4.10.3 Intérêt du CEF pour l'ADEAC
En insérant le CEF au sein de ses programmes, ADEAC
visait deux objectifs à savoir mieux estimer les besoins en intrants et
avoir une meilleure connaissance du fonctionnement et des performances des
Exploitations Familiales Agricoles (EFA) de sa zone d'intervention. Mais
l'étude a montrée que ses objectifs ont partiellement
été atteints. Pour une meilleure
appropriation de la démarche, il faudra un accompagnement
de l'ADEAC et de ses animateurs.
Le profil des animateurs de l'ADEAC reste encore faible par
rapport aux animateurs des zones cotonnières du Nord cameroun.
Cependant, ces animateurs sont aptes à faire le conseil sur le suivi
technique et économique des parcelles mais en ce qui concerne l'analyse
économique, ils ont besoin d'un niveau d'éducation plus
élevé. Donc pour une mise en oeuvre de la démarche,
l'ADEAC a besoin des animateurs ayant un niveau scolaire élevé
(au moins le BEPC comme ceux du PRASAC ou de la SODECOTON).
La rémunération des animateurs est un facteur qui a
favorisé la non application du CEF dans certaines zones de l'ADEAC, il
se pose donc une question de prise en charge des animateurs. Qui s'occupera
d'eux ? Est-ce les paysans ? Est-ce l'ADEAC ?ou alors les deux ? Pour
répondre à ces questions il serait plus aisé d'estimer le
gain annuel d'un conseiller ayant au moins le niveau du BEPC
Le coût annuel du conseil peut se décomposer en
coût direct (le conseiller et son déplacement) et en coût
indirect (les moyens mobilisés pour exécuter son travail). A ce
stade ne sont pas pris en compte les autres coûts que sont la formation
du conseiller et autre appui. En supposant que le conseiller a un salaire de
50000 FCFA/mois et possède une moto pour son déplacement d'un
hameau à l'autre. A partir de ces hypothèses on peut estimer le
coût annuel du conseil.
Coût direct :
Salaire du conseiller/an : 600.000 FCFA
Amortissement de sa moto 300.000 FCFA
Carburant et entretien de sa moto 400.000 FCFA
Sous-total 1.300.000 FCFA
Coût indirect
Carnets et documents divers 200.000 FCFA
Organisation des échanges et atelier 300.000 FCFA
Sous-total 500.000 FCFA
TOTAL 1.800.000 FCFA
D'après les résultats de l'enquête à
Akonolinga, chaque animateur encadre en moyenne 35 paysans. Sur cette base,
essayons de calculer le montant à payer par chaque paysan.
Coût par paysans en conseil (35 paysans membres) : 51.500
FCFA/an soit environ 4.300 FCFA/mois.
Vu le montant du revenu disponible (910.709 FCFA en moyenne) des
paysans et sa répartition entre les dépenses du ménage, on
remarque que les dépenses pour imprévus s'élèvent
à 32.300 FCFA et que leur épargne moyenne annuelle est de 7.835
FCFA. Suite à la répartition de ce revenu entre les
dépenses du ménage, les paysans d'Akonolinga ne seront pas
prêts à payer 51.500 FCFA /an pour le CEF. Par contre si le nombre
de paysan encadré par l'animateur augmente à 80 par exemple comme
estimer au Nord-Cameroun, chacun aura à payer environ 22.500FCFA/an.
Cette somme peut être prise en compte par les paysans d'Akonolinga car
elle est inférieure à la somme affectée aux
imprévus.
Après ces deux années d'expérimentation du
CEF, ADEAC n'est pas encore en mesure de prendre en charge le suivi des paysans
et des animateurs ; raison pour laquelle elle a besoin d'un appui technique et
financier.
|