La figure du père dans "Quelques adieux " de Marie Laberge. Discours de l'implicite et stratégies narratives( Télécharger le fichier original )par Massiva AIT OUARAB Université d'Alger - Licence de français 2011 |
2- Le trajet inverse d'une veuve : Dans la deuxième partieSelon A. Camus « La vérité vaut tous les tourments » Elisabeth, épouse de François Bélanger, en a fait l'expérience et désire plus que tout comprendre la trahison de son défunt époux ; pour cela elle mènera une enquête. A travers celle-ci, nous tenterons de reconstituer ses déplacements. Le récit nous conduit dans plusieurs lieux différents, dont le premier est le bureau de François. Ce dernier, gardait, précieusement, les devoirs d'Anne Morissette qu'Elisabeth finit par découvrir. Elle se pose des questions auxquelles elle ne trouve pas de réponse. Désireuse de connaître la vérité, elle raconte sa découverte à ses amis, Mireille et Jacques. Ces derniers, confirment ses soupçons. Cette réalité provoquée par les devoirs conservés, saisit Elisabeth d'angoisse. Elle se voit chercher des indices dans toutes les directions possibles, afin de retrouver la dite Anne Morissette. Et c'est à partir de cet instant qu'on la verra s'aventurer sur un terrain miné qui peut soit provoquer sa mort ou lui procurer la paix de l'esprit et de l'âme. Sous le choc, Elisabeth s'isole à la campagne. Ne parvenant pas à comprendre ce qui lui arrive, elle se perd volontairement dans un bois pour pleurer sa détresse, son désarroi. Après avoir accepté l'idée que son mari, mort d'un cancer, ne lui ait rien dit sur son aventure, elle entreprend des démarches pour en connaître les raisons. Elle rend visite à la meilleure amie de sa rivale, Hélène Théberge, mais à son grand regret, elle n'apprend rien sur l'endroit où se trouve Anne. Sa deuxième réaction sera d'aller à l'Université pour obtenir des informations, mais en vain. Troisième réaction, voir la tante Jacynthe au 1080 Laurier, qui fut une mère pour Anne, son adresse lui a été communiquée par H. Théberge. La tante explique les raisons qui ont poussées sa nièce à désirer un homme marié mais sans pour autant lui donner son adresse : « Anne aimait François mais ne pouvait pas supporter l'angoisse qu'un tel amour Provoquait. Anne allait à sa perte en aimant François. Elle le savait, mais N'arrivait pas à faire autrement. Et puis, François est mort peu de temps après (...). Anne est venue près de moi (la tante Jacynthe), on a parlé encore longtemps De François, d'elle, de son père, de son passé (...) »135(*) Fatiguée, Elisabeth rentre chez elle, mais elle garde l'espoir de retrouver Anne au 1080 Laurier, lors de la fête de noël. Pour la veuve, la maison de la tante représente son passeport vers la vérité. Nous pouvons enrichir cette topographie à travers une récapitulation de tous les espaces empruntés dans la deuxième partie de l'oeuvre, et cela dans le but de mieux en saisir le sens.136(*) La deuxième partie de l'oeuvre comporte trois chapitres, le premier a pour titre La déchirure, le second La quête et le dernier La fin. Ces derniers, vont nous permettre de retracer le parcours d'Elisabeth. D'abord La déchirure, ce chapitre nous renseigne sur la mort de François et sur les nouvelles préoccupations d'Elisabeth. Cette dernière, travaille dans le domaine social, une fois dans son bureau, elle pense à sa peine qui ne s'apaise pas après le décès de François, « sa douleur, elle ne l'analyse pas, elle la juge interminable »137(*). De retour chez elle, chemin Gomin, la veuve décide de faire le trie dans les affaires de son défunt époux. C'est à ce moment là qu'elle découvre son adultère. Elle se réfugie dans son lieu de travail et plus exactement dans son bureau. Tourmentée, ne sachant pas quel comportement adopter, elle se dirige vers la maison de campagne pour avoir les idées claires. Affolée, étouffée, la veuve éprouve le besoin de marcher à pieds, dans la neige, c'est alors qu'elle se perd dans un bois. Sauvée par Jérôme, son nouvel amant, elle regagne sa maison. Elisabeth décide de mener une enquête, sa première démarche sera d'aller se renseigner à l'Université. N'ayant aucune information, elle sollicite l'aide de Jacques et de Mireille. Puis La quête, dans ce chapitre Elisabeth obtient des informations sur la relation adultère de son mari, par l'intermédiaire de Jacques. Mais son envie de connaître la vérité n'est pas assouvie, elle veut rencontrer Anne. Avec l'aide de Mireille, la veuve obtient l'adresse d'Hélène Théberge, la meilleure amie de A. Morissette. Elisabeth va la voir, toujours insatisfaite parce qu'elle n'a pas pu retrouver la jeune étudiante, elle demande une adresse qui pourrait la mener vers elle. C'est alors, que le domicile de la tante Jacynthe, la marraine d'Anne, lui a été indiqué. Elisabeth se présente au 1080rue Laurier, elle rencontre la tante et découvre toute l'histoire, dans les moindres détails. Or, son désir de voir Anne ne s'apaise pas. Une fois chez elle, Elisabeth garde en tête l'idée de retourner chez la tante la nuit du 24 décembre afin de voir A. Morissette. Enfin La fin, où Elisabeth surveille la maison de la tante Jacynthe, la veille de Noël, et aperçoit Anne en sortir. Elle va à sa rencontre dans une épicerie. En la voyant, anéantie, vieillie et enceinte, elle décide d'enterrer son passé. Sa dernière destination après la Rue Laurier, est la maison de Jérôme, avec qui elle envisage un avenir. Cette première approche de l'espace est une étape informative en rapport avec les déplacements des personnages. Elle permet, également, de saisir une structure signifiante liée aux adresses énoncées, c'est-à-dire que chaque espace cité est prédisposé à être révélateur d'une information importante. Pour que la dimension signifiante soit mise en valeur, nous nous proposons d'examiner les capacités signifiantes de la localisation.
* 135 -Ibid, p.369. * 136 - Voir le schéma de l'annexe, p. 143 , 144. * 137 -Ibidem, p.237. |
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