AVANT-PROPOS
L'ISSEA est un établissement public
inter-étatique créé dans le cadre des organismes
spécialisés de la CEMAC, ayant pour mission la formation et le
perfectionnement des cadres Statisticiens et Economistes de la sous
région. Il comprend trois cycles : le cycle des Techniciens
Supérieurs de la Statistique (TSS), le cycle des Ingénieurs
d'Application de la Statistique (IAS) et le cycle des Ingénieurs
Statisticiens Economistes (ISE).
Les étudiants de 4ème année du
cycle des Ingénieurs d'Application de la Statistique sont astreints
à rédiger et à soutenir publiquement un mémoire de
fin de scolarité. Ce mémoire qui marque le début d'une
initiation à la recherche, est l'occasion idoine pour eux de valoriser
les enseignements reçus durant leur formation.
C'est dans ce cadre qu'intervient le présent
document qui est le fruit de nos recherches sur le thème « Mesure
de l'efficacité technique des banques commerciales de la CEMAC ».
Le choix de ce thème se justifie par la place
prépondérante qu'occupe les banques commerciales dans les
économies de la sous région où les marchés
financiers existants sont encore dans un état embryonnaire. En effet, en
l'absence de marché financier, le financement de l'activité
économique provient essentiellement des crédits bancaires. C'est
conscient de cette réalité que nous avons voulu à travers
ce travail, apporter notre modeste contribution à l'évaluation
des performances techniques du secteur bancaire sous régional. Pour
parvenir à nos fins, nous avons eu recours à l'une des
méthodes les plus utilisées pour évaluer les performances
des unités de production notamment la méthode DEA (Data
envelopment analysis). Nous nous sommes donc attelés tout au long de ce
travail à mesurer empiriquement le niveau d'efficacité technique
des banques commerciales de la CEMAC et à détecter les
déterminants de cette efficacité.
L'oeuvre humaine étant entachée
d'imperfections, nous n'avons pas la prétention d'avoir cerné
tous les contours de ce sujet. Nous restons donc ouvert à toutes
critiques et suggestions visant l'amélioration de la qualité de
ce travail.
RÉSUMÉ
En Afrique Centrale, comme dans la plupart des pays en
voie de développement, les banques occupent une place de choix dans le
financement de l'activité économique à travers le
processus d'intermédiation financière. Leur rôle consiste
donc à collecter des ressources auprès des agents à
capacité de financement, pour les mettre à la disposition des
agents à besoin de financement à travers des crédits. Par
ce processus de transformation de leurs ressources, les banques concourent au
financement des investissements qui génèrent la croissance
économique. Depuis déjà une décennie, on assiste
dans la sous région à une situation où les banques
regorgent suffisamment de ressources et n'octroient que très peu de
crédits. Ce qui nous fait penser que les banques de la CEMAC semblent ne
pas gérer optimalement les ressources mises à leur
disposition.
L'objet de cette étude est d'évaluer
empiriquement sur la période allant de 2001 à 2004, les niveaux
d'efficacité technique de 24 banques commerciales dans la sous
région, et de détecter les principaux déterminants de ces
niveaux. La méthode DEA est utilisée pour estimer des scores
mensuels d'efficacité technique de chacune des banques de
l'échantillon sur toute la période. Les scores ainsi obtenus sont
régressés sur certains ratios de la gestion bancaire, afin de
détecter les variables sur lesquelles on pourrait agir, pour
améliorer l'efficacité des banques dans la transformation de
leurs ressources en crédits.
Les banques commerciales sur toute la période
de l'étude, n'ont produit en moyenne que 36,9 % de la quantité de
crédits qu'elles auraient pu produire à partir de leurs
ressources, si elles opéraient toutes à rendements
d'échelle constants. Sous hypothèse de rendements variables,
elles n'ont produit que 69,3 % de la quantité de crédits qu'elles
étaient susceptibles de produire à partir de leurs ressources.
Ces résultats confirment le fait que les banques produisent des
quantités de crédits inférieures à ce qui est
techniquement possible à partir des ressources dont elles disposent.
Leurs sous-productions sont beaucoup plus liées à un
problème d'échelle sous optimale qu'à un problème
de mauvaises pratiques de gestion. On constate également que les
pratiques de gestion des banques n'ont pas beaucoup varié durant la
période de l'étude. Ce travail révèle aussi que
plus les banques accumulent des créances douteuses dans leur
portefeuille de crédits, plus elles sont techniquement inefficaces. La
crainte de ne pas pouvoir récupérer leurs créances est le
principal facteur qui justifie le comportement frileux des banques. Un autre
résultat de cette étude est que plus les fonds propres d'une
banque deviennent importants, plus elle est efficace dans la transformation de
ses ressources en crédits. Par contre,
une trésorerie pléthorique pour une banque
pourrait s'interpréter comme la manifestation d'une inefficacité
dans la transformation de ses ressources.
Pour améliorer l'efficacité technique
des banques, plusieurs axes d'actions sont envisageables, notamment
l'amélioration du cadre juridique dans lequel évolue
l'activité bancaire, la mise en place par les banques d'outils
appropriés pour l'évaluation du risque, le
renforcement des fonds propres dans l'actif total des
banques et la création de structures d'appuipour
l'élaboration de projets d'investissements bancables.
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