I-4 Taux de couverture des besoins en eau potable
Les deux principaux acteurs du secteur de l'eau au Cameroun
sont le Ministère de l'Energie et de l'Eau (MINEE), et la SNEC :
(Société nationale des eaux du Cameroun). Le département
du Mbam - et - Inoubou dispose de 3 stations de traitement d'eau potable et de
326 points d'eau communautaires (315 ouvrages et 11 bornes fontaines).
Les stations de traitement sont gérées par la
SNEC. La gestion des points d'eau ruraux incombe aux utilisateurs
(comités villageois), sous la supervision du MINEE.
Selon la grille du MINEE, l'Etat camerounais vise un objectif
de desserte de 300 personnes par point d'eau sur un rayon de 500 mètres.
Cependant au regard de la dispersion des populations, ces critères ne
sont pas mis en pratique. Ce qui entraîne la difficile évaluation
du taux de couverture. Le calcul des ratios s'est fait sur la base de la
population globale et du nombre d'ouvrages existants.
Tableau 6 : Nombre d'habitants par point
d'eau dans la zone d'étude11
Localités
|
Nombre de points d'eau
|
Nombre d'habitants
|
Nombre d'habts/pt d'eau
|
Bafia
|
83
|
113 137
|
1 364
|
Bokito
|
95
|
62 037
|
653
|
Deuk
|
33
|
12 049
|
365
|
Grand Ndikinimeki (Ndikinimeki, Makénéné
et Nitoukou)
|
73
|
39 351
|
539
|
Ombessa
|
31
|
60 290
|
1.945
|
Total
|
315
|
286 864
|
911
|
|
Source : Investigation de terrain
Avec une moyenne de 911 habitants par point d'eau, les
objectifs du gouvernement sont loin d'être atteints dans le
département du Mbam-et-Inoubou. Seules les localités de Deuk et
du Grand Ndikinimeki (Ndikinimeki, Makénéné, Nitoukou) se
rapprochent des
11 Les projections sont faites à partir des
données sur la population de 1996 fournies par le MINEE
objectifs poursuivis. Cette amélioration du taux de
couverture dans ces localités s'explique par la présence de
nombreux puits et sources aménagés. Les chiffres (cf. tableau 6)
ne sont qu'indicatifs car nous n'avons pas pris en compte les abonnés du
réseau SNEC (ce dernier est même relativement faible : environ 2
562 dans les 5 villes).
L'inégale répartition spatiale des ouvrages
d'AEP contribue a exacerber les difficultés d'accès à
l'eau potable au sein du département. Si l'on considère la
superficie globale du département en faisant abstraction des
réseaux d'AEP, on constate que le ratio est d'un point d'eau pour 2 200
hectares
Il serait plus judicieux d'évaluer la satisfaction des
besoins en eau non pas sur la base des 315 ouvrages mais plutôt sur celle
de 205 ouvrages qui sont actuellement exploités. Dans ce cas, le taux de
couverture passe à 1 399 habitants par point d'eau.
Par ailleurs, les données sur la population datent de
1995. En dix ans celle-ci s'est accrue, ce qui contribue à
accroître le nombre d'usagers par point d'eau.
Dans le département du Mbam-et-Inoubou, on
dénombre :
- 205 ouvrages exploités sur les 315. Parmi ces 205
points d'eau, 41 tarissent temporairement.
- 110 ouvrages soit 35 % sont non exploités
Le taux de couverture varie de la zone urbaine à la zone
rurale. I-4-1 Taux de couverture en milieu urbain
Dans les villes de Bafia, Bokito,
Makénéné, Ndikinimeki et Ombessa, la production
quotidienne initiale de l'eau par la SNEC était de 2 350 m3.
De nos jours, la baisse de rendement est estimée à 50 %. La
production journalière actuelle est de 1 175m 3.
Si on veut évaluer la consommation journalière
actuelle de chaque habitant du département, il faut au préalable
faire une projection. En effet, en 199612 la population urbaine
était de 76 556 habitants. Sur la base d'un taux d'accroissement annuel
de 2,9 %, la population du département en 2005 était de 99 018
habitants.
12 Les chiffres sur les populations sont extraits de
la base de données du MINEE qui a été mise à notre
disposition ainsi que les noms et la liste des différents villages.
Si on utilise les chiffres indicatifs de consommation
journalière des populations, (Ce dernier dépend de plusieurs
paramètres : importance et caractère de la localité
à desservir ; les habitudes des populations ; le climat...), la
quantité d'eau par habitant par jour communément admise pour les
villes de 5 000 à 20 000 habitants est de 150 à 200 litres.
Pour les villes de 20 000 à 100 000 habitants, cette
quantité varie de 200 à 300 litres par habitant par jour (Ces
besoins représentent l'eau de boisson, de cuisine, de nettoyage de la
vaisselle, de l'hygiène corporelle, des chasses WC, du nettoyage de la
maison et du lavage des linges). En prenant les moyennes de ces valeurs, le
taux de couverture en eau potable dans les villes du Mbam-et-Inoubou
présente des variations (cf. tableau 7)
Tableau 7 : Taux de couverture des
besoins en eau par habitant en zone urbaine
Ville
|
Population (estimation en 2005)
|
Consommation J / habitant
|
Consommation totale m3/j
|
Bafia
|
60 030
|
250
|
15 000
|
Bokito
|
5 454
|
175
|
954
|
Ndikinimeki
|
5 241
|
175
|
917
|
Makénéné
|
15 934
|
175
|
2 788
|
Ombessa
|
12 359
|
175
|
2 163
|
Total :
|
99 018
|
|
21 822
|
|
Source : enquête de terrain
Il est facile de constater que la production
journalière des stations de traitement de la SNEC est insuffisante. Le
taux de couverture global de la zone urbaine par la SNEC est proche de 5,5 %.
En conclusion, les besoins à couvrir restent très
élevés dans les villes du département.
I-4-2 Taux de couverture en milieu rural
Dans le département du Mbam-et-Inoubou, certaines
localités sont entièrement dépourvues d'ouvrages
d'approvisionnement en eau potable. En effet, 65 sur les 171 villages
du département en sont dépourvus. Le taux de
couverture des villages en eau potable est de 62 %13. La plupart des
communes, excepté celle d'Ombessa, sont couvertes à plus de 50
%.
120
100
40
20
80
60
0
Approvisionné
Non approvisionné
Source : Investigation de terrain
Fig 15 : Mbam-et-Inoubou : Taux de couverture des
villages en eau potable
Dans les zones rurales du département, la situation
est encore plus complexe. En effet, pour une population rurale estimée
à 209 41014 habitants en 2005, nous avons 205 points d'eau
fonctionnels. En prenant une base de 300 habitants par point d'eau, le taux de
couverture en eau potable est de 29,36 % dans les zones rurales du
département.
Cette situation est encore plus exacerbée si on prend
en considération la permanence de l'eau. En effet, certains ouvrages
tarissent en saison sèche. Les ouvrages qui sont le plus touchés
sont les puits aménagés. Il ressort de nos investigations de
terrain que les localités de Bafia et Deuk sont celles qui en souffrent
le plus. Ceci est parfois dû au choix de l'emplacement des forages
(à proximité d'autres puits traditionnels causant ainsi des
rabattements de la nappe ou alors des puits de faible profondeur).
13 Liste des villages et données sur la
population fournie par le MINEE
14 Projection faite à partir des
données sur la population rurale en 1996 (source MINEE)
Nombre
18
16
14
12
10
4
8
6
2
0
Communes
Points d'eau qui tarissent périodiquement
érie1
Source : Investigation de terrain
Fig 16 : Permanence de l'eau en fonction des
localités
Toutefois, la situation pourrait évoluer positivement
car un appel d'offre a été lancé par l'Etat pour la
réhabilitation totale des stations de traitement d'eau de 16 villes du
Cameroun parmi lesquelles Bafia et Ndikinimeki. Les travaux se feront en trois
phases : Electrification; équipement des pompes
électromécaniques, réhabilitation du réseau de
traitement. Les travaux de la première phase sont terminés
à Bafia.
Le gouvernement projette également de réaliser
un point d'eau (puits ou forage équipé d'une pompe manuelle) pour
toute agglomération de 300 à 500 habitants. Les
communautés de 2 500 à 5 000 habitants
bénéficieraient, quant à elles, de systèmes
d'alimentation en eau potable soit par gravitation, soit par pompage avec
traitement sommaire15.
Les structures publiques ont un faible taux de couverture en
eau potable. 27 établissements scolaires sur les 198 (175 écoles
primaires et 23 établissements secondaires) que compte le
département sont approvisionnés en eau potable.
Seules 16 formations sanitaires du département sont
approvisionnées en eau. Malheureusement 25 % des ouvrages de ces
structures sont en panne.
15 Étude diagnostique de l'eau du MINEE
CONCLUSION
Dans le département du Mbam-et-Inoubou, on distingue
plusieurs types d'ouvrages d'approvisionnent en eau potable. Dans les zones
rurales, les populations ont essentiellement recours aux ouvrages d'hydraulique
villageoise que sont les forages, les puits aménagés ou non, les
sources aménagées ou non et les mini-réseaux d'AEP. Ces
ouvrages qui sont inégalement répartis fonctionnent mal pour la
plupart. Il en résulte un déficit en terme de couverture des
besoins.
Dans les centres urbains, en dépit de la
prédominance du réseau SNEC, les ouvrages
décentralisés d'AEP sont bien utilisés. Tout comme dans
les zones rurales, on note un déficit en terme de couverture des
besoins. En somme, le département du Mbam-et-Inoubou fait face à
de sérieux problèmes d'approvisionnement en eau potable des
populations locales.
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