C'est au Sénégal que les premières
expérimentations de cette méthode ont été
réalisées pendant la période 1973-1981. Ceci dans le cadre
des « Unités expérimentales du Sine Saloum » où
les chercheurs ont senti la nécessité de s'intéresser
directement aux problèmes de transfert de technologie dans le monde
rural. Pour répondre à cette préoccupation une
recherche-action a été lancée par une équipe
pluridisciplinaire de chercheurs. C'est ainsi que la méthode de conseil
de gestion développée par l'Institut Sénégalais de
la Recherche Agricole (ISRA) a permis l'élaboration des fiches, de
référentiels techniques, de modes de calculs prévisionnels
et la formation du personnel de la vulgarisation. Cette méthode
était un instrument de la politique agricole faisant partie d'un
ensemble de mesures gouvernementales en faveur de l'agriculture.
Au Mali par exemple, les actions de CdG mises
en place à partir de 1981 dans le cadre de la
recherche-développement ont produit de nombreux résultats dont
les principaux sont :
~ la mise au point d'une méthode standardisée
et simplifiée du conseil de gestion, utilisable par les paysans
eux-mêmes avec une grille d'interprétation, et susceptible de leur
indiquer les solutions possibles en fonction de l'analyse chiffrée de
l'exploitation; cette démarche est utilisée par la Compagnie
Malienne de Développement des Textiles (CMDT) ;
> la connaissance des possibilités et limites de la
méthode et de son aptitude à
résoudre les problèmes et besoins réels des
paysans.
En Côte d'Ivoire, c'est l'institut
agricole de Bouaké qui crée en 1982 une cellule de gestion des
exploitations agricoles (CGEA). Cette dernière met au point les outils
de CdG qui sont encore utilisés actuellement. La CGEA a apporté
son appui à une trentaine d'exploitations agricoles. Les premiers
bénéficiaires de cette opération étaient de jeunes
chefs d'exploitation du niveau ingénieur des travaux agricoles,
formés par l'Institut Agricole de Bouaké (IAB). En 1996 ces
activités de conseil ont été poursuivies par le projet 4
PR (projet pour la professionnalisation des producteurs de ruminants) qui en a
amélioré les outils. Ce projet a ensuite participé
à la mise en place de trois (03) centres de gestion à Korhogo,
à Bouaké et à Abengourou.
Ces centres ont pris le relais et poursuivi leurs
activités après l'arrêt de celles du projet 4 PR. En 1998,
le ministère de l'agriculture et des ressources animales et
l'association nationale des organisations paysannes de Côte d'Ivoire
(ANOPACI) ont organisé un atelier national sur le CdG comme outils de
vulgarisation. Suite à cela, l'agence nationale de développement
rural (ANADER), principal organisme de vulgarisation en Côte d'Ivoire,
retient le CdG comme une de ses méthodes d'intervention auprès
des exploitations agricoles. Les organisations paysannes optent
également pour le développement du CdG comme outil de
professionnalisation et de concertation.
Après les années 1990, le CdG a
été développé au Burkina Faso.
L'approche expérimentale visait tout autant
l'élaboration d'outils adaptés aux besoins des producteurs que la
mise sur pied d'une nouvelle technique de gestion en intégrant la
dimension économique dans la gestion (Faure et al.,
1996). Cette approche a permis d'entreprendre des actions de
formation pour les paysans, surtout en ce qui concerne le calendrier agricole.
Djoukam (2003), mentionne qu'au Burkina Faso, cette démarche a tout
d'abord concernée une quarantaine de villages dans le cadre d'une
opération pilote PDRIHKM (Projet de Développement Rural
Intégré des provinces du Houet, de la Kossi et du Mouhoun).
Au Bénin, c'est au début de
l'année 1995 que tout commence à la faculté des sciences
agronomiques (Université d'Abomey-Calavi), par le programme d'appui
à la formation professionnelle des agronomes (PAFPA). Ce programme,
soutenu par la coopération française, a développé
un volet dont l'objectif était de réaliser le conseil de gestion
auprès d'exploitants agricoles afin qu'ils puissent améliorer
leurs résultats en termes techniques et économiques avec, en
perspective, la création de centres de gestion des exploitations
agricoles (CGEA).
Aujourd'hui, le CEF ou CdG au Bénin est mis en
pratique : au sud par la CAGEA, qui accompagne environ 500 producteurs et au
nord par la cellule d'appui au développement du conseil en gestion
(CADG). Bien que fortement intégrées au marché, les
exploitations en CEF peuvent rencontrer des problèmes de gestion des
stocks vivriers pour l'alimentation familiale (cas fréquent au Nord
Cameroun) (Djomo, 2007). Le niveau de revenu peut être très
variable au sein des groupes d'exploitation CEF et entre les expériences
analysées. Les exploitations agricoles du Nord Cameroun (2 ha en
moyenne) disposent par exemple d'un revenu monétaire annuel de 200 000
FCFA à 250 000 FCFA en moyenne (Djamen en al., 2003) alors
qu'un producteur d'ananas béninois peut obtenir un revenu annuel
dépassant 1 million de FCFA.