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Pour quelle(s ) histoire(s ) d'être(s ) ? Associations 1901, inter relations personnelles et interactions sociales, un art de faire( Télécharger le fichier original )par Jean- Marc Soulairol Université Lumière Lyon 2 - Diplôme des hautes études des pratiques sociales D. H. E. P. S. 2002 |
3.3.1.2 S'approprier l'espace : une manière de faire individuelleCes attitudes d'appropriation de l'espace sont constitutives d'un espace personnel élargi. C'est ce qu'illustre, par exemple, le troisième adhérent interviewé : les représentations qu'il a de l'association466(*) et des jeunes467(*) renvoient à sa vie personnelle468(*) et ses propres ruptures469(*). Au Compu's Club, il peut exprimer sa personnalité : « je suis jeune, je veux aider, encadrer les jeunes. »470(*) Il a pris successivement des responsabilités, des fonctions et s'est finalement engagé471(*). Il s'est donc approprié l'espace configurationnel de cette association en élaborant un espace personnel élargi. Il y parvient par des manières de se présenter, se représenter ; c'est-à-dire, par une assiduité de la fréquentation du lieu, ses engagements successifs, des comportements circonstanciels, etc. Son intention étant de s'occuper des jeunes de l'association. Le sens est fournie par ses propres représentations, celles préalablement intériorisées (aider les autres, ...) et construites/développées dans et par les configurations (ses règles, ses possibles, ses valeurs, ...). Avec ce matériau, il se donne l'image de quelqu'un de bien dans l'intention plus globale de réaliser ses besoins-aspirations ; précisément, être reconnu en tant qu'individu, appartenir à un « groupe de camarades »472(*), être valorisé par l'image valorisante inhérente aux fonctions prises. Est-il alors possible que l'appropriation de cet espace (forme d'usage qui induit des manières de faire diverses telle que des présentations de soi adéquates) ouvre sur des changements de l'adhérent ? La question de l'usage de l'espace revient à saisir ce que celui-ci représente pour l'adhérent-usager. Notre réflexion précédente avance l'hypothèse qu'au départ c'est parce-qu'il existait une structure d'accueil des projets (le Compu's Club puis, parfois, la fondation d'une branche), que les adhérents s'engagent ; la perspective de réussir (ses besoins-aspirations personnels mais aussi le projet commun) rendant alors acceptables les efforts produits (l'usage de présentations de soi et autres manières de faire) et le risque de ne pas réussir. Dans cette perspective nous déterminons une réciprocité : il n'y a pas de manières de faire sans l'existence de cet espace récipiendaire qui fonctionne comme polarisation et cadre préparateur aux changements. A partir de là, la question à laquelle il nous est donné de répondre est : comment l'appropriation de cet espace473(*) par un espace personnel élargi peut-il être l'enjeu de ce qui est rendu visible (la manière de faire, de se présenter, etc.) ainsi que le souligne Certeau dans "L'invention du quotidien"474(*) ? * 466 Groupe de camarades, micro-société (l.138), partage gigantesque (l.394-399) absence de contrainte, monde parfait (l.161) mais suivant des règles (hiérarchisé, l.280), sociale (aider les gens à problèmes, l.428-436) moment de détente (l.474, 150b). * 467 Cf. l.404, 66b, 68b-74b, 179b, 216b, 190b. * 468 « Je suis moi-même jeune à 27 ans », l.68-74. * 469 Rupture familiale (l.133b-138b) et peut-être besoin de reconnaissance professionnelle. Ce qui nous amène à nous demander si ses responsabilités professionnelles l'empêchent de s'extérioriser, s'exprimer et qu'il trouverait cela au Compu's Club. * 470 Cf. l.204b, 138, 229, 169, entre autres exemples. * 471 Secrétaire Adjoint, Secrétaire Général, Vice-Président et récemment Président de l'association (01-02). De plus il a fondé une nouvelle branche (LDM) dont il a pris le pilotage. * 472 Troisième entretien, l.138, annexe 8. * 473 Plus précisément de ce lieu en tant que non-lieu qu'est finalement la configuration. * 474 « L'écart entre les usages inventés et ceux constatés en posant l'existence de deux mondes, celui de la production, et de l'autre celui de la consommation ou des usages, perçus comme des pratiques inventives et créatives ». Certeau, M. (de), L'invention..., op. cit. |
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