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Mesure de l'efficacité technique des banques commerciales de la CEMAC (Communauté Economique et monitaire de l'Afrique Centrale )

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par Leonnel KWAYEP DIMOU
Institut sous- régional de statistique et d'économie appliquée Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2007
  

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

L'objectif de ce mémoire a été d'évaluer empiriquement les niveaux relatifs d'efficacité technique de 24 banques commerciales de la CEMAC sur la période allant de janvier 2001 à décembre 2004, et de rechercher les facteurs de la gestion bancaire susceptibles d'expliquer les niveaux obtenus. Pour ce faire, nous avons estimé grâce à la méthode DEA, des scores mensuels d'efficacité technique de chaque banque sous différentes hypothèses de rendements d'échelle. Une fois ces scores obtenus, nous avons fait ressortir à travers l'estimation d'un modèle linéaire multiple, l'influence de certains ratios de la gestion bancaire sur les scores d'efficacité technique pure. Ce qui a permis d'aboutir aux résultats suivants :

v' Sous hypothèse de rendements constants, l'efficacité technique moyenne de l'ensemble des banques de l'échantillon sur toute la période de l'étude s'est établie à 0,369. Ce qui signifie qu'entre 2001 et 2004, ces banques n'ont produit en moyenne que 36,9 % de la quantité de crédits qu'elles auraient pu produire à partir de leurs ressources si elles opéraient toutes à rendements d'échelle constants. En d'autres termes, elles auraient pu accroître proportionnellement leur volume de crédit de 171 % en maintenant le niveau des dépôts constant si elles opéraient toutes à rendements d'échelle constants.

v' Sous hypothèse de rendements variables, l'efficacité technique moyenne s'est plutôt établie à 0,693 sur toute la période de l'étude. Ce qui veut dire que durant cette période, les banques n'ont produit en moyenne que 69,3 % de la quantité de crédits qu'elles étaient susceptibles de produire à partir de leurs ressources. Autrement dit, elles auraient pu accroître proportionnellement leur volume de crédits de 44,3 % en maintenant le niveau des dépôts constant.

v' C'est en septembre 2003 que les banques ont été le plus techniquement inefficaces. Elles n'ont produit en moyenne que 20 % de ce qu'elles auraient pu produire à partir de leurs ressources si elles opéraient toutes à rendements d'échelle constants.

v' Les banques ont beaucoup plus souffert entre 2001 et 2004 de problèmes d'inefficacité d'échelle que de mauvaises pratiques de gestion. Leurs sous productions sont beaucoup plus liées à un problème d'échelle sous optimale qu'à un problème de mauvaises pratiques de gestion. En effet, le score moyen d'efficacité d'échelle a été de 53,8 % sur toute la période tandis que celui d'efficacité technique pure reflétant les pratiques de gestion s'est établi à 69,3 %. Les pratiques de gestion des banques n'ont pas beaucoup variées durant la période de l'étude au regard de l'évolution des scores moyens d'efficacité technique pure.

v' Les banques gabonaises et camerounaises semblent avoir été dans l'ensemble les plus performantes dans la transformation de leurs ressources entre 2001 et 2004 dans toute la sous région.

1' Le risque encouru par les banques, évalué par la proportion des créances douteuses dans le total des crédits accordés est au centre du processus de transformation des ressources bancaires dans la sous région. En effet, plus les banques accumulent des créances douteuses, plus elles deviennent réticentes à octroyer des crédits.

1' La proportion des fonds propres dans l'ensemble des actifs des banques, semble également être un facteur clé dans le processus de transformation des dépôts en crédits. En effet, plus la part des fonds propres d'une banque dans ses ressources augmente, plus elle est efficace dans la transformation de ses ressources.

1' Une trésorerie pléthorique pour une banque pourrait s'interpréter comme la manifestation d'une inefficacité dans la transformation de ses ressources. En d'autres termes, plus la part de l'excédent de trésorerie dans les actifs d'une banque augmente, moins elle est efficace dans la transformation de ses ressources.

1' Une proportion de fonds propres dans le total des crédits élevée pour une banque semble être également la manifestation d'une inefficacité dans la transformation de ses ressources. Autrement dit, plus la proportion des fonds propres dans le total des crédits augmente, moins la banque est techniquement efficace.

Face à ces résultats, plusieurs axes d'actions sont envisageables pour l'amélioration de l'efficacité des banques dans la transformation de leurs ressources. Nous évoquons ici celles qui nous paraissent les plus importantes.

RECOMMANDATIONS

L'analyse des déterminants de l'efficacité technique pure montre que le risque encouru par les banques est au centre du processus de transformation des ressources bancaires en crédits. La crainte de ne pas pouvoir récupérer leurs créances serait le principal facteur qui justifie le comportement frileux des banques. Fort de ce constat, nous suggérons quelques mesures d'incitations à mettre en oeuvre pour une amélioration des niveaux d'efficacité technique des banques de la sous région à savoir :

v' L'amélioration du cadre juridique

L'amélioration du cadre juridique dans la CEMAC est primordiale pour redynamiser le processus de transformation des ressources bancaires. En effet, le montant élevé des frais de

justice, la lenteur des procédures juridiques de recouvrement des créances, la partialité des décisions de justice qui favorisent certains débiteurs au détriment des banques, l'impunité dont jouissent certains clients influents, la corruption régnant dans le milieu juridique, sont autant de facteurs qui entravent le processus de transformation des ressources bancaires en crédits. Tous ces facteurs susmentionnés font en sorte que les banques soient réticentes à financer l'activité économique bien que disposant suffisamment de ressources.

V' La mise en place d'outils appropriés d'évaluation du risque

Nous suggérons aux banques de mettre en place des outils appropriés pour l'évaluation du risque au lieu de s'abstenir à octroyer des crédits. Les banques devraient en réalité examiner minutieusement les demandes de crédits qu'elles reçoivent afin d'extirper du lot de ces demandes celles présentant moins de risque.

V' Le renforcement des fonds propres dans le total de l'actif des banques

Nous recommandons aux banques de toujours maintenir un niveau de fonds propres considérable dans leurs actifs. Pour ce faire, elles pourraient par exemple faire appel à de nouveaux actionnaires ou augmenter la part des bénéfices non distribués.

V' La création de structures pour l'élaboration de projets d'investissements bancables

L'une des raisons évoquées par la plupart des banques par rapport à leur comportement frileux est l'absence de projets d'investissements bancables et viables. En effet, les banques se plaignent que les projets d'investissements qui leur parviennent de la part des opérateurs économiques ne remplissent pas tous les conditions nécessaires pour être financés. Nous suggérons donc aux Etats de la CEMAC de promouvoir la création de structures pour l'élaboration de projets d'investissements bancables. Ces structures devraient accompagner les investisseurs potentiels dans le processus d'élaboration de leur projet d'investissement de la phase de conception du projet à la recherche des financements.

En définitive, il ressort de cette étude que malgré tout le processus de restructuration mis en oeuvre par les autorités monétaires pour assainir le secteur bancaire dans la sous région, la plupart des banques éprouvent encore des difficultés à transformer leurs ressources en crédits. La production de crédits bancaires dans la sous région reste encore inférieure à ce qui est techniquement possible. La vocation fondamentale des banques étant le financement de l'activité économique à travers des prêts aux agents économiques qui manifestent le besoin, beaucoup d'efforts restent encore à faire dans la sous région.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery