CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre étude, nous constatons que le
département du Mbam-et-Inoubou comme la plupart des autres
départements du Cameroun souffre cruellement des problèmes
d'approvisionnement en eau potable. En effet, en dehors des centres urbains,
les infrastructures d'adduction d'eau potable sont variées : Sources
aménagées ou non, puits équipés ou non de pompes,
installations d'adduction d'eau autonome comprenant un forage, un château
d'eau et un réseau de distribution par bornes fontaines. Ces
infrastructures posent des problèmes de pérennité auxquels
se greffent ceux de la qualité de l'eau. Par ailleurs, certains hameaux,
notamment les plus reculés, sont complètement dépourvus de
tout dispositif d'approvisionnement en eau.
Face à l'incapacité de la politique actuelle
à fournir une eau de qualité et en quantité suffisante aux
populations, il convient d'explorer de nouvelles alternatives. C'est sur cette
nouvelle dynamique que s'est inscrite notre recherche. En effet, elle s'est
proposée de bâtir la nouvelle politique d'approvisionnement en eau
autour de l'intercommunalité.
Au terme de cette étude, nous constatons que toutes nos
hypothèses sont vérifiées. En effet, dans le
Mbam-et-Inoubou, le réseau SNEC ne couvre que 5 villes. Le milieu rural
n'est approvisionné que grâce aux ouvrages d'hydraulique
villageoise. On en dénombre 315. Malheureusement ceux-ci sont
inégalement répartis sur le plan spatial. 65 des 171 villages du
département sont entièrement dépourvus d'ouvrages d'AEP.
27 établissements scolaires sur les 198 que compte le département
sont approvisionnés en eau. Seules 16 formations sanitaires disposent
d'un dispositif d'AEP. Au final, le taux de couverture des besoins en eau en
milieu rural est de 30 % et de 5 % en milieu urbain. Les ouvrages d'hydraulique
construits dans le département sont inégalement repartis et ne
permettent par conséquent pas d'approvisionner la totalité de la
population.
L'absence de plate-forme de concertation regroupant tous les
acteurs de l'eau évoluant dans le département est un facteur qui
entrave l'augmentation du taux de desserte. En effet, Il n'existe aucune
synergie d'actions entre les différents acteurs du secteur de l'eau au
sein du département. Les actions et les interventions sur le terrain ne
sont pas coordonnées et concertées. Les différents acteurs
agissent en concurrents, ce qui entretient le climat de méfiance qui
règne entre eux. Il en résulte une inégale
répartition des points d'eau.
La multiplicité des modes de gestion de l'eau est
également un facteur limitatif de l'approvisionnement en eau potable des
populations. En effet, la gestion de l'AEP dans le
Mbam-et-Inoubou est plurielle. Chaque communauté a un
mode de gestion qui lui est propre. Ces modes de gestion ont des performances
différentes. Il en découle des problèmes de
pérennité des ouvrages d'AEP.
Tous ces résultats démontrent que la politique
actuelle de l'eau au sein du département présente
d'énormes limites. Il convient donc d'explorer de nouvelles
alternatives. Pour nous, l'approche intercommunale présente plus
d'avantages car elle permet entre autres de :
o fédérer les ressources humaines,
financières et techniques ;
o fédérer les acquis (apporter des réponses
collectives, globales et pérennes sur la base d'expériences
passées) ;
o promouvoir des formes de solidarité ;
o accroître la capacité de mobilisation des
ressources financières ;
o harmoniser les pratiques (règles et procédures
d'intervention) ;
o prioriser et planifier les interventions de façon
concertée (hiérarchisation des besoins, concertation entre
acteurs, etc.) ;
o promouvoir des mesures d'accompagnement spécifiques
pendant la phase
d'élaboration de la stratégie (IEC,
réhabilitation et réalisation d'ouvrages, etc.).
Cette approche est également la plus indiquée
dans la recherche de financement auprès des bailleurs de fonds
internationaux, dans la mesure où ces organismes sont beaucoup plus
enclins à financer des projets portés par des regroupements
communaux. Ces projets ont généralement plus d'impacts que ceux
portés de manière individuelle par des communes. Ceci est un
avantage certain étant donné que les municipalités du
département n'ont pas assez de moyens pour réaliser des actions
d'envergure.
Toutefois, la mise en oeuvre d'une telle approche
nécessite au préalable des pré-
requis :
Il faut commencer par faire un état des lieux de
l'approvisionnement en eau potable dans l'ensemble des 9 communes du
département du Mbam-et-Inoubou.
Il faut ensuite élaborer une stratégie
intercommunale mettant en relief :
o les objectifs à atteindre ;
o les principes phares de la stratégie ;
o le développement des services ;
o les modes de gestion qui marchent ;
o le contrôle de la qualité des services « Eau
» ;
o les mécanismes de financement (investissement et
exploitation) ;
o le suivi et l'évaluation pour améliorer les
pratiques ;
o les plans d'action.
Dans le cadre de ce travail nous avons proposé un
modèle de gestion intercommunale de l'eau. Ce modèle se veut
participatif et prend en compte le contexte sociologique de la région.
Etant donné la faible expertise technique et la faiblesse des moyens
logistiques et financiers des municipalités, une politique
intercommunale efficace devra passer par une délégation de
gestion des différents ouvrages d'approvisionnement en eau. Tout le
processus est soutenu par un ensemble de rapports contractuels qui lient tous
les différents acteurs de la filière au sein du
département.
Ce modèle est perfectible. Nous comptons travailler sur
son contenu, son fonctionnement et sa mise en pratique sur le terrain dans le
cadre d'une thèse.
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