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Documentation sur le statut des métis de pères Allemands au Togo entre 1905 et 1914. Présentation de documents allemands avec traductions ou résumés en français

( Télécharger le fichier original )
par Essosimna Tomfei Marie-Josée ADILI
Université de Lomé (Togo ) - Maà®trise en lettres allemandes 2012
  

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3.1.9 : Texte n° 9 : original allemand

S.230 Jacobi stirbt 1912 in Leipzig. Er hat hier ein Mulattenkind mit Namen Paul hinterlassen. Er hat diesem Kind ein Grundstück mit Wohnhaus geschenkt und es auf den Namen des Kindes in das Grundbuch eintragen lassen. Das Haus wird von dem Paul und seiner Mutter bewohnt. Die Schenkung entspricht dem hier herrschenden Brauch der Europ., ihre aus dem ausserehelichen Verkehr mit einer Eingeb. hervorgegangenen Kinder abzufinden.«

NB: S.232 Aktennotiz von Polizeimeister Bähr 14.4.13:«Der Junge von Jacobi ist bei der Betriebsleitung eingestellt. Der Junge von Gouv. Köhler besucht noch die Schule der kath. Mission, obgleich er der ältere ist. Geld ist beim Bez.Amt nicht mehr vorhanden für die Kinder.«

3.1.2 - Interview accordée à monsieur Simtaro en 1981 par Josef Comla sur son père et sa mère

Source : Simtaro 1982 :673ff

(traduction)

Entretien avec M. Joseph KOEHLER, 85 ans, fils métis du Premier Gouverneur allemand au Togo, August KOEHLER (1898-1902). Le Gouverneur Koehler mort à Lomé en 1902, repose au cimetière de la capitale togolaise, grand cimetière de la Plage, parmi une quarantaine de ses compatriotes. Interview de son fils Joseph Koehler, exclusivement en allemand, à son domicile de Lomé, le vendredi 27 mars 1981 à partir de 17h30. (Traduction)

Une semaine environ après notre entretien, M. Hans Komla Gruner, fils métis de l'ancien commandant de Cercle de Misahöhe (Kpalimé), le Dr. Hans Gruner, me conduit dans la maison du vieux Joseph Koehler dans l'après-midi du 25 mars 1981, pour me mettre en contact avec le fils de l'ancien gouverneur allemand du Togo que j'ai l'intention d'inter-viewer. Malgré les apprehensions de sa famille à cause de sa santé fragile, on réussit à obtenir un rendez-vous pour le lendemain vers 17 heures. Le 26 mars, des imprévus m'empêchent d'être à l'heure chez les Koehler. Je n'ai pu me présenter qu'à 17 heures 45. Et comme le vieux octogénaire respecte scrupuleusement ses heures de repos et de sommeil (il va au lit tous les soirs à 7 heures!), je m'excuse auprès de son fils Théodore Komla Koehler, inspecteur des P.T.T., et nous nous entendons pour le jour suivant à 17h30 sans faute. Vendredi 27 mars 1981, 17h25, nous voilà dans le salon, les deux Koehler père et fils et moi..., dans un coin, dans son fauteuil, la mère Koehler ne s'occupe pas de nous. Dans son fauteuil en face de moi, le vieux Joseph Koehler tout gris et un peu fatigué, me regarde un peu interrogateur... Son fils m'avait bien dit la veille: "Vous savez papa oublie trop vite les choses. Il se pourrait même qu'il ne se souvienne plus de vous demain...". Alors, je commence sans attendre. En allemand, bien sûr! Je réussis aussitôt à engager le plus vieux des métis germono-togolais (sans doute) dans son récit où il se répète continuellement: C'est l'âge ! Mais n'est-ce pas aussi un moyen de m'enfoncer dans la tête ses vieux souvenirs ?!...

Simtaro : Bonsoir Papa Koehler, comment allez-vous ?

Koehler Ça va un peu bien, merci. Et vous, comment allez-vous ?

S. Bien, merci. Je suis très heureux de faire votre connaissance. Vous êtes M.

Koehler, fils du Gouverneur Koehler ?

Koehler Oui, oui, je suis M. Koehler. Je suis le fils du Gouverneur Koehler. Il est mon

père. Mon prénom est Joseph. Prenez-donc place. Asseyez-vous là... Mais

vous parlez très bien allemand!... Qui êtes-vous, s'il vous plaît?

Simtaro Mon nom est Simtaro. Dadja Simtaro. J'étais venu avant-hier avec M. Hans

Gruner. Hier aussi, j'étais là.

K. Hans Gruner! Ah, oui, oui! Vous étiez venu avant-hier avec M. Hans Gruner.

Oui, oui, je me souviens. Comment va M. Hans Gruner?

S. Il va très bien... Eh bien, Papa Koehler, je suis étudiant. J'étudie en

Allemagne et en France. J'écris un travail sur l'époque coloniale allemande au Togo... On m'a dit que vous êtes un fils du Gouverneur allemand Koehler. Je voudrais avoir avec vous un petit entretien sur vos souvenirs des Allemands...

K. Hi, hi, hi!... Mes souvenirs ?!

S. Oui, oui ! Comment vous vous souvenez des Allemands de ce temps là? De

votre père par exemple?...

K. Eh oui, les souvenirs de mon père!... Mon père lui-même est mort très tôt.

Très, très, très tôt. Je n'étais pas du tout grand avant qu'il meure. J'avais à peine dix ans. Pour ainsi dire, je ne l'ai pas connu. Je dois dire que je ne l'ai jamais approché. A l'époque mon père voyageait en Allemagne, revenait, puis allait de nouveau en Allemagne et revenait de nouveau... Non, non, je ne connais pas très bien mon père. Je ne le connais pas pour ainsi dire. Peut-être aussi ma mère et la soeur de ma mère ne voulaient point que je m'approche de lui. Pourquoi? Je ne sais pas... Mais c'est très dommage qu'il soit mort trop tôt. Si mon père n'était pas mort trop tôt, je l'aurais sûrement très bien connu. Je l'aurais bien connu. Oui, lui parler... Ainsi, je pourrai aujourd'hui vous raconter beaucoup de chose sur mon père. Malheureusement il est mort très tôt!... Les Allemands aiment beaucoup les femmes, ça peut paraître comme une plaisanterie, mais c'est vrai. Ils aiment beaucoup les femmes togolaises, car beaucoup d'Allemands ont épousé des femmes togolaises. C'est ainsi que ma mère a épousé mon père et m'a mis au monde. Depuis qu'elle m'a mis au monde, je n'ai jamais approché mon père. Je ne me suis jamais approché de lui. Non. Ainsi, je ne connais pas bien mon père. Mon père est mort très tôt. C'est en 1902 que mon père est mort. Ma mère est originaire de Togoville. Son nom indigène,

c'est-à-dire son nom togolais est Duaha, ce qui signifie à côté de la ville (du village, du pays). Elle a été baptisée et s'appelle Hanna. Mais elle ne vit plus. Elle est morte en 1919 et enterrée ici à Lomé. Moi-même, je suis né en 1896. Je suis donc né en 96. Mon père est mort ici en 1902 et enterré ici à Lomé. Sa tombe se dresse au cimetière allemand. Quand il était gouverneur, il a sorti une loi, selon laquelle les Allemands qui mourraient ici au Togo devaient être enterrés ici. Sinon, il aurait été transporté en Allemagne et inhumé là-bas. C'est lui-même qui a sorti cette loi. C'est pourquoi il a été aussi enterré ici à Lomé. Si vous allez au cimetière, vous verrez tant et tant de tombes allemandes. Beaucoup d'Allemands y sont enterrés.

Vous savez, ma mère a épousé aussi un autre Allemand, un douanier. Son nom est JACOBI. Otto JACOBI, mais il est mort en Allemagne et enterré là-bas. Jacobi a eu avec ma mère un fils: Paul Jacobi. Il est mon frère. Nous sommes nés de la même mère, mais nous avons des pères différents. Mon frère Paul Jacobi est malheureusement mort aussi. S'il n'était pas mort, vous auriez fait sa connaissance, et parlé allemand avec lui... Malheureusement, il est mort en 1958...Vous savez, le douanier Otto Jacobi, père de mon frère Paul, a pris soin de nous et nous a éduqués comme ses fils. C'est lui qui nous a envoyés à l'école, à l'école de la Mission catholique. Nous avons commencé l'école en 1906. Nous habitions la Mission, chez les Pères. Nous avons tout obtenu des Pères: la nourriture, les cahiers et livres d'écoles, les habits, etc... Le repas était préparé par les Soeurs. Nous servions les Pères à table. Nous mettions la table: assiettes, fourchettes, cuillères, couteaux, verres, etc... Après le repas, nous débarrassions la table. Nous faisons la vaisselle et nettoyions tout...

Nous étions à l'époque dans la chorale de la mission. Nous avons très bien chanté à l'église. A l'école, nous étions beaucoup de garçons. Nous apprenions, à côté de la langue Ewé, l'allemand, la réligion, l'écriture, la lecture, le calcul, l'histoire, la géographie, ect... Nous sommes sortis de l'école en 1914. J'ai obtenu mon certificat d'études. Il doit se trouver quelque part dans ma valise ou dans mes affaires. Je ne sais plus où. S'il faut que je le cherche maintenant, je vais me casser la tête... L'école était dure, mais nous avions bien appris et bien travaillé. A l'époque, nous aimions beaucoup

chanter les chansons allemandes, par exemple: l'hymne national allemand :
"Deutschland, Deutschland, über alles" (l'Allemagne par-dessus tout), "Ich
hatte einen Kameraden" (j'avais un camarade), etc... Maintenant, je ne peux
plus chanter. Je suis vieux et un peu malade. J'ai oublié aussi beaucoup de
chansons. Autrefois j'aimais beaucoup chanter. Surtout au moment des fêtes.
Quand les Allemands fêtaient le "Kaisertag", l'anniversaire de l'empereur,
nous les élèves, nous allions sur la place des festivités et nous chantions. Puis
les soldats faisaient leur parade. Tout cela était très beau! Je m'en souviens
encore. C'était une belle époque. Je n'oublierai jamais ce temps-là... Un jour,
un ministre allemand est venu en visite à Lomé. Le Secrétaire d'Etat aux
Colonies, M. le Dr. Solf. C'était en 1913. Il y eu aussi une très grande fête,
avec des danses et des parades de troupes !... Le Dr. Solf avait aussi visité
notre école. J'étais aussi présent. Je l'ai vu. Nous avions très bien chanté. Il
était content et nous étions heureux. C'était une très belle époque, vous
savez! Oui, oui, une très belle époque. Je me souviens de tout cela... Après la
période scolaire nous avons travaillé au chemin de fer. Avec les Allemands,
puis les Anglais et puis les Français. Nous ne gagnions pas beaucoup. Nous
n'étions que des ouvriers auprès des Européens... J'ai travaillé pendant deux
ans et demi à NUATJA, cinq ans à Agbeluhoe et puis tout le reste du temps
ici à Lomé. Après la guerre de 1914, les Allemands étaient obligés de s'en
aller. Ils avaient perdu la guerre contre les Français et les Anglais. C'étaient
mauvais pour nous Togolais. Les Togolais aimaient beaucoup les Allemands.
Nous avons obtenu des autorités allemandes, mon frère Paul Jacobi et
moi, ce terrain où nous avons construit notre maison. Nous avons reçu des
dons en espèces comme aide pour l'achat de ce terrain et la construiction de
notre maison. Mais mon frère est mort. Ma mère aussi ne vit plus. Elle est
morte en 1919. Je vous l'ai déjà dit. Voyez vous les Allemands sont partis,
mais ils ont laissé un très bon souvenir chez nous ici. Ils ont construit des
chemins de fer et beaucoup d'édifices. Nous utilisons encore aujourd'hui ces
chemins de fer et ces bâtiments. Ici à Lomé, nous avons le gigantesque Palais
du Gouvernement au bord de la mer. La mission a beaucoup fait pour l'école
et l'église au Togo. Près du marché se dresse la grande cathédrale. Ce sont les
Allemands qui ont fait tout ça... Sur mon père même, je ne sais pratiquement

rien. Il est mort trop tôt. Je n'ai obtenu que sa photo en souvenir. Le gouvernement allemand de l'époque nous a aidé, mon frère Paul Jacobi et moi, à obtenir ce terrain et à nous bâtir une maison... Voilà Bernard qui passe, un fils à mon frère Paul Jacobi. Et à côté de vous c'est mon fils Théodore ; il travaille à la poste. Là, c'est ma femme...

Eh bien, mon ami, je vous ai tout dit. Je vous ai raconté tout ce que je sais... Vous savez, j'ai toujours gardé un très bon souvenir des Allemands. Je ne peux jamais les oublier. Seulement mon père est mort trop tôt. J'étais encore un tout petit enfant. Il faut que je vous dise la vérité, je ne l'ai pas connu. J'ai bien appris la langue allemande à l'école. J'avais beaucoup de livres allemands. J'avais aussi de bons amis allemands. Nous nous écrivions régulièrement. Aujourd'hui, mes correspondants ne m'écrivent plus. Oh, j'aime lire et écrire l'allemand. J'écris beaucoup mieux l'allemand que je ne le parle. Je n'ai jamais été en Allemagne. A présent, je suis vieux et ne peux plus travailler. Je vous remercie beaucoup de votre visite. Je suis très heureux de parler allemand avec quelqu'un.

Simtaro C'est moi qui vous remercie, Papa Koehler. Vous m'avez raconté de très bons

et interessants souvenirs de votre jeunesse. Votre excellent allemand m'a beaucoup émerveillé. Je vous remercie beaucoup.

Koehler Oh, s'il vous plait il n'y a pas de quoi... Je me réjouis beaucoup de votre

visite! ... Qu'est-ce que vous aller faire plus tard ? Vous allez travailler en Allemagne ?

S. Je dois maintenant terminer mes études. Puis je regagnerai le pays natal pour

enseigner, comme professeur d'allemand.

K. Professeur d'allemand! Ah, vous enseignerez donc l'allemand ?... C'est très

bien? Je vous souhaite beaucoup de succès!... Vous savez, à l'époque allemande nous n'apprenions que l'allemand à l'école, et nous avons toujours bien parlé cette langue. De nos jours, on enseigne à l'école beaucoup de langues à la fois: allemand, anglais, français, etc... Les enfants ne peuvent pas bien assimiler toutes ces langues. C'est difficile! Les enfants n'arrivent même pas à bien parler une seule de ces langues. Cette méthode, je la trouve mauvaise. Qu'en pensez-vous?

Simtaro Vous avez raison, Papa Koehler. Trop de choses à la fois, c'est mauvais.

Koehler Vous voyez, on confond tout... On dit chez nous: "Trop de sel gâte la

sauce!"... Pas vrai ?... Hi, hi, hi!...

S. Oui, oui, vous avez bien raison.

K. Je me réjouis de votre visite. Mais vous parlez parfaitement l'allemand!...

Passez donc quand vous avez le temps. Nous parlerons l'allemand. Cela me réjouit beaucoup. Je vous dis maintenant adieu, bon voyage et beaucoup de succès!

S. Merci bien, Papa Koehler. Je reviendrai vous voir dès mon retour d'Europe,

soyez-en sûr.

K. Oui, oui, si je suis encore en vie... Tout dépend de Dieu, mon fils. Au revoir,

mon bon ami.

S. Au revoir, Papa Koehler. Bonne nuit!

Illustration n° 13 : carte postale coloniale commémorative à l'effigie de August Köhler, père de Josef Comla.
(Source :
http://www.deutsche-schutzgebiete.de/togoland.htm 18.10.2011

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci