.
Alors qu'il était considéré comme genre vulgaire, un
chercheur finlandais établit une première classification du conte
qui, même si aujourd'hui elle est jugée archaïque vue
l'évolution qu'a connue la recherche dans ce domaine. Cependant, ce
travail, commencé par le Finlandais Antti Amatus Aarne (1867-1925) et
achevé par l'Américain Stith Thompson (1885-1976) est aujourd'hui
la référence internationale de la typologie des contes. Pour
établir leur classification, les deux chercheurs ont créé
la notion de conte-type. Comme son nom l'indique, « Le conte-type est
l'unité de base de la classification Aarne-Thompson, c'est-àdire
une organisation stable de motifs, identifiable dans des contes du monde entier
en dépit de variantes locales.66» Le conte-type est
pour cette classification, ce que l'atome est pour la chimie. C'est lui
l'élément clé de cette classification. Selon eux tous les
contes du monde ont des caractères communs, des ressemblances que, ni la
différence culturelle, ni la distance entre les sociétés
où ces contes naissent, n'efface. On reconnaît très vite un
conte souche avec plusieurs de ses variantes dans les autres coins du globe.
Une collecte des contes des quatre coins du monde leur a permis
d'établir une grande classification qui sert aujourd'hui de
modèle international. Elle est baptisée The Types of the
Folktale, A Classification and Bibliography. Ce travail a permis aux
chercheurs de recenser plus 2340 conte-types. Cette classification se
résume autour de huit grands axes. Il s'agit de :
- les contes d'animaux (1 - 299)
- les contes merveilleux (300 - 749)
- les contes religieux (750 - 849)
- les contes nouveaux (850-999)
- les contes de l'ogre ou du Diable dupé (1000
-1199)
- les contes facétieux et anecdotes (1200 -
1999)
- les contes formulaires (2000 - 2399)
- les contes non classés inclassables
(2400)67
66 Wikipédia, consulté le 17/01/2011
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conte-type
67 Ibidem
Il faut signaler que chaque classe est encore
subdivisée en plusieurs sous-classes. Elle a le mérite
d'être un instrument phare qui a contribué à mieux faire
une approche scientifique du conte. Elle prend en compte presque tous les types
de contes connus jusqu'à nos jours. Elle constitue un corpus très
épais pour les chercheurs en littérature orale, surtout pour ceux
qui ont de l'intérêt pour les contes. Cependant, elle a subi et
subit encore, même si elle résiste, aujourd'hui encore les feux de
la critique. En première loge, Vladimir Propp qui estime que la
méthode adoptée est très peu scientifique. Sa critique est
très acerbe. Il l'exprime en ces mots : « Il est vrai qu'Aarne
n'a pas tenté de faire une classification véritablement
scientifique ; son index est utile comme ouvrage référence, et en
tant que tel, il a une grande importance pratique. Mais d'autre part, il
présente des dangers. Il donne des idées fausses sur l'essentiel.
En fait, une division précise des contes en types n'existe pas et
apparaît chaque fois comme une fiction.68 » Il
propose alors une nouvelle méthode d'approche du conte en tant que
récit.
1.3.3 Vladimir Propp et la morphologie du conte
Le russe et formaliste Vladimir Propp a critiqué la
classification proposée par Aarne et Thompson et pour cause : selon lui,
cette classification est surtout basée sur le contenu des contes, en
l'occurrence les personnages (contes d'animaux par exemple) et les
thèmes traités (conte-type 1 à 69 Le renard
considéré comme animal adroit). Si nous le classons dans cette
partie consacrée à la typologie, ce n'est pas parce qu'il a
proposé une typologie, mais plutôt parce que ces travaux ont
permis à notre avis une meilleure typologie des contes. Formaliste,
attaché à la structure du récit, Propp propose une
nouvelle voie pour classifier les contes. Pour lui, les sujets, les personnages
des contes ne permettent pas une classification scientifique. C'est d'ailleurs
pour cette raison qu'il a vigoureusement critiqué l'index d'Aarne et de
Thompson. La nouvelle approche qu'il propose se centre non pas sur le
personnage mais plutôt sur l'action du personnage dans le
déroulement de l'intrigue. Pour Propp, les personnages ne changent que
seulement de nom et d'attributs. Leurs fonctions ou actions restent invariables
ou constantes dans les contes. Pour une meilleure analyse, il propose de se
pencher sur ces fonctions du personnage. Qu'est-ce qu'une fonction selon Propp
? La fonction nous dira-t-il c'est « l'action d'un personnage
définie, du point de vue de sa signification dans le déroulement
de l'intrigue. » Propp ouvre ainsi une nouvelle perspective. Il
établit en tout 31 fonctions et précise que ces fonctions se
retrouvent toutes en même-temps dans un même conte
68 Vladimir PROPP, Morphologie du conte,
Seuil, 1970, p.19.
A travers cette série de fonctions, Propp vient ainsi
d'ouvrir la voie à une nouvelle ère dans l'approche des contes et
aussi celle du récit. Pour ses fonctions, Propp établit quatre
principes qui régissent leur fonctionnement dans un conte. Selon Propp,
*les éléments constants, permanents, du conte sont les
fonctions des personnages, quels que soient ces personnages et quelle que soit
la manière dont ces fonctions sont remplies. Les fonctions sont les
parties constitutives fondamentales du conte. *Le nombre des fonctions que
comprend le conte merveilleux est limité. * La succession des fonctions
est toujours identique. * Tous les contes merveilleux appartiennent au
même type en ce qui concerne leur structure. Ceci est la charte de
Propp qui lui a permis de dégager les 31 fonctions. Le travail de Propp
a dépassé la seule sphère des contes et a
été d'une grande utilité pour une approche plus
crédible du récit en général. Greimas s'en inspire
pour établir le schéma actantiel, Bremond pour sa «
Logique des possibles narratifs » et Barthes pour son «
Analyse structurale des récits »69. Les travaux
de Propp ont aussi permis à Denise PAULME d'établir une
classification du conte africain à travers sa « Morphologie du
conte africain ». Mais le formaliste russe n'échappe pas lui
aussi à la critique. Claude Lévi-Strauss estime qu'une analyse
structurale du conte pour être bien faite doit s'accompagner de
l'éclairage ethnographique.
1.3.4 La morphologie du conte africain selon Denise
PAULME
Partant des difficultés de classification, des
classifications hasardeuses, très peu scientifiques observées
dans l'approche classificatoire du conte africain, Denise PAULME tente une
nouvelle méthode. Les travaux de Propp, ayant établi des
ressemblances entres les contes, n'ont pu montrer leurs différences.
Comme elle, d'autres chercheurs s'étonnent de l'échec du Russe.
PAULME le constate en ces mots : «Plusieurs auteurs, notamment en
France Cl. LéviStrauss et Cl. Brémond, A. Dundes aux Etats-Unis
se sont interrogés sur les raisons de cet
écheci70 Pour ne pas être confrontée au
même blocage que les autres chercheurs, PAULME prend pour appui la
fonction telle que Propp la définit. Elle se garde cependant de
reproduire l'ordre consécutif des séquences comme Propp le
soutient. Pour elle, les séquences n'ont pas toujours l'ordre de cause
à effet. Elle dit « l'ordre dans lequel se suivent les
séquences n'est pas immuable : ainsi la rencontre d'un médiateur
n'est pas toujours indispensable ; si elle a lieu, elle se fait aussi bien
avant qu'après l'énoncé d'une épreuve qui peut
elle-même avoir disparu.»71 Il est clair que PAULME
remet ici en cause le caractère arbitraire de la succession des
séquences narratives telle que prônée par Propp. Tare que
va combler Paulme.
69 Communications, 8, 1966. Recherches
sémiologiques : l'analyse structurale du récit.
70 Denise PAULME, La mère
dévorante, Gallimard, 1976, p.22.
71 Idem., p.23.
Elle se démarque également de la limitation du
nombre de séquences dans un conte. Elle précise à cet
effet la possibilité d'avoir des récits dans le
récit. Car « il arrive qu'une séquence
élémentaire, sinon plusieurs se gonflent jusqu'à former
une histoire indépendante à l'intérieur de la narration.
Ces récits dans le récit (ce sera par exemple celui des
différentes tâches que le héros se voit imposer)
obéissant eux-mêmes à certains arrangements qui ne sont pas
en nombre illimité, mais forment des sortes de moule où se coule
la narration.»72 Ce deuxième principe vient
désavouer Propp qui soutient que le conte a une narration assez
simplifiée ; nous entendons ici par narration, la structure
générale du récit. Cette distance prise par rapport
à certains principes « proppiens » permet à
Denise PAULME d'approcher le conte sur deux dimensions : structuraliste et
ethnologique. Elle part de la notion de manque. Pour elle le
héros du conte cherche toujours à combler un manque qui peut se
présenter sous plusieurs formes : la faim, le manque d'affection, le
manque de connaissance de soi, le manque d'amour, etc. Elle établit
alors une nouvelle classification du conte africain. Selon elle, il existe sept
(07) types de conte :
- Le type ascendant : le héros part d'un manque,
arrive à une amélioration, puis parvient à combler le
manque.
Le conte n°9 de notre corpus répond partiellement
à ce type. Nous disons partiellement, car si selon PAULME, le personnage
part d'un manque qu'il comble à la fin de son aventure, notre conte
théoriquement suit cette logique. Le crabe, comme tous les autres
animaux, parvient à se faire construire par Dieu. Mais le crabe,
étant le personnage principal, n'arrive pas à obtenir la
tête et le cou, conséquence de sa paresse.
Schématisons :
- Manque : le néant, pas d'êtres vivants sur la
terre.
- Amélioration : Dieu décide de créer les
êtres vivants. Déclenchement du processus de création.
- Manque comblé : tous les êtres vivants sont
créés avec toutes leurs facultés et toutes les composantes
du corps, sauf le crabe qui manque de cou et de tête et qui se retrouve
avec ses yeux placés sur ses épaules.
Théoriquement le manque est comblé, mais dans
les faits, le crabe, personnage principal, est pénalisé. Il vit
en tant qu'être créé mais avec des malformations. Ceci est
fait exprès par le conteur pour faire passer son message (Voir le
chapitre sur La satire de la paresse à la page 79).
- Le type descendant : le héros part d'une
situation normale, puis assiste à la détérioration de sa
situation, et finit dans le manque. Aucun conte du corpus ne répond
à ces critères. Le conte n°8 pourrait répondre
à ces critères, mais jusqu'à la fin du conte rien ne
montre que le hérisson a perdu l'amitié de l'escargot.
- Le type cyclique : dans ce type de conte, le
héros part d'un manque, il parvient à améliorer sa
situation, puis comble son manque. Mais sa situation se détériore
à nouveau, puis il se retrouve dans sa situation initiale de manque ou
de manque comblé s'il était parti d'une situation normale.
Le conte n°3 convient à ce type. Le personnage
principal arrive à capturer le poisson qui venait détruire son
champ après des tentatives vaines. Mais le poisson usant de ruse lui
échappe pour toujours.
- Le type en spirale : c'est un type de conte pas
facile à repérer selon l'auteur. Dans ce type de conte, le
héros est souvent aidé pour sa bonté envers d'autres
personnages ; souvent ce sont des animaux. Ils l'aideront plus tard et le
sortiront des situations de vie ou de mort dans lesquelles il se retrouvera. Le
conte part ainsi d'un manque du héros, puis d'une amélioration
suivie du comblement du manque. Le héros se voit trahi par un traitre,
puis il tombe à nouveau dans le manque, aidé, il améliore
à nouveau sa situation, et comble définitivement son manque.
Le conte n°2 semble très proche du type cyclique.
Mais dans ce conte, ce ne sont pas des personnages, des alliés animaux,
comme le dit PAULME, qui aident le héros mais plutôt trois
conseils appliqués à trois situations différentes ont
permis au héros de résoudre ses problèmes et de
réussir sa mission.
- Le type en miroir : dans ce type de conte, deux
personnages partent pour une même quête. Soumis aux mêmes
épreuves l'un réussit grâce à sa conduite
exemplaire, mais l'autre échoue pour s'être mal comporté.
Pendant que l'un revient à la maison avec du trésor, l'autre
revient avec le malheur.
Le conte de type en miroir s'identifie au conte n°5
où la terre et le ciel, ayant partagé les deux oeufs
découverts par la terre, se retrouvent à égalité :
chacun ayant emporté son oeuf chez lui. Mais la terre mange tôt
son oeuf. Le ciel garde le sien qui éclot et donne une femme. Le ciel a
réussi sa mission ; mais la terre a échoué à cause
de sa gourmandise.
- Le type en sablier : ce type de conte met
également deux personnages en scène : le héros et
l'antihéros. Contrairement au type en miroir, les deux personnages
partent avec des situations opposées au départ. Le héros a
un manque, pendant que l'antihéros
jouit d'une situation normale. A la fin de l'histoire,
l'antihéros se retrouve dans le manque, et le héros voit son
manque comblé.
- Le type complexe : comme l'indique le nom de ce
type, l'on retrouve parfois dans certains contes la combinaison de plusieurs
types. Le conteur pour faire passer son message combine plusieurs thèmes
et parfois plusieurs contes mettant en pratique ce qui est « la
logique des possibles narratifs » chez Claude Bremond. C'est le cas
du conte n°1 de notre corpus.
Dans ce conte, un peul se voit privé de la femme de sa
vie (manque) puis avec l'aide des tortues, il réussit à reprendre
sa femme (manque comblé et en même temps nouveau manque chez son
rival qui pourrait être ici notre antihéros). Le conte
aurait pu s'arrêter à ce niveau. Mais non ! Le conteur poursuit.
Le peulh donne un boeuf en récompense aux tortues. Elles ne savent pas
comment faire pour tuer le boeuf (manque). Le lièvre propose son aide et
le boeuf est tué (manque comblé pour les tortues). Mais le
lièvre, ayant aidé les tortues, prend avec stratégie
possession de toute la viande du boeuf (manque pour les tortues). Elles, les
tortues, s'y opposent et proposent un partage équitable. Le
lièvre accepte (manque à nouveau comblé). Le conte aurait
pu aussi prendre fin à ce niveau. Mais c'est sans compter avec
l'ingéniosité du conteur. Le lièvre propose de ramener la
marmite chez le roi avec, bien entendu, un peu de viande à
l'intérieur. Il se fait arrêter par les épouses du roi pour
avoir cassé la marmite. Il est ligoté au bord de la route (manque
pour le lièvre. Il est privé de sa liberté). Le conteur
aurait pu s'arrêter aussi à ce niveau pour punir le lièvre
pour sa gourmandise. Le conte se poursuit. Le lièvre parvient à
échanger sa place avec le singe (manque comblé pour le
lièvre, mais nouveau manque pour le singe) Le singe sera battu par les
femmes du roi. Il arrive à s'échapper grâce à la
corde qui se brise (manque comblé, liberté acquise). Là
encore le conte continue, alors que le conteur aurait pu s'arrêter
à ce niveau et donner une leçon au singe et à ceux qui se
comporteront comme lui. Mais contre toute attente, il continue. Le singe, assis
sur un rocher en train de se plaindre des douleurs atroces causées par
les coups des épouses du roi, entend une tortue pouffer un rire. Il
décide de manger la tortue en compensation des coups reçus
(manque comblé chez le singe car il peut se venger en mangeant la
tortue, mais un manque, un problème pour la tortue). Plus tard
aidée par le chien, la tortue échappe à la mort (manque
comblé pour la tortue) mais le singe est à nouveau dans la
tourmente car pourchassé par le chien (un nouveau manque pour le singe).
Le singe et le chien brisent la meule de l'hyène dans leur course folle.
L'hyène, plus forte que le singe et le chien, exige qu'on répare
sa meule (manque pour le chien et pour le singe). Le singe use de ruse, et fait
croire à l'hyène que le chien pourrait réparer la meule
(situation difficile pour le chien, donc manque. Le singe
se sent tirer d'affaire, alors manque comblé). Mais la
joie du singe est de courte durée. Le chien usant aussi de ruse exige la
peau d'un singe et du miel pour coller la meule. Voyant que l'hyène lui
décoche toute la peau, le singe va fuir poursuivi par l'hyène. Le
chien recouvre sa liberté pendant que le singe perd complètement
la sienne (manque comblé pour le chien, situation complètement
instable chez le singe).
Schématisons :
- Manque : le peul s'est vu arracher sa femme, il souffre sans
l'affection de celle-ci. - Amélioration : rencontre du peulh avec les
tortues qui proposent leur aide.
- Manque comblé : les tortues sont parvenues à lui
ramener sa femme.
- Manque : Pour les tortues qui manquent de moyen pour tuer leur
boeuf.
- Amélioration : le lièvre propose son aide pour
abattre le boeuf.
- Détérioration de l'acquis : le lièvre use
de ruse pour s'emparer de toute la viande.
- Amélioration : les tortues refusent le partage du
lièvre et le lièvre accepte de partager équitablement.
- Manque comblé : la viande est partagée
équitablement.
- Manque : le lièvre est privé de sa liberté
par les femmes du roi.
- Amélioration : l'arrivée du singe et son envie de
prendre la place du lièvre - Manque comblé : le lièvre
recouvre sa liberté en mettant le singe à sa place. - Manque : le
singe se trouve pris au piège du lièvre.
- Amélioration : la corde se brise.
- Manque comblé : le singe recouvre sa liberté et
s'en fuit.
- Manque : le singe veut manger la tortue. Celle-ci est dans
l'impasse.
- Amélioration : les chiens s'intéressent à
la situation de la tortue et proposent de l'aider.
- Manque comblé : le singe est pourchassé par le
chien. La tortue est libre.
- Nouveau manque : le singe et le chien brisent la meule de
l'hyène qui exige réparation - Amélioration : le singe a
usé de ruse pour faire croire à l'hyène que le chien est
issu
d'une famille où l'on répare les meules
brisées.
- Détérioration de la situation : le chien usant
aussi de ruse accable le singe en disant qu'il a besoin de la peau de singe
pour réparer la meule.
- Manque comblé : le chien échappe à
l'hyène. Mais le singe profite d'une liberté précaire car
poursuivi par l'hyène.
Nous avons dans ce conte une combinaison de types ascendants
et descendants. Puis si nous considérons la séquence du singe
comme personnage principal, nous voyons qu'elle est de type cyclique : le singe
part d'un manque (ligoté) puis comble ce manque (il se libère et
s'en fuit), mais au lieu de savourer sa liberté et de vivre normalement,
il décide de manger la tortue. Il finit par perdre définitivement
sa liberté (manque pour toujours) à cause de l'hyène qui
cherche à se venger. La séquence du singe commence sur un manque
et se termine sur un manque.
Ce conte que nous pensons pouvoir classer dans la
catégorie des contes de type complexe illustre bien la complexité
du type. Les personnages ne sont jamais restés les mêmes. Les
sujets traités aussi ont varié selon la séquence. Nous
avons au total cinq séquences dans lesquelles nous assistons à
l'apparition d'un nouveau personnage qui tient le rôle principal. Le
conte est conçu comme une pièce de théâtre ou un
feuilleton dans lequel les personnages apparaissent et disparaissent.
La classification de Denise PAULME trouve son
originalité dans le fait qu'elle prend en compte tous les contes. Le
récit des contes est, soit simple, soit complexe. Et lorsqu'un
récit est très complexe, il peut tout de même être
classé dans la dernière catégorie.
Conclusion partielle
La classification des contes n'est pas une chose aisée.
D'Equilbecq à Aarne -Thompson, puis des travaux de Propp à ceux
de Paulme, il y a toujours eu une certaine difficulté à
enrôler tous les contes. La classification hasardeuse d'Equilbecq, celle
d'Aarne-Thompson, puis celle encore de Paulme présentent des
insuffisances. Elles ne peuvent pas être prises et calquées
à tous les contes africains. D'ailleurs Aarne et Thompson consacrent une
partie aux contes non classés inclassables. Ceci dénote
de la difficulté d'une classification universelle. Cependant, il faut
reconnaître, et nous l'avons déjà souligné, que la
classification proposée par Denise Paulme nous paraît la plus
efficace et la plus objective même si elle aussi pourrait être
victime de cette objectivité. Car nous l'avons bien vu à travers
les quelques contes du corpus que nous avons partiellement explorés : le
conteur construit son récit, la narration de son récit, selon
l'objectif qu'il veut ateindre et non selon l'ordre des fonctions tel que
prôné par Propp, encore moins selon le schéma : Manque
-Amélioration - Manque comblé, soutenu par Denise Paulme.
La classification des contes en types nous a dit Propp est une
fiction. Cependant, il est difficile de dire que cela est une tâche sans
importance ou encore vaine. Les quelques auteurs que nous avons
évoqués ne sont pas les seuls, nous en sommes conscients,
à avoir tenté cette aventure. Ce qu'il convient de retenir, c'est
que ces travaux ont, d'Equilbecq à Paulme, été
révélateurs, sources d'inspirations à
d'autres. Si certains ont été très peu scientifiques, ils
ont tout de même ouvert la voie.
Le conte est et reste une énigme que nous allons
apprendre à comprendre car chaque conte qui passe nous réserve
des surprises ; nous avons pu le constater dans cette première partie de
notre travail. D'ailleurs les Lokpa définissent le conte comme une
parole, un message énigmatique, pas accessible à tous.
DEUXIEME PARTIE
2. Le conte et l'éducation chez les Lokpa
Après avoir fait un bref rappel des travaux
consacrés au conte, nous nous exercerons dans cette deuxième
partie à montrer le rôle du conte dans l'éducation chez les
Lokpa. Pour y parvenir, il convient de préciser le sens que nous donnons
au terme éducation dans notre étude. Cette
précision est très importante, car ce terme a un champ
sémantique assez large, si bien que ne pas limiter ses frontières
risque de rendre notre travail bancal. Qu'est-ce l'éducation ? Et
puisque l'éducation se fait à l'aide des contes qui sont à
leurs dits par le conteur dans belle parole, il nous semble alors important de
préciser le sens que nous donnons au conte et à la parole dans
cette partie du mémoire.
2.1 Définition et précision du sens des
termes : Education, parole et conte
2.1.1 L'éducation
Le terme éducation a plusieurs dimensions.
Pour ne pas nous perdre, commençons par son sens originel, son
étymologie. « L'éducation est, étymologiquement
l'action de « tirer hors de »73. C'est, selon le
dictionnaire de l'Académie française, « Emprunté
du latin educatio, action d'élever (des animaux, des plantes) ; puis
instruction, formation de l'esprit. » Ces deux essais de
définition nous paraissent assez vagues ou pas simples à
comprendre. Ce que nous apprenons, c'est qu'éduquer, c'est guider,
instruire, former un humain ou encore des animaux. Dans son article
intitulé « Eduquer » paru dans Communication
n°72 consacré à L'idéal éducatif,
Schaeffer Jean-Marie nous apprend que le but de l'éducation, c'est
« d'amener l'être humain à coïncider avec sa propre
essence. Autrement dit, toute éducation qui ne se propose pas cette
tâche est inacceptable dans son principe même. L'idéal
éducatif est donc fondé sur l'idée selon laquelle, dans
son existence « réelle », l'être humain est toujours
défaillant par rapport à sa propre essence : avant d'être
éduqué, il n'est « homme » que par destination.
»74 Ce propos, quoique trop philosophique (donc peut avoir
plusieurs niveaux d'interprétation), nous apprend que c'est
l'éducation qui construit l'homme, l'être humain fait de chair
(sensible, le corps) et d'âme (la partie invisible de l'homme, le
spirituel).
73 Source:
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation
consulté le 27/01/2011
74 Schaeffer Jean-Marie. « Éduquer ».
In: Communications, 72, 2002. L'idéal éducatif,
p.72.
Pour notre travail, nous donnons au mot
éducation le quatrième sens que lui confère le
dictionnaire de l'Académie française. Selon elle,
l'éducation est la « Connaissance et la pratique des
usages de la société, des bonnes manières, de
l'urbanité. »75 L'acquisition de cette connaissance
se fait à travers plusieurs canaux. Dans les pays qui ont connu
l'écriture et qui la pratiquent depuis des siècles, ses
connaissances et pratiques sont écrites et archivées pour les
générations à venir. Mais pour les peuples qui n'ont pas
la pratique de l'écriture, la conservation des connaissances et des
pratiques se fait oralement. En Afrique, et plus précisément chez
les Lokpa du Nord-Benin, la transmission des connaissances et l'apprentissage
des coutumes se font oralement. C'est à travers la parole que se
transmettent les connaissances. La parole ! Qu'est-ce qu'est la parole ?
Comment se manifeste-t-elle ? A quoi sert-elle ?
2.1.2 La parole
La parole est utilisée de façon ordinaire au
quotidien mais aussi dans la littérature orale. Cette littérature
orale, nous dit Ascension BOGNIAHO est généralement défini
« comme un bel usage du langage non écrit ou de la parole afin
de montrer un fait social, culturel. »76 La parole, en
tant que langage spécifique aux humains, est le canal principal de
transmission des connaissances en Afrique noire, en général et
chez les Lokpa, en particulier. Nous n'en voulons pour preuve que ces mots
d'une femme peule du Niger : « L'homme a le souffle de vie, la
bête aussi. [...] Mais l'homme vaut plus que la bête. Parce que
l'homme est quelqu'un à qui on peut adresser une parole, quelqu'un qui
peut exprimer une parole. L'homme est un être avec qui on peut dialoguer.
C'est cela qui fait la différence entre l'homme et la bête. C'est
la supériorité de l'homme sur la bête. Une bête,
même si elle a une intelligence, une bouche et un coeur, n'a pas de
parole, elle ne peut pas parler. Mais l'homme c'est la parole.
»77 La parole sert à dire les contes, les chants,
les proverbes, les paraboles, etc. Il faut donc noter avec Ascension BOGNIAHO
qu'il y a plusieurs types de parole. Et ces types permettent l'expression d'un
fait social ou culturel. Le conte, en tant que fait à la fois culturel
et social, est le lieu par excellence de la manifestation de la parole qu'elle
soit sensée, lourde, pesante, grande, importante, secrète et
chère, insensée, mauvaise78 ou encore
mensongère, si nous pouvons ainsi paraphraser Ascension BOGNIAHO.
75 Académie française, Le
dictionnaire, http://www.academie-francaise.fr/
76 Ascension BOGNIAHO, « La littérature orale du
Bénin », In Ethiopiques n°46-47, 1987
77 Paulette ROULON-DOKO, « Le statut de la parole
». In Littératures orales africaines : Perspectives
théoriques et méthodologiques, p.35.
78 Ascension BOGNIAHO, op. cit.
2.1.3 Le conte ou M?t?
Le conte qui fait l'objet de notre étude est un genre
important de la littérature orale. Il est connu et est dit chez les
Lokpa depuis des générations. La
performance79 du conte (par performance nous entendons :
accomplir, exécuter le conte selon la définition que nous donne
Ursula BAUMGARDT du mot.80) nécessite une bonne
maîtrise de la parole. Pour plaire à son auditoire, le conteur
doit bien manier la langue. Le conteur, pour garder son auditoire en haleine,
multiplie des prouesses dans l'utilisation de la langue, utilise bien la
parole. Il utilise la belle parole, captivante et par moment
émouvante.
Tout au long de ce travail, nous considérons comme
conte, la réalité que le Lokpa appelle
M?t?.
M?t?, pour le Lokpa, est une histoire
vraie ou fausse, étonnante, difficile à croire, amusante, belle
ou parfois horrible, mais qui pourtant enseigne, éduque, édifie.
Les personnages des ces histoires peuvent varier : humains, Dieu, animaux,
génies, diables (nous disons ici diables aux pluriels car pour les Lokpa
il ne s'agit pas du Diable négation de Dieu introduit chez les Lokpa par
les religions modernes : Islam et Christianisme, mais bien d'autre chose proche
de ce qui pourrait être en Occident appelé génie. Dans la
société Lokpa, il y a les bons et les mauvais diables. Les bons
diables te permettent de réussir sur tous les plans, mais les mauvais
diables déciment les familles). Nous donnons cette précision sur
les personnages car, confronté à certains critères, le
genre M?t? pourrait se confondre
à certains genres proches : la fable, la chantefable, le mythe ou encore
la légende. Pour les Lokpa, il y a juste la réalité
M?t? (le conte) et notre travail
prend juste en compte le conte tel que reconnu par les Lokpa. Car, pour parler
comme L. Kesteloot, « Les traditions locales ne font pas de
distinctions entre fables et contes81 » et il en est de
même avec les autres genres proches du conte.
2.2 La performance du conte chez les Lokpa
L'énonciation du conte chez les Lokpa, comme dans la
plupart des sociétés où le conte vit encore, respecte
un certain nombre de règles. Quelles sont les règles qui
régissent la performance du conte ? Autrement, où et quand
dit- on les contes ? Qui dit les contes ? Pour
79 Ursula BAUMGARDT, « La performance », In
Littératures orales africaines : Perspectives théoriques et
méthodologiques, p.52.
80 Ursula Baumgardt nous apprend que «
dans l'analyse des « arts vivants », le terme de performance,
généralement associé à l'idée de «
rendement, résultat, exploit », est utilisé plutôt
dans le sens de l'anciens français parformer, « accomplir,
exécuter » pour rendre compte de l'interprétation, de la
réalisation, ou de mise en scène, comme en témoignent les
très nombreuses publications dans le domaine de la musique, de la danse,
du théâtre, ou de la description des rituels. »
81 Lilyan KESTELOOT, Contes, fables et
récits du Sénégal, p.13.
qui dit- on les contes ? Comment se déroule
l'énonciation d'un conte ? Et enfin, pourquoi diton les contes ?
2.2.1 Où dit-on le conte ?
Le conte peut être dit partout. Il peut être
conté par deux ou un groupe de plusieurs personnes.
Généralement, l'énonciation du conte se fait en famille,
en groupe d'amis ou tout simplement sur la place du village. Dans un souci
d'échange des idées ou de simple divertissement, les
séances de contes se tiennent en réalité partout où
il y a au moins deux personnes. Il faut noter que les veillées de contes
sont plus intéressantes quand il y a plusieurs personnes. L'ambiance y
est meilleure et dans ces conditions la place compte peu. Parfois, la place
joue un rôle capital dans la motivation du conteur. Lorsque, par exemple,
la séance de conte est dite sur la place publique, où on retrouve
presque toutes les couches de la société, issues de familles
différentes et de croyances toutes aussi diverses, le niveau de la
performance du conte se voit plus enrichi. Les jeunes prennent la parole aux
vieux, les femmes coupent la parole aux hommes et les enfants se font entendre
et font l'apprentissage de la prise de parole en public. L'ambiance est plus
festive. En résumé, la place n'a pas une grande importance dans
la performance du conte. Il peut se dire partout : à la maison, au champ
et plus récemment à l'école.
2.2.2 Quand dit-on le conte ?
Le conte est dit généralement le soir dans la
plupart des sociétés. Il faut entendre par soir, la
tombée de la nuit, après les repas du soir. Mais pourquoi la nuit
? Pierre N'DA K., dans son livre82, nous donne la version des Nzima
du Ghana et des Agni de Côte d'Ivoire. Selon donc ces peuples
«c'est comme ça, c'est ainsi depuis toujours, c'est la
tradition. Si l'on fait des contes le jour, un malheur arrive. »
Alors, c'est pour éviter que le malheur arrive que les contes sont
dits la nuit. Mais de quel malheur est-il question ? Les réponses
à cette interrogation restent évasives. Ce que nous pouvons
logiquement essayer de dire, c'est que le conte de façon traditionnelle
reste vivant surtout dans les campagnes. Or il se fait que dans ces campagnes
vivent des paysans, des agriculteurs. Pour ces agriculteurs, la journée
est le moment de travail (la journée est ici l'espace de temps qui
s'écoule entre le lever et le coucher du soleil), le moment où
tout le monde doit aller au champ. Organiser des séances de contes au
cours de cette tranche du jour reviendrait à empêcher les uns et
les autres de vaquer à leurs occupations. Si le conte est dit dans la
journée, il drainerait alors du monde et les travaux
82 Pierre K. N'DA, op. cit. p.25.
champêtres seront donc perturbés. Ce qui aura
à long terme comme conséquence, le non rendement des
récoltes et par la logique de cause à effet, entrainerait la
famine. N'est-ce pas là le malheur auquel font allusion ces peuples ? Ce
raisonnement fonctionnaliste tiendrait si seulement les Lokpa n'en donnaient
pas une autre explication.
Pour les Lokpa chez qui nous avons mené nos recherches,
le conte se dit surtout la nuit car il est un moyen de divertissement, de
cohésion sociale et d'échange des idées. Il est dit la
nuit pour permettre à tout le monde d'y assister. Il peut aussi
être dit à n'importe quel moment de la journée mais
là tout le monde n'y prendra pas part. Mais si le moment ne paraît
pas très important, la période de l'année où le
conte doit être dit reste formelle. Il y a une période où
le conte est autorisé et une autre au cours de laquelle il est dangereux
de faire des contes.
Des séances de contes peuvent se tenir après les
chasses : c'est-à-dire la période allant des premières
pluies ou táhà??l? en
Lokpa (fin Avril début mai) jusqu'à la fin des récoltes
qui était traditionnellement sanctionnée par la fête des
moissons (ou t5?ônt? en Lokpa)
et annonçait généralement le début de la chasse
(Lák?). Quand la chasse commence, il est formellement interdit de faire
des contes. Selon les Lokpa, les animaux se métamorphoseraient en
humains et se rendraient au marché pour y faire comme les hommes le
marché. Lorsque pendant une séance de conte les hommes
dévoilent les techniques qu'ils utilisent pour chasser, ces espions
allaient rapporter aux leurs la conduite à tenir pour ne pas se faire
tuer. Alors quand on dit des contes pendant la période de chasse, on a
de forte chance de rentrer bredouille de la chasse. Il faut aussi comprendre
ceci car comme nous l'avons dit, le conte peut-être dit partout et
surtout sur la place du village où chacun peut écouter et conter
à son tour. Des inconnus pourront ainsi facilement infiltrer les
séances.
Pour nous résumer, le conte peut se dire à tout
moment. Cependant le moment idéal de la journée pour une
séance de conte reste la nuit. Pour avoir des gibiers au cours de la
saison de chasse, il est donc conseillé de ne plus organiser des
séances de contes. La période propice de l'année
s'étend de fin Avril jusqu'à Décembre.
2.2.3 Qui dit le conte ?
Le conte peut être dit par tout le monde. Une
séance de contes est une situation de communication exceptionnelle chez
les Lokpa. Dire un conte n'est pas une affaire de spécialiste. Tout le
monde peut dire le conte ou du moins tout le monde est autorisé à
dire un conte. Ce n'est l'apanage de personne. Mais, il faut souligner que tout
le monde nen'est pas capable. Pour dire un conte, selon les Lokpa, il faut que
le conteur soit intelligent. Le conte n'est pas une histoire qu'on apprend par
coeur et qu'on vient réciter. Le conte, c'est toujours une nouvelle
histoire qui porte la marque de l'énonciateur, du conteur. Une
même histoire,
racontée par des conteurs différents, se
révèle à chaque fois une nouvelle histoire. Le conteur ou
énonciateur crée une nouvelle histoire grâce à son
intelligence et à son imagination. Autrement dit : «
S'inspirant généralement de canevas de récits existants,
il laisse libre cours à son imagination, à son intelligence et
à ses autres aptitudes pour transformer la fiction en vécu, pour
grossir et embellir ou pour grossir et enlaidir le vécu.
»83 Ceci dit, il est donc clair que toute femme, tout
enfant, tout homme doté des qualités ci-dessus citées est
un potentiel conteur. Alors quand nous disons que tout le monde peut raconter
un conte, il faut comprendre : tous ceux qui sont dotés de
qualités que nous avons pré énumérées. Les
Lokpa estiment que pour être un bon conteur, il faut être capable
de s'inspirer des évènements insolites du vécu quotidien,
rassembler ces fait et en faire une belle histoire. Car selon eux, le conte
raconte des expériences souvent vraies, mais qu'on aurait du mal
à prendre pour vraies si elles ne sont pas habillées du manteau
de la fiction, c'est-à-dire des histoires fausses, du mensonge.
D'ailleurs certains contes portent carrément l'étiquette
pôp?ti)
mólàà (mensonge / contes ou
contes mensongers). La vraie expérience racontée comme un conte
ne choque pas, elle est acceptée comme telle. C'est cela le boulot du
conteur : raconter des histoires vraies ou totalement imaginées, mais
avec beaucoup d'élégance et d'éloquence. Le conteur par la
formule initiale Ta tìì attire
l'attention de son auditoire et celui-ci répond Ta
yàà pour montrer au conteur qu'il a toute son attention
(Nous reviendrons sur le rôle de ces formules dans la performance du
conte dans la suite de notre développement). Pour l'heure notons que le
conteur ne peut pas raconter un conte sans un auditoire. Autant le conteur a de
l'importance aux yeux de son auditoire, autant l'auditoire est important pour
le conteur. La particularité des séances de conte chez les Lokpa,
et ce qui rend la présence d'un auditoire nombreux très
importante, c'est qu'il n'y a pas de conteurs professionnels. Il y a ceux qui
savent mieux que les autres raconter un conte ; mais il n'y a pas de conteur
professionnel. N'importe qui dans l'auditoire peut à son tour prendre la
parole et dire un conte. C'est une spécificité que semble aussi
partager d'autres peuples d'Afrique noire. Tout le monde qui le désire
peut être conteur. Ainsi, au cours d'une séance l'on assiste
à un changement de rôle : conteur -*
auditeur ou destinateur -* destinataire, pour
emprunter les terminologies de Roman Jakobson et de Greimas. On se passe la
parole, on se l'arrache comme le ballon dans un match de football. La situation
de communication s'avère intéressante, car le conteur agit sur
son public et le public agit sur le conteur. Le conteur est, par moment,
interrompu, sommé d'expliquer quelque chose que l'auditoire aurait bien
voulu mieux comprendre. Dans notre corpus nous avons mis entre
parenthèses certaines interventions de l'auditoire. Ainsi pouvons-nous
lire « (Acì veut
83 Ascension BOGNIAHO, op. cit.
chercher à abuser d'elles de cette
manière) », un simple commentaire sur le comportement du
lièvre dans le conte. Ces commentaires et interventions de l'auditoire
rassurent le conteur et lui démontrent de l'attention de son public.
Il peut arriver que le conteur pose directement certaines
questions aux auditeurs ou à un membre de l'auditoire pour s'assurer
qu'il a bien compris ce qu'il raconte. C'est aussi sa façon à lui
de garder l'attention du public.
Ce qu'il convient de retenir dans cette partie, c'est qu'il
n'y a pas de conteurs professionnels chez les Lokpa. Tous ceux qui se sentent
capables de prendre la parole ou même de l'arracher (car à
certaines occasions, lorsque la séance devient électrique et
passionnée, chacun cherche à faire entendre sa voix), peuvent
raconter leurs contes. La séance devient un concours de "qui dit mieux".
Chacun raconte son histoire à tous et tous écoutent le conteur
jusqu'à la fin de son conte.
2.2.4 Pour qui raconte-t-on le conte ?
Cette question, certains ont cru l'avoir tranchée en
répondant très simplement : aux enfants ! Nous ne voulons pas ici
dire qu'ils ont eu tort. Nous ne leur donnons pas non plus raison.
Traditionnellement et théoriquement, les enfants, sont la cible des
contes et des conteurs. Car s'il y a quelqu'un à éduquer, c'est
bien l'enfant. A ce sujet, Platon nous apprend dans son Livre II de la
République, en rapportant son maître Socrate, «
Tu n'ignores pas non plus que tout dépend des commencements, surtout
à l'égard des enfants ; parce qu'à cet âge,
l'âme est encore tendre et reçoit aisément toutes les
impressions qu'on veut lui donneri84 Le maître de Platon
met ainsi l'accent sur l'enfant qu'on pourrait plus aisément
éduquer, c'est-à-dire que l'enfant est plus apte à
recevoir les enseignements que l'adulte. Mais attention, il ne dit pas que seul
l'enfant pourrait être éduqué ! On le lui en aurait voulu
car ceci ne serait pas vrai. L'adverbe surtout dédouane le
philosophe. Cet adverbe nous montre qu'autant le conte s'adresse à
l'enfant, autant il est utile à l'adulte pour son édification.
Quand l'on participe une fois à une séance de contes Lokpa,
l'évidence que le conte est destiné aux seuls enfants
s'éclipse ou disparaît très vite. Les thèmes
traités et la façon dont ces thèmes sont traités
par les conteurs nous montrent que les contes s'adressent aussi bien aux
enfants qu'aux adultes. Chacun, enfants ou adultes, filles ou garçons,
hommes ou femmes, y trouve son compte, s'identifie et s'édifie par la
même occasion. Le conte, se voulant explicitement ou implicitement,
représentatif de la vraie société des hommes, embrasse
plusieurs sujets, plusieurs points de vue du monde, plusieurs courants de
pensées, un peu comme dans la vraie
84Platon, L'etat, ou, La République, traduction
de Jean Nicolas Grou, Livre II pp 84-85
vie. Les personnages eux mêmes allégoriques
renvoient aux êtres humains. Le lièvre, dans le conte n°1 du
corpus, partage la viande et veut tout avoir sans rien donner aux tortues
pourtant propriétaire du boeuf dont il partage la viande. Cette attitude
témoigne de la cupidité de certaines personnes qui, dans la vie
réelle, veulent tout garder pour elles et rien pour les autres. La
résistance, le refus des tortues dans ce même conte illustre du
combat quotidien mené par certains contre l'injustice. Bien sûr le
conte donne lieu à plusieurs interprétations et par
conséquent, est polysémique. Ceci fait de lui, le conte bien
entendu, une arme redoutable d'éducation, de partage des
idées.
2.2.5 Comment se déroule l'énonciation d'un
conte ?
Les contes sont, de façon traditionnelle,
racontés lors des séances qui sont la plupart du temps
organisées dans la spontanéité. Le conte est un moyen de
divertissement, de distraction, de partage des idées, autrement dit, un
moyen de didactique, donc d'édification de la personne humaine. A ce
titre, son énonciation intervient à chaque fois que le besoin de
se distraire ou d'enseigner se fait sentir. Lorsque plus d'une personne se
retrouvent en un lieu, (nous insistons là-dessus, car il peut s'agir de
n'importe quel lieu et il est aussi important d'avoir plusieurs personnes), une
séance de contes peut avoir lieu. Nous avions dit plus haut que ces
séances de contes se tiennent le plus souvent la nuit chez les Lokpa et
dans la plupart des sociétés africaines. Quelques exemples pour
nous illustrer. Anssoumane CAMARA nous explique : « Tous ces contes
sont dits la nuit après le repas du soir dans la grande cour devant le
vestibule85i Il fait ainsi allusion aux Malinké de la
Guinée où comme chez les Lokpa les contes sont dits la nuit. Une
étude menée par Marguerite A. Kafoui GAGLOZOUN, au
Sud-Bénin chez les Aja nous apprend que les contes sont également
essentiellement dits la nuit. Elle nous l'exprime en ces mots : « La
profération du conte en pays aja a généralement lieu la
nuit86. » Remarquons avant de continuer que l'auteur fait
ici preuve d'une prudence avérée en employant l'adverbe
généralement car comme nous l'avons montré plus
haut, il peut arriver que le conte soit dit n'importe où et surtout
à n'importe quel moment. Ce qu'il faut retenir, c'est que le conte se
dit traditionnellement « la nuit après le repas du soir »
en famille, entre amis, entre couches sociales de mêmes âges
ou hétéroclites, c'est-à-dire composées de jeunes,
vieux, femmes, jeunes filles, jeunes garçons, bref de tout ce qui entre
dans la composition d'une communauté. Le choix du soir pour raconter les
contes paraît universel. En effet, Jean Du BERGER a rapporté dans
son article le propos d'une Canadienne.
85 Anssoumane CAMARA, op. cit. p.65.
86 Marguerite A. Kafoui GAGLOZOUN, Le rôle
social du conte dans l'aire culturelle aja, Mémoire de
maîtrise, UAC, 2008-2009, p. 23.
Elle nous apprend que : « Chez-nous, ils se
rassemblaient le soir. Ceux qui ne savaient pas de contes chantaient des
chansons, et ceux qui ne savaient pas de chansons contaient des contes.
C'étaient des réunions d'hiver. On se réunissait
souvent87. » L'évidence est là. Le soir est
le moment privilégié pour le conte. Mais il faut rester tout de
même prudent pour ne pas dire que toutes les sociétés du
monde ont en commun ce moment de la journée pour se raconter des contes.
Comme il est dit, qui n'a pas fait de recherches n'a pas droit à des
conclusions, surtout hâtives.
Cependant, chez les Lokpa, puisque c'est d'eux qu'il est
question dans ce mémoire, la séance peut être
spontanée : c'est-à-dire plusieurs personnes se retrouvent puis
dans la causerie, les langues se délient et les contes fusent. Dans ce
genre de séances spontanées, chacun essaie de prouver qu'il a la
meilleure maîtrise de la parole ; les sujets se succèdent ; chacun
devient conteur à tour de rôle ; on s'arrache la parole ; on
interrompt le conteur pour faire de commentaire ou pour poser des questions,
pour s'assurer qu'on a bien suivi ; on rit, chante et parfois, on danse.
Une séance familiale peut être sollicitée
par un enfant ou une autre personne désireuse d'écouter des
contes, ou proposée par le père, la mère ou un autre
membre de la famille pour plusieurs raisons : distraire, enseigner ou
rassembler les membres d'une famille.
L'enfant sollicite une séance de conte surtout pour le
plaisir d'en écouter, de se distraire mais rarement pour en avoir un
enseignement car l'enfant n'est pas conscient qu'en écoutant les contes,
ceux-ci agissent sur lui. Ce dont il est conscient et ce pourquoi il aime
à les écouter, c'est la drôlerie des histoires
racontées, la beauté du langage ( par langage il faut entendre
les gestes théâtralisés du conteur, les mots simples et le
ton comique, les mimiques, les chants et parfois des esquisses de pas de danse
du conteur) utilisé pour dire ces contes, et surtout cette
liberté qu'il a de prendre aussi la parole et de dire un conte ou encore
de faire un commentaire sur le conte, souvent en interrompant le conteur (son
père, sa mère, son oncle, son frère ainé ou sa
soeur ainée, son cousin, sa tante, ou encore son voisin). Toute chose
qu'il n'a pas le droit de faire en temps normal, dans un entretien familial
normal, duquel il est de toute façon généralement exclu.
Une séance de contes accorde ainsi à l'enfant des libertés
qu'il n'a pas d'habitude. Ce qui a pour conséquence l'engouement de
l'enfant pour ces séances. Il y prend plaisir. Il s'édifie sans
s'en rendre compte. Car la séance de contes libère l'enfant de
ses complexes, l'intègre dans un groupe social, et lui donne la
possibilité d'apprendre la prise de parole en public. Ceci fait du conte
une arme didactique surtout que l'enfant et aussi les adultes ne sont pas
conscients qu'ils apprennent, qu'ils s'édifient. Et pourtant, tout en
douceur, dans un climat détendu, le conteur inculque
son idéologie, sa pensée, sa vision du monde. Tous sont unanimes,
du moins les adultes, que le conte éduque, enseigne. Mais ce que la
plupart ne savent pas c'est, comment le conte s'y prend pour enseigner. Ils se
cramponnent au seul message du conte qu'ils pensent être édifiant.
Mais au-delà de ce message, l'énonciation elle-même du
conte est une occasion pour apprendre, pour apprendre à vivre, pour
apprendre l'art de la parole, pour apprendre à transcender ses peurs,
ses complexes, pour apprendre à parler devant un public, exercice que
tout le monde n'est pas capable d'accomplir.
C'est pour cette raison que certains parents proposent des
séances de contes. Ces séances présentent plusieurs
atouts. Si les enfants prennent plaisir à entendre, à
écouter les contes, les parents sont surtout heureux de faire porter
certaines valeurs ancestrales et éthiques aux enfants sans forcer, en
jouant avec les mots, la parole. Ceux qui savent ce qu'ils veulent, qui ont des
idées, de l'idéologie qu'ils veulent transmettre en douceur, il
n'y pas autre moyen que le conte. A travers donc le conte et ses personnages
parfois allégoriques, le conteur met en scène la
société des hommes traversée par plusieurs courants de
pensées, et n'occulte pas de mettre en valeur ce qu'il pense être
mieux pour l'humanité.
Une séance s'ouvre par des devinettes. C'est du moins
de cette façon que s'ouvraient les veillées de contes selon la
tradition. Les devinettes sont des tests du degré d'intelligences et
aussi de mémoires de l'assemblée. Ce sont deux genres
différents, mais qui, à cause de leurs critères
d'énonciation, se retrouvent proches ou rapprochés. D'ailleurs le
conte chez les Lokpa est Mi5tè et la devinette
lsusuulè. Les formules qui introduisent aussi
les deux genres diffèrent. Pour le conte on dit : Ta
tíí et l'assemblée répond
Ta yàà ; alors que pour poser une
devinette on dit Tìntìntàà
et l'assemblée répond
Tàà. Nous ne pouvons ici vous donnez le
sens exact de ces expressions. Car elles ressemblent plus à des
onomatopées qu'à des expressions portant un sens précis.
Les devinettes ouvrent donc les séances de contes chez les Lokpa comme
dans la plupart des sociétés d'Afrique noire. Pour preuve,
Christiane SEYDOU nous dit « il est instructif de voir qu'aux
veillées enfantines, les séances de contes sont
fréquemment précédées par des échanges de
devinettes, comme si l'exercice imposé de découverte de l'objet
réel dissimulé sous l'image proposée, était une
sorte de gymnastique de l'esprit, d'entraînement pour la saisie du sens
réel du conte, masqué sous le voile de la fiction. »88
Reconnaissant la justesse de ce propos, nous nous détachons tout de
même de deux points :
les devinettes ne précèdent pas uniquement, chez
les Lokpa, les veillées enfantines mais toutes sortes de
veillées de contes. Aussi est-il clair que chez les Lokpa la devinette
n'a pas toujours ou presque jamais un rapport direct avec le sens
réel du conte. Elle se veut, il est vrai, un échauffement
avant le début des hostilités. Elle peut aussi intervenir au beau
milieu d'une veillée comme pour calmer les esprits et les
préparer à la suite de la veillée. Si la veillée de
contes était un match de football, la devinette serait alors à la
fois l'échauffement d'avant le début de la rencontre, la pause de
la mi-temps et celles précédant les prolongations qui sont,
rappelons le, au nombre de deux, s'il n'y pas la règle
particulière de « mort subite » qui met fin à la
rencontre dès que l'une des deux équipes marque un but pendant la
prolongation.
Ainsi la veillée chez les Lokpa, quelle que soit sa
forme, est le lieu de partage de la parole. Il n'y pas de modérateur. La
discipline d'une séance veut que chacun soit libre, mais en même
temps laisse celui qui a la parole parler, conter jusqu'au bout. Il peut
être naturellement interrompu par moment, mais il finit toujours son
histoire avant de céder le tour.
Le conteur, quand il a la parole, demande toute l'attention de
l'auditoire en lançant T? tíí et
il attend, avant de poursuivre, la réaction de son auditoire. Celui-ci,
pour montrer qu'il est prêt à recevoir le conte, répond
T? yàà. Le conteur reprend la parole,
il devient ainsi modérateur, chef de la séance, celui qui est
écouté, celui qui explique, celui qui répond aux questions
de l'assistance, celui qui reçoit et assume les âneries de son
public, le point de mire de l'auditoire, mais cela ne dure que le temps de
l'énonciation de son conte. Dès qu'il cède la parole, le
nouveau conteur, c'est-à-dire celui à qui la parole est
donnée devient comme le précédent le point de mire et ce
quelque soit son âge, son sexe, sa taille, son statut social.
Le T? tíí et le
T? yàà permettent d'établir le
contact entre le conteur et son auditoire, le locuteur et l'interlocuteur.
C'est ce que Roman Jakobson appelle la fonction phatique du langage :
autrement le contact entre le
conteur/destinateur et l'auditoire/destinataire ou
récepteur. C'est un aspect très important dans
l'énonciation d'un conte. Le conteur fait tout pour garder l'attention
du public. Il l'interpelle aussi par moments pour s'assurer que le
contact reste constant. Ainsi pose-t-il souvent des
questions telles que : « Tu écoutes89 ? ».
Dans ce cas le conteur s'adresse à une personne spécifique dans
l'assistance, mais ce faisant, il interpelle toute l'assistance. Le conteur
s'adresse ainsi à toute l'assistance « Alors que chacun
prépare sa voix » pour leur demander de se préparer
pour un chant ou encore il leur dit « Vous entendez ? Vous
répondez, viens vite, viens »90 pour leur donner
des instructions afin de bien l'accompagner dans le chant. Le chant
lui-même est une occasion de complicité
89 Voir corpus de contes : conte n°8, syntagme
n°8
90 Voir corpus de contes : conte n°8,
respectivement syntagme n°57 et n°59
entre le conteur et son auditoire. Le conteur chante et
l'assistance l'accompagne en choeur. Autrement pour les phases des chants, le
conteur est le chanteur soliste et l'auditoire lui sert de choeur. Là
aussi jusqu'à la fin du chant le contact entre conteur et auditoire
reste constant. L'énonciation du conte est non seulement une situation
de communication telle que décrite par Jakobson mais aussi beaucoup plus
complexe. L'auditoire n'écoute pas juste, il prend aussi la parole par
moment sous l'effet de l'histoire, ou du conte ou encore du
message, ou si voulez du
référent contextuel du conteur.
L'interlocuteur, en prenant la parole pour poser une question ou pour faire un
commentaire, agit également et sur le conteur qui devient pour un court
temps lui-même auditeur, destinataire, et
également sur les autres auditeurs qui assistent à la
veillée. Dans le conte n°3 par exemple, un auditeur intervient pour
corriger le conteur (ici un enfant de sept ans) qui a mal utilisé un
mot. Il a dit l?yàs?91 au lieu de
l??hs? (les perdrix). Le conteur reprend et
répète ce que l'interlocuteur qui est ici sa mère lui dit.
L'enfant/conteur, ce faisant, apprend et s'édifie. C'est
également ce que nous avons expliqué à la même page
avec la notice n°30. Les exemples se succèdent ainsi dans le
corpus. Le conteur est entrecoupé par l'auditoire qui, soit, veut une
explication, fait un commentaire, encore taquine le conteur ou essaie de le
déconcentrer. Ce jeu participe de l'apprentissage de la prise de parole
en public.
Pour établir un schéma de communication
représentant la réalité de l'énonciation du conte,
il faut considérer le conteur et son public à la fois dans les
rôles de destinateur et de
destinataire car le rôle change dès que
l'un ou l'autre prend la parole. Si la fonction
expressive de Roman Jakobson se rattache à
l'émetteur, l'énonciation du conte
donne lieu à des surprises. Des surprises en ce sens que le conteur
(émetteur) est lui aussi influencé par
son auditeur qui s'exprime et devient
émetteur. Selon Jakobson, en effet cette
fonction du langage
« lui permet d'exprimer son attitude, son
émotion, son affectivité par rapport à ce dont
iiparle.»92 Certains indices permettent de
retrouver les traces de cette fonction dans une
situation de communication. « Jakobson propose de
ranger sous cette catégorie, en plus des interjections (la forme
linguistique la plus caractéristique) toutes les marques phoniques,
accentuelles, grammaticales ou lexicales qui manifestent la couche «
émotive » de la langue93 ». Nous nous
permettons d'ajouter à cette liste de Jakobson les gestes, les soupirs,
les expressions du visage du conteur et de son auditoire au cours d'une
séance de contes. Ce sont malheureusement des aspects que nous ne
pouvons transcrire dans notre corpus.
91 Voir conte n°3, la notice 29 pour plus
d'éclairage.
92 Jean-Pierre Meunier, Daniel Péraya,
Introduction aux théories de la communication, p.74.
93 Idem
Cependant, nous retrouvons des onomatopées
(interjections et marques phoniques selon Jakobson) qui jalonnent notre corpus
et transmettent les fibres émotives du conteur et de son public. Nous
pouvons ainsi entendre (au lieu de lire car ces onomatopées n'ont de
valeur réelle que quand on les entend), t?t? dont fait
référence la notice n°33 est une onomatopée qui
indique la réaction d'un auditeur satisfait par l'idée qu'a eue
le personnage de poser un piège.
Kpàyàtà
kpàyàtà
kpàyàtà
kpàyàtà est une onomatopée
utilisée dans le conte n°2 qui traduit la démarche
irritée du personnage. Le conteur a choisi cette onomatopée
à titre satirique. Pour se moquer du comportement du personnage.
AÔÔÔ
kpénè est aussi
une onomatopée dite par un auditeur pour témoigner de sa
pitié aussi dans le conte n°3.
A part ces onomatopées, conteur et auditeur font des
commentaires. Signalons avant de continuer que les commentaires du conteur
visent à appuyer son projet, le message qu'il veut délivrer.
Alors que les auditeurs réagissent pour parfois mieux comprendre ou pour
exprimer leur état d'âme face à ce qui est dit. Nous avons
par exemple dans le conte n°6 le conteur qui qualifie le mouton de
söyöntÔ/poltron,
puis il utilise assez d'adjectifs péjoratifs pour parler du mouton en
montrant carrément son aversion pour un tel comportement.
yúú94
wàtàlàkàs? (tout puissant) contenu dans le
conte n°4 est ici un court panégyrique du conteur pour louer le
personnage dont il trouve extraordinaires les exploits. C'est souvent une
appréciation qui est laissée à l'auditeur. Cette auto
appréciation montre que le conteur est ici influencé par son
message au même titre que son auditoire ou même plus que ce
dernier. Le conteur veut s'accentuer sur ce trait caractéristique du
personnage en le vantant pour mieux attirer l'attention, l'intérêt
de l'auditoire. Il est là dans une logique persuasive pour
parler comme Jakobson qui verrait dans cette attitude du conteur la
manifestation de la fonction conative. Il n'aurait, de toute
façon, pas tort car le style du conteur Lokpa joue beaucoup sur cette
fonction du langage. D'ailleurs il n'hésite pas à lancer à
l'endroit de son public « Tu vois, c'est depuis ce jour que ce qu'on
appelle avoir confiance en autrui. Ce qui a mis fin à la confiance entre
deux personnes. Aujourd'hui, tu vas l'entendre95. » Il
tente déjà de convaincre l'auditoire bien avant le début
même du conte. Plus loin, il ajoute « Tu quittes
Kokossika96 ou Bortoko ou encore ailleurs pour venir ici car tu veux
qu'on partage de la viande. Jour et nuit tu viens. C'est fatiguant. »
En associant l'auditeur à l'histoire en lui donnant le rôle
d'un des personnages, il pousse ainsi l'auditoire à réagir. Il le
fait parfois de façon plus directe en
94 C'est onomatopée qui exprime
l'étonnement, le rufus de croire, l'isolite d'un fait. Elle peut
être négative comme et peut être positive. Ceci
dépend de la situation. Dans ce conte elle est positive, utilisée
pour louer le héros
95 Conte n°8, syntagmes 4, 5 et 6
96 Kokossika(K?l??kpàkà) est mon village
natal, situé à environ quatre kilomètres de Bortoko
(Pàntókó, un autre village) et à une vingtaine de
kilomètre de Foumbéa. Le conteur savait que j'étais
originaire de ce village.
posant une question : « Alors n'est-ce pas qu'il a
fait confiance à l'autre ? » Dans ce conte, l'auditeur
visé répond. Nous pouvons lire « C'est vrai »
(syntagmes 32 et 34). Le conteur peut aussi utiliser un proverbe ou une
énigme pour avertir, mettre en garde l'auditeur, pour lui faire adopter
une position. « P? tö? k?
sösàà túkà
?tú?úlé
s? k?s?
m?t? tàà
k?s? y?l?
» qui signifie en français « C'est pour cela
que les anciens ont dit ce proverbe : « Relève le sorgo, ne
relève pas l'homme. » que nous retrouvons à la fin du
conte n°10 de notre corpus témoigne de la volonté du conteur
de mettre en garde. Il utilise un proverbe des « anciens » pour
s'éloigner du message et lui donner une valeur universelle et le faire
mieux accepter par l'auditoire.
Le conteur s'assure ainsi au fur et à mesure qu'il
conte que son message est compris et accepté. Bref que son message
passe. L'énonciation du conte est le lieu par excellence où l'on
voit ainsi se manifester la fonction conative.
Sans nous perdre dans des considérations savantes,
rappelons, car nous l'avions dit plus haut, que le conteur, pour garder son
auditoire, use d'élégance de la parole, un beau langage pour
faire passer son message. Ce message peut être comique, poétique,
pathétique, humoristique, grave, triste. Le ton du message dépend
du style du conteur, de son projet et du message qu'il veut transmettre
à travers son conte.
Le conteur peut aussi, lorsqu'il ne se sent pas compris,
expliquer le mot, ou rappelle ce qu'il a dit plus haut pour s'assurer qu'il est
bien suivi par son auditoire : « Alors je vous avais dit que son ami
s'appelle Kànkànààmí. » (Conte
n°8 syntagme n°55). Il fait ici un bref rappel qui a valeur de
précision pour permettre à l'auditoire de le suivre. Il arrive
que le conteur explique un mot lorsqu'il n'est pas sûr que son auditoire
sait de quoi il parle. Ainsi dans le conte n°7, notre conteur fait une
mise au point sur un mot qu'il croit n'être pas très accessible
à tous. Alors il explique : « ?
nàà w? p?n??
?n? mpàà?à
pà yà pàc?nt?/Tu vois ceux, ce sont eux
qu'on appelle palmes ». Le mot gras en italique est
celui que le conteur a jugé utile d'expliquer en montrant un palmier qui
était non loin de l'endroit où se tenait la veillée. C'est
une chose qui est souvent rare dans l'énonciation d'un conte car la
plupart du temps, le code, comme le nomme
Jakobson, est commun à l'assistance. Tous les membres, ou presque tous,
partagent normalement le code. Ceci s'explique par le simple fait que le conte
est dit en Lokpa, langue que partage toute l'assistance. Seuls parfois les
enfants ont besoin de certaines précisions pour comprendre certains mots
dont l'usage n'est pas usuel.
Il peut aussi arriver que le conteur fasse un emprunt dans une
autre langue que celle que l'auditoire a en commun. Pour cela, il doit aussi
expliquer le mot ou l'expression empruntée. «
F?mp??à k?
mp? töô
c?là?à tom k?
/Le nom Foumbéa vient du Yom. S?
höt???
s?kpélú?u
(ft)?Jt)
bíyàyà97)/ Cela signifie
?petite forêt ? (forêt//enfant)
» a expliqué un conteur dans le conte n°6 (syntagme 12 et
13). Comme on peut le voir, ces précisions et explications ne sont pas
gratuites.
Schématisons pour mieux comprendre :
Contexte (monde virtuel du conte, projet du conteur :
distraire, enseigner) Fonction référentielle
|
|
Message (style comique, poé- tique, pathétique
ou humoris- tique) Fonction poétique
|
|
|
Destinateur (Conteur) Fonctions expressive et conative
|
|
|
Destinataire (Auditoire) Fonctions conative et expressive
|
Contact (Parole, gestes du conteur et de
l'auditoire). Fonction phatique
Code (Lokpa, autres langues, gestes, mimiques,
onomatopées) Fonction métalinguistique
Figure1 : Schéma des fonctions du langage
d'une énonciation de conte chez les Lokpa inspiré du
schéma de Roman Jakobson
L'évidence saute ici à l'oeil. Le destinateur et
le destinataire, c'est-à-dire, le conteur et l'auditoire, interagissent
les uns sur les autres. Les fonctions expressives et conatives peuvent
être rattachées à chacun d'eux. Ce qui montre que
l'auditoire, au cours d'une énonciation de conte ne reste pas passif.
Autrement dit il n'est pas juste auditeur-spectateur. En plus d'être
celui à qui le conte est destiné, il a la possibilité de
parler, d'agir directement sur le conteur, à qui il peut faire dire
autrement certaines choses ou carrément changer d'argumentaire, ou
à qui il donne des explications ou des mises au point utiles pour la
poursuite du conte (voir Conte n°10, syntagme 15). Dans ce cas l'auditeur
donne une précision, une explication qui aide ici le conteur à
poursuivre. Nous avons, dans le premier conte du corpus les syntagmes n°73
et n°74 qui représente respectivement le commentaire d'un auditeur
et la réponse du conteur. C'est cette complicité entre le conteur
et son public qui rend l'énonciation d'un conte
97 f??? bíyà?à vient du Yom, une
langue parlée dans la Donga et classée dans la catégorie
des langues GUR au même titre que le Lokpa ou L?kpa (ou encore Dompago)
selon la prononciation originale.
et la veillée agréable et riches en instructions
et en divertissements. On retrouve, à travers notre corpus, des tas
d'exemple illustrant cette complicité conteur-auditeur : Conte n°3,
syntagmes n°2, 10, 21, 44, 45, 48, 52, 62 ; Conte n°4, syntagmes
n°37, 185 ; Conte n°6, syntagmes n°7 et 129 ; Conte n°7,
syntagme n°19 ; Conte n°8, syntagmes n°15, 32, 34, 37, 56, 61,
67, 91, 99, 105, 111, 114, 146 ; Conte n°9, syntagmes n°23, 73, 79,
81 ; Conte n°10, syntagmes n°21, 38, 63, 86, 101, 107, 118, 120, 146,
152, 170,180, 182, et 190. Ces interventions de l'auditoire sont
justifiées par deux aspects de l'énonciation : les auditeurs
interviennent parce que le conteur les interpelle ou ils interviennent car le
message les touche directement et les pousse à réagir. Le premier
aspect est rattaché au style du conteur et le deuxième au
message. Les interventions sont une des unités de mesure de
l'intérêt de l'auditoire pour le conte raconté.
2.2.6 Pourquoi dit-on les contes ?
Nous avons déjà répondu partiellement
à cette question. Le sujet de toute cette étude consistera
à donner une réponse à cette question.
Pourquoi dit-on les contes ? La réponse a
été pendant longtemps : pour se distraire. Puis depuis peu de
temps elle est devenue : pour se distraire mais aussi pour s'instruire, pour
instruire, enseigner, éduquer, apprendre et faire apprendre.
Commençons par la première réponse, celle
qui soutient que le conte sert à distraire. Il serait faire preuve de
mauvaise foi, ou de purisme si l'on réfute cette idée. Elle est
vraie. Le conte sert à distraire. C'est un moyen de distraction, de
divertissement, de loisir. C'est toujours un grand plaisir que d'écouter
un conte, de chanter à la suite du conteur et même parfois de
danser au son des castagnettes qui accompagnent certains chants du conte. Le
caractère ludique du conte n'est plus à ce stade à
démontrer : le conte nous fait danser, il nous fait rire, il nous
remplit d'une joie inestimable, il nous fait aussi pleurer comme le
théâtre, le cinéma, la lecture d'un livre le ferait. Les
frasques d'Acì chez les Lokpa, Leuk-le-Lièvre, selon
Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji98, ne
laissent personne indifférent. Les surprises désagréables
de l'hyène, du singe et du boa, la ruse de la tortue et du cabri, la
peur démesurée du mouton sont autant d'ingrédients qui
font sourire. A côte de ces personnages symboliques, allégorique,
le style du conteur ! Le tout mis ensemble est un cocktail qui procure du
plaisir, qui distrait.
Cependant, d'un autre côté, dire que le conte est
dit juste pour distraire, revient à passer à
côté de l'essentiel du conte. Car ce qu'il faut comprendre,
c'est que si le conte était un médicament
98 Léopold Sédar SENGHOR, Abdoulaye
Sadji, La belle histoire de Leuk-le-Lièvre, Paris, 1953
sous la forme d'un sirop, sa face ludique s'identifierait
à la substance sucrée du sirop. Or nous le savons très
bien : ce sucre est mis pour rendre la consommation du médicament plus
facile, plus agréable aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
Mais la substance qui guérit le mal n'est pas sucrée, bien au
contraire. Elle peut être amère, acide, ou tout simplement fade,
donc désagréable à consommer. Cette partie du sirop,
difficilement consommable, la substance qui soigne, est la partie du conte qui
éduque. C'est d'ailleurs l'élément le plus important du
conte car le reste n'est là que pour détourner l'attention, pour
rendre l'assimilation de la substance salvatrice au niveau du sirop,
éducatrice, instructrice, au niveau du conte aisée, plus
agréable. Le conteur est selon notre théorie le docteur, et
l'auditoire le patient. Dire donc que le conte sert juste à distraire,
revient à dire qu'on boit le sirop pas pour se soigner, mais juste pour
son goût sucré. Ce qui, à notre avis, relève d'une
méconnaissance grave.
Le conte éduque. La question qu'il nous faut
résoudre à présent, c'est comment le conte éduque.
Pour répondre à cette question, nous étudierons les contes
de notre corpus. Cette analyse de notre corpus nous permettra de montrer
comment le conte Lokpa éduque.
Conclusion partielle
La performance d'un conte chez les Lokpa respecte une certaine
norme. Le conte peut être dit en famille, entre amis, entre jeunes ou
entre différentes couches sociales réunies. Il n'est l'apanage de
personne. Dire un conte chez les Lokpa n'est pas une affaire de
spécialistes. Tout le monde peut dire le conte à condition que ce
"tout le monde" soit doté de talents oratoires, d'éloquence et de
créativité, car le conte, comme toute oeuvre de l'esprit requiert
une imagination et une inspiration fertiles sans lesquelles elle reste sans
sève, sans substance, sans attrait, sans originalité. Le conte se
dit traditionnellement le soir et ce n'importe où. Il est aujourd'hui
grâce à l'évolution des technologies dit à la radio.
Il permet de se distraire. Mais il est surtout un moyen pour garder
générations après générations, les
connaissances, l'histoire, la culture d'un peuple.
2.3 Analyse des contes du corpus
Après avoir répété comme une
sentence, que le conte éduque, le moment est venu de voir comment le
conte Lokpa s'y prend pour éduquer. Le conte, par définition, est
un récit. Le conteur pour arriver à ses fins, celles de faire
passer le message, le fait à travers ce récit.
La structure du conte est au service du projet, de la
leçon de morale ou de la philosophie que le conteur soutient. En clair,
la forme n'est pas du tout gratuite dans les contes Lokpa. Elle
reste rattachée au style du conteur, qui lui aussi est
à dessein élaboré pour la cause. Ils sont parfois
intentionnels, voulus par leur créateur : le conteur.
A ce titre la forme joue plusieurs rôles. La forme ou
structure dont nous voulons ici parler, c'est ce que Propp (Morphologie du
conte), Paulme (Morphologie du conte africain) et Bremond
(Morphologie d'un conte africain) désignent par «
Morphologie » du conte. C'est la structure du conte en tant que
récit. Etudier la forme ou structure du conte, revient donc à
étudier sa morphologie, autrement à en faire une étude
structurale, selon les mots de E. Mélétinski (L'étude
structurale et typologie du conte). Etudier la structure d'un conte, c'est
de le décomposer « en une succession de phases, de «
mouvements » qui perçus dans l'optique d'un personnage
reçoivent une valorisation positive (« ça va bien ») ou
négative (« ça va mal »). La rupture d'une situation
d'équilibre initial donne le branle à l'intrigue : soit qu'un
mouvement d'amélioration tende à faire passer tel personnage d'un
état initial insatisfaisant à un état final relativement
plus satisfaisant, soit qu'un mouvement de dégradation tende le faire
passer d'un état initial satisfaisant à un état final
relativement moins satisfaisant. Une fois atteints, ces états
d'équilibre peuvent marquer la fin du conte99. »
Cette structure comme vient de nous le montrer Bremond est malmenée
par le conteur Lokpa à sa guise. Il taille la forme du conte à la
mesure de la philosophie, de l'enseignement ou de la morale (nous ne
voulons pas trop user de ce mot car les contes ne traitent pas forcément
de morale au sens propre comme au sens figuré du mot. Les contes donnent
des outils, des idées, pour connaître le monde. Certaines de ces
idées n'ont rien de "morale", elles sont plutôt pratiques et tous
les coups sont bons pour sortir d'une situation donnée) qu'il veut
donner. Elle est dictée par le savoir faire du conteur.
En plus de la structure qui est choisie à dessein par
le conteur, les personnages subissent également le même
traitement. Ils sont choisis par affinité. Le conteur leur attribue les
fonctions qu'il veut selon le but qu'il veut atteindre. Ce choix des actions
à attribuer aux personnages donne également des indications sur
la structure du conte.
2.3.1 Présentation du corpus
Le corpus est constitué de onze (11) contes. Le choix de
ces contes est guidé par la pertinence des sujets traités et la
façon dont le conteur traite ces sujets.
Le premier conte, intitulé Le
peul, raconte l'histoire d'un peul qui s'est vu arracher sa
femme par un autre peul. Les tortues l'aident à reprendre cette femme
contre le plus gros boeuf de son troupeau. Mais les tortues une fois le
boeuf en leur possession ne savent comment faire pour
99 Claude BREMOND. « Morphologie d'un conte africain
»., Cahiers d'études africaines. Vol. 19 N°73-76.
1979. pp. 485-499.
l'abattre. Le lièvre propose son aide que les tortues
acceptent. Le lièvre cherche des stratégies pour avoir plus de
viande que les tortues. Alors qu'il est chargé de retourner la marmite
au roi, il mange la viande que celle-ci contient et la brise. Malheureusement
pour lui, il est surpris par les épouses du roi. Il est
arrêté et ligoté. Le lièvre parvient à
échanger sa place avec le singe en faisant croire à ce dernier
que les épouses royales l'avaient attaché là pour qu'il
couche avec elles. Le singe sera molesté au retour des femmes du roi. Il
parvient à s'échapper grâce à la corde qui s'est
coupée. Assis sur un rocher pleurant et se plaignant des douleurs
atroces qu'il ressent, une tortue, cachée sous le rocher, se commence
à rire. Le singe trouve un moyen de vengeance. Il dit à la tortue
d'aller chercher du feu pour qu'il la grille avec. Un chien aide la tortue
à éviter une telle fin. Pourchassé par le chien, le singe
fuit. Mais dans leur fuite, ils heurtent une hyène et brisent sa meule.
Elle exige réparation. Très vite le singe fait croire à
l'hyène que la famille du chien est spécialisée dans la
réparation des meules brisées. Le chien joue au même jeu et
affirme qu'il peut arranger si et seulement s'il a sa possession du miel et la
peau d'un singe. L'hyène dit avoir les deux : du miel elle en a dans son
sac, la peau du singe, il y en a justement à côté d'eux.
Elle déchire la peau, la remet au chien, celui-ci la trempe dans le miel
et la remet à l'hyène qu'elle la mâche afin de la rendre
molle. A toutes les fois l'hyène avale la peau. Le singe n'en pouvant
s'enfuit dans la forêt pourchassé par l'hyène. Quant au
chien, il retourne à la civilisation. Ce conte soulève les
différentes formes d'injustice dans nos sociétés.
Le deuxième conte, titré
L'aventurier, est l'histoire d'un jeune homme dont la
femme attend un enfant. Ne sachant comment assurer les besoins de sa famille,
il décide de partir en exode afin d'avoir les moyens nécessaires.
Il travaille plusieurs années durant et obtient trois chameaux. Sur le
chemin de retour, il rencontre un vieillard à qui il donne les trois
chameaux contre trois conseils. Les trois conseils ainsi obtenus lui
permettront d'éviter la morsure d'un serpent, d'hériter le
troupeau et toute la richesse d'un peul et de sauver son mariage. Le conte de
l'aventurier est une exhortation au respect des personnes
âgées.
Le poisson et la perdrix est le
titre du troisième conte. Un homme, Cásoyo, a fait un champ de
sorgho que les animaux dévastaient. Toutes les tentatives pour y
remédier et attraper les coupables restèrent vaines. Il tend un
piège et décide de monter la garde. Une perdrix alla voir un
poisson et convainc celui-ci d'aller au champ de Cásoyo pour manger.
Comme promis, la perdrix emporte le poisson quand Cásoyo cria. Mais
à la deuxième tentative, elle s'envole et laisse le poisson.
Prisonnier du paysan, le poisson s'en sort grâce à un chant. C'est
un conte qui nous rappelle l'imperfectibilité de l'être humain et
nous prévient de toute confiance aveugle.
Le quatrième conte, L'enfant
terrible, raconte le drame d'une famille paysanne qui a
vu sa récolte baissée totalement. Les enfants déçus
décident d'abandonner l'agriculture, de changer de métier et
aussi de village. Trois enfants décident de ne pas partir : le premier
veut être charlatan, le deuxième veut retourner à la terre
et le dernier ne veut rien faire du tout. Le père accepte tout ceci. Le
dernier qui ne veut rien faire est resté à la maison un an
durant, ne faisant rien d'autre que manger et dormir. Un matin, il sort et
revient tard le soir avec une chicotte qu'il prie son père d'utiliser
pour le frapper. Après insistance de l'enfant le père
s'exécute et l'enfant se transforme en cheval. Il est vendu à
trois reprises et a rapporté à chaque fois plus de fortune
à son père. C'est une utopie du conteur pour un idéal
éducatif dans lequel l'enfant trace lui-même le chemin de son
destin.
Pourquoi la terre mange les hommes
explique que la terre et le ciel étaient des amis. Un
jour, alors que la terre creusait un trou, elle y trouve deux oeufs. Le ciel en
visite chez la terre voit les oeufs et décide de prendre un et de
laisser l'autre à son ami. La terre impatiente mange son oeuf
après sept jours. Le ciel ne fait pas de même. Il attend
patiemment et son oeuf éclot et donne une femme. Ciel invite la terre
chez lui et lui fait gouter la boisson préparée par la jeune
femme. Surprise par la douceur de cette eau, la terre voulut savoir d'où
elle venait. Le ciel lui présente la femme fruit de l'oeuf qu'il a
emporté. Il donne la femme à la terre. Après des
années, la femme mourut de vieillesse. La terre appelle le ciel et lui
demande ce qu'elle devait en faire. Le ciel lui dit de manger, comme elle a
mangé l'oeuf. C'était aussi un humain. Un essai d'explication de
la sagesse divine, ce conte nous permet de mesurer la supériorité
de Dieu.
Le sixième conte s'intitule Le malin et le
bête, est l'histoire du cabri et du mouton. Le mouton et le
cabri sont tombés dans un piège tendu par les hyènes. Le
mouton avait peur; il avait la morve partout. Mais le cabri était
courageux. Il frappe violemment le mouton et le jette à terre. Surpris
l'hyène voulut savoir ce qui se passe chez le mouton. Le cabri lui
explique que le mouton entre en transe quand il veut dévorer un
charlatan. Plusieurs charlatans du coin ont déjà subi le
même sort. L'hyène qui jouait le charlatan s'enfuit et les deux
amis eurent la vie sauve. Ce conte nous invite à l'union et à la
cohésion sociale.
Un roi veut imposer la tyrannie dans son village. Il
réunit les jeunes et leur fait croire que le village est
sous-développé à cause des vieillards. Il faut tuer tous
les vieux pour que le pouvoir revienne aux jeunes. Tous les jeunes
s'exécutent sauf un seul. Il cacha son père en forêt. Le
roi demande alors à tous les sujets de tresser chacun un panier pour que
ses épouses s'en servent pour puiser de l'eau. Choqués par une
tâche aussi absurde et impossible, le jeune homme demande conseil
à son père. Le jour de la présentation des paniers, il
demande au roi
de lui montrer un ancien modèle pour qu'il puisse s'en
inspirer. Le roi comprit que ce jeune homme n'avait pas tué son
père. Ainsi se résume le conte n°7 : Le
démagogue. Le respect des anciens est selon ce conte la
condition nécessaire pour un développement harmonieux de toute
société.
Les deux amis comme l'indique le nom
raconte l'histoire d'une amitié. Le hérisson et l'escargot sont
de très bons amis. Un jour le hérisson rend visite à
l'escargot et emprunte à celui-ci un piège contre la promesse de
partager le butin. Le hérisson rentre chez lui, attrape toutes sortes
d'animaux, fait croire à son ami et à toutes que les prises sont
très petites. Celuici le prie de manger mais de lui en donner quand la
prise est grande. Le hérisson prend le soleil. Il essaie de le manger
mais n'y parvient pas. Alors il appelle son ami pour partager. Alors qu'il
devrait tourner une fois le derrière de l'escargot pour empêcher
le soleil de sortir, il tourne plusieurs fois et tente de tuer son ami. Les
deux amis est un conte qui dévoile la face sombre de l'être humain
et qui met en garde contre la cupidité humaine.
Le crabe paresseux hérite
d'une mal constitution à cause de sa paresse. Dieu a
décidé de créer les êtres vivants. Tous les
êtres de la terre sont allés. Mais alors que Dieu avait
prévu de leur planter un cou ce jour-là, le crabe refuse de s'y
rendre sous prétexte qu'il est fatigué. Dieu construit le cou et
la tête ce même jour car il voulait se reposer le jour suivant.
Alors que tous les autres êtres vivants dansaient de joie, le crabe
était sans cou ni tête. Il décide d'aller se faire
construire aussi la tête et le cou. Malheureusement pour lui, Dieu
n'avait plus de matériaux. Par pitié, il lui colla les yeux sur
les épaules. Ce conte est satirique et permet de voir le traitement de
Dieu dans la croyance Lokpa : Dieu n'aide que celui qui l'aide à
l'aider. La tortue a compris au prix de sa vie Pourquoi
éviter l'homme. Il était une fois un chasseur qui
chassait et tuait toujours. Un jour, il ne trouva rien sauf un boa à qui
il sauve la vie. Le boa décide de le dévorer. Indigné, le
chasseur exige un procès. Le cheval et l'âne jugèrent
l'homme coupable de beaucoup de méchancetés et qu'il
mérite la mort. Un tortue qui passait par là use d'astuce et
sauve le chasseur. Il décide de faire connaître à toute sa
famille celle à qui il doit la vie. Lorsqu'à la maison, on lui
apprend que sa femme était mourante et seule la tête d'une tortue
pouvait la sauver, le chasseur fait exécuter son bienfaiteur. C'est un
conte tragique qui montre la fixation de l'être humain sur
lui-même, sur ses intérêts personnels même aux
dépens de la vie de ses bienfaiteurs.
Les quatre enfants, titre du
onzième et dernier conte, raconte une tragédie familiale. Une
mère de quatre enfants va en forêt et ne rentre plus. Ses enfants
dotés, chacun, d'un pouvoir, décident de partir à sa
recherche. Le premier suit l'odeur de la mère jusque dans la forêt
et la retrouve sans vie, et découpée en morceau. Le
deuxième reconstitue le corps. Le troisième
redonne le souffle à la mère. Alors qu'ils se
préparaient pour partir, un aigle géant prend la mère. Le
dernier fils, d'un coup de gourdin tue l'aigle, et la mère atterrit
saine et sauve. Le quel de quatre a sauvé la mère ?
L'unité et la cohésion sociale sont le message qu'adresse ce
conte.
Ces contes, réunis pour servir de corpus, sont choisis
pour illustrer un thème ou pour montrer comment un même
thème est traité différemment par deux conteurs
différents.
2.3.2 Structure du conte Lokpa
Le conte Lokpa n'a pas une structure fixe. Comme nous l'avons
constaté plus haut, ils (les contes) ont des structures
différentes et ces structures obéissent le plus souvent à
la rhétorique, à l'argumentaire du conteur. Les contes Lokpa
peuvent être classés dans les différents types
définis par Denise PAULME. Ainsi dans notre corpus, le conte n°1
est du type complexe car il est composé de plusieurs séquences de
type ascendant, descendant ou cyclique. A chaque séquence apparait un ou
plusieurs nouveaux personnages et d'autres disparaissent100.
Le conte n°2 est en spirale. Mais contrairement à
ce que soutient PAULME, le héros ne reçoit pas l'aide de ses
alliés animaux, mais plutôt trois conseils d'un vieillard à
qui il a donné ses trois chameaux. Malgré la différence de
contenu entre l'exemple de PAULME et notre conte, la structure reste la
même. Le héros rencontre trois situations successives, aidé
par les trois conseils, il en sort riche et comblé.
La forme du conte permet au conteur de soutenir sa
pensée, sa philosophie. Dans le conte précédent, par
exemple, le conteur a voulu montrer l'utilité des conseils des personnes
âgées. Il donne la chance au héros de rencontrer un
vieillard, de réussir l'épreuve à lui imposée par
le vieillard, puis de survivre et même de devenir riche grâce aux
conseils qu'il a reçus après
l'épreuve101. La forme en spirale a
permis de montrer l'utilité des conseils du vieillard. Elle a permis de
mettre le héros face à trois situations nécessitant
chacune l'application d'un conseil. Certains conteurs déconstruisent
leurs contes dans le seul but de dire ce qu'ils veulent dire. Le conte n°6
a une structure assez spéciale et celle-ci illustre ce que nous avons
dit plus haut, à savoir la corrélation entre la structure et le
message du conte. En effet, le conte Lokpa s'ouvre presque par T?
tìì prononcé par le conteur, et T?
yàà102 qui est la réponse de l'auditoire. Une
fois ces formalités remplies, tout ce qui suit est
considéré comme faisant partie du conte. Donc notre conte
commencerait à partir du syntagme 1 et s'achèverait au syntagme
130. Or du syntagme 1 à 9, le conteur s'est livré à une
tirade philosophique sur l'idéal sociétal. Il nous
100 Pour plus de détails voir le chapitre 1.3.4 La
morphologie du conte africain selon Denise PAULME
101 Propp, Fonction n°12
102 Pour plus de détails voir 2.1.5 Comment se
déroule l'énonciation d'un conte
apprend en clair qu'une société ne peut
être équilibrée que si elle est composée de
façon hétéroclite : intelligents, moins intelligents, pas
du tout intelligents ensemble. Par analogie, nous pouvons ajouter, forts, moins
forts, faibles, riches, moins riches, pauvres etc.
Du syntagme 10 à 20, le conteur nous fait un cours de
géographie et d'histoire. Il change radicalement de sujet. Il nous
explique l'origine du nom Foumbéa qui serait issu du Yom : «
firmpiyà kg.
mpó t56
cilàyà t5m ki.
si h5tiryir
sirkpélúyu
(firmir
bíyàyà103) » traduit
comme : « Le nom Foumbéa vient du Yom. Cela signifie
?petite forêt ?(forêt//enfant)
». Il nous rappelle qui est le fondateur du village, nous situe dans
un espace géographique qui n'a rien à avoir avec la fiction.
A partir du syntagme 21, il annonce aussi que dans la "petite
forêt" aujourd'hui village de Foumbéa vivaient les hyènes
(protagonistes dans la vraie histoire) et ces hyènes tuaient les moutons
(autres protagonistes). Cette annonce des protagonistes lance aussi le conte.
L'histoire l'étend jusqu'au syntagme 126. Nous n'avons plus la trace du
fondateur du village. Il a disparu comme il est venu. Seuls moutons, cabris et
hyènes ont eu la parole et le droit à l'action.
Mais subitement le conteur conclut : « C'est ainsi
que le Lokpa quitta Kpàlàkir et alla s'installer
à Foumbéa et l'on parle aujourd'hui de Foumbéa.
» Cette conclusion vient donner aussi une réponse à
comment le village de Foumbéa est né lancé par le
conteur.
Nous constatons une déconstruction du récit du
conteur. Deux histoires sont racontées simultanément : une
fictive et une vraie. L'histoire fictive, c'est celle qu'on pourrait appeler
"conte", le vrai conte, celle du mouton, du cabri et de l'hyène. A
côté de celle-ci, nous avons la vraie histoire, vraie dans le sens
d'historique, située dans le temps et dans l'espace. Nous ne pouvons
malheureusement certifier si la version du conteur est conforme à celle
de l'histoire. Le conte semble incohérent, mais quand nous y
prêtons attention, l'évidence nous saute à l'oeil : le
conteur a tout prévu, et n'a rien dit au hasard.
La tirade qui a ouvert le conte, nous prépare
déjà à mieux comprendre le choix des personnages (mouton
"pas intelligent" et le cabri très intelligent). Ce développement
permet au conteur de s'assurer qu'il sera bien compris.
Cette tirade est aussi comme une thèse que l'histoire
du mouton et du cabri vient démontrer, défendre. Le conteur nous
a bien montré comment le cabri s'est servi de la peur du mouton pour
faire peur à l'hyène leur bourreau.
Ce qui n'est, en revanche, pas clair, c'est l'insertion de
l'histoire de la création de Foumbéa. Elle est sûrement due
à la volonté du conteur de rendre son histoire le plus
vraisemblable possible. En s'appuyant sur les lieux connus, il donne
l'impression que son histoire est réelle. En plus elle est directement
liée à l'histoire fictive du mouton et du cabri. Une association
qui accentue la vraisemblance.
La morphologie du conte Lokpa est donc changeante. Elle peut
être simple, complexe. Elle est surtout parfois voulue par le conteur. Ce
qui a pour conséquence de la rendre parfois encore plus complexe. Elle
peut aussi parfois contenir certains éléments remarquables qui
donnent plus d'allure et de beauté au conte. Il s'agit, dans le conte
Lokpa, surtout : du chant, de l'onomatopée ou des interjections du
conteur ou de l'auditoire.
2.3.3 Le chant
Le chant est un élément clé de certains
contes Lokpa. Il joue deux rôles essentiels : il fait non seulement corps
avec le récit et participe à la trame de l'histoire, mais aussi
est un instrument qui rend plus agréable un conte. Qu'il soit des pleurs
d'un personnage (conte n°3) ou des échanges de propos entre deux
personnages, le chant joue ces deux rôles simultanément.
Commençons par le deuxième rôle du chant.
C'est un rôle externe au conte, à l'histoire. Le conteur utilise
le chant comme stimulant pour allumer son auditoire. Le chant, nous l'avions
dit dans nos chapitres précédents (2.1.5), permet au conte de
faire participer son auditoire, de communiquer avec ce dernier. Dans notre
corpus, deux contes contiennent de chants : les contes n°3 et 8. Ces
chants sont scandés par le conteur et repris par l'auditoire. Dans le
conte n°8, le conteur invite d'ailleurs l'auditoire à chanter avec
lui (Conte n°8, syntagmes 57, 58 et 59). Le conteur, du fait même de
la répétition du chant lui confère un rôle important
; un rôle ludique que le conteur et son auditoire rehausse par leur
entrain. La veillée s'anime grâce à la liberté des
langues et au déploiement des voix de toutes sortes de tonalités,
avec pour chef d'orchestre le conteur.
L'autre rôle que joue le chant se trouve à
l'intérieur du récit. La question est de savoir si le chant fait
partie intégrante du récit ou si ce dernier, si on le supprimait,
ne handicape pas le sens logique du récit. Essayons de trouver la
réponse dans les deux contes.
Dans le premier conte, le conte n°3, le chant correspond
au syntagme 36. Ce sont des plaintes, des pleurs du poisson face au malheur qui
est le sien après le départ de la perdrix. Nous pouvons donc dire
que le conteur veut juste donner une pointe pathétique au sort du
poisson et émouvoir l'auditoire. Dans ces conditions, le chant est un
détail qu'on pourrait sortir de l'histoire, et cela n'affecterait pas
une seule seconde la logique de l'intrigue.
C'est une séquence facultative. Le syntagme 35 pourrait
être directement suivi du syntagme 37 et le conte garderait sa
logique.
Cependant au syntagme 43, le poisson reprend le chant. Cette
fois, le chant est un moyen pour tendre un piège au paysan. C'est un
moyen de séduction du poisson pour avoir sa liberté. Si ce chant
est supprimé à ce niveau, le conte perd sa logique. Le chant
participe ici et constitue un élément clé de l'intrigue.
Il constitue le moyen par lequel le poisson acquiert sa liberté. S'il
est supprimé, nous ne pourrons plus comprendre ce qui motive le paysan
à danser. Le chant dans ce cas est lié à l'intrigue.
Aussi verrons-nous l'importance du chant dans le conte
n°8. Dans ce conte, les syntagmes 60, 65, 84, 94, 104, 109, 129
représentent les chants. Ce sont notamment les appels et les
réponses des deux protagonistes. Ces chants ne peuvent pas être
dissociés de l'intrigue. Ils sont, soit la preuve de la traîtrise
(60, 84, 104, 129) du hérisson, l'ami de
Kànkànààmí, soit le signe de la
naïveté, de la bonté, de la loyauté de
Kànkànààmí envers son ami le
hérisson. Les chants s'intègrent complètement dans
l'intrigue et constitue de ce fait l'essentiel de celle-ci. Le chant participe
à la construction de l'intrigue, à l'embellissement du conte, et
à l'animation de l'énonciation du conte au même titre que
l'onomatopée.
2.3.4 L'onomatopée
L'onomatopée (du grec ancien
Ovopavoitoila (onomatopoiía), « création de
mots ») est une catégorie d'interjection émise pour simuler
un bruit particulier associé à un être, un animal ou un
objet, par l'imitation des sons que ceux-ci produisent. Certaines
onomatopées sont improvisées de manière spontanée,
d'autres sont conventionnelles. Elles sont, dans certains cas, reconnues comme
un mot104. L'onomatopée est très présente
dans les contes Lokpa tout comme dans le parler quotidien. En tant que signe,
son signifiant et son signifié sont très liés. Pour
plusieurs onomatopées, le signifiant indique le sens du signifié.
Dans le parler quotidien ou dans les contes, l'onomatopée joue le
même rôle. Elle remplace les mots. Elle exprime ce qu'on ne peut
pas exprimer par les mots. Et pour cette raison, elle est perçue comme
une figure de style. Elle rend l'énonciation du conte plus belle. Elle
permet à l'énonciateur, le conteur, de donner une tonalité
au conte. Voyons quelques cas à travers les contes du corpus.
Disons, pour commencer, que l'onomatopée est un piment
qui rend piquant le conte. Le conteur peut décider de l'employer ou
de ne pas l'employer par l'intermédiaire d'un personnage. Elle est
aussi souvent utilisée comme une interjection du conteur pour
commenter
104 Extrait du site
http://fr.wikipedia.org/wiki/Onomatop%C3%A9e,
consulté le 30/03/ 2011
sa propre histoire, ou de l'auditeur pour exprimer son
sentiment, son opinion face au récit du conteur. Certains conteurs
l'utilisent en abondance, d'autres très peu, ou jamais.
Dans le premier conte, l'onomatopée "Úúh"
(syntagme 38) comme nous l'avons expliqué en notice (Notice 3) traduit
un malaise, une gêne. Elle porte une tonalité comique grâce
au contraste qu'elle crée avec la situation (le pet) ayant
provoqué à son émission. Plus loin (syntagme 110)
"càlàp" est traduit le bruit fait par le singe en atterrissant.
Elle se veut belle, un simple ornement pour rendre le récit beau. Elle
est aussi satirique car elle se moque un peu du singe. Pour cela elle participe
aussi à donner au conte une tonalité comique. De la même
façon les onomatopées aux syntagmes 140 et 144 imitant
respectivement la tortue et le singe soufflant le feu donnent une
tonalité comique au message du conte. Aussi avons-nous
"kpà?àtà kpà?àtà
kpà?àtà kpà?àtà105" qui
traduit la frustration du héros à travers sa manière de
marcher. Elle a pour effet de faire rire l'auditoire.
Mais toutes les onomatopées ne font pas que faire rire.
"?úú " et "húúmmm"106 traduisent un
sentiment d'inquiétude. Elles donnent au conte un ton grave, tragique,
mystérieux. Elles sont dictées par la situation qui
prévaut dans le conte.
La lecture du corpus nous permet de découvrir en notice
le rôle et l'importance des onomatopées dans le discours. Elles
sont loin d'être gratuites. Elles rendent le conte plus agréable,
plus beau. Elles jouent ainsi une fonction, à la fois,
esthétique, phatique, et expressive du message selon qu'elle permet,
respectivement, de rendre le conte beau, attrayant pour l'auditoire,
d'établir ou de garder le contact entre le conteur et son public, ou
d'exprimer ses sentiments, son opinion sur le message du conte, sur les actions
des personnages mis en scène dans le conte107.
2.3.5 Les personnages dans le conte Lokpa
Le conte Lokpa regorge de différents types de
personnages : humains, animaux, surnaturels. Les personnages animaux et humains
portent tous les caractères des humains. Mais les personnages
surnaturels renvoient à des divinités, à Dieu, aux
génies, aux forces maléfiques ou bienfaisantes. Ces personnages
sont aussi choisis volontairement par le conteur. C'est lui qui leur donne le
caractère qu'il veut. Mais certains personnages ont toujours la
même fonction dans les contes. Les caractères que portent ces
personnages animaux ressemblent de très près à leurs
comportements, à leurs physiques réels. Ainsi le lièvre
dans les contes n'est pas trop loin du lièvre dans la brousse.
105 Conte n°2, syntagme 27
106 Toutes deux situées dans le conte n°3,
respectivement aux syntagmes 31 et 32
107 Pour plus de détails, voir les notices du corpus
portant sur les onomatopées.
Le personnage le plus populaire, c'est le lièvre ou
Acì (Atchi). C'est un animal prudent, éveillé et toujours
sur le qui-vive. Il est bon coureur et difficile à attraper au cours de
la chasse. C'est le décepteur ou le Trickster qui est
« un personnage qui se définit par son mode d'action : la ruse.
Tablant sur les défauts de caractère qu'il connaît bien -
stupidité, gourmandise, vanité, lâcheté - il
tournera en ridicule un adversaire qui eût dû l'écraser
facilement, car lui-même est une créature insignifiante,
apparemment la plus faible de toutes108. » Contre la
force, le personnage du décepteur oppose la ruse. C'est à ce type
de personnage que nous avons à faire dans le conte n°1 de notre
corpus. Il s'agit du lièvre et de la tortue. Ces deux personnages,
faibles, usent presque toujours de ruse. Le lièvre, sachant que le singe
aime les femmes, utilise cette faiblesse et se fait remplacer par le singe qui
sera battu plus tard. La tortue dans la première séquence du
conte utilise le pet pour séparer le Peul de sa femme. Elle doit aussi
la vie à son intelligence en éteignant plusieurs fois le feu qui
était destiné à sa grillade. La tortue s'illustre aussi
dans le conte n°10. Elle a permis, en effet, au chasseur d'éviter
la mort. En faisant croire au boa qu'elle accepterait qu'il dévore le
chasseur si elle revivait les faits et s'en rendre compte par elle-même,
la tortue a usé de l'assurance du boa, qui se trouvait en situation de
force, contre le chasseur et la tortue. Dans ce même conte, le chasseur
est aussi un personnage décepteur dans cette séquence du conte
où le boa a voulu le dévorer. S'il n'avait pas été
rusé en proposant au boa un procès avant sa condamnation à
mort, il aurait été dévoré, et l'intervention de la
tortue n'aurait pu jamais exister. Le poisson dans le conte n°3 est aussi
un personnage décepteur. Il se sauve grâce à sa belle voix.
Ayant constaté que le paysan dansait au son de sa voix, le poisson
utilise cette faiblesse pour se tirer d'affaire.
Le décepteur est avant tout un personnage intelligent,
très intelligent. Qu'il soit animal ou humain, c'est cette intelligence
qui le caractérise. C'est elle qui lui permet d'avoir des ruses qui
tombent à point nommé. Le lièvre, la tortue, le poisson,
le cabri et le chasseur sont des décepteurs. Ils ont pour la
circonstance des personnages plus forts en face d'eux.
Le personnage du décepteur (lièvre, tortue,
poisson, cabri) est une représentation allégorique des hommes
malins, intelligents, qui réussissent où d'autres échouent
dans la vraie vie. D'ailleurs chez les Lokpa, on appelle Acì,
toute personne rusée et qui sait se servir de cette ruse pour s'en
sortir.
Le lièvre était opposé au singe qui est
le symbole de la gloutonnerie, de la méchanceté gratuite. Il est
puissant et brutal. Contre un tel adversaire, la prudence recommande la
diplomatie, c'est-à-dire la ruse.
Le singe subit le même traitement que l'hyène qui
« incarne dans les contes un individu stupide, incapable de
réfléchir et qui succombe à la première
tentation109 », nous apprend Denise PAULME. Pour elle,
« l'imagination populaire accable de défauts cet animal
à la démarche boiteuse et au cri déplaisant, qui
rôde la nuit autour de tombes et déterre, s'y l'on n'y prend
garde, les cadavres pour s'en repaître. Gloutonnerie, mais aussi
lâcheté, traîtrise, hargne, les malheurs dont Hyène
est lui-même responsable ne lui attirent aucune pitié et sa
punition est toujours accueillie avec satisfaction110. »
L'hyène est détestée et joue toujours le rôle
de bourreau dans les contes. Les Lokpa ne font pas exception à cette
règle. Dans les contes Lokpa, l'hyène est victime de sa
méchanceté. Elle est toujours une menace. Tout comme le singe,
elle est gloutonne et méchante. Face à de faibles adversaires,
elle échoue, dupée par ceux-ci. Le conte n°6 nous en fait
une illustration. Hyène, pourtant, heureuse au début de
dévorer le cabri et le mouton, tombe dans le piège du cabri et
s'enfuit dans la forêt. Cette fuite est la victoire du faible sur le
fort. Le singe a aussi subi le même sort dans le conte n°1. Le choix
du conteur de mettre face à ces puissants des faibles, permet de montrer
la supériorité de l'intelligence sur la force. Ce choix permet
également de punir les forts qui usent de leur force pour abuser les
faibles. Mais également, il permet de donner aux auditeurs, les
techniques, les moyens pour faire face à un adversaire plus fort que
soi. La didactique à ce niveau conseille la diplomatie, l'usage de
l'intelligence.
A l'instar de ces personnages concrets cités dans leurs
rôles d'opposants ou de héros décepteurs, le conte Lokpa
met en scène des personnages humains ou animaux
caractérisés par leur traîtrise. Face à ces
personnages traitres, les contes associent des personnages loyaux, bons,
à la limite, naïfs. Dans le conte n°3 le poisson et la perdrix
illustrent ces types de personnages. Le poisson naïf et confiant se laisse
embarquer dans une périlleuse aventure. Alors que le poisson a
placé toute sa confiance en la perdrix, celle-ci n'hésite pas
à l'abandonner une fois qu'elle s'est sentie menacée, oubliant la
parole donnée au poisson.
Dans le conte n°8, le hérisson est la figure de la
traîtrise. Le conteur nous dit : « Tu le vois ainsi, son
intérieur est vilain et cela a atteint
l'extérieur111 » en parlant du hérisson.
Pour notre conteur, il n'y a pas de doute, le hérisson est aussi laid
à l'extérieur qu'à l'intérieur. Sa
109 Denise PAULME. « Hyène, monture de Lièvre
(vingt versions d'un conte africain) ».Cahiers d'études
africaines. Vol. 15 N°60. 1975. pp. 619-633.
110 Idem
111 Conte n°8, syntagme 42
traîtrise envers son ami le démontre. Alors que
celui-ci lui faisait confiance au nom de l'amitié, le hérisson en
a profité pour abuser de cette loyauté. En réponse
à la bonté de
Kànkànààmí, le hérisson
oppose la ruse, l'égoïsme, la trahison. Il mange tout ce qui est
pris au piège, mais invite son ami quand le piège prend le
soleil. Pour pousser loin sa traîtrise, le hérisson tord la queue
de Kànkànààmí plusieurs fois
(?lú?úcànt?
kpà tàp??? t?? ?
m?l?nt? ?
m?l?nt? ?
m?l?nt? ?
m?l?nt?112)
(revoir la formulation), au lieu d'une comme le lui a demandé celui-ci.
Cette attitude du hérisson et celle de
Kànkànààmí contrastent, et
permettent au conteur de mettre en garde l'auditoire des conséquences
d'une confiance absolue en l'autre. Puisque pour finir son conte, le conteur en
résumé soutient que l'homme est ingrat (syntagmes 173 à
180).
Dans le conte n°10, la trahison va plus loin. Le chasseur
accepte qu'on exécute la tortue à laquelle il doit pourtant la
vie. Elle l'a sorti de la gueule du boa, mais il la sacrifie pour sauver sa
femme. Le choix de la tortue et du chasseur n'est pas gratuit et des actions
attribuées à chaque personnage permettent de se rendre compte de
la nature humaine. L'homme trahit une fois que son intérêt est en
jeu. Si nous nous amusions à remplacer la tortue par un autre être
humain, la situation choquerait. Or c'est à cela que nous invite le
conte, du moins implicitement.
A l'instar de ces personnages ordinaires, le conte Lokpa met
en scène des entités divines : Dieu, les génies, les
ancêtres. Ces personnages jouent la plupart du temps le rôle
d'adjuvant, d'accompagnateur, d'aide ou de soutien au héros. Ils peuvent
également s'opposer au héros qui se comporte mal. C'est le cas
souvent dans les contes à deux héros : le héros et
l'antihéros. Alors que le héros reçoit l'aide de ces
personnages pour son comportement exemplaire, l'antihéros échoue
et est puni pour son comportement non exemplaire. Dans ce cas, les personnages
surnaturels jouent le rôle d'opposant. Ces personnages sont nés
des croyances des peuples. Ils portent et défendent les valeurs
chères à ces peuples.
Dieu (?s6) est dans le
conte Lokpa ce qu'il est dans les écritures saintes. C'est-à-dire
un personnage créateur de l'homme, omnipotent et omniscient,
créateur de la terre et du ciel, bon, généreux etc. Sa
grandeur est immense. Rappelons que "?s6"
signifie également " en haut", "le ciel", des termes dont
l'interprétation renvoie à la grandeur, à
l'immensité, à l'illimité. On le désigne aussi par
"
kàwúlà?àt?113",
littéralement " celui qui a la royauté". Tout ceci renvoie aux
croyances monothéistes, et montre la présence de Dieu dans la vie
des Lokpa. Dans le conte n°5, Dieu (Ciel) est un personnage sage, à
coté de la Terre qui, à
112 Conte n°8, syntagme 162
113 Conte n°9, syntagme 3
l'opposé de Dieu, est gloutonne. La preuve de cette
gloutonnerie, c'est qu'elle a mangé son oeuf pendant que celui de Dieu
est resté intact et a éclos en donnant vie à une femme.
A part le personnage de Dieu, un autre personnage a aussi
presque la même importance que lui : l'ancêtre, dont les personnes
âgées sont l'incarnation. Il joue, comme Dieu dans les contes
n°3 et n°5, le rôle du sage, du censeur, du régulateur.
Les contes n°2 et n°7 mettent un vieillard en action et celui-ci
guide, par ses conseils, son savoir-faire, sa sagesse, les jeunes, les humains.
L'ancêtre peut aussi apparaître comme un génie (conte
n°2) venu de nulle part, ou certainement envoyé par Dieu. Car
même si l'ancêtre joue un rôle très important dans la
vie des Lokpa, il reste sous les ordres du Tout-Puissant (Dieu).
Le personnage, nous l'avons vu, permet au conteur de mettre sa
didactique en exécution. Il joue un rôle très important
dans le récit. Il se « définit entièrement par
ses rapports avec les autres personnages114i C'est dans leur
ensemble que les personnages d'un même récit se distinguent les
uns des autres. C'est par leurs actions que le récit se construit. Ce
qui témoigne de leur importance. C'est également leurs actions
qui permettent au conte d'avoir une logique et de constituer une histoire,
portant une valeur didactique née de l'affrontement des actions des
personnages.
2.3.6 Le temps
Le temps du conte Lokpa doit être abordé sur deux
axes : le temps dans le récit (succèssion des actions des
personnages) et le temps du récit. Commençons par le dernier.
Le récit est connu pour être toujours au
passé simple, ou au présent. L'imparfait intervenant pour les
descriptions et autres précisions que l'auteur voudrait bien aborder. Au
passé simple, le récit est fictif, éloigné de la
réalité. Mais l'usage du présent le rend actuel. Dans un
conte Lokpa, le récit est principalement au passé. Or
théoriquement, le passé simple sert au récit écrit
et que le présent du récit au récit oral. Mais dans le
conte Lokpa, le récit est au passé. Cela n'empêche pas le
récit d'être actuel. Prenons l'exemple des formules introductives
du conte : le fameux "il était une fois". Cette formule donne
déjà l'idée que l'histoire est vieille, passée.
Même si elle ne précise pas quand exactement (car telle quelle est
formulée elle peut aussi bien renvoyer à hier ou à il y a
mille ans), elle indique tout au moins que l'histoire est vieille. Chez les
Lokpa la formule revient à « ...nó?ól? ?
w?nnà.», traduite mot à mot comme « quelqu'un// il//
est » ou « quelqu'un// il// était ». Ce temps se situe
entre le passé et le présent. Cette formule diffère du
« il était une fois ». Dans cette formule, on entend "il
était, et il est toujours". Le temps du conte Lokpa se situe entre le
passé et le présent. C'est un temps
114 Tzvetan TODOROV. « Les catégories du récit
littéraire », Communications, 8, 1966. pp. 125-151.
proche du passé composé français. Cela
rend le récit non seulement actuel, mais aussi réel, vrai. La
résultante directe de l'effet produit par le temps utilisé est de
donner à l'auditeur l'impression que l'histoire est réelle ou que
le conteur a été témoin des faits qu'il raconte ou
plutôt rapporte. Il faut remarquer que, généralement, le
conte Lokpa est une narration hétérodiégétique : le
conteur conte une histoire dont il est absent. Il choisit librement d'avoir une
focalisation "zéro", c'est-à-dire qu'il a le point de vue de Dieu
; il sait tout sur les personnages ; il connaît leurs pensées ;
les personnages sont ses pions qu'il manie à sa guise. C'est le cas de
presque tous les contes du corpus, sauf le conte n°8. Ce conte par exemple
mélange les points de vue. Le conteur, à un moment donné
du conte, prend la place d'un des personnages protagonistes, et confie l'autre
rôle à un auditeur (syntagmes 11 à 31). Le conteur et
l'auditeur deviennent, pour un court instant, personnages du conte. Cela
relève de la volonté du conteur d'attirer l'attention de
l'auditoire afin de lui faire mieux vivre le conte. Ce faisant le narrateur
devient pour un court intervalle homodiégétique et le reste du
conte hétérodiégétique. C'est une technique qui
rend plus actuel le conte et plus vraisemblable l'histoire.
Quant au temps dans le récit, il est
délimité par la succession des faits narrés. Ces faits, le
conteur les fait intervenir à des moments précis de l'histoire
qu'il raconte. Il met l'accent sur certains, et passe très vite sur
d'autres, faisant ainsi alterner ellipses et anachronies. Ce qui donne
naissance à un récit parfois rapide ou par moments lent. Le conte
n°4 joue sur la vitesse du récit. Au début de ce conte, le
conteur raconte brièvement deux ans (syntagme 1 à 8) de vie d'une
famille. Mais il raconte un seul jour très longuement (syntagme 9
à 40). Puis il raconte une entière année en seulement six
(06) syntagmes. Cette façon de faire rend le récit plus lent ou
plus rapide et permet au conteur de mettre l'accent sur les
événements importants.
Conclusion partielle
Les éléments que nous avons abordés dans
ce chapitre sont tous importants pour une bonne analyse des thèmes
contenus dans les contes. La structure du conte est soigneusement choisie par
le conteur. Il en est de même pour les personnages, le point de vue du
temps dans le récit ou de celui du récit. Ils permettent au
conteur d'atteindre son objectif principal : celui de faire passer son message
auprès de l'auditoire. Le chant et l'onomatopée participent aussi
bien au style du conteur, à la beauté du message, qu'au sens du
conte. Une bonne compréhension de ces éléments permet une
approche plus crédible des thèmes.
2.4 Etude des thèmes dominants et
interprétations des contes
Puisque nous voulons montrer comment le conte éduque,
nous isolerons chaque leçon ou philosophie contenue dans les contes de
notre corpus et montrerons comment le conteur s'y prend pour convaincre. En
plus de la forme et du style, l'étude du statut des personnages nous
permettra voir de comment le conte Lokpa procède pour éduquer.
2.4.1 L'unité ou la cohésion sociale
« La cohésion sociale est la nature et
l'intensité des relations sociales qui existent entre les membres d'une
société ou d'une organisation115. »
L'unité ou la cohésion sociale est un enseignement qui
revêt une importance capitale dans la société Lokpa.
D'ailleurs plusieurs proverbes célèbrent et appellent à
cette cohésion sociale sans laquelle la vie en société est
quasi impossible. Le plus connu est : « Un seul doigt ne peut jamais
laper la saucei Cet enseignement peut parfois ne pas être verbal
mais symbolique. C'est le cas de la jarre trouée du roi
Ghézo. L'unité, la cohésion sociale est donc un souhait de
tous les temps et de tous les peuples.
Dans notre corpus, deux contes ont pour enseignements
principaux la cohésion sociale. Le premier que nous allons aborder est
le conte n°11. Ce conte court, à la structure simple, est pourtant
rempli d'enseignements. Le conte intitulé Les quatre
enfants nous montre que nous sommes interdépendants dans la
vie. En clair, une seule personne ne peut boucher les trous de la jarre, il
faut tout le monde pour y parvenir. Le conteur se sert d'un conte à
structure simple pour y parvenir.
Quelle est la structure de ce conte ? Le conte est du type en
spirale ; c'est-à-dire Manque ? Amélioration ? Manque
comblé ? Détérioration ? Amélioration ? Manque
comblé. Détaillons :
- Manque = la mère a disparu en forêt depuis six
jours et ses quatre enfants sont sans nouvelles.
- Première amélioration = Suis-odeur a
retrouvé le corps sans vie de la mère.
- Deuxième amélioration = Attache-homme a
reconstitué le corps dépiécé de la mère. -
Troisième amélioration = Ressuscite-homme a donné à
nouveau vie à la mère.
- Détérioration = l'aigle a pris la mère
(aigle qui pourrait être ici le traître de Denise
PAULME).
- Amélioration = Lance-gourdin lance son gourdin et tue
l'aigle
- Manque comblé = la mère atterrit saine et sauve
entre ses quatre fils.
115 Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coh%C3%A9sion_sociale
consulté le 02/03/2011
L'unité ou la cohésion sociale se traduit par la
complémentarité des actions des personnages qui, cette
complémentarité, a permis de sauver la mère. Le conte est
structuré de telle sorte que chacun des quatre enfants a, par son
action, sauvé la mère. En conséquence, si l'on retire une
action de l'intrigue, les autres actions ne serviront plus à rien. Si
Suis-odeur n'avait pas découvert le corps, Attache-homme n'allait pas
pourvoir le reconstituer ; si le corps n'était pas reconstitué,
il serait impossible de lui donner une nouvelle ; une fois la mère
vivante, elle aurait pu définitivement disparaître, servir de
repas à l'aigle sans l'intervention de Lancegourdin. La structure
appelle à cette cohésion sociale, à cette unité qui
conduit à la victoire. Le conte prend fin par cette interrogation :
« Là-dessus, ils se demandent qui est le plus puissant ? »
Les quatre enfants veulent savoir qui parmi eux a sauvé la vie de
leur mère. Bien malin celui qui pourra en désigner un. Tout choix
se verra contredit car l'un ne sert à rien sans l'autre.
Le choix aussi des personnages interpelle l'attention. La
mère peut avoir plusieurs significations. Elle est ici
un symbole. Et « Le symbole donne à penser : cette sentence qui
m'enchante dit deux choses; le symbole donne; je ne pose pas le sens c'est lui
qui donne le sens; mais ce qu'il donne, c'est à penser, de quoi
penseri nous dit Paul RICOEUR116. La
mère, en plus de renvoyer à une personne humaine
physique, peut également représenter un pays, un village, une
cause, une terre, une patrie, etc. Elle peut être toute chose qui a
besoin de l'implication de tout le monde pour réussir. Un pays ne peut
être bâti que par toutes ses filles et tous ses fils. Si une partie
de sa population est écartée, le pays ne peut jamais être
bien construit. De même une cause n'aboutit que si elle est soutenue par
plusieurs personnes à défaut de tout le monde. Ainsi de suite. Si
la mère est un pays ou un continent les quatre enfants
sont le peuple qui habite ce continent, ce pays, ce village, cette ville. Ils
représentent chaque maillon de la société, chaque ethnie,
chaque croyance, chaque tendance. C'est tout ce qui permet de sauver la
mère. C'est ensemble que chaque peuple construit son
pays. Ensemble ils diagnostiquent, recherchent des solutions, appliquent ces
solutions, et développent le pays. L'aigle peut aussi
avoir plusieurs interprétations. Dans le cas d'un pays, il
représente tout frein au développement. En politique, l'aigle
pourrait être l'opposition. Dans une famille, il peut être tout
problème, toute difficulté qui éprouve le quotidien de la
famille et l'empêche d'accéder à la
prospérité. L'aigle, tout comme la mère ou les quatre
enfants, peut avoir une large interprétation. L'aigle,
symbole de force agressive ou offensive, d'obstacle, d'ennemi, donc de
difficulté empêche, obstrue ou agresse.
116 Paul RICOEUR, Le symbole donne à penser,
Esprit, 27/7-8, 1959.
D'ailleurs le schéma actanciel inspiré de Greimas
du conte ne laisse nul doute. Nous pouvons ainsi schématiser les actions
des actants:
Destinateur Volonté ou
nécessité de retrouver la mère
|
|
|
|
Objet La mère
|
|
Destinataire
Les quatre enfants et la
mère
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Adjuvant Les quatre enfants aidés
par leurs dons
|
|
Sujet Les quatre enfants
|
|
Opposant L'aigle
|
Figure 2 : Schéma actanciel du conte
n°11 selon le modèle de Greimas
La lecture de ce schéma nous apprend que les quatre
enfants sont tous à la fois héros (sujet) et adjuvant.
C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire qui a retrouvé l'objet de la
quête : la mère. Ils l'ont fait ensemble pour le bien de la
mère mais aussi dans leur propre intérêt.
Cela confère à la dernière phrase, la
représentation de l'égoïsme ou l'égocentrisme qui
anime les hommes. Au lieu de convenir qu'ils ont réussi ensemble, ils
perdent leur temps en cherchant à savoir qui des quatre a sauvé
la mère. Les personnages prennent ainsi l'allure des politiciens, de ces
enfants, de ces alliés, qui n'arrivent toujours pas à comprendre
que c'est unis qu'ils sont plus forts, qui n'arrivent pas à comprendre
qu'ils sont complémentaires, qu'ils sont interdépendants.
3.4.2 La force entre justice et injustice
Si l'unité et la cohésion sociale sont
encouragées dans la société Lokpa, l'injustice, elle, est
combattue, découragée. Elle se présente sous plusieurs
aspects dans les contes Lokpa. C'est soit l'abus du pouvoir par la force,
l'abus par l'usage abusif de la ruse à des fins malsaines :
dépouiller l'autre de ses biens, priver une personne de sa
liberté, arracher à une personne quelque chose ou quelqu'un qui
lui est cher, etc. L'injustice se présente aussi sous la forme de
l'ingratitude. Mais allons aborder celle-ci dans une étude distincte car
elle constitue aussi un volet très vaste dans l'éducation chez
les Lokpa.
L'homme est mauvais ! Ce n'est pas nous qui le disons, c'est
une philosophie très vaste qui le soutient. Thomas Hobbes a dit que
« L'homme est un loup pour l'homme ». Cette philosophie, les
Lokpa semblent, en tout cas, la partager. Ils mettent en garde contre cette
nature de l'être humain qui le pousse à faire le mal à son
prochain. Mais le conte Lokpa transcende cette vision fataliste de la
destinée humaine de Hobbes, et épouse dans une certaine mesure
l'idéologie plus assouplie de Jean-Jacques Rousseau,
pour qui l'homme naît bon, mais que c'est la société qui le
corrompt : « Qu'il sache que l'homme est naturellement bon, qu'il le
sente, qu'il juge de son prochain par lui-même ; mais, qu'il voie comment
la société déprave et pervertit les hommes ; qu'il trouve
dans leurs préjugés la source de tous leurs vices ; qu'il soit
porté à estimer chaque individu, mais qu'il méprise la
multitude ; qu'il voie que tous les hommes portent à peu près le
même masque, mais qu'il sache aussi qu'il y a des visages plus beaux que
le masque qui les couvre117j C'est pour que l'homme ne soit
plus la victime de l'homme corrompu par la société, et aussi pour
que l'homme déjà corrompu revienne sur le droit chemin, que le
conte Lokpa enseigne non seulement la vertu, mais aussi les moyens pour vivre
dans une société où déjà existent les
personnes de mauvaise foi.
Le conte n°1 de notre corpus fait une revue sommaire des
injustices et des injustes dont regorgent nos sociétés. Ce conte,
dont nous avons déjà montré la structure (voir pages 35
à 37) explore le quotidien des hommes et essaie d'aborder les
différents aspects de la vie, et surtout les différentes formes
d'injustice. Comme dans une course aux relais, les personnages apparaissent,
jouent leur rôle, passent le relais à un nouveau personnage, puis
disparaissent. Le nouveau personnage passera le relais à son tour et
disparaîtra. Il réussit cette performance grâce à
cette constitution de type complexe. Le conteur nous met face à face
avec certaines injustices présentes dans notre quotidien et certains
injustes également.
La première injustice se révèle d'abord
sous sa forme la plus intime : les sentiments, la tristesse. Elle est l'usage
excessif de la force dont nous avions parlé plus haut. Ici le Peul
pleure sa femme, la femme de sa vie, celle qu'il aime le plus. Et pour cause
celle-ci l'a quitté pour un autre homme. Autrement dit, un autre homme
la lui a arrachée, contre son gré, car plus fort que lui. La
force est dans ce cas une meilleure situation sociale, un plus bel attrait
physique etc. L'injustice se traduit par le fait que cet homme arrache sa femme
au Peul. Pour celui qui ne connaît pas la culture Lokpa, en particulier
et africaine, en général, c'est une chose qu'on a du mal à
comprendre. Comment comprendre, en effet, qu'un autre homme arrache la femme
d'un autre homme ? Comment est ce que celle-ci a pu quitter ainsi son mari ? Et
le mariage dans tout ceci ? Il faut connaître notre société
pour comprendre cela. En effet, tout comme l'homme peut répudier sa
femme, la femme Lokpa peut aussi quitter son mari, si elle rencontre un autre
qui lui plait beaucoup plus. Le mariage est certes sacré, mais il est
encore traditionnel, non officiel, donc sans aucune base légale
contraignante. Ce qui permet, et à l'homme, et à la femme, de
rompre à tout moment leur union. Ce qui permet aussi aux hommes et aux
femmes, non seulement de tromper leur conjoint, mais de le quitter.
117 Jean-Jacques ROUSSEAU, Émile ou de
l'éducation, Garnier-Flammarion, Paris, 1966, p.308.
Ainsi ne doit-on pas s'étonner de la formulation du
problème dans notre conte. L'injustice est ici sentimentale. Elle sera
vite réparée. Car les injustes sont et doivent être
toujours punis pour le mal qu'ils causent aux autres. Dans cette
séquence ascendante, la tortue est celle qui répare le mal. Le
moyen utilisé pour cette réparation peut paraître stupide,
voire grossier. Le moyen, dans le conte, est le pet. Le pet fait certes partie
des ingrédients au ton comique que le conteur voudrait donner à
son histoire. Mais dans le déroulement de l'intrigue, c'est lui que les
tortues ont utilisé comme arme, comme piège pour opposer l'homme
et la femme infidèles. Le choix du pet n'est pas du tout gratuit. Le pet
en public est une honte. Les parents ne pètent jamais en présence
de leur progéniture. De même les hommes et les femmes
évitent de le faire en présence de leurs conjoints ou en
présence d'autres personnes. Le pet est donc un symbole de honte, de
souillure. Dans certaines religions, l'Islam en l'occurrence, le pet
détruit une ablution. Non seulement, il attire l'attention par le bruit
qu'il émet, mais aussi dérange par l'odeur nauséabonde qui
s'en suit. Le pet est très souvent la cause des querelles. Dans le conte
n°1, il intervient à un moment crucial, le « moment
où ça allait prendre ». Il faut comprendre par
là le moment le plus intense de l'acte sexuel. C'est de cela qu'il
s'agit ici. C'est à ce moment qu'intervient le pet de la tortue qui
pousse les deux conjoints à s'accuser mutuellement.
Le choix de la tortue est aussi intentionnel. On pourrait,
selon le mot de PAULME, la désigner sous le nom de décepteur.
Un décepteur qui agit pour le compte du Peul « pour
recevoir une récompense118. » La tortue est connue
pour ses pets, des pets dont l'odeur peut se répandre à des
dizaines de mètres aux alentours. Le pet est donc le piège qui
accompagne la ruse employée consciemment par les tortues pour venger le
Peul.
Cette séquence nous apprend deux choses essentielles :
d'abord le respect de la parole donnée qui se manifeste à travers
le comportement du Peul qui a, comme promis, remis le plus grand boeuf de son
troupeau aux tortues. Puis il prône l'usage de la ruse contre celle de la
force pour régler une situation. Cette ruse peut être de toute
nature, pourvue qu'elle permette de régler ou de sortir d'une
situation.
La première injustice réparée, le conteur
nous met face à une autre. Le lièvre, décepteur dans cette
séquence, use de ruse pour avoir plus de viande que les tortues. Les
tortues s'y opposent fermement et ainsi font échouer le plan du
lièvre décepteur. Mais le lièvre, rusé comme il
est, ne se laisse pas si facilement vaincre, il use à nouveau de ruse en
proposant de ramener la marmite du roi mais avec les plus beaux morceaux de
viande. Proposition que les tortues
118 Claude BREMOND. Principes d'un index des ruses, Cahiers
d'études africaines. Vol. 15 N°60. 1975. pp. 601-618.
acceptent. Comment pouvaient-elles de toute façon
refuser, il s'agit bien sûr du roi ! Mais le lièvre n'a rien
apporté au roi. Il a tout simplement mangé toute la viande,
réussissant ainsi à manger plus de viande que les tortues.
Le conteur à travers le lièvre,
décepteur, peint ainsi la société des hommes. Tout comme
le lièvre, il existe des hommes, égoïstes, avares qui
veulent tout pour eux et rien pour les autres. Le conte met donc en garde
contre cette catégorie de personnes. Si les tortues, la dupe
selon Claude BREMOND, ont très vite compris et ont vite réagi
face au piège à elles tendu par le lièvre,
l'égoïste, elles n'ont pu anticiper sur la deuxième ruse et
sont tombés dans le piège. Le conteur montre comment opère
l'égoïste. Il nous permet de nous servir de ceci pour savoir
réagir aux mêmes situations. Si la ruse a été dans
la dernière séquence un moyen de défense, un moyen pour
rendre justice, elle est ici utilisée pour causer une injustice. Mais
cette injustice sera réparée car le lièvre subit un
châtiment. C'est une façon pour le conteur de nous rappeler que
tout injuste sera tôt ou tard puni, rattrapé par les
conséquences de son injustice. Ainsi chez les Lokpa, l'on croit
fermement qu'une injustice qui n'a pas pu être réparée par
les hommes, Dieu la répare. C'est de cette façon que nous
interprétons le châtiment subi par le lièvre. Sinon comment
expliquer qu'il fasse tomber la marmite et la brise ? Pour porter
préjudice aux tortues nous dira-t-on. Mais à quelles fins ?
Comment expliquer l'arrivée des femmes du roi en ce moment ? N'est-ce
pas pour empêcher le méchant lièvre de porter
préjudice aux innocentes tortues. N'est-ce pas l'intervention de Dieu
que le conteur a voulu nous montrer ? Dieu qui venge les innocents ! En tout
cas, nous retenons que l'injustice d'une façon ou d'une autre est
vengée, réparée. Selon la morale, les méchants sont
punis pour leur méchanceté. Le lièvre, ayant usé de
ruse pour abuser des tortues sera puni à son tour par les femmes du roi.
Ceci est une invitation implicite au non usage de la ruse à des fins
malsaines. La troisième séquence nous montre l'abus de la force.
Le singe, symbole de violence, de la force gratuite, est mis face à
Acì, le lièvre, redoutable décepteur. Dans cette
séquence, le lièvre est fragile face à un singe
surexcité et autoritaire. L'injuste dans cette situation c'est le singe,
qui dérange par son comportement. Le singe est la représentation
de ceux qui arrachent, de ceux qui prennent sans demande, des puissants. Face
à cette espèce, le conteur recommande la prudence. Il conseille
d'opposer la force à l'intelligence. Face à plus fort que soi, il
ne sert à rien de lui opposer ce qu'il a plus que toi : la force. Mais
ce qui est important pour qu'une ruse marche, c'est de trouver le point faible
de la dupe, de l'adversaire. Le lièvre, ou plutôt le conteur, sait
que le singe ne résiste pas aux femmes. Dans la communauté Lokpa
toutes sortes d'histoires sont racontées à propos de la
voracité, de la gloutonnerie sexuelle du singe. Le lièvre sait
que le singe ne peut être appâté que par ce qu'il aime le
plus : les femmes.
Ainsi répond-il à la question «
Acì que fais-tu ici ? » du singe, « Il dit au singe
que les femmes du roi l'ont attaché ici pour qu'il couche avec
elles quand elles reviennent du marché. En contrepartie, elles lui
donneront des cadeaux119i Le singe se montre violent, et
ordonne au lièvre de lui céder sa place, exactement selon le plan
du lièvre. La personnalité du singe ne fait pas de lui une
victime mais un glouton sexuel, un obsédé de sexe à punir.
C'est pour cela qu'il tombe très vite dans le piège d'Acì,
le lièvre. Dans la vie réelle, c'est aussi un comportement qui
est aussi puni. Le châtiment du singe invite les hommes à mettre
un frein à leurs ardeurs, et à mieux se contrôler s'ils ne
veulent pas être victimes de leur avidité sexuelle comme le singe
qui sera battu presqu'à mort.
Le singe, toujours symbole de la force gratuite, veut abuser
de la tortue dans la quatrième séquence. L'injustice est ici
flagrante, inhumaine, hors des normes de l'injuste. Le conteur montre ici de
quoi sont capables les puissants. Le singe demande à la tortue de
chercher du feu qui servira à la rôtir. Cette séquence
dépeint le pouvoir absolu, le pouvoir des puissants sur les faibles.
Mais si dans les autres séquences la ruse a suffi pour vaincre la force,
dans cette séquence, la ruse n'arrive pas toute seule. Il y a ici
l'intervention d'un justicier. Le justicier, qui malgré sa force,
n'abuse pas, mais utilise celle-ci pour défendre les faibles. Le
justicier dans cette séquence, c'est le chien. C'est lui qui vient au
secours des faibles, dont la tortue est, dans ce cas, le symbole.
Le chien est le compagnon de l'homme. C'est un animal dont le
choix n'est pas le fait du hasard. Le chien est l'ennemi juré du singe.
Dans toutes les histoires où le chien et le singe sont personnages, ils
sont presque toujours ennemis. Le singe jouant le rôle du méchant,
le chien celui du justicier masqué. Dans cette séquence
d'ailleurs, c'est sous le masque d'un cadavre de chien qu'il est livré
au singe pour détourner son attention.
Cette séquence montre ainsi la jonction de la force et
de la ruse au service de la justice et contre l'injustice. Le conteur nous
apprend alors à nous défendre contre la force absolue en nous
faisant aider par un allié. Quand la ruse à elle seule ne nous
sauve pas, il faut alors que nous nous fassions aider par plus fort que notre
adversaire. La force n'est donc ainsi toujours symbole d'injustice, aussi
parfois elle peut rendre justice. Tout ceci dépend de comment elle est
utilisée.
Mais lorsqu'on est en face de plus fort que soi et qu'on ne
peut avoir l'aide de celui qui est plus fort que son rival, la sagesse nous
enseigne alors la ruse. La dernière séquence nous le rappelle. Le
singe ne répondant que par la force, le chien ayant combattu le singe
par la force, se ravisent face à l'hyène qui est plus forte que
tous deux. Le conteur nous a appris qu'il faut
119 Conte n°1, Syntagmes 93 et 95
opposer la ruse à la force, dans cette dernière
séquence, il nous apprend en plus qu'il faut aussi opposer la ruse
à la ruse face à un adversaire redoutable, plus fort que soi et
aussi rusé. Jésus Christ n'a-t-il pas
répondu«Rendez donc à César ce qui appartient
à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu»
quand on lui a tendu un piège à travers la question
«Est-il permis, ou pas permis, de payer le tribut à
César?120», évitant ainsi de tomber dans le
jeu de ses ennemis ? Le singe et le chien, face à l'hyène ont
tous deux usé de ruse. Le singe, le premier, tend un piège au
chien. Il prétend que le chien peut réparer la meule de
l'hyène qu'ils ont brisée. Dans cette situation, le chien n'a
d'autre choix que d'user aussi de ruse. Mais pour réussir, il faut jouer
le jeu du singe pour ne pas éveiller l'attention de l'hyène car
sa vie en dépend. Une contre-ruse est donc nécessaire. Mais elle
doit suivre la logique déjà entamée par le singe. C'est
pourquoi le chien propose pour coller la meule le miel et la peau d'un singe.
Il laisse ainsi le choix à l'hyène de trouver le miel et la peau
de singe. La ruse du singe est retournée contre lui. Ce faisant, le
conteur venge la tortue, sauve l'innocent, le chien et punit le méchant,
le singe, éloigne le mal, l'hyène et le singe vont en forêt
et ne reviennent plus dans la civilisation.
Le conte nous donne ainsi les astuces pour vivre en
société. Ses enseignements n'ont pas toujours un trait moral, du
moins la morale telle que la définissent les religions modernes (Islam
et Christianisme). Il prône une philosophie où le méchant
est puni, où l'injustice est réparée. Et tous les moyens
sont bons pour arriver à cette fin.
Récapitulons dans un tableau les différents moyens
utilisés pour chaque situation donnée :
Situations données
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Adversaire est
plus fort
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Adversaire est
plus fort
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Adversaire est rusé
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Adversaire est Fort et rusé
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Moyens utilisés
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Ruse
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Ruse + force
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Ruse
|
Ruse
|
Tableau 1 : Tableau des ruses et des conditions
de leur application
Le tableau nous montre clairement que le conteur nous enseigne
qu'il ne faut pas répondre à la force par la force. Il opte pour
l'intelligence pour répondre à la force brute. La ruse
étant la manifestation de l'intelligence, le conteur
préfère l'usage de la ruse à la force. Mais la force peut
par moments accompagner la ruse, mais jamais elle n'est utilisée toute
seule. Tous ceux qui utilisent uniquement la force, comme réponse
à la force ou à une ruse, ont très peu de chance de
réussir
120 La Sainte Bible, Mathieu 22, 17
2.4.3 Le respect des anciens
Le respect est un « sentiment qui porte à
accorder à quelqu'un une considération admirative, en raison de
la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec
réserve et retenue, par une contrainte acceptée121.
» Celui à qui la considération est accordée,
c'est l'ancien. Par ancien, il faut entendre personne âgée. Le
respect envers les personnes âgées est une obligation, un devoir
dans la communauté Lokpa où l'âge joue un rôle
très important. Ce respect passe par la prise en considération de
conseils, de l'avis des personnes âgées car ils jouissent de
l'expérience acquise au fil des années passées sur terre.
D'ailleurs « En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une
bibliothèque qui brûle122. » nous dit Amadou
Hampâté Bâ. Garants des traditions, donc de la
mémoire des peuples, les personnes âgées
bénéficient ainsi du prestige que leur offrent leurs âges
avancés. C'est un phénomène qu'on observe dans presque
toutes les sociétés du monde, mais surtout en Afrique.
L'âge loin d'être un handicap devient ainsi un atout, un atout pour
prendre la parole, un atout pour parler des problèmes du village ou de
la communauté, un atout car on a assez vécu et assez vu pour
raconter aux autres. Le thème du respect des anciens a été
un thème crucial dans la littérature africaine écrite.
C'est un sujet qui est assez vaste, car les anciens, il y en a partout : dans
le vécu quotidien, dans la vie économique et en politique.
« Plus précisément, la politique, au sens de Politeia,
renvoie à la constitution et concerne donc la structure et le
fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d'une
communauté, d'une société, d'un groupe social. La
politique porte sur les actions, l'équilibre, le développement
interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses
rapports à d'autres ensembles. La politique est donc principalement ce
qui a trait au collectif, à une somme d'individualités et/ou de
multiplicités. C'est dans cette optique que les études politiques
ou la science politique s'élargissent à tous les domaines d'une
société123. » Les personnes
âgées sont priées à jouer un rôle capital dans
la gestion des affaires de leur village, symbole d'une patrie. Ecarter les
anciens mène à une mauvaise gestion, à une
déstabilisation de l'équilibre social car « c'est au
bout de la vieille corde qu'on tisse la nouvelle124. »
Deux contes du corpus abordent ce sujet : le conte n°2 et le conte
n°7.
Le conte n°2 intitulé "L'aventurier" traite du
thème sous la forme de la considération des conseils
prodigués par les anciens. Pour mieux voir comment le thème y est
traité, voyons
121 Dictionnaire Le Grand Robert de la langue
française, consulté sur le site :
http://gr.bvdep.com/version1/gr.asp
le 08/03/2011
122
http://fr.wikipedia.org/wiki/Amadou_Hamp%C3%A2t%C3%A9_B%C3%A2
123 Wikipédia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique.
Consulté le 09/03/2011
124 Ahmadou KOUROUMA, En attendant le vote des bêtes
sauvages, p21
d'abord comment se présente la structure du conte. La
structure ne peut pas tout dire sur le conte, nous prévient Claude
LEVI-STRAUSS125 en ces termes : « En matière de
tradition orale, la morphologie est stérile, à moins que
l'observation ethnologique, directe ou indirecte, ne vienne la féconder
». Néanmoins elle constitue un premier pas dans la
compréhension du conte. Le conte n°2 est un conte de type cyclique.
C'est-à-dire :
- Manque = le jeune a une femme enceinte et manque de moyens
pour subvenir aux
besoins de sa petite famille
- Amélioration = il part en exode pour combler ce
manque.
- Manque comblé = il trouve du travail et gagne
après beaucoup d'effort trois chameaux.
- Détérioration = alors qu'il rentre, il rencontre
un vieillard avec qui il échange ses trois chameaux contre trois
conseils.
- Nouveau manque = le jeune homme a donné ses trois
chameaux et rentre les mains vides comme il était parti.
- Amélioration = il rencontre des Peuls, applique les
deux premiers conseils du vieillard et évite la morsure du serpent qui
tue le Peul, et la noyade qui emporte la femme du Peul.
- Manque comblé = il hérite du bétail et
de l'argent du Peul. Il rentre applique le troisième conseil en restant
calme puis découvre que le jeune homme qu'il croyait être l'amant
de sa femme était en réalité son fils.
Comme pour donner raison à Claude LEVI-STRAUSS, cette
structure que nous venons de dresser ne nous apprend pas grand-chose sinon que
le héros est rentré chez lui après de rudes
épreuves surmontées. Où se situe le respect aux personnes
âgées ? Que nous permet-il de déterminer l'importance des
conseils des anciens ? Pour répondre à ces questions retournons
au texte. Essayons de voir et de comprendre les actions des actants, des
personnages ou protagonistes du conte.
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74
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Destinateur Jeune homme
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Objet
La richesse pour sa famille
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Destinataire
Le jeune homme et sa famille
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Adjuvant Le vieillard
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Sujet Le jeune homme
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Opposant Le serpent, le fleuve
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Figure 3 : Schéma actanciel du conte
n°2 selon le modèle de Greimas
Le schéma parait ambigu. Si le Destinataire,
le Destinateur, l'objet, le sujet sont sans
polémique, l'adjuvant et l'opposant semblent
prêter à confusion. Pourquoi le serpent et le fleuve ne sont-ils
pas adjuvant, bien que l'un et l'autre d'une manière ou d'dune
autre ont servi le héros. Le serpent n'a-t-il pas mordu et tué le
Peul ? Le fleuve n'a-t-il pas emporté la femme du Peul ? Ces deux
évènements n'ont-ils pas fait du jeune homme l'héritier
des richesses du couple peul ? La réponse est oui. Mais pourquoi ne pas
alors les classer comme étant adjuvant dans le schéma
actanciel du conte? De même le vieillard aussi méritait
d'être classé comme opposant. N'a-t-il pas pris au héros
les trois chameaux acquis après des années de rudes efforts
contre trois conseils qui apparemment n'aideront le jeune à rien
résoudre dans sa famille ?
La raison est toute simple : le serpent et le fleuve n'ont pas
aidé le héros. Ce qui en réalité a aidé le
héros, ce sont les conseils du vieillard. Ces conseils ont permis au
héros d'éviter le danger. Serait-il resté à l'ombre
pour boire, il aurait été mordu par le serpent. Aurait-il
traversé la rivière avant la femme Peul, il se serait
noyé. Le fleuve, tout comme le serpent n'allait pas faire de
distinction. Ce sont les conseils, donc le vieillard, qui lui ont rendu la vie
sauve.
Le héros a eu ces conseils grâce à son
comportement exemplaire: son obéissance, sa gentillesse, sa
considération pour les personnes âgées. Il a pu montrer son
respect envers les personnes âgées en donnant, contre les
conseils, ses trois chameaux, le fruit des années de labeur.
L'épreuve pour parler comme Propp en vue de l'obtention de
l'auxiliaire magique (les trois conseils) a été cruelle,
illogique. Comment donner chameau pour un conseil ? En plus des conseils pour
quoi faire ? D'ailleurs n'a-t-il pas pensé « Quelles sortes de
conseils celui-ci
veut me donner126? » Et pourtant il
donne ses trois chameaux. Cette épreuve, très peu sont
ceux qui la réussiraient. Qui serait prêt à jeter toute sa
vie par la fenêtre pour un conseil, aussi précieux soit-il ? Seule
la foi en quelqu'un ou en quelque chose pousserait à faire ce sacrifice.
Le héros a été éprouvé, testé. Et il
a réussi l'épreuve. Il a perdu trois chameaux et il a
gagné un troupeau de boeufs et beaucoup d'argent. A travers
l'épreuve puis le résultat des trois conseils, le
conteur confirme juste qu'un vieillard assis voit plus loin qu'un jeune homme
perché au sommet d'un arbre.
Le vieillard ne peut donc pas être opposant car les
trois chameaux qu'il a pris au jeune participent à la logique de
l'épreuve en vue d'obtenir l'auxiliaire magique,
c'est-à-dire, les trois conseils : « Si tu veux te reposer, ne
te repose pas à l'ombre, reposes-toi au soleil. Si tu vois un fleuve, ne
le traverse pas. Laisse des gens le faire, puis traverse. Si tu retrouves un
problème à la maison, ne pose pas de questions. Si tu y restes,
tu comprendras. » Ces trois conseils et les trois situations
répondant à ces conseils rencontrées par le héros
donne au vieillard une personnalité sacrée. Il se comporte ici
comme un devin, comme Dieu lui-même qui a le contrôle sur toutes
les actions humaines. Son apparition dans le conte laisse croire qu'il peut
aussi s'agir d'un génie, d'un ange, d'un diable. Car les Lokpa, comme la
plupart des peuples d'Afrique, croient à l'intervention des êtres
surnaturels dans le vécu quotidien des hommes. Et ces êtres d'un
autre monde viennent dans notre société, déguisés
en vieillard ou en personnes marginales, pour nous éprouver, donner leur
aide à ceux d'entre nous qui la méritent, et punir ceux qui sont
passibles d'être punis : les méchants, les impolis, les injustes,
les égoïstes, les orgueilleux etc.
Les trois conseils ont aidé le héros. S'il avait
refusé d'écouter le vieillard, il aurait échappé
à la morsure du serpent, mais aurait-il pu échapper à la
noyade ? Aurait-il pu éviter une dispute inutile entre lui et sa femme
à propos de son propre enfant qu'il croyait être l'amant de sa
femme ? Aurait-il pu éviter ce scandale ? Il est difficile de
répondre par l'affirmative. Mais les indices montrent que nous pourrions
répondre négativement à ces questions. Le vieillard a par
ses conseils aidé et sauvé la vie du jeune homme. C'est ce que le
conteur a bien voulu montrer. L'importance, la nécessité
d'écouter et de prendre en considération les conseils et les
remarques des ainés, est ainsi démontrée.
Le premier conte a placé le vieillard dans la
société en tant que guide, conseiller et a insisté sur les
relations interhumaines. Le second place la question du vieillard dans la
gestion des affaires de la cité donc en politique. Ce conte fait la
promotion du respect des ainés mais en même temps fait la satire
des démagogues politiques.
126 Corpus, conte n°2, syntagme 18
En effet, la politique démagogique a toujours eu pour
premier pas le renversement de tous les anciens, qui pourraient avoir une
idée critique grâce à l'expérience accumulée
pendant des années. Les anciens ou la vielle classe, posent toujours
problème au démagogue. Le premier geste, le premier
réflexe du démagogue est donc d'anéantir, de rendre sous
silence cette classe pour pouvoir asseoir son autorité. Le conteur nous
met donc en garde contre tout changement qui fait table rase du passé.
Il nous déconseille le tissage d'une nouvelle corde qui ne prend pas
appui sur l'ancienne. Prendre appui ne veut pas dire répéter les
mêmes erreurs que celles qui ont empêché l'ancienne corde de
résister, mais plutôt de bien prendre en considération ces
erreurs et de les corriger pour avoir une corde de meilleure résistante,
de qualité supérieure. Le seul qui peut faire échec au
plan démagogique d'un dictateur, c'est donc le sage, dont la vieille
génération en est la représentation.
Le conteur met dans ce conte, comme dans une pièce de
théâtre, un démagogue en scène. Sa démagogie
échoue grâce à un ancien, ou plutôt grâce aux
conseils de l'ancien. Voyons comment le conteur s'y prend pour montrer
l'importance des anciens.
Le roi veut s'assurer le pouvoir absolu. Pour y parvenir il
faut se débarrasser des vieux. Cette volonté, nous pouvons ainsi
schématiser : Pouvoir absolu du roi = Village sans anciens. Mais ce but
ne sera pas atteint grâce à l'intervention d'un ancien qui
délivre ainsi la jeunesse du plan diabolique du démagogue.
L'étude du conte en deux étapes nous permettra de mieux
comprendre la stratégie du conteur.
La première étape est celle qui raconte la
stratégie du roi pour se débarrasser des sages. Elle se
présente sous la forme d'une manipulation. Pour mieux comprendre cette
partie, essayons de l'étudier en profondeur. La manipulation se
présente sous la forme d'un piège. Le piège lui-même
formulé sous la forme d'une promesse de changement du statut de la dupe,
c'est-àdire la jeunesse. Le récit du conte s'ouvre sur cette
promesse. Du syntagme 01 au syntagme 12, le roi convainc la jeunesse du fait
qu'on ne peut pas avoir de changement tant que ceux qui représentent la
négation de ce changement existent ; qu'on ne peut pas moderniser le
village, symbole de la patrie, sans faire table rase de tous les indices de la
tradition. Cette manipulation, appuyée par la promesse d'un avenir
meilleur, incite la dupe (les jeunes), les piégés, les jeunes
à tuer leurs parents.
Le syntagme 13 nous montre que le roi a atteint son objectif
puisqu'à l'unisson tous les jeunes crient : « C'est vrai. C'est
vrai. C'est vrai. C'est vrai. » Et la suite reste macabre. Voyons
ensemble comment a opéré la manipulation du despote. Greimas nous
apprend que toute manipulation appelle à l'action. L'action dans le
conte consiste pour cette jeunesse manipulée à assassiner chacun
son père. La motivation, l'envie de changement promis et l'argent
distribué par le roi sont une motivation suffisante
pour certains qui sont passés à l'acte. Mais un jeune
résiste ne pouvant tuer un père, son père à qui il
doit la vie. Il refuse de tuer malgré son désir de changement.
Mais le roi croit avoir atteint son objectif.
Schématisons cette partie par un schéma narratif
canonique pour mieux observer.
Manipulation Le piège du roi aux
jeunes, mensonges despotiques.
Compétence Envie de
changement, détermination à éliminer les anciens.
Mais devoir et envie de respecter les liens du sang.
Action Le roi veut que les jeunes
tuent les vieux pour que la jeunesse règne et développe le
village. (Pouvoir absolu =Mort des vieux)
Performance Assassinat de tous les vieux
par les jeunes. Mais un jeune épargne son père.
Sanction Leçon à la jeunesse
qui apprend qu'elle ne peut pas se passer des anciens.
Figure 4 : Schéma narratif canonique du
conte n°7 selon le modèle de Greimas
La manipulation est l'oeuvre du roi. C'est lui le
manipulateur, le commanditaire du meurtre des anciens. Le manipulateur a le
statut de destinateur dans le modèle actanciel du même auteur. Il
est aussi le seul destinataire, même s'il fait croire le contraire
à la jeunesse. Les jeunes sont les manipulés ou les
sujets manipulés. Ils ont le statut justement de sujet, de
héros destiné à accomplir l'action : tuer leurs parents.
Ils sont convaincus que le village se développera mieux sans les anciens
et que le roi veut le développement du village. A quoi renvoie cette
manipulation dans la société de nos jours ? Elle peut, en effet,
s'identifier à plusieurs faits sociaux et la figure du manipulateur ou
du celle du manipulé peut changer en fonction du fait social.
Si le manipulateur prend la figure du père d'une
famille, le manipulé est, soit les enfants à qui le manipulateur
dicte la conduite à tenir, soit la mère de famille
influencée par son époux. Les rôles dans une famille
peuvent changer où c'est l'enfant qui est manipulateur, ou la
mère. Les autres membres de la famille font ainsi office de
manipulés.
De même le manipulateur peut être, comme dans
notre conte, un acteur politique. Les manipulés seront dans ce cas les
populations, le peuple. Elle se manifestera donc, la manipulation, sous forme
de promesses au peuple pour accéder au pouvoir. Des promesses de
campagne électorales qui ne seront jamais respectées en cas de
victoire. Elle sera aussi les coups bas, l'intoxication, les accusations
fallacieuses du manipulateur à l'encontre de ses
adversaires. Le roi, dans le conte, accusant les anciens
d'être responsables du non développement usent de cette
rhétorique. Il divise pour pouvoir régner.
L'action consiste à éliminer tous les
anciens du village qui constituent, selon le démagogue, un frein pour le
règne des jeunes, et pour le développement. L'action est
l'équivalent de l'objet de la quête du héros donc des
jeunes. Les jeunes assassinent leurs parents car le manipulateur les en a
convaincus.
Par compétence, il faut lire cette soif de
changement, cette envie de prendre enfin le pouvoir chez les jeunes. Une prise
de pouvoir qui ne saurait se faire avec les anciens. Les traditions sont ici
ainsi directement critiquées condamnées. Tuer les vieux, c'est
aussi se débarrasser des jougs de la tradition, qui dans certaines
cultures, surtout en Afrique, n'offrent pas assez de chances aux jeunes. Le
manipulateur attise et réveille cette flamme dormante, cette
volonté de s'épanouir, de changer les choses quitte à tuer
ses propres parents, quitte à passer à l'action. La
compétence pose pourtant une question : les jeunes sont-ils capables de
tuer leurs parents ? En ont-ils les moyens (capacité) ? La
réponse à cette question vient de la performance.
La performance se traduit par l'assassinat effectif
de tous les vieillards par les jeunes guidés par leur soif de
changement. Mais comme pour nous apprendre que les liens de sang sont de loin
supérieurs à toute soif de changement, un jeune épargne
son père. Un acte que le conteur a voulu pour la suite du conte
certainement car la sanction a été sévère.
La sanction, rétribution, récompense
après services rendus, n'a pas été le changement
souhaité. Elle se traduit par la désillusion et la trahison, qui
sont très flagrantes. Au lieu que le pouvoir revienne à la
jeunesse, le roi le garde pour lui tout seul. La sanction est la
représentation de l'illusion de la jeunesse, du peuple, bref des
manipulés. C'est l'instant où la démagogie est
découverte. Mais c'est le moment où les manipulés sont
punis pour leur aveuglement, pour leur naïveté ; l'instant de la
mise à nu du piège ; le moment du traditionnel "si je savais". La
sanction se traduit dans le conte par l'épreuve absurde, symbole du
pouvoir absolu, qui consiste à « tresser un panier servant
à puiser l'eau ». Cette épreuve ouvre la voie à
la sanction. Celle-ci, la sanction, s'étend de cette épreuve
jusqu'à la fin du conte (syntagme 38 à 66). Elle donne l'occasion
à la jeunesse de comprendre l'utilité des ainés. C'est
cette épreuve qui a permis aux manipulés de comprendre où
les menait le roi.
C'est pour dénouer cette épreuve absurde, pour
laquelle les jeunes semblent incapables de donner une réponse
adéquate, que le seul vieux, adversaire du roi dans sa chasse au pouvoir
absolu, sage et grenier d'expériences utiles pour le village, intervient
pour délivrer les jeunes du joug du manipulateur. Présenté
comme obstacle au développement, le vieux devient une source importante
indispensable à l'épanouissement des jeunes, à la
libération des jeunes.
La figure de la personne âgée dans le conte prend
ainsi des interprétations diverses. Au-delà de cette personne
physique, réelle, vivante, concrète dans la
société, la figure de la personne âgée peut aussi
être interprétée comme la manifestation de la conscience du
peuple, la flamme de sagesse sans laquelle toute société court
à sa propre perte. Ce faisant, le conteur nous rappelle la
sacralité de la personne âgée.
Le personnage de la personne âgée joue le
rôle d'adjuvant comme dans le conte précédent si nous
considérons la jeunesse comme sujet, héros. Il ne prend pas le
devant des choses. Mais il est la source de sagesse, du savoir qui permet la
mise en oeuvre d'un bon développement, d'une bonne société
débarrassée de ses tars dont le roi est ici le symbole, la
représentation et au-delà de la représentation, la
manifestation. L'intervention du vieux personnage a permis à la jeunesse
de déjouer le piège du roi. Cette intervention permet aux jeunes
de faire échec à la manipulation du roi.
Les jeunes qui ont tué leurs parents
représentent cette société vulnérable, car elle est
sans repères, sans exemples. La preuve, tous ont cru à cette
folie du roi et ont tressé un panier.
Le roi à qui nous avons tout le long de notre
développent attribué le rôle de bourreau, de la tyrannie a
aussi par son action permis aux jeunes d'apprendre qu'ils ne peuvent pas
construire leur pays sans les anciens. Rappelons que le roi a appris, certes
sans le vouloir et sans l'avoir prévue, cette leçon pour la vie
aux jeunes.
2.4.4 La satire de la paresse
La paresse est, selon le dictionnaire de l'Académie
française, une « disposition qui porte à éviter
l'effort, le travail, à négliger de remplir ses obligations,
à se complaire dans l'oisiveté. » Elle est la
risée de beaucoup de critique dans toutes les sociétés du
monde. Elle serait aussi l'un des péchés capitaux selon la
croyance chrétienne.
Chez les Lokpa, elle est aussi critiquée, combattue
chez l'être humain. Elle est décrite comme handicap au
développement personnel et aussi collectif, c'est-à-dire d'une
communauté, d'un pays, voire d'un continent. D'ailleurs pour introduire
le conte n°9 qui traite de la paresse, le conteur nous prévient :
« Tu écoutes, le paresseux, celui qu'on appelle paresseux,
toutes ses rétributions et ses difficultés. Aujourd'hui, tu vas
entendre d'où cela vient. » (Syntagmes 1 et 2). La paresse
représenterait ainsi un danger pour le paresseux. C'est en tout cas ce
que s'est évertué le conteur à nous démontrer.
Cette phrase introduisant le conte lui confère l'allure
d'une argumentation. Le conteur prévient, à la manière
de Jean de la Fontaine qui disait : « La raison du plus fort est
toujours
la meilleure : Nous l'allons montrer tout à
l'heure127 » en introduction à sa fable "Le Loup et
l'Agneau", ce qu'il se prépare à faire : montrer les
rétributions et les difficultés du paresseux. En clair, le
conteur tente de convaincre l'auditoire que la paresse n'est pas une bonne
chose par des exemples. La paresse est l'un des fléaux qui peuplent la
société Lokpa et contre laquelle l'on met en garde. Elle est la
source du non développement des sociétés, du non
épanouissement des peuples.
La paresse est une disposition de l'esprit qui nous encourage
à ne rien faire. C'est du moins la parodie que nous pouvons faire de la
définition du dictionnaire de l'Académie française. Cette
disposition de l'esprit pourrait donc être interprétée
comme un arrangement ou une distribution selon un certain ordre provenant du
Créateur de l'homme, c'est-à-dire Dieu. Mais le conte nous
révèle que ce n'est pas Dieu qui nous a rendus paresseux, mais
plutôt Dieu a subi cette paresse alors qu'il créait les
êtres vivants. La paresse résiderait ainsi en nous. Le crabe nous
en a fait la démonstration car il refuse à cause de sa paresse
d'aller se faire construire. La paresse est donc aussi vieille que l'univers.
Elle existe en nous, vit en nous, se développe en nous. C'est pourquoi
le conteur nous met en garde. La question à la quelle il faut nous
répondre, c'est de savoir : comment le conteur traite le thème de
paresse dans ce conte ? Comment s'y prend-il pour nous prévenir des
risques que nous encourons à être paresseux ? Pour répondre
à cette question, nous allons aborder le conte en plusieurs
étapes. Il faut, pour commencer, comprendre le sens symbolique des
personnages utilisés par le conteur. Le choix de ces personnages est
loin d'être un fait simple. Les deux principaux personnages sont le
crabe, personnage concret, et Dieu, personnage abstrait en tant
qu'entité non matérielle, concrète, Etre suprême,
Créateur des hommes, pour les croyants. Mais il y a aussi des
personnages secondaires. Parmi les personnages secondaires, nous pouvons
classer tous les êtres vivants qui, au même titre que le crabe, ont
été crées par Dieu. Ces personnages sont utilisés
comme des antihéros dans la situation d'un conte de type en miroir. Si
dans une situation de conte en miroir ordinaire, le héros et
l'antihéros sont les principaux personnages, dans ce conte intervient un
troisième personnage principal : Dieu. C'est ce personnage qui permet
à chaque personnage de se démarquer. Une présence qui ne
modifie pas pour autant la structure de la trame d'un conte de type en
miroir.
Commençons par le personnage Dieu. Le personnage de
Dieu a repris dans le conte le même rôle que celui à lui
conféré par les religions modernes : Islam et Christianisme pour
ne citer que ces deux religions. C'est l'image du Dieu-Créateur du ciel
et de la terre et de tout ce qui est entre les deux. Ajoutons aussi, qu'il est
le Créateur de tout ce qui existe sur terre comme
aux cieux, de tout ce qui est visible et invisible. Il est le
Tout-Puissant, l'Omniscient et l'Omnipotent. Ce sont là des croyances
que nous tirons des Ecritures Saintes, fondatrices des religions
monothéistes que nous venons de citer. Ce sont des croyances que nous
retrouvons également à travers le conte et dans la
société Lokpa. C'est d'ailleurs le rôle que Lui
confère le conteur : celui de Créateur des êtres qui
peuplent l'univers, les hommes y compris. Le personnage de Dieu est ainsi sans
ambigüité dans le conte. Il n'a pas de valeur connotative. Il est
Dieu tel qu'il est ancré dans le subconscient des croyants, en
général et surtout les religions monothéistes, en
particulier.
A côté du Créateur, nous avons les
créatures. Le crabe, contrairement à Dieu a une valeur
allégorique, une valeur connotative. Si le personnage de Dieu n'a pas
donné lieu à des interprétations, car il n'y a pas
d'autres dieux, et Dieu avec grand "D" renvoie à cette entité
dite Dieu, celui du crabe reste la clé même du conte. Prendre le
crabe seulement au sens propre du mot revient à laisser tomber
l'essentiel. Le crabe, au sens propre du mot, est un animal qui existe et qui
est bien connu dans la société Lokpa surtout pour sa chair
blanche au goût presque sucré, mais qui est objet de convoitise
pour les jeunes, les enfants, et aussi certaines personnes âgées.
Il est aussi reconnu pour être un animal particulièrement laid par
son physique. Le conteur lui-même le décrit en ces mots : «
A cause de sa paresse, il a ses yeux sur son épaule »
(Conte n°9 syntagme 88). "Il" désigne le crabe. Le
crabe est, selon le conteur, laid à cause de sa paresse. Le message du
conte se construit, de toute façon, autour de cette laideur du crabe.
Dans une autre mesure, le crabe représente
allégoriquement l'être humain paresseux, pour qui la paresse est
une tare. Elle a conduit à sa laideur. La laideur peut avoir aussi
plusieurs interprétations : elle est d'abord un échec. Echec du
crabe à se faire doter d'un corps parfait. Echec, c'est-à-dire
mauvaise récolte d'un paysan qui n'entretient pas bien son champ. Famine
pour la cigale128 qui est obligée à quémander
pour se nourrir après avoir chanté pendant toute la saison des
cultures. C'est également l'échec d'un élève ou
étudiant qui n'est pas endurant, assidu. Cet échec est à
mettre à côté du succès de l'antihéros, les
autres animaux qui sont parvenus à se faire doter chacun d'un corps
parfait par Dieu.
Pour récapituler, le conte contient trois sortes de
personnages : le héros (le crabe), l'antihéros (tous les autres
êtres vivants sauf le scorpion qui serait resté aussi chez lui
à cause de sa paresse) puis le donateur ou l'adjuvant
(Propp et Greimas), c'est-à-dire Dieu qui a permis aux êtres
vivants d'exister. Le personnage de Dieu pourrait aussi être dans ce
conte le destinateur
128 Jean de la Fontaine, Fables, Livre 1 à 6,
Larousse, Classiques Larousse
par le fait qu'il a initié de créer les êtres
vivants, et les destinataires seraient les êtres euxmêmes.
Voyons le comportement des actants à travers le
modèle actanciel de Greimas.
Destinateur
Dieu mu par la vonlonté de créer les
être vivants
Adjuvant Dieu, endurance
et assiduité chez les autres êtres vivants
Objet
Création des êtres
vivants
|
Sujet
Le crabe et les autres êtres vivants
|
Destinataire Les êtres vivants
Opposant
Paresse chez le crabe et le scorpion
|
Figure 5 : Schéma actanciel du conte
n°9 selon le modèle de Greimas
L'analyse du schéma que nous venons ainsi de dresser
nous montre que sur l'axe Adjuvant? Sujet? Opposant, Dieu aide
mais ne force pas. Il est le donateur, celui qui aide donc le
héros pour réussir sa mission. Nous voyons également
à côté de Dieu, un autre Adjuvant très important se
montre après déterminant : l'assiduité, l'endurance. C'est
elle qui permet la réussite. C'est elle qui a permis aux autres animaux
de se faire construire complètement.
Toujours sur le même axe, la paresse est l'Opposant
à la réalisation de l'oeuvre de Dieu. La paresse que nous
retrouvons chez le scorpion et le crabe.
Mais en considérant l'axe Destinateur ? Objet ?
Destinataire, il est aisé de constater que Dieu veut
créer les êtres vivants. Il est l'initiateur de la création
des êtres vivants. Mais les êtres vivants sont les
bénéficiaires de cette création. Il n'a donc aucun
intérêt à créer les hommes, car il a tout et
n'attend rien des êtres vivants.
En mettant ensemble, le premier et le deuxième axe du
schéma, apparaît clairement la leçon ou la philosophie du
conte : Dieu, malgré sa bonté et sa toute puissance, ne peut pas
faire notre bonheur à notre place sans que nous ne donnions le meilleur
de nous. Le crabe est aujourd'hui mal construit à cause de sa paresse.
Les autres êtres vivants sont parfaits car ils se sont montrés
endurants. Le conteur nous rappelle ainsi que c'est nous et seulement nous qui
sommes maître de nos destins. Dieu n'est qu'un accompagnateur,
l'adjuvant, jamais l'opposant, car nous l'avons vu il n'a pas pu
s'empêcher de faire tout ce qui était en son pouvoir pour
permettre au crabe d'avoir des yeux. D'ailleurs une sagesse Lokpa l'illustre en
disant que « lorsqu'une personne veut tomber d'un arbre et celle-ci
crie « ô Dieu, sauvemoi », elle tombera et mourra, mais si
celle-ci tout en demandant le secours de Dieu fait
l'effort d'attraper une feuille, Dieu donne à cette
fragile feuille la résistance d'une branche, et cette personne survivra.
» Cette sagesse nous invite à comprendre l'utilité de
l'endurance en toute chose. Elle nous apprend que Dieu ne nous aide que lorsque
nous lui en donnons les moyens. Dans notre conte, alors que le crabe et le
scorpion sont victimes de leur paresse, les autres êtres vivants doivent
leur salut à leur endurance, leur effort. Efforts et endurance qui ont
permis à Dieu de parvenir à les construire convenablement, en les
dotant chacun d'un corps parfait. Le crabe a eu lui aussi les yeux en faisant
l'effort d'aller chez Dieu, en laissant de côté sa paresse, en se
montrant endurant.
Pour mieux comprendre, récapitulons :
Personnages
|
Crabe (héros)
|
Dieu (adjuvant)
|
Etres vivants (antihéros)
|
Caractéristiques
|
Mal construit, laid,
paresseux.
|
Bon, omniscient,
omnipotent, créateur,
|
Bien construits, beaux,
endurants, pas paresseux
|
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des
personnages et leurs caractéristiques du conte n°9
Le tableau nous montre que les êtres endurants, non
paresseux sont "beaux et bien construits". En opposition le crabe, paresseux et
non endurant, est mal construit et laid. Malgré l'omniscience et
l'omnipotence de l'adjuvant(Dieu), il n'a pas pu aider, ni bien
construire le crabe paresseux. La question « Pourquoi n'es tu pas venu
hier ? » (Syntagme 55, Conte n°9), montre bien que Dieu n'aide
que ceux qui sont endurants. L'observation du tableau nous permet de voir que
le caractère endurant des autres animaux a permis à Dieu de bien
les construire. Mais la paresse du crabe a produit l'effet contraire à
l'exception du scorpion qui est aussi resté chez lui. La puissance de
Dieu n'a d'effet que si celle-ci est aidée par la bonne volonté,
l'endurance des êtres à construire.
2.4.5 Le respect du choix des enfants
S'il y a un fait qui est bien connu dans toutes les
sociétés du monde, c'est le penchant des parents à vouloir
influencer le choix de vie opéré par les enfants, parfois contre
la volonté de ceux-ci. Le père est forgeron, son rêve le
plus cher, c'est de voir un jour son enfant exercer cette profession pour que
la tradition se perpétue. Le père est charlatan, son voeu le plus
cher est de passer la main à sa progéniture. La mère est
couturière, la fille doit aussi l'être. Tout se décide sur
et pour les enfants, sans l'avis de ces derniers. Si la mère est
couturière et que l'enfant veut être coiffeuse, il y a conflit.
L'enfant veut être maçon, mais le père voudrait le voir
devenir menuisier, car c'est le métier qu'il trouve meilleur. Et
l'enfant dans tout ceci ? Le médecin veut voir son enfant devenir aussi
médecin même si celui-ci veut chanter, ou être footballeur
professionnel, car il en a les talents. Dans un monde où l'enfant est
victime d'injustices, le respect du choix des enfants apparait comme un
thème pas du tout banal. C'est
un thème pourtant sensible, car l'enfant, en Afrique ou
ailleurs, ne semble pas être maître de son destin. Trop de
décisions sont prises pour lui et à sa place par ses
ainés, ses parents.
Le conte n°6 repose avec finesse cette question : doit-on
prendre des décisions à la place des enfants ou les parents
doivent-ils respecter plutôt le choix de leur progéniture ? Notre
conte et son conteur semblent avoir tranché sur cette question. Pour
eux, il faut laisser les enfants faire le choix de l'existence qu'ils veulent
mener. Le conte pose plusieurs problèmes tous liés aux choix des
enfants. Il pose entre autre le problème de l'exode rural, celui du
choix du métier et enfin celui plus complexe et plus ambigu du choix de
la vie qu'on veut mener.
Commençons par l'exode rural, plus
précisément l'émigration. Il s'agit du déplacement
massif des jeunes des campagnes vers les zones ou régions
prospères. Ce fléau est en partie responsable du
sous-développement des régions rurales de nos pays. Il a
été, il est et reste un problème majeur dans les
régions pauvres. Le conteur nous dépeint le tableau et nous donne
la cause principale de ces départs des zones rurales. Il nous apprend
que : « Quand ils travaillèrent la troisième
année, ils récoltèrent moins de trois paniers, alors
qu'ils avaient labouré tout le champ. » (Syntagmes 8 et 9) Les
jeunes quittent ainsi leur terre natale dans l'espoir d'avoir ailleurs ce
qu'ils ne sont plus sûrs d'avoir chez eux. L'un des fils a voulu
perpétuer la tradition en disant : « Moi, je ne vais plus
jamais cultiver le champ. Je m'en vais au Ghana. » Mais pourquoi le
Ghana ? Le Ghana parce que c'est un pays producteur de café, de cacao et
dont l'agriculture était et est encore florissante comparée
à celle du Bénin. Bien sur la Côte-d'Ivoire avait aussi une
agriculture florissante et pouvait également accueillir des migrants
Lokpa. Mais le Ghana était plus proche du pays Lokpa, aujourd'hui
Ouaké que la Côte-d'Ivoire. Il était plus facile de
traverser le Togo et d'entrer au Ghana que de traverser le Togo et le Ghana
pour arriver en Côte-d'Ivoire. Mais le Togo et la Côte-d'Ivoire ont
eux aussi accueilli des migrants venus de Ouaké. Mais le Ghana
était le pays de prédilection des migrants à cause du fait
qu'il était plus riche que le Togo et plus proche que la Côte
d'Ivoire. Le conteur cite ici le Ghana pour nous ramener à ces temps
durs. Les parents n'ont jamais voulu se séparer de leurs enfants. Car ce
sont ces enfants qui constituent la main d'oeuvre, les bras valides. La
majorité des parents s'est opposée au départ de leurs
enfants. Pour les enfants qui décidaient de partir sans l'accord de
leurs parents, ils étaient maudits, ne recevaient aucune
bénédiction de ceux-ci. Le départ en exode avait et a
encore une mauvaise presse dans la société Lokpa.
Le second problème que relève le conte, c'est
celui du choix du métier. C'est un problème que nous avons
évoqué plus haut. Mais dans notre conte chaque enfant a choisi
librement ce qu'il veut faire comme métier et a reçu la
bénédiction du père. Le conteur nous dit que les
enfants ont chacun choisi son métier. L'un
décide d'être chauffeur, l'autre couturier, et l'un dit :
« Je ferai ceci », l'autre dit : « Je ferai cela.
» pour montrer que tous ont choisi toutes sortes de métier.
Cette liberté de choix du métier pacifique contraste avec la
réalité. Car dans la société Lokpa, on ne se
lève pas un beau jour et décider de devenir un charlatan. C'est
une chose qui se transmet de père en fils et de génération
en génération. Il existe des familles de charlatans, de
guérisseurs de telles ou telles maladies. En réalité,
chaque famille de guérisseurs par exemple a sa spécialité.
Chaque famille a son domaine de définition. Ce qui rend l'improvisation
quasi impossible. C'est dans la famille que l'enfant apprend le métier
de ses parents. Placer donc dans le conteste Lokpa, ces questions et
réponses (Syntagmes 25 à 29, Conte n°4) entre un père
et son fils restent utopiques, un rêve du conteur. La volonté
d'être charlatan dépasse de loin un simple choix de métier.
C'est en fait un choix de vie.
Le choix de vie que l'on veut mener est le troisième
problème posé dans notre conte. Ce problème se pose
à travers le héros et aussi les autres enfants. Etre charlatan,
c'est accepter d'être traité différemment, soit avec
respect, soit avec dégout dans une société où le
charlatan reste un personnage controversé. C'est, pour certains, une
personne dangereuse car dotée de pouvoirs maléfiques et traitant
avec les diables ou le Diable (Satan selon les croyances modernes). A ce titre,
le charlatan est craint et ne peut pas mener une vie normale. Sa vie affecte
non seulement lui, mais aussi sa famille, car il est tantôt le bon,
tantôt le mauvais. Le charlatan peut dans certaines
sociétés jouir du privilège que lui confère son
statut de sauveteur, de celui qui connaît tout sur tout le monde. Il est
parfois guérisseur, et en même tant envoûteur. Alors il est
à la fois craint et respecté pour cela. Il peut aussi être
vu comme un menteur, un vendeur d'illusion. Dans ces conditions, il ne jouit
d'aucun respect. Il est plutôt méprisé, injurié.
Le héros du conte, a fait un choix assez surprenant :
il ne veut rien faire du tout. Il veut juste rester à la maison et
partager tous les repas avec son père. Le conteur nous dit qu'à
la question du père : « Toi, que veux-tu faire129
» l'enfant a répondu « Moi, tu ne vas jamais
m'envoyer. Mais si on apporte à manger, nous mangerons ensemble. Moi,
c'est cela mon travail. Moi, je ne ferai rien du tout130.
» Dans ce dialogue en quatre phrases du conte, l'enfant conteste dans
la première phrase l'autorité parentale, il brise les
barrières traditionnelles en décrétant de manger ensemble
avec son père dans la deuxième, puis refuse de travailler dans
les deux dernières. Cette attitude frise la provocation, et devrait
naturellement provoquer l'indignation
129 Conte n°4, syntagme 34
130 Idem, syntagmes 35 à 39
du père. Mais contre toute attente, celui-ci
répond : « D'accord, j'approuve131. »,
donnant ainsi la liberté à son fils de choisir lui-même la
voie qu'il veut tracer pour sa vie. Ce qui est assez étonnant, c'est
comment un père peut-il permettre à son fils de dormir, de manger
et de ne rien faire. L'on accepte que le père ait accepté la
décision des autres enfants de faire le travail de leur rêve. Mais
encourager la paresse sort du commun, et cela est difficile à accepter
pour un parent. Pourtant le conteur nous montre que cela est possible.
Lorsque nous mettons ensemble les trois problèmes
posés, et que nous y analysons le comportement du père à
chaque étape, nous remarquons que celui-ci est exemplaire. Il n'a
opposé aucun refus à aucun voeu de ses enfants. Bien au
contraire, il en encourage même les plus inimaginables. C'est un fait qui
contraste avec la réalité chez les Lokpa. Chez les Lokpa,
l'âge joue un rôle très important. L'âge est la
clé de l'autorité. C'est le plus âgé qui dicte la
voie à suivre au plus jeune. Tout est mis en oeuvre pour que chacun
sache à quelle génération, il appartient. Ce qui fait
qu'un enfant ne peut jamais s'opposer à son père qui non
seulement lui a donné la vie, mais aussi est son supérieur
hiérarchique.
Aussi le peuple Lokpa est un peuple brave, travailleur. Un
père mourrait de honte et de tristesse s'il a un enfant qui ne veut rien
faire. Or le conteur nous décrit un personnage qui a transgressé
ces deux aspects de la société Lokpa.
Le conteur joue dans ce conte avec la catharsis. C'est ainsi
qu'il pourra parvenir à faire sa démonstration. L'acceptation du
père est elle aussi inacceptable dans la société Lokpa.
Dans ce genre de situation, le minimum qu'on puisse attendre du personnage du
père, c'est d'essayer de ramener son fils à la raison. Au lieu de
cela, il donne son accord. La réaction de l'auditoire aux propos du
héros montre le choc que celui-ci a ressenti. En effet, par un
kééí132 suivi de rires, l'auditoire s'indigne
du comportement du fils et aussi de la passivité du père. Et
pourtant, le conteur a atteint son objectif. Cette première partie
prépare la deuxième. Cette attitude du père participe de
la construction de l'idéal du conteur. Rappelons que le conteur veut
nous montrer qu'il faut laisser les enfants choisir eux-mêmes leur
destin. Dans cette première partie qui s'étend du syntagme 1
à 43 du conte n°4, le conteur a montré l'ouverture d'esprit
d'un père qui donne la liberté à ses enfants d'être
maîtres de leur vie, malgré les voeux ou les envies
déplacés ou inacceptables de ces enfants. Il a surtout
encouragé la volonté de ne rien faire exprimée par le
dernier fils. Cette première partie s'achève par un malaise
exprimé par l'auditoire qui n'accepte ni le comportement du
héros, encore moins celui du père du héros. Ce malaise est
voulu et recherché par le conteur. C'est ce malaise qui donnera et
posera
131 Idem, syntagme 50
132 Kééi est une onomatopée qui permet
d'exprimer son rejet, son étonnement, sa surprise et parfois son
indignation face à une situation. Ici le comportement du fils laisse
perplexe l'auditoire.
la question du droit ou non des enfants à disposer de leur
liberté de choix. Ce malaise participe aussi à la mise en oeuvre
de la catharsis voulue par le conteur.
Dans la deuxième partie du conte, le héros qui
jusqu'ici s'était montré inactif décide d'entrer en
action. Le conteur nous précise qu'il est resté sans rien faire
pendant un an. Cette partie du conte ne nous apprend qu'une seule chose :
l'enfant qui entre temps s'est montré rebelle, paresseux,
bon-à-rien est devenu la source de revenue principale de la famille. Ce
revirement de situation donne alors raison au père qui a su laisser
l'enfant choisir sa propre voie. L'auditoire pourra par cette fin, par ce
changement d'attitude du héros tirer ses propres conclusions. C'est
d'ailleurs pour cela que nous avons parlé de catharsis.
Le conte construit comme une pièce de
théâtre en deux actes permet au conteur de faire découvrir
à son auditoire, de faire accepter à son auditoire, que les
enfants peuvent choisir eux-mêmes leurs chemins.
Voyons un peu cette construction et ce qu'à chaque
étape, le conteur a pu faire comprendre à son auditoire.
Acte 1 :
- Situation normale = les récoltes sont bonnes et tout le
monde est content.
- Dégradation de la situation = les récoltes sont
très mauvaises et tout le monde est démotivé.
- Amélioration = le père convoque une
réunion et chacun décide de la démarche à suivre.
Les enfants décident librement le chemin de leur existence.
Noeud : le héros prend la décision absurde de ne
rien faire du tout. Son père accepte. Malaise de l'auditoire face
à une situation atypique.
Acte 2 :
- Situation normale = le héros reste un an sans rien
faire. Le père respecte ce choix
- Dégradation = le héros sort un matin et revient
le soir avec une chicotte. Il demande à
son père de le chicoter. Le père choqué
refuse mais cède sous la pression du héros. -
Amélioration = le héros se transforme en un beau cheval et se
fait vendre à un roi.
Mais il feint la mort par trois fois. Il doit la vie à
son pouvoir la troisième fois. Il a
failli se faire prendre par un roi plus fort que lui. Mais il
gagne le duel.
- Dénouement ou situation normale = le héros
décide de ne plus jouer des tours. Sa famille renoue avec l'opulence
perdue.
L'acte1 est consacré à la présentation de la
situation : un homme et ses presque douze enfants tous paysans. Placée
dans un schéma quinaire, cette partie correspond à la
situation initiale.
Mais après deux ans de bonnes récoltes, la
troisième année voit la récolte baissée
complètement annihilant ainsi toute la joie des années
passées. C'est l'élément modificateur
selon le schéma quinaire. C'est une situation qui
pousse le père à convoquer une réunion pour
résoudre la crise (La série des actions pour
dénouer la crise). Cette partie montre également l'ouverture
d'esprit du père qui ne s'est pas assis tout seul et
réfléchir pour tout le monde. Le personnage du père qui
peut avoir plusieurs interprétations (président d'un pays, chef
d'un village ou un chef à tous les niveaux) se montre humble et
conciliant car sa situation lui permettait de prendre des décisions
autoritaires. A ce niveau, le conteur donne sa première leçon
didactique, car le comportement du père est exemplaire. Son
exemplarité se confirme quand il accorde à chaque enfant le droit
de faire ce qu'il souhaite pour sa vie.
Mais accepter que son fils reste sans rien faire provoque
l'indignation. La scène de la réunion permet au conteur de
relancer le débat, de relancer l'histoire, mais aussi d'introduire ce
personnage atypique qui jusque là n'avait pas joué un rôle
spécial, qui se révèle être le héros de la
suite de l'histoire. C'est aussi son entrée en scène qui
crée l'effet cathartique voulu par le "conteur-metteur-en-scène".
Il ouvre aussi par cette entrée en scène l'acte n°2.
Si dans la première partie le père de famille
semblait avoir joué le rôle principal, dans la deuxième
partie, le héros a le monopôle de l'action. Le héros a
aussi fait volte-face. Paresseux dans la première partie, il se
dévoile dans la deuxième partie. Il étale tout son pouvoir
et étonne par sa conduite son père et même l'auditoire qui
avait déjà fait son procès. Ce revirement du personnage
confond les personnages à l'intérieur du texte, le père en
l'occurrence, et l'auditoire. A travers trois séquences, les
premières plus époustouflantes que les suivantes, le conteur nous
montre comment le paresseux s'avère être un enfant doué de
pouvoirs et de courage. Ces trois séquences nous exposent la super
puissance de l'enfant. Elles, ces séquences, permettent à
l'auditoire de se rendre compte de ce dont est capable un enfant qui,
très vite, a subi son indignation, son jugement. Elles sont les
arguments qui plaident pour le respect de la volonté des enfants.
L'opposition entre le comportement du héros dans la
première partie et celui dans la seconde partie permet au conteur de
montrer à l'auditoire que tout est possible. Ce changement de
comportement intervient dans un intervalle de temps précis : «
? nà p kômà p tàlà
pinté ?s?? pà cà
kótà w? to (Tu vois, exactement un an
après la réunion convoquée par leur père)»
laisse présager que ceci n'est pas un fait du hasard. Le
héros a attendu un an, jour pour jour, pour changer de comportement.
Cela permet, en tout cas, de plaider que le "vaut-rien" d'aujourd'hui peut
devenir un être utile demain. La patience du père paye alors.
Le conteur appelle par ce fait l'auditoire à
dépasser les conventions existantes, à juger son monde, ses
manières de faire les choses. Le caractère absurde du
héros, son comportement qui sort des limites fixées contraste
avec celui du héros tout puissant qui permet à sa famille de
gagner beaucoup d'argent. Ce contraste fait douter l'auditoire sur ses
conventions, et l'amène à reconsidérer les choses. Ce qui
était impossible devient possible ou tout au moins envisageable. Les
exploits d'intensité croissante du héros finissent alors par
convaincre l'auditoire et lui faire admettre de la justesse de la
décision du père de laisser son enfant décider ce qu'il
veut faire de sa vie. S'il était contraint à aller au champ,
peut-être n'aurait-il pu jamais avoir l'occasion d'affirmer son pouvoir.
Ce pouvoir peut prendre plusieurs formes : un talent ou un don à faire
quelque chose, plus de motivation à faire autre chose, plus
d'inspiration dans un domaine donné, etc.
2.4.6 Dieu dans les contes et dans la société
Lokpa
Dieu intervient beaucoup dans le quotidien des Lokpa. Le
peuple Lokpa, à l'instar des autres peuples africains, est un peuple
croyant. Le conte n°9 nous a montré sa ressemblance avec les
Ecritures Saintes selon lesquelles, c'est Dieu qui aurait créé
les hommes, la terre, le ciel, tous les êtres vivants, bref l'univers et
tout ce qu'il abrite. Le conte n°9 reprend cette version de la
création sans trop rien changer. Cela est la preuve que le peuple Lokpa
est croyant. Il contient également des mots qui constituent des louanges
à Dieu. Le conteur dit "
kàwúlà?àt?",
littéralement "Celui qui a la royauté". Cette expression montre
toute la considération du conteur pour Dieu. Son utilisation montre que
l'auditoire partage également cette croyance, sinon comment pouvait-il
savoir que c'est de Dieu que parle le conteur ? La pensée de Dieu
gouverne alors les Lokpa. Dans le même syntagme133, le mot
"k?côôwô" signifie "cadeau,
présent, largesse, générosité". Le mot rappelle la
bonté de Dieu et en même temps la reconnaissance des hommes
à Dieu pour ses bienfaits. Et plus loin, le conteur dit : «
?n? ?
tíík???nà t? ».
Ce syntagme nous l'avons traduit par « C'est lui qui nous
guide. » Ce qu'il faut dire, c'est que le mot
"tíík???nà" vient du verbe à l'infinitif
"tíík???" qui signifie le "fait de guider un troupeau d'animaux".
Dieu serait ainsi le berger et les hommes, le troupeau. C'est une phrase qui
rappelle une autre : « L'Eternel est mon berger : je ne manquerai de
rien.134 » Il s'applique rarement aux hommes. Son
utilisation témoigne peut-être de l'omniscience et de
l'omnipotence de Dieu reconnues par le peuple Lokpa. Dieu, dans ce conte, est
un sage. Un sage qui grâce à sa sagesse guide les hommes.
133 Conte n°9, syntagme 3
134 Extrait du Psaumes 23
La lecture du conte n°5 nous permet de renforcer cette
idée, c'est-à-dire le statut de Dieu dans la
société Lokpa. Dans ce conte le ciel (?so)135 est
utilisé comme personnage en opposition à la terre
(àt?)136. Le ciel se montre prévenant mais la terre se
montre gloutonne dans la conservation de son oeuf. Le conte prend l'allure d'un
mythe qui essaye d'expliquer comment la terre en est arrivée à
manger les humains. Mais au-delà de cette simple explication, le conteur
nous amène à découvrir la sagesse du ciel (syntagmes 35
à 38) en opposition à la gloutonnerie de la terre (syntagmes 25
à 34). Le conteur pour renchérir et montrer que la terre est
idiote, il utilise une onomatopée (h?h?m137) au lieu d'un
verbe pour décrire l'action de manger. Cette onomatopée, du point
de vue signifiant, constitué de lettres au son bas (h-?-h-?-
m) ou de celui du signifié "action de manger sans trop
réfléchir", est satirique. Elle montre jusqu'à quel point
la terre est sotte, contrairement au ciel qui s'est montré intelligent,
sage, et patient.
Le ciel (Dieu), aussi dans ce conte, est décrit comme
puissant, omnipotent. Il montre d'ailleurs ses forces en faisant monter la
terre à lui ; ce que la terre à elle seule est incapable de
réaliser (syntagmes 41 à 51). La terre appelle aussi le ciel
« père », mot qui amène à penser que le ciel est
le géniteur de la terre. En plus d'être puissant, le ciel est bon.
Il donne à la terre l'Homme, c'est-à-dire la femme que son oeuf a
éclos, pour que celle-ci fasse à la terre boissons et
nourritures. Le conteur nous apprend également que « Ce
jour-là, le ciel remit à la terre sorgo, haricots, riz,
etc.138 », que nous cultivons encore aujourd'hui.
Dieu et son rôle dans la société
reviennent ainsi dans les contes Lokpa. Il hante la pensée du peuple, et
impose respect et adoration pour tous. Le conte, sacré genre profane,
n'échappe pas à l'emprise de Dieu, aux croyances du peuple qui le
produit. Dieu apparaît alors clairement sous son statut d'être
invisible, mais puissant, à qui la société doit non
seulement ses joies, mais également ses peines. La preuve, lorsqu'une
personne meurt, ne dit-on pas : « c'est Dieu qui donne et aussi lui qui
reprend ? » Pourtant, l'enseignement dans le conte n°9 a
montré que Dieu vient en aide à ceux qui la méritent. Dieu
ne fait rien à notre place. Il nous aide plutôt à accomplir
les oeuvres que nous engageons. Il nous épaule, mais jamais ne fait rien
à notre place. Il nous encourage à l'endurance.
135 Il faut aussi signaler que le substantif ?so qui
désigne le ciel ou en haut, est également employé pour
désigner Dieu.
136 Ce mot signifie "par terre, à terre, en bas". Nous
l'avons traduit terre dans le corpus par opposition à ciel.
137 Onomatopée qui remplace ici le verbe "manger ". Elle
est satirique dans cette phrase.
138 Conte n°5, syntagme 78
2.4.7 L'ingratitude et la trahison chez l'homme
L'ingratitude et la trahison sont des thèmes majeurs
dans les contes africains en général, et chez les Lokpa en
particulier. L'ingratitude est un « manque de
reconnaissance139. » Mais « la trahison
désigne le fait d'abandonner, de livrer à ses ennemis ou de
tromper la confiance d'un groupe (politique ou religieux), d'une personne (ami,
amant, famille) ou de principes140. » Ces deux sujets
interviennent parfois dans un même conte. Dans ce cas la trahison sert de
reconnaissance à un service rendu, accentuant ainsi l'ingratitude. Ou
bien, la trahison intervient seule dans un conte, en tant objet
évalué141, au même titre que l'ingratitude,
pour emprunter l'expression de Greimas et Courtés, cités pas L.
HEBERT. Pendant que l'ingratitude est évaluée chez un personnage
(sujet évalué négativement), la loyauté ou
l'honnêteté l'est aussi en même temps chez un autre
personnage protagoniste (sujet évalué positivement). Cette double
évaluation, positive et négative, permet au sujet
évaluateur, le conteur, de convaincre l'auditoire de sa philosophie.
Dans les deux contes (contes n°8 et n°10),
l'ingratitude est le sujet abordé. Dans le premier conte, tout comme
dans le second, la trahison se présente au niveau le plus
élevé de l'ingratitude. Le conteur est le sujet
évaluateur ; les personnages sont les sujets
évalués ; l'ingratitude est l'objet
évalué négativement et à côté
de l'ingratitude, la loyauté, l'intégrité,
l'honnêteté.
Le conteur part du postulat que l'homme (être humain)
est mauvais. Il est ingrat, malhonnête et traitre. Pour lui, c'est une
donnée générale à laquelle on ne pourra rien
changer. La seule chose qu'on puisse faire, c'est juste se méfier de
l'homme. Cette culture de méfiance, présente dans nos
sociétés est alors reprise dans le conte. Pour appuyer son propos
le conteur dispose de deux personnages (les deux sujets évalués)
dans son conte : un personnage bon, loyal, intègre et un autre qui est
l'opposé du premier. Mais comment le conteur parvient-il à semer
le doute chez l'auditoire et amener celui-ci à prendre garde ?
Considérons le conte n°8. Le conteur
(sujet évaluateur) évalue le niveau
d'ingratitude (objet évalué) chez le
hérisson (sujet évalué
négativement) en contraste avec la loyauté,
l'intégrité (objet évalué) chez
Kànkànààmí (sujet
évalué positivement). Le conteur veut convaincre
l'auditoire de ce qu'il est dangereux de faire absolument confiance à
autrui, même à son plus grand ami. Les deux personnages
évalués dans le conte sont de très bons amis : l'un loyal,
et l'autre ingrat. Le conteur pour montrer l'ingratitude de l'homme, fait
enchainer une série d'intensité croissante de mensonges pour
finir par une tentative de meurtre de l'ami ingrat. La
139
Http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/ingratitude/,
consulté le 11/04/2011
140
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trahison
, consulté le 11/04/2011
141 Louis HEBERT, Dispositifs pour l'analyse des textes et
des images, Limoge, 2009.
tentative d'assassinat est dans le conte et même dans la
vie réelle le point culminant de l'ingratitude, de la trahison.
Parallèlement, l'ami loyal, honnête et bon le reste jusqu'à
la fin. Sa loyauté allant constante. La confiance qu'il porte en son ami
resta indéfectible. C'est ce parallèle qui permet au conteur
d'évaluer les deux personnages. Cette évaluation faite selon les
étapes du récit permet à l'auditoire de voir que
l'ingratitude est pour l'humain ce que la terreur est pour la guerre. Cette
homologation permet juste de comprendre que l'ingratitude est l'homme ; elle
lui est innée. Sinon comment comprendre l'attitude du hérisson ?
La trame du conte laisse perplexe.
- Séquence 1 : amitié solide entre
le hérisson et Kànkànààmí,
l'escargot. (syntagmes1à 12)
- Séquence 2 : le hérisson rend
visite à son ami, Kànkànààmí et
emprunte à ce dernier
un piège avec pour promesse de partager ce que le
piège attrapera. (syntagmes13 à 48) - Séquence 3
: le piège a pris une perdrix mais le hérisson dit qu'il
a pris « un tout
petit ». Kànkànààmí lui
demande de manger seul si c'est si petit. (syntagmes 49 à 68)
- Séquence 4 : le piège prend un
lièvre le jour suivant. Le hérisson ment à nouveau et
obtient la même réponse de
Kànkànààmí. (syntagme 69 à 71)
- Séquence 5 : à chaque prise du
piège, le hérisson a toujours menti à
Kànkànààmí (syntagmes 72 à 78)
- Séquence 6 : le piège a pris
cette fois un buffle. Le hérisson ment à nouveau. Il le mange
aussi tout seul (syntagmes79 à 95)
- Séquence 7 : le piège a pris un
éléphant. Mais le hérisson mentit encore que
c'était un tout petit truc. Il l'avala seul. (syntagmes 96 à
112)
- Séquence 8 : le piège prend le
jour suivant le soleil. Le hérisson essaya de l'avaler
mais il n'y parvint pas. Il se fait brûler. Il appelle
Kànkànààmí en lui disant cette fois
et la première que le piège a pris quelque chose de
gros. (syntagmes 113 à 132)
- Séquence 9 : le hérisson tente
d'assassiner l'escargot par envie, jalousie. (syntagmes
133 à 180).
Les neuf séquences que nous venons de découper
montrent l'absurdité du comportement du hérisson. Abusant de
l'amitié qui l'unit à l'escargot, il garde tout le gibier pour
lui seul, invite l'escargot seulement quand il constate que le gibier est
dangereux et tente de tuer l'escargot en lui tournant plusieurs
fois142 le derrière au lieu d'une seule fois.
Parallèlement, ces séquences nous
présentent un escargot loyal, fidèle, intègre, qui
a aveuglement confiance en son ami et qui jusqu'à la fin ne
découvre pas la traîtrise de ce
142 Conte n°8, syntagmes 162 à 165
dernier ; ou qui, du moins, a découvert cette
traîtrise, mais ne le fait pas savoir directement par peur de mettre
à mal sa relation avec le hérisson. Une phrase dans le conte nous
permet de pencher vers cette dernière hypothèse : «
Alors ce piège tient vraiment bien.143 ». C'est une
phrase chargée de sous-entendus et d'ironie. Elle pourrait être
interprétée de plusieurs manières. L'escargot semble dire
indirectement à son ami que si le piège a pu prendre un si gros
gibier, c'est sûr que par le passé, il en a pris qui sont aussi
gros. Mais à part ce clin d'oeil, rien dans le conte, ni dans le
comportement de l'escargot ne montre qu'il soupçonne son ami de
traîtrise.
Ce qui peut décider l'auditoire à prendre
conscience et à ce méfier de l'homme, c'est cette ignorance de la
traîtrise du hérisson par son ami aveuglé par une
amitié illusoire. L'ignorance de la méchanceté, de la
traîtrise du hérisson amène l'auditoire à se rendre
compte que même le plus proche ami ou parent peut être un
hérisson en puissance. Conséquence, une prise de conscience, une
méfiance accrue envers tout le monde sans exception ne doit pas
être exclue. L'intensité de plus en plus croissante de la
traîtrise crée l'indignation chez l'auditoire et précipite
cette prise de conscience.
Voyons l'évolution de cette ingratitude à travers
un tableau pour mieux comprendre.
Temps
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T5
|
T6
|
T7
|
T8
|
T9
|
Escargot Sujet (S1) évalué
|
Loyal en
amitié
|
Loyal en
amitié
|
Loyal en amitié
|
Loyal en amitié
|
Loyal en
amitié
|
Loyal en
amitié
|
Loyal en amitié
|
Loyal en amitié
|
Loyal en
amitié
|
Hérisson Sujet (S2)
évalué
|
Loyal en
amitié
|
Loyal en
amitié
|
1er mensonge
|
2e mensonge
|
Séries de
mensonges
|
Encore
plus de
mensonges
|
Gros mensonge
|
Très gros mensonge
|
Tentative d'assassinat
|
Conteur Sujet évaluateur
|
S1= + et
S2= +
|
S1= + et
S2= +
|
S1= + et
S2= -
|
S1 = + et
S2 = -
|
S1 = + et
S2 = -
|
S1 = + et
S2 = -
|
S1 = + et
S2 = -
|
S1 = + et
S2 = -
|
S1 = + et
S2 = -
|
Légende
1- = : évalué
2- + : positivement
3- - : négativement
|
Tableau 3 : Evaluation des personnages du conte
n°8
Le tableau permet de voir clairement que, pendant que le
hérisson multiplie ses mensonges et que sa traîtrise aboutit
à une tentative d'assassinat, l'amitié de l'escargot est
restée constante. Le hérisson est resté fidèle en
T1 et T2 puis dans le reste sa traîtrise s'est amplifiée au fur et
à mesure que le conte évolue. Le graphique suivant montre
l'évolution de l'attitude du hérisson.
143 Conte n°8, syntagme 135
Légende
1-Temps, c'est le positionnement chronologique croissant des
actions de la trame du
conte. il s'étend en neuf
séquences.
2- Actions correspond aux acte posée par le
hérisson dans chaque séquence.
3- Les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 sur l'axe des
abscisses correspondent aux séquences du conte
4- 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 sur l'axe des ordonnées
correspondent à l'attitude du hérisson.
|
94
Schéma tensif de l'ingratitude du hérisson
dans le conte n°8
8
7
Actions
6
5
4
3
2
Tentative de meurtre
Sixième mensonge
Cinquième mensonge Quatrième mensonse
° Troisième mensonge
Deuxième mensonge Premier mensonge
Amitié
Amitié
1 2 3 4 5 6 7 8 9
1
0
Temps
Figure 6 : Schéma tensif de l'ingratitude
du hérisson dans le conte n°8
Le graphique montre que l'amitié du hérisson ou
plutôt sa loyauté ou encore son intégrité n'a
duré qu'en l'espace de deux temps (1 à 2 sur le schéma).
Elle est représentée sur la courbe par la partie horizontale qui
de façon visuelle est très courte. Par contre, il se montre
particulièrement traitre et ce de façon croissante en sept temps
(de 3 à 9). Cette traîtrise est représentée par la
partie oblique et ascendante de la courbe. Le sommet de cette courbe correspond
à la tentative de meurtre dont l'escargot a
été victime. Cette tentative de meurtre est le couronnement
malsain de l'ingratitude du hérisson.
Le conteur pour conclure dit : « Mon conte veut
qu'à partir d'aujourd'hui tu saches que c'est ainsi que se
présente l'homme noir144. » Comme si cela ne
suffisait pas, il ajoute : « Tu te montres généreux
envers une personne aujourd'hui, puis elle vient te décapiter demain
» Ces propos sont clairs. Ce rapprochement des personnages du conte
aux hommes permet au conteur d'achever son oeuvre : il faut se méfier en
permanence de l'homme. Pour ceux encore
144 Conte n°8, syntagme 173
qui en doutent, le parcours du hérisson et de l'escargot
leur permettra de changer d'avis et de tirer leurs propres conclusions.
L'ingratitude est une peste qui n'échappe jamais aux
critiques dans nos sociétés. Ahmadou KOUROUMA à ce sujet
nous rappelle que : « C'est celui dont tu as soigné
l'impuissance qui te prend ta femme145.» Le conte
n°10 illustre bien à quel point l'homme peut être ingrat et
pousse à donner raison à l'écrivain. Si le conte
précédent limite l'ingratitude à une simple tentative de
meurtre, le présent conte franchit le pas et aboutit à un
meurtre. Ce conte, de type cyclique, est formé comme suit :
- situation normale : le chasseur va à la chasse et
ramène toujours du gibier (syntagmes 1 à 8).
- dégradation de la situation : il va à la chasse
et ne trouve rien. Il voit un boa qui veut le manger après avoir
reçu son aide (syntagmes 9 à 48).
- amélioration du sort du chasseur : le boa accepte un
procès qui décidera s'il faut manger le chasseur ou pas
(syntagmes 49 à 55).
- amélioration/dégradation : l'arrivée du
cheval donne espoir au chasseur. Mais cet espoir est de courte durée car
celui-ci demande au boa de dévorer le chasseur (syntagmes 56 à
73).
- amélioration/dégradation : l'âne vient et
tient le même discours que le cheval (syntagmes 74 à 90).
- amélioration : la tortue vient, tend un piège au
boa. Le boa tombe dans le piège et est abattu par le chasseur (syntagmes
91 à 121).
- situation à nouveau normale : le chasseur est
délivré et il a aussi un gibier : le boa. : le chasseur content
insiste pour qu'elle l'accompagne pour faire connaissance de sa famille en
guise de reconnaissance. Elle refuse puis cède (syntagmes 122 à
152).
- dégradation de la situation de la tortue : à
l'entrée du village la tortue et le chasseur rencontrent les enfants du
chasseur qui leur annoncent que la femme du chasseur a du mal à
accoucher et que seule la tête d'une tortue pourrait lui sauver la
vie.
- dégradation/fin tragique : le chasseur,
partagé entre sa reconnaissance envers la tortue (grâce à
la quelle il est encore en vie) et son amour pour sa femme, choisit de
sacrifier son bienfaiteur mettant ainsi fin au dilemme.
Le conteur de ce conte a un objectif : rendre compte de la
perfidie de l'homme. Le titre d'abord l'annonce : « Pourquoi
éviter l'homme ». Puis le commentaire146
introduisant le conte
145 Ahmadou KOUROUMA, En attendant le vote des bêtes
sauvages, Veillée V, p. 286.
146 Voir corpus de contes, Conte n°10, syntagme 1
le confirme. Si l'évaluation dans le premier s'est
portée sur "l'homme noir", celle contenue dans ce conte porte sur
l'homme en général. C'est-à-dire l'être humain. Pour
mieux voir la démarche du conteur, considérons les
différents sujets évalués dans le conte.
Le boa est le premier traitre du conte. Il s'est
comporté comme le hérisson dans le conte précédent
: par mauvaise fois. Il se fait sauver par une personne (le chasseur) qu'il
veut par la suite dévorer. Le boa pourrait être aussi n'importe
quel être humain perfide dont regorgent nos sociétés. Le
conteur aurait pu à ce niveau du conte faire dévorer le chasseur,
évaluant ainsi négativement le boa, et mettant ainsi fin au
conte. Mais une telle évaluation serait très simple. Et en plus,
qui, parmi les auditeurs, pourraient considérer le boa comme une
représentation allégorique de l'être humain. Certainement
très peu. Et sûrement des personnes âgées et
expérimentées. Or c'est justement sur l'homme (être humain)
que porte l'évaluation. Alors le conteur choisit de mettre le chasseur,
qui est l'homme, l'être humain sur qui porte l'évaluation
principale, en danger. Il l'évalue à l'aide du cheval et de
l'âne. Les deux animaux, réputés pour être des plus
exploités par l'homme pour le transport et l'agriculture surtout,
encouragent le boa à dévorer le chasseur, représentant de
la race humaine qui est un bourreau pour ces animaux. Le cheval dit :
«C'est un homme, n'est-ce pas ? » Puis conclut qu'il fallait le
tuer. L'âne fit la même chose. Pour ces deux animaux l'homme est
mauvais, perfide. Le conteur à ce stade aurait pu arrêter le
conte, en laissant le serpent dévorer l'homme. C'aurait pu être
une vengeance pour tout ce que l'homme a fait de cruel envers les animaux dont
l'âne et le cheval sont les représentants. Mais cette fin allait
attirer de la sympathie pour le chasseur, car jusque là il est toujours
la victime. En plus personne dans l'auditoire ne croit qu'il fait mal aux
animaux en leur faisant faire tout ce qu'ils font. Tout comme personne non plus
ne pense faire du mal en tuant et en mangeant les animaux. Une pareille fin
allait donc attirer l'effet contraire. Le chasseur serait aux yeux de
l'auditoire un martyr.
Pour atteindre son objectif, le conteur fait intervenir un
autre personnage : la tortue. Elle sauve l'homme. Le conteur aurait pu mettre
fin au conte à ce niveau. Puisque l'ingrat est tué. Le chasseur
recouvrirait ainsi sa liberté. La situation redeviendrait normale comme
le prévoit le schéma des contes de type cyclique proposé
par Denise PAULME. La normalité aurait été une
récompense pour la tortue. Cette récompense mettrait fin au
conte. Ce que le chasseur a d'ailleurs proposé.
Mais jusque là rien ne pousse à se méfier
de l'homme. Le chasseur fait tuer la tortue pour sauver sa femme. En le
faisant, le chasseur se montre ingrat, puisqu'il doit la vie à la
tortue qu'il vient de tuer. Cette séquence montre à quel point
l'homme est mauvais. Certains
pourraient dire qu'il n'avait pas le choix. Qu'il ne l'a pas
fait par mauvaise fois. En considérant que ceci soit vrai, cela
n'enlève rien à la gravité de l'acte. Cela signifierait
que l'homme pense d'abord à ses propres intérêts au
détriment de ceux des autres. Puisqu'il s'agit d'une tortue, peu de
personnes verront la gravitée, la tragédie qui se joue dans ce
conte. Si l'on prend la place de la tortue, pour y mettre un auditeur, c'est
à ce moment que l'on comprend à quoi le conte nous invite.
L'auditoire a vécu les mises en garde du cheval puis de l'âne. Ces
deux animaux connaissent l'homme. Nous pourrions même dire que c'est le
conteur qui a évalué l'homme à travers ces deux animaux.
La tortue qui n'a pas tenu compte de ces mises en garde est tuée. Elle
n'aura jamais l'occasion de témoigner de la perfidie de l'homme. Elle ne
pourra jamais dire le traditionnel « Si je savais », encore
moins dire aux autres tortues de se méfier de l'homme. La tortue l'aura
compris au prix de sa vie. Le conteur fait une conclusion très
sévère147 qu'il ferme par un proverbe encore plus
sévère : « Relève le sorgo, ne relève pas
l'homme148. »
Le schéma actanciel de ce conte se présenterait
comme suit :
Destinateur Chasseur et sa famille
|
|
|
|
Objet Gibier et liberté
|
|
Destinataire Chasseur et sa famille
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Adjuvant Intelligence du chasseur et la
tortue
|
|
Sujet Chasseur
|
|
Opposant Cheval, âne et boa
|
Figure 7: Schéma actanciel du conte
n°10 selon le modèle de Greimas
Ce que le conteur veut apprendre à l'auditoire et qui
se lit clairement dans le schéma actanciel du conte, c'est que la mort
de la tortue, de l'adjuvant, du donateur ou encore du bienfaiteur. Elle serait
vivante si elle avait fait le choix du cheval et de l'âne. C'est cette
mort qui indigne et qui fait prendre conscience.
L'ingratitude reste le sujet favori des conteurs africains.
Son traitement, comme nous avons pu le voir à travers les contes
n°8 et n°10, diffèrent légèrement au niveau de
la forme, mais le fond reste le même. Elle est dénoncée,
découragée et diabolisée. Le conteur du conte n°8
nous a appris que l'homme est ingrat par mauvaise foi. Celui du conte n°10
va plus loin et montre qu'il l'est par nature. Ces deux conteurs semblent
soutenir que l'être humain est incapable de
147 Idem, syntagmes 185 à 191
148 Idem, syntagmes 187
penser à autre que lui-même. Le chasseur en est
l'illustration idéale. Tiraillé entre son amour pour sa femme
(son intérêt personnel) et la vie de la tortue à la quelle
il doit la vie (sa vie propre à lui et celle de la tortue qui ne
mérite pas qu'il la fasse tuer), il décide de ne penser
qu'à lui (en sauvant sa femme).
Conclusion partielle
Pour clore cette brève analyse des contes de notre
corpus, nous pouvons affirmer avoir répondu à la question :
Est-ce que le conte Lokpa éduque et comment éduque t-il ? Les
contes du corpus, qui constituent une goute d'eau jetée en haute mer
(tant les contes Lokpa sont innombrables) traitent de sujets encore en vigueur
dans nos sociétés. La cohésion sociale qui porte aussi en
elle d'autre dimensions (solidarité, fraternité, respect des
libertés d'autrui ...), l'injustice qui appelle automatiquement la
justice, le respect des anciens qui est le gage d'une société
dotée de repères, la satire de la paresse qui invite à
l'amour du travail qui assure l'indépendance, le respect du choix des
enfants qui représente un idéal société donnant aux
enfants les moyens de leur développement personnel, Dieu sans qui rien
n'est possible selon la philosophie lokpa, mais qui à lui seul ne peut
pas grand-chose pour l'homme qui devrait l'aider à l'aider,
l'ingratitude qui est un venin nuisible enterrée dans les entrailles de
l'humain et dont il faut se méfier, constituent un tout petit
échantillon des thèmes contenus dans les contes lokpa.
L'étude a montré qu'il ne faut pas chercher dans les conclusions
ou les leçons tirées à la fin des contes, la quintessence
du message. Elle, cette quintessence, réside dans chaque mot, chaque
phrase, le style, les personnages et la forme du conte. C'est dans l'ensemble
"conte" qu'il faut chercher la philosophie ou l'idéologie du conte. Il
est vrai que certains contes Lokpa ressemblent de près par leur
structure, et aussi par les thèmes abordés à ceux
étudiés par Propp. Mais si Propp affirme que les contes sont trop
simples, avec une succession évidente, ordonnée et presque fixe
des actions, les contes lokpa, quant à eux, jouent avec cette
construction simpliste de Propp. Ne permettant jamais à l'auditoire de
prévoir la fin. Alors on le verra, l'ingratitude devient la
récompense à un service rendu. Ce qui selon la succession logique
des fonctions de Propp est contradictoire où tout simplement inexistant.
Propp ne prévoit pas que le héros trahit le donateur. Le
conteur Lokpa joue avec cette fonction. L'auxiliaire magique, une fois obtenu,
le héros trahit ou tue le donateur ou adjuvant selon Greimas.
Ce sont ces types de contradictions qu'utilise le conte lokpa. Ces
contradictions choquent et amènent à réfléchir. De
cette réflexion naît la prise de conscience recherchée par
le conteur.
CONCLUSION
L'éducation à travers le conte est non seulement
possible, mais réelle. Le travail que nous venons d'achever nous le
montre à plus d'un titre. Le conte non seulement éduque par la
teneur des sujets qu'il traite, par la façon dont il les traite, mais
aussi sa performance est une école de l'apprentissage de l'art de la
parole. Le conte Lokpa aborde des sujets actuels. Il met en scène certes
des personnages fictifs, mais cela n'empêche pas l'auditoire de se
reconnaître à travers ses personnages ou de s'identifier à
eux. Le conteur donne alors l'occasion à l'auditoire, à chaque
conte, de vivre l'expérience des personnages, de se poser des questions
et de savoir la démarche à suivre. Il serait passé
à côté du sens des contes que de juste les
considérer comme des histoires à dormir-debout, des histoires qui
servent juste au divertissement. L'étude des différents contes a
montré que sous une histoire banale se cache une philosophie, une
idéologie ou encore un enseignement. La banalité des contes n'est
qu'artifice. Le divertissement sert de couverture à la didactique.
Le conte est le foyer de la philosophie Lokpa. De la
veillée des contes en passant par leur énonciation, pour arriver
à leur contenu, les contes jouent plusieurs rôles dans la
société Lokpa en matière d'édification de l'homme.
La veillée a un rôle social, en ce qu'elle permet de mettre en
contact une communauté. Elle édifie car elle est le
véhicule de l'échange des idées. L'énonciation du
conte est le lieu de l'apprentissage de la prise de parole et de l'art de
parler en public. Le conte, à travers les thèmes qu'il aborde,
donne à penser. Et parce qu'il donne à penser, il édifie,
forme, fait découvrir les courants de pensées de la
communauté.
Le conte permet également une bonne connaissance et une
meilleure conservation des valeurs culturelles du peuple Lokpa. En
étudiant le conte, l'on découvre les rites, les us et coutumes
des peuples tels qu'ils étaient, il y a des années et ce qu'ils
sont devenus aujourd'hui. Malheureusement, ce mémoire a
été l'occasion pour nous, de constater que le conte se meurt et
emporte ou risque d'emporter avec lui tout son trésor.
L'évolution des technologies dans le monde des multimédias a eu
de répercussions assez graves sur la culture Lokpa et sur presque toute
l'Afrique noire. C'est ce que montre le triste constat fait par Mbathio
Sall149 : « Ainsi l'enfant africain, devra se contenter de
ce qu'une grand-mère, s'il a la chance de l'avoir dans la maison
familiale, pourra bien lui raconter, entre deux leçons apprises. Encore
que la majorité des enfants, une fois les leçons apprises et les
devoirs faits après l'école, préfèrent
regarder la télévision ou jouer avec les
voisins. » Le conte disparait ainsi à petits coups et il urge
de trouver des alternatives pour sa préservation. Celles-ci garantiront
aussi la survie de la culture Lokpa. Des initiatives existent
déjà. Les contes sont dits à la radio et il y a aussi un
festival du conte africain, en témoigne celui qui s'est tenu au Benin le
14 Avril 2011. Mais ces initiatives ne suffisent pas encore pour redonner au
conte toute la mesure de l'attention qu'il mérite. Il faut faire
plus.
Il faudrait donc avant tout une volonté politique des
gouvernants visant à encourager la recherche dans le domaine de nos
cultures. Ces recherches devront visiter et revisiter nos contes, chants,
danses, proverbes, devinettes, rites et rituelles, dans le but de mieux les
faire connaître, de mieux les comprendre et de mieux les conserver. Il
faudra cesser d'opposer tradition et modernité comme deux mondes qu'on
ne pourrait jamais concilier. Pour cela il faudra utiliser la modernité
pour rendre visible la tradition. En clair, on pourrait recueillir nos contes,
chants, proverbes et autres sur des supports audio et visuels (CD, VCD, DVD,
etc.) en vue de leur meilleure conservation. On pourrait également
transcrire ces contes pour avoir des livres accessibles à tous et
surtout les intégrer aux programmes scolaires. Le pouvoir central
(l'Etat) et les pouvoirs décentralisés (les communes) devraient
initier ou encourager ces initiatives en vue de garantir la promotion de nos
cultures. Il faut également que l'on prenne surtout conscience de ce que
cette culture constitue notre « patrimoine
immatériel150 » et qu'à ce titre nous
gagnons gros en posant chacun une pierre pour sa conservation. C'est le lieu de
recommander également l'organisation des concours de récitation
et d'interprétation des contes dans les écoles et
également aux seins des populations. Cela passe également par la
promotion des langues nationales, langues dans lesquelles est produite la
littérature orale.
Bibliographie
I. Sources orales
Anonyme, fils de DANGLOUFÈI Emmanuel, sept ans,
écolier, domicilié à Foumbéa
Anonyme, quatre vingtaine, agriculteur, domicilié
à Foumbéa
BAWANI Toussaint, cinquantaine, agriculteur, domicilié
à Foumbéa
DANGLOUFÈI Emmanuel, trentaine, agriculteur,
domicilié à Foumbéa
KANTON Aboulaye, quarantaine, agriculteur, domicilié
à Foumbéa
Pierre, trentaine, agriculteur, domicilié à
Foumbéa
Salifou, trentaine, agriculteur, domicilié à
Foumbéa
II. Ouvrages
II.1. Ouvrages généraux
GREIMAS, Julien Algirdas. Du sens II. Essais
sémiotiques, Seuil, 1983, 246 p. GREIMAS, Julien Algirdas. Du
sens. Essais sémiotiques, Seuil, 1970, 314 p.
HEBERT, Louis. Dispositifs pour l'analyse des textes et des
images. Introduction à la sémiotique appliquée,
Presses universitaires de Limoges, 2009, 281 p.
KOUROUMA, Ahmadou. En attendant le vote des bêtes
sauvages, Seuil, 1998, [Points] 380 p.
MEUNIER, Jean-Pierre. PERAYA, Daniel. Introduction aux
théories de la communication, de Boeck, Larcier, 2004, 459 p.
RICOEUR, Paul. La métaphore vive, Seuil, 1975,
314 p.
II.2. Ouvrages spécialisés
BAUMGARD, Ursula. DERIVE, Jean. Littératures orales
africaines, perspectives théoriques et méthodologiques,
Karthala, 2008, 439 p.
BAUMGARDT, Ursula. UGOCHUKWU, Françoise. Approches
littéraires de l'oralitéafricaine, Karthala,
2005, 334 p.
BENOIST, Cécile. Les médiathèques
à l'heure du conte, enquête ethnographiques et regard
socio-anthropologique, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, 264 p.
CAZIER, Pierre. Mythe et création, Presse
universitaire de Lille, 1994, 312 p.
De la FONTAINE, Jean. Fables, Larousse, [Classiques
Larousse], Tome I, 177 p.
De OLIVEIRA GOMES, Claudia. TAFANELLI, Charles. Comprendre la
mythologie. Jeunes Editions, 2006, [Perspectives], 171 p.
ELIADE, Mircea. Aspects du mythe, Gallimard, 1963, 250
p.
EQUILBECQ, François-Victor. Essai sur la
littérature merveilleuse des noirs suivi de Contes
indigènes de l'ouest-africain français, Ernest Leroux, Tome
I, 1913, 173 p.
ESTIENNE, Françoise. Utilisation du conte et de la
métaphore, Masson, 2001, 232pages
GRIMM. Contes choisis. Préface de Jean-Claude
Schneider. Choix et traduction de Marthe Robert, Gallimard, [Folio
classique], 230 p.
GUDIN, Paul. Histoire ou recherches sur les origines des
contes, Tome 1, Messidor An XI, 1803, 346 p.
KAKPO, Mahougnon. Introduction à une poétique
du Fâ, Diasporas et Flamboyant, 2006, 176 p.
KESTELOOT, Lilyan. Contes, fables et récits du
Sénégal, Karthala, 2006, 202 p. KESTELOOT, Lilyan. DIENG,
Bassirou. Les épopées d'Afrique noire, Karthala, 2009,
634 p.
MAALU-BUNGI, Crispin. Littérature orale africaine:
nature, genres, caractéristiques et fonctions, P.I.E Peter Lang,
2006, 255 p.
MARTIN, Jean Baptiste. DECOURT, Nadine. Littérature
orale: paroles vivantes et mouvantes, PUL, 2003, 306 p.
N'DA, Kan Pierre. Le conte africain et l'éducation,
L'harmattan, 1984, 246 p.
PAULME, Denise. La mère dévorante. Essai sur la
morphologie des contes africains, Gallimard, 1976, 321 p.
PLATON. GROU, Jean Nicolas. L'etat, ou, La République
de Platon, Lefèvre, Charpentier, 1840, 491 p.
PROPP, Vladimir, Morphologie du conte, suivi de
Les transformations des contes merveilleux, et de MELETINSKI, E.
L'étude structurale et typologie du conte, Seuil, 1970,
[Points], 254 p.
ROUSSEAU, Jean-Jacques. Émile ou de
l'éducation, Garnier-Flammarion, 1966, 628 p.
SENGHOR, L.S. et SADJI, A. La Belle Histoire de
Leuk-Le-Lièvre, Nouvelles Éditions Africaines du
Sénégal, 2001, [Afrique en poche], 191 p.
SINDJALOUM, Bawanam Bernard. ALAA NA APALAA
? s?? p? m?
naa to (Des femmes et des hommes comme il faut), Editions Abl?dè,
2008, 89 p.
VIELLE, Christophe. SWIGGERS, Pierre. JUCQUOIS, Guy.
Comparatisme, mythologies, langages: en hommage à Claude
Lévi-Strauss, Peeters, 2000, 454 p.
III. Articles
AROM, S. ALVAREZ-PEREYRE, Frank. « Conte et Chantefables
ngbaka-ma'bo (République centrafricaine) ». Journal de la
Société des Africanistes, 1975, Volume 45, Numéro 1
pp. 218 - 219
BARTHES, Roland. « Introduction à l'analyse
structurale des récits ». Communications, 8, 1966.
Recherches sémiologiques : l'analyse structurale du
récit. pp. 1-27
BOGNIAHO, Ascension. « La littérature orale du
Bénin », Ethiopiques n°46-47, 1987
BREMOND, Claude. « Avant propos ». Communications,
39, 1984 Les avatars d'un conte, pp 1-4
BREMOND, Claude. « Morphologie d'un conte africain ».
Cahiers d'études africaines. Vol.19, N°73-76. 1979, pp.
485-499.
BREMOND, Claude. « Principes d'un index des ruses ».
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BRU, Josiane. « Le repérage et la typologie des
contes populaires. Pourquoi? Comment? » Bulletin de liaison des
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CALAME-GRIAULE, Geneviève. « Valeur du patrimoine
oral africain » ICOM, La lettre du comité national
français #29
Du BERGER, Jean, « Marius Barbeau : le conte et le conteur
», Études françaises, vol. 12, n°1-2, 1976, p.
61-70
KASTORYANO, Riva. « Nationalité et citoyenneté
en Allemagne aujourd'hui ». Vingtième Siècle. Revue
d'histoire. N°70, avril-juin. 2001. pp. 3-18.
MARTENS, Charles. « L'origine des Contes populaires".
Revue néo-scolastique. 1° année, N°3, 1894.
pp. 235-262.
PAULME Denise. « Hyène, monture de Lièvre
(vingt versions d'un conte africain) ». Cahiers d'études
africaines. Vol. 15 N°60. 1975. pp. 619-633.
PAULME, Denise. « Typologie des contes africains du
Décepteur ». Cahiers d'études africaines. Vol. 15,
N°60, 1975, pp. 569-600.
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www.universalis.fr
RICOEUR, Paul. « Le symbole donne à penser ».
Esprit 27/7-8, 1959.
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enfants », Bibliothèque lecture développement de Dakar,
Sénégal
1999. www.ifla.org
.Consulté le 27/04/2011
SCHAEFFER, Jean-Marie. « Éduquer ».
Communications, 72, 2002. L'idéal
éducatif. pp. 71- 111.
TODOROV, Tzvetan. « Les catégories du récit
littéraire ». Communications, 8, 1966. pp. 125-151.
IV .Mémoires
AKAWE A. Fousséni, (2000-2001) : Contribution à
une étude de la morphosyntaxe et de la lexicologie des bases du
L?kpa, Mémoire de maîtrise, UNB,
Abomey-Calavi.
GAGLOZOUN, M. A. Kafoui, (2008-2009) : Le rôle social
du conte dans l'aire culturelle Aja, Mémoire de maîtrise,
UAC, Abomey-Calavi
GUEZO, Victor, (2002-2003) : La métamorphose dans le
conte merveilleux : spécificités dans les contes fon d'Abomey au
Bénin, Mémoire de DEA, UAC, Abomey-Calavi.
NANAKO, S. Sourou. (2007-2008) : L'orphelin dans les contes
de l'aire culturelle Idàáshà, mémoire de
maîtrise, UAC, Abomey-Calavi
V. Dictionnaires et Encyclopédies
Dictionnaire de l'Académie française,
8ème édition Dictionnaire Le Robert
Encyclopaedia Universalis
L'encyclopédie libre Wikipédia
VI. Sites Internet
www.contemania.com, lien du site
internet
contemania.com.
www.google.com, site de la
société Google.
www.linternaute.com, site
internet du magasine L'Internaute du groupe Benchmark
Group. www.memodata.com,
site web des dictionnaires Sensagent.
www.persee.fr, site d'un programme de
publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et
sociales.
www.wikipedia.org, site de
l'encyclopédie libre Wikipédia.
www.signosemio.com, site des
théories sémiotiques.
TABLE DES MATIERES
Dédicace i
Remerciements ii
Sommaire iii
INTRODUCTION 1
1. L'aventure du conte 4
1.1 Les origines du conte 4
1.1.1 Les anciennes théories : le Symbolisme et
l'Evhémérisme 4
1.1.2 Les travaux des frères Grimm 5
1.1.3 La théorie africaine ou ethnologique 6
Conclusion partielle 7
1.2 Essai de définition 8
1.2.1 Le mythe et le conte 9
1.2.2 La fable et le conte 14
1.2.3 La chantefable et le conte 16
1.2.4 La légende, l'épopée et le conte
18
Conclusion partielle 21
1.3 Classification des contes 22
1.3.1 La classification d'Equilbecq 22
1.3.2 La classification d'Aarne et Thompson 24
1.3.3 Vladimir Propp et la morphologie du conte 25
1.3.4 La morphologie du conte africain selon Denise PAULME 26
Conclusion partielle 31
2. Le conte et l'éducation chez les Lokpa 33
2.1 Définition et précision du sens des termes :
Education, parole et conte 33
2.1.1 L'éducation 33
2.1.2 La parole 34
2.1.3 Le conte ou M?t? 35
2.2 La performance du conte chez les Lokpa 35
2.2.1 Où dit-on le conte ? 36
2.2.2 Quand dit-on le conte ? 36
2.2.3 Qui dit le conte ? 37
2.2.4 Pour qui raconte-t-on le conte ? 39
2.2.5 Comment se déroule l'énonciation d'un conte ?
40
2.2.6 Pourquoi dit-on les contes ? 48
Conclusion partielle 49
2.3 Analyse des contes du corpus 49
2.3.1 Présentation du corpus 50
2.3.2 Structure du conte Lokpa 54
2.3.3 Le chant 56
2.3.4 L'onomatopée 57
2.3.5 Les personnages dans le conte Lokpa 58
2.3.6 Le temps 62
Conclusion partielle 63
2.4 Etude des thèmes dominants et interprétations
des contes 64
2.4.1 L'unité ou la cohésion sociale 64
3.4.2 La force entre justice et injustice 66
2.4.3 Le respect des anciens 72
2.4.4 La satire de la paresse 79
2.4.5 Le respect du choix des enfants 83
2.4.6 Dieu dans les contes et dans la société Lokpa
89
2.4.7 L'ingratitude et la trahison chez l'homme 91
Conclusion partielle 98
CONCLUSION 99
Bibliographie 101
I. Sources orales 101
II. Ouvrages 101
II.1. Ouvrages généraux 101
II.2. Ouvrages spécialisés 101
III. Articles 103
IV .Mémoires 104
V. Dictionnaires et Encyclopédies 104
VI. Sites Internet 105
TABLE DES MATIERES 106
Annexes - 1 -
CORPUS DE CONTES - 1 -
Système alphabétique de la langue Lokpa. - 1 -
1- Les consonnes - 1 -
2- Les voyelles - 2 -
Conte n°1 : Le peul - 3 -
Conte n°2 : L'aventurier - 19 -
Conte n°3 : Le poisson et la perdrix - 25 -
Conte n°4 : L'enfant terrible - 31 -
Conte n°5 : Pourquoi la terre mange les hommes - 49 -
Conte n°6 : Le malin et le bête - 56 -
Conte n°7 : Le démagogue - 68 -
Conte n°8 : Les deux amis - 73 -
Conte n°9 : Le crabe paresseux - 93 -
Conte n°10 : Pourquoi éviter l'homme - 101 -
Conte n°11 : Les quatres enfants - 117 -
Annexes
CORPUS DE CONTES Système alphabétique de la
langue Lokpa.
Le Lokpa ou L?kpa (ex-Dompago) est une langue africaine de la
famille des langues Gur. Elle compte dix-sept (17) consonnes et dix (10)
voyelles151. Le lokpa est une langue á tons. Elle a deux tons
: le ton bas (`) et le ton haut (').
1- Les consonnes
Nous dressons ici une liste des consonnes un exemple en lokpa
traduit en français.
P
|
p
|
Páápá
|
Papa
|
M
|
m
|
Má
|
Moi
|
F
|
f
|
Fúlá?á
|
Bidon ou coeur
|
T
|
t
|
Tá
|
Nous
|
N
|
n
|
Náw
|
Boeuf
|
S
|
s
|
Só?ónt?
|
Peur
|
L
|
l
|
Láál?
|
Hache
|
C
|
c
|
Cìmté
|
Lézard
|
Ny
|
ny
|
Ny???
|
Tête
|
Y
|
y
|
Yát?
|
OEuf
|
K
|
k
|
Kámpá?
|
Coq
|
?
|
?
|
?pá????
|
Oreille
|
?
|
?
|
Há?á
|
Chien
|
Kp
|
kp
|
Kpáákpá
|
Noix de coco
|
?m
|
?m
|
Nmáát?
|
Ecriture
|
151 Nous nous inspirons des travaux de Fousséni AKAWE
AKAYOKOTI , Contribution à une étude de la morphosyntaxe et
de la lexicologie des bases du L?kpa ( Mémoire de
maîtrise) et de Alphabets des langues africaines Unesco-SIL 1993 (
http://sumale.vjf.cnrs.fr/phono/PhonologieN.php
)
W w W??ná? Fortune
H h Hát? Don
2- Les voyelles
Nous ferons le même exercice pour les voyelles en donnant
un exemple à chaque cas.
I
|
i
|
Tíntè
|
Poisson
|
?
|
?
|
Ny??t?
|
Herbes
|
E
|
e
|
Tètè
|
Hier
|
?
|
?
|
T?t?
|
Terre
|
?
|
?
|
T?ml?
|
Travail
|
A
|
a
|
Àl?
|
Femme
|
?
|
?
|
Àpál?
|
Homme
|
U
|
u
|
Wúláw
|
Roi
|
O
|
o
|
Tòtó
|
Mère
|
?
|
?
|
Tônt?
|
Marche
|
Conte n°1 : Le peul
- T? tìì
Il// descend Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- f?láánt? nó?ól? ? w??ná
n?t?. Peul// quelqu'un// il// est// là. Il était une fois un
peul.
2- ??nà í tíík???
náá?.
Et// il // conduisait// boeufs
Et il conduisait les boeufs au pâturage.
3- ??nà í w??ná àl?.
Et // il// avait// femme Il avait une femme.
4- ? yààlá t?n? tà àl? ?n?? ?
k?lá sól???.
Il// femmes// tout//dans// femme// là// il//
dépassait// aimer Parmi toutes ses femmes, c'est elle qu'il aimait le
plus.
5- ??nà nó?ól? ? ?l??hk? àl? ?
n?.
Et// quelqu'un// il// arracha// femme// là Quelqu'un lui
arracha cette femme.
6- pà l??hká àl? ? n? to,
Ils// ont// arraché// femme// là//alors Quand
on lui a arraché cette femme,
7- ? t??ká nàà? ? mól??? k?.
Il// conduit// boeufs// il// gémit// tellement
Chaque fois qu'il amenait les boeufs au pâturage, il
gémissait.
8- ? t??ká nàà? ná ?
tápà k?kpám?y? to,
Il// conduit// boeufs// et// il// arrivait// rocher// sur
Chaque fois qu'il conduisait les boeufs au pâturage et
qu'il arrivait sur un rocher,
9- ? cák? k? ná ? t?l?
támá?á.
Il// asseyait// tellement// et// il// soutenait// menton Il
s'asseyait et mettait la main au menton.
10- ? t??ká nàà? ná ?
tápà k?kpám?y? to
Il// conduit// boeufs// et// il// arrivait/// rocher// sur
Chaque fois qu'il conduisait les boeufs et qu'il arrivait sur un
rocher,
11- ? cák? k? ná ? t?l?
támá?á.
Il //asseyait//tellement// et// il// soutenait// menton Il
s'asseyait et mettait la main au menton.
12- ??nà k?yàk? nàk?l? ?l?,
cá?áfelá?á pOOs? ? s?s?:
Puis// journéé//quelqu'un// alors// petite//
tortue// demande// il// que Puis un jour, une petite tortue lui demanda :
13- « f?láánt?, pèpèè
yèpnà nà hál? nyá t??kù?ù
nàà? Peul// quoi// a// laissé// et// jusqu'à//
toi// conduis// boeufs « Peul, pourquoi tu conduis les boeufs
14- nà páá w?l?nté ? kOmá
c?n?
Et// chaque//jour// ///tu// viens// ici Et chaque jour qunad tu
viens ici,
15- ?s? ? t?lá támá?á? »
Comme// tu// soutiens// menton
Il faut que tu mettes la main au menton ? »
16- s?s? ééh tàmpànà k?,
Que//ééh// vérité// tellement Il dit
qu'effectivement,
17- ?n? ? àl? n5?5l??? ?n? ? w?ná
Lui// il//femme// quelqu'un// là// il// a Il a une
femme.
18- ?n? ? àláá t?n? ?n? ? k?l?ná
?n??? téeu
Lui// il// femmes// tout//lui// il//dépasse// lui//
beauté Parmi ses femmes, c'est elle la plus belle
19- yé m?p?, ?n? ? tà ny? ?s?mpíí
?n? ? ká152 là nà ?n? ? m? àl??n? to.
Si//c'est//ça//lui//il//ne pas//sais//comment//
lui//il//fera//et// lui// il// prend// femme//lui// là Alors il ne
savait pas quoi faire pour reprendre cette femme.
20- ??nà cá?áfelá?á s?s? ?k?
ká p?s???. Et// la petite tortue//que// elle// pouvoir La petite tortue
dit qu'elle pourrait.
21- s? « héi má táapál? ?
p?s??? yáá »153 ? Que// heí// mon// ami//
tu// pouvoir « Mon ami, pourrais-tu » ?
22- s?s? ??h ?k? ká p?s???. Que//oui// elle// pouvoir
Elle dit qu'elle pourra.
152 Ká est un morphème qui permet
d'exprimer le futur. Il est aussi employé comme pronom possessif dans
certains cas.
153 Yáá est une morphème qui
permet de poser des questions.
23- s? « tô yéé t? l??hká
àl? ?n? pépó?óó ? ká há t?
»
Que// alors// si// nous// arrachons// femme// là// quoi//
tu//va//donner//nous ? « Si nous te ramenons ta femme que vas-tu nous
donner ? »
24- háá s? pá yó?ót?
mpí pá cáá to
Háá// que// ils//disent//ce que//ils//veulent//
alors
Il proposa aux tortues de dire ce qu'elles voudraient avoir.
25- ??nà pá h?l? ? náá?
tàà sósó.
Et // elles // montrent// il// boeufs// dans// grand Elles
montrèrent le plus gros boeuf de son troupeau.
26- s? náw ?n??? mp? pá cáá.
Que// boeuf// là// eux// elles// veulent
C'est ce boeuf là qu'elles voudraient comme
récompense
27- f?láánt? s? to tààl? f??.
Peul// que// alors// problème// il n'y a pas Le peul
accepta.
28- yè mp? pá pòlò.
Si//c'est ça// elles// aller Alors qu'elles aillent.
29- ??nà cá?áfélás? t??hk?
t?má.
Et// les petites tortues// réunissent// elles mêmes
Puis les petites tortues se réunirent.
30- ??nà ? h?l? s??? t?yá?á
Il// il// montre// elles// maison Il leur montra la maison
31- s? pòlàà ?l? nà
f?láánt? ?n? nà àl? pá
h?ntàà.
Elles//aller//alors// et//peul//là//et// femme//ils//sont
couchés Quand elles y arrivèrent, le peul et la femme
étaient couchés.
32- s? s?? hál? mp??? táá t?n?.
Elles// entrent//jusque//chambre//dans//là-bas Elles
entrèrent jusque dans la chambre.
33- sá wé? ? táá p kOmá
nà p m? ?l?,
Moment// quel//il// dans// ça// vient// et// ça//
prend// alors Au moment où ça allait prendre,
34- pá héélì pá
táá s?kpèlá?á s? ká to p?nt?.
Elles// dirent// elles//dans// petite//que//elle//
pète//caca Elles demandèrent à la plus petite de
péter.
35- ká to p?nt?. Elle// péta// caca
Elle péta
36- ??nà àl? n? sô?
Et // femme// entendre// odeur La femme sentit l'odeur
37- ??hná l??ká tásá tó?.
Et// autre// faire encore// péter Une autre péta
encore.
38-úúh ??hná só? nyálá
mp??? táá.
Úúh154// et// odeur// coudre//chambre//
dans
La chambre se remplit alors d'une mauvaise odeur.
39- ??hná àpàl? ?n? s? àl?
tóná p?nt? nt?.
Et// homme// là// que// femme//a pété//
caca//là L'homme accusa la femme d'avoir pété.
40- àl? s? àà?yóó p
tà155 k? ?n?.
Femme// que// non//ce// ne pas// est// elle La femme dit n'avoir
pas pété.
41- s? úúh àl? tóná.
Que//úúh// femme// a pété
L'homme soutient que c'est la femme qui a pété.
42- pá nìkì yóówú.
Ils// commencèrent// bagarre Ils se mirent à se
disputer.
43- ??nà f?làànt? ?n?, Et//
peul//là
Puis le peul,
44- f?làànt? wéi ?n? ? l??hká ?n?
?l? ? àl? k?156 mp? to,
Peul// quel// là// il//a arraché//celui-ci//
femme// effectivement//comme// alors Celui qui a arraché la femme de
l'autre peul,
45- hál? ? nà àl? ?n? pá
yòò mp? ?l? nà,
Jusqu'à// il//et// femme//lui//ils//bagarrent// comme//
çá// et//puis Ils se bagarrèrent et
46- ? má àl? ?n? nà ? l?s?
t?yá?á
Il// batit// femme// là// et// il//enleva//maison Il
battit la femme puis la répudia.
47- s? ? t??h
154 C'est une onomatopéé qui traduit un malaise
155 Tá est un morphème qui indique une
négation
156 k? est un adverbe de précision
Que// elle// part. Il lui dit de partir.
48- ?n? ? kà157 ny?má?á s? ? w?
téù,
Lui//il//croyait//que//elle//est// beauté Il croyait
qu'elle était belle,
49- ásé ? kômá?á s? ?
ká k? ?n? nà p?nt? só? nàà158?
Or//elle// est venue// que //elle//va tuer// lui// avec//caca//
odeur Alors tu es venue pour me tuer avec ton pet ?
50- ??hná ál? ?n? ? t??h ? kpé.
Et// femme// là// elle// partir// elle// rentre La femme
s'en alla.
51- ? m?l? ? pàl? k?p?? ?n? ? t?.
Elle // retourna// elle// mari//ancien//là//il// maison
Elle se retourna chez son ancien époux.
52- ??nà cáyáfélás? m?l? ?l?
nà159 ? c?l? s??? s? náw
Puis// les petites tortues// retournèrent//et//il//
donna// eux// leur//boeuf Les petites tortues se retourèrent et le peul
leur remit le boeuf.
53- ? c?lá s??? s? náw ?l? nà se t??h.
Il// a donné// eux// leur// boeuf// et//elles// partirent
Elles partirent aprés avoir reçu leur boeuf.
54- yé mp? s? cáá s? k? náw.
s?//ainsi// elles// cherchaient//elles//tuer//boeuf Alors elles
voulaient tuer leur boeuf.
55- ??nà s? hókô náw nà s?
s??.
Et// elles// attachèrent//boeuf//et // elles//
déposent Elles attachèrent le boeuf.
56- ??nà s? kpák? t??? tOO nà s?
tól??? náw tOO s?s? ? s? nà pá t?s?.
Et //elles//grimpaient//arbre//sur//et //elles//tombaient//boeuf
//sur//que//il//meurt//et//elles//préparent
Puis elles grimpèrent dans l'arbre et tombèrent
sur le boeuf afin qu'il meurt et qu'elles le préparent pour manger.
57- s? kpáwà se tol? náw tO
Elles// montaient// elles //tombaient//boeuf // sur Elles
montaient puis retombaient sur le boeuf.
58- s? kpáwà se t0l? náw tO
157 Kà est un morphème qui accompagne les verbes
au passé. Il faut le distinguer du ká qui introduit le futur par
l'accent qu'ils portent : l'accent grave pour le passé et l'accent
circonflexe pour le futur. Soit tout simplement le ton haut pour le futur et le
ton bas pour le passé.
158 C'est un morphème qui permet de poser des questions
indirectes.
159 La combinaison ?l? nà et une conjonction de
coordination qui peut être traduite par et«.
Elles// montaient// elles //tombaient//boeuf // sur Elles
montaient puis retombaient sur le boeuf.
59- s? kpáwà se tol? náw tO
Elles// montaient// elles //tombaient//boeuf // sur Elles
montaient puis retombaient sur le boeuf.
60- p? k??hsá ?l? Acì t?? n?t?
Ça// a comparé// et// Acì160//
partait// alors Un instant plus tard, partait Acì, le lièvre
61- s? « ??h mà tápálá m?
pèpò?ò ? lák? c?n? ? »
Que// ??h// mes// amis// vous// quoi// vous// faites// ici Il
dit «??h mes amis que faites vous ici ? »
62- « húúú hmmm náw n?t?
f?láánt? há t? nà s? t? k?y?
Húúú hmmm// boeuf// que//peul//a
donné// nous//et// que// nous// tuons « Húúú
hmmm le peul nous a offert un boeuf à abattre,
63- t? tà ny? ?s?námpì t? lá
nà t? k? ? to »
Nous// ne pas// savons//comment// nous// faire// et//nous//
tuons// il// alors Mais nous ne savons pas comment faire pour le tuer »
64- ??nà s? to yé mp? ?n? ? w?ná s??s?.
Et// que// alors// si// c'est ça// lui// il//avait//
couteaux Alors le lièvre dit qu'il avait des couteaux.
65- pá yèlè ?n? ? kóná s??s?
nà pá hókO náw nà pá k? ?.
Ils// ont laissé// lui//il//amène// couteaux//
et//ils//attachent//boeuf// et//ils//tuent//le Il proposa de les apporter pour
abattre le boeuf avec.
66- sá wéí ? táá pá
kOmá pá hókO náw na pá k? ?l? nà
Acì hìsì nánt?.
Moment//quel//il// dans// ils// sont venus//ils//
attachent//boeuf// et//Acì// découpe//viande Après avoir
attaché et tué le boeuf, Acì découpa la viande en
morceaux.
67-? hísá nánt? ?l? nà sá
wéí ? tá ? t?má nánt?
hísú?ú ?l?,
Il// découpe// viande// et// moment// quel// il// finit//
viande// découper//alors, Il finit de découper la viande puis,
68- ? l?s? « s??á kán? kál? ká
lónté ntó c?n?
Il// enlève//couteau// lá//
lui//sa//part//voici//ici
Il enleva une partie et dit « ce couteau ci, voici sa
part
69- kán? kál? ká lónté
ntó Celui//là// sa//part// ici Celui lá voici sa part
70- kán? kál? ká lónté
ntó Celui//là// sa//part// ici
Celui lá voici sa part
71- kán? kál? ká lónté
ntó » Celui//là// sa//part// ici Celui lá voici sa
part. »
72- p? kás? lótù ?l? ? c?l? s?
Ça// restait// ventre// alors// il//donne// eux
Alors qu'il ne restait plus que les intestins, il remit le reste
aux tortues
73- (Acì cáá ? mú?úlí
s???l? mp? yóó ?)
Acì // veut// il// abuser//eux// comme ça
(Acì veut cherche à abuser d'elle de cette
manière)
74- ? t?má s??? mú?úlú ló? !
Il// a fini// eux// abuser// viter Il a déjà abusé d'elle
!
75- ? c?lá s??? mp? ?l? ná s?
kísì
Il// donne// elles//comme ça// et// elles// refusent
Les tortues refusèrent les intestins proposés par
le lièvre.
76- s?l? s? yé mp??? ? ká là p?
kàà161 lá
Eux// que// si// c'est ça//il// faire// ça// ne
pas// fait
Elles dirent au lièvre que sa façon de faire le
partage ne leur convenait pas.
78- ??nà s? yé mp? nánt? nt? pá
m??ná t? nà pá t?s? na pá tó?ó
téítéí-
Puis// que// si//c'est ça//viande// là// ils//ont
retourné// ça// et//ils // préparent//et// mangent//
égal
Le lièvre proposa que chaque retourne sa part pour qu'ils
préparent ensemble et mangent équitablement.
79- s?l? s? tò tál? f??.
Eux// que// problème// il n'y a pas Elles dirent qu'elles
étaient d'accord
80- ??hná pá t?s? nánt? ná pá
tô?ô.
Puis// ils// préparent//viande//et//ils// mangent Ils
préparèrent la viande et la mangèrent
81- yé mp? wúláw tá?á
pá s?l?má tìyá?á.
Si// c'est çá// roi// maison// ils// ont
emprunté// marmite
En fait, c'est chez le roi qu'ils avaient emprunte la marmite.
82- Acì s? p? w? s? pá káás?
nánt? nà ?n? kp?nt?ná ?kpéná
tì?á.
Ací// que//ça// est//ils//restent//
viande//et//lui// ensemble//retourne//marmite.
Acì demanda aux tortues de laisser un peu de viande dans
la marmite afin d'éviter de retourner une marmite vide au roi.
161 Káá indique la négation au futur.
83- cá?áfélás? s? to p? w?
téú.
Petites tortues// que// oui//ça// est// bon
Les petites tortues jugèrent sage la proposition du
lièvre.
84- ??hná s? s?k? ? tì?á.
Puis //elles//chargent// il// marmite Puis elles lui
chargèrent la marmite.
84- c??? tì?á k? mpí to tàm ?n?
tán?s??ná f??.
Marbre//marmite//parce que// moment// marmite en aluminiun// il
n'y a pas
C'était une marmite en marbre car en ce moment il n'y
avait pas encore des marmites en aluminium.
85- Acì tápá wúláw t? ?l? ?
tà má?áná wúláw
áláá.
Acì// est arrivé// roi//maison//alors//il//ne
pas// retrouver//roi //femmes Lorsqu'il arriva chez le roi, il ne retrouva
aucune de ses femmes.
86- Acì t6?5 nánt? ?l? ? p?t? tì?á
k? àt? ná ká yOk?.
Ací// mange// viande// puis// il// jeta//
marmite//là// terre//et//elle//casse Acì mangea la viande, puis
jeta la marmite par terre et elle se brisa.
87- ? l??ká?á ?l? ? súl?ná
wúláw áláá pál? pá
l??ná táás? cá?.
Il// sortait// puis// il// rencontre// roi// femme//
eux//elles//reviennent//bois//chercher Alors qu'il sortait, il rencontra les
femmes du roi qui revenaient du champ.
88- pá pos? ? s? ?s?ná?á p?
lápá ná ? yOk??? pá tìyá?á
Elles// demandent// il// que//comment// ça// a fait//et
//il // casse//elles// marmite Elles lui demandérent les raisons pour
lesquelles il avait cassé leur marmite.
89- Acì s? cá?áfélás?
sèwá?á s? yélé ?n?
Acì//que// petites tortues// ont fui// elles//ont
laissé//lui
Acì expliqua que les petites tortues avaient fui pour le
laisser seul avec la marmite.
90- p?l? tà yé mp? mp? pá hok5 ?.
Eux//donc// si// c'est ça// eux// elles// attachent//il
Elles décidérent de l'attacher.
91- ??nà pá hOkO ? na pá l?ná?
ná pá táms? mpáá n5?5 ná pá
t?? k?yák? Et//elles//ligotent//il//et// elles//sont sortis//et//
elles//attachent// route// bouche//et//elles//partent// marché
Elles le ligotèrent, le sortirent au bord de la route
où elles l'attachèrent puis s'en allèrent au
marché
92- pá t?? k?yák? ?l? p? k??hsá to
t?kpààl? li?ná cO? nt?.
Elles// partent// marché// alors// ça// a
mesuré// donc//singe//revient// promenade //ainsi Quelques instants
après le départ des femmes du roi, un singe revenait d'une
promenade.
93- ? tápá ?l? ? p5s? s? « Acì ?
lák? wó?ó c?n? ?
Il// est arrivé// alors// il// demande//que// Acì//
tu// fais//quoi//ici Arrivé chez le lièvre, il demanda : «
Acì que fais-tu ici ? »
94- Acì s? ?n? ? lák? wó?ó c?n? ?
Acì// que// lui//il// fait//quoi// ici
Le liévre répéta la question du singe.
95- wúláw áláá hOk?nà
?n? s? pá kOmnà k?yàk? ?n? ? ká yálá
w? nà pá há ? k?yàk? wóntù Roi//
femmes// ont ligoté//lui//que// elles// viennent//
marché//lui//va baiser//eux//et// elles// donnent// il// marché//
choses
Il dit au singe que les femmes du roi l'ont attaché ici
pour qu'il couche avec elle quand elles reviennent du marché. En
contrepartie, elles lui donneront des cadeaux.
96- t?ná?á t?kpààl? pOsá
àc? s? « lé?é ? kpá?á h?nt?
áwé c?lá ? h?nt?
Là// singe// demande// Acì// que// où//
tu// a pris// penis// qui// a donné// tu// pénis
Alors le singe demanda au lièvre : « où as-tu
trouvé un penis ? Qui t'as donné un pénis ?
97- t?sám ná ? t?i t?n? ná má
kpá ? h5k? m »
Vite// et// tu// là// et// moi// monte// tu // attache//
moi Descends vite de là pour que je monte et que tu m'attaches.
»
98- àcí t?? nà t?kpààl?
kpá
Acì// descend// et// singe// monte
Le lièvre descendit et le singe monta.
99- ? hákb ? ??nà ? p5s? s?s? p?
nybOwáá ?
Il// attache// il// et// il// demande///que// ça//a bien
serré Il l'attacha et lui demanda si c'était bien
serré.
100- t?kpààl? s? p? tá nyOO
téù
Singe// que// ça// ne pas//a serré// bien Le singe
dit que cela ne serrait pas assez.
101-Acì tásà nyOs??? k? téù
Acì// faire encore// serrer//ainsi// bien Acì serra
encore plus fort.
102- ? p5s? s?s? p? nybOwá
Il// demande// que// ça// a bien serré Il lui
demanda si c'était bien serré.
103- t?kpààl? s? p? tá nyOO
téù
Singe// que// ça// ne pas//a serré// bien Le singe
dit que cela ne serrait pas assez.
104- Acì tásà nyOs???
k?'téù
Acì// faire encore// serrer//ainsi// bien Acì
serra encore plus fort.
105- ? pbsá t?kpààl? ?l?
t?kpààl? s? ??h p? nybOwá
Il// demande// singe//alors//singe// que//oui//ça// a
serré Quand il demanda encore au singe, celui-ci dit oui.
106- ? hOkO ? téù t? ké?ké? ?l? ?
t?
Il//ligote//il//beauté//ça //dur//puis//il// part
Il le ligota bien puis s'en alla.
107- p? k?sá ?l? wúláw
áláá162 mp? pá l??ná nà
k?yàk? nà pá hìkás?.
Ça//mesurer//puis//roi//femmes//eux//elles//
reviennent// avec//marché//avec//elles//lanières
Un instant plus tard, les femmes du roi revienrent du
marché avec des lanières.
108- pá tápá tO pá pO ? pá p5
? pá pO ? pá pO ?
Elles//
arrivent//alors//elles//étalent//il//elles//étalent//il//il//elles//étalent//il/
Quand elles arrivèrent, elles le battirent, le battirent et le
battirent.
109- t?kpààl? ny?n? p? tàà p?
tá láp ? t?ml?.
Singe// regarde//ça //dans//ça//ne pas//
fait//il//travail Le singe ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
110- p? kámá nà ?mná?á
fìtí too t?kpààl? ?má àt? nà
cáláp163 ? séé ? séé ?
pólò ? cá?á k?kpám??? too.
Ça// est venu//et//corde//
échappe//alors//singe//saute//terre//et//il//court//il//va//il//
assoir// rocher//sur
A un certain moment, la corde se coupa, alors le singe sauta
à terre, courut et alla s'assoir sur un rocher.
111- ??nà s? ?ùù ?n? ? tá ny? s?
k??k?? k?n? yáá k?n? k? k?l??ná w???.
Et// que//lui//il//ne pas//sais//que//côté//
celui.ci// ou//celui-là//
il//dépasse// douleur
Le singe disait ne pas savoir si c'est ce côté-ci ou
l'autre côté qui lui faisait le plus mal.
112- t?ná?á
cá?ásélá?á mOlá k?kpám??? t??h
s? ?hú164
Là// petite tortue// murmure// rocher// sous// que//
?hú
Une petite tortue, cachée sous le rocher, pouffa un rire
faible : « ?hú. »
113- t?kpààl? s? « áwò?ó
t?n? ? » Singe// que// qui// là
Le singe dit : « qui est là ? »
114-cá?ásélá?á s? «
má?á ». Petite tortue// que// moi La tortue repondit :
« c'est moi.»
115- t?kpààl? s? « l?? c?n? »
Singe//que//sors//ici
Le singe dit : « viens ici »
116- ??nà ká l? . Et//elle//sort
162 L'allongement de la voyelle indique que le substantif
àl? est au pluriel.
163 C'est une ononmatopéé qui permet d'exprimer le
bruit fait par le singe quand il a atterri.
164 C'est une autre onomatopée qui traduit le
rire de la petite tortue. Il s'agit ici d'un rire étouffé qu'on a
peur d'émettre de peur des représailles.
Elle sortit
117- ká l??wá ?l? t?kpààl? s?
ká pólò nà ká héé k6k5
nà ká káná ná ?n? ? w5 k? nà ? tb?6
Elle//sort//alors//singe// que//elle//aller//et //
chercher// feu//et//amener//et//lui//il//griller//elle// et//il// mange
Quand elle sorit, le singe lui ordonna d'aller chercher le feu
pour qu'il la grille avec et la mange.
118- ká pólò ká hé k6k5.
Elle// alla//elle// prit// feu Elle alla chercher le feu.
119- ká ko? ?l? ká h?l? k6k5 k? á?kp?l?m
k6k5 té
Elle// venait//alors//elle///
montre//feu//à//rosée//feu//éteint
Alors qu'elle revenait avec le feu, elle l'approcha de la
roséé et il s'éteignit.
120- ká ták? ?l? ká wòsò kok5
ká kísì m???.
Elle// arriva// alors//elle//souffla//feu// il//refusa// allumer
Arrivéé,elle souffla le feu qui ne s'alluma pas.
121- t?kpààl? s? ká pòlò
ká tásà hééú si p? tà k? mp???
pá wósú?ú kOkO.
Singe// que//elle// aller//elle//reprendre//
souffler//que//ça//ne pas//ainsi//ils//souffler// le
feu
Le singe dit à la tortue d'aller à nouveau
chercher le feu car elle ne soufflait pas bien.
122- ká pólò. Elle//alla. Elle alla.
123- yé mp? hás? w? nà s? lák?
hátáá165 ; s? cálo?o ká
héé k6k5.
si//c'est ça// chiens//sont//et// ils//faire//
entre-aide//ils//chez eux// elles// prend//feu
En réalité, les chiens étaient en train de
faire une entre-aide ; c'est là que la tortue allait chercher le feu.
124- p komá ká m?l? tom pá?ál? k?
nà p n?? hás? s? pOs?
cá?áfélá?á s? «àwé
tílì?í ? nà ? hékì k6k5 p f?? t?m k?
mp?
Ça// vient// elle// retourne//
fois//plusieurs//donc//ça// fatigue //chiens //ils //petite
tortue//que// qui//envoie//tu//et//tu//prends//feu//ça//sans//
finir//ainsi//donc
Surpris par le nombre imcalculable de fois que la tortue
était venue chercher le feu, les chiens lui demandèrent : «
Qui t'envoie ainsi chercher le fue sans fin ? »
125- cá?áfélá?á
héélì hás? s? t?kpààl?
tílínà ?k? s? ká héé k6k5 nà ?
w5 k? na ? tó?o Petite tortue// dit// chiens// que//singe//
envoie//elle//que//elle//cherche//feu//et//il// grille//elle//et//il//mange
La tortue raconta aux chiens que c'est le singe qui l'envoie
chercher du feu pour la griller avec et manger.
165 Há · ·,
taa chez les Lokpa, est aide commune que plusieurs personne
apportent à un individu qui les sollicite.
Parfois ceci prend des allures de fête car celui qui
sollicite l'aide de la communauté, doit faire á manger, et donner
à boire á la fin de la journéé. Au champ, on joue
du tam-tam pour encourager les travailleurs. Mais c'est une pratique qui
malheureusement se perd de plus en plus.
126- ?enà há?á nákl?
héélì k? s? ká cáà cótù
ká táá ?k? ká nó?ó ná
ká táp???'
puis// chien//
quelqu'un//dit//elle//que//cherche//moutarde//elle//coller//lui//sa//bouche//
et//son//fesses
Un des chiens proposa à la tortue de chercher de la
moutarde puis de lui en asperger la gueule et le derrière.
127- ká t?má ká kpá?á ?k?
ná ká póná t?kpààl?
Elle//finit//elle//prend//lui//et//elle//emmene//singe
Et lorsqu'elle aura fini, qu'elle le emmène au chien.
128- cá?áfélá?á là
mp?. ??nà ká kpá?á há?á ná
ká s??l? na ká kôkó Petite tortue//fit// comme
ça//et//elle//prit//chien//et//elle//porte//et//son//feu La petite
tortue suivit les instructions et porta le chien et prit son feu.
129- ká kômá ná ká
w?snà t?kpààl? ?l? ? p?s? k? s?s? «
popò?ò ? s???là tn? ? » Elle
//vient//et//elle//approche//singe//donc//il//demande//elle//que//quoi// tu//
portes//là Quand elle s'approchait singe, il lui demanda : « Que
portes-tu ? »
130- cá?áfélá?á co? s? «
wúúlàw háú s?pná ná ? c?l? m
s? má kOná ná ? sOOs? ná m ná ? wO ? tO?O.
»
Petite tortue//répondit//que//roi chiot// est mort// et//
il// donne// moi// que// je// emmène// et// tu// ajoute// avec// moi
//et//tu//grillles//tu//manges
La tortue lui répondit : « C'est le chiot du roi qui
est mort. Il m'a demandé de l'apporter pour que tu nous grilles tous les
deux pour manger.
131- t?kpààl? s? « hú má
ná »
Singe // que//jette par terre// moi// vois
Le singe dit : « Fais tomber, je vais voir »
132- cá?áfélá?á hú.
Petite tortue// fit tomber La tortue fit tomber.
133- s? « kpá?á hú má ná
»
que// prends// fais tomber//moi// vois
il dit : « Prends ! Fais tomber, je vais voir. »
134- ká kpá?á ká tásà
hù?ù.
Elle//prend//elle// fait encore //tomber Elle prit et fit encore
tomber.
:135- t?kpààl? lá?l? h??h s? «
má hìká nánt? k? sà?á m??h
máp?t? ntí pá màpá m to singe//poitrine//se
refroidir//que // moi// trouve// viande// ainsi// aujourd'hui //sûr //
bastonnade// que//ils//tappent//ainsi
Le singe était content et se dit : « Aujourd'hui,
j'ai trouvé de la viande malgré la bastonnade dont j'ai
été victime.
136- c?ná?á má wOk?
mácáácí p?n? ná má tO?ô
nà pá ná.»
ici//moi//grille// imbéciles// ces//et//moi//mange//et
//ils// vont voir C'est ici que je vais griller ces imbéciles et les
manger. Ils vont voir! »
137- cá?áfélá?á
tápá ?l?.
Petite tortue// arrive// alors La tortue arriva.
138- t?kpààl? s? ká hòsò
kôkó.
singe// que//elle// souffle// feu
Le singe lui ordonna de souffler le feu.
139- cá?áfélá?á pás?
hósú?üLa petite tortue// commença// à
souffler. La tortue commença à attiser le feu.
140- hósá
sásásásásásásásásásásásásásá166
hósá
sásásásásásásásásásásásásásá
hósá
sásásásásásásásásásásásásásá
hósá
sásásásásásásásásásásásásásá
141- t?kpààl? m? pááná.
Singe// prend// colère
Le singe se mit en colère.
142- ? héél? k? s? ká k?s? ná ? h?l?
ká?à kôkô hósù?ú.
Il//dit//elle//que//elle// quitte//et//il//montre//feu//
attiser
Il dit à la tortue de dégager pour qu'il lui
montre comment attiser le feu.
143- s? pá hósù?ú k? s?
Que// on// souffle//ainsi//que
Il lui dit : « on souffle comme ca
144- óffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
óffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
óffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
óffffffffffffffffffffffffffffffffffffff .167»
145- ? tá?ná hósù?ú ?l?
?ná há?á nô?ó nyómtà.
Il//est en train//souffler//donc//chien//bouche//trembler
Pendant qu'il soufflait, la gueule du chien fit un movement.
146- s? húm168 «
cá?áfélíyá?á
támpááná há?á ?k? ká
s?pá?á l??h169 ?»
166 Ce sont ici des onomatopées qui indiquent la
façon dont la tortue attise le feu. Elles n'ont dont pas de traduction
possible. Elle nous renseigne juste que la tortue ne souffle pas vraiment. Elle
nargue et retarde le singe.
167 Onomatopée montrant l'impatience du singe dans la
façon dont il attise le feu.
168 Onomatopée qui traduit le doute, l'inquiétude
chez les Lokpa.
169 Morphème qui permet de poser des questions.
Que // húm// petite tortue //vérité//
chien//là//il//mort Il dit : « húm tortue, ce chien est
vraiment mort ? »
147- t?ná?á há?á k?láá
ká t? t?kpààl? wàl?
là//chien// se leva// il// se mit// singe//
derrière
A cet instant précis, le chien se leva et se mit à
poursuivre le singe.
148- t?kpààl? séé ?
séé mp?? ná há?á k? ? wàl?. singe//
courut//il//ainsi//et//chien//ainsi//il//derrière Le singe courut ainsi
avec au dos.
149- pá s? tùlé.
Ils// entrèrent//forêt
Ils entrèrent dans la forêt.
150- pá s?? túlé ?l? pá
súlíná s?ms?m??? ná k? s???lá
náml?.
Ils //
entrent//forêt//et//ils//rencontrent//l'hyène//et//elle//porte//
meule
Quand ils entrèrent dans la forêt, ils
rencontrèrent une hyène qui portait une meule.
151-pá yóná k? ??nà náml? tOl?
nà t? yók?
Ils// bagarre//elle//et//meule// tombe//et//elle//se casse
Ils entrèrent en colision avec l'hyène. La meule
tomba et se brisa.
152- s?ms?m??? s? pá s?? pá s?? pá s??
pá s??
Hyène// que//ils// arretent//ils// arretent//ils//
arretent L'hyène leur ordonna de s'arrêter
immédiatement.
153- ??hná pá s??.
Et// ils // s'arrêtent Ils s'arrêtèrent.
154- s? wéí ? séwá p?
yáá ?.
Que// qui//il//fuit//ça//appelle//il
Il dit que celui qui tente de fuir aura de problèmes.
155- pá nyálà ?n? ? náml?.
Elle//coudre//lui//il//meule
Elle leur demanda de coudre sa meule.
156- t?kpààl? lààl? yó?Ot???
s?s? « p? cá?á há?á m
cááná nyálá?áná
námá nàà170 ? »
Singe// dévance// parole// que//ça// assoir//
chien// vos//parents// cousaient// meules//
Le singe demanda vite au chien : « Chien, n'est-ce pas vos
ancêtres qui cousaient les meules ? »
157- há?á sùmá.
Chien// se taisait Le chien se tut.
158- s? « há s?ms?m??? pás? ná ?
ná ? nyálà nyá náml?.
170 Morphème qui permet dans ce cas de poser une
question.
Que// há//hyène// occupes//il//et//il//
courd//ta//meule
« Há ! hyène occupes-toi de lui pour qu'il
répare ta meule.
159- pá cáaná
nyálá?áná námá
Ils //parents// cousaient// meules
Ce sont leurs ancêtres cousaient les meules.
160- tá t? t? tà ny? námá
nyál???
Nous// maison// nous//ne pas//connaissons// meules// coudre Chez
nous, nous ne savons pas coudre les meules. »
161- há?á s? s?ms?m??? p?l? p? tà k?
tààl? nO?Ol?
Chien// que// hyène// ceci//ça//ne
pas//est//problème// quelqu'un Le chien dit : « Hyène ceci
n'est pas un problème pour moi.
162- má tá kp?s? s? tá
cááná nyálá?á nàmá
Je //ne pas//refuser//que// nos//parents// cousaient//
meules Je ne dis pas que nos ancêtres ne cousaient pas les meules.
163- yé mp? t?kpààl? tOn??? ná t???
ním k? pá nyálá?áná
nàmá si// ça// singe//
peau//et//abeilles//huile//que//ils//cousaient// meules C'est avec la peau du
singe et du miel qu'ils cousaient les meules.
164- s? ?s?ná?á ? ká là nà ?
híká p náal? ma nyál??? nyá náml?
Que // comment//tu// vas// faire//et// tu// trouve//ils//deux//
je// vais coudre//ta// meule Comment vas-tu faire pour trouver ces deux choses
? Si tu les trouves, je vais coudre ta meule. »
165- s?ms?m??? si yé t?l? tom p?cO?5
Hyène // que//si//ça// affaire// moindre
L'hyène assura que ceci est une petite affaire.
166- « t??? ním fúlá?á k?
má páá c?n?.»
Abeilles//huile// gourde//que// je// avoir à
l'épaule// ici
« C'est une gourde remplie de miel que j'ai ici à
l'épaule. »
167- há?á s? ná t?kpáàl?
tOn??? hík??? ká láná ?tá?ál?
kát?.
Chien// que// et// singe// peau// trouver// va//faire//ainsi//
difficultés
Le chien dit : « C'est alors la peau du singe qui sera
difficile à trouver. »
168- s?ms?m??? s? « ?s?ná tOO kát? ?
Hyène //que//comment// sur//difficultés «
Quelles sortes de difficultés ?
169- àwé s??á ?s?
Qui //être debout// ainsi
Qui est ce qui est là debout ? »
170- ??nà ? ká s?kpál??? ? c?l?
t?kpààl? sí?ílé wáál? k?
ko?l?
Et //il// enfonce// ongle//il// dechire//singe// dos//
derrière// là // peau Il enfonça son ongle dans le dos du
singe et déchira la peau.
171- ? c?l? há?á
Il //donna// chien
Il la donna au chien.
172- k?l? ká lí t??? nìm ?l? ká c?l?
? s? ? tO?5 p? kp?sáá ? c?l? ?n?
Celui.ci//il// mettre// abeilles//huile//
et//il//donne//il//que//il// mange//ça// devenir mou//il// donne//
lui
Ce dernier mit la peau dans le miel, puis la remit à
l'hyène lui demandant de mâcher et de lui redonner quand la peau
sera bien molle.
173- s?ms?m??? m? k? tO?O ná k? lí.
Hyène // prend// elle// mange//et// elle// avale
L'hyène prit, mâcha, puis avala.
174- k? tásá t?kpààl? t?n??? k?
lítú?ú.
Elle // répéta// singe//peau// alors//
écorcher
Elle écorcha à nouveau une partie de la peau du
singe.
175- há?á tásá mp? t?t?
Chien // répéte// comme// encore Le chien refit la
même chose.
176- s?ms?m??? s? « hó171
há?á p? t??wá » Hyène //que// hó//
chien// ça// est parti L'hyène dit « hó ! Chien,
c'est parti. »
177- há?á s? « mà tomá ? t5?6
p? kp?s? ? c?l? m yóó172 ??hná ?
líkíí ?
Chien //que //je// dis//tu//mange// ça// devenir fin//
tu// donne// moi//et// tu// avale
Le chien lui reprocha : « Je t'ai dit de manger et de me
redonner quand ce sera fin et toi tu avales ?
178- ló?ó t? tás??? kpá?á? k?
tOnn???
Où //nous// répétons// prendre// que //
peau Où allons-nous encore trouver de la peau ? »
179- s?ms?m??? s? « há ? s????? ?s?nO to ?
t?má?á ? »
Hyène //que// há il// être debout// ainsi//
alors// il// est terminé
L'hyène répondit : « Há ! Et qui est
lá devant nous ? Ça peau est-elle terminée ? »
180- ? tásà sékpál??? k? kám
? c?l? há?á.
Elle // répéter// ongle // là//
enfonce//il// donne// chien Elle enfonça encore ses ongles et donna au
chien.
181- ká tásà mp? Il //
répéta//ainsi
171 Onomatopée qui montre qu'on a
été surpris par une chose ou qu'on a fait quelque chose qu'on n'a
voulu faire. Il traduit ici la surprise de la hyène car elle feint avoir
avalé sans vouloir la peau.
172 Onomatopée qui permet d'insister ou de se
plaindre. Ici le chien se plaint du comportement gourmant de l'hyène.
Il répéta la même chose.
182- s?ms?m??? tásà líp? Hyène //
répète// avaler L'hyène avala à nouveau.
183- s?ms?m??? tásá s?kpál??? kám
to, Hyène // répéta// ongle// enfoncer// alors Quand
l'hyène enfonça encore l'ongle,
184- héi173 t?kpààl?
séé
Héí// singe// courut
Soudain, le singe se mit à fuir
185- pát?l? pát?l? pát?l?
pát?l?174
186- s?ms?m??? t? ? wál? pá s??
túlé.
Hyène// met// il// derrière//ils//
entrent//forêt
L'hyène se mit à sa poursuite et ils
s'enfoncèrent dans la forêt.
187- pá s?? túlé ?l?,
Ils // entrent// forêt// puis Ils entrèrent dans la
forêt,
188- t?kpààl? kpá t??? ny???
táá
Singe // grimpa// arbre// tête// dans
Le singe grimpa au sommet d'un arbre.
189- s?ms?m??? k?l? k? sáál? àt?.
Hyène//lui// elle// reste// terre L'hyène demeura à
terre.
190- mp? p yépná ná t?kpààl?
s? ny??t?
C'est ça// ça// a laissé//et// singe//
entre// herbes C'est ainsi que le singe devint un animal sauvage
FIN
Conte n°2 : L'aventurier
- T? tìì
Il// descend
173 C'est une onomatopée qui traduit ici la
vivacité de la réaction du singe.
174 Onomatopée qui traduit ici comment court le singe.
Elle montre que le singe court dans tous les sens et à vive allure.
Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- ?fépú nó?ôl? ? w?nà mp?.
Jeune homme// quelqu'un//il// était// comme ça Il
était une fois un jeune homme.
2- ? cá?á mp?.
Il// assit// comme ça Il vivait tranquille.
3- p kómá p táá?? to ? àl? w?
hó?ó.
Ça // vient//ça// durait// alors//il//femme//est//
grossesse Quelques années après, sa femme tomba enceinte.
4- s? ? t? y?là k? nà ? híkí
lí?íté ná ? ko
Que //il// part// exode// et// il//trouve//
argent//et//il//vient Il décide de partir en exode afin d'avoir un peu
d'agent.
5- ? t??h y?lá. ? pólò ? hálà
hál? àl? l?l? p?yá?á ? tà kO
Il // part// aventure// il//alla//il// travailler avec une
houe// jusqu'à// femme// accouche// enfant// il// ne pas// venir
Il partit en aventure, travailla et ne revint pas jusqu'à
la naissance de l'enfant.
6- hál? p?yá?á là y?l?. ? tá
kòntà
Jusqu'à// enfant// fait// être humain//il// ne
pas// encore venir L'enfant grandit. Et il ne revint pas encore.
7- ? hàlá ?l? pá f?l? ?
yòyò
Il // travaille// donc// ils// payent// il// chameau Il
travailla et on lui paya en retour un chameau.
8- ? tásá hál?m pá
tásá ? l?l?
Il // répéter// travail// ils//
répéter// lui// un autre
Il travailla encore et on lui donna un autre chameau.
9- ?l? ? ny?lá mpó?ólá?á
ny??
Mais// il// voudrait// trois// chose Mais il voulut avoir un
troisième.
10- ? cá ? kómmá ? p??ht? ?
tá?án? ná ? t?yá?á.
Il//
veut//il//vient//il//vend//il//réparer//et//il//maison Il voulait les
revendre pour rénover sa maison.
11- ? k?lá nà ? kó? to,
Il // se leve// et//il//vient//alors Alors qu'il rentrait,
12- mp??? ? súlná àpál? n5?5l?
ná ?l? ? t??hk?
Ainsi//il//rencontre// homme//quelqu'un//et//lui//il//partait Il
rencontra un homme qui partait.
13- mp??? àpál? ?n? s? « má
p?yál? »
Comme ça// homme// là//que// mon// fils Alors il
dit : « Mon fils.»
14- ?fépú s? « ??h. »
Jeune homme// que// oui
Le jeune homme répondit : « oui. »
15- « yé ? háá m yóyó
k?l?m má tásá ? l?má?ás??h. » Si //
tu//donne// moi// chameau// un// je// ajoute///tu// pensées « Si tu
me donnes un chameau, je te donnerai un conseil. »
16- ?fépú má?ási ? tàà
s? « háhá l?má?ás?
áná?ál? ?n? ? cá ? sós? m mp? ?»
Jeune homme// essaie// il//dedans// que// háhá//
pensées// quelles//celuici//il//ajoute//moi//ainsi
Le jeune homme se demanda intérieurement : « Quels
sortes de conseils celui-ci veut me donner ? »
17- ? c?l? ? k?l?m Il //donne//il//un Il lui donna un.
18- ? héél? s? « ? h??hs??? tá h??hs?
?sétém tàà h??h ?lím tàà.
»
Il // dit//il//que//tu// reposer//ne pas// repose//
ombre//dans// repose// soleil// dans
Il lui dit : « Si tu veux te reposer, ne te repose pas
à l'ombre, reposes-toi au soleil. »
19- s? « ? ká t?sá m l??hl? má
tásá ? h?w??h. »
Que // tu// donnais//moi// un autre//je//
ajoute//tu//idées.
Il dit encore : « Si tu me donnais un autre, je
t'ajouterais des idées. »
20- há ? t?s? ? c?l??? k? l??hl?
Há ! il// termine//il//donner//alors//l'autre Há !
Il le lui donna.
21- s? ? má?ánà l?m tá t?
yélé ná y?láá t?s? ?l? ? t?
Que //tu// trouves// eau//ne pas//
entre//laisse//et//personnes// traversent//et//tu// entres
Il lui dit alors : « si tu vois un fleuve, ne le traverse
pas. Laisse des gens le faire, puis traverse.
22- « mp5?5lá?á ny?? má
héélí ? »
trois//lui// je //dis//tu
Donne le troisième pour que je te dise.»
23- ? t?s? c?l??? p? yélé ? ?s? ? ká
t?wá to
Il //termine// donner//ça
//laisse//il//comme//il//était parti// alors
Il lui donna le dernier et se retrouva sans rien, comme il
était parti de la maison.
24- ??nà àpàl? ?n? ?
héélí ?fép? s? « nyá mpáá
táá ? ná mpí tá yó?ót?
nát?l? cá?á t? tí?ítí?í Puis
// homme// là// il//dit//jeune homme// que//toi// route//
dans//tu//vois///quelque chose//ne pas// quelque chose//reste// tranquille
Puis l'homme dit au jeune homme : « Au cours de ton
voyage,si tu vois une chose que tu ne comprends pas, et qui ne te plais pas, ne
dis rien. Reste tranquille. »
25- ? má?áná tom k? t??á tá
pOs? ? cá?á ? ká ná t?
Tu // retrouve// problème//maison// ne
pas//demande//tu//restes//tu//va//voir//ça
Si tu retrouves un problème à la maison, ne pose
pas de questions. Si tu y restes, tu comprendras. »
26- s? « to má n?wá. »
Que // oui//je// ai compris
Il dit : « D'accord, j'ai compris.»
27- ? t? t?yá?á mpáá
kpà?átá kpà?átá
kpà?átá kpà?átá.175 Il
//se mit// maison//route// kpà?átá
kpà?átá kpà?átá
kpà?átá Déçu, il prit le chemin de chet
lui.
28- ? kpé? k?l?. ? ?s?l? s?ná mpáá
nt? yém
Il // rentre// ainsi//il// oeil // rougit// route// ainsi// rien
Il se concentait sur le chemin que mène chez lui.
29- « háá má lápá p??s?
àwó k?l? yém ?»
Háá ! Je //fait// années// infinies//
ainsi//rien
« Háá ! J'ai travaillé des
années durant pour rien ?
30- nOnO má kpé? p?l? f?? ? »
Maintenant //je//rentre//chose// il n'y a pas Maintenant, je
rentre les mains vides ? »
31- t?ná?á ? súlná f?lánt?
nO?Ol? ná ? àl? pál? pá
kéétú?ú náá?.
Là //il// rencontre// peul//quelqu'un//et//il//femme//
eux//il// conduisent// boeufs Soudain, il rencontra un peul et sa femme.
Ceux-ci conduisaient les boeufs.
32- ??nà f?lánt?ná hOlO ? tOOn? s? ? nyO
Et //peul // délayent// il// dêguê // que
//il//boit Ils lui délayèrent le
dêguê176.
33- pá pOs? ? s? lé?é « ?
púkí ? »
Ils // demandent//il//que//où// tu//vas Ils lui
demandèrent : « Où vas-tu ? »
34- ? h?l? w? s? « ?s?nO to k? má
púkiná. » Il // indique// eux// que// comme// là// je
vais Il leur indiqua : « Je vais de ce côté. »
175 Onomatopée qui imite la démarche d'une personne
frustrée, déçue, triste et parfois d'une personne en
colère.
176 C'est la traduction la plus proche que nous avons
trouvé. Le dêguê peulh est fait à base de mil et
d'épices. Il se délaie avec le lait de vache.
35- p?l? s? « há t?n? to k? tá
mà?àmà?à t? púkíná
Eux // que// há!//
là//aussi//nous//même//nous//allons.
Ils lui dirent : « Há ! Nous allons aussi de ce
même côté.
36- ? t?? p?l? f?? .s?ná t??? tá
náá? kéétú?ú nà t?
kpé
Tu // marche// chose// il n'y a pas// aide //nous//nos//boeufs//
conduire// et// nous// rentrons
Tu te déplaces les mains vides. Aide nous à
conduire nos boeufs pour aller à la maison. »
37- pà c?lá ? tOOn? ?l? ? póló ?
cá?á ílím táá ná ? ny56k?
Ils //donnent//il//dêguê//alors//il//
alla//il//assit//soleil//dans//et//il// buvait. Ils lui donnèrent le
dêguê puis il alla s'assoir au soleil pour boire.
38- f?lánt? s? « ho hóhó177
? pólá ? cá?á ?lìm táá
nà ? nyOk? wáíyó178 »
Peul //que//h5 hóhó// il// est
allé//il//assoir// soleil// dans//et//il//boit//wáíyo
Le peul s'étonna : « Il est allé s'assoir au
soleil pour boire » acheva-t-il compatissant. »
39- t?m nO?Ol? ? ká w? t??? ?k? k? p??
táá
Serpent // quelqu'un// il// était //arbre//
là//il// trou//dans Il y avait un serpent dans le trou de cet arbre.
40- ? l? ? ló àpàl? ná ? s?
Il //sortit// donner un coup// homme// et//il//meurt.
Il sorit et donna un coup de croc à l'homme qui rendit
l'âme.
41- f?lánt? àpàl? s?pá?á l?
p? kás? àl? nà náá? p? súwá
Peul // homme// meurt//ainsi//ça //reste//femme//
et//boeufs //ça remplit Le peul mourut, laissa sa femme et beaucoup de
boeufs.
42- àl? s? ?s?ná?á « má
làk? ?s?nO ? »
Femme // que// comment//je // vais faire// donc ? » La
femme se dit : « Que vais-je faire ? »
43- ?fépú s?ná àl? k?
náá? kétú?ú s? pá t?s?ná
pO?O.
Le jeune homme// aide //femme//alors //boeufs
//conduite//que//ils// traversent//fleuve Le jeune homme aida la femme à
conduire les boeufs pour traverser le fleuve.
44- pá tápá p5?5 táá to
náá? t?s?
Ils // arrivent//fleuve//dans// alors//boeufs//traversent Quand
ils arrivèrent au fleuve, les boeufs traversèrent.
45- àl? s?? l?m táá to l?m t5?5
àl?.
Femme // entre//eau//dans//eau//mange//femme La femme entra dans
l'eau et l'eau l'emporta.
46- l?m pásá t??h? ?l? ìfépú
?n? t?s? ? t? náá? wààl? nà
àpàl? ?n? ? lí?íté
húlú?ú
177
Ceci est un onomatopée qui traduit l'étonnement. Le
peulh s'étonne ici que le jeune aille s'assoir au soleil pour boire,
alors que l'ombre est beaucoup plus confortable.
178 C'est une onomatopée qui traduit la pitié.
C'est ce que l'on dit quand il a de la pitié pour une autre personne.
Mais dans certains cas, ceci peut être utilisé ironiquement. C'est
la situation d'énonciation qui le détermine.
Eau // diminue// beauté// alors// jeune homme// il//
entre// boeufs // derrière//avec// homme//là//il//argent// sac
Quand l'eau du fleuve diminua, le jeune homme traversa et suivit
les boeufs avec le sac remplit d'argent du peul.
47- ? póló ? kéétí
náá? nà ? kpénà ? t?
Il //alla//il//conduisit// boeufs // et//il//emmena//il//maison
Il alla conduire les boeufs et les emmena chez lui.
48-? kómá ná ? tálá
t?yá?á to ? s?? nà ? ny?n? ? ny?n?.
Il // vient// et//il//atteint// maison// alors//il//
arrête//et//il//regarde//il//regarde Lorsqu'il arriva à la maison,
il s'arrêta et regarda et regarda.
49- « ? s?ná?á má lák? ?
»
Comment // je // vais faire
« Comment vais-je faire ? »
50- ? yáà ? àl? nà ? kó
Il // appella// il// femme//et//elle//vint Il appela sa femme
qui vint.
51- s? « ? náà mpí mà
y?là má híkí tO
Que //tu// vois//ce que//je//chasse// je// trouve
Il lui dit : « Voici ce que j'ai ramené de mon
voyage.
52- « ? náà lí?íté
náá? ?n? má t?ná ?
Tu// vois //argent//boeufs//là//je //possède// ils
« Tu vois l'argent et les boeufs ? Ils sont à moi.
53- mpí mà y?là mà
híkí tó?ó l?
C'est ce que//je//chasse//je//trouve//ainsi// donc « C'est
ce que j'ai ramené de mon aventure. »
54- ?l? ?fépú nó?ól? ?n? ? w? ?
t???? w?
Mais // un jeune homme//là//il//est//il//suit//eux Mais
un jeune homme les suivait partout.
55- s? ?fépú wéí nt?
náà ? t??O?O wá?á mp?
Que // jeune homme//
quel//ça//et//il//suit//eux//ainsi.
Il se demanda qui est ce jeune homme qui les suivait partout
ainsi ?
56- « ?m??l? yàà mà àl?
tá? ? »
Voleur // je //femme//amant
« Est-ce un voleur ou un amant de ma femme ?
57- pá héélá ? s? ?
tàà yO?Ot?
Ils // avaient dit//il//que//ne pas// parler
On lui avait dit de ne pas parler..
58- ? kánt?l? ná ? sú mp?
Il// s'efforça//et//il//se tut//ainsi Il s'efforça
et se tut.
59- téú fémá ?l? ? àl?
yàà ?
Beauté// se réveille//alors//il//femme//appela//il
Le lendemain, sa femme l'appela.
60- ??nà ? h?l? ? ?fépú ?n?
Et //elle//montre//il//jeune homme//lá
Puis elle lui présenta le jeune homme.
61- s? « ? nàà ? t??hká?á
má w?ná hó?ó ?ká to.179 Que //
tu// vois// tu//partais// je//avais// grossesse Elle lui dit : « tu vois,
lorsque tu partais, j'étais enceinte
62- nyá p?yàl? nt? Toi // fils// ça Voici
ton fils ! »
63- s? hé t?ná?ál? ? tílá
nà ? kpí ífépú
Que // hé// c'est là// il// bondit//et//il//
étreignit// jeune homme Il dit : « Hé ! » Il bondit
et pris le jeune homme dans ses bras.
FIN
Conte n°3 : Le poisson et la perdrix
- T? tìì
Il// descend Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- àpál? nó?ól? ?
hál?ná m?s?
Homme // quelqu'un// il// a cultivé// mil
Il était une fois un homme qui cultiva du mil.
2- ??hná l?yás?180 (l??hs?) l??hs?
ná áhókás? pá púkì ná
pá tók? ? mlá (m?hó181) Et // les
perdrix// perdrix//et// tourterelles//ils// vont//ils// mangent//il//mil Les
oiseaux allaient manger le mil qu'il a semé.
3- ?úú182 pá tók?
pá tók? pá tók?
Núú // ils//allaient //ils//mangeaient Ils allaient
picorer.
179 ?ká to est ici employé comme pronom. Il
précise la grossesse dont il est question.
180 Le vrai mot est celui qui est entre parenthèses. Le
conte est ici dit par un enfant de 7 ans. Il a mal prononcé le mot .
mais sa maman l'a corrigé et lui a fait répéter le vrai
mot.
181 Le mot entre parenthèses est ici encore le vrai.
L'enfant , un fois encore se trompre de mot. Mais il est immédiatement
corrigé par ses parents ou d'autres enfants qui connaissent le mot
exact.
182 Onomatopée qui traduit l'inquiétude.
4- w?l? nátl?l??? l? ? tílá ?
píyáá s? s? pòlò s? côô
tál? nt?
Jour // quelqu'un//ainsi//il//envoya// enfants//que//ils//
vont//ils//faire le tour// champ// là Il envoya, un jour, ses enfants
faire le tour du champ.
5- s? póló s? côô s?
má?áná p tô?á
Ils //vont// ils//font le tour//ils// retrouvent//ça // a
mangé
Ils allèrent faire le tour du champ et contatèrent
que les oiseaux avaient picoré.
6- s? pólò s? héélí s?
cà
Ils //vont// ils//disent//ils// père Ils allérent
en informer leur père.
7- s? há pààpá t?
pólàá to t? má?áná nyá m?s?
?s? s? cá t?m yòò
Que // há//papa//nous// sommes//alors//nous// avons
retrouvé// toi// mil// là// ils// veulent// finir
Ils dirent à leur père : « Papa, nous sommes
allé retrouver que les oiseaux ont détruit presque tout ton mil
»
8- s? ?s?ná?á p lápá
Que //quoi// ça// a fait
Il dit: « Que s'est-il passé ? »
9- s? héé p tO?á yá?á
Que // héé// ça //a mngé//
ça
Ils répondirent : « héé ! Ils ont
beaucoup mangé.
10- ? póló ? ny? kátOká
(húúmmm183) Il // alla// il// poser// piège
Il alla poser un piège.
11- ? ny? kátOká (tôtô184)
húúú185 Il // pose//piège.
Il posa le piège.
12- ? póló ? má?áná p
tá kpà p?l?
Il // va//il//retrouve//ça //ne pas//attraper//chose Il
alla retrouver que le piège n'a rien attrapé.
13- p téú fé ? póló ? cOO.
Ça // pluie//se réveille//il//va// il //cri Le
lendemain, il alla vérifier.
14- p tà kpà p?l? ?l? m?s? púkí t?m
Ça // ne pas//attraper // chose// mais// mil// part//finir
183 Onomatopée qui traduit ici le soupir d'une personne.
Cette onomatopée n'est pas dite par le conteur mais par un auditeur.
C'est pour cela que nous l'avons mis entre parenthèses.
184 Réaction d'un auditeur, séduit par
l'idée que le personnage a eu de poser un piège et en même
temps curieux de savoir qui massacre le champ de mil.
185 Onomatopée qui permet de narguer ou de se moquer d'une
personne ou de quelque chose. Ici le conteur se moque du personnage.
Le piége n'avait rien pris, mais le mil finissait de plus
en plus.
15- ??nà w?l? nát?l? ? cá?á p
àcà?à.
Et // jour//quelqu'un// il// reste// ça// en alerte Un
jour, il se prépara.
16- ? póló ? kpá t??? t55
Il // alla// il// grimpa// arbre// sur Il alla grimper sur un
arbre.
17- l?ya?á póló ká yáá
tínté s? pá pòlò pá t5?5
mhó
Perdrix // alla// elle// apple//poisson// que// ils//vont//ils//
mangent// le mil La perdrix alla chercher le poisson pour, ensemble, aller
manger le mil.
18- tínté s? « to mà f?? ké?
yé t? tápá nà tál? t? ?
kóówá nà ? k?l? nà ? yélé m
Poisson // que//oui// je //sans// ails//si//nous//arrivont//et
champ//propriétaire// crie// et// tu// lèves// et// tu//laisses
// moi
Le poisson dit : « Bon, je n'ai pas des ails. Si nous
arrivons sur les lieux, et que le le propriétaire du champ crie, et que
tu t'en voles et me laisses seul,
19- ?s?ná?á má lák?
Comment //je// fais Que vais-je faire ?
20- pá kpá m sé ?s?ná?á
máá t?ná
Ils //attrapent//moi// alors//comment// moi//finirai Si on
m'attrape, que vais-je devenir ? »
21- s? 5555186 ?l? ? táá n???s? p t?m
(tínté y5?5t???ná ?tá?ál? mp?)
áá?yóó l?yá?á Que // 5555 //
lui//il//ne pas// inquiéter//ça //probléme//( poisson//
parlait//comme// ça ?) non// perdrix
Elle dit au poisson de ne pas se faire des soucis pour cela
(C'est le poisson qui parlait ainsi ?). Non, la perdrix.
22- l?yá?á s? ?n? kpák??? ? ?n? kp?nt? ?
k?l?
Perdrix // que//elle// prendra//il//elle// rassembler// il//
lever
La perdrix dit au poisson que le moment venu, elle s'envolera
avec lui.
23- pá póló pá tO?o
Ils //allèrent// ils// mangèrent Ils
allérent, ils mangèrent.
24- ?l? ? ká w? t??? t55
Lui //il// était// arbre// sur
Le propriétaire était sur un arbre.
25- ? ná wá?á mp? tO
hóóó187 Il //voit// eux//ainsi //alors//
hóóó
186 C'est onomatopée qui permet d'introduire un argument
pour minimiser un fait ou une idée.
187 C'est crie poussé ici par le propriétaire pour
chasser le poisson et la perdrix.
Quand il les vit, alors : « hóóó
».
26- ? kóó ééí188
l?yá?á kp?nt?nà tínté ná ká
k?l?
Il // cria// ééí//perdrix// emmena//
poisson// et// elle// s'envola Il cria. La perdrix s'envola en emmenant le
poisson avec elle.
27- p téú fé pá m?l?
Ça //pluie// réveille// ils// retournèrent
Le lendemain, ils retournèrent.
28- tínté s? ?t? t? f?? ké?
Poisson //que// lui//il// n'est pas// ails Poisson dit qu'il n'a
pas des ailes.
29- l?yá?á s? « tété
?s?námpíí má lápá to mp???
sá?á má tás??? láp? »
Perdrix // que// hier// comment//je// fais// alors// ainsi//
aujourd'hui// je// répéterai// faire La perdrix dit : « Ce
que j'ai fait hier, c'est exactement la même chose que je ferai
aujourd'hui. »
30-pá pólóo pá cáál?
mhó tO?O?
Ils // allèrent// ils// mil// manger
Ils allèrent et commencèrent à manger.
31- pá tok?, pá tok?, pá tok?.
Ils // mangeaient// ils// mangeaient// ils// mangeaient// Ils
mangeaient. Ils mangeaient. Ils mangeaient.
32- p k??hsá ?l? táál? t?
tápá?á l?
Ça // compare// alors// champ//propriétaire//
arriva// alors Après un instant, le propriétaire du champ
arriva.
33- ? kóó hóóó
Il// cria // hóóó Il cria «
hóóó».
34- ééí l?yá?á k?l? ká
yélé tínté (á??? kp?n?189)
Eéí // perdrix// se leva// et// lassa// poisson//
(á???190 encore ?) La perdrix s'envola et laissa le
poisson.
35- tínté pás? wúlá t?
yókì yóntú
Poisson // commença// pleurs// il// chantait// chanson Le
poisson se mit à pleurer en chantant :
36- l?yá?á
púús?ná m 191
Perdrix // mentit// moi
C'est la perdrix qui m'a menti
188 Onomatopée qui traduit la précipitation. Ici
celle avec laquelle la perdrix s'est envolée.
189 kp?n? est un mot enprunté au Dendi.
190 Onomatopée de compassion qui permet d'exprimer sa
compassion, sa tristesse à une personne.
191 C'est le chant fredonné par le poisson. «
Ké?kélé wa?? wa?? ké?kélé» est
le refrain du chant. Il est également une onomatopée qui traduit
la détresse du poisson.
Ké?kélé
wa?? wa??
ké?kélé
l?yá?á
púús?ná m
Perdrix // mentit// moi
C'est la perdrix qui m'a menti
Ké?kélé wa??
wa?? ké?kélé
s? t? póló
Cás??? tál?
Que // nous// allons// Cás??? //
champ
Elle me proposa d'aller au champ de
Cás???
Ké?kélé
wa?? wa??
ké?kélé T?
t5?5 Cás???
m?s?
Nous / mangeons// Cás???// mil Pour
manger le mil de Cás???
Ké?kélé wa??
wa?? ké?kélé
37- àpál? ?n? ? sé ? póló
tínté ké?
Homme // lui//il//courut//il//alla// poisson// ails L'homme
courut et alla chez le poisson.
38- tínté s? l?yá?á
púús?ná ?n? s? pá pòlò pá tO?5
mhó k? cás?? tál?
Poisson // que// perdrix// mentit// lui//que//ils// vont// ils//
mangent//mil//au// Cás???// champ
Le poisson lui dit que c'est la perdrix qui l'a menti et l'a
convaincu de venir manger au champ de Cás???.
39- mp? pá kOmá?á ?l? ? k?l?
fúúú cà ? t?? ? yélé ?n?
Eux // ils// sont //venus// alors// il// se leva//
fúúú cà//il// partit//il//laissa//lui Ils sont
venus, puis la perdrix se leva, elle partit et elle le laissa.
40- ??nà s? ? tàà k? ?n?
Puis // que// il//ne pas// tue//lui Puis il le supplia de ne pas
le tuer.
41- ?n? ? yóó ? yóntú ná ?
pá p?cO
Lui // il// chante// il// chanson//et//il//danse// peu Il va
chanter pour lui pour qu'il danse un peu.
42- ? kpá?á yóntú
Il // prit// chanson
Il commença à chanter.
43- l?yá?á
púús?ná m
Perdrix // mentit// moi
C'est la perdrix qui m'a menti
Ké?kélé wa??
wa?? ké?kélé
L?yá?á
púús?ná m
Perdrix // mentit// moi
C'est la perdrix qui m'a menti
Ké?kélé wa??
wa?? ké?kélé
s? t? póló
Cás??? tál?
Que // nous// allons// Cás??? //
champ
Elle me proposa d'aller au champ de
Cás???
Kénkélé
waii waii
kénkélé Ta
t5y5 Cásaya
misi
Nous / mangeons// Cásaya// mil Pour
manger le mil de Cásaya
Kénkélé waii
waii kénkélé
I kol?
fúúú cà
Il //leva // fúúú
cà192
Il se leva fúúú cà
Kénkélé
waii waii
kénkélé
44- (há?? yéyé tom kOmá?á
l?)
Háìì yéyé193//
problème// est venu// ainsi (Il y a probléme !)
45- ? páá ? páá ? páá
(há tál? t? ?n?)
Il //dansa// il//dansa// il//dansa// (há //champ
//propriétaire //là) Il dansa. Il dansa. Il dansa. (Há !
le propriétaire du champ ?)
46- ??h ? páá ? páá ?
páá ? páá
Oui // il//dansa// il//dansa// il//dansa// il//dansa Il dansa.
Il dansa. Il dansa. Il dansa.
47- ? páá ? tálà ?s?? t?n? ná
Kás?wá táá
Il // dansa//il//atteint// comme//ici//et//
Kás?wá// dans Il dansa et alla comme d'ici jusqu'à
Kás?wá194.
48- (nà tínté nyáá w? t?n? ?
sOOná s? p lápá ? ásálá)
Et // poisson//toi// est// là//il//oublie//que//ça
//fait//il// dommage//
(Et le poisson l'attend ! Lui il oublie que le poisson a
détruit son champ !)195
49- Kpém ? so ? páá ? ml?
Vraiment // il// oublia// il// dansa //il//revint Vraiment ! Il
oublia. Il dansa et revint.
50- Tínté s? l?kOt? kpá ?
Poisson // que// soif//attrape//il Le poisson dit dit qu'il
avait soif.
51- ? póná ?n??? p??6 táá ná
?n? ? ny6 l?m ?l? ?n? ? sOk?
Il // emmène//lui//marigot//dans// et//lui//il// bois//
eau// puis// lui//il// complète
Il proposa á l'homme de le conduire au marigot pour y
boire de l'eau afin qu'il chante encore.
52- (? tásá ? kás?t? háhá)
192 C'est une onomatopée qui imite le bruit fait par la
perdrix en s'envolant.
193 Onomatopée dite par un auditeur pour se
moquer de l'attitude du propriétaire du champ qui se laisse facilement
dupé par le poisson.
194 Les contes sont dits à Foumbéa un
petit village á une trentaine de kilomètres et au nord-est de
Djougou. Mais Kás?wá qui est un arrondissement de la commune de
Ouaké (origine des Lokpa de Foumbéa) est situé au sens
opposé, á l'ouest de Djougou.
195 Tout ce qui st entre parenthéses est un
commentaire issu de l'auditoire.
Il //répéte// il// cassette//háhá
(Pour répéter sa chanson !)
53- ??h tínté pás? yóntú
yóóú
Oui // poisson// commença // chanson// chanter Le poisson
se mit à chanter.
54- ? t?? t? pá púkí pó?ó
táá
Il // suivit// lui// ils// vont// marigot//dans
Il suivit le poisson et ils allèrent au marigot
55- pá tápá pó?ó
táá ?l? húúú ? tísì
tínté t? nyô l?m
Ils // arrivèrent// marigot// dans// alors//
húúú// il//descendit// poisson// il//but//eau Quand ils
arrivèrent au marigot, il descendit le poisson ; le poisson but
l'eau.
56- tínté s? ? lák? mp? to l?m
??196 t??
Poisson // que//il// fait//ça// ainsi//eau//il// ne pas//
passe Le poisson lui dit qu'ainsi il ne peut pas bien boire.
57- yé mp? ? tók? ?n? ? súká
nó?ó táá
Si // ainsi// il// tient// lui// il// queue// bouche// dans Il
lui proposa de le tenir par le bout de sa queue.
58- ? tók? súká nó?ó
táá
Il // tint// queue// bouche// dans Il tint le bout de la
queue.
59- tínté mápá t?n? t?
kpà?197 to p t??má t? s? l?m
Poisson // tapa //là//ça // kpà?// alors//
ça // finit// il// entra// eau Le poisson agita la queue puis entra dans
l'eau.
60- p tóó k? nónó
tííná w? l?m táá
Ça // sur//que// maintenant// poisson// sont// eau//
dans
C'est cela qu'aujourd'hui, les poissons vivent dans l'eau
61- ná p tóó k? t? híká m?s?
?sí s?? kásá tó?ó l?
Et // ça//sur // que// nous// avons// mil// ceux// qui//
restent// ainsi //là C'est aussi pour cela que nous avons le mil. C'est
qui restait au champ.
62- (nyá nà ?so táá)
Toi // et//Dieu// dans Bienvenu du ciel !
FIN
Conte n°4 : L'enfant terrible
196 La double voyelle ??, qui est aussi le pronom sujet de la
phrase, montre ici que la négation du verbe.
197 Onomatopée pour traduire comment le poisson a agi de
façon vive.
1- àpàl? n???l? ? w?nnà
Homme // quelqu'un// il// est Il était une fois un
homme.
2- ??hná ? l?l? píyá s? tápá
náán?wá nà náálá?á
mp?
Et //il// naît// enfants// ils// atteignent//dix// et//
deux // comme ça Il eut presque douze enfants.
3- nà pá hál??? tààl? k?
pà t?n?
Et //ils// cultivaient// champ// alors // ils//tous Ils
travaillaient ensemble au champ.
4- pá hàlá p l????? to pá ká
tó?óná?á k? Ils// travaillent// ça //
sèche// alors// ils// rassemblent// nourriture// ainsiIls
mettaient toutes les récoltes ensemble.
5- pá hál??? p l??á pà cà
lá?l? h? k?.
Ils //travaillent// ça// sèche// ils
//père// poitrine// refroidit// alors A chaque récolte, leur
père était toujours content.
6- p tálá p?ná?á pá
tásà pà cà lá?l? h?
Ça // atteint// an// ils// répètent// ils//
père// poitrine// refroidit L'année suivante, ils
récoltèrent encore, leur père fut très content.
7- p?ná?á síkí pá
tásà pà cà lá?l? h?
An // pointa// ils répétèrent// ils //
père // poitrine refroidit
Un an plus tard, ils récoltèrent et leur
père fut encore très content.
8- pá kOmá pá hálá
p?ná?á mpó?ólá?á ny?ká ?l?,
Ils // viennent// ils// travaillèrent// an // trois//
chose// alors Quand ils travaillèrent la troisième
année,
9- pá k?má p?? tàk? tOk??
mpO?Olá?á àmá pá hálá
táál? nt? t? t?ná?á
Ils // récoltèrent//ça ne pas// atteintre//
paniers // trois// mais // ils// cultivent// champ//là//il// tout
Ils récoltèrent moins de trois paniers, alors
qu'ils avaient labouré tout le champ.
10- húúúmm pá cà s??
ná? táá ná ? h?nt?
Húúúmm // ils // père// entre //
chambre//dans// et// il// couche Leur père entra dans la chambre et se
coucha.
11- t?ú fémá tO s? ?n? ? tà
tó téüBeauté// se réveille//
alors// que// lui//il// ne pas// dormir//bien Le lendemain, il dit qu'il
n'avait pas bien dormi.
12- s? pá t?n? pá kOó ná ?n? ?
ná
Que // ils// tous// ils// viennent//et//lui//il//va voir Il les
appela tous.
13- p?ntO mp? pá hàl?m mp? ?s?ná?á p
l??wà Cette année// eux// ils// champ// ça//comment//
ça// sortit
Il voulut savoir ce qui s'était passé avec leur
production.
14-p l?? wé p tà l? p?l?
Ça //sortit// quoi// ça // ne pas// sortit //chose
Qu'est-ce ça a donné ? Rien !
15- sôsó ny?? s? « ? ná m ?s?nô
to màà tàs??? hál?m f? má t??
káná k? »
Grand // celui// que// tu // vois// moi// ainsi// là//
je// reprendre// champ// jamais//je// pars// Ghana// ainsi
Le plus grand dit « Moi, je ne vais plus jamais cultiver
le champ. Je m'en vais au Ghana »
16- l?l? s? má nyál??? t??là k?'
L'autre// que// moi// coudre// machine á coudre// alors
L'autre dit : « Moi, je serai couturier.»
17- ?n? s? má sáá lool? k?
Celui // que// je// conduit// voiture// alors Celui-ci dit :
« Qu'il veut devenir chauffeur.»
18- ?n? s? má lák? p?n? ?n? s? má
lák? p?n?
Celui-ci// moi// fais// ceci// celui-là// que// moi//
fais// cela L'un dit : « Je ferai ceci », l'autre dit : « Je
ferai cela. »
19- pà t?n? pá lá mp? pá t?'
Ils // tous// ils// font// ainsi// ils// partirent Tous
firent la même chose et s'en allèrent.
20- p koo p kás? y?lá
mpó?ólá?á
Ça // vient/ ça // reste// personne// trois Il
resta seulement trois personnes.
21- p t?má p t?má
Ça // finit// ça // finit C'était tout.
22- « to mpO?Olá?á m?
pépó?ó ? cáá láp? làlà
kúú pá t?má pà t? »
Bon // trois// vous// quoi// vous// voulez// faire//autres//
ramassent//ils//autres//ils/partent « Bon, vous autres, que voulez-vous
faire ? Les autres sont tous partis.
23-p kásá m? pépó?ó ?
cá láp?
Ça // reste vous// quoi// vous// voulez// faire
Il ne reste que vous. Que voulez-vous faire ? »
24- káncálá?á ny?? s? má
cáá má hálá ?p? k?l?m??? p
mák?ná t??? tO??
Premier // celui// que// moi// veux// moi// cultuver// ligne//
un// ça// suffir// nous// manger Le premier dit : « Moi, je vais
travailler ce qu'il nous pour nous nourrir »
25- ná nyá sé pépó?ó ?
cá láp?
Et // toi//alors// quoi// tu// veux// faire « Toi ? Que
veux-tu faire ? »
26- má t??t? k? má cáà
téú má f?? nát?l? tôtô
Moi // charlatanisme// que// moi// veux// partir// je// n'ai
pas// quelque chose// encore « Moi, je veux être charlatan. Je ne
veux faire que cela. »
27- s? ? ny?màá ? p?s???
Que // tu// connais// tu peux
Le père demanda : « Tu t'y connais ? Tu peux ?
»
28- s? ?n? ? p?s???
Que //lui// il// peux
Il répondit à son père qu'il pouvait.
29- s? to p w? téú nyá t??
Que //bon// ça// est// bon//toi// vas
Il dit : « Bien. C'est bon. Toi, tu peux partir. »
30- páá wéí ? yO?Otà ?
há? mpáá k?
N'importe// qui// il// parle// il// donne// route// ainsi A
chaque demande, il donnait son accord.
31- pá wéí ? yO?Otà ? há?
mpáá k?
N'importe// qui// il// parle// il// donne// route// ainsi A
chaque demande, il donnait son accord.
32- pá wéí ? yO?Otà ? há?
mpáá k?
N'importe// qui// il// parle// il// donne// route// ainsi A
chaque demande, il donnait son accord.
33- P kásá k?l?m Ça // resta// un Il
resta un.
34- s? nyá wó?ó nyá cá
láp?
Que // toi// que// toi// veux // faire Il dit : « Toi, que
veux-tu faire ? »
35- máá ? tílí?í má
yóó
Moi// tu//ne pas// envoies// moi
« Moi , tu ne vas jamais m'envoyer
36- ámá pá kóná tO?Oná
má ná ? t? tOk?ká?á
Mais // ils// amène// nourriture// moi//et//toi//nous//
mongeons Mais si on apporte à manger, nous mangerons ensemble.
37- (kééí et rires)198
38- má má t?ml? n?t? Moi // mon// travail//
ça
Moi, c'est cela mon travail.
39- má máá lák? p?l?
fá199
Moi //je// ne pas// fais// chose Moi, je ne ferai rien du tout.
»
40- s? to má sámá
Que // oui// je//remercie
Le père dit : « D'accord, j'approuve. »
41- póló ? cós? l?m ? kóná
má sá?
Va // tu// prendre// eau// tu//amènes//je// lave les
mains Va m'apporter de l'eau pour que je me lave les mains.
42- ?l? ?? púkí
Lui //il//ne pas// va Il ne le faisait jamais.
43- ?? púkí tílí
Il //ne pas//va//nulle part Il n'allait nulle part.
44- p táá?? p táá?? p
táá?? p táá?? p táá??
Ça // durait// ça //durait// ça //durait
//ça //durait //ça //durait Le temps passa.
45- p w? mp? p w? mp? p w? mp? p w? mp?
Ça // est// ainsi// ça // est// ainsi// ça
// est// ainsi// ça // est// ainsi// Les choses restèrent
ainsi.
46- ? ná p kOmá p tálá pinté
?s?? pá cá kótá w? to
Tu // vois// ça// vient//a // arrive// année
suivante// comme// ils//père// rassemble// eux// alors
Tu vois, exactement un an après la réunion
convoquée par leur père,
47- k?yák? ?k? ? l??wá ?l? ? t?? ny??t?
táá
Jour // là // il// sortit// puis// il// partit//
brousse// dans Il sortit ce jour lá et alla en brousse.
48- ? t?? ny??t? tá ?má?200
Il // partit// brousse// dans// complètement Il entra
compètement en brousse.
49- táná? sontó ? cà
yáá ? ? tá koó
Matin // nourriture// il// père// appelle//il// il//ne
pas// vient Au petit déjeuner, son pére l'appela mais il ne vint
pas.
50- ílím táá tO?Oná?á
? cá tO?O ? tásá kás???
199 Onomatopée pour montrer le sérieux de ce que
l'on affirme.
200 Onomatopée qui traduit la distance, la profondeur et
aussi la durée.
Soleil // dans// nourriture//il// père// mangea// il//
répéta// réserver A midi, au déjeuner, son
père manga et réserva encore sa part.
51- ? tá nà ?
Il // ne pas // vois//il Il ne le vit pas.
52- s? úúúm lé?é ?
t??nà
Que // úúúm// où//il// partit
Il dit : « úúúm ! Où est-il
allé ?
53- ? tá côl?tá m páá
k?yàk? k?l?m??? ??nà ? t??nà lé Il //ne pas//
évite// moi// même// jour// un// et//est allé// où
Il ne m'a jamais évité. Et où est-il partit ?
54- ná ? ny?nt? k? wéntí nà ?
tá h?l? m
Et // il// chose// que// quoi//et//il// ne pas// montre//moi Et
qu'est-ce qu'il a et qu'il refuse de me dire ? »
55-? ny?nt? k?l? ntí ? ny?nt? k?l? tom
Il // chose// est //quoi//il// chose// est//problème
Qu'est-ce qu'il a ? Il est juste dangereux.
56- ? kOmá nà ? kOô to
sé201 ? cáá tìpíté
nà ? kpál? t? ?s?? t mák?ná náá?
tO
Il // vient //et //il//arrive// alors//lorsque// il//cherche//
chicotte // et// il// préparer// elle// comme// nous// tapons // les
boeufs// ainsi
Quand il revint, il avait une chicotte bien
préparée comme celle que nous utilisons contre les boeufs.
57- ??nà ? s? t?yá?á
Puis //il// entra// maison Puis, il entra dans la maison.
58- s? páápá
yóóú202 koO Que //
papa//yóóú// viens Il dit : « Papa ! Viens »
59- ? cà tápá ?l?
Il // père// arriva//alors Quand son père
arriva,
60- s? kpá?á tìpíté t?n? ?
má m
Que // prend// chicotte// cette// tu // tapes// moi Il dit :
« Prend cette chicotte et frappe moi ! »
61- ? cà s? tóó wútéé
má t?? ? Il // pére// que// bon// un jour// je// injurie// tu
201 Sé est un morphème qui joue ici le rôle
de conjonction. Il n'existe pas un mot fixe pour le traduire. Le plus proche
serait « lorsque »
202 Formule familière qui intervient à la fin d'une
phrase dans laquelle une personne appelle une autre.
Son père dit : « Bon, t'ai-je un jour injurié
?
62- má cá?áná ? nó?ól?
cóló k?? 203 Je // reste// tu// quelqu'un// chez Ai-je mal
parlé de toi chez quelqu'un ? »
63- s? áá?
Que// non
Il dit : « non. »
64- wútéé má tômá s?s?
sá?á ? tá lá ? káá
tó?ó
Un jour// je // marche// que// aujourd'hui// tu//ne pas// fait//
tu // ne va pas// manger « Ai-je, un jour, dit que parce que tu ne veux
rien faire tu ne vas pas manger ?
64- s? áá?
Que// non
Il dit : « non. »
65- wútéé má tô?á
má p? ?
Un jour// je// mange// je//sans donner// tu?
« Ai-je jamais mangé sans partager avec toi ?
»
66-s? áá? má tómná s? ?
kpá?á típíté nà ? má m
Que// non//je// dis// que// tu// prends// chicotte//et
//tu//tapes// moi
Il dit : « C'est moi qui t'ai demandé de prendre la
chicotte et de me frapper.
67- má kálá ? mp? náá k??
Je // compte// tu// comme// ça T'ai-je citer tout cela ?
»
68- p kômá p n?? àpàl? to ?
kpá?á típíté nà ? mápì
? péép204
Ça // vient// ça// fatigue// homme// alors//il//
prend// chicotte//et// il//tape// il/ péép Irrité, le
père prit la chicotte et le frappa avec force.
69- yé p lák? ?s?námpíí p
lá
Si // ça// fait//quoi// ça// fait
« Que ce qui se passe se passe. »
70- i p?s? kpá?án? tá?ká?
nyé?ésé205 Il// devient// cheval// grand
Il se transforma en un grand cheval.
71- sô?ônt? kpà ? cà nà ? t?? ?
s?? t?yá?á
Peur // attrapa// il// père// il//partit// il//entra//
maison Son père eut peur et entra précipitamment à la
maison.
203 Morphème qui permet de poser des questions.
204 Onomatopée qui imite le bruit produit par la chicotte
sur un corps. Elle montre également la violence du coup de chicotte.
205 C'est une onomatopée qui in dique la grandeur, la
hauteur ou l'immensité de quelque chose ou de quelqu'un
72- píyá ny?n??? ?
Enfants // regardent //il Les enfants le regardaient.
73- ?n? ? má?ámá?á ? ny?n???
píyá
Lui // il// même// il// regardait// enfants Il regardait
aussi les enfants.
74- p w? mp? p w? mp?
Ça // est// ainsi// ça // est// ainsi Le temps
passa.
75- téú fémá to wúláw
nó?ól? nà ? sámá ?ss? c?n? nà
Péléfú?kú206 pá t? nt?
Beauté // se réveille// alors// roi// quelqu'un//
et//il// foule// comme // ici// et// Péléfú?kú//
il// partaient// ainsi
Le lendemain, un roi accompagé d'une grande foule partait.
Ils sont nombreux comme d'ici à Béléfoungou.
76- pá tálá pá
má?áná ? wúláw tá?á
kpá?án? wéí tO s? ? f?? téú
Ils// arrivèrent // ils //retrouvèrent//
il//roi//assit// cheval// quoi//alors//que//il// n'y a pas// beauté
Quand ils y arrivèrent et le retrouvèrent, le roi
dit que le cheval qu'il montait n'était pas aussi beau.
77- p w? s? kpá?án? wéí ?
s??á ?s?nO to ?n??? ? yá
Ça //est// que //cheval// qui//il// debout// comme
ça//alors// lui//il// achète Il dit que c'est cheval qui est
debout ici qu'il voudrait acheter.
78- áwúláá kpá?án? nt?
?n? Rois // cheval// que // ce Ceci est un cheval royal.
79- ny?n?
kpútúkpútúná207
mpáá t? cá?á c?n? to Regarde // petit// que// nous
// montons//ici //alors « Regarde les tous petits que nous chevauchons.
80- nó?ól? t?? w?s?ná kpá?án?
?n?
Quelqu'un// approche// cheval//ce
Est-ce qu'un parmi eux peut égaler ce cheval ? »
81- pál? pá h?lá k?l? mp?
Eux // ils// devièrent //ainsi Eux, ils devièrent
ainsi.
82- s? áwé t?ná kpá?án? Que
// qui// possède// cheval
206 Béléfoungou ou
Péléfú?kú ( selon la prononciation Lokpa) est un
petit village situé à environ 20 km de Djougou et à
prèsque dix de Foumbéa, le village où le conte est dit.
207 Onomatopée péjorative. Elle montre que les
chevaux sont non seulement petits mais aussi sans valeur royale
comprarés à ce cheval que le roi vient de voir.
Ils demandèrent : « A qui appartient ce cheval ?
»
83- s? ? w? t?yá?á
Que //il//est// maison
On leur dit qu'il était à la maison.
84- s? pá s?? pá yáá ? ná i
kôô
Que // ils// entrent//ils//appelent//lui//il//vient Ils
ordonnèrent de le faire venir.
85- s? yé ? híká m y?láá
náán?wá ná lí?íté
kótòkú? nààl? náá? k?
náál?
Que // si// tu// trouves// moi// personnes //dix// et// argent//
sac//deux// boeufs// aussi// deux
Il dit : « Si tu me payes dix personnes, deux milles francs
puis deux boeufs,
86- p t?má má kpá?án?
lí?íté
Ça // finit// moi// cheval// argent
C'est tout. C'est le prix de mon cheval.
87- wúláw ?n? tampááná mp???
? f?lá nà ? kpá?á kpá?án? ná
pá t? Roi // lui// vérité // ainsi//il// paya// et//
il//prit//cheval// et//ils//partirent Le roi paya le prix et prit le cheval et
ils s'en allèrent.
88- ? f?láá tónà ?
má?ás? kpá?án? k? c?n? ná
kálákónté208
Il // paya // puis// il// essaya// cheval// comme// ici
et//Kolokondé Il paya et essaya le cheval et alla comme d'ici á
Kolokondé.
89- túú ?s?i p?? lák? wéé to
? pólàà nà ? ko áséwá tOm
táá
Depuis // comme//ça // fait// quoi//alors //il// alla//
et// revint// course// histoire// dans En un clin d'oeil, il alla et rvint
immédiatement avec vitesse.
90- ? kpá?á kpá?án?
Il // prit// cheval
Il commença à chevaucher
91- ? kpá?á kpá?án?
Il // prit// cheval
Il commença à chevaucher
92- ? kpá?á kpá?án?
Il // prit// cheval
Il commença à chevaucher
93- pá kOmá ?s?? pà tálà ?s??
péléfú?k?
Ils // arrivent// comme// ils// atteignent// comme //
Béléfoungou Quand ils s'éloignèrent un peu, comme
d'ici à Béléfoungou,
94- kpá?án? tó? p?có p?có
Cheval // marche// petit// petit
Le cheval commença à marcher lentement.
95- ? tííwá s? ? ná s?
kpá?án? ?n? pépé lák? ná ? nà
? to? p?cO p?cO
Il // descendit// que//il// voit // que// cheval// lui//
quoi//fait// et//il//et il// marche//petit// petit
Il descendit pour voir ce qui n'allait pas pour que le cheval
marche lentement.
96- hóíí209 t?ná?á
kpá?án? tOlá Hóíí // là//
cheval// est tombé Soudain, le cheval tomba.
97- héé210 kpá?án?
s?pá Héé // cheval // est mort Le cheval était
mort.
98- ?ú?úù211
ásálá wéí k?l? k?yàk? k?l?m??? k?n?
Nú?úú// dommage// quelle//ça// jour// un// ceci
« Quelle dommage en un seul jour !
99-kpá?án? s?pá kpá?án? ?
s?pá yáá
Cheval // meurt// cheval // tu// est mort
Le cheval est mort ! Cheval, tu est vraiment mort ?
100- hèè ?s?ná?ál? t? lák?
?s?nOô
Héé //comment// nous// faisons // comme ça
Qu'allons nous faire maintenant ?
101-t m?l???ná t? héélí s?
kpá?án? s?pá yáá ?s?ná?á t?
lák?
Nous // ramenons// nous// disons // que//cheval //est mort// ou//
comment//nous// faisons Devons-nous retourner pour dire que le cheval est mort,
ou qu'allons nous faire ?
102- pépó?ó pá yá
káwúlá?á
Quoi // ils// appellent// royauté Qu'appelle-t-on
royauté ?
103- ásáálá k?l? tóó
má cááná nà má
tóóná ká ná
ásáálá ?n? ? táká
Dommage // que// depuis//je// pères// et//je//
mères// avaient vu// dommage//celui//il pareil
Mes parents avaient déjà subit des dommages
pareils.
104- áwé?é má ná má
ká ná ásáálá ?s?? mp?
Qui // je// et//je//vais//voir// dommage// comme //
ça Qui suis-je pour ne pas subir un dommage pareil ? »
105- k?nà pá t? ?má? p? sál? Puis //
ils// partirent// complètement// ça // disparut
209 Onomatopée traduisant la surprise, la confusion,
l'imcompréhension face à une situation.
210 C'est également une onomatopée qui traduit la
surprise.
211 Onomatopée qui exprime la douleur ou le regret.
Puis ils s'en allèrent pour toujours.
106- p? k??sá to kpá?án? p?s?
ífépú nà ? póló ?
má?áná ? cà k? t?yá?á
Ça // comparé// alors // cheval// devient// jeune
// homme// et// il// va// il//retrouve// son //père// à //
maison
Quelques instants plus tard, le cheval se transforma en jeune
homme et alla retrouver son père à la maison.
107- p k?yàk? ?k???l? ? póláá ? cOO
táál?
Ça //jour// là// il// alla// il// fit le tour//
champ C'est ce jour-là qu'il alla faire le tour du champ.
108- ? má?áná yómáá k?
t?n? ná pá s??ná táál? t? k? hàl?m
Il // retrouva// esclaves// eux// là // et// ils//
aident//champ//celui// à// travail Il y retrouva des esclaves qui
aidaient son frère.
109- tààl? t? ?l? ? p?sá
wúláw
Champ // celui// lui//il// devient// roi
Son frère qui est au champ était comme un roi.
110- t?yá?á cà nyá t??
súmá yém nà ? h?ntà
Maison // père// toi// se// taire// rien//et// il// est
// couché Leur père était à l'aise et ne faisait
que dormir.
111- s? má kOmá
Que // je// suis venu
Il dit : « Je suis de retour. »
112- ? kOmá yáá p w? téú
h??hs?
Tu // es venu// ça // est// beauté // repoes-toi
« Tu es de retour ? C'est bien. Reposes-toi.»
113- ? nyóO l?m k? w?? nààl?
Il // but// eau // seulement// jour// deux Il se reposa quelques
jours.
114- k?yák? nàk?l? ? k?l? ná ? t??
túúlé ?s?? ? t??? ?má?
Jour // un// il// lève// et// il// partit// forêt//
comme //il//était parti// complètement Un jour il se leva et
parti dans la forêt comme il était parti la première
fois.
115- ? kómá nà ? kOná
típíté n?t? to
Il // vient// et//il// apporte// chicotte //cette//alors Quand
il revint avec la chicotte,
116- k?yàk? ?k? ? tá pOOs? nát?l? ?
mápá kpákpáá k? féép
Jour //ce// il// n'a pas// posé// quelque chose//il//
frappa// immédiatement// ainsi Ce jour-lá, il ne posa pas de
questions, il frappa immédiatement.
117- téú fémá to wúláw
l??l? nyá t??ká?á
Beauté // se réveille// alors//roi// autre// toi//
partait Le lendemain un autre roi partait.
118- ?l? ? yáp? ? ?s?? ?n? ? ká yáp? ?
to
Lui // il//acheta// il //comme // l'autre// il// avait
acheté // il// ainsi Il l'acheta au même prix que l'autre roi.
119- pá kómá pá tálá
póóllú? to kpá?án? s?
Ils // vient// ils// atteignent// loin// alors// cheval// meurt
Quand ils s'éloignèrent, le cheval mourut.
120- pál? pà kOmá pá hát?l?
to ? k?l? ? má?áná ? cà k? t?yá?á
Eux //ils// viennent// ils// eloignent// alors// il// se
lève// il//retrouve// il// père//à//maison Alors qu'ils
étaient loin de lui, il se leva et rentra retrouver son père.
121- tóó mpáá pá s??
túwé tO p tá ná pà cà tOtO
Bien // ceux// ils// entrent// forêts// alors// ça
// ne pas// voit// ils// père// encore Ainsi, leur père ne
regrettait plus ceux qui sont partis en aventure,
122- yé mp? t?yá?á súwá
y?là súná t?yá?á
Si // ainsi // maison// remplie// personnes// remplissent//
maison Car la maison était remplie de monde.
123- w??ná? tOtO nyáá
sóós?
Fortune // encore// toi// augmenté La fortune s'accrut
encore plus.
124- páá y?l??? lí??té p?có
lí?íté mák?ná w?
Ils // chassent// argent// alors que// argent// retrouve//
eux
Ils ne cherchaient pas l'argent, mais l'argent venait les
retrouver.
125- p?l?p? ká lá ná p f??nà
sáálá
Quelque chose// ne pas// faire//et // ça// n'a pas//
égal Rien ne se fait sans que cela ait d'égal.
126- ? lápá tOm
mpó?ólá?á ny?m ?l? ? súlíná
wúláw nó?ól?
Il // fait// fois// trois// chose///alors// il // rencontre//
roi// quelqu'un A la troisième reprise, il rencontra un roi.
127- wúláw ?n? ? k? sámá?á
àpàl? k? Roi // lui// il//est// bariba// homme C'était un
roi bariba.
128- wúláw ?n? s? ?úú
sá?á k? mà yàpà kpà?án?
náá Roi // lui// que//?úú// aujourd'hui//je// ai
acheté // cheval Le roi dit : « C'est aujourd'hui que j'ai
acheté un cheval,
129- ??nà kpà?án? s? sá?á
?n??
Puis // cheval // meurt// aujourd'hui //là Puis il meurt
aujourd'hui en même temps ?
130- má lí?íté áná
mà f?là to p lápá
ásáálá k?l?? Je // argent // que// je//ai
payé// alors// ça// fait // perte// ainsi
Mon argent que j'ai payé est ainsi tombé à
l'eau ?
131- to má ny?mà ? t??
Bien // je //sujets// vous// partez Bien sujets partez.
»
132- ??ná pá t??
Et // ils// partirent Et ils partirent.
133- p táá?á p?c5 ?l? ? p?s??? y?l? nt?
Ça // durent// petit//alors//il// se transformait//
personne// ainsi Quelques instants plus tard, il commença à
devenir humain.
134- ? p?s??? y?l? nt?
Il // devenait // humain//ainsi Il devenait humain.
135- ? p?s??? y?l? nt?
Il // devenait // humain//ainsi Il devenait humain.
136- ? kOmá nà ? t? y?l? k? p?s??? ?l? ? ná
wúláw k? t??? ny??? táá k?l?
Il // vient// et il // finit // humain// transformer//
alors//il// vit//roi// arbre// tête// dans//
alors
Quand il finit de se transformer en humain, il vit le roi au
sommet d'un arbre.
137- héí wúláw ?n? ? p?sá
té?lé ná ? cá?á t?n?
Héí //roi// là// il// devint// oiseau//
et// il// assit//là
Héí ! Le roi s'était transformé en
oiseau et attendait là.
138- ??nà ?n? ? p?s? ?hóká?á
ná ? k?l?
Et // lui// il// devint// touterelle// et// il//
s'envola Puis lui, il devint une touterelle et prit son envol.
139- pá tá?án? t?máá
Ils // chassèrent// entre eux Ils se
chassèrent.
140- p kómá ?l? ? má?áná
wúláw nb?bl? ?l? ? kpáá? t?láá
nà wúláw tá?ná tóm
Ça //vient / alors // il// retrouve// roi// quelqu'un//
lui// il// cours// ouverte// et//roi // entrain// sommeil
Après un instant, il retrouva la cours d'un roi ouverte.
Le roi dormait.
141- ? s?? t?n?
Il // entra// là Il y entra.
142- ? p?s? kúkúlé nà ? s??
wúláw n?? táá
Il // devint// bague// et// il// entre// roi// main// dans Il se
transforma en bague et se glissa au doigt du roi.
143- ?úú
wátálákás?212 Núú // tout-
puissant Núú tout-puissant !
144- ??nà ?n? ?l? ? tíí
fúúú213
Puis // l'autre//lui// il// descendit //
fúúú L'autre descendit aussi.
145- ? póló ? tíí ?s??
ká?kánás? táá
Il //alla// il//descendit//comme// piquets// dans Il alla
descendre hors du village.
146- ? p?s? k?mpáál? ná k?
láwán? ná k? tó?á?á
Il // devint// griot// et//son// petit bagage//et//son// petit
tam-tam Il se transforma en griot avec son petit coli et un petit tam-tam.
147- kí?ká? kí?ká?
kí?ká? kí?ká? kí?ká?214
148- ? kôó ? s? wúláw t?
Il // vint//il// entra// roi// maison Il vint et entra chez le
roi.
149- wúláw há ? tókò
Roi // donne// il// chemise
Le roi lui donna une chemise.
150- ? há ? pántál??
Il //donne// il// pantalon Il lui donna un pantalon.
151- ? há ? p?t?n? p?t?n?
Il // donne//tout// tout
Il lui donna tout ce qu'il pouvait.
152- ? w?? ná ? tá?ná máp?
Il //est// et//il / en train// jouer Il continua à
jouer.
153- wúláw si àh áh
sá?á y?l? ?n? ?s?ná?á p w? yé
Roi // que// àh àh// aujourd'hui//homme //
là//comment //ça// est
Le roi se dit : « Ah àh ! Que se passe-t-il
aujourd'hui avec celui-là ?
154- má há ? p?t?n? ? tá t??
Je // donne//il// tout// il//ne pas// partir
Je lui ai tout donné, mais il n'est pas parti.
212 Court panégyrique du conteur pour louer le
personnage.
213 Onomatopée pour traduire la puissance de la descente
de l'autre, le roi.
214 Onomatopée qui imite le son du petit tam-tam.
155- má há y?láa k? ?s?nô to
pá t?? k?
Je // donne// personnes//ainsi// alors//ils// partent
Pourtant quand je donne autres ce que je lui ai donné, ils
partent.
156- sá?á ?s?ná?á p
lápá ná ? cá
téüAujourd'hui// comment//ça// fait//et//il//ne
veut pas//partir Pourquoi aujourd'hui, il ne veut pas partir ? »
157- ??nà s? tá cá
Et //que//notre// père
Il dit : « Votre majesté. »
158- s? ??
Que // oui
Il répondit : « oui. »
159- nyá ní? táá
kúkúlé t?n?? ? ká há m t? máá
t?wá
Toi // main// dans // bague// ceci// tu// donnais//moi// je//
serai déjà parti « Si tu m'avais donné cette bague
que tu portes, je serai déjà parti. »
160- s? wéntéyé á w?
pá?ál? p táá wéntá?ál? ?l?
yéé
Que // laquelle//elles// sont// plusieurs//ça// dans//
laquelle//ainsi Laquelle ? Elle sont nombreuses. Laquelle de toutes
celles-là ?
161- s? t?n?
Que // celle-là
Il dit : « Celle-là »
162- ámá t?n? má tá yá t?
má tá ny? s? má h?ntá tO?O nO?ól?
kOmá ná ? t? tá?á má mpílé
yáá ?s?ná
Mais // celle-ci// je//ne pas// acheter// elle//je//ne
pas//sais// que // je // couche// en ce moment// quelqu'un // est venu//et//
il// mit// elle//mon// doigt//ou//comment
Mais celle-ci, je ne l'ai jamais acheté. Je ne sais pas
si quequ'un l'a glissée à mon doigt pendant que je dormais ou
quoi.
163- yélé má yáá má
píyá nà má ná
Laisse // je// appelle// moi// enfants// et//je// vois
Laisse-moi consulter mes enfants. »
164- ??nà ? yáá ? píyá
Puis // appela// il// enfants Puis il appela ses enfants.
165- nó?ól? tà l?? ?
Quelqu'un // ne pas// glisse Personne n'avait glissé la
bague.
166- ? yáá ? yáálá
Il // appela // il// femmes Il appela ses femmes.
167- nó?ól? tà l?? ?
Quelqu'un // ne pas// glisse Aucune n'avait glissé la
bague.
168-? yáá ? p?yálá
Il //appela //il// fils Il appela ses fils.
169- nó?ól? tà l?? ?
Quelqu'un // ne pas// glisse Personne n'avait glissé la
bague.
170-s? t?ná?á ? cáà
Que // celle-là// tu // veux
Il demanda : « C'est celle-là que tu veux ? »
171- s? ??
Que // oui
Il dit : « Oui. »
172- s? m?
Que // prends Il la lui remit.
173- ? lá átíkú ná ?
hókô
Il //fit// amballage// et// il// attacha Il l'amballa et
attacha.
174- ? tásá átíkú ná ?
hókô
Il // répéta// amballage// et //il// attacha
Il l'amballa une deuxième fois et attacha.
175- ? tásá átíkú ná ?
hókô
Il // répéta// amballage// et //il// attacha
Il l'amballa une deuxième fois et attacha.
176- ??ná ? kpá?á ? t? ? súpá
táá
Puis // il// prit//il// mit//poche// dans Puis il le prit et le
mit dans la poche.
177- tám ?k???l? ? féésá ná ?
t??
Moment // précis// il/ respira // et// il//partit C'est
à moment qu'il se détendit et s'en alla.
178- ? l?? nónô?ó t?? ?l?
kúkúlé p?s? p?nyálá?á
Il // sort// dehors// sous// alors// bague//devint // aiguille
Arrivé hors de la maison, la bague se transforma en aiguille.
179- t? so átíkú nà t? t?l?
Elle // piqua// amballage//et// elle// perça Elle piqua
l'amballage et fit un trou.
180- ? so átíkú ná ? t?l? p??
Il // piqua// amballage//et// il// perça// trou Il piqua
l'amballage et fit un trou.
181- pá tásá túsù?ù k?
p?cô to
Ils // répétèrent // bouger// juste//
petit// alors Quand ils avancèrent encore un peu,
182- ? p?s? tóólé215
púlúpúlúná
Il // devint// grains// tout petits
Il se transforma en de très petits grains,
184- ? tOl??? pá pá pá ná pá
tá?ná t???
Il // tombait// pá pá pá216//
et//ils// en train // partir
Il tombait grain après grain pendant qu'ils
avançaient.
185-(hó hò
hóóó)217
186- P kOmá p kás? k?l?mt? ?l?
Ça // vient// ça // reste// un//alors Alors qu'il
restait un seul grain,
187- t? t0l? ?n? nO?kíté too t?
ká218
Il // tomba// l'autre// talon// sur// ainsi // ká Il
tomba sur le talon de l'autre.
188- ? táká kúkúlé ké?
?l? p?l? f??
Il // toucha// bague// endroit// alors// chose// il n'y a pas Il
touche au niveau de la bague. Il n'y avait rien.
189- héí y?l? ? k?lá ? ? k?lá ?
k?
Héí //personne// il// dépasse//tu//
il//dépasse// tu //alors
Si un personne est supérieure à toi, c'est qu'elle
l'est vraiment.
190- ??nà ? túsí p?cO ? s??
wóntú ?l? ? p?s? kámpílé
Puis // il// avance// petit// il//déposa//affaires//alors
// il//devint// un coq Puis il avança un peu, déposa ses affaires
et se métamorphosa en coq.
191- ? páás? tóólé k?
lípú
Il // commença// grains// picorer Il commença
à picorer les grains.
192- s? ?n? ? líkí yá?á
kpém219
215 Tóólé est un mot qui désigne les
grains ( maïs, mil, sorgo, etc) utilisés pour nourrir la
volaille.
216 Onomatopée qui imitent le bruit produit par les grains
au contact du sol. Le pá pá pá montre que c'est un bruit
discret, presqu'inaudible.
217 Onomatopée qui traduit l'admiration, et en même
temps le doute sur la réalité des explopits racontés.
Cette onomatopée est ici dite par l'un des auditeurs.
218 Ká ici est une onomatopée qui nous apprend que
le grain est tomté légèrement, sans faire trop de
bruit.
219 Onomatopée qui veut dire qu'on est sérieux.
Que //lui//il//avale// eux// sérieusement Il se dit qu'il
va les avaler tous.
193- ?n? ?n? s? héí
L'autre// lui// que// héí L'autre s'en
inquiéta.
194- ? w?? ná ? líkí
tóólé án? ná ? púkí
Il // est// et//il// avale// grains// eux// et// il// va Il
avalait les grains en avançant.
195- ? líkí ná ? púkí
Il // avalait// et//il// allait Il avalait en
avançant.
196- ? tà tátá ápál?
sé
Il // ne pas// atteintre// homme
Il n'était aussi puissant qu'il le croyait.
197- tímpíí ? s?? ?t???
ápál?t? to ? tá tátá t?n?
Là où// il// est déposé//
lui-même// fait d'être homme// donc// il// ne pas// atteintre
//lá-
bas
Le niveau de puissance qu'il s'est attribué, il ne l'a
pas encore.
198- ? tómá s? ?n? ? p??wá?á
Il // dit// que//lui// il// est puissant Il se disait
puissant.
199-p káásá k?l?m t?l? s? ? t??s? ? ?l?
Ça //restait// un// chose//que//il// finit//il// alors
Alors qu'il ne restait plus qu'un grain à finir,
200- p tá?á ? t?má ? kl??
Ça // est// il// a fini// il// ainsi
Et ainsi il l'aura vaincu, n'est-ce pas ?
201- ??nà ?n? ? p?s? só? ná ? kpá ?
ny??? kpáá220
Puis // l'autre// il//devint//
renard//et//il//attrapa//il//tête// kpáá Puis l'autre se
transforma en renard et attrapa sa tête.
202- ? p???t? tóm k?l?m
Il // écrasa// fois //un
Il la brisa en un seul coup.
203- y?l? ? k?lá ? páá lé?é ?
ká kpá?áná ? p?s??? ?.
Personne // il// dépasse //tu// comment// où// tu//
va// prendre// tu // ne pas// pouvoir// il Lorsqu'une personne te
dépasse, quelque soit ce tu feras, tu ne pourras jamais la vaincre.
FIN
Conte n°5 : Pourquoi la terre mange les
hommes
- T? tìì
Il// descend Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- ?símpíí p lápá nà
àt? tók? y?láá to p tom k? má cá
má h?l? m?
Comment // ça // a fait // et // terre//mange// humains//
donc// ça// histoire//que// je// veux//montrer // vous
Ce qui s'est passé pour que la terre mange les hommes.
C'est cela que je veux vous montrer
2- yé mp? túú lO?táá
àt? ná ?sOtáá pá w??nà
Si // ainsi// depuis//avant// terre// et// ciel//ils
//étaient Avant, seule la terre et le ciel existaient.
3- p?l?p? f??
Quelque chose// il n'y a pas Il avait rien d'autre.
4- y?l? f??
Homme // il n'y a pas L'homme n'existait.
5- p?l?p? t?? f?? kpém
Quelque chose// ne pas// il n'y a pas // du tout Il n'y avait
rien du tout.
6- àt? nà ?sO k? p lápá
yém
Terre // et// ciel// eux// ça// fait // néant
C'est la terre et le ciel qui existaient vides.
7- ?snámpíí ?sOtáá w?? to
mp??? àt? w?? Ainsi // ciel// est// alors // ainsi// terre//est Le ciel
était exactement comme la terre.
8- ??nà ?sO ?n? ? tí?í nà ?
nà àt? pá lák? fááw?
Puis // ciel// il// descendait// il// et //terre//ils//font//
causerie Et le ciel descendait pour causer avec la terre.
9- àmá àt? nyáá p?s???
nà ? kpá ?sOtáá
Mais // terre // toi ne pas// pouvoir//et//il//monte// en haut
Mais la terre ne pouvait pas monter au ciel.
10- pá w??ná tápál?l? Ils //
avaient// amitié Ils étaient amis.
11- mp??? k?yàk? nák?l? àt?
má?áná p?? nák?l?
Ainsi // jour// quelconque// terre// retrouva//trou// quelconque
C'est ainsi qu'un jour, la terre trouva un trou.
12- ??nà ? húlí k? ? húlí k?
? húlí k? ? húlí k?
Puis // il//creusa // le // il//creusa // le// il//creusa //
le// il//creusa // le Puis il le creusa, le creusa, le creusa et le creusa.
13- p tálá p??s? náál?
Ça // atteint//ans// deux Cela dura deux ans.
14- ??nà ? tálá p?? ?k? k?
t?ná?à Et // il// atteignit// trou//là // il// fin Puis il
arriva enfin à la fin du trou.
15- ??nà ? má?áná yálá
náál? k? p?? ?k? k? táá Et // il// retrouva// oeufs
// deux// trou// il// dans Il retrouva deux oeufs dans le trou.
16- yáálá k? náál? ?
tá ny? s? pépé yálá
OEufs // exactement// deux//il//ne pas// savoir//quoi// oeufs
Deux oeufs dont il ne connait l'origine.
17- (áh áh)221
18- k?yák? nák?l? ?so tííwá
?l?
Jour // quelconque// ciel// descendit// alors Un jour le ciel
descendit.
19- s?s? pópó?ó ? pímá
c?n?
Que //quoi// tu// as enterré //ici Il dit : «
Qu'as-tu enterré ici ? »
20- s? áá?yó s? p?? k? ?n?
náwá nà ?n? ? húlí
Que // non//que// trou// que// lui// a vu//
et//lui//il//á creusé.
Il lui dit que c'est un trou qu'il avait trouvé puis avait
creusé.
21- ??nà ? híkí wó?ó k?
táá
Et // tu// trouves//quoi// il// dans « Qu'as-tu
trouvé dedans ? »
22- ? h?l? ? yálá
Il // montra // il// oeufs Il lui montra les oeufs.
221 Onomatopée qui traduit le mystère.
23- ??ná s? tá tápál?l?
tóó nyá kpá?á k?l?mt?l? Et // que//nous//
amitié//sur// toi// prends//un Puis il dit : « Pour notre
amitié, prends un oeuf.
24- má kpá?á l?nt? t? pólò t?
s?? t? nà pópó?ó p c?l???
Je // prends // l'autre// nous// allons // déposer//
nous//voir// quoi//ça // donne Moi je prends l'autre. Gardons les et
voyons ce que cela va donner. »
25- àt? nyá pólàà nà ?
s?? ? yát? to
Terre // toi// alla//et//il// déposa//il// lui// alors
Quand la terre déposa son oeuf,
26- p fémá ? púkí k? ná ?
w??lú?üÇa // réveille// il//va// alors// et//il//
vérifie Chaque matin, elle allait vérifier.
27- p fémá ? púkí k? ná ?
w??lú?üÇa // réveille// il//va// alors// et//il//
vérifie Chaque matin, elle allait vérifier.
28- p fémá ? púkí k? ná ?
w??lú?üÇa // réveille// il//va// alors// et//il//
vérifie Chaque matin, elle allait vérifier.
29- p fémá ? púkí k? ná ?
w??lú?üÇa // réveille// il//va// alors// et//il//
vérifie Chaque matin, elle allait vérifier.
30- p kómá ná p tálá k?y???
náál? f?? náán?wá tO ? póló ?
wíílí
Ça // vient//et//ça // atteint//
jours//deux//moins// dix//alors//il// alla// il// vérifia Le
huitième jour, il alla vérifier.
31- ? má?áná s? p tá
látá p?l?
Il // retrouva// que// ça // ne pas// fait//quelque chose
Il retrouva que l'oeuf n'avait encore rien donné.
32- ? kpá?á yát? Il // prit// oeuf Il prit
l'oeuf.
33- ? tá?án? kOkó
Il // prépare //feu Il alluma le feu.
34- ? wó yát? ná h?h?m222
Il// grilla // oeuf// et// h?h?m Il grilla l'oeuf et le
mangea.
222 Onomatopée qui remplace ici le verbe manger.
35- ?s5223 nyáá yélé ?
yát? k? mp?
Ciel // toi// laissa// il// oeuf//comme//ça Le ciel
laissa ainsi son oeuf.
36- ?l? ? t?? s?wá to ?l? ? pàà f??
kpém
Lui //il// depuis// dépose// alors// il//
intérêt // il n'y a pas// vraiment Quand il déposa son
oeuf, il n'y prêta plus attention.
37- k?yák? nák?l? ? póláá
?l?
Jour // quelconque// il//alla// alors Un jour, il alla.
38- ? má?áná p tíísá
àl? y?l?
Il // retrouva// ça// donner//femme// humain
Il retrouva que l'oeuf avait éclos et en était
sortie une femme.
39- áh áh p w?? mp?
Ah áh// ça // est// ainsi Le temps passa.
40- àt? nyá tá ná
Terre // toi// ne pas// voir
Le terre, elle, n'avait pas vu.
41- k?yák? nák?l???l? ?sO cá s? ? lá
? káwúlá?á t?ml?
Jour // quelconque// ciel// cherche// que//faire//il//
royauté// travail Un jour, le ciel voulut montrer sa grandeur.
42- ??ná ? yáá àt? s? àt? ?
k?l? ? kpá ?n? ? t?
Et // il// appela//terre// que//terre//se
lève//elle//monte//lui//il//maison Il demanda la terre de se lever pour
monter chez lui.
43- àt? s? ?s?ná?á ?n? ? lák?
ná ? kpá
Terre //que// comment//lui//elle//va faire//et//elle//monte La
terre voulut savoir comment elle fera pour y monter.
44- ?n? ? p?s???
Lui //elle //ne peut pas
Elle dit qu'elle ne pouvait pas.
45- ?sO áááh t?m p?cO?5
Ciel // áááh// problème// petit
Le ciel dit : « Aááh ! C'est une petite
affaire. »
46- p tápá p w?l? nt? ?n? ? ká
hélì ? ?s?námpíí ? ká lá
ná ? kpá to
Ça // atteint// Ce //jour //là// lui//il//va
//dire// il//comment//il//va//faire//et//il//monte//alors Lorsque le jour
viendra, il lui dira comment faire pour monter.
47- ??nà àl? ?n?n? ? cáá ny??t?
pé nà ? c?l? ? nà ? búú s?l?m
223 Il faut aussi signaler que le substantif ?sO qui
désigne le ciel, est également employé pour
désigner Dieu.
Puis // femme// là//il// chercha// herbes//
grains//et//il//donna// elle// et//elle// fit// boisson Puis il chercha des
grains d'herbes qu'il donna à la femme pour faire une boisson.
48- ny??t? pé án???l? m?lá
Herbes // grains//ce sont// sorgo Ces grains d'herbes sont le
sorgo
49- yé mp? p tálá k?yák? ?k? ?l?
Si // ainsi//ça// atteint// jour// là//alors Alors,
quand le jour arriva,
50-? lá kóókál? ná àt?
p?s? t? fákáfáká nà ? hóm? ? ?
kpáás?
Il // fit// effort// et//terre//devint//comme//léger//et
//il// tira//il//il//fit monter Il fit un effort et la terre devint
légère. Il la tira et la fit monter.
51- ? ho àt? ? kpáás? ? col?
Il // tira// terre// il// fit//monter//il//chez Il tira la terre
et la fit monter chez lui.
52- pá póló pá cá?á
Il // alla// ils//assirent Il alla et ils s'assirent.
53- ??nà pá cósí s?l?m mpi pá
kOná ?
Puis // ils// prélevèrent//boisson//
là//ils//ils//apportèrent On préleva la boisson et
l'apporta.
54- ? nyOOwá to Il // but// alors Quand il but,
55- s? ééh tá cà l?m
mpí?il?
Que // ééh// notre// père// eau //
quelle
Il dit : « Eéh, père, quelle est cette eau ?
»
56- tOm nt?
Problème // ça
Il lui dit : « Ça, c'est une énigme.
»
57- má tá nátá l?m p?n?
p?táká
Moi// ne pas// vois//eau// celle// pareille « Je n'ai
jamais vu une eau pareille. »
58- ? káá nà w? tO?O
súúlú té
Tu // ne pas//vois// elle// mange// patience// seulement «
Tu ne peut la voir. Patientes-toi juste. »
59-??nà ? tásá kOmá?
Puis //il//répéta// apporter Puis il en apporta
encore.
60- ? ny55 Il // but Il but.
61- s? ??h tá cà nyá l?m p?n? p k?lá
lélé?
Que // ééh// notre//père// toi// eau//
celle// ça//dépasse// douceur Il dit : « Eéh,
père, ton eau est très douce.
62- ?l? ?s?ná?á p lápá
Alors// comment//ça // fait Mais comment est-elle faite ?
»
63- ??nà ? pOOs? ? ?l? yáláá
áná t?? tálá mp? nyá ny?nt? w? lé
Et //il// demande//il//mais// oeufs //que// nous//avions
partagé// là//toi//celui// est//où Alors il lui demanda :
« Les oeufs que nous avions partagés, où est le tien
?»
64- s? óóh ?n? t?má tá?á
tO?O? k? tóó l5?
Que // óóh// lui//finit //ça//
manger//depuis// avant
Il répondit qu'il l'avait déjà mangé
depuis très longtemps.
65- ?sO s? áh áh to má ny?nt? k? mà
s??wá p tíísi ?n? ?n?
Ciel // que//áh áh// bien// moi//mien// que// je//
déposer//ça//éclot//celui//là Le ciel dit : «
Ah áh ! j'ai déposé le mien et il a donné
celui-ci.
66- ?n? lápná ?tá?ál? l?m p?n? Lui
// a fait//ainsi// eau// cette C'est lui qui a fait cette eau. »
67- hééí yé mp? má
yépá má ny?nt? p?? tíísá ?s???l?
Hééí // si// ainsi// je//
laissais//moi//mien//ça //éclore//ainsi «
Hééí ! si j'avais laissé le mien, ce donnerait ceci
? »
68- si ááhá àt? ? f??
kánt?l???
Que // ááhá // terre// tu// ne pas avoir//
courage
Il dit : « Aáhá ! Terre, pourquoi tu n'est pas
patiente ?
69- y?l? nt? ? tO?á mp?
Homme // que// tu//a mangé// ainsi C'est un homme que tu
as ainsi mangé. »
70-áááh ? má?ás? t?m nt?
nà ? w??
Aááh // il// essaya//
problème//là//et//il// échoua Il réfléchit
au problème en vain.
71- ny??? kp??t??? k? ny??? kp??t??? k? Tête // agiter//
ainsi// tête // agiter// ainsi Il sécouait sans cesse la
tête.
72- nà ? kp??t? ny??? ? kp??t? ny??? Et // il// agita //
tête// il// agita // tête Il sécoua et sécoua la
tête.
73- tóó ? k?láá s? ? kpé? ?l?
?so s? tôô ? ná y?l? ?n??
Bon // il // se leva// que//il// rentre//alors//
ciel//que//bien//tu// homme// là Quand il voulut rentrer, le ciel lui
dit : « Bien, tu vois cette personne. »
74- s? ??
Que // oui
Il dit : « Oui.»
75- máá c?l? ? ? ? kpééná
Je // vais donner//tu//elle//tu// rentres avec
« Je vais te la donner pour que tu l'emmènes avec
toi.
76- ? náá p?n??n?? ? lápná l?m
mp??
Tu // vois// ceci // elle// a fait avec//eau//là
Tu vois, c'est avec ceci qu'elle a fait cette eau.
77- ? tápá ?l? ? ny?mná
?s?námpíí ? lák? tO
Tu // arrives//alors//elle //sais// comment//elle// fait//
alors Quand tu rentres, c'est elle qui sait comment elle le fait. »
78- p k?yàk? ?k??? ? c?lá àt? k?
m?lá sóóná kácéíná
?máá? ?máán? ?máán?
?máán? Ce //jour //là // il// donna// terre// sorgo//
haricot// haricot brun// riz// divers// divers Ce jour-là, le ciel remit
à la terre sorgo, haricots, riz, etc.
79- s? pá tápá t?yá?á ?
túú ná àl? ?n? ? tOk?
Que // ils// arrivent// maison// il// sème//
et//femme//là//elle//mange
Il lui dit, une fois chez eux, de semer tout ceci pour que la
femme en consomme.
80- ??nà pá kpé
Puis //ils// rentrèrent Puis ils rentrèrent.
81- pá w? mp? , pá w? mp? , pá w? mp? ,
pá w? mp?
Ça // est //ainsi// ça // est //ainsi//ça
// est //ainsi// ça // est //ainsi// Le temps passa.
82- hál? àl? ?n? ? kOO ? kpát?l?
Jusqu'à// femme//là// elle// vient//elle//
vieillit La femme vieillit.
83- ??nà ? s?
Puis //elle// meurt
Puis elle rendit l'âme.
84- ??nà ? kóó ? yáá
?sô
Puis // il// cria// il//appela //ciel Et il cria et appela le
ciel.
85- ?so koo Ciel // vint
Le ciel vint.
86- s? y?l? ? ká c?lá ?n? to ? tás???
féésú?üQue // homme // il// avait//
donné//lui//donc//il//ne plus repéter// respirer Il lui dit que
l'homme qu'il lui avait donné ne respirait plus.
87- ?sO si ? s?pá?á l?
Ciel //que //il// est mort // ainsi
Le ciel lui dit qu'il était ainsi mort.
88- ??nà s? ?s?ná?á ?n? ? lák? ?
Puis // que// comment// lui// il//fera//il
Puis il demanda au ciel ce qu'il pouvait faire du corps.
89- ?sO s? ?s?ná?á ? ká lápá
yát? yè
Ciel // que// comment// tu// avais// fait// oeuf// Le ciel lui
dit : « Qu'avais-tu fait avec l'oeuf ? »
90- s? ?n? ? ká tO?á
Que // lui// il//avait// mangé
Il répondit qu'il l'avait mangé.
91- s? ááhá y?l? k? ? ká tO?á
mp??? té
Que // ááhá// homme // que//tu //avais//
mangé//comme//ça
Il lui dit : « Aáhá ! C'est l'homme que tu
avais ainsi mangé. »
92- mpíí p lápá hál?
ná sá?á àt? tók? y?láá
tó?O l?
Ce qui//ça // fait//jusqu'à //et//aujourd'hui//
terre//mange// hommes//ceci//là C'est ce qui s'est passé pour que
la terre, aujourd'hui, mange les hommes.
93- ??ná sá?á y?l? ? s?pá
átá?á pá pí?íí
Puis // aujourd'hui// homme//il//meurt//terre//on//enterre
Puis aujourd'hui, lorsqu'une personne meurt, on l'enterre dans
la terre.
94- y?l? káá s? pá kpáná ?
?sO pá pí
Homme //ne pas// meurt//on// monte//il// ciel//on// enterre
personne ne meurt, pour qu'on l'enterre dans le ciel.
95- ?sO ? tOk? y?láá
Ciel //il// ne pas//mange//hommes Le ciel ne mange pas les
hommes.
FIN
Conte n°6 : Le malin et le bête
- T? tìì
Il// descend Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- lá?át? nà k?m?l?? pá tom k?
mà k??s??? m?
Intelligent // bête// ils// histoire//que//je// raconte//
vous Je vous raconte l'histoire de l'intelligent et du bête.
2- lá?át? ?? càk? ? tíké
nà k?m?l?? f??
Intelligent //ne pas//reste//il// seul// et// bête// n'est
pas L'intelligent ne peut pas vivre seul sans le bête.
3- nà mp??? k?m?l?? ?? càk? ? tíké
nà lá?át? f??
Et //ainsi// bête// ne pas//reste//il//seul//
l'intelligent//n'est pas Le bête non plus ne peut vivre seul sans
l'intelligent.
4- pà náál? pá cák?ná
?l? p lá s? p lápá ?càt?
Ils // deux// ils//
restent//puis//ça//fait//que//ça //a fait// village
Ce sont les deux qui se regroupentensemble pour pouvoir
créer un village.
5- k?m?l?m?? tííké ? cá?á p ?
lák?
Bêtes // seul//ils// restent//ça // ne pas//
fait
Quand les bêtes se retrouvent entre eux, ça ne
marche pas.
6- lá?át?ná tííké ?
cá?á p ? lák?
Intelligents //seul//ils//restent//ça //ne pas//fait
De même, si les intelligents restent entre eux, cela ne
fonctionne pas.
7- (?n? ? nyimá ?n? ? nyimá yòò
?s?ná?á p lák? ná p lá)
Celui-ci // connait//celui-là //connait//donc//comment
//ça //fera// et//ça //fait
( Lorsque tout le monde connait, comment est-ce que cela peut-il
fonctionner ?)
8- ? kOmá ná ? ná y?lá
cá?á ná p w? lélé?
Tu // viens// et//tu //vois//hommes//ont
assis//et//ça//est// doux Quand tu vois des hommes vivre en harmonie,
9- ny? kpákpáá s? lá?át?
nà k?m?l?? k?
Connais //immédiatement//que//intelligents//et
bêtes//donc Sache immédiatement que c'est intelligents et
bêtes ensembles.
10- ?s?námpíí p cáálá
nà pá yáák? f?mp??á k? f?mp??á
f?mp??á
Comment // ça // a commencé//et //on//appelle//
Foumbéa// que// Foumbé//Foumbéa L'origine du nom du
village Foumbéa,
11- p m?t? k? mà cá má kOná m?
Ça // conte//que// je// veux// je//amène// vous
C'est ce conte que je veux pour apporter.
12- f?mp??á k? mp? t?6 c?lá?á t?m k?
Foumbéa //que//ainsi//donc// yom // langue//est
Le nom Foumbéa vient du Yom.
13- s? hOt??? s?kpélú?u (f???
bíyá?á224) Que // forêt //
petite//(forêt// enfant) Cela signifie ? petite forêt ? (
forêt//enfant)
14- mp??? anánsálá kOmá ná ?
tá?án? s? Foumbéa
Ainsi // Blanc// vient// et// il//
répare//que//Foumbéa
C'est ainsi que le Blanc est venu pour reprendre et dire
Foumbé
15- áá? f??? bíyá?á k?
pà yáák?
Non // f??? bíyá?á// que//appelle
Non, la vraie prononciation est « f???
bíyá?á.»
16- yé mp? káncálá?át?
l?kpàt? kámá to sámás? w? Kpàl???
tàà k? hátóó p5?5 wáál? c?n?
Si // ainsi// le premier// Lokpa//vient//alors//Bariba//étaient//
Kpàl??? // dans// là-bas// rivière// derrière
//ici
Quand le premier Lokpa arriva, ce sont les Bariba qui vivaient
à Kpàl???, de l'autre côte de la rivière.
17- ? kb ? cá?á pà cálo
Il // vint// il//resta//il//chez Il vint s'installer chez
eux.
18- ??ná tá t? c?n? hOt??? ká
nyál?nà
Puis // nous// maison//ici// forêt// était// coudre
Et chez nous ici, il y avait une forêt dense.
19- hOt??? ?k??? pá yáá s? f???
bíyá?á : hOt??? s?kpélú?ú
Forêt //là // on// appelle// que// f???
bíyá?á// forêt // petite
C'est cette forêt qu'appelle « f???
bíyá?á », c'est-à-dire « petite
forêt ».
20-??nà l?kpàt? ?n? ? cá?á mp???
sámás? ké? ?l? nà
Puis //Lokpa// lui// il// resta// ainsi//Bariba//chez//puis //et
Le Lokpa resta ainsi chez les Bariba et
21- f??? bíyá?á t?n? ?n? hOt??? ?k? k?
táá s?ms?m?? w?ná Petite forêt // là-bas//
lui// forêt//là//il// dans// hyènes//étaient Dans
cette petite forêt vivaient des hyènes.
22- ??nà s?ms?m?? púkí t?n? ?n? ?
kpáák? héé? ? tok?
Et // hyènes // allaient// là-bas //là//
elles// attrapaient// moutons// elles //mangeaient Les hyènes allaient
là-bas, attrapaient les moutons et les mangeaient.
23- ? kpáák? héé? ? tok?
Elles // attrapaient// moutons// elles //mangeaient Elles
attrapaient les moutons et les mangeaient.
24- ééh héé? t??
Eéh // moutons //finissent Les moutons finissent.
25- p?? t??
Cabris //finissent Les cabris finissent.
26- y?lá s??k? áhó p nyáál???
?l? pà náá héé?
Hommes //entrent//nuit//ça //éclaircit//
alors//ils//ne pas// voient// moutons.
Les gens dorment la nuit, puis quand il fait jour, ils ne
retrouvent plus les moutons.
27- án? y?lá f?? tám ?n? s? pá to s?
?m??lá
Or // hommes //n'est pas//moment//là
//que//ils//disent//que//voleurs Or personne n'était plus en
éveille pour qu'on pense au voleur.
28- s?ms?m?? ?n???l? ?m??lá
Hyènes // là// voleurs
Ce sont les hyènes qui étaient ces voleurs.
29- áh pépé t??ná mp???
héé?
Ah// quoi// finit// ainsi // moutons
Ah ! qu'est-ce qui finissait ainsi les moutons ?
30- yé mp? s?ms?m?? lák? ntà?ál?
k?k5l6 ?n? Si // ainsi// hyènes// font// ainsi// horreur// là En
fait c'était des hyènes qui faire cette horreur.
31- héé? kOmá ná ? ny? ná
?t?
Moutons // viennent// et //ils//comprirent//et// eux-mêmes
Les moutons finirent par se rendre compte par eux-mêmes.
32- s? áh t? w? c??? táá p?? kás???
nO?al?
Que // áh// nous //sommes// promenade//dans//
ça//ne pas// resterons//quelqu'un
Ils se dirent : « Ah, si nous continuons notre promenade, il
ne va plus rester personne. »
33-sáá ?n? ? cOO ?l? ? púkí
pól??
Moment //là//ils// promènent // alors//ils//ne
pas//vont //loin Dès lors, quand ils se promenaient, ils n'allaient plus
loin.
34- sáá ?n??? s?ms?m?? ?n? ?
w?láá
Moment // là// hyènes// eux//ils// devinrent
maigres Pendant cette période, les hyènes devinrent maigres.
35- ? híkú?ú nà ? tOk? to ? w?l?'
Elles // ne pas// trouvaient// et//elles //
mangeaient//alors//elles// maigrirent Elles ne trouvaient plus à manger,
alors elles maigrirent.
36- ??ná ? p??k? s?s?? ?siná?á ? ká
lá ná ? tásá híkú?ú k?
héé? nà p?? nà ? tb?5
Puis // elles //cherchèrent//comment// elles// vont //
faire//et//répéter// trouver//moutons // et// cabris//et//
elles// mangent
Puis elles cherchèrent un moyen pour avoir à
nouveau les moutons et les cabris pour manger.
37- pá cá?á pá lá pá
t? lákás?
Ils // s'assirent// ils// firent// ils//maison// coutumes Ils se
réunirent et firent leur cérémonies.
38- ?s?ná?á pá lák? ná
pá tO?5
Comment // ils//feront//et// ils //mangent Comment vont-ils
faire pour se nourrir ?
39- ??n? s?ms?m??? nák?l? k?l? k? hì
lá?át?
Puis //hyène// quelqu'un //lui// elle//ramassa//
intelligence Puis une hyène eut une bonne idée.
40- s? pá póló k?yák?
táá nà pá yá tom
Que // ils// vont// marché// dans//et //ils //
achètent// sel Elle proposa d'aller au marché pour y acheter du
sel.
41- áhó ? yúwá pá ?m??s?
ny??t? t55
Nuit // elle// assombrit//ils// mettre//herbes//sur Quand il
fera nuit, elles iront en mettre sur l'herbe.
42- colow ? lápá pá ?m??s? ny??t? tO5
Rosée // elle//fera// ils// mettent//herbes sur Quand la
rosée couvrira l'herbe, elles iront le sel.
43- ?s5 w?? héé? nà p?? páá
t5?5 ná pá n?? lélé? nà pá t?s?
p5?5
Dieu // existe// mouton// et//cabris// ils// vont manger//et//
entendre//douceur// et//ils// traverseront// rivière
S'il plait à Dieu, les moutons et cabris mangeront et
sentiront que c'est doux et traverseront la rivière.
44- ??nà mp? pá t??5 w?
Puis // eux//ils//mangeront// eux Puis elles vont les manger.
45- ??ná pá lá mp?
Et // ils// firent//ainsi Et elles firent ainsi.
46- pá ní?ílí tam k?
mpáá n5?5 mpáá n5?5 mpáá n5?5
hál? pá s?? ?cát? n5?5
Ils // mirent// sel// que//route//bouche// route//bouche//
route//bouche//jusqu'à//ils// entrèrent// village// bouche
Elles mirent le sel le long de la route jusqu'à
l'entrée du village.
47- téú fémá il? pá
póló pá kpá t??? t?6 ná pá cá
pá tá?á
Beauté // réveille// alors// ils//
allèrent//ils// montèrent//arbre // sur// et//ils//assirent Le
lendemain, ils allèrent grimper dans un arbre et attendirent.
48- pá cà ?n? ? kpá t??? t56 nà ?
ny?n???
Ils // père//lui//elle//grimpa//arbre// sur//et// elle//
regardait Le patriarche grimpa dans un arbre et scrutait le paysage.
49- pá n??n? pá tá nátà k?
yéé
Ils // eux// ils// ne pas encore// ont vu// ou quoi « Ces
gens n'ont pas encore vu ou quoi ? »
50- pá n??n? pá tá nátà k?
yéé
Ils // eux// ils// ne pas encore// ont vu// ou quoi « Ces
gens n'ont pas encore vu ou quoi ? »
51- pá n??n? pá tá nátà k?
yéé
Ils // eux// ils// ne pas encore// ont vu// ou quoi « Ces
gens n'ont pas encore vu ou quoi ? »
52- pá n??n? pá tá ná tà k?
yéé
Ils // eux// ils// ne pas encore// ont vu// ou quoi « Ces
gens n'ont pas encore vu ou quoi ? »
53- pá n??n? pá tá ná tà k?
yéé
Ils // eux// ils// ne pas encore// ont vu// ou quoi « Ces
gens n'ont pas encore vu ou quoi ? »
54- p kómá héé? l?? ná ?
tôk? ny??t? nt? ?l? p w? lélé?
Ça // vient// moutons// sortent//et//ils// mangent
//herbes// là//alors//ça //est//doux Quand les moutons sortirent
et commencèrent à brouter, l'herbe était salée.
55- ? t?? kpéná nà ? tó?á
t?l? ?l? p w? nyá?
Ils //allaient //ailleurs// et// ils//
mangeaient//là-bas//alors//ça //est// amère Lorsqu'ils
allaient brouter de côté, l'herbe était amère.
56- ??ná ? to t?l?
Et // ils // crachèrent//celle-ci. Et ils
crachèrent celle-ci.
57- pá páás?nà mp? pá
póló pá t?s? pO?O
Ils // s'occupèrent// ainsi// ils// allèrent//
ils// traversèrent// rivière Ils broutèrent ainsi et
traversèrent la rivière.
58- pá s?? túúlé pá tá
ná
Ils // entrènt// forêt// ils// ne pas// ont vu
Ils entrèrent dans la forêt sans s'en rendre
compte.
59- p?? tok? c?n? nà héù nyáá
tOk?ná hOl??? l??k?
Cabri // mangeait //ici//mouton//
toi//mange//côté// autre
Le cabri broutait d'un côté et le mouton broutait
de l'autre côté.
60- nà ? w? t??? tOO ná ? ny?n? w?
Et //il// est// arbre // sur//et// il//regardait //eux Et il
était sur l'arbre et le regardait.
61- s? tOtOtO áá? ?n? ? kátOká ?k? p
lápá?á l?
Que // t5t5t5225//non // lui//il//
piège//là // ça // a fait// comme ça
Il se réjouit très bien parce que son plan avait
marché comme il l'avait prévu.
62- p kamá nà pá nyá s?
tímpíí t? púkí ?s?nOtO p hát?l?
n`t?yá?á ?l? ? t?má wá?á ná?
Ça //vient// et//ils// se
réveillèrent//que//où//nous// allons// ainsi// ça//
est éloigné//alors// il//finit// eux// voir
Quand ils se rendirent compte qu'ils étaient allé
trop loin, il les avaient déjà vu.
63- ? tálá téú yóó ?
tálá téú yóó ? tálá
téú yóó
Vous//arrivez// beauté // yóó// Vous
//arrivez// beauté // yóó// Vous//arrivez//
beauté//yóó// Soyez les bienvenus ! Soyez les bienvenus !
Soyez les bienvenus !
64- ? tálá téú
Vous // arrivez// beauté Soyez les bienvenus .
65- pá tOmáá pá
séékí ? kpáá w?
Ils // disent// ils// vont fuir// il// attrape// eux Ils
prennent la fuite, il va ls rattraper.
66- héú si p???????????h p???????????h
p???????????h226 Mouton // que// p???????????h p???????????h
p???????????h Le mouton fit p???????????h p???????????h p???????????h
67- s? ?n? ? séé
Que // lui//il //court Il dit qu'il va fuir.
68-p?? héé táá sé
Cabri // héé//ne pas//cours
Le cabri lui dit : « Héé ! Ne cours pas.
69- ? séwá t? cáá tom
Tu //cours// nous// avons cherché// problème Si tu
cours, nous sommes perdus. »
70- ?l? ná pá t?? t?má ?s?? pà
s?pá
Puis //et//ils/ suivirent// eux-mêmes// comme ils//sont
morts Puis ils se suivirent comme s'ils étaient morts.
71- pá tápá to tóó
héé? wéíná pá to?á
Ils // arrivèrent//alors// depuis//
moutons//que//ils//avaient mangé Quand ils y arrivèrent, tous les
moutons qu'ils avaient mangés
72- p káásá ká?á k? ná
páá s?
Ça // restait// peaux//donc// et//ils//avaient
déposé Il en restait des peaux qu'ils avaient
conservées.
225 Onomatopée qui traduit la satisfaction.
226 Onomatopée pour imiter les bellements du
mouton.
73- tóó pá tápálá
mpáá pá tà náák? pá
kó?á pússá t?ná?á
Bien // ils// arrivèrent// ceux// ils// ne pas//
voyaient//ils// peaux// étaient suspendues//là Bien. Quand ils y
arrivèrent, tous ceux qui avaient disparu, leurs peaux étaient
suspendues
là.
74- pá ná pá t?n? ná pá
ny?máw?
Ils // virent// ils// tous// et//ils// siens Ils les virent tous
et aussi les leurs.
75- s? sá?á tá tom nyá
t?má?á l?
Que // aujourd'hui// notre// histoire//toi//est
terminée// ainsi Ils dirent : « Aujourd'hui, nous sommes finis.
»
76- ??nà s? áláf?yá k? pá
kômá mp?
Puis // que// santé// que//ils// étaient//
ainsi
Puis il demanda ce qu'ils étaient venus chercher.
77- héú nyá tápá t?n? to
m??ná kpé? yém k?
Mouton // toi// arriva//là//alors// morve// coulent//
rien//ainsi
Le mouton, lui, une fois sur place avait la morve qui coulait
seulement.
78- sO?Ont? p?? nyá yo?ot? s? kánt?l?
kánt?l?
Poltron //cabri // toi// parlait //que //courage// courage
Poltron ! Le cabri lui dit : « Courage ! Courage ! »
79- sO?Ont? k?lá ? kpá? p??227
kánt?l???
Peur // dépasse// il// attraper// çe ne pas//
patienter La peur ne lui permettait pas d'avoir du courage.
80- tóó pá tápá ná p??
nà s?ms?m??? pá yO?Ot??? mp? to
Bien //ils //arrivèrent // et //cabri// et
//hyène// ils// parlaient// ainsi //alors Alors , quand ils
arrivèrent et le cabri et l'hyène parlaient,
81- ?s??? héú súsáá nO?O
Ainsi // mouton// avait pendu //bouche
C'est comme ceci que le mouton avait pendu sa bouche.
82- ? t?má ny?m s?s? p?? lák?
Il /// finit// connaissance//que//ça ne pas// faire Il
était sûr qu'il n'allait pas s'en sortir.
83- ? tOm t?má?á l?
Il // histoire // était finie // donc Tout était
pour lui terminé.
84- ??ná ? pOs? p?? s? pépé kOná
wá?á c?n?
Puis // elle // demanda // cabri// que//quoi// amène //
eux//ici Puis elle demanda au cabri ce qui les amemait par ici.
85- p?? áá? mp? pá kOmá pá
ny??? tom k? paas??? k?
Cabri // non// eux// ils// sont venus// ils// tête//
histoire//que//demander// ainsi Le cabri lui répondit qu'ils sont
là pour consulter sur leur avenir.
86- mp? pá kOmá s? pá t??? ní?
ná mp? pá ná pá ny??? tom
Eux // ils// sont venus// que// ils// mettent// main// et//eux//
ils// voient// ils// tête// histoire Ils sont venus pour consulter le
Fa228 dans l'espoir de connaître leur avenir.
87- nt? ná mp???s? h5h55 yé t?l?
táámá w?
Alors // et // que// h5h55// si // cela// temps// est
Alors il dit : « H5h55229! Si c'est pour cela,
j'ai du temps. »
88- too ??nà ? s?s? ní? k?
húlú?ú táá p?? ka?l?
húlú?ú Donc // et //il// mit// main//que//sac// dans//
cabri// peau //sac Il mit alors la main dans un sac. Un sac en peau de
cabri.
89- ? s?s? t?n? nà ? kúúlì
pO?alás?
Il // mit///là// et// il// ramassa// cauris Il y mit la
main et sortit des cauris.
90- ? c???t? ? ní? táá c??? c???
c???230
Il // agita//il// main// dans// c??? c??? c??? Il les agita dans
les mains.
91- ?l? ? p?t? àt?
Puis // il// laissa tomber// terre Puis il les jeta par
terre.
92- ? ny?n? p táá ?l? s? àà?
wésú?ú ná álááf?yá
pá w? pà t?
Il // regarda // ça // dans//alors// il// dit//que//
non// vie//et//santé//ils// sont// ils// maison Il regarda les cauris,
puis dit qu'ils avaient vir et santé chez eux. Tout va bien chez eux.
93- s?ms?m??? héélú?ú
ntá?á p?? k? mp? Hyène // disait// ainsi// cabri// que //
ainsi C'est l'hyène qui disait cela au cabri.
94- s? wésú?ú ná
álááf?yá pá w? pà t?
Que // vie// et// santé// ils// sont// ils// maison. Il
répéta que tout allait bien chez eux.
95- ámá ?n? ? ná pà kOnt? ?
tà nà pà kpénté
Mais // lui// il//a vu// ils// arrivée// il//ne pas// a
vu// il // retour Seulement qu'il avait vu leur arrivée, mais n'a pas vu
leur retour.
96- h5h55 pílé s? má
héélí m? s? má ná m kánt? má
tá ná m kpénté
228 Le Fa, nous explique Mahougnon KAKPO, dans son
livre intitulé Introduction à une poétique du Fa,
« est l'un des systèmes de divinations pratiqués en Afrique
occidentale, notamment dans l'ancienne civilisation du Bénin (le
Nigéria dont la ville Ifè a donné le nom Fa, l'actuel
Bénin et lr Togo). » P 9
229 Onomatopée qui traduit une joie à
peine dissimulée.
230 Onomatopée traduisant le bruit des
cauris.
Hohoo // Fa // que// je// dis// vous// que// je// ai vu// votre//
arrivée// je // ne pas // ai vu // votre retour
« Fa me demande de vous dire que j'ai vu votre
arrivée, mais que je n'ai pas vu votre retour. »
97- héú n??? mp? to má
héél??? m? nó?ó tá?áná
súsú?ú nt?
Mouton // entendit // ainsi //alors// je // dis// vous//
bouche// répare// pendre// donc Quand le mouton entendit cela, je vous
le dit, la bouche se suspendit encore plus.
98- m??ná nà ntá?ámá p
kpé cOO231 Morve //et// salive// ça // coule// cOO La
morve et la salive coulaient.
99- pe? s? pépéé
Cabri // que // quoi Le cabri : « Quoi ? »
100- ?n? ? ná pà kónt? ? tà
nà pà kpénté
Lui // il//a vu//ils// arrivée //il//ne pas // a vu//
il// retour Lui, il a vu leur arrivée, il n'a pas vu leur retour.
101- ééh t?ná?á l? p??
k?lá
Eéh // là // alors// cabri// se leva Alors le
cabri se leva.
102- héú súsá nO?O ná ?
wíísí ?s? ?s?? ? s?pá án? ? tá
s?táá
Mouton // pendre // bouche// et// il // ferma // yeux// comme
//il// est mort// or //il//ne pas // encore est mort
Le mouton pendit la bouche et ferma les yeux comme s'il
était mort. Or il n'était pas encore mort.
103- ? k?s?ná héu nó?ó ná ?
má kátá?á kpáá
Il // compare// mouton// bouche//et //il// tape// giffle Il lui
donna une gifle à bouche.
104- héú tol? ná tìm tím
tìm232
Mouton // tomba// et // tìm tím tìm Le
mouton tomba.
105- s? épé lápá ná ?
lák? mp?
Que // quoi// fait// et //il //fait // ainsi « Pourquoi
fait-il cela ? »
106- si ? ná ?s?nO to sé ? nO?O ?ká ?
súsú?ú ?s?nO to nyá tOm t?má?á l?
Que // il// voit// ainsi// donc// alors// il// bouche// qui//
il// est pendue// ainsi// donc// toi// histoire // est finie// ainsi
« Tu vois sa bouche qui est ainsi pendue, saches que toi tu
déjà es morte.
231 Onomatopée qui décrit comment la salive et la
morves du mouton coulaient. L'intention du conteur est claire : il veut
exagérer pour montrer le degré de peur du mouton.
232 Onomatopée qui décrit les mouvements du mouton
par terre.
107- t?? n5?5l? t? n??wá s? ?l? ? w?
tílí?í ?s?
Charlatan // quelqu'un//nous // avons entendu//que //lui //
est// quelque part//ainsi Nous avons appri qu'il avait un charlatan quelque
part.
108- t? póló t?n? ? súsì ? n5?5 k?
?s? ?l? ? s?
Nous // sommes allés//
là-bas//il//pendit//il//bouche// exactement// ainsi//lui//il//mourut
Nous y sommes allés, il pendit sa bouche exactement comme ceci. Lui, il
mourut.
109- t? pólá há túú c?n??
?n?
Nous // sommes allés// jusque// loin// là //
là Nous sommes allés là-bas.
110- ?s??? ? súsá ? n5?5 t?t? ?l? ? s?
Ainsi //il// pendit// il// bouche//encore// lui//il// mourut
C'est ainsi qu'il a pendu les lèvres. Lui, il mourut.
111- n65n5 ? t?? t?wá mp? ?l?
Maintenant // il// finit// charlatans // eux//alors Maintenant,
s'il finit tous les charlatans
112- p t?ká y?l? lé?é ? tás???
pílé p5s???
Ça // tient //homme // où//il//
répète // Fa // consulter
Quand un personne a un problème, où va-t-il encore
consulter le Fa ? »
113- p máp?l? k? ?n? i mák? ?
Ça // gifle // que // lui// il // tape//il C'est pour
cela qu'il le frappe.
114- ? súsú?ú ?s?n5t? míntí
k? t?? ?l? ? s?pá?á l?
Il // pendre// ainsi// minute// que// charlatan// lui// il //est
mort// ainsi « Une fois qu'il pend ses lèvres , le charlatan meurt.
»
115- to t?? ?n? ? ká cá?áná
ná? ná wál? t?5 k?
Alors // charlatan// là// il // était assis//
chambre//et// derrière// sur// donc Ce charlatan était assis
à l'intérieur de la chambre.
116- ? cáá ?símpíí ?
ká lá ná ? híkí non5?5 ná ? l?? to
Il // veut // comment// il// va // faire// et// il//
trouve//sortie// et//il//sort// alors Il cherchait un moyen pour trouver la
sortie.
117- p?n? p?l? pá cá?ánà nOn5?5
k?
Eux // ceux-là// ils // étaient assis// sortie //
à Ceux-ci étaient assis à la sortie.
118- ??nà ? cá?át?? péé
nà ? k5?
Puis // il // agitait // cauris// et //il// venait Il agita les
cauris en venant.
119- ? lák? t?pàm t?pàm ná ?
kp?t???ná nOn5?5 Il // faisait// doucement// doucement // et// il//
approchait// sortie
Il faisait doucement en approchant la sortie.
120- ná pán? p?l? pá cá?á mp?
pá ny?n??? ?
Et // eux // ceux-là// ils // etaient assis// ainsi// ils
// regardaient // il Les autres étaient assis et ils le regardaient.
121- àpá? nyá p kómá p k??s?
nà ? ná s? ? nà nônó?ó p f??
póólú? tóô
Ami // toi// ça // vient // ça // compare// et
//il // voit// que// il // et// sortie//ça // n'est pas// loin//alors
Mon ami, quand il comprit qu'il n'était plus loin de la
sortie,
122- ? kp?s? ? t? ? ló?óná
áwál?
Il // se souleva //il// même//il// lança// dehors
Il se souleva et se jeta dehors.
123- ? póló ? tol? ? lótú
tóó k? áwál? póóm233
Il // alla // il// tomba// il// ventre// sur// au// dehors//
póóm Il alla tomber lourdement dehors sur son ventre.
124- ? ny?k? ná ? k?l? kpákpá nà ?
séé pópópó234
Il // appuya// et//il//se leva// immédiatement// et//il
//courut// pópópó Il se leva immédiatement et
courut rapidement.
125- ??nà ? yélíná w? nà
ná?
Et // il // laissa // eux// et// chambre Et il leur laissa la
chambre.
126- p toO k? nOnO s?ms?m?? f?? t??s?
Ça // sur// que//maintenant// hyènes// il n'y a
pas// maisons
C'est pour cela qu'aujourd'hui, les hyènes n'ont plus de
maisons.
127- k? ?l? nà àpàl? ?n? ? l??
Kpálák? táá ? póló nà ?
cà?á f?mp??á táá c?n? ná pá
yáák? s? f?mp??á f?mp??á
Ainsi // donc// et// homme// lui// il// quitta//
Kpálák?// dans// il// alla//et//il// assit// Foumbéa//
dans// et// on // appelle//que// Foumbéa// Foumbéa
C'est ainsi que le Lokpa quitta Kpálák? et alla
s'installer à Foumbéa et l'on parle aujourd'hui de
Foumbéa.
128- má m?t? yáá
mál?yéé235 Mon // conte // yáá
mál?yéé Mon conte yáá
mál?yéé
129- (nyá nà ?sO táá) Toi // et//
ciel// dans
(Toi et le ciel !)
233 Onomatopée pour traduire le bruit produit par le
charlatan (hyène) a fait en tombant. Elle nous apprend que le charlatan
est tombée lourdement.
234 Onomatopée qui montre comment le charlatan a pris la
fuite. Elle montre surtout qu'il a couru très vite.
235 Formule finale pour tous les conte dont le sens de certains
mots reste encore pour nous flou. Cette formule prend en compte les trois
dernières lignes du conte.
130- m nà àt?
Vous // et // terre Vous et la terre.
FIN
Conte n°7 : Le démagogue
1- yé mp? tóó
ló?táány?má láká?á
wémpíná tóó Si // ainsi// depuis// anciens
// faisaient // ce que// danc Alors, ce que les anciens faisaient,
2- nónóó
ífépíyá k?láá ?l? pá cá
s? pà lá?ás?
Maintenant // jeunes hommes// se lèvent//puis // ils//
veulent // que //ils changent // Aujourd'hui la nouvelle
génération veut tout changer.
3- s? k?kpát?láá ny?nt? nt? p w?? s?
pá yélé t?
Que // vieux// choses// là // ça // est // que //
ils // laissent// ça Ils disent qu'il faut laisser tomber les vieilles
pratiques.
4- ?s?? sánt?l?sàs?nyô kómá
?s?nôó to
Comme // décentralisation // est venue// ainsi donc
Comme la décentralisation est aujourd'hui à
l'ordre du jour.
5- pà lá?s? pel? p tOnt?
Ils // ont changé // cela// ça // marche
Ils veulent adopter cette nouvelle méthode.
6- Pá yélé
ló?táány?nt?
Ils // laissent// tradition
Ils veulent abandonner ce qui ce faisait par le passé.
7- pá tá k?
ló?táány?má mp? pá t?n?
?s?ná?á páá lá ná
ló?táány?nt? nt? t? t?
Ils // ne pas // tuent// anciens // là// ils // tous//
comment // ils // vont faire// et// tradition//là // ça //
finit
S'ils ne tuent pas tous les anciens, comment vont-ils faire pour
mettre fin à la tradition ?
8- ?s?ná?á páá lá ná
pá páás? k?fát? láp?
Comment // ils // vont faire // et//ils // vont commencer//
nouveautés// faire Comment vont-ils faire pour commencer avec la
modernité ?
9- mp? ?n? pá káá t? nà p
kás? ?fépíyá tíké
Eux // là//ils// ne pas// vont finir//ça // reste
// jeunesse// seule Si ceux-là ne dispaissent pas pour faire place
à la jeunesse,
10- p w? mp??? nà pá w?? nà pá
w??
Ça // est// ainsi// et //ils//sont //et//ils sont
Ce serait ainsi. Donc ils seront là pour toujours.
11- yé mp? pá wéì ? k? ?
cà
Si // ainsi //ils // qui// il / tue// il //père Alors
chacun doit tuer son père.
12- nà p káás? ?l? nà pá
tá?án? pà ?cát?
Et // ça // reste// puis //et //ils // réparent /
ils // village
Et ainsi restés seule, la jeunesse va moderniser le
village.
13- mp??? pá wéí s?
támpááná támpááná
támpááná támpááná Alors
// ils// qui // que // vérité// vérité//
vérité// vérité
Alors chacun dit : « C'est vrai. C'est vrai. C'est vrai.
C'est vrai. »
14- ??nà ? há wá?á
lí?íté
Puis //il // leur// donna// argent Puis, il leur offrit de
l'argent.
15- pá wéí ? póló ? yá
nánt? ná ? c?l? ? cà
Ils // qui // il// alla //il// acheta// viande// et // il //
donna//il//père Chacun alla acheter de la viande et en donna à
son père.
16- ? láp? ? mpí ? ká láp? ? to
Il // fit //il//ce que //il// va//faire// il //donc Chacun fit
ce qu'il pouvait à son père.
17- ? láp? ? mpí ? ká láp? ? tO
Il // fit //il//ce que //il// va//faire// il //donc Chacun fit
ce qu'il pouvait à son père.
18- pà t?má mp??? tO?ó? ?l? nà
pà k? pà cááná mp?
Ils // finirent//ainsi // manger //puis // et //ils
//tuèrent//ils// pères// eux Quand ils finirent de manger, ils
les tuèrent.
19- yé mp? p káásá
nó?ól??? ?l? nà ?l? s? húúm236
(l?má?ás? t?)
Si // ainsi // ça// restait // quelqu'un//lui //et lui
//que// Húúm// pensées // propriétaire Alors il
resta un qui se dit : « Húúm ! » ( L'intelligent
!)237
20- ?l? s? nóónó má cà
l?l?ná ntá?á má
Puis // que // maintenant//je // père// donner
naissance// donc // moi Puis il se dit : « C'est mon père qui m'a
mit au monde
21- ? tóó m má lá y?l?
Il // a nourri// moi// je //fais // homme Il m'a nourri et j'ai
grandi.
22- má f??nà ? nát?l? s? má
wáás? ? ?s? má k? ? k?k??? nàà
Je // ne pas avoir// il // quelque chose//que //je // vais
sauver//il// Ainsi// je // tue // il// tuerie// alors
Je n'ai donc rien d'utile à faire pour lui, si ce n'est le
tuer ?
236 Onomatopée qui traduit le dilemme, l'inquiétude
et l'indécision.
237 Commentaire d'un auditeur.
23- yé mp? má k? ? célé
?s?ná?á má píyà nyáá k66
nà s?l? s? lá má
Si // ainsi // je // tue// il// demain// comment // je //
enfants//toi// viendront// et // eux//ils//font // je
Si je le tue, que me feront demain mes enfants ? »
24- ? má?ási mp? p l?má?ás? ?l? s?
?n? ? káá k? ?n? ? cà
Il // réfléchit// ainsi//ça //
pensées// puis//que// lui// il//ne pas// tuera// lui //père Il
réfléchit ainsi puis décida qu'il ne tuera pas son
père.
25- ?n? ? ny?má ?s?námpíí ?
ká lá to
Lui // il// sait // comment // il//va // faire // alors Il
savait ce qu'il allait faire.
26- ??nà ? kpá?á ? cá nà ?
s??ná túúlé
Et //il// prit //son// père//et //il//entra //
forêt Il prit son père et l'emmena dans la forêt.
27- ? ?m?s? ? t?n?
Il // cacha// il// là Il l'y cacha.
28- nà ? kp?t?ná k?tO?O? nkú ? cà
ká t6?5 to nà ? póná
Et //il// emmena //nourriture// que // il//père//va//
manger//donc// il//amena Et il prit aussi de la nourriture pour son
père.
29- ? póná ? h? ná ? wOk? ná ?
tok?
Il // apporta //il// ignames//et //il// grille// et// il// mange
Il lui apporta des ignames qu'il grillait et mangeait.
30- sáá ?n? kpókpóná f??
c??c?ná f??
Moment // là// motos//il n'y a pas// vélos// il
n'y a pas En ce moment, il n'y avait, ni motos, vélos.
31- ? s???lé wáál? k? ? hO?Olá ?
hál? w?? mp??5lá?á
Il// dos// derrière// que//il//mettre // il//
jusqu'à// jours// trois C'est au dos qu'il le porta pendant trois
jours.
32- ? s??ná ? túúlé
táá tímpíí y?l? káá ná
? tO
Il // entra // il// forêt// dans //là où//
homme//ne pas//va voir//il// donc Il le transporta loin dans la forêt
où personne ne le verra.
33- ? s?? ? t?n?
Il // déposa//il// là Il le laissa là.
34- s? ?n? ? cà k??? w? ?n??? p?tOOt?l?
Que //lui// il/père// tuer// est//lui//pitié
Il avait pitié et ne pouvait pas tuer son père.
35- ? cà ?n? mpí pá cá láp?
pá lápá w? nà p t?má ?l? ?n? ? ká
m??ná ? cà k? t?yá?á
Il //père// lui// ce que// ils// veulent// faire//
ils//font // ça// et // ça// finit//alors//lui// il//
ramène//il// père//à // maison
Quant à son père, il le ramènera à la
maison, quand ils auront fini ce qu'ils veulent faire.
36- sáá ?n???l? ásé ? cá s?
pá k?wá pá cààná k? mp? ?l? ? l?s?
l?wá wéí ?ni ? ká tO?O pán? ?n? pá
?s? to
Momant // lui// en fait//il// veut// que// ils // ont
tué//ils //pères // ainsi//donc// alors// il // va sortir// loi//
qui//lui// elle// va// manger// ceux-ci// eux//ils//yeux //alors
Alors il veut que tout le monde tue son père qu'il
amène un loi que les brime.
37- sáá wéí pá
wéí ? k? ? cà ná ?n? ?l? ? ?m?s? ? ny?? ?l?
Moment // que//ils // qui// il//tue//il// père// et//lui
/il//cacha //il// sien// alors Quand chacun tua son père et l'autre
cacha le sien,
38- p káncálá?á tom ntí ?
ká héélì w? tO?Ol? s? pá wéí ?
l?? tOk? nà ?n? ? yáálá
tííkíná p??5 Ça // premier// affaire// que
//il//va// dire//eux // donc// que // ils// qui//il// tresse//panier// et
//lui//il// femmes// descendre // marigot
La première chose qu'il va leur dire était que
chacun devrait tresser un panier pour que lui ses femmes puisent de l'eau
avec.
39- pà tííkíná pO?5 k?
tok?
On // descend // marigot// que// panier Aller puiser de l'eau
avec un panier !
40- ééh ?n? ééh ?n?
ééh ?n? ééh
Eéh // celui-ci //ééh //
celui-ci//ééh // celui-ci // ééh Eéh !
celui-ci dit « ééh ». Celui-là dit «
ééh »
41- ??nà pá wéí ? póló
? s?t? pác?nt?
Puis // ils //qui// il// alla// il// coupa// palmes Puis chacun
alla couper des palmes.
42- ? náá w? p?n?? ?n? mpáá?á
pá yá pác?nt?
Tu // vois// eux//ceux//là// eux // on// appelle// palmes
Tu vois ceux, ce sont eux qu'on appelle palmes.
43- kpákpá p?t?ná mp? páá
wéí ? póló ? s?t? w?
Palmiers // choses//là// ils// qui// alla// il// coupa//
eux Les choses des palmiers là, chacun alla les couper.
44- pá páás? tOk?? l???
Ils // commencèrent// paniers // tressser Ils
commencèrent à tresser les paniers.
45- ??nà ?n??n? ? póló táál?
táá k? ? cà ?n? ? cOlOo
Et // lui là// il// alla // champ // dans//ainsi//
il//père //lui// chez Lui, il alla chet son père au champ.
46- yé mp? àhòò
àhòò k? ? púkí t?n?
Si // ainsi// nuit// nuit// que // il// va// là Alors,
c'était seulement la nuit qu'il allait là.
47- ? póló áhòò ??nà ?
héélì ? cà k? mpí wúláw ?n? ?
y5?5tá ?càt? táá to
Il // alla// nuit //et // il// dit//il//père// que// ce
que // roi /lui//il// a dit// village// dans// donc Il alla un nuit et à
son père ce le toi avait demandé au village.
48- mp??? s? mp??? ? s?? m??
Alors // que // c'est ça// il// a déposé /
vous Alors il dit « C'est ce qu'il vous demandé ? »
49- s? ??h mp??? ? s?? t?
Que // oui // c'est ça// il// nous //a
déposé
Il répondit « Oui, c'est ce qu'il nous a
demandé. »
50- s? tO p w?'téú ? pólá ?l??
lálàà ? l?? tOk?? tá l?
Que ///bien// ça // est// beauté// tu // vas//
alors// autres// ils // tressent// paniers//ne pas // tresse
Il dit «C'est bien. Si tu rentres, et que les autre
tressent des paniers, n'en tresse pas.
51- ? p56s? ? s?s? ? h?l? ? t5k? ?kú ?
yáálá ? tóóná nà ?
cááná ká lú?úká?á l?m
tO ? ny?n?ná k? ná ? l? k? fál???
Tu // demandes //il// que// il//montre // tu// panier// que //
il// femmes// il// mères// et//il//pères// avaient// puiser// eau
// alors// vas // regarder//ça// et//tu //vas// il// neuf
« Demande lui de te montrer un ancien panier que ses
femmes, ses mamans et ses pères avaient utilisé pour puiser de
l'eau. Tu veux voir comment il se présente pour en produire un
exemplaire. »
52- to yé mp? pá pólá mp? ??l? nt?
ná páá wéí ? l??k? tOk??
Donc // si // ainsi //ils //allèrent// ainsi// jour //
ce//et//ils//qui//ils//il tresse //panier Ils y allèrent et ce
jour-là chacun se mit à tresser un panier.
53- páá wéí ? l??k? tOk??
Ils //qui // il // tressait //panier Chacun tressait un
panier.
54- nà ?n? ? s??á mp?
Et //lui// il //était debout// ainsi Et lui il ne faisait
rien.
55- ??ná wúláw p56s? àwé
p?yàl? k? l5
Puis //roi// demanda// qui //fils// que// ici
Puis le roi demanda « Lui, c'est le fils de qui ? »
56- s? àkélé
Que // celui-ci
On dit le nom de son père.
57- s? nyá l?? táá
Que // toi// tresse//ne pas
Il dit : « Toi, tu ne tresse rien ? »
58- ??nà s? ?n? ? tá?á ? k? s? ?
kôô ná ? h?l? ?n??? tók?? k?p?? wéí
páá tííká?áná
pó?ó to p tàà k?l?m??? nà ?n? ? ny?n?
ná ? l? k?fál???
Et // que // lui// il// attend// il// que// que//il//vient//et
//il//montre// lui//paniers// anciens// que///on// descendait// marigot//
alors// ça // dans// un//et// lui//il// regarde//et//il//tresse//neuf
Il lui répondit qu'il attendait, qu'il vienne lui montrer
un des anciers paniers utulisés pour chercher de l'eau pour lui servir
d'exemplaire.
59- t?ná?á ? h?lá ? s? nyá
nyá nyá ? tá k? nyá cà
Là //il//montra// il /que //toi//toi//tu//ne pas// a
tué//toi //père Alors le roi le pointa du doigt « Toi, toi,
tu n'as pas tué ton père !
60- nyá cà w? tíílí ?
tà k? ?
Toi // père//est// quelque part// tu//ne pas//a
tué //il Ton père est caché quelque part. Tu ne l'as pas
tué. »
61- yé mp? p tôô k? y?l?
p?yá?á
Si // ainsi// ça// sur//que// homme// enfant C'est pour
cela qu'un jeune homme,
62- ? kOmá ná ? t????? sOsá
Tu // vient// et//tu// suis// grands Lorsque tu suis le conseil
des anciens,
64- ná ? kôô nà ? yO?Ot??? tOm Et //tu
// viens//et //parle// affaire// Et qu'un jour tu dis quelque chose,
65- sOsá mpáá pá w? t?n? pá
ny?? nyá lónté k?
Grands //eux//ils// sont// là// ils// savent//toi//
place//ainsi Si les anciens sont là, ils sauront déjà
où te placer.
66- pá ny?? s?s? nyá ny??? táá w?
p?l?p?
Ils // sauront // que// toi// tête// dans//est // quelque
chose Ils sauront que tu as des connaissances, de l'intelligence.
FIN
Conte n°8 : Les deux amis
- T? tìì
Il// descend Il descend.
- T? yáá
Il // s'explose Qu'il s'explose.
1- ? n?wáá ?fépú nO?Ol? ?
w?nná
Tu // endends// jeune homme// quelqu'un // il// était
Tu écoutes ? Il était une fois un jeune homme.
2- ná ? w??ná táápál? Et //
il// avait// ami Et il avait un ami.
3- ? nà ? táápál? ?n? pá
n??ná t?má?á p t?? f?? yó?ót???
Il // et // il// ami// lui// ils // entendent//entre
eux//ça // il n'y a pas// parole Il s'entendait très bien avec
son ami.
4- ? náá tóó w?l?
ntá?á mpí pá yáá lá y?l? k?
yáltá to
Tu //vois// depuis // jour//ce//ce que//ils //appellent //
homme//que // confiance// donc Tu vois, c'est depuis ce jour que ce qu'on
appelle avoir confiance en autrui,
5- wémpí p yépá yáltá
láp? t?má tO
Ce qui// ça // a fait// confiance// faire//
est//fini//donc Ce qui a mis fin à la confiance entre deux personne,
6- sá?á k? ? ká n?? t?
Aujourd'hui// que //tu// va //entendre// ça Aujourd'hui,
tu va l'entendre.
7- húúm sá?á k? ? n?? t?
Húúm// aujourd'hui // que //tu //entendras //
ça Aujourd'hui tu vas l'entendre.
8- ? n??wáá
Tu // écoutes Tu écoutes ?
9- ?fépú w??ná ná ?
táápál?
Jeune homme//était// et //il// ami
Il était une fois un jeune homme qui avait un ami.
10- pá n??ná t?má?á
Ils // entendent// entre eux Ils étaient très
proches.
11- ??nà ? t? w? ?s?? tímpí ? l??ná
mp? to
Puis // il//maison// est// comme // là où// tu //
a quitté//ainsi// donc Puis il avait sa maison un peu comme là
où tu as quitté.
12- l??l? t? nyá w? ?s?? má wéí
má k? nyá táápál?
L'autre // maison// toi// est // comme // moi // qui//moi// suis
//ton //ami L'autre avait sa maison un peu comme moi qui suis ton ami.
13- nà sá?á ? kOO má
tá?á ?s?nO tO
Et // aujourd'hui // tu //es// venu// moi// maison// ainsi//
donc Et qu'aujourd'hui, tu es donc venu chez moi.
14- ? tá kOO má t??
Tu // ne pas// est venu// moi// maison Tu n'es donc pas venu chez
moi ?
15- (??h téú)
Oui // béauté
( Oui, c'est vrai.)
16- ? kómá má t?? ?l? ?
má?áná má w?ná
kátóká
Tu // est venu// moi // maison// puis// tu// retrouva// moi//
avais// piège Tu es donc venu chez moi et tu y retrouvas un
piège.
17- k? nyá w? t?n? to ? k? hát? k?
Or // toi// es// là // alors// tu //es //cultivateur//
donc Or là-bas, tu es cultivateur.
18- ??nà ? w? túúlé
táá k? máá má kp?t?ná ?càt?
Puis // tu//es//forêt //dans//donc// moi// je /suis
proche// village Puis toi, tu es en pleine forêt et moi, je suis proche
du village.
19- ??nà ?n??n? ? túú mhó
táál? nánt? púkí k? ná tók?
mhó án?
Et // lui// il// sème //mil // champ// viande// vont //
alors//et//mangent//mil //là Il avait semé du mil puis les
animaux sauvages allaient tout détruire.
20- ? lápá ? kóókál? t?n?
ná táál? nánt? wák?l??? mp? to
Il // avait fait// il // effort// tout// et // champ// viande//
détruisent// ainsi// donc
Il avait fourni beaucoup d'effort pour faire son champ et les
animaux sauvage allaient tout détruire.
21- ? kóó ? táápál? cOlO?O
mp? ??nà ? lóósí má ná?
táá k? kátOkO
Il // vint // il / ami// chez// ainsi// puis// tu //
apperçus// moi// chambre// dans // que //piège Il vint chez son
ami et tu apperçus un piège.
22- nyá s? óóh táápál?
? w?ná p?l?p? ?s?? ?s?nón? k?
Toi // que // óóh// ami//tu// as// quelque chose//
comme //ceci// donc Tu dis « Mon ami tu as quelque chose comme ça
?
23- má ny?m s?l?m?t? n?t? má tá
póló má ny? p kpá wéí má
kOná t? táláá
Je // sais// quémander// donc// je // ne pas // allais//
je// tendre//ça // attraque // qui//je //vais amener// nous// allons
partager
Si je savais quémander, n'allais pas prendre ce
piège et tendreet si il prenait quelque chose, nous en partagerons.
»
24- ??nà ééh náw?yá f??
Puis // ééh // problème // il n'y a pas
Puis « Eéh, il n'y a pas de problème. »
25- náw?yá f?? yáá
Problème //il n'y a pas
« Il n'y a pas de problème ? »
26- s? ?n? ? ká c?l? ?
Que //lui//il// va// donner// lui Il lui dit qu'il va le lui
donner.
27- ? póláá p kpá k?yás?l?,
s?kpélúú, k?y?l?l?, ? tô?ô
Il // est allé// ça //attrape// gros//petit//
moyen// il// mange
Il dit que si le piège attrapait un gros, un petit ou un
moyen, il n'a qu'à manger.
28- ámá ? kômá nà ? kpá
wéí ? féélá to ?l? ? ká
yáá ?n? pá tálá
Mais // il//vient// et//il// il// attrape // qui//il// est
assez// donc// il// va// appeler //lui//ils//partagent
Mais s'il attrape un qui est assez gros, il peut l'appler pour
qu'ils partagent.
29- tómí ? táá nôk? ná
? kô? táám
Car // il// ne pas// se gêne// et//il// vient// toujours
Car il ne devait pas se gêner pour venir chaque jour.
30- ? l??k? ?s?? c?n? ná hátúú
k?l??kpáká yáá pántOkO yáá
léé s? ? ko s? t? tálá nánt? Tu // quittes//
comme // ici//et// jusqu'à // K?l??kpáká// ou
//PántOk0//ou//où// que //tu//viens // que / nous // partageons//
viande
Tu quittes Kokossika238 ou Bortoko ou encore ailleurs
pour venir ici car tu veux qu'on partage de la viande.
31- ílím ná áhó ? tá
ná p k? p?ká??
Soleil // et// nuit// tu// viens// ça // fatigue Jour et
nuit tu viens. C'est fatiguant.
32- (téú téú)
Beauté // beauté (C'est vrai)
33- yé mp? p tá?á ?n??n? ?
lápá ? nà?á yáltáá
Si // ainsi// ça//ne pas être//lui//il//a
fait//l'autre // confiance Alors n'est-ce pas qu'il a fait confiance à
l'autre ?
34- (téú)
Beauté
(C'est vrai.)
35- ??nà ? c?l? ? kátOká
Et // il// donna// il// piège Puis il lui donna le
piège.
36- ? táápál? wéí ? t?
kátOká to ?n?? pá yáá
kánkánáámí
Il // ami//qui//il// possède// piège// alors//
lui//on// appelle// Kánkánáámí Celui qui a
le piège, on l'appelle Kánkánáámí.
37- (kánkánáámí ? h?t? n?t?)
Kánkánáámí // il / nom// ainsi
(Kánkánáámí est-il son nom ?
)
38- úúm ?l? ? h?t? n?t?
Oui // lui // il// nom // ça Oui ! lui, c'est son nom.
39- kátoká t? ?n?? pá yáá
kánkánáámí
yóóPiège // propriétaire// lui//on//
appelle // Kánkánáámí C'est le
propriétaire du piège qu'on appelle
Kánkánáámí.
40- ámá ? táápál?
wéí ? k?ntá kátóká ?n???l?
?lú?úcánt? Mais //il// ami// qui// il//emprunte//
piège// lui // hérisson Mais l'ami qui a emprunté le
piège, c'est le hérisson.
41- wéí ?n? ? wáál? w? ny?má
ny?má k? mp? to
Qui // lui//il// derrière// est // pointes//pointes//
ainsi//donc Celui qui a le os recouvert de piquants donc.
42- ? ná ? mp? to ? táá
f??'téú tO p tOo k? p kp?ná ? wáál?
Tu //vois//il// ainsi// donc// il// dedans// il n'y a pas //
beauté//donc//ainsi//ça //atteint// il//
dos
Tu le vois ainsi, son intérieur est vilain et cela a
atteint l'extérieur.
43- ?máíí239 mp??? tOm nt? t?
lápá C'est ainsi// histoire// là //ça// a fait Oui
! C'est ainsi que cela s'est passé.
44- ? táá f?í téú p
kp?t?ná ? wáál?
Il // dedans // il n'y a pas //beauté // ça //
atteint//il// derrière Son intérieur est vilain et cela a atteint
l'extérieur.
45- ná mp??? sá?á y?láá w??
?s?? mp?
Et // ainsi// aujourd'hui // personnes//sont// comme // ainsi Et
aujourd'hui il existe des personnes pareilles.
46- ? má?áná y?l? wáál? f??
téú t?ná?á ? ny??ná ?
Tu // retrouves// homme// derrière// il n'y a pas//
beauté//là // tu// reconnais//il
Si tu constates qu'une personnes est laide, sache qu'elle est
aussi mauvaise à l'intérieur.
47- mp??? ? táá w??
Ainsi // il//dedans // est
C'est comme cela que son intérieur se présente.
48- tá nOk? nà ? tokíná ?
Ne pas // se gêne// et//tu// touche //il N'essaie pas de
le toucher.
49- ? tá c?l? ? kátOkáá
Il // ne pas // a donné// il// piège Ne lui a-t-il
pas donné le piège.
50- ??nà ? póló ? ny?
Et //il// alla// il / tendit le piège Et il alla et posa
le piège.
51- ? ny?pá ká?á ?s??
táná?á tôô ? kôm ?s?nôô
to
Il // posa// il// comme // soir//vers// tu //es venu//
ainsi//donc
Il posa le piège vers le soir, un comme à l'heure
tu es venu ici.
52- téú fémá ? póló
?l? ? má?áná p kpá l?yá?á
Beauté// se réveilla// il//alla//
alors//il//retrouva// ça // avait attrapé // perdrix Le
lendemain, il alla et retrouva que le piège avait attrapé une
perdrix.
53- ? n??wá y??
Tu // a entendu
Tu as bien entendu ?
54- ? yáá ? táápál?
Il // appela// il// ami Il appela son ami.
55- m? má héélá m? s? ?
táápál? h?t? nt?
kánkánáámí
Alors // je //disais// vous// que// il// ami// nom// que//
Kánkánáámí Alors je vous avais dit que son
ami s'appelle Kánkánáámí.
56- (??h) Oui
Oui !
57- Yé mp? pá wéí ?
tá?án? ? lú?ú
Si // ainsi// ils //qui// il//répare//il// cou Alors que
chacun prépare sa voix.
58- t?ml? cá kónt? nt?
Travail // veut// venir// ainsi
Le travail veut ainsi commencer.
59- m? ? n?? yá ? tísú?ú k? s?
kóó yóó240 kóó
Vous // vous// entendez//oui//vous // répondez// que//
viens // yóó // viens Vous entendez ? Vous répondez, vient
vite, viens.
60- s?
kánkánáámí kö?
yóó
Que // Kánkánáámí//
viens// vite Il dit « Kánkánáámí, viens
vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
kánkánáámí kö?
yóó kö? Kánkánáámí//
viens// vite Kánkánáámí, viens vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
61- (??h)
Oui
( Oui.)
62- ? yáá ? táápál? ?n???l?
yóó
Il // appellait // il// ami// lui // ainsi Il appelait ainsi son
ami.
63- yé mp? kánkánáámí
ká co ? wémpí ? ká n??
Si // ainsi//
Kánkánáámí//va// répondre// il//
quoi//tu //vas// entendre Alors tu vas entendre ce que
Kánkánáámí va lui répondre.
64- ? ká lápá ? yáltá
wéí to ? too k? ?l? ? có ? s?
Il // avait// fait//il// confiance// qui// donc//il// sur//que//
lui// il// répondit//il// que Il lui avait fait confiance et c'est cela
qu'il lui répondit
65- yé p tá töô
töy? yóó241
töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
töy?
241 Ici yóó peut avoir le sens de seul«.
Mange //seul// mange Mange seul, mange.
yé p tá töô
töy? yóó töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
toy?
Mange //seul// mange Mange seul, mange.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras.
66- ? lí híp242
Il // avala // hip Il mangea tout.
67- (ééh héí)
68- ? lí híp ? lí híp Il // avala //
hip
Il mangea tout
69- téú fé ? ny? p kpá
kpácá
Beauté // se réveilla// il// posa le
piège// ça // prit// un// lièvre Le lendemain, il tendit
et prit un lièvre.
70- ? yáá ?l?
Il // appela// lui Il l'appela.
71- ?l? ? héélí ? s? ?
tó?ó
Lui // il//dit// il// que / il// mange Il lui dit de manger.
242 Onomatopée pour exagérer comment le
hérisson a avaler seul la perdrix.
72- yé mp? ? yáák? ?
táápál? ? héélú?ú ? k? s? mp?
p kpáwá to p tá too
Si / ainsi// il// appelait// il// ami// il// disait//
il//que//ce que//ça// prit // donc//ça// ne pas// beaucoup
Lorsqu'il appelait son ami,il lui disait que ce qui était
prit était très petit.
73- ? cá ? héélì ?l? ?
héélì s? p kpáwá tO
tántáá k? p tá tóó
Il // veut// il// dire// lui// il//disait// que// ça//
attrapait// donc // petit//ainsi//ça // ne pas// grand
S'il veut informer son ami, il lui disait que c'était un
tout petit qui est pris.
74- ?l? s? p tá tóó tó?ó
Lui //que// ça//ne pas// beaucoup// mange
Lui, il disait de manger si ce n'était pas assez .
75- ? kómá nà mpí p tOOwá tO
?l? ? há m
Tu // viens // voir// quoi//ça// est assez//
donc//alors// tu// donnes// moi Lorsque tu prends un qui est assez gros, tu
m'en donnes.
76- p kpá kpácá híp243
Ça // prit // lièvre// híp
Il prit un lièvre, puis híp.
77- p kpá nám hip
Ça // prit // antilope // híp
Le piège attrapa une antilope, puis híp.
78- p kpá nyáw hip
Ça // prit// grande antilope// híp
Il attrapa une grande antilope, puis híp.
79- p kOó p kpá táál? náw
Ça // vient // ça// attrape// champ// boeuf Un
jour, il prit un buffle.
80- ? ká n?? ?s?mpíí ? yáá
?n? to
Vous // allez// entendre//comment // il//appelle// lui// donc
Vous allez entendre comment il informe son ami.
81- y?l? f?? pá láp? ná
náání yóóHomme // il n'y a
pas//on //fait// et//confiance Il ne faut jamais faire confiance à
l'homme.
82- p tóm k? má k??s??? mp?
Ça // histoire// que//je// raconte// ainsi C'est une
histoire à ce sujet que je raconte.
243 Comprenons híp ici comme manger, avaler. Nous
voulons pas changer cette onomatopée car sinon l'effet recherché
disparaît. Par soucis de garder, le style oral, nous reconduisons
l'onomatopée comme elle est utilisée par le conteur.
83- ??nà ? níkí yáá? k? ?
táápál?
Puis // il// commença// appeler//que//il//amiPuis il
commença à appeler son ami.
84- sz
kánkánáámí kö?
yóó
Que // Kánkánáámí//
viens// vite Il dit « Kánkánáámí, viens
vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
kánkánáámí kö?
yóó kö? Kánkánáámí//
viens// vite Kánkánáámí, viens vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
P kpá nöy?lô
tántáá ke
zsz5
Ça // prit// quequ'un// tout petit// que // ainsi Un
tout petit a été prit.
tántáá
petit
complètement petit
P kpá nöy?lô
tántáá ke
zsz5
Ça // prit// quequ'un// tout petit// que // ainsi Un
tout petit a été prit.
tántáá
Petit
Complètement petit.
85- héí táál? náw ná ?
to s? tántáá
Héí // champ // boeuf //et// il// dit// que //
tout petit Héí, un buffle et il qu'il est très petit.
86- ? tá náá náání
fé? yáltá t?má
Tu // ne pas //vois// confiance// il n'y a pas// confiance //
est finie Tu vois, il n'y a pas de confiance. La confiance est
terminée.
87- ? nàà p too k? y?l? kp??tá tá t?
f??ná táámá
Tu // vois//ça // sur// que//homme// noirs// nous//
nous// avons pas// temps Tu vois , c'est pour cela que nous les noirs, nous
avons des problèmes.
88- ? má?á wéí nà ?l? ? p??
?
Tu // retrouves// qui//et//lui//il// refuse de donner// tu
Si tu vas chez une personne et qu'elle refuse de te donner,
89- s? ? lák? ? wéé yáltá
t?mná
Que // il// fait// tu / quoi// confiance//est fini
Ce n'est pas sa faute. C'est parce que la confiance est
terminée.
90- m? ? n?? p táá
Alors // tu // entends//ça// dedans Est-ce que tu as
compris cela ?
91- (??h téú)
Oui // beauté
(Oui. Très bien)
92- náw nà ? to s? tántáá
Boeuf // et// tu // dis//que// tout petit Un buffle et tu dis
très petit.
93- ?l? ? cO ? s?
Lui // il//répondit//il//que Il lui répondit que
:
94- yé p tá töô
töy? yóó töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
toy?
Mange //seul// mange Mange seul, mange.
yé p tá töô
töy? yóó töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
töy? Mange //seul// mange
Mange seul, mange.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras
95- ? lí híp
Il // avala// híp Il avala, híp
96- tôô p tápá wéí ?
tóówá tó?ól?
Bien // ça // atteint// qui// il// est grand// ainsi
Bien, c'est le tour d'un qui est grand maintenant.
97- ? ny?pá ?l? p kpá tú
Il // posa // alors// ça// prit// éléphant
Il posa le piège et attrapa un éléphant.
98- p kpá tú
Ça // attrapa// éléphant Un
éléphant avait été pris.
99- ( héí nánt???
má?ámá?á k?l?) Héi // viande// même //
ainsi (C'est un vrai vrai gibier)
100- ?l? ? t?? p t?ná?á
yás?lá?á
Lui // il// dépasse // ça// tout // grosseur Lui,
il était plus grand que tout.
101- ? tápá kútúlú?ú
k?n? ?s?nóó Il // atteint// bâtiment// ce// ainsi Il
était aussi grand ce bâtiment.
102- tú nà tú tóówá
fá
Éléphant // na//éléphant// est
grand// vraiment C'était un véritable gros
éléphant.
103- páá nà mp? táá t?m f?? ?
ká n?? ?s?námpí ? ká yáá in? to
Même // et// ainsi// intérieur// il n'y a pas// vous
// allez // entendre// comment// il// va// appeler// l'autre// donc
Malgré tout ceci, parce qu'il n'y a pas de confiance,
écoutez comment il appelle l'autre.
104- sz
kánkánáámí kö?
yóó
Que // Kánkánáámí//
viens// vite Il dit « Kánkánáámí, viens
vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
kánkánáámí kö?
yóó kö? Kánkánáámí//
viens// vite Kánkánáámí, viens vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
sájá p
kpáj ásílí ke
ásílí
Aujourd'hui // ça //a attrapé// moindre //
vraiment// moindre Aujourd'hui, un tout petit est attapé, vraiment un
tout petit.
ásílí
Moindre
Un tout petit
P kpá nöy?lô
tántáá ke
zsz5
Ça // prit// quequ'un// tout petit// que // ainsi Un
tout petit a été prit.
tántáá
petit
complètement petit
P kpá nöy?lô
tántáá ke
zsz5
Ça // prit// quequ'un// tout petit// que // ainsi Un
tout petit a été prit.
tántáá
Petit
Complètement petit.
105- (ééh ?n??n? ?
má?ámá?á ? tà tóó)
Eéh // lui// même// il // ne pas// assez ?
(Eéh, celui-là aussi n'est pas assez grand ?)
106- há tú k?té ná ? w? ?s??
ná? k?n? ?s?nóó
Há // éléphant // ainsi// et//il//est//
comme// bâtiment// ainsi Há244 ! C'est un
éléphant qui est aussi grand que ce bâtiment.
107- ??nà ? héél? ?l? s?
tántáá k? p kpáwá
Puis // il // dit// lui// que// tout pétit// que
//ça // a attrapé Et il lui dit que c'était tout petit ce
qui á été pris.
108- ? n??wá ?n? ?l? ? héél? s?
Tu // entends//l'autre//lui //il//dit// que L'autre lui dit que
:
109- yé p tá töô
töy? yóó töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
töy?
Mange //seul// mange Mange seul, mange.
yé p tá töô
töy? yóó töy?
Si //ça //ne pas//assez//mange//seul//mange Si ce
n'est pas assez, mange, mange !
töy? yóó
töy?
Mange //seul// mange Mange seul, mange.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras.
p tööwá y ká
yáná má y ká yáná
má
ça // grandit// tu//vas//appeler//moi //tu //
vas//appeler //moi Quand ce sera assez, tu m'appelleras, tu
m'appelleras.
y
káyánámá
tu // vas//appeler //moi Tu m'appelleras.
110- ? n??wá ? lí híp
244 Onomatopée qui traduit l'étonnement et aussi
l'ironie.
Tu // entends// il//avala//híp Tu entends ? Il avala,
híp.
111- (ééh p kp?t?ná tú
tótó)
Eéh // ça // prendre avec//
éléphant// aussi ( Même l'éléphant aussi ?
»
112- Oóí245 ? lípá
ítíké
Oóí// il// a avalé // seul
Oóí ! Il a avalé tout seul.
113- téú fémá ?l?? ? ny? ?l? p
kpá ?lím
Beauté // s'est réveillé// il //posa le
piège//ça // prit//soleil Le lendemain, il posa le piège
et attrapa le soleil.
114- (hééí tá ?lím p?n??)
hééí// notre// soleil// ceci (
hééí ! Notre soleil-ci ?)
115- ??h mpí p l??k? táná?
táná? nà hál? p t???k?ná c?n?n? to
Oui // lui// ça // sort //matin// matin//
et//jusqu'à //ça// couche//ici// sur Oui, le soleil qui sort
chaque matin et qui se couche de ce côte.
116- kpém p kpá w?
Vraiment // ça // attrapa// le Vraiment il a
été pris.
117- ? n??wá, p tá kpá w??
Tu // entends//ça //ne pas //attrapé//le Tu
entends, il n'a pas pas été pris ?
118- ? póló ?l? ? má?ánà ?
kátOká kpá ?lím
Il // alla// alors //il// retrouve// il// piège//a
pris//soleil Il alla et retrouva que son piège a attrapé le
soleil.
119- ? kp?t?ná w? tô p nyá?á ?
Il // approcha// le// alors//ça// brûla //il Quand
il approcha, le soleil le brûla.
120- ? kpt?nà p nyá?á
Il // approcha//ça // brûla//il Quand il
approchait, il se brûlait.
121- héé ? ná
?lú?úcánt? ntá?á mp? tôô ?
táná ? kéláá kéláá
t?má t? kpátákpátá Héé // tu
//vois // hérisson// lui // ainsi//donc// tu //vois//il//dents// sont
finies//ainsi// totalement
Tu vois le hérisson, tu a constaté comment ses
dents sont courtes,
122- ? tó?á nánt? p n?? ?
kéláá ná á t?
Il // a mangé // viande// ça// fatigue//
il//dents//et//elles // finissent
Il a mangé beaucoup de viande et ses dents se sont
fatiguées et sont devenues petites.
123- p yépá ?
kácí?ílís? k? p káás? nà ?
nà ? tó?ná
Ça //a laissé//il//petites dents//que // ça
//a resté// avec // il//il// marche avec Il ne lui reste plus que de
petites dents.
124- nánt? t?má ? kéláá
Viande // finit//il// dents
La viande a éouisé ses dents.
125- ? ny??l??? ? t??s? ?lím
má?ámá?á k? tó?? m?246
Il // voudrait// il// terminer// soleil // même // que //
manger Il voudrait aussi avaler le soleil.
126- ? póló s? ? tók?, àpàl?
nyá, p nyá?á ?
Il // alla // que// il//mange// homme // toi// ça //
brûle // il Quand il allait pour manger, mon ami, il se brûlait.
127- p nyá?á ? ? séé
Ça //brûle // il// il// fuit Ça le
brûla et il s'enfuit.
128- sá?á k? ? ká n?? ?s?ná
mpí ? yáák? ? to m?
Aujourd'hui,// vous// allez// entendez// comme // ainsi// il//
appelle// il//donc Aujourd'hui, vous allez entendre comment il va l'appeler.
129- s?
kánkánáámí kö?
yóó
Que // Kánkánáámí//
viens// vite Il dit « Kánkánáámí, viens
vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
kánkánáámí kö?
yóó kö? Kánkánáámí//
viens// vite Kánkánáámí, viens vite
kö? yóó kö?
viens // vite// viens Viens vite, viens
p kpá nö??l?
nyá?sá? k?
?s??
Ça // a attrapé// quelqu'un// très
gros// que// ainsiUn très grand est attrapé
nyá?sá?
Un très gros
p kpá nö??l?
nyá?sá? k?
?s??
Ça // a attrapé// quelqu'un// très
gros// que// ainsi Un très grand est attrapé
nyá?sá?
Un très gros
130- yé mp? k?yák? ?k?l?
kánkánámí nyá ny?má s? ?s?nó
to p kpá kpácá yáá nám Si // ainsi//
jour // ce// Kánkánámí// toi// sais// que//ainsi//
donc// ça// a attrapé// lièvre//ou// antilope
C'est ce jour-là que
Kánkánámí croyait que le piège a pris soit
un lièvre, soit une antilope.
131- pá tá k?l? s? pá kO? ?l? ?
kpá?á ? s?yá?á nà ?
húlíyá?á k? p cííú s?
yé mp? pá lápá c?ká c?ká ?l? ? t?
húlu?ú táá ná ? pàà
Ils // ne pas// se levèrent// que//ils
//viennent//aors//il// prit// il// couteau//et// il//petit sac// ainsi//
petit// que// si//ainsi// ils//ont fait//morceau// morceau//alors //
il//met//sac//dans// et//il//porte
Quand ils se levèrent pour y aller, il prit un tout petit
sac dans lequel il mettra les morceaux de viande qu'il aura et il le
portera.
132- ? kOmá nà ? tálá ?l? hé?
yéíyé ? má?á ?lím
Il //vint // et//il// arriva//alors// hé?
yéíyé247//il //retrouva // soleil Il y arriva
et retrouva, hé? yéíyé, le soleil.
133- s? hééí ?ná?á p
kpáwáá
Que // hééí// celui-là// ça
// a pris
Il dit : « Hééí ! C'est celui-là
qui a été pris ? »
134- s? ??h
Que // oui
Il répondit « Oui »
135- yé mp? kátOká ?k? ká tOk???
fá
Si // ainsi// piège//ce//il// tient// vraiment «
Alors ce piège tient vraiment bien. »
136- ?n??? ? ny?pá p kpá tóó ?n? ?
yáák? ? mp? to
Lui //il// a posé le piège// ça // a pris//
depuis // lui//il//appelle//il//ainsi //donc C'est lui que le piège a
pris et il l'appelait.
137- ?ná?á p kpá ná ?n? ?
yáák? ?
Lui // ça // a pris// et// lui//il//appelait //il C'est ce
qu'il a pris et pourquoi il l'appelait.
247 Onomatopée qui traduit à la fois peur,
surprise. C'est aussi un signe de l'ironie du conteur.
138- s? mp? yáá
Que // ainsi //donc
Il dit « C'est ainsi ? »
140- s? ??h mp?
Que // oui// ainsi
Il dit « Oui, c'est ainsi. »
141- s? t?5 p lápá téú
Que // bien// ça // a fait// beauté Il dit :
« C'est bien. »
142- ??nà ?l? ? hO?Os? ? s??s? nà ? s?
Puis //lui//il// enleva// il// couteaux// et//il//déposa
Puis il enleva ses couteux et les déposa.
143- p tà k? híísú?ú tom
Ça // ne pas// est// découpage // histoire.
Il ne s'agit plus ici de découpage en morceaux.
144- ? ny? kátaká nà p kpá ?l?
nyá ? p?s??? ná ? tO?OO
Tu // poses//piège// et //ça//prend//puis//
toi//tu// ne pas// pouvoir// et // tu // manges Tu poses un un piège qui
attrape et tu ne peux pas manger ?
145- y?l? p?s??? ná ? w??ná kátOká
nà ? ny? k? ká kpá p?l? ??nà ? to s? ? p?s???
nà ? tO?5 w?? Homme // peut// et// il//a// piège// et // il//
pose//le// il// attrape//quelque chose// puis //il//dit// que //il //ne pas//
pouvoir//et //il// mange// ca
Une personne peut-elle poser un piège et être
incapable de manger ce que son propre piège a attrapé ?
146- (áá? yóó) Non
(Non !)
147- ? p?s??? ná ? tO?5 k?té yáá
wéé
Il // peut// et// il//mange// donc// ou// bien Il peut manger,
n'est-ce pas ?
148- ? ha?as? ? húlú?ú ná ?
póló ? s?
il// enleva //il// sac// et//il//alla// il//déposa
il se débarrassa de son sac et alla le déposer.
149- ? cooná ?lím m?l?m?l?248 Il //fit
le tour// soleil
Il fit le tour du soleil.
150- ?lím cáá p tá?án? ?
Soleil // veut //ça// mange //il Le soleil veut le
manger.
248 Onomatopée pour traduire comment les
flammes du soleil font peur.
151- s? c?n? má t??ná kátOká
Que // ici// je // pocède// piège
Il dit : « Je suis le propriétaire du piège
152- ná ká kpá ? má tok? ?
Et //il// attrape//tu// je//mange // tu Et il t'a
attrapé, je vais te manger. »
153- ? kpá ?lím nà ? lí
Il // attrapa//soleil// et// il//avala Il attrapa le soleil et
l'avala.
154- ?lím l??ná táp??? t??
Soleil // sortit// anus// sous Le soleil sortit par l'anus.
155- ? kpá ?lím ? lí p l??ná ?
táp??? t??
Il // attrape // soleil // il// avale// ça// sortit//il//
derrière// sous Il attrapa le soleil et l'avala. Le soleil sortit par
son derrière.
156- ??ná ? yáá ?
táápál? asíílí f?? t? ?n?
Puis // il // appela//il//ami// confiance// il n'y a
pas//propriétaire// lui Puis il appela son ami, le traitre.
157- s? ? náá p?n? má tOk? w???
Que // tu //vois// ceci// je //mange// le
Il dit : « Tu vois, ce soleil, je vais le manger.
158- má lípá ?l? ? m?l?nt? má
táp??? t?? k? tom k?l?m
Je // avale// alors// tu// tourne//mon//
derrière//sous//fois//une Si je l'avale, tu tournes une fois mon
derrière.
159- máá ná tímpíí ?
ká l??ná tO
Je // vais voir// par où//il//va// sortir// donc Je vais
voir par où il va sortir. »
160- ? tá láp? ?
ásíílí k?l??
Il // ne pas// a fait// confiance// ainsi Ne lui a-t-il pas
ainsi fait confiance ?
161- ? kOmá nà ? kpá ?lím nà
? lí ?l?
Il // vient//et //il//prit// soleil// et// il// avale// alors
Quand il prit le soleil et l'avala,
162- ?lú?úcánt? kpá táp???
t?? ? m?l?nt? ? m?l?nt? ? m?l?nt? ? m?l?nt? Hérisson // prit//
derrière// sous// il// tourne//il//tourne// il //tourne Le
hérisson prit son derrière et tourna, tourna et tourna.
163- p?c5 pá tomá tom k?l?m
fá249
Or // on// dit // fois// une
Or on lui avait dit de tourner une seule fois.
164- ? m?l?nt? ? m?l?nt? ? m?l?nt? ? m?l?nt?
Il // tourne// il// tourne// il// tourne// il// tourne// Il
tourna, tourna, tourna, tourna et tourna.
165- p ny65 téú
Ça // serra// beauté Ça serra très
bien.
166- ? náá w?lá?á ? tá
ná w?lá?á l??wá ká w? ?m?ná?á
ny?m
Tu // vois// escargot // tu//ne pas /voir//escargot// est
tressé//il//est//corde// comme Tu vois comment l'escargot est
tressé comme une corde.
167- w?lá?á ?ká?á pá
yá kánkánáámí
Escargot //que //on// appelle //
Kánkánáámí C'est l'escargot qu'on appelle
Kánkánáámí.
168- ?k? ká lípíná ?lím
Lui // qui// a avalé// soleil C'est lui qui a
avalé le soleil.
169- ná páá ná mp? ?lím mp? p
k? y?l? w?lá?á tà s? tá
Et // même// et// ainsi// soleil// ce// ça//est//
homme// escargot// ne pas // est mort// encore Malgré cela, le soleil
est gentil. Car l'escargot n'en est pas encore mort.
170- p nyáálà w?lá?á l? k?
ká t?? ?s?? ?lím
Ca // s'éclaircit// escargot// sort// il//marche//alors//
il// marche //comme //soleil Chaque matin, l'escargot sort et suit le mouvement
du soleil.
171- áhó ? yúwá ká
kúntúlí ká s? ká tá?á
célé
Nuit // il//assombrit// il//se plie//il//entre//il//attend//
demain Le soir, il se plie dans sa coquille et attend le jour suivant.
172- m? ? n??wá má m?t? nt? t cáá
t?m nt?
Est-ce que // tu // entends//mon//conte//là // veut //
finir//ainsi Est-ce que tu m'écoutes, mon conte tend ainsi à sa
fin.
173- má m?t? nt? t? h?l??? ? mpí
tá?ál? pá sá?á wáál? ny? y?l?
kp??t? s? mp??? ? w? Mon // conte//là//il// montre// tu//ce que// donc//
à partir// aujourd'hui// derrière// sache// homme// noir//
que//ainsi// il// est
Mon conte veut qu'à partir d'aujourd'hui tu saches que
c'est ainsi se présente l'homme
noir.
174- ? táná p t?5 k? tíílí w?
tíílí w? y?l? kp??tá p?? t?má?á
wés?? tOm
Tu // vois // ça //sur// que//ailleurs//qui//
ailleurs//qui//homme // noirs// ne partagent pas//entre eux// vies//
histoires
249 Fá vient insister pour montrer le sale
comportement du hérisson.
C'est pour cela que certains hommes noirs ne viennent pas en aide
autres même en cas d'urgence.
175- p tá?á p?l?p? tóó pá f??
yáltá
Ça // est//chose// sur// ils/n'ont pas// confiance Ce
n'est parce qu'ils ne se font plus confiance.
176- ? lák? ? k?côô? k? sá?á k?
célé ? kóó ? l?nt? ?
Tu // fais//il// cadeau// que // aujourd'hui// et// demain //
il//vient//il// décapite // tu
Tu te montres généreux envers une personne
aujourd'hui, puis elle vient te décapiter demain.
177- ? táná ?n? ?n? pá lápá ?
k?cô??
Tu // vois // lui //là// on//a fait//il // cadeau Tu vois
celui-là, on lui a fait un cadeau.
178- pá há ? w??ná? s? ?
tó?óná
On //donne// il// fortune//que//il// va manger On lui a
donné quelque chose qui va lui servir.
179- ? tá ná ? cááká?á
? t??s? kátóká t? k? k???
Tu // ne pas// as vu//il // voulait// il//
terminer//piège// propriétaire// que // tuer N'as-tu pas vu
comment il a voulu tuer le propriétaire du piège ?
180- p tóó k? sá?á t? p??
t?má?á ásíílíná
Ça // sur// que// aujourd'hui//nous// ne partageons
pas//entre nous// secret
C'est pour cela que qu'aujourd'hui, nous ne partageons plus nos
secrets avec autrui.
FIN
Conte n°9 : Le crabe paresseux
1- ? n??wá y?l? félént? wéí
pá yáá s? félént? ?
kás?yá?á nà ? k?p?k?l?m t?n?
Tu // entends//homme// paresseux// qui//on// appelle// que
//paresseux//il//avantages // et inconvenients//tout
Tu écoutes, le paresseux, celui qu'on appelle paresseux,
tous ses rétributions et ses difficultés.
2- sá?á k? ? ká n??
tímpíí p l??ná to
Aujourd'hui// que// tu //vas// entendre//où//ça //
sort//alors Aujourd'hui, tu vas entendre d'où cela vient.
3- ? n??wá káwúlá?át? ?n? ?
láp?ná t??? k?cOOwO
Tu // écoutes, lui qui a la royauté// lui// il //
a fait// nous// cadeau Tu écoutes, c'est Dieu qui nous a comblé
de sa générosité.
4- ?n? ? tíík???ná t? Lui // il// guide//
nous
C'est lui qui nous guide.
5- ? tá ná ? cáálá y?l? k?
?máw? ?l??
Tu // ne pas// vois//il// a commencé// homme// à//
construire// alors En fait, tu sais, quand il a commencé à
construire l'homme,
6- ? cál?ná nántál??
tííké
Il // a commencé// pieds// seul Il a
commençé par les pieds.
7- p nyáálá, w?l? nté ?so
cáá tO, nántál?? ?n? ? tíké ?
tô?ná ná ? kOO
Ça// s'éclaircit// jour// ce//Dieu//veut//
donc//pieds// eux// ils/seuls//ils//marchent et //ils //viennent
Quand il fait, le jour que Dieu a choisi, les pieds marchent
seuls et viennent.
8- ??nà ? sOk??? p s??ná
nántóósí
Puis //il// ajoute //ça// arrive// genoux Puis il
construit jusqu'aux genoux.
9- p tO, p kpé, téú fé, p kO
Ça // marche// ça // rentre// beauté // se
réveille// ça // vient Ça marche pour rentrer et le
lendemain ça revient
10- ? ?má p s??ná t?ná?á
Il // construit// ça// arrive// hanches Il construit
jusqu'aux hanches.
11- p tO, p kpé, téú fé, p kO
Ça // marche// ça // rentre// beauté // se
réveille// ça // vient Ça marche pour rentrer et le
lendemain ça revient
12- ? ?má p s??ná lú?ú ?s?nOO
Il // construit// ça // arrive//cou// ainsi Il construit
jusqu'au cou, comme ceci.
13- p tOmá p kpé ?l?
Ça // marche // ça// rentre// alors Ça
marche pour rentrer puis,
14- ? to célé ?n? ? t??? wá?á
lúú? tíké p wáál? k?yák? l??k?
?l? ?n? ? ká t? wá?á nyOO? tíké Il // dit //
demain // lui// il//va mettre// eux// cous// seuls//ça//
derrière//jour//autre// alors//lui// il//va//mettre// eux//
têtes// seules
Il dit que demain, il va leur mettre seulement les cous, et un
autre jour il va leur construire les têtes.
15- ? n??wá, k?yák? ?k? k? tápá ?l?
pá tO? pá púkì
Tu // as entendu// jour // ce// il// il arriva//puis//ils //
marchaient// ils// allaient Tu as entendu ? Ce jour-là arriva. Ils
marchaient et allaient.
16- táál? wónt?, táál?
náá?, tOláná mp? pá t?n?, pá tO?,
pá púkí
Champ //choses// champ // boeufs// animaux//eux// ils// tous//
ils// marchaient// ils// allaient
Tous les animaux, les buffles, tous les animaux marchaient et ils
allaient.
17- p kómá p tálá w?l? nt? ?l?, w?l?
nté ? ?má w? p s??ná as??kpék?? k? mp? ?l?
Ça // vient// ça//arrive// jour//ce//alors// jour // où
//il //construit// eux// ça//arrive// épaules// ainsi // donc
Le jour qu'il les avait construit jusqu'aux épaules,
18- p?c??t? póló, ? ?má w? ná ?
s??ná wá?á así?kpék??
Crabe // alla//il// construisit// eux// et //il// arrive //eux//
épaules Le crabe alla et il les construisit jusqu'aux épaules.
19- s? célé ? kóó má t?
má?á lúú? p wáál? má t?
má?á nyóó?
Que // demain// vous // venez// je //mets//vous
//cous//ça// derrière// je //mets //vous//têtes Il dit
« Demain, venez, je vais vous mettre les cous et une autre fois les
têtes. »
20- k? fémá p?c??t? s? pa n?? ?n?
Il // réveilla// crabe// que //ça // fatigue// lui
Le lendemain, le crabe dit qu'il était fatigué.
21- pá póláá pá
héélì ? s? célé ?l? ?n? ? kó?
Ils // allèrent//ils//dirent//
il//que//demain//alors//lui //il// viendra S'ils y allaient d'informer Dieu
qu'il sera là demain.
22- m? ? n?? p táá
Est-ce que //vous // entendez//ça // dans Est-ce que vous
comprenez bien ?
23- (??h) Oui
(Oui)
24- ? k?l?, ? h?nt?
Il // se leva// il// coucha Il se coucha.
25- féléntú
má?ámá?á ny??? táá k?l?
yóó250 p táá s? p w? ?
Paresse // même// tête // dans// que//ça //
ne pas//que // ça// mal// il C'est juste à cause de la paresse.
Ce n'était pas qu'il était malade.
26- láláá t?n?? nyáá
póló
Autres // tous// eux// allèrent Tous les autres y
allèrent.
27- tólá án? át?n?? á
póló
Animaux // eux// tous// ils// allèrent Tous les animaux
allèrent.
250 Onomatopée qui, ici, permet d'insister sur
l'excès de paresse du crabe.
28- ? nà p?c?ká pà tà
pólóná
Il //et// scorpion// ils//ne pas// sont allés Seul lui et
le scorpion n'y étaient pas allés.
29- p?c??t? nà p?c?ká pá tà
póló
Crabe// et// scorpion// ils //ne pas// étaient
allés Le crabe et le scorpion n'étaient pas allés.
30- pá féléntú t55
Ils // paresse//sur
A cause de leur paresse.
31- p kOmá k?yák? nk? pán? pá
póló ?l? ?sO s? h?? célé
sámátí máá lák? t?ml? p w?? s?
má h??s? Ça // vient// jour//ce// ceux-là// ils//
allèrent//alors// Dieu// que// oui// demain//samedi//je// ne pas//
fais// travail//ça// est// que//je//repose
Ce jour-là, ceux-ci allèrent tous. Alors Dieu dit
« Demain, c'est samedi. Je ne travaille pas. Je dois me reposer.
32- yé mp? sá?á p w?? s? má kp?nt? m
t?n? má t? wá?á lúú? nà yOO? k?
kpákpáá Si // ainsi// aujourd'hui// ça// est//
que//je //rassemble//vous// tous//je//mets// cous//et//têtes// que// en
même temps
Alors aujourd'hui, je vais vous mettre tous ensemble les cous et
les têtes. »
33- ?sO w?ná ny???l?? wéí to ? kp?nt?
ná ? má ? lá ny5O? ná lúú? nà
? t? w?
Dieu // avait// fer// qui//donc//il// rassembla//et//il//
tapa//il// fit// têtes //et//cous// et//il//mit// eux
Dieu rassembla tout son métal qu'il avait, le battit et
en fit têtes et cous qu'il leur mit.
34- mpáá p w?? s? pál? pá ny5 h?? to
pál? pá t?n? pá ny5 h??
Ceux //ça //est// que//ceux-là// ils// poussent//
corne//donc//eux // tous//ils//poussèrent // cornes
Ceux qui devaient pousser des cornes, poussèrent des
cornes.
35- mpáá p w?? s? pál? pá l??
?kpá? to, pál? pá l?? ?kpá?
Ceux // ça// est// que// eux//ils// sortent// oreilles//
donc// eux// ils// sortirent// oreilles Ceux qui devraient pousser les
oreilles, ils en poussèrent tous.
36- ámá pá wéí nà ?
ny??? nà ? ?s?
Mais // ils / qui//et//il// tête// et//il//yeux Mais
chacun avait sa tête et ses yeux.
37- ?sO lápá wá?á w?l? nt? s?
célé sámát? ?n? ? h??s???
Dieu // a fait// eux// jour//
ce//que//demain//samedi//lui//il//se repose Dieu leur a tout fait car le demain
c'est samedi. Il se repose.
38- ?n? ?? lák? t?ml?
Lui //il//ne pas // travail Lui, il ne travaille pas.
39- ? n??wá, háháá
Tu // as entendu// háháá251 Tu
écoutes ? Háháá
40- p tálá p w?l?? lálàá
nyáá póláá to ?sO nyáá
lá w? nà pá lá?l? h??
téüÇa // arrive// ça // jour// autres//
eux//allèrent// alors//Dieu// lui//fit// eux//et//ils//poitrine//
se refroidit // beauté
Ce jour les autres allèrent, Dieu les construisit et ils
étaient très contents.
41- pá páák? ná pá
kpé?
Ils // dansaient en rentrant Ils dansaient en rentrant.
42- pá páá, pá páá
Ils // dansèrent// ils// dansèrent Ils
dansèrent, ils dansèrent.
43- pá ?máál???, ná pá f?l???
p?c??t? Ils //sautaient// et//ils// piétinaient// crabe Ils sautaient et
ils piétinaient le crabe.
44- ápá?nyá háál? p kOO
p?c??t? lá kóókál? ? hák? ná ?
ná p?l?
Ami // jusqu'à //ça// vient// crabe// fait//
effort// il// tâtonna// et// il//vit// eux Mon ami ! Le crabe fit un
effort et tâtonna et les retrouva.
45- p?l? pá náák? ?
Eux //ils// voient// il Eux, il le voyaient.
46- tété nyá tá póló
táá
Hier// toi//ne pas// est allé « Tu n'est pas
allé hier ? »
47- ??nà ?sO k?côô? too p?c??t? nt? t?
nyO?Ot??? Et // Dieu// générosité//sur// crabe// ce// il//
parlait Et grâce à la générosité de Dieu, le
crabe parlait.
48- s? p n?? ?n???
Que // ça // fatigue// lui Il dit qu'il était
fatigué.
49- s? óóh ? náá sá?á
tá híká
Que // óóh // tu //vois// aujourd'hui// nous //
avons eu
Ils lui répondirent « Oóh ! Nous nous avons
aujourd'hui.
50- p tOO k? t? náák? ? nà t?
?máál???ná ?s?nôn?
Ça // sur// que // nous// nous// voyons//tu// et //
nous// sautons // ainsi C'est pour cela que nous te voyons et que nous sautons
ainsi.
51- s? mp? yáá
Que // ainsi// donc
Il dit « C'est vrai ? »
52- s? ??h
Que // oui
Ils dirent « Oui. »
53- ??nà ? k?l? ? pááná
tónt?
Puis // il// se leva// colère// marche
Puis il commença sa démarche colérique.
54- ? to kúkúlú
kúkúlú252 nà ? k?l? ?
póló
Il //marcha // kúkúlú
kúkúlú//et// il // se // leva//il// alla Il marcha
kúkúlú kúkúlú et il y alla.
55- ? tápá ?l?, ?sO s? pépé
yépá nà tété ? tá kO
Il // arriva// alors// Dieu// que// quoi// a laissé//
et//hier// tu// ne pas //es venu Il y arriva. Alors Dieu lui demanda «
Pourquoi n'es tu pas venu hier ?
56- sá?á h??s??? táá k? t? w??
Aujourd'hui // repos// dans/ que// nous //sommes Aujourd'hui,
nous sommes au repos. »
57- ??nà s? há? ? yá ?n? ? ny???
Puis //que // hái// il //achète// lui//il//
tête Puis il le supplia de le sauver.
58- tété p n?? ?n??? félént?
Hier // ça //fatigue// lui// paresse
Il dit qu'hier il était fatigué. La paresse !!
59- ?sO s? tOO félént? ny??? táá
má ták? ? ásíílí
Dieu// que // bien// paresse//tête//dans// je // cache//
tu// secret Dieu dit : « A cause de ta paresse ! Je vais quand même
d'aider.
60- tOO ? tá kOO lO?
Bien //tu// ne pas// es venu Bon, tu n'es pas venu.
61- ny???t? ntí t? t?n? t?? w?? s? pá lá t?
pá c?l? ? to
Métaux //que //ils// //
tout//ils//étaient//que//on// fait// on// donne// tu//alors Tous les
métaux qui existaient et qu'on pouvait travailler et te donner,
62- ny???t? nt? t? t?ná?á má
kpá?á má lú má c?l? páá
áwé nà ?l? ? t??ná
Métaux // ces// ils// tout//je// ai pris// je//
travaille// je// donne// ils// qui//et//alors//il// est parti avec
C'est tous ces métaux que j'ai travaillés et
distribués à chacun.
63- p yépá wémpí ?s?n5t5
pépé?é má lák? ?
Ça // reste// quoi// ainsi// quoi//je // fais// tu
Avec ce qui reste ainsi, que puis-je faire pour toi ? »
64- s? ? lá ?n??? páá ?s?ná
?s?ná
Que //il// fait//lui// même // comment// comment Il lui
dit de lui faire cela n'importe comment.
65- s? ? lá ?n??? pá ?s?ná ?s?ná
Que //il// fait//lui// même // comment// comment Il lui
dit de lui faire cela n'importe comment.
66- k?nà ?s5 s? yé mp? ? k55
Alors //Dieu// que//si// ainsi//il// vient Dieu dit si c'est
ainsi, il n'a qu'à venir.
67- ? ká s?tá timpíí k?
ny???l?sí t5
Il // avait // couper// où// que// petits métaux//
donc Il avait coupé certains petits morceaux de métaux.
68- p w?? ?s?? p?? lák? ??kpá???? k?
téítéí ? s?t? t5
Ça // est// comme// ça ne pas// fait// oreilles//
ainsi// exactement// il// avait coupé// donc Ce qui n'a pas pu suffir
pour faire une oreille et qu'il avait donc coupé.
69- p w?? ?s?? p?? lák? m?nt? k?
téítéí
Ça // est// comme// ça ne pas// fait// nez//
ainsi// exactement// il// avait coupé// donc Ce qui n'a pas pu suffir
pour faire un nez et qu'il avait donc coupé.
70- pámpáá?á ?s5
póláá nà ? t55s? àt?
Eux // Dieu // est allé// et//il// ramassa// terre
Ce sont ces morceaux que Dieu est allé ramasser.
71- ? ná nyí??lá?á
k?l?má?á ?l? ? líí ntá?ámá
nà ? h??s? ká t55
Il // vit// petit métal//un//alors// il//mit//
salive//et//il//nettoya// il// donc Il trouva un morceau de métal qu'il
nettoya avec la salive.
72- ? n??wá y??
Tu // entends// n'est-ce pas Tu écoutes n'est-ce pas ?
73- (??h) Oui
(Oui)
74- ??nà ? ny?k? p?c??t? así?kpék?? t55
Puis // il // appuya// crabe// épaule// sur
Puis il plaça le morceau de métal sur
l'épaule du crabe.
75- ? líí l??ká ? ny?k?
así?kpék?? t55 Il // mouilla// autre// il//
appuya//épaule// sur
Il mouilla un autre morceau qu'il plaça sur l'autre
épaule du crabe.
76- yé mp? p?c??t? híká ?s? nt?
Si // ainsi// crabe// a trouvé// yeux///ainsi Le crabe a
ainsi trouvé des yeux.
77- yé mp? ny???t? t?má wé?é
pá ?máná ? lú?ú nà pá
?má ny???
Si // ainsi// métaux// sont terminés// quoi//on//
construit//il//cou// et//on//constuit // tête Ainsi les métaux
sont terminés. Avec quoi va-t-on lui construire un cou et une tête
?
78- p?c??t? w?ná lú?ú náá
Crabe // a // cou
Le crabe a-t-il un cou ?
79- (áá? yóó t? f??
lú?ú)
Non // il// n'a pas// cou (Non ! Il n'a pas de cou.)
80- ? w? ny??? nàà Il // a // tête
Il a une tête ?
81- (áá? yóó) Non
(Non !)
82- ??ná ? ásí?kék?? too k?l? ?
?s?
Puis //il// épaules// sur// que// il// yeux Puis c'est
sur ses épaules qu'il a ses yeux.
83- ??nà ? héélí ? s? ?
félént? ny??? t?5 ? cáá p há? ? to
Et// il// dit // il//que//il//paresse// tête// sur // il//
ne veut pas// ça// chauffe//il// alors A cause de sa paresse, il ne veut
pas se gêner.
84- ? ?s? án? ? n??wà s?
wáhálá w?ná c?n? ? cá ? t??ná
c?ná?á
Il // yeux// eux// il// entend// que// souffrance//est//ici//
il// veut//il// va // là
Avec ses yeux, quand il entend qu'il y a problème de ce
côté, il va de l'autre côté.
85- ? n??wá, p too sá?á ? tíí
pO?5 táá s? ? cáá ? kpá p?c??t?
Tu // entends// ça// sur// aujourd'hui// va// marigot//
dans// tu//veux//tu// attrapes//crabe Tu entends, si tu va au marigot et que tu
veux attraper un crabe,
86- ? s?s?ná c?n? s? ? cá ? kpá ?, ?
séé kúkúlú kúkúlú
nà ? m?l?ná c?n? tOO
Tu // mets //ici//que//tu// veux//tu// attrapes// il// il//
court// kúkúlú kúkúlú// et// il//
retourne// ici// sur
Tu mets la main par ici pour l'attraper, il fuit
kúkúlú kúkúlú pour aller de l'autre
côté.
87- ? s?s?ná t?n?, ? séé
kúkúlú kúkúlú nà ?
m?l?ná h5?5l??? l??k? Tu // mets //ici// il// court//
kúkúlú kúkúlú// et// il// retourne//
côté// autre Tu mets la main ici, il fuit
kúkúlú kúkúlú pour aller de l'autre
côté.
88- ? félént? tóó, ? ?s? w? ?
ásí?kpék?? tóó
Il // paresse// sur// il// yeux// est// il// épaules//
sur A cause de sa paresse, il a ses yeux sur son épaule.
89- nà y?láá wé mp???
ántúlínyá ?n? ? táá
Et // hommes// sont// ainsi// monde// ce// il // dans Et il y a
des personnes pareilles dans ce monde.
90- pá félént? tóó pá
f?? támpááná ?s?? p?c??t?
Ils // paresse//sur// ils// n'ont pas// vérité//
comme// crabe A cause leur paresse, ils ne sont pas honnêtes.
FIN
Conte n°10 : Pourquoi éviter
l'homme
1- sa?a tá átôôlá án?,
má cá s? má h?l? má?á wémpí
y?l? k?wá nà p n???s?ná pá sé ? to
Aujourd'hui//notre // causerie //celle-ci//je // veux//que//je // montre//
vous// ce que// homme // est// et//ça// ressemble//on//
évite//il// donc
Aujourd'hui, à travers notre causerie, je veux vous
montre ce qu'est l'homme et qui fait qu'il faut l'éviter.
2- p m?t? k? má cá má m?l? m?
Ça // conte// que //je //veux//je// conte//vous
C'est un conte à ce sujet que je veux vous raconter.
3- tóó sámá t? tíí
Alors // monde// il // descend Alors, tout le monde, il descend !
4-T? yáá
Il // explose
Qu'il s'explose.
5- ?kpám w?ná mp?
Chasseur // était // ainsi
Il était une fois un chasseur.
6- ? y?l???, nà ? k??? nánt?
Il //chassait//et // il//tuait// viande Il chassait et tuait du
gibier.
7- nà ? kó?ná pá tók?
Et //il// amenait//ils// mangeaient
Il les amenait à la maison et ils mangeaient.
8- ? y?l???, nà ? k??? nánt? nà ?
kó?ná pá tók?
Il // chassait//et// il //tuait// viande// et//il//apportait
/ils// mangeaient Il chassait, tuait du gibier, amenait à la maison et
ils mangeaient.
9- yé mp? k?yák? nák?l? ?
y?láá, ? tà nà p?l?
Si // ainsi // jour// quelconque// il// chassa// il//ne pas// vit
// quelque chose Un jour il chassa et ne trouva rien.
10- tímpíí w? ? t??253 y?l???
nà ? k??? to ? cOO, ? náá p?l?
Où // que// il // chassait// et// il// tuait// donc//
il// se promena//il//ne vit pas// qulque chose Les endroits où ils
allait et tu tuait, il s'y promena et ne trouva rien.
11- ééh sá?á y?lá án?
?s?ná?á l?
Eéh // aujourd'hui// chasse// celle-ci//comment// ainsi
Que se passe-t-il avec la chasse de ce jour ?
12- ? y??l? nà ? póló tíntí ?
t?? púkí tO
Il // chassa //et// il// alla// où// il// ne pas //
allait// alors Il chassa et alla où il n'allait jamais.
13- sáá ?n???l? ? ná t??, ? ny?má
t?? nà
Moment //là//il//vit//boa// vous //connaissez//boa//
alors
C'est en ce moment qu'il vit un boa. Connaissez-vous un boa ?
14- t?m saso wéí ? w? táál? tO, t??
nt?
Serpent // grand// qui// il// est// champ// donc// boa //
celui-là Le grand serpent qui est au champ. C'est le boa.
15- (? s?? l?m táá to)
Il //entre // eau// dans// donc (Il entre dans l'eau.)
16- ? s?? l?m táá tO. t?? nt?
Il //entre // eau// dans// donc// boa // celui-là Il
entre dans l'eau. C'est un boa.
17- ? má?áná ? t?n? Il //
retrouva//il//là Il le retrouva là.
18- tO tám ?n???l? ?kpám p?lá mál?f?
nà ? h?l? s? ? tOO t?? ?l? nà t?? ?n? ? tOm? ? s? Alors //
moment//là//chasseur// casse// fusil//et// il//
montre//que//il//tire//boa//puis //et// boa// lui// il// dit//il// que
A cet instant, alors le chasseur ajustait son fusil pour abattre
le boa, le boa dit :
19- ?kpám ? to m ? lépá ? tá tO m ?
lépá
Chasseur//tu // tire//moi//tu// es perdu// tu //ne pas //
tires// moi// tu// es perdu « Chasseur, tu tires sur moi tu es perdu, tu
ne tires pas, tu es perdu. »
20- ?kpám s? ééh tOm t?n?
Chasseur // que// ééh// problème//
celui-là Le chasseur dit : « Eéh ! Quel problème !
»
21- (t?m yá?át?ná mp??)
253 C'est un morphème qui permet d'introduire
le passé de l'indicatif.
Serpent //a dit// ainsi
(C'est le serpent qui a ainsi parlé?)
22- ??h s? ?kpám s?? nyá mál?fó
nà ? kóó
Oui //que // chasseur// dépose//ton//fusil//et//tu //
viens Oui. Il dit « Chasseur, dépose ton fusil et viens. »
23- ?kpám s? ? málifó nà ?
póló
Chasseur // déposa// il//fusil//et// il// alla Le
chasseur déposa son fusil et alla.
24- ?kpám póláá ?l? s? to má
y?lá k? má tóólí yóó
sá?á má tápá w? p?l?p??? c?n?n? Chasseur //
alla // donc// que//bien// je//suis promené// donc// je //suis
trompé// ajourd'hui// je// atteints// jour// quelque chose// ici
Le chasseur alla et il dit : « Je me suis promené et
me suis égaré. Cela fait aujourd'hui plusieurs jours que je suis
ici.
25- póló nà tímpíí ?
ny?má l?m w? tO ? kúú m ? póná t?n?
Va // et// où//tu//sais//eau// est//
donc//tu//ramasse//moi//tu// amène//là Va où tu sais qu'il
y l'eau. Emmène-moi là.
26- án? ? ny?má s? t?? ká
húwá húwá k?
Or //tu // sais//que//boa//entasse// tas// tas// donc
Or tu sais que le boa s'entasse toujours en plusieurs tas.
27- án? ? tá?ál?? tápá vingt
mètres
Or // il// longueur// atteint// vingt // mètres Or il
atteint vingt mètres de long.
28- ?kpám s?? ? mál?fó, ?
tííkí há?ás? nà ?
kúúkí t?? ?ni
Chasseur // déposa// il// fusil// il// descendait//
sueur//et //il/ ramassait //boa// ce Le chasseur déposa son fusil. Il
transpirait en ramassant le boa..
29- ? púkíná tímpíí ?
ny?má l?m ké? to
Il //emmenait// où//il//savait//eau // chez// donc Il
l'emmena là où il savait qu'il y a l'eau.
30- t?? nyá tá ny? l?m cólO
Boa // toi// ne pas// savait//eau // endroit
Le boa, lui, ne savait pas où se trouve l'eau.
31- ? kúú mp?? ? kúú mp?? ?
kúú mp??
Il // ramassa //ainsi// Il // ramassa //ainsi// Il // ramassa
//ainsi Il traina ainsi, traina ainsi , traina ainsi et traina ainsi.
32- ? púkíná ?
Il // emmenait//il Il l'emmenait.
33- ? kómá nà ? táná t?? k?
l?m táá ?l? t?? s? óóh ?kpám ?
wáásá m
Il // vient//et// il// apporta// boa// eau// dans// alors//
boa//que// óóh// chasseur//tu //as //sauvé // moi
Quand il atteignit la rivière avec le boa, le boa lui dit
: « Oóh254 ! Chasseur, tu m'as sauvé.
34- ámá k?l?mt? k?, má tà
tô?ô ? má káá híkí
tínté
Mais // un// que// je // ne pas// mange//tu//je// ne vais pas//
trouve// poisson Mais seulement, si je ne te mange, je n'aurai pas de poisson.
»
35- ?kpám hóó, má
wáásá ? to mpíí ? ká lá m
t5?5l??
Chasseur // hóó//je// ai sauvé// tu//
alors// ce que// tu// va//faire//moi//ainsi
Le chasseur dit : « Hóó255 !
Maintenant que je t'ai sauvé, c'est ce que veux faire de moi ? »
36- s? ?n? ? tá tS?S ?, lé?é ?n? ?
ná ?s? ná ? híkí tííná
Que // lui//il//ne pas// mange//il//où//lui//
il//voit//yeux//et//il//trouve//poisson
Le boa lui dit que s'il ne le mange pas, où va-t-il
trouver la force pour chasser les poissons ?
37- sá?á w?? mpS?Slá?á nt?, ?n? ??
tSk?, ?n? ?? nyOOk?
Aujourd'hui// jours// trois//ainsi//lui//il ne pas//
mange//lui//il ne pas // boit Cela faisait trois jour qu'il n'avait rien
mangé et n'avait aussi rien bu.
38- (tSm kSmá)
Problème // est venu (Il y a problème.)
39- p w?? ?kpám s??á t?n? ná ?
sélú?ú l?m táá
Ça //est // chasseur // arrête// là//et//
il//tremblait// eau // dans Le chaseeur resta donc dans l'eau en tremblant.
40- ?kpám ?? l? ?kpám w? l?m táá
Chasseur //il ne pas// sortait // chasseur// est// eau// dans Le
chasseur ne sortait pas. Il restait dans l'eau.
41- ? tí?íná ? ?l? s?s? ?
túúsí ?n??? l5l5
Il // descendait // il// donc//que//il//bouge//lui// devant
Quand il le descendait dans la rivière, il disait toujours
l'emmener plus loin.
42- ?l? ? túúsí, s? ? póná ?
l5l5
Puis //il// bougea// que //il// emmène//il// devant
Puis il le bougea. Il lui demanda d'aller encore plus loin.
43- ? t? p tálá ? t?ná?á
Il // entra// ça// arrive//il// hanche
Il entra dans l'eau jusqu'aux hanches.
44- s? ? tásá ? póná?
254 Onomatopée qui exprime dans le cas présent la
reconnaissance.
255 Onomatopée qui traduit l'étonnement, la peur et
l'indignation du chasseur.
Que // il//répète//il// emmener Il lui dit
d'avancer encore.
45- ? t?, p s??ná ? lá?l?
Il // entra// ça// arrive//il// poitrine
Il entra dans l'eau jusqu'à la poitrine.
46- ? cáá ? ká tO?O ? to
Il // veut// il// va// manger// il// donc Il voudrait donc le
manger.
47- ? póná ? póólú?
hál? p s??ná ? lú?út?
Il //alla// il// loin// jusqu'à// ça // arrive //
il// cou Il l'emmena plus loin. L'eau lui arrivait au cou.
48- mp??? s? too nyá?á má tO?Oná
má híkí tííná
Ainsi // que//bien// toi / je// mange// et// je//trouve//
poisson
C'est ainsi qu'il lui a dit : « Bien, c'est toi que je vais
manger puis trouver du poisson »
49- mp??? ?kpám s? héé tá
càà nyá tOm t?n? mà lá?l? tà h??
ná t? yóó
Ainsi // chasseur //héé// notre// père//
toi//histoire// celle-ci// je // poitrine// ne pas // refroidit// avec //
elle
Alors le chasseur lui dit : « Héé, monsieur,
quelle est cette histoire ? Je ne suis pas du tout content de cela.
50- yé mp? y?láá náp?l? pá w?
kácá?á tOO
Si // ainsi// hommes// quelqu'un//il // sont //rive// sur Il y a
quelques personnes à la rive.
51- páá pá lák? tOm ntí p w??
s? pá h? t??? yóó
Même // ils // font // problème// quel//
ça// est//que//ils// juge// le Quelque soit le problème, il faut
toujours le juger.
52- t? l?? nà mp??n? pá kOmá pá
t??k? ?l? t? h?? t?
Nous // sortons// et// eux//ils// viennent// ils// partent//
alors//nous //jugeons// le Sortons et qu'ils seront de passage, ils jugeront
cette affaire.
53- p n???s?ná s? ? t6?5 m ?l? p có ? ta?5 m
Ça // ressemble//que //tu//manges//moi//alors//
ça// fait// tu// manges// moi Si tu as le droit de me manger, là
tu pourras me manger.
54- s? pá w? y?láá mpO?Olá?á
Que // ils// sont// personnes//trois
Ils sont trois personnes. »
55- pá l??wá ?l? nà ? t?ká ? n56h?l?
táá, ikpám n56h?l? tàà s? ?
táá k55 ? sé
Ils // sortirent// puis// et//il// teanait//il//pied// dans//
chasseur//pied//dans//que//il//ne pas//vient// il// fuit.
Quand ils sortirent, il tenait le chasseur par le pied pour
qu'il ne s'en fuit pas.
56- sáá ?n???l? kpá?án?
kámá ná ? y?l?
Moment //là//cheval// vint// et//il//homme
A cet instant vint un cheval avec son maître.
57- ? nó?ó táá ?s? cál?m
ná pá tá?ná ? máp? ná ?
tó?ná áséwá
Il // bouche// dans//ainsi// sang// et//ils//sont en train//
il// frapper//et//il//est train// course Sa gueule était pleine de sang
et son maître était en train de le battre alors qu'il courait.
58- ??ná kpá?án? nyá
cóló?ó t?? l?s? sélíyá
Puis // cheval// toi// chez// nous// allons enlever// justice
Puis « Cheval, c'est toi qui va nous départager.
59- ?s?nó?ô má lápá
ákélé nà ? cáá s?s? ?
tó?ó m
Ainsi // je // ai fait//
celui-là//et//il//veut//que//il// mange // moi Voici ce que je lui ai
fait et il veut me manger. »
60- ntí kpá?án? ká có
tó?ól? s? m??má y?l? yáá
Ce que// cheval // va// répondre//donc// que// c'est//
homme// n'est.ce pas Le cheval demanda directement «C'est un homme,
n'est-ce pas ? »
61- mp??? s? ??h
Ainsi // que//ou
On lui répondit « oui »
62- s? ? p?s??? ? ? tó?ó ?
Que //il// peut//il//il// mange //il Il dit dit de le manger s'il
peut.
63-(héé áhá? y?l? nyá w??
ná ? t??? ?n??? wáhálá to)
Héé // áhá?// homme// toi//est//
et//il//met//lui// souffrance//donc (Puisque l'homme est en train de le faire
souffrir.)
64- s? mp??? y?l? w??
Que // ainsi//homme// est
Il dit que c'est ainsi qu'est l'homme.
65- s? ? náá má nó?ó
táá
Que //tu//vois//ma//bouche//dans « Vois-tu dans ma bouche.
»
66- s? ??h
Que // oui
Il dit « oui »
67- s? ? tá ná cál?m
Que // tu //ne pas// a vu// sang « N'as-tu pas vu du sang ?
»
68- s? ??h
Que // oui
Il dit « Oui »
69- nà ? tá?ná m máp? k?
Et //il // est en train// moi// frapper//donc « Et il
continue de me frapper
70- án? má tá? séwá
p?có ? tá?ná m máp?
Or // je// suis// en train// course// cependant// il//est en
train//moi// frapper Or je suis en train de courir. Et cependant il continue de
me battre.
71- y?lu f?? téú yóó
Homme // il n'a pas// beauté L'homme est mauvais
»
72- ?l? ? t??
Lui //il//partit Il s'en alla.
73- p káásá y?lá
náálá?á l?
Ça // reste//personnes //deux// alors Il ne reste que
deux personnes.
74- p tásáá ?l?
kpá?á?á kómá?á l? ná ká
s???lá
Ça // répète//alors//âne//est venu//
donc//et//il// charge Un instant après vint l'âne avec toute sa
charge.
75- pá t?? k??s??? ?s?ná mpí ká
s???lá to, tOn?ná k?
Ils // ne pas//comparer//comment//ainsi//il// portait// donc//
tonnes// donc On ne peut pas s'imaginer tout ce qu'il portait. C'est des
tonnes.
76- ??nà pá kpá?á tOm nt? pá
héélì kpá?á?á Et //ils// prirent//
histoire /cette//ils//dirent//âne Puis il racontèrent l'histoire
à l'âne.
77- kpá?á?á s? m?? y?l? k??
Ana // que // c'est // homme // n'est-ce pas L'âne dit
« C'est un homme, n'est-ce pas ?
78- s? ??h
Que //oui Oui
79- s? áh áh nyó?ós? tá
kpá t?? té
Que // áh áh// faim// ne pas// attrape// boa//
sûr Il dit que le boa n'avait pas faim.
80- y?l? ?n??? ? tók? ló?ló?
Homme //lui//il// mange//vite
C'est cet homme qu'il peut très vite manger.
81- ? tá ny? y?l? y??
Il // ne pas//connais//homme// n'est-ce pas Il ne connaît
pas l'homme n'est-ce pas ?
82- ? nààk? ?n? nà ? s???lá
án?? ? ták? tíílí w?
tíílí w? ? kpá ?n? ? t55 k?
Il // voit//lui//et//il//charge//celle-ci//il//arrive
//quelque// part//quelque //part//il//monte // lui // sur//donc
Il lui dit de regarder ce qu'il porte. Par moment l'homme monte
encore sur cette charge et s'y asseoit.
83- nà ? tá?nà ?n??? máp? k?
Et //il// est en train // lui// taper// aussi Puis il me tape en
plus.
84- ny?n? s???lá án?, ? tásá
kpá? k? má too
Regarde // charge// celle-ci//il//ajoute// monter// que//je
//sur « Regarde cette charge. Il monte en plus sur moi.
85- y?l? nà, ? tá t6?5 y?l? ?l? na ? t6?5
wé..
Homme // donc// tu //ne mange // pas //homme// alors//et //tu
//manges// quoi L'homme, si tu ne manges donc pas un homme, que pourras tu
encore manger ? »
86- (t?? too k?l? mp? pá w?? pá s??k?ná
mp?)
Boa // sur// que//eux// ils// sont//ils//défendent//
ainsi (Eux, ils sont ainsi en de défendre le boa.)
87- ??h nà t?? s? ááh p tápá
má t6?5 ?
Oui // et// boa // que//ááh//ça//atteint//
je // mange// tu Oui ! Le boa dit « Aáh, maintenant, je dois te
manger »
88- s? áá? yóó p
káásá y?l? k?l?m
Que // non// ça // reste//homme // un « Non, il
reste encore une personne.»
89- s? y?l? k?l?m nà y?lá'náál?
y?lá. náál? t?má l?s??? k?
sélíyá s? má tO?O ? yóó Que //
personne // une //et // personnes// deux// deux//ont fini//
enlever//donc//justice// que // je // mange//tu// donc
« Une personne contre deux ! Deux m'ont déjà
dit de te manger ! »
90- s? ? kánt?l? ná ? tá? ?l?
Que // il// patiente//et// attend//celui-l` Il lui dit patienter
et d'attendre celui-là.
91- mp??5lá?á ny?? wéí ? ká
k55 to cá?áfété k?
Trois // celui// qui // il// va // venir// alors// tortue// donc
Le troisième qui vint, c'était la tortue.
92- yé mp?? táál? táá t?n?
?n? páá lápá
kátí?ísá?á s? n5?6l? ? táá
mú?úlí ? l??l?
Si // ainsi// champ// dans// là//lui// ils// ont//
réunion// que// quelqu'un//il//ne pas// abuse// il// autre
En fait, les animaux de la forêt avait eu une
réunion et avaient décidé que personne n'abuse
d'autrui.
93- pá t?n? ná
cá?áfélá, mpíyááná,
pá t?n?, mpáá ?s?? pá k? wéés??
ny?má to pá t?n? mpáá pá w?
táál? táá to
Ils // tous//et//tortues// souris//
ils//tous//eux//qui//ils//sont//vies// ceux//
donc//ils//tous//eux//ils// sont// champ// dans// donc
Tous et mêmes les tortues et les souris, tous les
êtres vivants qui sont dans la brousse.
94- s? n5?5l? ? táá mú?úlí
l??l?
Que // quelqu'un//il// ne pas// abuse// autre Personne ne devait
abuser d'autrui.
95- to ?l? ? tápá ?l? nà pá
kpá?á t?m nt? pá k??s?
cá?áfété
Donc // alors // elle// arriva//et// ils// prirent//histoire//
cette// ils//racontèrent// tortue Quand elle y arriva, ils lui
racontèrent l'histoire.
96- cá?áfété s? mp??? p
lápáá
Tortue // que// ainsi// ça// est fait
La tortue dit « C'est ainsi que cela s'est passé ?
»
97- s? ??h
Que //oui
Ils dirent oui.
98- s? úúh mp??? p lápáá
t??
Que // úúh// ainsi// ça// est fait// boa
Elle dit « Uúh, c'est qui s'est passé, boa ?
»
99- t?? s? tàmpànà mp??? p
lápá
Boa // que // vérité// ainsi//ça// est
fait
Le boa dit « C'est la vérité. C'est qui s'est
passé.»
100- yé mp??? p lápá, ? káá?
?s?n55 to, ?kpám nyá p?sáá nà ?
kpá?á ná ? kOná c?n?? Si // ainsi// ça// est
fait// tu// est entassé// ainsi// donc// chasseur//toi//a pu//
et//il//prend// toi// et// il// amène// ici
« Ainsi le chasseur a pu te prendre et te conduire ici ?
»
101- (p lápá ?lá?á
mámácí) Ça // a fait// lui//mystère (Cela
étonnait celui-là.)
102- P lápá ?lá?á
mámácí. s? ? má?ás?
?s?námpíí ? kpá?á ? tO ná ?n? ?
nà
Ça // a fait// lui// mystère// que// il// essaie//
comment// il//a pris //il//donc //et//lui /il//voit C'était pour elle un
mystère. Elle lui dit d'essayer exactement comme il avait fait pour le
transporter pour qu'elle en juge par elle-même.
103- ? kpá?á hú?úlé t?n?, ?
l?s? l?m n5?5 Il // prit//tas/// ce// il// sort// eau //bouche Il prit ce tas
et le sortit hors de l'eau.
104- ? tásá hú?úlé t?n?, ?
l?s? l?m n5?5
Il // répèta// tas// ce// il// sort// eau// bouche
Il prit encore ce tas et le sortit hors de l'eau.
105- ? t??s? hú?úlé t?n?, ? l?s? l?m
n5?5
Il // termine//tas// ce// il// sortit //eau bouche Il sortit le
dernier tas hors de l'eau.
106- ? lá mp? mp? hál? ? m??ná ?
hátúú tímpí ? ká
má?áná ? to
Il // fait// ainsi// ainsi// jusqu'à // il// retourne//
il// jusque// où//il//avait// retrouvé // il//
donc
Il fit la même chose et le retourna au même endroit
où il l'avait retrouvé.
107- (héí)
108- Tóó póló ? kpá?á
nyá mál?fó má ná ?s?ná?á ?
lápá ná hál? ? h?l? ? s? to ná ?
táá tO tO Bien //va// tu// prends// ton// fusil// je // vois//
comment// tu// a fait// et// jusque//tu// vises// il// que //tu
//tires//et//tu//ne pas//tires// donc
« Bien, prends ton fusil et montre moi comment tu as fait
pour viser et ne pas pouvoir
tirer.
109- Póló ? lá má ná
Va // tu// fais// je // vois
Va et répète cela pour que je voie. »
110- ? póló ? p??k? ? mál?fO
Il // alla// il// chercha// il// fusil Il alla chercher son
fusil.
111- ? kpá?á nà ? h?l? Il // prit// et//
il//visa Il prit et visa.
112- s? tO má ná
Que // tire// je vois
Il lui dit : « Tire, je vais voir. »
113- ? to kpá??256 p yá?á t??
ny???
Il // tira// kpá??// ça// atteignit// boa//
tête Il tira et atteignit le boa à la tête.
114- kp?l?? kp?l?? kp?l?? kp?l?? hál? t?? s?
Kp?l?? kp?l?? kp?l?? kp?l??257 // jusque// boa //
mourut Le boa se débattit puis mourut.
115- s? m t? ? tOk? t?? táá
Que // votre// maison// vous// mangez// boa// ne pas ?
Il lui demanda : « Chez vous, ne mangez-vous pas de boa ?
»
116- s? t? tOk? ?
Que // nous// mangeons// il Il dit « Nous le mangeons.
»
256 Onomatopée qui imite le bruit provoque par le coup de
fusil.
257 Onomatopée qui décrit comment le boa se
débattait avant de mourir.
117- ? tOk? t?? nà ? súmá ?
wáás??? ?n? ?n? s? ? t? ? t6?5 ? tOtOO
Vous // mangez//boa//et//tu// taire//tu//sauves//celui//
lui//que//il// finit// il// mange//tu //encore
« Vous mangez le boa et tu sauves celui-là pour
qu'il te mange encore à la fin ? »
118- ( ?l? ? yápá ny??? - sáá
wéí ? t?ká ? n56h?l? táá to
?s?ná?á ? p?s??? ná ? tásá ? láp? k?
p?l?) Lui // il// a acheté// tête// moment// qui// il// tient//
il// pied// dans// donc//comment// il// peut //et//
il//répète//il// faire//que//quelque chose
(Lui, il a sauvé. -Puisqu'il le tenait par le pied,
comment aurait-il pu se défendre ?)
119- áá? sáá wéí ?
má?áná ? nà ? t?ká mál?f5 ?l?
pépé too k? ? yépá ? k???
Non //moment// qui//il//retrouve// il//
et//il//tenait//fusil//alors//quoi//sur//que//il// laissa//il//tuer
Non ! Lorsqu'il l'avait retrouvé et qu'il avait son
fusil, pourquoi ne l'avait-il pas tué ?
120- (ááh sa?ant? nyá káá
tísí)
Aáh // peur// toi// ne pas// accepte (Aáh ! Il
avait peur.)
121- too ? tá náá,
cá?áfété s??ná nt? ná p lá ?
k? t??
Bien // tu//ne pas// vois//tortue //est arrêté//
donc// et// ça// fait// il// tue// boa Donc tu vois, c'est grâce
à la tortue qu'il a tué le boa.
122- ?kpám lá?l? h??
Chasseur // poitrine// se refroidit Le chasseur était
très content.
123- ééh sá?á
cá?áfété too k?l? má mà w?ná
wéésú?ú nà
Eéh // aujourd'hui// tortue// sur// que// je// moi// ai//
vie// alors
« Eéh ! Aujourd'hui, c'est donc grâce à
la tortue que je suis encore en vie.
124- nà ?s?ná?á máá lá
cá?áfété
Et // comment// je// fais// tortue
Et que puisje faire pour la tortue ?»
125- s?s? ?n? ? háá
cá?áfété k? nánt?
Que //lui// il// donne// tortue// que// viande Il proposa de
donner de la viande à la tortue.
126- k?ná cá?áfété
háá ? nO?5 s? hà? ? nàà mà nO?5
táá má f??ná kélá p
tá?á nánt? k? t? tOk? Et // tortue// ouvrit //
il//bouche// que//há? // tu// vois//ma//bouche// dans// je // ne pas
avoir//dents// ça// ne pas// viande// que// nous mangeons.
Alors la tortue ouvrit la bouche et lui dit « Há?,
tu vois dans ma bouche ? Je n'ai pas de dents. Ce n'est pas avec la viande que
nous nous nourrissons. »
127- ??h s? pá póló ? t?
Oui // que//ils// vont// il//maison
Il proposa d'emmener la tortue chez lui.
128- cá?áfété s? áá?
yóó p táá mà wáásá ? s?
wútéé ? ká wáás? m y?l? lák?
y?l? k? wútéé tOO k?
Tortue // que// non// ça// ne pas// je// sauve// tu//
que// un jour// tu// sauve// moi// homme// fait// homme// que// un jour//
sur
Le tortue lui dit « Je ne t'ai sauvé que pour que tu
me sauves un jour. L'homme aide son prochain en pensant à demain.
129- p táá má wáásá ?
sá?á sá?á ? wáás? m
Ça // ne pas // je // sauve// tu// aujourd'hui//
aujourd'hui// tu //sauve// moi Je ne te sauve pas aujourd'hui pour qu'en
même temps tu me récompenses.
130- sá?á ? ká ny?má s? má
wáás? nyá nà
Aujourd'hui// tu//avais// su// que// je// sauve// toi// donc
Aujourd'hui savais-tu que j'allais te sauver? »
131- mp??? s? áá? yóó Ainsi //que
// non Il dit que non.
132- s? y?láá hál???ná nà p
h??k? nà mp? pá s??k?
Que // hommes // cultivent// et// ça// devient mou//
et//eux//ils// entrent
La tortue dit que ce sont les hommes qui cultivent ces champs
qu'elles habitent.
133- yé mp? y?l? ? tá hálá
?s?ná?á cá?áfété lák?
nà ? húlí p?? nà ? pí ?t?
Si // ainsi// homme // il// ne pas // cultiver//
comment//tortue// fera//elle// creuse// trou//et// il//enterre//
lui-même
Si l'homme ne laboure pas, comment fera la tortue pour creuser
un trou et s'y cacher ?
134- y?láá ló?ná háp?? ?l?
?n? ? póló ? t?l? háp?l? k? p?? nà ? s?? nà
? híkí ? cá?á t?n? Hommes // font// butes// puis//
lui//il//va//il//perse// bute// que//trou//et//il//trouve//il//s'assiert//
là
Ce sont les hommes qui font les butes, puis elle va, perse la
bute et y reste.
135- yé mp? p f?? s?s? ?n? ? yélé y?l?
nà p t6?5 ?
Si // ainsi// ça// il n'y a pas// que//lui//il
//laisse//homme// et// ça// mange//il C'est pourquoi elle ne peut pas
laisser un homme se faire manger.
136- t?5 cá?áfété s? t? t??k?
Alors // tortue// que// elle// allait// part Alors la tortue dit
qu'elle allait partir.
137- y?l? s? p káá lá p w?? s? ?n? ?
póná ? nà ? ny? ?n? táyá
Homme //que//ça// ne pas// fait/// ça//
est//que//lui// il//emmène// elle//et// elle // connaît// lui //
maison
L'homme refusa. Il dit qu'il voudrait que le tortue l'accomgne
chez lui et en profiter pour connaître.
138- cá?áfété s?
áá? yóó Tortue // que // non La tortue refusa.
139- s? ? t5?5 súúlù pàà ?n?
? póná ? ?n? ? h?l? ? ?n? ? sámá
Que // elle// mange// patience// même// lui//il//
emmenait// elle// il// montre//lui//il// monde
Il la supplia de venir faire la connaissance de sa famille.
140- s? sá?á wáál? má
w?ná wéésú?ú to ákélé
yépíná ná má w?ná
wéésú?ú Que // aujourd'hui// derrière// je//
suis// vie//donc// tel// a laissé// et//je// suis// vie Et leur dit
« Aujourd'hui, si je suis vivant, c'est grâce à tel que je
suis vivant. »
141- pàà mp? pá f??ná p?l? s?
pá há ? célé pá ná ?
tíntí páá ny? s? ákélé
kà wáás?nà ákélé ?n? ?n?
Même // eux// ils// n'ont pas// quelque chose// que//ils//
donnent// elle//demain// ils// noient// elle// quelque part// ils // sauront//
que//tel// avaient// sauvé// tel// lui// là
Même s'ils n'ont rien à lui offrir, à
l'avenir, ils sauront que c'est elle qui lui avait sauvé la vie.
142- cá?áfété kísì
kpátá kpátá
Tortue // refusa// energiquement La tortue refusa
énergiquement.
143- s?s? cá?áfété ? t6?5
súúlú
Que // tortue//elle//mange// patience Il supplia avec
insistance.
144- cá?áfété k?l? ? t?? ?
Tortue // se leva//elle// suivit// il La tortue céda et
le suivit.
145- ?kpàm tápá ? w?s?ná ?
t?yá?á ?s?? ...
Chasseur //arriva//il// approcha//il// maison Quand le chasseur
approcha la maison comme...
146- (?l? nà ? kpá?á t?? ?n? y??)
Puis // et// il//a pris// boa//lui//n'est-ce pas (Alors a-t-il
pris n'est-ce pas le boa ?)
147- ??h ?kpám nà
cá?áfété pá s???lá t?? nánt?
s? pá púkí pá héélì
y?lá ná pá póló pá kúú
t?? nánt? ná pá káná t?yá?á
Oui // chasseur / et//tortue// ils// portaient//boa//viande//
que// ils// vont// ils// disent//hommes// et//ils// vont//ils// ramassent//
boa// vainde/et//ils// amènent // maison
Oui ! Le chasseur et la tortue portaient la viande de boa. Ils
voulaient dire à d'autres d'aller ramasser le reste.
148- páá t?? t?. nánt? tObwá
Ils ne pas// finissent// elle// viande // est grande
Ils ne pouvaient pas la finir. Il y avait assez de viande.
149- ? ny?nt? ná ? h?l? s?
cá?áfété wáás?ná ?
té
Il // fait// et// montre// que// tortue// a sauvé// il//
seulement Il voulait juste annoncer que le tortue lui a sauvé le vie.
150- ?kpám in? ? t??ká?á y?lá k? mp?
tO ? àl? w?ná h5?5 k? ?sát?ná k?l?m f??
náán?wá
Chasseur // lui// il// partait// chasse// que // ainsi//
il//femme//était // enceinte// que// mois// un// il n'y a pas // dix
Quand le chasseur partait à la chasse, sa femme
était enceinte de neuf mois.
151- p tá?á ?sót?ná k?l?m f??
náán?wá k? pá l?l???náá Ça //
est// mois// un// il n'y a pas//dix// que// on// accouche N'est-ce pas au
neuvième mois qu'on accouche ?
152- (??h p tápá?á l?)
Oui // ça// atteint// ainsi
(Oui ! La grossesse est ainsi à terme.)
153- Yé mp? píyá ná ? ?l?
páápá tálá téú,
páápá tálá téüSi
//ainsi// enfants// ont vu//il// puis// papa// arrive// beauté// papa//
arrive// beauté Alors les enfants le virent puis « Papa soit le
bienvenu !
154- Yé mp? tóó tété
wáál? ?nàà l?l??? k?l?? p??á
nôôh? l?? p??á ny??? ??l?
Si// ainsi//depuis // hier// derrière// mère//
accouche// donc // enfant// pieds//sortent// enfant // tête//ne sort
pas
Depuis avant-hier, la mère a accouché. Les pieds
de l'enfant sont sortis, mais la tête ne sort pas.
155- s? pá cáá
cá?áfété ny??? nà pá
láá nà p?có àl? l?l?
Que // on// cherche// tortue// tête// et//on// sacrifie//
et// avant// femme// accouche
On doit chercher la tête d'une tortue pour faire un
sacrifice avant qu'elle accouche. »
156- ??h258 s? pá cáá
pépé ny??? yéé
??h // que// on//cherche// quoi// tête // donc « La
tête de quoi doit-on chercher ? »
157- s? cá?áfété ny???
Que // tortue // tête
« La tête d'une tortue. »
158- húúm ééh tám in???l?
cá?áfété s? ééh tom t?n?
Húúm // ééh//moment// celui-ci//
tortue// que //histoire // cette C'est alors que la tortue commença
à se faire des soucis.
159- ??h259 s? pá cáá
pépé ny??? yéé
??h // que// on//cherche// quoi// tête // donc « La
tête de quoi doit-on chercher ? »
160- s? cá?áfété ny???
Que // tortue // tête
« La tête d'une tortue. »
161- mámácí k? ?s?ná?á t?
lák? tom t?n? Mystère // que// comment// nous// ferons//
histoire// cette
258 Onomatopée qui traduit l'embarras, la confusion, la
perplexité et la peur du chasseur.
259 Onomatopée qui traduit l'embarras, la confusion, la
perplexité et la peur du chasseur.
« Mystère ! Comment allons-nous régler cette
histoire ? »
162- ?l? nà ááh ? sú mp? pá
póló t?yá?á
Puis // et//ááh// il// se tut// ainsi// ils//
allèrent// maison Puis il se tut et ils allèrent à la
maison.
163- ? má?ámá?á ?? ny?? s? ? yO?Ot?
súwé to
Il // même// il ne pas //sait// que// il// dit//quoi//
donc Il ne savait même plus quoi dire.
164- ? tàt?? héél? tá
wá?á mpí p lápá to
Il // ne pas // dit// encore//eux//ce qui// ça// a fait
//donc Il ne leur avait pas encore raconté ce qui s'était
passé.
165- àmá píyá nyá
héélá ? t?yá?á ny?nt?
Mais // enfants// toi// avaient dit// il//maison// chose
Mais les enfants l'avaient déjà mis au parfum de
ce qui se tramait à la maison.
166- cá?áfété nté t?l? t?
wáásá ? to t?l? t? ny??? nt? pá cá s?
pá s?t? nà ? àl? l?l?, ? híkí
wéésú?ú Tortue // qui//elle//elle //a sauvé
//il//donc// sa// tête// que//on/veut//que//on// coupe//et// il// femme//
accouche// elle // trouve // vie
La tortue qui l'avait sauvé, c'est ça tête
qu'on veut couper pour que lui sa femme accouche et retrouve la vie.
167- pá tá híkí
cá?áfété ny??? ? àlu s?k?
On //ne pas// trouve// tortue// tête// il// femme//
moura Si ne trouve pas la tête d'une tortue, sa femme moura.
168- yé pá híká
cá?áfété ny??? ?l? ? àl? ?n? ?l? ? k?l?
Si // on// trouve// tortue// tête// alors// il//
femme//elle//il// se leve Si on trouve une tête de tortue là, sa
femme vivra.
169- p?c5 cá?áfété
yép?ná ?n? ? w?ná wéésú?ú Or
// tortue// a laissé//lui//il//est// vie Or c'est grâce à
la tortue qu'il est en vie.
170- (p w?? s? ? wáás? pá
náálá?á l?)
Ça // est// que// elle// sauve// ils//deux//donc (Elle
doit donc les sauver tous deux.)
171- ? nà cá?áfété nt?
pá p??k??? cá?áfété l?nt?
Il //et//tortue// cette//ils// cherchaient// tortue // autre
Il commença, avec cette tortue, à chercher une
autre tortue
172- cá?áfété ?s?ntáá
wák?láá k? ná?ná?ná?
Tortue //visage// se gâta// donc // complètement Le
visage de la tortue se détériora complètement.
173- ??nà s? pépó?ó ? p??k???
yé, nb?bl? ?l? ? yb?bt???ná nt?
Puis // que// quoi// vous// cherchez// en fait// quelqu'un //
lui// dit// ainsi
Puis « Que cherchez-vous en fait ? » C'est quelqu'un
d'autre qui demandait ainsi.
174- s? cá?áfété
Que // tortue. « Une tortue. »
175- s? pópó?ó m wáál?
t?n?
Que // quoi// votre// derrière// là
« Qu'est-ce qui est donc derrière vous ? »
176- s? cá?áfété
Que // tortue
« Une tortue. »
177- ááh ááh ? p??k???, m nà
cá?áfété ? p??k???
cá?áfélá nàà yé mp? àl?
?n? ?? cáá ? té Aáh ááh// vous//
cherchez// vous// et// tortue// vous// cherchez//tortues// donc// si//ainsi //
femme // elle// vous ne pas// vouloir// elle/ donc
« Aáh ááh ! Vous cherchez des tortues
en compagnie d'une tortue. Ainsi c'est clair que vous ne voulez pas de cette
femme. »
178- ??h ?kpám ?? ny?? s? ? lá ?siná
??h //chasseur// il ne pas// sait// que//il// fait// comment. Le
chasseur ne savait plus quoi faire.
179- ? ny?ná ? àl?, ? ny?n?
cá?áfété nyá lápá
wémpí to
Il // regarda // il// femme//il// regarda// tortue// toi// a
fait// quoi// donc Il regarda sa femme et regarda aussi ce que la tortue avait
fait pour lui.
180- (nà ? tá?ná ?s5 s?l?m???. nà
?s5 ? w? ? wáál? p lák?)
Et // il// est en train// Dieu// prier// et//Dieu// il//
est//il//derrière//ça// fera Et il est en train de prier Dieu.
S'il plait à Dieu, tout ira pour le mieux.)
181- t?ná?á ? wíísá ?s? s?
pá s?t? cá?áfété ny???
Là // il// ferma// yeux// que// on// coupe// tortue//
tête
Alors il accepta malgré lui, que l'on coupe la tête
de la tortue.
182- (óóh t?lás? nt?)
Óóh // obligation// donc
(Oóh ! Il n'avait pas le choix.)
183- t?ná?ál? n5?5l? ?l? ? l??wá ná
? kpá cá?áfété ny??? nà ? s?t?
Là // quelqu'un // lui// il// sortit// et//
il//prit//tortue// tête // et// il//coupa Alors quelqu'un sortit et coupa
la tête de la tortue.
184- pá nyStO cá?áfété
cál?m k? àl? ?l? nà p?yá?á n55h? t?s?
ná p?yá?á l? àl? híkí
wéésú?ú On // mit// tortue//sang//
à//femme// puis// et// enfant// pieds// terminent//et//enfant//sort//
femme//trouva// vie
On mit le sang de la tortue à la femme et les pieds de
l'enfant sortirent complètement, puis il sortit. La femme trouve la
vie.
185- yé mp? mp???l? t? cáá s? ? n??
téú s? y?l? wéí pá yáá si y?l?
kp??ht? to
Si // ainsi// ainsi// nous// voulons// que//vous// compreniez//
beauté// que// homme //qui// on// appelle// que//homme// noir// donc
Ainsi voulons-nous que vous sachiez, que l'homme, en l'occurrence
l'homme noir,
186- yé ? tômá s? ?n? ? w? ? tom
táá s? ? táá s?, nyá kó?ná
s?m
Si // tu// dis// que//lui//tu//es // il// histoire// dans//
que// il//ne pas// meurt// toi// viens//
mort
Si tu veux le protéger pour qu'il ne meurt pas, c'est toi
qui mouras à sa place.
187- p tóó k? sósáá
túká ?tú?úlé s? k?s? m?t? táá
k?s? y?l?
Ça // sur// que// anciens// ont cogné// proverbe//
que// soulève// sorgo//ne pas// soulève// homme
C'est pour cela que les anciens ont dit ce proverbe «
Relève le sorgo, ne relève pas l'homme. »
188- y?l? wéí ? wáás???
sá?á to célá ?n? ? k???ná ?
Homme // que// tu // sauves//aujourd'hui// donc// demain//
lui//il// te// tuera// tu L'homme que tu sauves aujourd'hui, demain c'est lui
qui te tuera.
189- má m?t? yáá mál?yé
Mon // conte// yáá mál?yé Mon conte
yáá mál?yé
190- (nyá ná ?sótáá) Toi
// et // ciel Toi et le ciel
191- M nà àt?
Vous // et// terre Vous et la terre.
FIN
Conte n°11 : Les quatres enfants
T? tíí
Il // descend Il descend !
T? yáá
Il // explose
Qu'il s'explose !
1- àl? nó?ól? ? w?nná
Femme // quelqu'un // elle //ést Il était un fois
une femme.
2- ??na ? l?l? píyà k? lì?ìtí
Et // elle// accouche// enfants// quatre
Et elle était mère de quatre enfants.
3- píyà mp? pà h?lá nt?
wéná?á ?
Enfants // eux// ils// noms// sont// quoi Ces enfants,
quels étaient leurs noms ?
4- pá yáá ?n? s? t????? só?
On // appelle //lui// que// suis //odeur L'un s'appelle «
suis l'odeur ».
5- (t?????só? ?)
suis //odeur
(« suis l'odeur ?»)
6- ??. Pá yáá ?n? s? tàms??? y?l?
Oui // on // appelle// lui// que// attache // homme Oui. L'autre
s'appelle « attache homme).
7- (Hóhòhòò 260!)
8- Pá yáá ?n? s?
féésù?ù y?l?
On// appelle///lui//que// réveille// homme L'autre
s'appelle « réssuscite homme »
9- (Hóhòhòò !)
10- Pá yáá ?n? s? c?k?
ákálísì
On// appelle //lui// que // lance// gourdins Le quatrième
s'appelle « lance gourdins .»
11- (c?k? ákálísì ?)
Lance // gourdins
« Lance gourdins ?»
12- ??. p? t?má
Oui // ça // finit Oui. C'est tout.
13- tàmpáná, pá tòò
t?? tùùlé
Vérité// ils// mère// partit//
forêt
Effectivement, leur mère partit en forêt.
14- pá tòò tà p?s? ?
kôô
Ils //mère// ne pas// peut// elle// vient Leur
mère ne put revenir.
15- ? s? túúlé tàà
Elle // mourut// forêt// dans Elle mourut dans la
forêt.
260 Onomatopée qui traduit la réaction d'un
auditeur face à signification du nom du personnage.
16- ( hóó)
17- ? tà kôô
Elle //ne pas// revint Elle ne revint plus.
18- k?y??? tàpà ?s?? k?y???
nátòsò pà tà nà pà
tòò
Jours // atteignent // comme // jours// six// ils// ne pas //
virent// ils //mère Pendant environ six jours, ils ne virent point leur
mère.
19- « nyá pá yáák??? ? t?????
só? k? mp? to ?pó?ó ? ká wáás?
Toi //on // appelle // tu// suis//odeur// donc//ainsi//
alors//quoi//tu // vas// sauver Toi qu'on appelle « suis odeur »
donc, à quoi sers-tu ?
20- Táá tá tóó nyá
t??wá?á l?.
nous //notre //mère// elle// est partie// ainsi Notre
mère est ainsi partie.
21- t? tà ny? s? létóó k? ?
t??ná, yáá lé?é ?
kpá?ánà » Nous // ne
pas//savons//que//où//sur//que//elle Nous ne savons pas où elle
est allée. »
22- ??nà ? kpá?á só? k? t?????
Puis //il// prit// odeur//donc// suivre Puis commença
à suivre l'odeur.
23- ? pólò ? má?áná pà
tóó h?ntá ná ? s?pá hál? p?
tápá ? lápá só?
Il// alla// il// retrouva// leur//mère// couchée//
et// elle// était morte// jusqu'à// ça// atteint// elle //
fait// odeur
Il alla et trouva leur mère qui était
déjà morte et puait déjà.
24- s? « ? nàà ?n???ló. má
só? t?ná?á ntO »
Que // vous //voyez//là voici// mon// odeur//
limite///ainsi
Il dit « Voyez-vous, la voici. Moi je suis arriré
à mes limites. »
25- ??nà tàms??? y?l? kpá m?wá
ná ? táms???. Puis // attache // homme// attrape// os//et// il//
attache Attache-homme prit les os et les reconstitua.
26- ? kpá y?l? ná ? táms???
Il// attrape// homme// et// il// attache Il prit le corps et le
reconstitua.
27- ? táms? ná ? t?
Il// attacha// et//il//finit Il reconstitua tout.
28- s? « mà t?mà »
Que// moi// finis
Il dit « Moi, j'ai fini. »
29- ??nà féésù?ù y?l?
tók? náw s?ká
Et// ressuscite-homme// tient// boeuf // queue
Et Ressuscite-homme tenait une queue de boeuf.
30- ? má y?l? tóó ?l? pà
tóó k?l?
Il // tapa //homme // sur// puis// leur //mère// se
lève Il frappa en le corps puis leur mère retrouva la vie.
31- (Hóhòhòò !)
32- ??nà pá tá?ná t??w? ?l?nà
h?k?l? tílí ? có pà tóó k? h?k?
táá t?n?
Et //ils// en train// partir// puis// aigle// fonça//il//
prit//leur// mère//que// milieu// dans//là Puis pendant qu'ils
partaient, un aigle fonça et prit leur mère entre eux.
33- (Hóhòhòò !)
34- ??nà ?n? ? yélé àkál???
nà k? yá?á h?k?l? nà ? s?
Et// lui// il// laisse// gourdin// et// il//atteint// aigle// et
//il// meurt L'autre lança le gourdin et toucha l'aigle qui mourut.
35- ?l? nà pá tóó tíí
pá h?k? táá
Puis// et// leur//mère// atterrit// ils// milieu// dans
Puis leur mère ratterrit entre eux.
36- t?n? ?n??? pá póós??? t?má s?
áwé k?l?nà.
Là // dessus// ils// demandent// entre eux// que// qui//
dépasse Là-dessus, ils se demandent qui est le plus puissant ?
FIN
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