La politique intercommunale de gestion de l'approvisionnement en
eau n'a pas de sens si elle ne s'inscrit pas dans la pérennité du
processus.
Si on se réfère à une étude du
programme pour l'eau et l'assainissement du PNUD et de la Banque Mondiale, pour
assurer la pérennité de l'approvisionnement en eau dans le
Mbam-et-Inoubou, il faut nécessairement prendre en compte certains
paramètres tels que:
· L'adoption d'une stratégie impulsée par
la demande. Ceci contribue à renforcer la pérennité du
système. Il ressort de nos investigations de terrain que la mobilisation
autour des ouvrages et partant leur pérennité, est nettement plus
élevée dans les communautés où les ménages
se sont prononcés en connaissance de cause sur l'opportunité de
construire un ouvrage d'AEP. C'est le cas des puits aménagés par
la CAFOR autour desquels on note une mobilisation accrue. En effet, leur mise
en place est le fruit d'un processus participatif où les populations
impulsent la demande, déposent une caution et en fonction des
données géophysiques de la région, décident du lieu
d'implantation de l'ouvrage au sein de la communauté.
· La demande des ménages qui doit orienter les
décisions d'investissement. La pérennité
est plus élevée lorsque la demande est exprimée
directement par les ménages, et non par l'intermédiaire des chefs
traditionnels, des représentants communautaires, des élites...
Parfois, ces intermédiaires ne vivent pas dans la
communauté et sont coupés des réalités du village.
Par ailleurs, les ouvrages qui résultent de ce type d'implantation sont
des facteurs de division, de lutte d'influences, de récupération
politique. Dans certains cas, en fonction de la position sociale du
médiateur et de sa personnalité, ils ne sont pas ouverts à
toutes les populations. C'est pourquoi il s'avère nécessaire de
développer une approche participative.
· La mise en place d'un organisme communautaire
responsable est une composante essentielle de la réussite. Il est
capital de mettre en place un organe de gestion de l'ouvrage. Cet organe doit
être motivé et performant afin de susciter chez les populations
une mobilisation autour du point d'eau
· L'IEC, la formation, l'organisation communautaire, la
qualité de la construction et les techniques employées
contribuent également à la pérennité du
système. Les populations doivent être informées sur la
nécessité de consommer une eau de qualité, et partant sur
l'importance de leur ouvrage d'AEP. Par ailleurs, former les ménages et
les comités de l'eau est un moyen pour améliorer la
pérennité en renforçant les capacités et
l'adhésion au projet.
· Les choix techniques et les niveaux de service doivent
être en adéquation avec le contexte sociologique et
économique du département. Il faudrait, par conséquent,
mettre en oeuvre des technologies robustes et peu coûteuses. C'est le cas
des forages équipés de pompes Volanta. Les moteurs
mécaniques des mini-réseaux SCANWATER, quant à eux, sont
difficiles d'entretien. Imposer des choix techniques et des niveaux de service
est un facteur de risques pour le système. Par ailleurs, lorsque les
choix ne sont pas liés aux prix, les ménages considèrent
les contributions comme un impôt plutôt que comme une expression de
la demande.
· La bonne gouvernance car les responsables ont
l'obligation de rendre des comptes aux membres de la communauté. Le
manque de responsabilité et de transparence dont ont fait preuve
certains organismes publics ou membres des comités de gestion a
entraîné une hausse des coûts, des retards
d'exécution et surtout la méfiance des membres de la
communauté. Il est donc déterminant de rétablir un climat
de confiance.
Face aux limites développées par le processus
actuel d'approvisionnement en eau potable dans le département du
Mbam-et-Inoubou, il serait judicieux d'explorer d'autres alternatives. La mise
en place d'un système intercommunal de gestion de l'AEP peut grandement
contribuer à améliorer la situation vécue. Dans le
contexte de décentralisation actuel, l'approche intercommunale permettra
aux différentes municipalités du département de faciliter
la fourniture de l'eau à leurs populations respectives.
L'intercommunalité vise une réponse globale à la question
de l'accès à l'eau dans le Mbam-et-Inoubou.