Section 2 : ÉVOLUTION DU SYSTÈME BANCAIRE
DE LA CEMAC
Nous aborderons dans cette section l'évolution
du système bancaire de la CEMAC, de la crise des années 80
à la surliquidité systémique observée dans la sous
région, en passant par la politique de libéralisation
financière des années 90.
2.1 Crise et restructuration du système bancaire
Le système bancaire de la CEMAC a connu
à la fin des années 80, une crise dont la manifestation la plus
apparente a été la fermeture de nombreux établissements de
crédits. Cette partie a pour but de présenter les causes de cette
crise ainsi que les solutions adoptées pour y
remédier.
2.1.1 Les causes de la crise
On peut regrouper les facteurs à l'origine de la
crise en deux groupes : les facteurs externes et les facteurs
internes.
a. Les facteurs externes
Ils sont liés à la conjoncture
économique déprimée, à l'inefficacité du
dispositif de surveillance bancaire et aux défaillances du
système juridique.
La baisse des cours des matières
premières dont dépendaient la plupart des économies de la
sous région a créé un déficit au niveau du budget
de l'Etat. Pour combler ce déficit, le trésor public fait appel
au financement bancaire, accumulant ainsi la dette intérieure. L'Etat ne
pouvant plus honorer ses engagements, porte atteinte à la
liquidité bancaire, provoquant ainsi une réduction du niveau des
dépôts privés. Les banques ne pouvant entrer en possession
de la plupart de leurs créances, se retrouvent dans une situation
d'illiquidité et sont incapables de faire face à leurs
engagements vis-à-vis de la clientèle.
Par ailleurs, le dispositif de surveillance bancaire
mis en place ne jouait pas véritablement son rôle, n'usant pas de
son pouvoir de sanction pour remette sur les rails les banques en
dérapage.
Sur le plan juridique,le système était peu
favorable à l'activité bancaire, ce système étant
incapable de sévir face à des débiteurs
bénéficiant de protections politiques.
b. Les facteurs internes
Les facteurs internes étaient liés
à une mauvaise gestion des établissements de crédits.
Selon Mathis J. (1992), les erreurs de gestion sont de deux sortes à
savoir la distribution de crédit à des entreprises non rentables
et le gonflement excessif des frais généraux . En effet, les
banques prenaient des énormes risques en octroyant des crédits
sans étudier préalablement la
rentabilité des projets auxquels ils
étaient destinés. De plus, le gonflement des frais de personnel
par les organes dirigeants a eu des répercussions sur la
rentabilité des banques, en réduisant leurs marges
bénéficiaires.
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