La figure du père dans "Quelques adieux " de Marie Laberge. Discours de l'implicite et stratégies narratives( Télécharger le fichier original )par Massiva AIT OUARAB Université d'Alger - Licence de français 2011 |
IV. Le père dans son couple et au sein de sa familleLe comportement d'un père au sein de sa famille et de son couple, dépend de la culture à laquelle il appartient, dans certaines cultures traditionnelles, le père est perçu comme celui qui doit subvenir aux besoins de sa famille, d'être présent, d'éduquer ses enfants et de leur témoigner de l'affection. Cependant, la description que nous venons de faire n'est pas toujours vraie. Souvent, dans les familles conservatrices, le père est perçu comme un homme à caractère autoritaire, sévère avec qui la communication est impossible, et où le témoignage affectif est quasi absent. Le père adopte, donc, avec sa famille, une relation de pouvoir, de protection et de soumission, et son éducation réside de son autorité uniquement. De nos jours, le comportement du père a changé, mais pas dans toutes les sociétés : il est le résultat d'une mutation sociale et d'un dépassement des moeurs. On assiste à « l'émergence d'un nouveau type de père : un père aimant et représentant la loi à laquelle on adhère par amour et par raison (...) »234(*). Ces facettes du père que nous venons de citer, soit à travers le temps ou l'époque, soit par le biais des sociétés traditionnelles, nous les retrouvons dans Quelques Adieux, par l'intermédiaire d'indices textuels. Dans notre étude du personnage du père, nous remarquons qu'il « n'est qu'un signe, particulièrement valorisé par toute une tradition et une conception de la littérature, à l'intérieur d'un code donné, (...), assurant le fonctionnement d'un système (...) »235(*), c'est-à-dire, que la figure du père dans le roman de M. Laberge, n'est qu'un élément, cité et utilisé pour mettre en place toute une architecture romanesque, dont l'objectif est de transmette une réflexion et d'interagir avec le lecteur. Dans ce système, nous distinguons trois facettes du père, et donc, trois attitudes différentes, au sein de sa famille et au sein de son couple. Nous entreprendrons notre analyse, pour mettre en avant la première facette de la paternité, celle qu'a connue Elisabeth, auprès d'un père présent et responsable. Puis, nous enchaînerons sur la deuxième facette de la paternité, celle qu'a connue Anne et qui s'avère interrompue par la mort. Et enfin, nous terminerons avec la troisième facette de la paternité, relative à l'expérience de François et qui est placée sous le joug de l'irresponsabilité et de l'absence. 1. Un père entierIl s'agit de repérer tous les éléments, qui pourraient nous permettre de déterminer le comportement de la figure du père d'Elisabeth à travers le texte. Le roman ne donne aucune précision quant au comportement de ce dernier, le seul passage faisant allusion à lui, désigne un père responsable, présent, qui ne cherche que le bonheur de sa fille : « Son père lui avait confié (...) un supplément de voyage de noces (...) à la dernière minute pour lui dire qu'il la voulait heureuse. »236(*) En effet, cet extrait ne prétend pas affirmer notre hypothèse, néanmoins, il la sous entend. Ce personnage du père n'a d'autre désir que de voir sa fille heureuse, et cela signifie que ce souhait ne date pas, uniquement, du voyage de noces, mais il a toujours été présent dans son esprit. Et si Elisabeth est une femme équilibrée et optimiste, c'est parce que son père lui a permis d'avoir un foyer, une famille stable et normale. La mention de l'adjectif normale, a pour sens une famille qui serait constituée d'un père aimant et présent, et d'une mère aimante et présente. Cette normalité sera à l'origine de l'épanouissement de l'enfant et de l'adulte ; dans le cas contraire, c'est la famille qui disparaît. L'épanouissement d'Elisabeth, suggère un père ayant accomplit son devoir de mari, au sein de son couple, ce qui nous permet de déduire cela, c'est le fait, qu'une famille ne peut être normale que si, il y a entente entre les deux partenaires.
Donc, le rôle du père a été assumé, en entier, chez le personnage d'Elisabeth, cependant, tous les personnages ne jouissent pas de la même situation, parmi eux, Anne. * 234 - Sophia Mappa, Développer par la démocratie, Karthala, 1995, p.159. * 235 - Goldenstein, Pour lire le roman, De Boeck- Du culot, 1986, p43. * 236 -M. Laberge, Quelques Adieux, Boréal, 1992, p.255. |
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