1.3.3 - La descendance de Heinrich Friedrich Achille
Eccarius
Au début des années 1880, le
commerçant allemand Heinrich Friedrich Achille Eccarius, agent de la
firme « Hansa Faktorei (Max Grumbach) » à Aneho, a eu de son
union avec la fille du roi d'Agbanakin, deux enfants. La publication
consacrée à cette union mixte (Oloukpona-Yinnon &
Béré-Coulibaley 2007)34 montre comment ce couple a
engendré en Afrique une véritable collectivité dont le
Juif allemand Heinrich Friedrich Achille Eccarius est
l'ancêtre.
Heinrich Friedrich Achille Eccarius est un
personnage-clé des événements qui ont conduit à la
proclamation du protectorat allemand sur le Togo en 1884. Il constitue avec
Randad et Daake le trio de commerçants allemands qui forca la main au
Capitaine Stubenrauch en février 1884 pour obtenir l'intervention
militaire de ce dernier à Aného, le 3 février. C'est dans
la « Hansa-Faktorei (factorerie Hansa) dont il était le
gérant, que se tinrent des pourparlers préliminaires avec
l'officier allemand, les notables locaux et les commerçants allemands de
la place. Son nom apparaît à plusieurs reprises dans les rapports
du Capitaine Stubenrauch35, de même que dans ceux de Gustav
Nachtigal qui passa d'ailleurs une nuit dans sa maison à
Aného.36
Selon l'enquête orale menée par les
auteurs de l'article sur cette famille, le premier métis de la
première lignée de la descendance métisse du Juif allemand
Heinrich Friedrich Achille Eccarius s'appelait Wingoln Achille Eccarius,
né vers 1880, du négociant Heinrich Friedrich Achille Eccarius,
un Juif allemand, et de Founikè Kéchtéché, fille
aînée du roi de Grand Popo. Il se maria à une
Béninoise et ils eurent une fille née vers 1912. Mais celle-ci
n'ayant pas eu d'enfants, cette première lignée s'éteignit
avec sa mort. Le fils cadet du Juif allemand Heinrich Friedrich Achille
Eccarius s'appelait Henri Achille Eccarius (donc une simple francisation des
prénoms du géniteur), il est né vers 1883, du même
père et de la même mère. Après ses études
primaires, Henri Eccarius fut recruté en 1899 comme enseignant à
l'Ecole Gouvernementale allemande à Zébévi (Aného)
où il exerca jusqu'en
34 La descendance africaine de H. F. Achille Eccarius,
un Juif allemand au Togo. Par Franceline CoulibaleyBéré &
Adjaï Paulin Oloukpona-Yinnon, in : Adjaï Paulin Oloukpona-Yinnon
(éd.): Le Togo 1884-2004 : 120 ans après Gustav Nachtigal.
Connaître le passé pour mieux comprendre le présent. Actes
du Colloque International de Lomé des 27, 28 et 29 septembre 2004:
Lomé, PUL, 2007 pp. 293-310
35 Cf. Woulamatou Gbadamassi & A.Paulin
Olokpona-Yinnon (éds) : Le Capitaine Wilhelm
Stubenrauch
à Aneho (Togo) en 1884 : Documents de la
S.M.S. Sophie« (janvier-février 1884) - Stubenrauchs Berichte aus
Westafrika (Januar bis Februar 1884). Dokumente zur Geschichte Togos Edition
bilingue français-allemand Deutsch-französische Ausgabe.
Document inédit, à paraître instamment.
36 Cf, Peter Sebald : Les cinq jours du Dr. Nachtigal
au Togo /2-7 juillet 1884), in : Adjaï Paulin OloukponaYinnon
(éd.): Le Togo 1884-2004 : 120 ans après Gustav Nachtigal.
Connaître le passé pour mieux comprendre le présent. Actes
du Colloque International de Lomé des 27, 28 et 29 septembre 2004:
Lomé, PUL, 2007 pp. 1751
1901, puis émigra vers le Cameroun où il
fonda une grande famille qui devint prospère. Retourné au Togo,
Henri Achille Eccarius est décédé à Lomé le
1er octobre 1957.
Illustration n° 7 : Henri Eccarius-Achille, fils
de Heinrich Friedrich Achille Eccarius (source :
Coulibaley-Béré & Oloukpona-Yinnon 2007 : 310)
Comme Jacob Protten Africanus en son temps, Henri
Eccarius-Achille fait partie des « métis allemands » du Togo
qui ont eu le droit incontestable et incontesté de porter le nom de leur
géniteur allemand, et même de transmettre ce nom à leur
propre progéniture, sans qu'aucune administration ne puisse les en
empêcher. Mais cela va rapidement et radicalement changer avec les
métis allemands de l'époque coloniale proprement
dite.
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