UNIVERSITE DE DSCHANG UNIVERSITY OF
DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES FACULTY OF
AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS
Evaluation socio-économique de la démarche
de Conseil aux Exploitations Familiales
Agricoles mise en oeuvre par l'Association pour
le Développement des Exploitations Agricoles
du Centre (Akonolinga, Centre-Cameroun)
|
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par : Ngouambé Nestor
Matricule : 02A 106
UNIVERSITE DE DSCHANG UNIVERSITY OF
DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES FACULTY OF
AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS
Evaluation socio-économique de la démarche
de Conseil aux Exploitations Familiales
Agricoles mise en oeuvre par l'Association pour
le Développement des Exploitations Agricoles
du Centre (Akonolinga, Centre-Cameroun)
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par :
Ngouambé Nestor
Matricule : 02A 106
Superviseur : Co-superviseur :
Pr. Ongla Jean, PhD Pr. Tchouamo Isaac Roger,
PhD
Maître de Conférences Maître de
Conférences
Université de Dschang Université de Dschang
Encadreurs :
Michel Havard, Chercheur IRAD/CIRAD,
Yaoundé Bidzanga Nomo, Chercheur IRAD,
Yaoundé
Novembre 2008
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Le présent mémoire a été revu et
corrigé conformément aux observations du jury.
Visa du président du jury Visa du superviseur
Visa du Chef de département
Date : / /
DEDICACE
A ma tendre petite soeur Siantou Balbine Divine : que le Dieu
Tout Puissant la protège et lui accorde longue vie
REMERCIEMENTS
La mise sur pied d'un tel document ne peut être que
l'effort combiné de plusieurs personnes. A cet effet, mes remerciements
vont tout droit aux (à) :
- Professeur Ongla Jean, Maître de Conférences
à la Faculté d'Agronomie et des
Sciences Agricoles, Vice Recteur chargé des
Enseignements, de la Professionnalisation et du Développement des
Technologies de l'Information et de la Communication à
l'Université de Dschang, pour avoir accepté de superviser ce
travail ;
- Professeur Tchouamo Isaac Roger, PhD. Maître de
Conférences à la Faculté
d'Agronomie et des Sciences Agricoles de l'université
de Dschang, Chef de la Cellule de la Coopération Internationale,
Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, pour avoir
également accepté de co-superviser ce travail et surtout pour sa
disponibilité et ses nombreux conseils et critiques ;
- M. Michel Havard, chercheur à l'IRAD/CIRAD de
Yaoundé, pour m'avoir
donné l'opportunité de travailler dans le cadre
de ce projet et surtout pour son entière disponibilité, ses
remarques pertinentes et ses conseils. Je tiens ici à lui adresser toute
ma gratitude et ma reconnaissance ;
- M. Bidzanga Lucien, PhD, Chercheur à l'IRAD de
Yaoundé, pour les remarques
et critiques qu'il a apporté à ce document ;
- Tous mes enseignants de la FASA pour ce bagage intellectuel
qu'ils m'ont
permis d'acquérir ;
- Responsables de l'ADEAC, en particulier M. Ondoua Materne, M.
Minkoulou
Martin et M. Ze Evina Marius, pour leurs accueils et leur
disponibilité ;
- Mes parents, pour tous les sacrifices qu'ils ont consentis
durant ma formation ;
- Mon grand-père Monkam Louis-Marie, pour son appui
financier
- La famille Kameni Nestor et, particulièrement, à
ma tante Mme. Kameni Jeanne
pour son support financier durant mon séjour à
Yaoundé ;
- Mon oncle, M. Ngaleu Emile et son épouse pour leur appui
financier durant ma
formation à Dschang ;
- Mme Sinko Yvette, Mme Kameni Odette, maman Tiako Marie-Louise,
maman
Régine, Mlle Deugoué Jeannette, Mlle Mouanie
Edoxie, pour leur soutien moral et financier
- Ma grande soeur Monkam Philomène, qui m'a soutenu tant
moralement que financièrement ;
- Mon cousin M. Tchameni Kameni Stéphane, pour son soutien
moral, ses
conseils et les remarques qu'il a faites sur ce document ;
- Tous les animateurs des zones ADEAC, qui se sont rendus
disponibles pour me
guider sur le terrain ;
- Tous les paysans qui ont sacrifié leur précieux
temps pour répondre à mes
questions ;
- Mes amis Ayangma, Edima, Batulu, pour les remarques pertinentes
apportées à
mon travail, je vous adresse ici ma profonde reconnaissance ;
- Tous les étudiants de l'option Economie et Sociologie
Rurales promotion 2008,
pour m'avoir aidé à accomplir la tâche de
Délégué qui m'a permis de m'initier à la notion de
gestion des hommes ;
- Mes amis M. Nienga Frédéric Staffor, M.
Yangoué Michel pour m'avoir
remonté le moral pendant mes périodes de
désespoir en début de stage ;
- Mlle Djiedeu Horlie Victoire, pour avoir toujours
été à mes côtés à toutes
circonstances, je lui adresse ici ma profonde reconnaissance.
Tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué
à la réalisation de ce document dont les noms ne figurent pas
ci-dessus, recevez ici mes sincères reconnaissances.
TABLE DES MATIERES
Pages
Dédicaces i
Remerciements iiTable des matieres iv
Liste des tableaux viiListe des figures
viiListe des abreviations ix
Résumé xiAbstract xi1.1
Généralités 1
1.2 Problématique 3
1.3 Objectifs 6
1.4 Importance de l'étude 6
1.5 Hypothèses de recherche 6
1.6 Limites de l'étude 7
1.7 Organisation du mémoire 7
Chapitre 2. Cadre théorique, définition des
concepts et revue de la littérature 8
2.1 Cadre théorique 8
2.1.1 Théorie des approches de vulgarisation : la
construction et la diffusion des innovations 8
2.1.2. L'approche globale de l'exploitation 9
2.1.3. Le postulat de rationalité des décisions de
l'agriculteur 12
2.2. Définition des concepts 14
2.2.1. L'exploitation agricole 14
2.2.2. La gestion 15
2.2.3. Le conseil de gestion 16
2.2.4 Le conseil aux exploitations familiales (CEF) 17
2.2.5. Vulgarisation, innovation, adoption, diffusion et
perception 17
2.2.6. Le diagnostic de l'exploitation 19
2.2.7. Le concept d'évaluation 20
2.2.8. Mesure des effets et d'impact du conseil 21
2.2.9. Les conseillers au coeur du Conseil 22
2.3 Revue de la littérature. 26
2.3.1. Le CEF : historique, évolution, expériences
26
2.3.1.1 Historique et évolution du CEF 26
2.3.1.2 Quelques expériences du CEF en Afrique de l'Ouest
28
2.3.2. Le CEF au Cameroun, une expérience du PRASAC dans
la zone septentrionale. 30
Chapitre 3 : Méthodologie 33
3.1 Choix de la zone d'étude 33
3.2 Présentation de la zone d'étude 36
3.2.1 Situation géographique 36
3.2.2 Caractéristiques biophysiques de la zone
d'études 36
3.3 Présentation des activités de CEF
réalisées par le projet DURAS auprès de l'ADEAC
à
Akonolinga 39
3.4 Choix et taille des échantillons 41
3.5 Analyse opérationnelle des variables 42
3.5.1 Variables expliquées 42
3.5.2 Variables explicatives 43
3.6 Sources des données 44
3.7 Méthodologie de collecte des données 45
3.8 Réalisation des objectifs 45
3.9 Méthodologie d'analyse des données 47
3.9.1 La triangulation 47
3.9.2 L'approche statistique 47
3.9.3 Logiciel d'analyse 47
3.9.5 Outils d'analyse 47
Chapitre 4 : Résultats et discussion 48
4.1 Insertion du CEF au sein de l'ADEAC 48
4.1.1 Présentation de la structure ADEAC 48
4.1.2 Raisons d'insertion du CEF au sein de l'ADEAC 49
4.1.3 Insertion du CEF au sein des programmes et activités
de l'ADEAC 50
4.1.4 Application du CEF au sein de l'ADEAC 52
4.1.5 Activités réalisées dans le cadre du
conseil 52
4.2 Le CEF et l'animateur paysan 58
4.2.1 Profil des animateurs paysans à Akonolinga 58
4.2.2 Mise en place de la démarche CEF par les animateurs
à Akonolinga 59
4.2.2.1 Les activités de conseil mises en place 59
4.2.2.2 Facteurs limitant la mise en place de la démarche
CEF à Akonolinga 66
4.2.2.3 Evaluation de la capacité des conseillers à
maîtriser le CEF et sa démarche. 66
4.3 Caractérisation du CEF à Akonolinga 69
4.3.1Caractéristiques des exploitations en conseil
à Akonolinga. 69
4.3.2 Les exploitations et le CEF 71
4.4 Estimation des effets du CEF sur les exploitations agricoles
d'Akonolinga 78
4.4.1 Les effets qualitatifs 78
4.4.2 Les effets quantitatifs 79
4.5 Mesure de l'impact du CEF 83
4.5.1 Impact Social 83
4.5.2 Impact Technique 83
4.5.3 Impact économique 84
4.5.4 Impact environnemental 84
4.6 Perception du CEF à Akonolinga 85
4.7 Diffusion du CEF et possibilité d'adoption par les non
membres. 85
4.7.1 Expérience du CEF avec les paysans non membres 85
4.8 Test des hypothèses 87
4.9 Enjeux et perspectives du CEF à Akonolinga 91
4.9.1 Les potentialités agricoles de la zone
d'étude 91
4.9.2 Les potentialités locales en matière de
gestion des exploitations 91
4.9.3 Les attentes des conseillers et des paysans
vis-à-vis du CEF 94
4.9.3.1 Attentes des conseillers 94
4.9.3.2 Attentes des paysans 94
4.10 Discussion 95
4.10.1 Le conseiller au centre de CEF 95
4.10.2 Le CEF et les autres approches de vulgarisation 96
4.10.3 Intérêt du CEF pour l'ADEAC 97
4.10.4 Mise en évidence des critères d'estimation
des effets du CEF 99
4.10.4 Le CEF et la croissance pro pauvre 100
Chapitre 5 : Conclusion et recommandations 103
5.1 Conclusion 103
5.2 Recommandations 104
Bibliographie 106
Annexes 114
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 1: Variation de l'indice de production agricole et
alimentaire dans quelques pays d'Afrique central. 2
Tableau 2: Profil du conseiller en fonction des parties
impliquées 24
Tableau 3 : Les principales tâches et activités d'un
animateur/Conseiller 25
Tableau 4 : Quelques limites de la vulgarisation classique
(Training and Visit) 27
Tableau 5 : Projets de développement et de Recherches
à Akonolinga 38
Tableau 6 : Activités du CEF réalisées par
Duras auprès de l'ADEAC à Akonolinga 40
Tableau 7 : Taille de l'éhantillon des les zones
d'études 42
Tableau 8: Chronogramme des activités
réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga 50
Tableau 9 : Activités de conseil prévues dans le
programme renforcement des capacités
et leur niveau de réalisation 53 Tableau 10:
Activités de conseil prévues et réalisées dans le
programme agricole
de l'ADEAC 55 Tableau 11 : Activités prévues et
réalisées dans le programme de micro finance
de l'ADEAC .56
Tableau 12: Points essentiels de chaque module enseignés
dans les villages enquêtés 60
Tableau 13 : Chronogramme des activités dans chaque
village Erreur ! Signet non défini.
Tableau 14 Caractéristiques des exploitations
enquêtées à Akonolinga 69
Tableau 15: Comportement des exploitations des zones
d'étude vis-à-vis du CEF 71
Tableau 16: Performance fin 2007 des exploitations après
application du CEF 79
Tableau 17 : Exemple d'élaboration du bilan et estimation
du revenu des paysans en CEF 81
Tableau 18: Répartition du revenu disponible entre les
dépenses au sein du ménage. 84
Tableau 19: Comparaison du Traning and Visit system,du CEF et du
FFS 25
LISTE DES FIGURES
Pages
Figure 1 : Approche globale de l'Exploitation Familiale Agricole
11
Figure 2 : Fonctionnement globale de l'exploitation agricole
familiale 13
Figure 3: Démarche progressive d'aide à la
décision. 32
Figure 4 : Carte de localisation de la zone d'étude 33
Figure 5 : Carte de localisation d'Akonolinga 34
Figure 6 : Carte de localisation des villages d'étude
35
Figure 7: Module parfaitement maîtrisé par les
animateurs 68
Figure 8: Points essentiels traités dans le module suivi
tehnique dans les zones 74
Figure 9: Points essentiels traités par les paysans dans
le module analyse économique 76
Figure 10: Entretien des paysans membres sur le CEF avec les
paysans non membre
dans chaque zone 86
Figure 11: Changements des pratiques agricoles par les paysans
non membre. 87
Figure 12: Perception des effets du CEF par les paysans. 90
Figure 13: Action du CEF sur la réduction de la
pauvreté. 100
LISTE DES ABREVIATIONS
ACEFA : Amélioration de la
Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
ADEAC : Association pour le Développement des
Exploitations Agricoles du Centre
AE : Analyse Economique
Afdi : Agriculteurs Français de
Développement International AGR: Activités
Génératrices de Revenus
APROSTOC : Association des Producteurs,
Stockeurs de Céréales BAD : Banque Africaine de
Développement
CARPE : Programme Régional de l'Afrique
Centrale pour l'environnement CdG : Conseil de Gestion
CDRS-AC : Centre de Développement Sous
Régional pour l'Afrique Centrale
CEF : Conseil aux Exploitations Familiales
CEPE : Certificat d'Etudes Primaires et
Elémentaire CMEC : Caisses Mutuelles d'Epargne et de
Crédit
CVECA : Caisse Villageoise d'Epargne et de
Crédit Autogéré CIFOR : Center for
International Forestry Research
CIRAD : Centre de Coopération
Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
DDADER : Délégation
Départementale du Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
DPGT : Développement Paysannal et Gestion
des Terroirs
DURAS : Développement Durable dans les
Systèmes de Recherche Agricole du Sud
FAO : Food and Agriculture Organization
FASA : Faculté d'Agronomie et des
Sciences Agricoles FCFA : Franc de la Communauté
Financière Africaine FFS : Farm Field School
FNE : Fonds National de l'Emploi
FSLC : Fisrt School Leaving Certificate
GT : Gestion de la Trésorerie
ICRAF : World Agroforestry Center
IIED : International Institute for Environment
and Development IMF: Institution de Micro Finance
IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le
Développement
MINADER : Ministère de l'Agriculture et
du Développement Rural MINATD : Ministère de
l'Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINEPAT : Ministère de l'Economie, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire MINEPIA
: Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales
MINERESI : Ministère de la Recherche
Scientifique et de l'Innovation ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PFNL : Produits Forestiers non Ligneux
PNDP : Programme National de
Développement Participatif
PNDRT : Programme National du
Développement des Racines et Tubercules PNVRA :
Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricoles
PPC : Plan de Prévision des Campagnes
PPTE : Pays Pauvre Très Endetté
PRASAC : Pôle Régional de la
Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique
Centrale
SA : Sécurité Alimentaire
SAILD: Service d'Appui aux Initiatives Locales
Pour le Développement SODECAO : Société
de Développement du Cacao
SOS Vert : Association pour l'économie
solidaire de Développement Vert SPSS : Statistical
Packages of Social Sciences
ST : Suivi Technique
UA: Unité d'Accumulation
UC : Unité de Consommation
UDs : Université de Dschang
UP : Unité de Production
UR : Unité de Résidence
Résumé
Le Conseil aux Exploitations Familiales (CEF) est une nouvelle
approche d'appuiconseil aux agriculteurs initiée au Nord-Cameroun en
1998 par le biais du Pôle Régional de la Recherche
Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale
(PRASAC). Les bonnes performances enregistrées dans cette partie du
Cameroun ont amené le Projet Duras à étendre cette
approche dans le « grand Sud » du pays. Testé depuis 2006 par
l'ADEAC à Akonolinga, le CEF a pour objectif de susciter la
réflexion chez les paysans afin de les amener à bien gérer
leurs exploitations. Après deux années d'expérimentation,
il est important de faire un bilan des activités et estimer ses effets
sur les exploitations.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos,
Ndéllé et Ondeck) de la zone d'intervention de l'ADEAC
(arrondissement d'Akonolinga) où le CEF a été
expérimenté ont été retenus comme sites pour cette
étude. Notre échantillon était constitué 72 paysans
choisis au hasard dans les villages d'études, des 6 animateurs de ces
villages et de quelques responsables de l'ADEAC. Les données primaires
ont été collectées à l'aide de questionnaires
auprès des paysans et de guides d'entretien auprès des animateurs
et responsables d'ADEAC. Les statistiques descriptives (moyenne, pourcentage,
etc..) ont été utilisées pour l'analyse des données
des questionnaires à l'aide du logiciel SPSS et la méthode de
triangulation pour l'analyse des données des entretiens.
La monographie de l'ADEAC montre que les activités du
conseil sont complémentaires des programmes agricoles, de renforcement
des capacités et de micro finance de l'ADEAC. Les entretiens montrent
que les animateurs de la zone ADEAC sont des jeunes (en moyenne 37 ans), tous
sont titulaires du CEPE et que 75% parmi eux ont effectivement mis en oeuvre
les activités de CEF auprès des paysans sur l'un des modules
enseignés (plan de prévision des campagnes, suivi technique et
analyse économique). Les enquêtes montrent que les paysans
formés ont en moyenne 39 ans, sont scolarisés et tous ont mis en
oeuvre quelques connaissances acquises. Un changement de pratique et une
amélioration des performances techniques et économiques des
activités touchées par le CEF sont mis en évidence chez 90
% des paysans. En effet, ils ont développé la culture pure,
respectant les écartements entre les plantes, ont élaboré
leurs bilans et budget des activités et ont mieux organisé leur
travail. Quatre vingt sept pourcent des paysans discutent du CEF au village
dans les clubs de « vin fort » ou lors des visites de courtoisie chez
les voisins et/ou les membres de la famille. Tous affirment connaître au
moins un paysan non membre qui a changé de posture (adoption de la
culture pure, respect des écartements entre les plants, la
prévision de campagne agricole). Ce dernier le faisant pour
satisfaire sa curiosité (61 %) ou parce qu'il a
été témoin du changement apporté chez les membres
(39 %).
Le CEF à Akonolinga, apparaît comme une approche
de développement adaptée à la situation du paysan mais qui
n'est pas encore été bien appropriée par les
différents acteurs impliqués (responsables et animateurs ADEAC,
paysans). Comme dans d'autres régions où a été
testé le CEF, l'appropriation de cette démarche demande du temps
pour l'apprentissage mutuel des animateurs et des paysans de cette nouvelle
façon de travailler. Elle montre aussi que le niveau des animateurs
paysans est insuffisant. Elle montre enfin qu'un accompagnement de l'ADEAC est
nécessaire pour faciliter l'appropriation et la diffusion du CEF. Il
s'agit principalement d'organiser des ateliers de renforcement des
capacités du dispositif ADEAC sur cette approche, et plus
particulièrement sur la maîtrise des outils et
l'élaboration de nouveaux modules de CEF en partenariat avec les
producteurs.
Abstract
Reinforcing producer's capacity (CEF) is a new extension
approach initiated in North Cameroon in 1998 through « Pôle
Régional de la Recherche Appliquée au Développement des
Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC) ». The best results obtained in that
part of the country have led the Duras Project to extend that approach in the
Southern part of the country. Tested in Akonolinga in 2006, the purpose of this
approach is to stimulate discussion among farmers and to improve their farm
management practices. After two years of assisting farmers, it seems important
to assess what have been achieved for them and estimate the impact.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos,
Ndéllé, and Ondeck) of the Akonolinga subdivision where CEF was
experimented were retained as the sample areas for the study. Seventy two
farmers benefiting from the CEF approach were randomly selected, six animators
and the managers of the «Association pour le Développement des
Exploitations Agricoles du Centre (ADEAC)» project were interviewed. Data
were collected using a questionnaire addressed to farmers, and interview guide
addressed to animators and the managers of ADEAC project. Descriptive
statistics (means, percentages ect...) were used to analyse the data using SPSS
software and triangulation method was also used to analyse the data of
interview guides.
The monography of ADEAC show that, CEF activities are
complementary to the programmes (agricultural program, capacity building
program and micro finance program) of ADEAC. Interview with animators reveal
that, animators in the study area are young (37 years old), all hold FSLC and
seventy five percent of them have effectively been trained on one of the
modules (crop season prevision plan, farming system, economic analysis) of
CEF.
An analysis of these results showed that, farmers who
benefited from the training are average 39 years old, are educated and they
have all applied what they have learned in their farms. A relative change due
to CEF activities was observed in 90 % of the farmers in terms of their farming
system practices, agricultural techniques and economic analysis. In fact they
developed mono cropping practices, determined distance between plants,
established their farm budget, better organised their work. Eighty seven
percent of them often discuss about the CEF approach with non members when they
are drinking in «club de vin fort» or at home during a visit to a
neighbour or a family member. The farmers declared that, they know at least one
non member who has improved on his farming practices after discussion (adoption
of mono cropping, respect of distance between plants, plan their crop season).
Those non members
brought these changes because they wanted to either satisfy
their curiosity (61 %) or because they have witnessed the changes in the
farming practices of the members (39 %).
CEF in Akonolinga appears as a developmental approach adapted
to the farmers' situation but which is not yet well appropriated by the actors'
concerned (managers of ADEAC, animators and farmers). As in other areas where
CEF were experimented, appropriation of this new approach need a lot of time
(relative time) for mutual learning between animators and farmers. Results also
showed that, the level of education of animators is insufficient. At the end,
it is necessary to reinforce the capacity of ADEAC in order to facilitate the
appropriation and diffusion of CEF. Principally, it is important to organise
trainings to reinforce the capacity building of ADEAC around the organisation
about CEF and particularly on the assimilation of tools used and elaboration of
new topics on CEF in partnership with farmers.
Chapitre 1 : Introduction
1.1 Généralités
Au début des indépendances, l'Afrique, au
même titre que l'Asie, avait des atouts pour assurer son
développement de façon durable, en particulier, des atouts
provenant du secteur agricole car l'économie de la plupart des pays
africains était basée sur l'agriculture. La FAO (2005), souligne
que jusqu'en 2002, le secteur agricole camerounais contribuait pour 45 % au
Produit Intérieur Brut (PIB) et employait 62 % de la population
active.
Mais au cours des années 80, les économies des
pays africains ont commencé à chuter. Kamajou (1992) et Vennetier
(2000), rapportent que le taux de croissance des pays africains est
passé de 1,2 entre 1960 et 1970 à 0,9 entre 1970 et 1980 et est
même descendu jusqu'à - 3,4 entre 1980 et 1984. Alors qu'en Asie,
déjà en 1980, leur PIB contribuait pour 12 % au PIB mondial et
qui aujourd'hui contribue à l'ordre de 34 %. La chute drastique du PIB
des pays africains marquait ainsi le début de la crise
économique. Kamajou (1992) et Tchassa (2008) estiment que la
détérioration des termes de l'échange, la chute des cours
mondiaux des produits de base (cacao, café, coton) et l'insuffisance de
l'aide internationale étaient les principales causes.
Face à cette situation de crise, les Etats africains
n'étaient plus capables d'honorer leurs engagements (contrôle des
prix, subvention des intrants, octroi du crédit agricole). Pour
surmonter cette crise, les gouvernements n'ont eu comme solution que d'avoir
recours aux propositions de réforme des institutions de Bretton Woods
notamment la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International
(Kamajou, 1992). Ces propositions encore appelées Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) étaient entre autres centrées sur
la libéralisation de l'économie (notamment du secteur
commercial), la réduction des dépenses publiques et l'arrêt
des subventions. L'application « non contrôlée » de ces
programmes s'est traduite par des troubles socio-économiques dans
certains pays.
Au Cameroun en particulier, on a assisté à une
augmentation considérable du taux de chômage, une réduction
de la masse salariale, une réduction de la production nationale ayant
pour conséquence la baisse du revenu des paysans (Dipoko, 2001 ;
Dugué et Faure, 2001 ; et Tchassa, 2008). Kamajou (1992) et Hakim (2002)
soulignent qu'entre 1970 et 1998, la production agricole africaine a
chuté considérablement. Hakim (2002) précisera d'ailleurs
qu'au Cameroun par exemple, l'indice de production alimentaire et agricole a
subi de fortes variations comme indiquées au Tableau 1. Cette baisse de
production a entraîné la baisse du
revenu des paysans et l'augmentation de
l'insécurité alimentaire (Abakachi, 2001). Tout ceci
a eu pour corollaire l'augmentation du niveau de pauvreté
en milieu rural (Fouda ,2002). Tableau 1 : Variation de l'indice de
production agricole et alimentaire dans quelques pays d'Afrique
centrale
|
Indice de production alimentaire (par
habitant)
|
Indice de production agricole (par
habitant)
|
Pays
|
970
|
980
|
990
|
995
|
996
|
997
|
998
|
970
|
980
|
990
|
995
|
996
|
997
|
998
|
Cameroun
|
20
|
10
|
9,9
|
00
|
04
|
5
|
4
|
21
|
11
|
9
|
6,9
|
00,9
|
5,5
|
4
|
Congo
|
24
|
07
|
01,2
|
8,2
|
6,9
|
4
|
2
|
25
|
09
|
01
|
8
|
6,6
|
3,2
|
1,8
|
Gabon
|
12
|
09
|
8,2
|
0,3
|
9,7
|
8
|
6
|
11
|
08
|
8
|
0,8
|
0,3
|
8,7
|
6,5
|
Guinée Equatoriale.
|
59
|
42
|
01
|
6,9
|
3,8
|
7
|
4
|
16
|
41
|
01
|
0,4
|
4,5
|
7,3
|
3,6
|
RCA
|
0,4
|
01
|
9,6
|
02
|
14
|
08
|
03
|
8,9
|
02
|
00
|
9,5
|
13,8
|
08,5
|
03,2
|
Sao Tomé et Principe
|
37
|
42
|
6,4
|
13
|
11
|
11
|
09
|
39
|
43
|
7
|
12,9
|
10,6
|
11,2
|
08,8
|
Tchad
|
31
|
16
|
1,3
|
05
|
7,8
|
9
|
6
|
25
|
09
|
2
|
02,1
|
00,6
|
01,1
|
8,3
|
Source : Hakim. (2002 : 3)
Dans ce contexte économique et social marqué par
l'augmentation de la population, la fluctuation des prix des produits agricoles
et alimentaires, l'augmentation des besoins de bases des exploitations
familiales,et surtout le désengagement de l'Etat de nombreuses fonctions
d'appui aux producteurs ainsi que l'émergence des organisations
paysannes (OP), l'Etat et d'autres structures de développement doivent
renforcer les capacités des paysans en vue d'augmenter la production
agricole (Balkissou, 2003 ; Faure et al., 2004). C'est à ce
sujet que de nombreux États africains ont adopté des programmes
de vulgarisation type "Formation et Visites" pour la diffusion des innovations
techniques (Balkissou, 2003). Mais aujourd'hui, ces programmes basés sur
le renforcement des appareils administratifs et un transfert de technologies
standardisées ne sont plus fonctionnels dans leur grande majorité
et les dispositifs de vulgarisation disparaissent progressivement
(Inter-réseaux, 2007).
L'une des causes de la disparition de cette approche de
vulgarisation est sa méthode caractérisée de « top
down » car elle ne prenait pas en compte les besoins réels des
paysans pour qui l'innovation était construite (Havard et al.,
2001 ; Faure et al., 2004 ; Lapbim et al., 2006). D'ailleurs,
Tchouamo et Steele (1997), Lapbin (2005) rapportent que seuls 30 % des paysans
de l'Ouest-Cameroun ont estimé être satisfaits par cette
approche.
Ondoa (2006) souligne que dans le cadre de la
définition des nouvelles politiques agricoles en vue de la relance de
l'économie et surtout la lutte contre l'insécurité
alimentaire
qui domine en Afrique, on a assisté au Cameroun
à une restructuration réussie de certaines entreprises publiques,
l'adoption de nouvelles lois régissant le mouvement coopératif,
la promotion des organisations interprofessionnelles agricoles, la
libéralisation de la commercialisation des produits agricoles, le
développement des systèmes de micro-finance, la mise en oeuvre
d'une nouvelle démarche de vulgarisation agricole, la
libéralisation du commerce des intrants agricoles, la mise sur pied de
divers projets d'appui à la consolidation des organisations paysannes et
à l'amélioration de la sécurité alimentaire.
Selon Mohamed et al. (2007), des institutions de
recherche et de développement en Afrique de l'Ouest et du Centre ont
testé et développé de nouvelles méthodes d'appui
aux producteurs. Ces dernières sont basées sur
l'élaboration de conseils à l'exploitation familiale favorisant
la participation des producteurs. Parmi elles, celles relatives au conseil de
gestion, mises en place dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre
(Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire et Mali.) et ayant
mobilisé des producteurs (de quelques dizaines à plusieurs
milliers selon les cas), des organisations paysannes, des ONG et des structures
étatiques (Inter-réseaux, 2007).
Appliquée au Cameroun d'abord dans la région
septentrionale par le biais du Pôle de Recherche Appliquée au
Développement des Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC), l'approche
conseil aux exploitations familiales (CEF) s'étend timidement dans
d'autres zones agro écologiques du pays. Elle sert de
référence au programme : « Amélioration de la
compétitivité des exploitations familiales agropastorales »
(ACEFA) du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural
(MINADER) et du Ministère de l'Elevage, des Pêches, et des
Industries Animales (MINEPIA) mis en oeuvre en 2008. A l'initiative du MINADER,
et avec la collaboration des OP, des réflexions sont en cours sur la
place et le rôle du conseil agricole dans les politiques agricoles
(MINADER et MINEPIA, 2007).
1.2 Problème
Sous l'impulsion des bailleurs de fonds parmi lesquels la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, l'Etat camerounais
s'est désengagé de plusieurs fonctions d'appui à
l'agriculture (approvisionnement en intrants et crédit) et a
supprimé les subventions. Ce désengagement est dû à
la chute des cours mondiaux des produits de rente couplée à la
dévaluation du franc CFA en 1994. Ceci a donc causé une
réduction de la production agricole et alimentaire, une augmentation de
l'insécurité alimentaire et une augmentation de la
pauvreté (Dipoko, 2001). Selon Faure et al. (2004), cette
situation peut s'améliorer grâce à une modernisation de
l'agriculture dite « traditionnelle ». Cette modernisation se fera,
comme
le précisent Daouda (2002), Djoukam (2003) et Havard et
al. (2007), par une professionnalisation des agriculteurs.
Kamajou (1985), pensait que la disponibilité du capital
constituait un frein à la modernisation de l'agriculture
(professionnalisation des agriculteurs). Or pour Fouda (2002), malgré
l'émergence des Etablissements de Microfinance (EMF) au Cameroun qui
mettent le capital à la disposition des paysans, plusieurs exploitations
agricoles pratiquent encore l'agriculture traditionnelle. Des études
menées sur les performances des Mutuelles Communautaires de Croissance
(MC2) montrent que la non atteinte des objectifs sociaux
(amélioration du niveau de vie des paysans) serait due à un
manque de suivi du crédit octroyé de la part des EMF et à
une mauvaise utilisation ou, encore mieux, à une mauvaise gestion du
crédit obtenu par les paysans (Balep, 2005). Legile et al.
(2002), pensent que la professionnalisation des agriculteurs sera rendue
possible par une maîtrise du fonctionnement global de l'exploitation et
de sa gestion (gestion des facteurs de production, gestion de la
trésorerie, gestion des stocks, maîtrise de la
sécurité alimentaire et élaboration du plan de la campagne
agricole). Pour Fouda (1998) la gestion et le fonctionnement des exploitations
familiales sont souvent rendus complexes à cause des difficultés
rencontrées lors des prises de décision.
Ainsi, Legile (2002) et Legile et al. (2003),
considèrent donc que le CEF est non seulement une démarche d'aide
à la prise de décision de l'agriculteur, mais aussi un outil de
professionnalisation adapté à la situation des paysans surtout en
ce qui concerne la gestion de leurs activités grâce à son
modèle de « prévision de campagne ». C'est pour cela
que le CEF est dès lors devenu une nouvelle approche de vulgarisation
visant à améliorer les performances technico-économiques
des paysans, le niveau de vie familiale et à consolider de la
cohésion et de la stabilité sociale (Halley et al.,
2006). La capacité d'auto-analyse est déterminante dans le
processus de professionnalisation conduisant les paysans à mieux
gérer leurs exploitations et percevoir les changements (Djamen et
al., 2002). Ceci s'explique par le fait que la plupart des
exploitations ont une gestion incertaine car la prévision des campagnes
à venir est rare, poursuivent les mêmes auteurs.
Testé au Nord-Cameroun depuis 1998 par le PRASAC en
partenariat avec l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement
et le DGPT, le CEF est expérimenté depuis trois ans par la
Société de Développement du Coton au Cameroun (SODECOTON).
Depuis 2006, cette approche est aussi expérimentée à
Akonolinga dans le cadre du projet promotion du Développement Durable
dans les Systèmes de Recherche Agricole du Sud (DURAS) intitulé
« Innovations et savoirs paysans dans les pratiques de gestion des
écosystèmes forestiers
humides d'Afrique de l'Ouest (Ghana, Guinée) et du
Centre (Cameroun) : diversification des systèmes associant cultures
pérennes et vivrières », en partenariat avec
l'Association pour le Développement des Exploitations Agricoles du
Centre (ADEAC) en vue d'améliorer les performances des agriculteurs de
cette région dont le revenu est essentiellement basé sur les
cultures du cacao, du macabo, de la banane plantain et du manioc.
Ainsi, en Mars 2006, deux chercheurs de l'IRAD ont
organisé des ateliers de formation avec les animateurs paysans de
l'ADEAC portant sur la programmation prévisionnelle des campagnes et le
suivi technico-économique des exploitations par les paysans. Plus tard
en Novembre 2006, s'appuyant sur les principes d'une démarche de conseil
à l'exploitation familiale développée au Nord-Cameroun,
deux journées de discussion ont été organisées au
siège de l'ADEAC à Akonolinga regroupant deux chercheurs de
l'IRAD, deux agents de coordination de l'ADEAC et onze animateurs paysans de
l'ADEAC. Après ces journées de discussions, les animateurs
paysans de l'ADEAC ont mis en oeuvre des activités d'aide à la
décision dans plusieurs villages de leurs zones d'interventions. Il
s'agissait principalement pour ces animateurs d'aider les paysans et les
groupements villageois à mieux évaluer leurs besoins en semences,
en intrants, en produits phytosanitaires, et en main d'oeuvre. Ceci en vue de
permettre une meilleure évaluation des besoins en crédit et en
financement de la campagne agricole.
Havard et al. (2001) soulignent que l'approche
conseil en Afrique dégage des intérêts satisfaisants tant
pour les paysans que pour les organismes d'encadrement (conseillers, bailleurs
de fonds, Organisations non gouvernementales). Au Bénin par exemple,
grâce au conseil, plus de 2360 agriculteurs se regroupent pour discuter
de leurs problèmes (Violas et Zinse, 2004). En Cote d'Ivoire, certaines
ONG ayant intégré l'approche conseil dans leurs activités,
reçoivent le soutien de l'Etat et de la coopération
française parce qu'elles ont contribué significativement à
la réduction de la pauvreté (Drissa, 2001).
Vu les bonnes performances du CEF dans les situations
rapportées ci-dessus, ces activités de conseil apparaissent pour
l'ADEAC comme un complément important pour leur activité de
microfinance. Cette étude se propose donc de faire une mise au point
(bilan) de ces activités après ces deux années
d'expérimentation. Pour y parvenir, il est important de connaître
les activités menées dans la zone par le projet DURAS et ADEAC et
comment s'est inséré les activités de conseil au sein de
l'ADEAC.
1.3 Objectifs
L'objectif général de cette étude est de
faire le bilan des activités de conseil réalisées par
l'ADEAC, et d'en mesurer les effets sur les exploitations agricoles et sur les
activités des animateurs paysans de l'ADEAC. Plus spécifiquement
il s'agira :
- de faire une monographie de l'ADEAC (zone d'intervention,
financement,
types d'activités, résultats et perspectives) ;
- de faire le point sur les activités de conseil
réalisées par le projet DURAS ;
- de caractériser les activités de conseil mises en
oeuvre par les animateurs
paysans de l'ADEAC ;
- de caractériser les profils des animateurs paysans de
l'ADEAC, et leur
perception de la démarche et des activités mises en
oeuvre ;
- d'analyser les perceptions par les paysans des activités
de conseil ;
- d'analyser l'impact des activités de conseil sur les
exploitations concernées.
1.4 Importance de l'étude
Cette étude revêt une double importance
théorique et pratique.
Sur le plan théorique, elle contribuera à
l'enrichissement de la littérature sur les nouvelles approches de
vulgarisation et les méthodes de gestion des exploitations agricoles.
Sur le plan pratique, elle permettra aux chercheurs de
capitaliser les expériences réalisées et réviser la
méthode et les outils utilisés. Elle sera aussi utile au
Gouvernement comme aide à la définition de nouvelles politiques
agricoles visant l'augmentation de la productivité et de la production
agricole et alimentaire et révisant les stratégies de
développement rural. Enfin, elle permettra aux paysans d'acquérir
de nouvelles connaissances et outils de gestion de leurs exploitations.
1.5 Hypothèses de recherche
Pour atteindre les objectifs fixés, il a été
nécessaire de s'appuyer sur les hypothèses suivantes :
- les activités de conseil sont complémentaires des
programmes de l'ADEAC ;
- le profil de l'animateur est déterminant dans la
maîtrise de la démarche, et plus
particulièrement dans la conduite des activités de
conseil ;
- les outils du conseil sont facilement assimilés par les
paysans ;
- la perception des effets du conseil varie selon les objectifs
de chaque partie
prenante (acteurs concernés).
1.6 Limites de l'étude
L'approche CEF est en cours de test depuis seulement deux ans
dans la localité d'Akonolinga. C'est peu parce que l'impact du CEF sur
les exploitations ne peut être perçu qu'à moyen et long
terme (Havard et al., 2001). Mais la présente étude vise
à faire le bilan des activités de CEF et estimer ses effets
directs.
1.7 Organisation du mémoire
Le présent mémoire est organisé en cinq
chapitres :
le chapitre 1 introduit le sujet, pose le problème,
détermine les objectifs et l'importance du thème et émet
des hypothèses ;
le chapitre 2 présente le cadre théorique, la
définition des concepts et la revue de la littérature ;
le chapitre 3 indique la méthodologie utilisée
pour la collecte des données primaire et secondaires et l'analyse de ces
données;
le chapitre 4 présente les résultats obtenus,
leurs interprétations, la discussion et
le chapitre 5 conclue et fait des recommandations aux
différentes parties prenantes.
Chapitre 2. Cadre théorique, définition
des concepts
et revue de la littérature
2.1 Cadre théorique
La présente étude s'inscrit dans le cadre de la
théorie des approches de vulgarisation (construction et diffusion des
innovations). L'approche globale de l'exploitation agricole, et le postulat de
la rationalité serviront de base à l'analyse des effets et de la
perception du CEF.
2.1.1 Théorie des approches de vulgarisation : la
construction et la diffusion des innovations.
Van der Ban et al. (1994) définissent une
approche comme étant « un ensemble cohérent de
démarches faites dans un but déterminé soit une
combinaison organisée cohérente de stratégies, de
méthodes pour l'exécution de la vulgarisation agricole ».
Les mêmes auteurs distinguent quatre approches de vulgarisation
agricole:
- l'approche centrée sur une culture de rente qui a pour
but d'introduire un
ensemble cohérent de démarches visant le
renforcement des capacités des producteurs dans le cadre de la
production et de la commercialisation d'une culture de rente ;
- l'approche centrée sur l'innovation technique fait usage
des paysans auto-
sélectionnés appelés « paysans de
démonstration » ou « paysans de contact » par qui la
diffusion doit se faire ;
- l'approche centrée sur une catégorie de cibles
identifie les catégories
homogènes de paysans dans le cadre de la
recherche-développement ;
- l'approche par organisation paysanne vise les groupes de
paysans ayant des
ressources et objectifs semblables.
Le CEF vise à professionnaliser davantage les
agriculteurs et améliorer leurs performances
technico-économiques. C'est une combinaison de l'approche centrée
sur une catégorie de cibles, et de celle par organisation paysanne.
Pour Rogers (1983), « une innovation est une idée,
une pratique ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou toute
unité d'adoption ». Freeman (1979), définit l'innovation
comme étant une introduction d'un nouveau processus ou une nouvelle
démarche ou encore un nouveau système à l'intérieur
de l'économie.
Treillon (1992), identifie deux formes d'innovations :
- le projet qui renvoie à une action
spécifiée dans le temps et l'espace visant à
aider les populations ou groupes sociaux à passer d'un
état technique donné à un autre plus favorable ; c'est
l'innovation technique ;
- la conception et la diffusion des produits ; c'est l'innovation
matérielle ou des
produits.
Bentz (2002), distingue trois types d'innovations techniques :
- l'innovation simple qui introduit peu de changement au sein de
l'exploitation ;
- l'innovation irradiante qui résout un problème
sectoriel et a généralement des
répercussions sur l'ensemble de l'exploitation ;
- l'innovation systémique qui implique l'adoption
simultanée des diverses
techniques cohérentes entre elles.
Ces trois types d'innovations, d'après Bentz, sont
appropriés pour la présente étude car elles entrent dans
l'approche globale du CEF surtout en années 1 et 2.
Dans le cadre de cette étude, nous allons
considérer le CEF comme une innovation construite pour les exploitations
agricoles familiales, abordées de façon globale.
2.1.2. L'approche globale de l'exploitation
La théorie de production peut être
utilisée pour définir les objectifs à atteindre par une
exploitation agricole sur laquelle l'approche globale aura prévu de
faire un diagnostic (Guiswe, 2005). Ainsi, Jouve et Mercoiret (1992) rapportent
que «L'approche globale est une méthode d'analyse qui
considère l'élément étudié comme un tout
cohérent dont la non prise en compte ou la sous estimation d'une ou de
plusieurs de ses composantes fausserait la vue d'ensemble. Elle est donc
adaptée à l'étude des réalités dont le
déterminisme résulte des interactions entre de nombreuses
composantes que l'on groupe sous l'appellation de système complexe : ce
qui la rend pertinente pour aborder les problèmes posés par le
développement agricole et rural».
Pour Bonnéviale et al. (1989), l'approche
globale est « l'étude d'un complexe de décisions et
d'actions qui sont le fait des personnes (individus ou groupe) agissant dans un
environnement en vue de satisfaire les finalités fixées à
cette opération. Cette étude débouche sur le diagnostic du
fonctionnement de l'exploitation agricole ». Marshall et al.
(1994) pensent plutôt que l'approche globale est une démarche
qui permet de mieux comprendre la complexité et le fonctionnement des
exploitations agricoles familiales et qui s'appuie sur le processus technique
de prise de décision des agriculteurs ainsi que les sources de
complexité.
Fouda (1998), Wambo (2000) et Daouda (2002) pensent que pour
mieux comprendre le fonctionnement d'une exploitation agricole, il doit
être considéré comme un système de production. C'est
toujours dans cette optique que Capillon et Sebillote (1980) mentionnent que
« l'exploitation agricole est considérée comme un
système finalisé par les objectifs de la famille
confrontée à de nombreuses contraintes ». Ainsi, Le Moigne
(1977), définit un système comme étant « un objet
qui, dans un environnement doté de finalités, exerce une
activité et voit sa structure interne évoluer au fil du temps
sans qu'il perde pour autant son identité unique ». Rosnay (1975),
définit le système plutôt sous deux aspects à savoir
: l'aspect structurel et l'aspect fonctionnel.
L'aspect structurel d'un système réfère
à l'organisation des ses éléments constitutifs dont les
principaux traits structuraux sont : la limite, des éléments
pouvant être dénombrés ou décrits, des
réservoirs de stockage des éléments et le réseau de
communication.
L'aspect fonctionnel d'un système, quant à lui,
est un ensemble de processus dont les principaux traits fonctionnels sont : les
flux (flux de monnaie et de produits), et les boucles d'information.
Daouda (2002) distingue trois éléments constitutifs
d'un système agricole à savoir :
- le système de production dont la fonction est de
mettre en oeuvre l'ensemble des opérations que nécessite la
gestion des processus productifs. C'est le cas par exemple de la gestion des
flux de matières, de travail et d'équipement, de monnaie,
d'information que l'exploitation importe ou prélève, qu'elle
stocke, transforme ou transporte et qu'elle exporte ou restitue dans son
environnement.
- le système de décision dont la fonction est de
générer les décisions qui vont
orienter et assurer le pilotage du système de
production, en fonction des finalités et des objectifs de pilotage.
Grâce à ce système, l'étude pourra facilement
identifier les effets induits par le CEF dans les processus de prises de
décision à différents niveaux dans l'exploitation
agricole.
- le système d'information chargé d'assurer le
couplage entre le système de
décision et le système de production agit comme
un canal de transmission d'information entre les deux systèmes
cités précédemment. C'est ici que l'on observe les
indicateurs représentatifs de l'activité du système de
décision. La présente étude s'est servie de ce
système pour définir les critères d'évaluation des
effets du CEF sur les exploitations agricoles de la localité
d'Akonolinga.
Le fonctionnement général de l'exploitation
agricole ne peut être compris que par l'analyse des relations entre les
différents éléments du système d'exploitation
(Figure 1).
Potentiel et contraintes de l'environnement physique
|
|
Potentiel et contraintes de l'environnement
socioéconomique
|
Décisions Gestion,
Processus technique organisation et mobilisation
de production des facteurs de production
Objectifs
Les produits : agriculture, élevage, autres (AGR)
Famille de l'exploitant UR- UP- UC- UA
Moyens de production (Ressources : terre, travail, capital)
Autoconsommation
Exploitation agricole
Achat/intrants/ Crédit
Dons, Aides
Aides, dons
Dons, Aides
Figure 1 : Approche globale de l'Exploitation Familiale
Agricole. Source : Fouda, (1998)
2.1.3. Le postulat de rationalité des
décisions de l'agriculteur
Développé par Petit (1975), le postulat de
rationalité est fondé sur le principe selon lequel « les
décisions des agriculteurs relatives à leur exploitation visent
à atteindre un ou (des) objectif(s) dans le cadre des actions
perçues comme possibles par le groupe familial, compte tenu de la vision
qu'il a de sa situation et des finalités fixées à
l'exploitation ». Daouda (2003), précise que ce postulat permet de
comprendre le raisonnement des agriculteurs dans le choix de leurs
décisions et joue aussi un rôle important dans l'approche
globale.
Le choix d'une alternative n'est possible que dans un contexte
où il y a d'abord une situation et où il y a plusieurs
possibilités ou alternatives. Ce choix est parfois guidé en
fonction des moyens (atouts et contraintes) dont disposent les agriculteurs.
Legile (1999), rapporte à ce sujet que les contraintes et les
opportunités qui se présentent aux paysans amènent ces
derniers à prendre constamment des décisions. Cette prise de
décision est parfois rendue complexe dans la mesure où dans
certaines exploitations il y a des conflits d'autorité. Ces contraintes
qui limitent parfois les champs de décisions possibles, freinent
l'atteinte des finalités du système d'exploitation (Daouda,
2002). Ceci entraîne aussi une complexification du fonctionnement de
l'exploitation. Fouda (1998), souligne que la complexité du
fonctionnement des exploitations est parfois due à la non unicité
des centres de prise de décision car, poursuit l'auteur, l'unité
de production regroupe en son sein divers groupes d'acteurs sociaux (mari,
épouse(s), parents, amis, dépendants) aux objectifs divergents et
parfois même conflictuels. Le CEF étant un outil d'aide à
la décision, permettra aux exploitations agricoles de résoudre
ces conflits (Legile, 2006).
La définition de l'approche globale de l'exploitation
agricole et du postulat de rationalité de décision de
l'agriculteur permettent d'une part de faire une description de l'exploitation,
des orientations de production et des performances technico-économiques
et, d'autre part, d'étudier leur fonctionnement à travers
l'évolution des processus de prise de décision et d'orientation
des objectifs et des finalités (Daouda, 2002). La figure 2
présente le fonctionnement global des exploitations agricoles
familiales.
Situation (atouts et contraintes) Famille, histoire
Moyens de production
Environnement agro écologique et
socio-économique
|
Finalités/Objectifs : activités extra
agricoles
Ressources : lesquelles ? En quelle quantité
Besoins : lesquels ? Dans quels ordres ?
|
Décisions
Qui décide de l'allocation des ressources ?
Comment sont utilisées les ressources ?
Qui doit satisfaire ces besoins ? Qui prend la décision ?
Comment se font les choix ?
|
Système opérant (les pratiques)
Qui produit ? Qu'est ce qui est produit ? (Choix des
spéculations, des conduites, et choix concernant l'appareil de
production)
|
Résultats
Combinaisons des productions économiques (revenus,
flux, marges), Ressources/Besoins Techniques (rendement, production...)
|
Comment fonctionne l'exploitation agricole ?
Que fait le chef d'exploitation ? (ses actions, ses
résultats) Comment il le fait ? (son organisation, ses capacités
de régulation) Pourquoi il le fait ? (ses finalités, sa
perception de l'environnement)
|
Figure 2 : Fonctionnement globale de l'exploitation
agricole familiale Source : Balkissou (2000) et Wambo (2000)
2.2. Définition des concepts
Pour mieux appréhender le conseil aux exploitations
agricoles familiales, nous allons nous appuyer sur les concepts suivants :
l'exploitation agricole, la gestion, le conseil de gestion, le conseil aux
exploitations familiales, la vulgarisation, l'innovation, l'adoption, la
diffusion, la perception, le diagnostic, l'évaluation, la mesure d'effet
et la mesure d'impact.
2.2.1. L'exploitation agricole
Fouda (1998), Djonkang et Gafsi (2002), considèrent
l'exploitation agricole comme une unité de production, de consommation,
de résidence et d'accumulation constituée d'un ménage et
placée sous l'autorité d'un chef généralement
appelé « chef d'exploitation ». Pour Havard et al.
(2001), l'exploitation agricole est considérée comme un tout
c'est-à-dire un système. C'est toujours dans ce sens que Faure et
al. (2004), définissent l'exploitation agricole comme un
système complexe constitué des cultures, de troupeaux, de la main
d'oeuvre en interaction avec le climat, la végétation et le
sol.
Djoukam (2003) et Guiswe (2005), pensent que l'exploitation
agricole est une unité de production économique (entreprise)
où le chef d'exploitation cherche à optimiser ses facteurs de
production (terre, travail, capital) afin de produire des biens et services
dans le but de lutter contre l'insuffisance alimentaire d'une part et obtenir
un revenu satisfaisant d'autre part.
Les exploitations agricoles sont caractérisées
par l'inventaire des ressources dont peut disposer le chef d'exploitation et
par l'évaluation de l'importance de celles-ci (Dufumier, 1996). Le
fonctionnement de l'exploitation rencontre parfois d'énormes
difficultés. A ce sujet, Legile (2002) précise que
l'insécurité alimentaire, la gestion de la trésorerie, et
l'élaboration du plan prévisionnel de campagne sont les
principaux facteurs qui ralentissent le fonctionnement des exploitations
agricoles. Dans ce contexte, le conseil de gestion peut assurer le bon
fonctionnement des exploitations agricoles car ses principaux problèmes
sont inclus dans ses objectifs.
L'analyse du fonctionnement technico-économique de
l'exploitation agricole se pratique dans des situations variées,
correspondant les unes à des schémas traditionnels de diffusion
des innovations techniques (vulgarisation thématique de contenus
standardisés concernant une production particulière), les autres
à des interventions plus novatrices (conseil de gestion, crédit
décentralisé.) (Devienne et Wybrecht, 2002).
2.2.2. La gestion
La gestion est l'organisation et l'utilisation judicieuse des
moyens de production pour atteindre un but. Certains auteurs (Terry et
Franklin, 1985) pensent que la gestion est à la fois une science et un
art. La science est une connaissance apprise tandis que l'art est une aptitude
créative personnelle. Ainsi, la science de la gestion est un ensemble de
connaissances systématiques qui permettent d'atteindre les
vérités générales.
Terry et Franklin (1985) définissent ainsi la gestion
comme « un processus spécifique consistant en une
activité de planification, d'organisation, d'impulsion et de
contrôle visant à déterminer et à atteindre des
objectifs définis grâce à l'emploi d'être humains et
la mise en oeuvre d'autres ressources ».
La gestion est une activité qui transforme les
ressources (matérielles et humaines) inorganisées en
réalisations utiles et qui permet de prendre une décision en
fonction des objectifs d'une exploitation compte tenu des contraintes et des
opportunités en présence (Terry et Franklin, 1985 et Dufumier,
1996).
Selon Goud (1997), la gestion étant une prise de
décision face à une situation, c'est faire des choix en fonction
des objectifs, des moyens (atouts et contraintes) et la perception de ce «
qu'il serait possible de faire » compte tenu des données
disponibles. Djoukam (2003), précise « qu'il y a souvent un
décalage de décision à priori (car envisagée par un
modèle d'optimisation) et celle du décideur ».
La gestion des exploitations agricoles est donc un processus
de prise de décision basé sur l'allocation des ressources
limitées à des alternatives de production pour atteindre un
objectif. Terry et Franklin (1985), soulignent que pour atteindre leurs
objectifs de production, les gestionnaires ont besoin des 6M
c'est-à-dire les Moyens financiers, la Matière, les Machines, la
Méthode, la Monnaie (capitaux) et les Marchés. Dorward et al.
(2007), définissent la gestion des exploitations agricoles comme un
processus de décision qui englobe l'évaluation et l'application
des différentes stratégies de production. Si la gestion est un
processus de décision il est important de clarifier la notion de prise
de décision dans une exploitation agricole.
Terry et Franklin (1985), définissent justement la
prise de décision comme « une adéquation des techniques
actuelles, une utilisation des toutes dernières techniques, et le
développement des compétences dans l'établissement des
différentes actions possibles ». Les mêmes auteurs
précisent qu'en gestion, pour qu'il y ait prise de décision, il
faut qu'il existe plusieurs possibilités, même si la meilleure
alternative est parfois de ne rien faire. Or pour Will (1980), prendre une
décision c'est parvenir à une conclusion de faire quelque chose.
La
prise de décision est orientée par trois questions
essentielles à savoir : Quoi produire ? Combien produire ? Comment
produire ?
2.2.3. Le conseil de gestion
Le conseil a en effet pour fonction d'aider le producteur
à atteindre ses objectifs (Chombart de Lauwe et al., 1969).
Pour Miste (2008), il s'agit d'apporter un regard extérieur au paysan
concernant sa situation et ses possibilités. Ce conseil pouvant prendre
différentes formes : technique et économique. Le conseil est donc
construit sur la base des informations recueillies au sein de l'exploitation
(Havard et al., 2001). Il existe trois types de conseil dans une
exploitation à savoir :
- le conseil technique qui vise à modifier les pratiques
culturales ;
- le conseil technico-économique qui aide l'agriculteur
à choisir les contraintes
d'agriculture, les techniques ;
- le conseil de gestion qui aide l'agriculteur à prendre
une décision de manière
générale.
C'est toujours dans cet ordre d'idée que Havard et
al. (2003) rapportent que le conseil de gestion est une
démarche d'analyse des exploitations qui amène des changements
suite à un dialogue constructif entre les conseillers (animateurs) et
les paysans. Le conseil de gestion permet aux paysans, comme le soulignent
Chombart de Lauwe et al. (1969), d'atteindre leurs objectifs en leur
apportant une vision nouvelle sur leur situation et leurs possibilités
technicoéconomiques. Le conseil de gestion prend donc en compte
l'ensemble de la situation de l'exploitation et crée un dialogue avec le
producteur dans un cheminement d'amélioration qui s'étend sur
plusieurs années (Kleene et al., 1995).
Pour Djamen et Havard (2000), il s'agit « d'une approche
d'appui au monde agricole, qui par la voie d'animateurs/conseillers, se propose
de trouver ensemble avec le producteur la meilleure adéquation entre ses
objectifs, ses moyens et ses connaissances pour améliorer les
performances de son exploitation ». Legile (1999) définit le CdG
comme étant une aide à la décision à travers un
processus d'apprentissage faisant évoluer les représentations de
l'agriculteur avec les étapes suivantes : prévision, action,
évaluation des conséquences de la décision, confirmation
ou modification des représentations. Dorward et al. (2007),
précisent que l'approche conseil de gestion des exploitations inclue le
budget de l'exploitation, les marges brutes, le bilan, le flux de
trésorerie et le compte d'exploitation prévisionnelle.
2.2.4 Le conseil aux exploitations familiales (CEF)
Dugué et al. (2004) rapportent que lors de
l'atelier de Bohicon en 2001, le terme conseil de gestion (CdG), jugé
trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne
reflétait pas la diversité des expériences
présentées par les participants. D'où la proposition
à l'avenir, d'employer le terme de conseil aux exploitations familiales
(CEF) qui recouvre plusieurs types de conseil conçus et mis en oeuvre
dans des contextes différents et selon des approches distinctes. De
façon synthétique Dugué et al. (2004),
définissent le CEF comme « une démarche globale qui
renforce les capacités des paysans et de leur famille à suivre
leurs activités, analyser leur situation, prévoir et faire des
choix, évaluer leurs résultats. Il prend en compte les aspects
techniques, économiques, sociaux et, si, possible, environnementaux de
leurs activités ». Le but du CEF est d'enrichir l'approche
Formation et Visite en proposant un contenu novateur, tout en respectant ses
règles de fonctionnement.
2.2.5. Vulgarisation, innovation, adoption, diffusion et
perception
Vulgarisation
Leagans (1961) définit la vulgarisation agricole comme
un processus d'enseignement qui induit des changements du niveau des
connaissances, des pratiques et des attitudes des agriculteurs dans la
perspective d'améliorer leur production agricole et de relever leur
niveau de vie. Pour Mercoiret (1994), la vulgarisation en Afrique a souvent
été entendue comme « un moyen de faire adopter par les
producteurs des techniques mises au point par la recherche agronomique,
grâce à un dispositif d'encadrement organisé à
différentes échelles géographiques ».
Innovation
Pour Roger (1999), l'innovation d'une manière
générale, est une nouvelle invention. Selon Millerand (1998),
l'innovation technique est un paquet technologique inventé par les
chercheurs en vue d'apporter une solution à certains problèmes
concernés par le domaine d'invention. Pour Bentz (2002), l'innovation
technique est une nouvelle méthode de combinaison des facteurs de
production. Toujours dans le même sens, Djomo (2007) précise que
« l'innovation technique ne peut être isolée de sa composante
économique, ni de ses composantes organisationnelles, institutionnelles,
sociales et politiques ».
Dans le contexte agricole, elle sera considérée
comme des nouvelles techniques culturales, l'introduction d'une nouvelle
variété ou d'espèce animale ou végétale,
d'un nouveau mode de conduite du troupeau et d'une nouvelle façon
d'organiser le travail et de
gérer les exploitations agricoles visant à
améliorer le revenu de ces dernières (Dugué et Faure,
2001). Pour Tchatchoua (2007) l'innovation en Afrique est
considérée comme une nouvelle manière de développer
les stratégies de production due aux effets de la crise
économique sur l'activité agricole.
Adoption
Selon Millerand (1998) et Tchatchoua (2007), l'adoption est
perçue comme un processus centré sur le cheminement mental de
l'individu caractérisé par plusieurs phases, depuis la
première exposition à ce dernier, jusqu'à la confirmation
ou le rejet de l'adoption. L'adoption est également définie comme
une décision d'appliquer une nouvelle technologie (innovation) et
continuer à l'utiliser (Tchatchoua, 2007). C'est toujours dans la
même optique que Rogers (1983), précise que l'adoption est une
décision de choisir une innovation lorsque celle-ci est
considérée comme la meilleure alternative. Pour qu'une innovation
soit facilement adoptée, il faut qu'elle soit appropriée
c'est-à-dire adaptée au contexte (économique, culturel,
social ou agro écologique), qu'elle apporte un service qui
présente un réel intérêt pour le producteur,
être acceptable surtout socialement et financièrement (Ava et
al., 2006).
Selon Rogers (1983), les usagers d'une innovation sont
classés selon cinq profils types : les novateurs (2,5 %), les premiers
utilisateurs (13,5 %), la première majorité (34 %), la seconde
majorité (34 %) et les réfractaires (16 %).
Diffusion
La diffusion peut être vue comme le cheminement de
l'innovation depuis le système source jusqu'au système receveur
(Tchatchoua, 2007). Une définition plus opérationnelle
considère le processus de diffusion comme l'acceptation au cours du
temps de certains faits (innovations) par des unités d'adoption
(individus, groupes, communautés) qui sont liées à des
canaux externes de communication et liées entre elles par une structure
de relations sociales et un système de valeurs, ou une culture (Katz,
1972). Rogers (1983) remarque que la diffusion peut être planifiée
ou spontanée. Tchouamo et Steele (1997) soulignent que la diffusion
d'une innovation est fortement influencée par le mode de diffusion.
Les recherches qui relèvent de ce type d'approche
s'attachent à l'analyse de l'adoption d'une innovation technologique au
moment de sa diffusion, c'est- à-dire sans prêter attention
à l'étape de la conception du produit qu'elle étudie.
Ainsi Millerand (1998) précise que « les questions de recherche
s'attachent, d'une part, à savoir comment se diffusent les innovations
et qui en sont les adoptants, en élaborant des modèles
comportementaux et, d'autre part, à mesurer l'impact de leur adoption
à travers les changements opérés dans les pratiques
».
Lavigne-Delville et wybrecht (2002) pensent que «
pour se diffuser, une innovation technique, organisationnelle ou
institutionnelle doit nécessairement correspondre aux
intérêts d'une partie au moins des agriculteurs. Ces
intérêts se déterminent par rapport à leur propre
situation économique et sociale, et par rapport au milieu en question
».
Perception
Le petit Larousse (1999) définit la perception comme
étant le fait de saisir quelque chose par le sens ou l'esprit. Pour le
Dictionnaire Robert (1995), la perception est une opération de
l'intelligence ; c'est la présentation intellectuelle, l'idée ou
l'image faite d'une situation, la situation pouvant être une innovation
(le CEF par exemple). Cette définition nous amène à
étudier le comportement des agriculteurs face à la gestion de
leur exploitation agricole et de leur pratique. Soua (2001) rapporte à
ce sujet que c'est grâce à la perception qu'un individu choisit ce
qui lui semble avoir un sens et ceci en fonction de ses attentes. Manepi (2004)
quant à lui, pense que la perception est une considération
empirique car selon lui, c'est le moment où les prises de
décisions (adoption ou non d'une innovation) sont influencées par
les attitudes et les considérations socio-économiques. Pour
Vernon (1971), la première étape de la perception est
l'appréciation de la forme d'un objet. L'objet étant l'innovation
ramenée précisément au CEF dans le cadre de la
présente étude.
Ava et al. (2006) rapportent que la perception du
changement d'une innovation peut s'observer à plusieurs niveaux à
savoir :
- au niveau de l'exploitation, par une augmentation de la
production, la
réduction de la pénibilité du travail ;
- au niveau de la famille, par une augmentation du revenu et une
amélioration du
niveau de vie ;
- au niveau de la communauté, par un renforcement des
collaborations entre les
adopteurs et les autres membres de la communauté.
2.2.6. Le diagnostic de l'exploitation
Un diagnostic est un jugement porté sur une situation
à partir de l'analyse d'indicateurs ou de paramètres
(Lavigne-Delville et Wybrecht, 2002). Pour Djomo (2007), élaborer un
diagnostic c'est « identifier et apprécier les forces et faiblesses
d'une exploitation et en rechercher les causes ». Boukassa (2003) pense
que le diagnostic repose sur un système de collecte d'informations.
Toute intervention en milieu rural repose sur une analyse explicite ou
implicite de la situation qui permet d'identifier des facteurs
défavorables et de proposer
des actions modifiant ces facteurs (Lavigne-Delville et
Wybrecht, 2002). Selon Havard et al. (2001) le diagnostic du
fonctionnement des exploitations est une nouvelle approche testée en
Afrique. Ainsi, les mêmes auteurs pensent que le diagnostic est un outil
préalable à un conseil ou à un suivi d'exploitation.
2.2.7. Le concept d'évaluation
Evaluer, c'est mesurer ou estimer l'efficacité d'un
programme, l'efficience des moyens mis en oeuvre et l'impact des pratiques ou
activités de ce programme. Selon Halley al.,(2006),
l'évaluation est une appréciation objective et
systématique d'un projet, d'un programme ou d'une politique, en cours ou
terminé, de sa conception, de sa mise en oeuvre et de ses
résultats. Les mêmes auteurs poursuivent en précisant que
le but de l'évaluation est de déterminer la pertinence et
l'accomplissement des objectifs, l'efficience en matière de
développement, l'efficacité, l'impact et la durabilité.
Ils soulignent que le terme « évaluation désigne
également un processus aussi systématique et objectif que
possible par lequel on détermine la valeur et la portée d'une
action de développement projetée, en cours ou achevée
». Misté (2008), souligne que « Une évaluation
devrait fournir des informations crédibles et utiles permettant
d'intégrer les leçons de l'expérience dans le processus de
décision des bénéficiaires et des bailleurs de fonds
».
Selon Fouda (1998), l'évaluation est une attitude
permanente de questionnement, une attitude critique d'analyse, une dynamique,
un outil de gestion, un temps d'arrêt pour réfléchir et
faire le bilan. Ainsi, l'évaluation consiste en un rapprochement des
objectifs prévisionnels aux réalisations par la mesure des
écarts et une identification des obstacles ayant empêché la
réalisation des objectifs prévisionnels. Le même auteur
précise que bien que souvent perçue comme un contrôle suivi
de sanction, l'évaluation a une dimension pédagogique qui
conditionne l'apprentissage de leçon et le choix des orientations
futures. Or Girardin (2007) pense plutôt que l'évaluation n'est
pas un contrôle. Car selon le même auteur, un contrôle est
une vérification de l'application d'un règlement, du respect des
cahiers de charges ou de justification d'une subvention.
Patton (1982), précise que le concept
d'évaluation avait été initié en 1960 par les
bailleurs de fonds américains en vue de s'assurer l'utilisation efficace
et efficiente des fonds investis dans les projets de développement. Afin
de mieux apprécier une évaluation, il est important de
préciser les indicateurs ou critères d'évaluation (Patton,
1982, Fouda, 1998 et Girardin, 2007). Pour Girardin (2007), un indicateur est
« une variable qui fournit des
renseignements au sujet d'un système complexe en
vue de faciliter sa compréhension aux utilisateurs de sorte qu'ils
puissent prendre des décisions appropriées qui mènent
à la réalisation des objectifs »
Fouda (1998), indique que les critères d'évaluation
des projets et des programmes couramment utilisés sont :
- l'efficacité qui consiste à comparer les
objectifs aux résultats ;
- l'efficience qui permet de mesurer les ressources
utilisées pour la réalisation
des objectifs. C'est l'analyse coût-bénéfice
;
- l'impact qui relève d'un ensemble d'effets sur
l'environnement au sens large
(technique, économique, social, culturel,
écologique etc....) ;
- la viabilité qui réfère à une
estimation des chances de survie c'est-à-dire la
capacité de poursuivre les activités ou les actions
;
- la participation des bénéficiaires qui
représente l'implication de ces derniers et
leur appropriation de la stratégie d'intervention.
2.2.8. Mesure des effets et d'impact du conseil
Les effets du conseil permettent d'apprécier les
premiers changements (court et moyen termes) chez les
bénéficiaires, par exemple l'amélioration de la gestion
des facteurs (optimisation des ressources) de production et la prise de
décision, l'augmentation du revenu (Miste, 2008). L'impact du conseil
quant à lui permet d'apprécier les conséquences à
long terme de la mise en oeuvre du CEF. Misté (2008), souligne que ces
changements de long terme se traduisent par une croissance pro-pauvre.
Havard précise six critères de mesure d'effet et
d'impact du CEF :
1. Prise de décision (Niveau de
centralisation, Niveau de contrôle, Capacité de
réaction)
2. Gestion (Niveau d'enregistrement, Niveau
de prévision, Niveau d'analyse par rapport à la gestion du stock
vivrier, la gestion de la trésorerie, le plan de
campagne/déroulement des opérations, l'organisation du travail
sur l'exploitation, les résultats technico-économiques..)
3. Capacité d'innovation (innovation
technique) tel que amélioration des pratiques
4. Performances technico-économiques qui
permettent évaluer critères 1, 2 et 3 notamment les
rendements, les recettes, les dépenses, les résultats par rapport
aux coûts - en rapport à une année de
référence
- en rapport à une innovation technique
- en rapport à une prise de décision liée
à un changement de structure :
investissement, capitalisation élevage, accroissement des
superficies...
5. Diffusion du conseil (circulation de
l'information, transfert de connaissances,
transfert de pratiques en matière de gestion ou d'innovations
techniques)
6. Capacités d'appropriation de la
démarche (expression des besoins et
évolution, évolution du type de
conseil, capacités d'innovation, de diffusion)
2.2.9. Les conseillers au coeur du Conseil
Pour Faure et al. (2004), et Legile et al.
(2004), le conseiller est considéré comme la pierre
angulaire du dispositif du CEF car c'est sur lui que repose la qualité
et la réussite de la démarche. Selon Faure et al.
(2004), un conseiller ou animateur est toute personne ayant un certain
niveau scolaire et ayant des connaissances en agronomie générale.
Djonnéwa et al. (2001) pensent que les conseillers sont les
personnes chargées de la mise en oeuvre du CEF ayant un bon niveau
scolaire et un contact facile avec les paysans. Pour Djomo (2007), le
conseiller agricole est un spécialiste du secteur agricole qui doit
assister les agriculteurs à la maîtrise du fonctionnement global
de leur exploitation. Djamen et al. (2003 b) précisent que les
programmes des trois années du CEF sont maîtrisés par les
conseillers en fonction de leur niveau scolaire.
Suite aux études menées au Nord Cameroun, Daouda
et Havard (2002), Djamen et al. (2003 b), mentionnent que les
conseillers sont assistés dans leurs tâches par les animateurs qui
sont généralement des personnes instruites, ouvertes, ayant des
potentialités d'organiser et de regrouper les paysans et d'apporter des
orientations à leurs problèmes. Violas et Gouton (2005)
précisent que certains animateurs se considèrent comme des
conseillers à part entière dû au fait que leur rôle
n'est pas clairement spécifié.
La formation des conseillers et leurs reconnaissances
professionnelles sont des conditions indispensables à la maîtrise
et la diffusion de la démarche du CEF (Legile, 2004, et Briffaud et
al., 2004). L'un des facteurs majeurs relatifs au succès du CEF
est la nature des relations qui existent entre les conseillers et les paysans
(Legile, 2006). D'autant plus qu'avec le CEF, les conseillers doivent renforcer
les capacités des paysans dans le processus de décision, les
amener à progresser d'eux-mêmes dans la résolution de leurs
problèmes, d'organiser les échanges entre les paysans (Boissier,
2007), un accent particulier doit être mis sur les compétences
fondamentales (ou profil) des conseillers (Legile, 2006).
Pour Mana (2007), un bon conseiller ou animateur est celui
là qui est disponible à s'adapter au calendrier des paysans,
avoir un sens de l'organisation des groupes de production, avoir une
capacité d'écoute, de diagnostic et de dialogue pour comprendre
les points de vue des producteurs, savoir valoriser les savoirs faire locaux.
Etant donné la complexité de la démarche du conseil
(bilan, trésorerie, comptabilité-gestion, calcul,
élaboration et analyse des micro-projets), Faure et al. (2004),
pensent que les performances qu'un conseiller doit avoir sont :
- connaissance sur le fonctionnement des exploitations agricoles
et sur
l'agriculture de sa zone d'intervention ;
- maîtrise de la langue nationale (écrit et oral)
;
- maîtrise des principales techniques de production de sa
zone d'intervention
(conduite des cultures et des troupeaux, gestion de la
fertilité des terres, etc.) ;
- maîtrise de certaines méthodes d'analyse
économique et financière des
résultats obtenus par les exploitations (analyse des
marges, compte d'exploitation, etc.) ;
- maîtrise des méthodologies d'intervention (du
diagnostic à l'évaluation) ;
- aptitude pour l'animation (conduite de réunion, travail
en groupe, etc.) ;
- utilisation dans certains cas de l'informatique.
Legile (2006) souligne que les compétences des
conseillers sur le terrain ne reflètent pas toujours leurs
spécialisations. Cette remarque de Legile fait penser que la perception
du profil du conseiller peut varier en fonction des acteurs impliqués
dans la démarche du CEF (tableau 3). Havard (2002), pense que la
compétence des conseillers varie en fonction des tâches qui lui
sont assignées ou en fonction du stade de la démarche
(encadré ci-après)
L'animateur Un rôle clé dans le dispositif
conseil de gestion
Un homme (une femme) polyvalente (au moins
BEPC)
- connaissances en agronomie, élevage
- aptitudes pédagogiques
- maîtrise des approches participatives et techniques
d'animation
- diplomate pour mettre les paysans en confiance afin qu'ils
s'expriment
Un profil variable selon le niveau de conseil
- année 1 et année 2 : animateur niveau scolaire
BEPC
- année 3 : conseil individuel demande bonnes
capacités de synthèse et d 'analyse (Bac au moins)
Organisation de son travail
- 4 à 6 groupes par animateur à temps plein
- appui par un animateur villageois 23
Tableau 2: Profil du conseiller en fonction des parties
impliquées.
|
Le point de vue des
producteurs
|
le point de vue des
opérateurs de développement
|
Les fonctions
|
Sensibilisation au CEF. Formation des producteurs.
Animation de groupe. Analyse des données et
restitution.
Conseil individuel. Accompagnement
d'initiatives issues du groupe.
|
Idem producteurs
Plus fonction de facilitateur.
|
Les qualités
et le profil requis
|
Personne connue des
paysans,
ayant des attaches et des
pratiques
paysannes.
Capable de travailler sur le
terrain.
Niveau d'études supérieur à la
quatrième mais pas au-delà du niveau Bac.
|
Aptitude à l'animation
rurale.
Capacité d'écoute et
d'analyse.
Capacité à travailler en
équipe.
BEPC + 3 ans d'études agricoles ou Bac + formation
agricole complémentaire.
|
Le statut et la rémunération
|
L'OP participe au
recrutement et au suivi-évaluation du conseiller.
L'OP contrôle les dépenses salariales.
Le salaire est fonction des revenus des paysans et de l'OP.
|
Salaire mensuel négocié d'un commun accord mais
prenant en compte la grille salariale du pays.
Respect du code du travail.
Primes et avantages en fonction de la charge de travail et des
résultats.
|
Source : Faure et al. (2004).
Djamen et al. (2002) montrent que les conseillers du
PRASAC au Nord- Cameroun sont des techniciens agricoles ayant de bonnes
connaissances du terrain, disponibles et capables de réaliser un travail
d'écoute et de diagnostic avec les producteurs. Selon Havard (2002) et
Legile (2006), certains spécialistes en comptabilité
générale et en gestion des exploitations (entreprise) ont des
difficultés de s'approprier du CEF. Malgré cette
variabilité
du profil des conseillers, Daouda (2002) et Havard (2003)
pensent qu'un bon conseiller doit être capable de remplir les fonctions
de formateur, animateur, vulgarisateur et conseiller proprement dit (tableau
3)
Tableau 3 : Les principales tâches et
activités d'un animateur/Conseiller
Animation
|
Formation
|
Vulgarisation
|
Conseil
|
- Aide à la
|
- Formation
|
- Explication des
|
- Diagnostic
|
constitution des
|
des groupes de
|
fiches techniques
|
d'exploitation
|
groupes
|
paysans aux bases
|
- Aide à la mise
|
- Aide à
|
- Animation
|
de la gestion et aux
|
en place et/ou suivi des
|
l'élaboration et à la
|
des groupes de
|
analyses technico-
|
actions techniques
|
mise en oeuvre des
|
paysans
|
économiques
|
(multiplication des
|
projets
|
-
|
- Formation
|
semences, production et
|
- Aide à la
|
Organisation des
|
des paysans relais.
|
valorisation de la
|
gestion des activités
|
sessions
|
|
fumure...)
|
de l'exploitation
|
Thématiques
|
|
- Démonstration
et tests d'équipements de traction animale
- Introduction et
diffusion des innovations - Organisation des visites
d'échanges
|
(Conseil tactique)
- Aide à l'élaboration et à la mise en
oeuvre des projets (Conseil stratégique)
|
Source : Havard, (2003 )
La démarche du conseil aux exploitations
familiales
Les fonctions du conseiller ci-dessus mentionnées sont
donc au centre du CEF. Raison pour laquelle Wey et al. (2007) pensent
qu'un accent doit être mis sur la formation des conseillers en ce qui
concerne le diagnostic global de l'exploitation sur les thèmes suivants
qui forment la démarche du CEF :
- La sécurité alimentaire dont le but est d'aborder
avec les paysans l'évaluation
des besoins alimentaires de la famille et de confronter ces
données avec le disponible à la récolte (Quels sont mes
besoins ? Quelles sont les quantités dont je dispose ? Est-ce que
j'aurai assez de nourriture pour ma famille jusqu'à la prochaine
récolte ?);
- Le plan prévisionnel de campagne dont l'objectif est
d'amener le producteur à
prévoir les activités de production de la
prochaine campagne agricole et de vérifier s'il a les
moyens nécessaires (main d'oeuvre, finances, etc...)
pour réaliser ses objectifs de production (Qu'ai je l'intention de faire
lors de la prochaine campagne ? Quels sont mes besoins (intrants,
argent, main d'oeuvre) pour l'assolement retenu ? Quelles sont mes
ressources (intrants, surface, argent, crédits, main d'oeuvre,
autres) mobilisables ? Mes ressources me permettent-elles de réaliser
mes objectifs ? Comparaison entre besoins et ressources, recherche de
solutions) ;
- La trésorerie dont l'objectif est de faire en sorte que
le chef d'exploitation
dispose de suffisamment d'argent pour couvrir ses
dépenses et réaliser ses projets (Quelles sont mes besoins en
argent (dépenses) ? Quelles sont mes ressources (ventes cultures et
animaux, travaux) ? Aurai-je assez d'argent pour couvrir les dépenses
prévues ?) ;
L'analyse technico-économique qui va permettre
d'améliorer les capacités de diagnostic de chaque activité
rémunératrice pour pouvoir prendre les décisions les plus
appropriées (Sensibiliser les paysans à la
saisie détaillée de données relatives aux suivis
techniques et économiques des toutes activités de production,
Déterminer les contraintes techniques,
économiques, sociales à la production agricole des producteurs,
Evaluer les conditions économiques de production des
principales cultures).
2.3 Revue de la littérature.
2.3.1. Le CEF : historique, évolution,
expériences
2.3.1.1 Historique et évolution du CEF
C'est grâce à une étroite collaboration
entre la section d'économie rurale de l'Institut National de Recherche
Agronomique (l'INRA) et de la chaire d'économie rurale de l'Ecole
Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA) de Grignon, conduite par le
professeur Chombart de Lauwe qu'est née l'idée des centres de
gestion des exploitations agricoles. Considéré comme le
père de la gestion agricole en France, Chombart de Lauwe a mis au point
une méthode de gestion des exploitations en 1957 (Legile, 1999).
L'évolution des problèmes de gestion des exploitations et des
cadres de représentation n'a pas été sans influence sur
les méthodes et outils développés, même si d'autres
facteurs y ont aussi concouru (informatisation, et obligations
administratives). Parmi ceux-ci, l'un des plus importants actuellement est
certainement la prise en compte du savoir-faire gestionnaire des agriculteurs.
Si pendant longtemps la gestion a uniquement été associée
à l'obtention de «résultats», aujourd'hui elle commence
à être déclinée en terme de pratique, de
raisonnement.
Cette nouvelle approche mise sur pied par Chombart de Lauwe,
vient combler les limites de la vulgarisation classique (Havard et al.,
2002, 2003) qui était caractérisée de « top down
» car elle ne prenait pas en compte les savoirs locaux et les besoins
réels des paysans (Tchouamo et Steele, 1997, Tchouamo et al.,
2006). D'ailleurs Misté (2008) rapporte que la «
vulgarisation en Afrique a souvent été conçue dans le but
de faire adopter par les producteurs, grâce à des dispositifs
d'encadrement, des techniques mises au point par la recherche agronomique
».
Tchouamo et Steele (1997), Havard et al. (2001), et
Djoukam (2003), précisent que le système «Training and
Visit » de la Banque Mondiale et les approches du Programme National
de Vulgarisation et de recherche Agricole de l'ex MINAGRI ont longtemps
répondu à ce modèle au Cameroun. Bien qu'ayant
contribué à la diffusion de nombreuses innovations techniques,
ces approches ont rarement contribué à l'amélioration du
fonctionnement global de l'exploitation (Tchouamo et al., 2006 ;
Legile 2006, Misté, 2008). Pour corriger cette lacune, Havard (2002),
Daouda et Havard (2003) , Legile et al. (2004) pensent qu'un
diagnostic de l'exploitation est nécessaire en préalable au
conseil. Dans le cadre de la définition des nouvelles politiques
agricoles, la plupart des Etats et les bailleurs de fonds cherchent à
ressortir les limites de la vulgarisation classique pour laisser place au
conseil (Misté, 2008). Le tableau 4 indique quelques limites de la
vulgarisation classique.
Tableau 4 : Quelques limites de la vulgarisation
classique (Training and Visit)
Vulgarisation « classique »
|
· Diffusion de thèmes surtout techniques.
· Conseillers détenteurs du savoir : les producteurs
sont des récepteurs des messages.
· Importance des démonstrations sur le terrain mais
les groupes sont rarement constitués par affinité.
· Paysans ne gérant pas les dispositifs et ne
choisissant pas les conseillers.
· Savoirs paysans peu valorisés.
· Liens forts avec les recherches agronomiques publiques
et/ou privées qui mettent au point les thèmes
|
|
Source : adapté de Daouda (2002) et Misté
(2008)
L'approche conseil (de gestion) était
considérée comme une aide à la prise de décision
(Legile, 1999). Sa démarche et ses outils étaient beaucoup plus
basés sur les calculs, la comptabilité-gestion, l'animation de
groupe, la technique du questionnement, de la participation des paysans, des
visites de terrain. Legile (1999) précise que l'application du
conseil de gestion nécessitait un certain niveau de
scolarisation et une certaine connaissance en agriculture et en
comptabilité tant de la part des paysans que des conseillers.
Ainsi, Dugué et al. (2004) rapportent que
lors de l'atelier de Bohicon en 2001, le terme conseil de gestion (CdG),
jugé trop restrictif, car connoté
«comptabilité-gestion», ne reflétait pas la
diversité des expériences présentées par les
participants. D'où la proposition d'employer le terme de conseil aux
exploitations familiales (CEF) qui recouvre plusieurs types de conseil
conçus et mis en oeuvre dans des contextes différents et selon
des approches distinctes. Le CEF permet de renforcer la capacité du
producteur à maîtriser le fonctionnement de son exploitation,
à améliorer ses pratiques en combinant innovations paysannes et
innovations extérieures, à prendre de meilleures décisions
pour atteindre les objectifs qu'il se fixe avec sa famille. En ce sens, les
démarches de type CEF peuvent utilement contribuer à la
réforme des systèmes de vulgarisation classique, en dotant les
producteurs de capacités à définir leurs besoins, à
préciser leurs objectifs tant au niveau de leur exploitation que de leur
famille, à maîtriser leurs actions et, plus largement, les
processus de gestion concernant leurs unités familiales de
production.
2.3.1.2 Quelques expériences du CEF en Afrique
de l'Ouest
C'est au Sénégal que les premières
expérimentations de cette méthode ont été
réalisées pendant la période 1973-1981. Ceci dans le cadre
des « Unités expérimentales du Sine Saloum » où
les chercheurs ont senti la nécessité de s'intéresser
directement aux problèmes de transfert de technologie dans le monde
rural. Pour répondre à cette préoccupation une
recherche-action a été lancée par une équipe
pluridisciplinaire de chercheurs. C'est ainsi que la méthode de conseil
de gestion développée par l'Institut Sénégalais de
la Recherche Agricole (ISRA) a permis l'élaboration des fiches, de
référentiels techniques, de modes de calculs prévisionnels
et la formation du personnel de la vulgarisation. Cette méthode
était un instrument de la politique agricole faisant partie d'un
ensemble de mesures gouvernementales en faveur de l'agriculture.
Au Mali par exemple, les actions de CdG mises
en place à partir de 1981 dans le cadre de la
recherche-développement ont produit de nombreux résultats dont
les principaux sont :
~ la mise au point d'une méthode standardisée
et simplifiée du conseil de gestion, utilisable par les paysans
eux-mêmes avec une grille d'interprétation, et susceptible de leur
indiquer les solutions possibles en fonction de l'analyse chiffrée de
l'exploitation; cette démarche est utilisée par la Compagnie
Malienne de Développement des Textiles (CMDT) ;
> la connaissance des possibilités et limites de la
méthode et de son aptitude à
résoudre les problèmes et besoins réels des
paysans.
En Côte d'Ivoire, c'est l'institut
agricole de Bouaké qui crée en 1982 une cellule de gestion des
exploitations agricoles (CGEA). Cette dernière met au point les outils
de CdG qui sont encore utilisés actuellement. La CGEA a apporté
son appui à une trentaine d'exploitations agricoles. Les premiers
bénéficiaires de cette opération étaient de jeunes
chefs d'exploitation du niveau ingénieur des travaux agricoles,
formés par l'Institut Agricole de Bouaké (IAB). En 1996 ces
activités de conseil ont été poursuivies par le projet 4
PR (projet pour la professionnalisation des producteurs de ruminants) qui en a
amélioré les outils. Ce projet a ensuite participé
à la mise en place de trois (03) centres de gestion à Korhogo,
à Bouaké et à Abengourou.
Ces centres ont pris le relais et poursuivi leurs
activités après l'arrêt de celles du projet 4 PR. En 1998,
le ministère de l'agriculture et des ressources animales et
l'association nationale des organisations paysannes de Côte d'Ivoire
(ANOPACI) ont organisé un atelier national sur le CdG comme outils de
vulgarisation. Suite à cela, l'agence nationale de développement
rural (ANADER), principal organisme de vulgarisation en Côte d'Ivoire,
retient le CdG comme une de ses méthodes d'intervention auprès
des exploitations agricoles. Les organisations paysannes optent
également pour le développement du CdG comme outil de
professionnalisation et de concertation.
Après les années 1990, le CdG a
été développé au Burkina Faso.
L'approche expérimentale visait tout autant
l'élaboration d'outils adaptés aux besoins des producteurs que la
mise sur pied d'une nouvelle technique de gestion en intégrant la
dimension économique dans la gestion (Faure et al.,
1996). Cette approche a permis d'entreprendre des actions de
formation pour les paysans, surtout en ce qui concerne le calendrier agricole.
Djoukam (2003), mentionne qu'au Burkina Faso, cette démarche a tout
d'abord concernée une quarantaine de villages dans le cadre d'une
opération pilote PDRIHKM (Projet de Développement Rural
Intégré des provinces du Houet, de la Kossi et du Mouhoun).
Au Bénin, c'est au début de
l'année 1995 que tout commence à la faculté des sciences
agronomiques (Université d'Abomey-Calavi), par le programme d'appui
à la formation professionnelle des agronomes (PAFPA). Ce programme,
soutenu par la coopération française, a développé
un volet dont l'objectif était de réaliser le conseil de gestion
auprès d'exploitants agricoles afin qu'ils puissent améliorer
leurs résultats en termes techniques et économiques avec, en
perspective, la création de centres de gestion des exploitations
agricoles (CGEA).
Aujourd'hui, le CEF ou CdG au Bénin est mis en
pratique : au sud par la CAGEA, qui accompagne environ 500 producteurs et au
nord par la cellule d'appui au développement du conseil en gestion
(CADG). Bien que fortement intégrées au marché, les
exploitations en CEF peuvent rencontrer des problèmes de gestion des
stocks vivriers pour l'alimentation familiale (cas fréquent au Nord
Cameroun) (Djomo, 2007). Le niveau de revenu peut être très
variable au sein des groupes d'exploitation CEF et entre les expériences
analysées. Les exploitations agricoles du Nord Cameroun (2 ha en
moyenne) disposent par exemple d'un revenu monétaire annuel de 200 000
FCFA à 250 000 FCFA en moyenne (Djamen en al., 2003) alors
qu'un producteur d'ananas béninois peut obtenir un revenu annuel
dépassant 1 million de FCFA.
2.3.2. Le CEF au Cameroun, une expérience du PRASAC
dans la zone septentrionale.
Le CEF a été introduit au Nord Cameroun en 1998
par l'IRAD dans le cadre des activités du PRASAC. Cette introduction du
CEF s'explique par des raisons multiples à savoir : la taille
réduite des exploitations agricoles qui couvrent difficilement leurs
besoins alimentaires et monétaires, la prédominance de
l'incertitude dans la gestion des exploitations où l'avenir est rarement
envisagé au-delà d'une campagne, les principales approches de
vulgarisation qui sont devenues descendantes, sectorielles, technicistes et
orientées vers la production et la productivité (Legile,
1999).
L'objectif du CEF est de susciter la réflexion des
paysans volontaires, de les amener à s'interroger sur leurs
pratiques, à favoriser la mesure et la prévision et à
intégrer les aspects technico-économiques dans leur raisonnement
(Djoukam, 2003). Au terme d'une étude sur les exploitations agricoles au
Nord, trois thèmes majeurs du fonctionnement de l'exploitation ont
été identifiés (Legile, 1999) : le programme
prévisionnel (préparation de la campagne agricole), la
sécurité alimentaire (gestion des récoltes ou stocks de
sécurité) et la trésorerie (utilisation de l'argent
perçu sur la vente des produits). Cette étude a également
permis d'élaborer une démarche d'animation de groupes de paysans
basée sur les trois thèmes cités plus haut. Cette
démarche a été mise en oeuvre dès la fin de
l'année 1999 dans les terroirs PRASAC et les villages suivis par le DPGT
(Djamen et al., 2003). Cette expérimentation a touché en
2002 jusqu'à 28 groupes de paysans (soit 350 producteurs environ) dont 3
groupes de femmes. En 2003, les activités de CEF sont
arrêtées dans les terroirs PRASAC et les villages
Développement Paysannal et Gestion des Terroirs (DPGT) avec
l'arrêt des financements.
Havard (2002), Djamen et al. (2003), Legile et
al. (2004) notent que la démarche de CEF s'étend sur
trois années minimum, et est adaptée au calendrier des
activités agricoles des paysans. Elle va de la formation aux bases de la
gestion (année 1) au conseil proprement dit (année 3) en passant
par la définition et l'utilisation des indicateurs
technico-économiques (année 2).
Année 1 : de la gestion du quotidien aux
projections à court terme
Cette première année met l'accent sur la
formation des paysans aux bases de la gestion à partir des thèmes
communs à la majorité d'entre eux. Ces thèmes vont des
préoccupations quotidiennes (gestion des récoltes et des revenus
monétaires) à la prévision à court terme
(préparation de la campagne agricole). Elle cherche à initier les
paysans à la prise de notes, notamment par le remplissage des fiches de
suivi des activités de l'exploitation agricole.
Année 2 : amélioration des connaissances
techniques et utilisation d'indicateurs
La deuxième année reprend à la demande
des paysans certains thèmes de l'année 1, et quelques nouveaux
thèmes : lutte contre les adventices, alimentation des animaux,
production de fumure organique etc. Elle développe les analyses
technico-économiques (calcul et discussions de ratios tels que le
rendement et les marges) sur les cultures à partir des données
collectées dans les fiches de suivi.
Année 3 : et au-delà, au conseil
individualisé
Au cours de cette année, il y a mise en place d'un
conseil individualisé. Ce conseil consiste en premier lieu en un
diagnostic participatif de l'exploitation agricole (conseiller et paysan),
suivi de l'analyse et de discussions des projets du paysan pour l'année
à venir. Ensuite, régulièrement et à la demande du
paysan, une mise au point et des ajustements sont effectués avec le
conseiller.
De plus, chaque année, des actions techniques sont
mises en place avec les paysans volontaires à la démarche:
production de semences, tests d'innovations (fumure organique, matériels
agricoles etc.). La figure 3 présente la mise en oeuvre de cette
démarche de CEF proposée par Legile (1999) et adaptée par
l'IRAD/PRASAC.
Année 3
Année 2
Année
Au conseil Individuel
De l'animation de groupe
Pour parvenir au diagnostic et au conseil
d'exploitation
A la prise en compte d'indicateurs
technico- économiques
De la formation aux bases de la gestion
Du présent
L'avenir
A
Figure 3: Démarche progressive d'aide à la
décision.
Source : Mana (2007) adapté de IRAD/PRASAC (1999)
Les résultats plutôt satisfaisants obtenus au
Nord Cameroun ont suscité la curiosité de certains projets et
associations dans le « Grand Sud » ainsi que certains responsables
des politiques agricoles du Cameroun (Havard et al., 2006, Legile,
2006). Ainsi, depuis 2006, la démarche conseil est en
expérimentation dans d'autres régions du Cameroun.
Chapitre 3 : Méthodologie
3.1 Choix de la zone d'étude
Le projet DURAS Forêt intervient dans un contexte
marqué par la problématique de la gestion durable des
écosystèmes forestiers humides en Afrique de l'Ouest et du
Centre. Au Centre Cameroun c'est dans les départements du Mbam et
Inoubou et du Nyong et Mfoumou (figure 4). Ces lieux avaient été
choisis en fonction des zones d'intervention communes des différents
partenaires du projet que sont : l'IRAD, le CIRAD, le SAILD, l'ADEAC et SOS
Vert d'une part , mais aussi en fonction d'un accès facilité tout
au long de l'année et de quelques caractéristiques
différenciées d'autre part. Il s'agissait de cibler un site
localisé en zone forestière (Mvan-Mvognyengue) et un autre
localisé dans une zone de transition forestière qui évolue
vers la savane (Bokito), ceci dans le but de comprendre comment les
connaissances et les innovations agricoles sont conçues et
diffusées afin d'élaborer une démarche d'appui-conseil qui
convient à chaque zone.
La démarche CEF a été initiée
à la demande de l'ADEAC et s'applique sur ses neufs zones
d'interventions à savoir : Mvan, Ndibidjeng, Mingueme, Mengos, Melo,
Ondeck, Nkoloboudou, Ndellé et Epkwassong. (voir figure 6)
Mont Cameroun
0 50 100 km
4°
Sud-Ouest
Mundemba
4095
Kumba
Buéa
Ngonksamba
Littoral
Douala
Edea
Dschang
Bamenda
Nord-Ouest
Kribi
Foumban
Ouest
Bafoussam
3008
1043
Sud
Bokito
1024
Mbalmayo
Ebolowa
1295
Bafia
Centre
Sangmélima
1571
1115 1060
Yaoundé
Mfou Aletin ol in
ga
12° 16°
12°
16°
Bélabo
Bertoua
927
Lomié
Est
Garoua Boulaï
Batouri
4°
Figure 4 : carte de localisation de la zone
d'étude
Source : Tchatchoua et al., (2008)
3.2 Présentation de la zone d'étude
Le département du Nyong et Mfoumou est l'un des dix
départements que compte la Province du Centre. Il a une superficie
estimée à 1670 Km2 (MINATD, 2007) et est limité
par cinq autres départements (Figure 6) :
au Sud par le département du Dja et Lobo ;
au Sud-ouest par le département du du Nyong et so'o ;
à l'Ouest par le département de la Mefou ;
au Nord par le département de la Haute Sanaga ;
à l'Est par le département du Haut Nyong.
Figure 5 : Carte de localisation
d'Akonolinga
Source : Tchatchoua (2007)
Mengos
Akonolinga
Djibidjeng Mvan
Minguemeu
Nkolobodou
Ondeck
Ndellé
Villages d'étude
Akonolinga
Siège ADEAC
Ekpassong
N
Figure 6 : Cartes de localisation des zones
d'études Source : Microsoft Encarta 2007 corporation
3.2.1 Situation géographique
L'arrondissement d'Akonolinga est situé à environ
120 km au sud-ouest de Yaoundé et se trouve à 3° 45' de
latitude Nord et 12° 15' de longitude Est (Santoir et Bopda, 1995).
3.2.2 Caractéristiques biophysiques de la zone
d'étude
La végétation
Le site d'Akonolinga appartient au domaine de la forêt
dense humide semi-caducifoliée guinéo-congolaise de basse et
moyenne altitude. Le site est peuplé de trois domaines de
végétation à savoir : le domaine à faciès de
dégradation avancée de divers types de forêt mixtes,
semi-caducifoliées et toujours vertes, les recrus forestiers et les
raphiales. Les principales formations végétales
rencontrées sont : les forêts primaires ou secondaires, les
végétations secondaires issues de longues jachères, les
agroforêts de cacaoyers, les caféières en friche, les
champs vivriers et, les raphiales de bas-fonds et les forêts
marécageuses. le système de brûlis est fortement
pratiqué dans la zone d'étude, avec des pics au mois de janvier
et février (début de la saison sèche)
Topographie, hydrologie et pédologie
D'après Santoir et Bopda (1995), Akonolinga est
situé sur le plateau qui occupe la majeure partie du Cameroun
méridional. Cette vaste surface d'érosion est inclinée
vers le bassin du Congo au sud-est ; à l'ouest, elle s'achève
brusquement par un escarpement, sur la surface côtière. L'altitude
moyenne varie entre 600 m et 700 m, avec des sommets pouvant parfois atteindre
800 m. Le soubassement de la surface inférieure est d'âge
précambrien et se compose essentiellement de roches cristallines
(granites, gneiss, micaschistes), qui ont subi un aplanissement très
poussé, responsable d'un relief peu marqué. Au Sud du fleuve
Nyong, le modelé de collines fait place à des plateaux bas qui
dominent les fonds des vallées de 40 à 50 m de haut. Les
interfluves ont des sommets allongés et légèrement
ondulés, parfois surmontés de collines basses. Cette zone
correspond à la partie centrale du plateau méridional.
La FAO, (1993) et Bidzanga et Ava (2006), rapportent que les
sols d'Akonolinga appartiennent à la classe des sols fortement
désaturés ayant une épaisseur de 4 à 20 m au dessus
de l'horizon d'altération et des vallées alluviales. Selon
Bidzanga et Ava (2006), cette zone est localisée aux bassins
supérieurs du Nyong et de la Sanaga. On y observe une dorsale
formée dans la pénéplaine. L'horizon
concrétionné apparaît en surface aux ruptures de pente. A
l'approche des bas-fonds, le sol a souvent tendance à
s'éclaircir, devenant parfois nettement
jaune, et présente une texture plus sableuse en
surface. Les sols de bas-fond sont sableux, plus ou moins humifères et
le plus souvent hydromorphes, ayant une nappe phréatique proche de la
surface. On remarque les champs de macabo aux environs des bas fonds. Dans les
sols colluvionnés ou alluvionnés, des paysages très plats
sont localisés aux voisinages des grands axes de drainage du bassin
inférieur du Nyong et sont souvent associés à des sols
hydromorphes qu'ils ne dominent que de quelques mètres.
Climatologie
Le climat d'Akonolinga est un climat tropical bimodal. On
distingue donc une longue saison de pluies allant de mars à juin ; une
petite saison pluies allant de septembre à novembre ; une longue saison
sèche allant de mi-novembre à février ; et enfin une
petite saison sèche allant de juillet à août avec des
pluies intempestives.
La pluviosité annuelle varie entre 1215mm et 1803mm.
La température annuelle se situe entre 24,75°C et 25,25°C
(Bidzanga et Ava, 2005). Santoir (1995) fait remarquer que la durée de
la saison sèche de juillet-août diminue très vite quand on
remonte vers le Nord, l'étiage correspondant est donc moins important.
La saison sèche dure beaucoup plus longtemps au détriment de la
grande saison des pluies. Les périodes de crue sont
irrégulières. Sur les grands bassins, elles commencent en mars -
avril et sont moins fortes en novembre. La présence de l'eau en
période de crue peut être néfaste pour certaines
espèces d'animaux, notamment les animaux terrestres.
Les récoltes interviennent généralement
en juillet-Août (macabo, pistache arachide, maïs, manioc) et en
novembre-décembre (macabo, arachide, café, cacao, maïs). Les
récoltes de banane se déroulent le long de l'année mais
elles sont plus abondantes en saison sèche qu'en saison pluvieuse. Les
cultures de la tomate et du piment se font à partir de décembre
et les récoltes interviennent en Mars- Avril.
Le milieu humain
Tchatchoua (2007) distingue trois groupes ethniques à
Akonolinga à savoir.
· Les Mvognyengue qui sont des autochtones (75% de la
population totale) ;
· les Maka qui sont des migrants venus de la province de
l'Est et qui ont été attirés par les eaux poissonneuses du
Nyong et du Mfoumou (15% de la population totale) ;
· Les Yeb-Bekolo qui sont des migrants venus de
l'arrondissement d'Ayos pour les mêmes raisons que les Maka (10% de la
population totale).
ADEAC (2005), précise que le taux de scolarisation des
paysans est estimé à 89,8% (pour ceux qui ont fait au moins le CM
II) et que 50,3% de la population est constituée de femmes. La
société locale a une faible tradition associative et
organisationnelle. Les associations existantes ne s'affirment pas comme des
entités professionnelles autonomes et consultées dans leur
environnement. Il existe une collaboration entre les acteurs de
développement puisque ces derniers ont parfois des projets
similaires.
Bidzanga et Ava (2006), rapportent que la plupart des projets
de développement en cours à Akonolinga bénéficient
pour l'essentiel du financement des fonds PPTE et sont
généralement supervisés par les services de vulgarisation
du MINADER comme présenté dans le tableau 5
Tableau 5 : Projets de développement et de
recherche à Akonolinga
Titre du projet
|
Financement/ Partenaires
|
Villages
enquêté touché
|
Observation
|
Programme de relance de la filière banane-plantain
|
PPTE ,
IRAD/IITA
|
Mvan Ndibidjeng,
Mingeumeu, Ndéllé
|
Formation sur la
multiplication des rejets
|
Programme de
développement des palmeraies
villageoises
|
PPTE Union des exploitants de Palmier à huile
|
Mingeumeu,
Mvan
|
Création des
champs semencier, appui financier au producteur
|
Programme de
valorisation des bas-fonds
|
PPTE Contractualisation
|
|
Sensibilisation sur
la mise en valeur des marécages
|
PNVRA
|
Gouvernement du
Cameroun, BAD,
MINADER, MINEPIA,
IRAD, MINRESI
|
|
Formation, encadrement, appui en petit équipement aux
OP
|
Action du fonds National de l'emploi (FNE)
|
FNE Contractualisation
|
|
En cours
|
Filière maïs
|
PPTE,
MINADER, IRAD,
ADEAC
|
Mvan, Ndibigjeng,
Mingeumeu, Ondeck
|
Création des
champs semenciers paysans, formation sur la valorisation du
maïs dans l'élevage des poulets et porcs, création des
parcelles de maïs
|
Valorisation des PFNL
|
CIFOR, CARPE,
ICRAF
|
Ondeck, Ndéllé
|
Organisation de la
filière Ndjansang, formation
|
|
|
|
sur les techniques de
production de Ndjansang, appuie financier et matériels
aux producteur de la filière
|
Participation au
développement local
|
PNDP
MINEPAT
|
Ndéllé
|
Sensibilisation sur
l'importance de son implication personnelle dans les
activités visant le développement de la localité
|
Développement des
semences améliorées de manioc, macabo, ignames,
etc
|
PNDRT, MINADER
|
Mvan et
Ndibidjeng
|
Formation sur les
techniques de production, production de la semence et
conservation de la récolte
|
Limitation de la virulence des mirides sur cacaoyer
|
SODECAO MINADER
|
Mvan, Ndibidjeng,
Mingeumeu, mengos
|
Vulgarisation des
nouvelles semences de cacao, démonstration sur la lutte
anti capside
|
source : adapté de Bidzanga et Ava (2006) et DDADER,
(2008)
Quelques structures de microfinance existent à l'instar
des coopératives, les caisses villageoises d'épargne et de
crédit autogéré (CVECA), les caisses mutuelles
d'épargne et de crédit (CMEC) mises sur pied par l'ADEAC.
NB : les projets opérant dans la zone
ne concernent pas l'ensemble des villages faisant partie de notre
échantillon ; ils sont mis en oeuvre en fonction de leurs objectifs.
C'est le cas par exemple du projet valorisation des PFNL mis en oeuvre par le
CIFOR, le CARPE et l'ICRAF dans les villages Epkwassong et Ndéllé
en raison de l'existance des forêts. La plupart s'intéressent
à un échantillon limité de paysans
généralement formés en groupe pendant des journées
de démonstrations. Le CEF n'est donc pas la première approche qui
intervient dans ces villages. Un certain nombre de projets y ont mis en oeuvre
d'autres approches (appui technique, appui financier) qui ne tiennent pas
compte du diagnostic global de l'exploitation.
3.3 Présentation des activités de CEF
réalisées par le projet DURAS auprès de l'ADEAC à
Akonolinga
Le projet DURAS et l'IRAD ont, à la demande de l'ADEAC,
organisé un premier atelier visant à présenter au
personnel de l'ADEAC et à ses animateurs, l'évolution des
démarches d'appui aux producteurs, rendue nécessaire avec
l'évolution du contexte socioéconomique de la production agricole
(désengagement de l'Etat de certaines fonctions d'appui
et de services aux producteurs, organisations des producteurs,
limites des approches de vulgarisation en cours), etc... Ensuite, la
démarche de CEF mise en oeuvre au Nord-Cameroun a été
présentée : qu'est-ce qui a amené cette démarche ?
Quels étaient ses principes, ses objectifs ? Comment a-t-elle
été élaborée ? Quels sont ses résultats ?
Présentation du module prévision de campagne
réalisé en animation de groupes de paysans.
Il a aussi été précisé que cette
démarche ne peut pas être mise en oeuvre telle quelle dans la zone
ADEAC, le contexte étant différent. Après cet atelier,
l'ADEAC et ses animateurs devaient se concerter pour définir les
thèmes et les modules à mettre en oeuvre en fonction de leurs
attentes et de celles des paysans de leur zone. Le module «
prévision de campagne » a été retenu. Il consiste en
l'évaluation des besoins en semences, en intrants, en produits
phytosanitaire, et en financement pour la prochaine campagne. Il permet aux
paysans de faire coïncider leurs objectifs et les moyens dont ils
disposent. Des fiches de programmation des campagnes ont été
proposées (voir annexe 7). L'ADEAC a donc défini son dispositif,
et l'a mis en oeuvre entre mars et octobre 2006. Ce dispositif qui portait sur
le plan prévisionnel de campagne, devait aider ADEAC à mieux
estimer les besoins en intrants des paysans et par là le montant de
crédit intrants à octroyer.
L'atelier d'octobre 2006 visait à faire le point des
activités menées entre mars et octobre par les animateurs, et de
leur présenter la démarche et les outils pour le suivi technique
et économique des parcelles. Ce suivi amène les paysans à
discuter des raisons explicatives de la production par rapport à la
superficie, en s'appuyant sur les observations, les opérations
réalisées et les dates. L'analyse économique s'attarde sur
les recettes et les dépenses de l'exploitation en tenant compte de la
production, de la quantité vendue et la quantité
autoconsommée. Ces informations amènent les paysans à
répondre à deux questions :
1. Qu'est-ce que cela m'a rapporté en argent ?
Ce sont les recettes réelles (ce qui est vendu) moins ce
qui est dépensé.
2. Qu'est est la rentabilité de la parcelle par rapport
à une autre parcelle par exemple ?
Après l'atelier, l'ADEAC et les animateurs se sont
concertés pour élaborer des fiches de suivi adaptées aux
parcelles qu'ils ont retenu, et définir le programme d'activités
entre octobre 2006 et mars 2007.
Enfin l'atelier de Mars 2007 est un atelier de synthèse et
de restitution de ce qui avait déjà été fait par
les animateurs en vue des nouvelles orientations, et pour élaborer le
programme pour la prochaine campagne, etc...
Tableau 6: Activités du CEF auprès de
l'ADEAC à Akonolinga
Date/période
|
Lieu
|
Activités
|
Motif
|
16 mars 2006
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier IRAD-ADEAC
|
Appui aux
producteurs et conseil à l'exploitation familiale
|
17 octobre 2006
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier avec les cadres
et les
animateurs de
l'ADEAC
|
Programmation prévisionnelle de la campagne agricole
Mise en oeuvre d'un CEF par les conseillers de l'ADEAC en
animation de groupes de paysans
|
6 Novembre 2006
|
Akonolinga
|
Atelier IRAD-ADEAC
|
Inventaire des fiches collectées par les animateurs
Formation sur
l'analyse des données techniques et
économiques
|
6 mars 2007
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier avec les cadres
et les
animateurs de
l'ADEAC
|
- Discussion sur la
mise en oeuvre des activités d'appui-conseil de
novembre 2006 à février 2007 afin
d'essayer de trouver ensemble des solutions aux
problèmes rencontrés
- Formation des
animateurs de l'ADEAC à la mise en oeuvre
d'activités de suivis technico-économiques des parcelles
cultivées par les paysans et remplissage des fiches de suivis
- Discussion sur la
fonction de l'animateur
|
Source : Tchatchoua et al. (2008 : 6)
3.4 Choix et taille des échantillons
Dans le cadre de cette étude centrée sur
l'évaluation de l'intégration du CEF dans les activités de
l'ADEAC et l'analyse de son impact sur les paysans, plusieurs outils ont
été utilisés :un guide d'entretien adressé au
coordonnateur, 3 responsables techniques portant sur l'évolution et
l'insertion du CEF au sein des programmes de l'ADEAC, un guide entretien
adressé aux six animateurs paysans d'ADEAC portant sur les outils et la
démarche utilisée pour la mise en oeuvre du CEF, l'enquête
par sondage sur un échantillon représentatif de paysans pour
estimer l'impact du CEF sur les exploitations agricoles.
La méthode d'échantillonnage utilisée a
été la méthode probabiliste (sondage aléatoire)
notamment la stratification. Elle consiste à imposer à
l'échantillon une structure analogue à celle de la population
totale relative à certains critères dits de contrôle dont
les études préliminaires permettront de supposer qu'ils sont en
étroite corrélation avec l'un des caractères
étudiés.
La taille de l'échantillon des paysans membres de
l'ADEAC à enquêter a été déterminée
par la technique de choix proportionnel à un seuil de 10% (Tableau 8)
suivant la formule :
e = N X a
où e = l'échantillon ; N= effectif total des
membres de chaque zone ; a= le seuil de signification (0,1)
Tableau 7 : Taille des échantillons en fonction
des zones d'interventions
|
Zone 1
|
Zone 2
|
Zone 3
|
Zone 4
|
Zone 5
|
Zone 6
|
Zone 7
|
Zone 8
|
Zone 9
|
total
|
Effectif membres
|
165
|
153
|
87
|
57
|
109
|
102
|
109
|
153
|
246
|
1181
|
Paysans à
enquêter
|
17
|
15
|
9
|
6
|
11
|
10
|
11
|
15
|
25
|
119
|
Conseillers
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
9
|
Légende : zone 1= Mvan ; zone 2= Ndibidjeng ; zone 3=
mingueme ; zone 4= Mengos ;
zone 5= Melo ; zone 6= Ondeck ; zone 7=nkoloboudou ; zone 8=
ndellé ; zone 9= Epkwassong
Le choix de chaque paysans à enquêté s'est
fait au hasard mais orienté par les
animateurs de chaque village et par la disponibilité et le
volontariat des paysans.
Les fortes pluies et le manque des moyens de locomotion ont
empêché de mener les enquêtes à Koloboudou,
Epkwassong et Melo.
3.5 Analyse opérationnelle des variables
Les hypothèses de notre étude comportent deux types
de variables à savoir les variables expliquées et les variables
explicatives.
3.5.1 Variables expliquées
Les hypothèses retenues pour cette étude comportent
quatre variables expliquées : la complémentarité des
activités, la maîtrise des activités, la
compréhension du CEF et la perception du CEF.
- complémentarité des activités : on
entend ici par complémentarité la mise en place des
activités du CEF qui renforcent les activités de l'
ADEAC. et cette variable a
été mesurée grâce à un guide d'entretien
auprès des responsables de l'ADEAC portant sur les raisons de
l'insertion du CEF dans ses programmes, la méthode d'insertion, les
sources de financement du CEF et difficultés rencontrées. Ceci en
vue d'établir la monographie de l'ADEAC et comprendre l'évolution
et l'insertion du CEF dans ses activités.
- la maîtrise (ou conduite) des activités de CEF
: c'est la capacité des animateurs paysans à mettre en oeuvre le
CEF. Cette variable a été mesurée grâce à la
synthèse des informations issues du guide d'entretien auprès des
animateurs en vue de déterminer leurs caractéristiques
socio-économiques et éducationnelles, leur compréhension
du CEF, le degré de motivation dans l'exercice de leurs fonctions, le
chronogramme de leur activités et de travail, ainsi que la
méthode et les outils utilisés pour la mise en oeuvre des
activités de CEF. Nous avons également mesuré cette
variable à l'aide d'un questionnaire auprès des paysans membres
de l'ADEAC en vue d'apprécier aussi les types de relations entre les
animateurs paysans et les paysans ;
- la compréhension ou l'assimilation du CEF : c'est la
mise en application des connaissances acquises du CEF et de l'utilisation de
ses outils. Cette variable à été mesurée à
l'aide d'un questionnaire appliqué aux paysans membres en vue de
déterminer le degré de compréhension et de mise en
pratique des enseignements appris lors des séances de travail, chaque
paysan précisait les difficultés qu'il rencontre dans la mise en
oeuvre de chaque module, les modifications apportées et les raisons de
ces modifications ;
- la perception du CEF : il s'agit du point de vue de chaque
acteur en ce qui concerne les performances (efficacité, efficience,
viabilité) du CEF à Akonolinga. Cette variable a
été mesurée en exploitant les résultats de
l'enquête auprès de chaque acteur en vue de déterminer le
point de vue de chacun sur la démarche CEF. Il s'agissait pour chaque
partie prenante de dire si oui ou non le CEF répond à ses
attentes, de préciser comment et pourquoi, de donner ses impressions sur
l'impact du CEF sur l'amélioration des conditions de vie des paysans et
sur le développement rural.
3.5.2 Variables explicatives
Les variables explicatives permettent de comprendre les variables
expliquées. Pour cette étude, elles sont : l'approche CEF, le
profil de l'animateur, les outils ou démarche, et les objectifs des
acteurs concernés.
- l'approche du CEF : c'est le programme de conseil
prévu par l'ADEAC (activités à réaliser). Cette
variable a été mesurée en faisant une monographie de
l'ADEAC portant sur son organisation, ses programmes, ses activités, ses
ressources, l'insertion du CEF dans ses programmes et les raisons de cette
insertion, le chronogramme des activités de conseil ;
- le profil de l'animateur paysan : c'est l'ensemble des
critères et des conditions incluant le comportement physique et moral,
le statut social, la fonction, le niveau d'éducation et
d'alphabétisation, que doivent remplir un conseiller pour exercer
pleinement son activité. Cette variable a été
mesurée en exploitant le guide d'entretien des animateurs et à
travers la lecture des rapports d'atelier de Duras et ADEAC sur la
définition du profil des conseillers et les attributions de chaque
animateur.
- les outils ou démarche du CEF : ce sont les documents
de base (fiches, registre) et les méthodes (animation de groupe,
entretiens, visites sur le terrain) que les responsables de l'ADEAC et ses
animateurs utilisent pour mettre sur pied le CEF. La variable a
été mesurée par enquête et en consultation des
documents stratégiques du CEF dans l'optique d'identifier les documents
de base.
- les objectifs des acteurs concernés : ce sont les
réalisations prévisionnelles que chaque acteur souhaiterait
atteindre avec des moyens connus et dans un délai connu. Cette variable
a été mesurée grâce aux enquêtes (guide
d'entretien et questionnaire) demandant aux paysans leurs objectifs de
production en début de campagne, aux animateurs leur objectifs à
atteindre dans le cadre du CEF, et aux responsables de l'ADEAC la place du CEF
au sein de la coordination.
3.6 Sources des données
Deux types de données ont été
utilisées : les données primaires et les données
secondaires.
Les données primaires ont été
collectées à l'aide des questionnaires et des guides d'entretien
auprès des trois groupes d'acteurs ci-dessus mentionnés. Le
questionnaire administré auprès des paysans et les guides
d'entretien administrés aux responsables de l'ADEAC et aux animateurs
ont été testés en vue d'améliorer leur
validité. Le questionnaire comportait les caractéristiques socio
économique des paysans, et des conseillers, les informations relative
aux activités de conseil fait en atelier à Akonolinga et avec les
animateurs pour les paysans, les informations sur l'application du CEF au sein
des exploitations, le mode d'application et les modifications apportées
à chaque outil, la diffusion du CEF au sein des village, la perception
du CEF (voir questionnaire et guide d'entretien annexe)
Les données secondaires quant à elles, ont
été collectées auprès des bibliothèques de
l'UDs, IRAD, de l'ADEAC, de la FAO et sur Internet, en vue de compléter
la présente revue et réorienter, si nécessaire, les
objectifs de l'étude. Certaines données ont également
été collectées dans les journaux, les revues, les
informations radiophoniques et télévisées, et les notes de
cours de la FASA.
3.7 Méthodologie de collecte des
données
Pour appréhender le conseil au sein de l'ADEAC, notre
étude a été décomposée en trois parties
1- la monographie de l'ADEAC : elle a permis de
préciser, évaluer, caractériser la place et le rôle
du conseil au sein des activités de l'ADEAC ; elle a permis
également de faire le chronogramme des activités prévues
et réalisées dans le cadre du conseil et d'expliquer les
différences entre ce qui a été prévu et ce qui a
été réalisé. Pour y parvenir nous avons
procédé à une interview auprès des responsables
administratifs et techniques de l'ADEAC et consulté les documents de
l'association.
2- la caractérisation des animateurs paysans : elle a
permis de déterminer les activités que chaque animateur devait
réaliser, de caractériser celles qu'il a réalisées,
d'expliquer les causes et les raisons de la différence entre le
prévu et le réalisé ; d'apprécier leur perception
et compréhension de la démarche, ainsi que les outils
utilisés dans le cadre du CEF. Six des neuf animateurs paysans de
l'ADEAC ont été interviewés sur les activités que
chacun a mises en place, sur leur perception et compréhension de la
démarche et des outils, et leur profil.
3- la mesure des effets du CEF au niveau des exploitations et
la perception de la démarche des paysans ont permis de déterminer
les activités auxquelles les paysans ont participé, ses effets
(performance technico-économique, plan de prévision des campagnes
agricoles et le suivi des parcelles) et le point de vue de chaque paysan sur la
démarche et les outils. Ces questions ont été
abordées au travers d'un questionnaire portant sur les
caractéristiques suivantes : le profil de chaque paysan, ses
activités agricoles et l'évaluation de leur rentabilité,
les activités de conseil et leurs effets sur les exploitations.
3.8 Réalisation des objectifs
L'objectif N° 1 de cette étude consistait à
faire le point sur l'insertion du CEF au sein de l'ADEAC. Cet objectif a
été réalisé en faisant une monographie des
activités de l'ADEAC
avant et après le CEF, en se basant sur les principales
activités en rapport avec la vie des paysans.
L'objectif N° 2 consistait à faire le point sur
les activités CEF du projet Duras en collaboration avec l'ADEAC. Cet
objectif a été réalisé en identifiant les
principales activités réalisées par le projet DURAS et
l'IRAD et par ADEAC. Identifier celles qui ont été
adaptées, le mode d'adaptation, les modifications apportées et
les raisons des modifications.
L'objectif N° 3 consistait à caractériser
les activités mises en place par les animateurs paysans. Il a
été réalisé en identifiant les activités et
les modules (types et contenus) réalisés par les animateurs
paysans, et en comparant ces activités à celles retenues par
ADEAC. L'objectif N° 4 consistait à déterminer le profil des
animateurs paysans et leur perception de la démarche. Pour y parvenir,
nous avons enquêté sur le niveau scolaire des animateurs paysans,
leur situation matrimoniale, leur origine ethnique, leurs activités,
leurs rapports avec les paysans, les motivations, la rémunération
de leurs activités.
L'objectif N° 5 consistait à analyser les
perceptions par les paysans de la démarche CEF. Pour y parvenir, les
paysans ont été d'abord caractérisés. La
caractérisation s'attardait sur l'âge de leur exploitation, niveau
d'éducation, origine ethnique, activités principales et
secondaires, objectifs de production, superficie annuelle cultivée.
Ensuite il était question de connaître les différents
points que les paysans ont traité par module identifié, ce qu'ils
ont compris ou pas, ce qu'ils ont appliqué ou pas. Chacun était
amené à donner son point de vue sur les effets perceptibles du
CEF, dire si le CEF répond à leurs attentes, s'il peut contribuer
à l'amélioration de leurs conditions de vie.
L'objectif N° 6 consistait à estimer les effets
qualitatifs et quantitatifs du CEF sur les exploitations. Sur le plan
qualitatif, il s'agissait d'identifier les anciennes pratiques et de les
comparer à celles actuelles. Ces pratiques concernaient surtout les
itinéraires techniques, le suivi des cultures et le respect du
calendrier agricole. Sur le plan quantitatif, à partir des fiches de
suivi de 2007 et 2008, nous avons déterminé la variation des
superficies cultivées, des quantités d'intrants utilisées,
des coûts de production (voir annexe). L'analyse du bilan des paysans a
permis de calculer les marges brutes de chaque type de culture. L'étude
s'est attardée uniquement sur deux cultures par type de
spéculation choisi au hasard (cultures de rentes,
maraîchères, vivrières et
céréalières). Les marges brutes et les revenus disponibles
ont été calculés suivants les formules ci -après
:
Marge Brute = recette de la culture - prix
d'achat intrant direct
Revenu disponible = (~ recettes de chaque
type de culture + recette activité extra agricole + intérêt
sur l'épargne) - (~ des prix d'achat intrant direct de chaque type de
culture + achat équipement + coût main d'oeuvre).
Remarque : pour faire ces calculs, nous avons uniquement
utilisé les quantités de récoltes vendues. Les
quantités autoconsommées n'ont pas été prises en
compte parce que les paysans estiment difficilement les quantités qu'ils
consomment. Il faut aussi noter que le prix des intrants directs concerne
uniquement les prix d'achat des semences et des pesticides.
3.9 Méthodologie d'analyse des
données
3.9.1 La triangulation
Elle consiste à recueillir les différents points
de vue de chaque acteur enquêté,
regrouper les points de vue similaires et d'en faire une suite
logique ou une synthèse. Ainsi, dans le cadre de cette étude, la
triangulation a permis de ressortir les perceptions du CEF par chaque acteur
impliqué, et de caractériser les animateurs paysans.
3.9.2 L'approche statistique
Cette approche (fréquences, moyennes, écart
types) a permis, à travers l'estimation des besoins en intrants, des
besoins réels de financement (crédit) et des recettes et des
dépenses réelles de l'exploitation, de mesurer les effets du CEF
au niveau des exploitations surtout en ce qui concerne les performances
économiques, la prévision des campagnes et le suivi des
parcelles.
3.9.3 Logiciel d'analyse
Après la collecte des données, les questionnaires
ont été dépouillés, codifiés puis
analysés. Pour ce faire a été utilisé
le logiciel SPSS pour déterminer les fréquences, les moyennes,
les sommes et les écarts-types.
3.9.5 Outils d'analyse
Les statistiques descriptives telles que les moyennes, les
fréquences et les
pourcentages ont aussi été utilisées pour
ressortir les différentes caractéristiques des exploitations des
zones d'intervention en ce qui concerne leurs performances
technicoéconomiques. Les statistiques telles que les moyennes ont
été aussi utilisées pour le calcul des marges brutes des
activités réalisées, la rentabilité de chaque
spéculation, le calcul du revenu des exploitations de la zone et
l'estimation du budget annuel des exploitations.
Chapitre 4 : Résultats et discussion
4.1 Insertion du CEF au sein de l'ADEAC
4.1.1 Présentation de la structure ADEAC
Créée en 2000 suite à la restructuration
de la Fédération des Organisations Paysannes du Nyong et Mfoumou
(FOPANYM), ADEAC couvre huit villages dans ce département et un seul
dans le département de la Mefou et Afamba. Cette association à
pour objectif d'assurer l'épanouissement intégral des paysans
dans un environnement sain et dans le respect et la mise en valeur des savoirs
faire locaux. Elle vise donc à contribuer à l'amélioration
des conditions de vie et à la valorisation des potentialités des
paysans de la province du Centre.
ADEAC regroupe de nos jours plus de 815 membres actifs dont
215 femmes. Compte actuellement six caisses Mutuelles d'Epargne et de
Crédit (CMEC) dans les neuf villages de sa zone d'intervention. ADEAC
est dirigée par un Président de conseil d'administration et un
coordonnateur (voir organigramme en annexe). Le budget annuel de fonctionnement
de l'ADEAC s'élève à 18 000 000 FCFA, somme autre fois
octroyée par SOS Vert.
Les activités de l'ADEAC se résument en quatre
programmes à savoir le programme organisation, structuration et
renforcement des capacités, le programme agricole, le programme miro
finance et le programme promotion du petit élevage et pisciculture.
Le programme organisation, structuration et renforcement des
capacités a pour objectifs d'organiser les communautés en
comités de développement, en groupes d'initiatives communes. Il
vise aussi à former les leaders de groupe et les animateurs paysans (qui
sont aujourd'hui des conseillers-animateurs) sur leurs rôles, et les
modes de gestion de leurs structures. Il vise aussi à aider les paysans
à réfléchir sur les problèmes qu'ils rencontrent
dans leur environnement et d'y apporter des solutions communes.
Le programme agricole consiste à renforcer les
capacités des paysans et à valoriser leurs savoir faire dans le
domaine agricole (de la production jusqu'à la commercialisation). Ce
programme vise l'augmentation et la diversification des revenus agricoles des
paysans de façon durable. Ceci se fait au travers des ateliers de
diagnostics avec les animateurs en vue d'identifier avec les paysans, les
filières porteuses.
Le programme de micro finance s'inscrit dans le cadre de la
durabilité des autres programmes. En effet, à travers ce
programme, ADEAC aide les paysans qu'elle accompagne à mettre en place
des caisses mutuelles d'épargne et de crédit gérées
par les paysans eux-
mêmes. Ce programme habitue les paysans au langage de la
micro finance tel que le crédit et l'épargne,
l'intérêt et le remboursement.
Le programme promotion du petit élevage et pisciculture
vise, quant à lui, à aider les jeunes et les femmes à
associer à leurs activités agricoles le petit élevage des
poulets de chair et des porcs. Ceci dans le but de contribuer à
l'équilibre alimentaire et à la création des
activités génératrices de revenus ayant pour
finalité l'augmentation du revenu des paysans. Ce programme offre des
formations sur les techniques de production et la fabrication locale des
aliments complets. Notons que dans les différents villages, nous n'avons
pas observé les activités de pisciculture.
ADEAC travaille en partenariat avec plusieurs structures. Son
partenaire financier était SOS Vert qui a financé les
activités d'ADEAC jusqu'en 2007, année où il y a eu
rupture de contrat. Le SAILD reste son principal partenaire technique pour la
valorisation des nouvelles techniques de production et la valorisation des
nouvelles semences.
4.1.2 Raisons d'insertion du CEF au sein de l'ADEAC
En 2005 l'évaluation à mi-parcours de ses
activités avec son partenaire financier SOS vert, a permis d'identifier
de nombreux problèmes qui constituaient autant de freins à
l'atteinte des objectifs d'ADEAC. Ces problèmes se situaient sur
plusieurs plans et couvraient tous les aspects de la vie en milieu rural. Il
ressortait de cette évaluation que 1) plus de 80% des paysans
pratiquaient encore l'agriculture purement traditionnelle et faiblement
intensive, 2) les pertes post-récoltes étaient encore abondantes,
3) la non maîtrise des itinéraires techniques et des techniques de
conservation des denrées, 4) l'inorganisation des paysans face aux
acheteurs ce qui ne garantissaient toujours pas des prix
rémunérateurs, 5) une gestion approximative du revenu de
ménage, 6) absence d'un plan de campagne, 7) la faible capacité
des paysans à prendre une décision concrète dans leurs
activités, 8) la faible production agricole.
Dans le cadre du projet DURAS intitulé «
Innovations et savoirs paysans dans les pratiques de gestion des
écosystèmes forestiers humides d'Afrique de l'Ouest (Ghana,
Guinée) et du Centre (Cameroun) : diversification des systèmes
associant cultures pérennes et vivrières », en partenariat
avec ADEAC, ses responsables ont suivi un exposé portant sur le CEF
(notamment la prévision des campagnes, le suivi technique et
économique des parcelles de culture, la sécurité
alimentaire et le gestion de la trésorerie). Ils ont
immédiatement sollicité l'aide de ce projet dans le but de
pallier aux problèmes ci-dessus mentionnés.
4.1.3 Insertion du CEF au sein des programmes et
activités de l'ADEAC
Après des séances de formation de ses animateurs
paysans qui sont dès lors devenus des animateurs conseillers, ADEAC a
inséré les principaux modules traités dans ses
activités portant sur trois de ses programmes.
Dans le programme renforcement des capacités, il y a eu
intégration de la notion de l'organisation sociale. Afin d'aider les
paysans à résoudre le problème de main d'oeuvre qui est de
plus en plus rare dû à l'exode rural (car la majorité des
enfants actifs fréquente en ville en raison de l'absence les
établissements secondaires dans ces zones rurales), le CEF prône
le travail en groupe sous forme d'entraide. Des formations sur la gestion des
caisses mutuelles d'épargne et de crédit ont également
été faites dans ce programme dans le cadre du CEF.
Dans le programme agricole, il y a eu insertion de trois
activités de conseil notamment la prévision des campagnes, le
suivi technique et le choix des spéculations rentables. Ceci s'est fait
dans l'optique d'aider les paysans à maîtriser le fonctionnement
et l'évolution de leurs activités et de prendre des
décisions plus rationnelles.
Dans le programme micro finance, on note l'intégration
de la prévision des campagnes précisément l'estimation des
besoins en intrants ; des fiches ont été élaborées
sur l'analyse économique notamment le bilan des dépenses et des
recettes des paysans. Selon les responsables, ces fiches qui regroupaient
l'estimation des besoins en intrants, les notes sur les quantités de
production et les prix de vente de chaque culture et l'estimation du revenu
disponible, ont aidé les responsables à déterminer le
montant approximatif de crédit à octroyer aux paysans. Il y a
également eu l'intégration dans ce programme de l'analyse
économique notamment la gestion et la répartition du revenu au
sein du ménage. Ceci permet aux responsables des caisses et aux paysans
d'estimer le montant d'argent qu'ils peuvent épargner à la fin
d'une campagne. Aussi ce module permet aux paysans et aux responsables de
déterminer la rentabilité des activités. Ceci permet
d'étudier les demandes en crédit (solvabilité des paysans,
délai de remboursement, montant maximum à octroyer). Le tableau 8
ci-après présente le chronogramme des activités de conseil
réalisées au sein de l'ADEAC
Tableau 8: Chronogramme des activités
réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga
|
Activités réalisées
|
2006
|
2007
|
2008
|
1
|
2
|
3
|
4
|
1
|
2
|
3
|
4
|
1
|
2
|
IRAD
|
Atelier formation
|
|
|
|
|
|
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Visite sur terrain
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ADEAC
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Bilan atelier avec l'IRAD
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Modification des fiches
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|
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|
|
Récapitulatif des fiches
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|
Formation sur l'itinéraire technique de la tomate et du
piment
|
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|
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|
|
|
Création des champs semenciers paysan de maïs, macabo
et manioc
|
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|
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|
|
|
|
|
|
|
Formation sur la technique de multiplication des rejets de
plantain
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Formation sur l'utilisation des atomiseurs pour la lutte anti
capside
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Formation sur l'association banane-
macabo
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Formation des leaders des caisses sur la comptabilité
et l'étude des dossiers de demande de crédit
|
|
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|
|
|
|
|
Activités
des animateurs
|
Formation avec Duras
|
|
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|
Participation à l'élaboration des
fiches
|
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|
Atelier de restitution
|
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|
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|
|
Activités de CEF (PPC, ST, AE, animation de groupe)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
T1 : premier trimestre (Janvier- Février- Mars) ; T2 :
deuxième trimestre (Avril-MaiJuin) ; T3 : troisième trimestre
(Juillet-Août-Septembre) ; T4 : quatrième trimestre
(OctobreNovembre-Décembre).
Pendant les formations des animateurs à la centrale,
l'IRAD a utilisé des diaporamas projetés sur power point. Les
participants ont été scindés en petit groupe de
réflexion lors de l'atelier de Mars 2007. Les réflexions
portaient sur les difficultés rencontrées lors des
premières formations des paysans, sur le profil des conseiller. A l'issu
de cet atelier, des fiches ont été élaborées et
remises aux animateurs (voir annexe 7). Remarquons ici que l'insertion du CEF
au sein de l'ADEAC se faisait au fur et mesure que les responsables du projets
Duras faisaient les formations. Mais les activités du CEF se sont
intensifiées après les formations du quatrième trimestre
en 2006 et surtout du premier trimestre de 2007. Ceci s'explique par le fait
que ADEAC voulait que les paysans intègrent l'approche dans leurs
exploitations en début de la campagne qui a suivi les formations avec
ADEAC.
4.1.4 Application du CEF au sein de l'ADEAC
L'application du conseil au sein de l'ADEAC n'était pas
facile tant pour les responsables que pour les animateurs et les paysans.
Après la formation des animateurs paysans, une
séance de restitution a été organisée au terme de
laquelle il ressortait que, les animateurs paysans n'avaient pas bien compris
le module portant sur l'analyse économique. Tous estimaient en effet que
les exemples pris lors des formations étaient relatifs aux
activités du Nord Cameroun et que les fiches proposées par Duras
étaient très compliquées. Lors de l'atelier, les
chercheurs de l'IRAD ont bien précisé que ce n'étaient que
des exemples, devant amener l'ADEAC et ses animateurs à élaborer
leurs propres outils, correspondant mieux à leurs niveaux et à
leurs besoins, ce qui leur permettrait aussi de mieux se les approprier. Ils
ont aussi longuement insisté sur le fait que le CEF n'est pas
transférable en l'état, mais ses modules et outils doivent
être co-construits avec les demandeurs et les utilisateurs.
Après de longues discussions et échanges
d'idées, les responsables de l'ADEAC et ses animateurs paysans ont
adopté des nouvelles fiches (fiche de capitalisations des besoins en
intrants de chaque culture et le montant de crédit y afférents,
fiche de suivi des parcelles individuelles, fiche de suivi pour les animateurs)
(voir fiches en annexe) adaptées aux habitudes culturales de la zone et
au niveau d'éducation de ses animateurs paysans et des paysans. Chaque
animateur avait pour mission de reformer les paysans de sa zone afin que ces
nouvelles techniques soient mises en application. Pour y parvenir, ils se sont
appuyés sur l'animation de groupe, les groupes d'entraides, pour faire
des formations sur les trois thèmes (Plan de Prévision des
Campagne, Suivi technique et analyse économique). Les animateurs
devaient mettre un accent sur le plan de prévision et surtout l'analyse
économique car selon la centrale, des données de chaque paysan
permettait de déterminer la solvabilité de chacun. Ceci joue un
rôle capital dans le fonctionnement des caisses mutuelles dans chaque
zone.
4.1.5 Activités réalisées dans le
cadre du conseil
Après insertion du conseil dans ses programmes, et
après modification des fiches du CEF, plusieurs activités ont
été prévues et réalisées dans le cadre du
conseil de gestion des exploitations agricoles. Ces activités
s'appliquent suivant les modules.
Programme renforcement des capacités
Dans ce programme les activités prévues visent
à renforcer les capacités techniques, organisationnelles et
financières des paysans. On note dans ce module la mise sur pied d'une
cellule féminine qui permet aux femmes de développer des
activités génératrices de revenus (AGR) dans l'optique de
contribuer à la réduction de la pauvreté en milieu rural.
Ce volet
AGR développé dans le cadre du CEF à
Akonolinga n'entrait pas encore dans les habitudes des paysans surtout les
femmes qui ne sont pas organisées. Depuis sa création et jusqu'en
2005, ADEAC a pu organiser des ventes groupées des produits de rente
ceci pour influencer le prix du kilogramme sur le marché qui selon eux,
augmentait de 25 à 35 FCFA/Kg de cacao. Mais avec l'avènement du
CEF en 2006, et surtout grâce aux formations reçues sur
l'itinéraire technique des cultures maraîchères (tomate,
piment), ADEAC a pensé créer et organiser une filière pour
la gestion des produits vivriers et maraîchers. Cette filière est
chargée de négocier les marchés afin que les acheteurs
viennent acheter sur place, ce qui a permis aux paysans de limiter les
dépenses de transport. Des ventes groupées de ces produits ont
également été mises en place. Le tableau 9 ci-après
présente quelques activités prioritaires du programme
renforcement des capacités dans le cadre du CEF ainsi que leur niveau de
réalisation.
Tableau 9 : Activités de conseil prévues
dans le programme renforcement des capacités et leur niveau de
réalisation.
Activités prévues
|
Activités réalisées
|
Observations
|
Formations des
|
11 animateurs et 4
|
Parmi les animateurs seul
|
animateurs endogènes au
|
responsables de
|
l'animateur de Mengos était absent
|
conseil à la gestion des
|
l'ADEAC ont été formés
|
aux formations pour cause de
|
exploitations agricoles
|
sur le CEF
|
maladie
|
Formation des paysans
|
les paysans de chaque
|
Les animateurs n'ont pas bien
|
sur le CEF (PPC, ST, SA,
|
zone ont été formés sur le
|
compris les modules. Tous n'ont
|
GT, AE)
|
CEF (, PPC, ST, AE)
|
que le CEPE.
|
Organisation de la filière
|
la filière Djansang est
|
Ces trois zones ont encore des
|
Djansang dans chaque
zone
|
organisée à Ondeck,
Koloboudou et
|
forêts et
récoltent plus le djansang. Certains
|
|
Epkwassong
|
paysans créent déjà des plantations de
djansang
|
Organisation de la
|
Des journées de
|
Les grands acheteurs viennent
|
commercialisation des
|
commercialisation sont
|
acheter bord champ. Les revenus
|
produits vivriers et
|
organisées. Des
|
des paysans sont satisfaisants et
|
maraîchers
|
responsables sont élus et formés sur les
techniques de négociation des
|
meilleurs par rapport à 2005
|
|
marchés
|
Plus de 80% des membres sont
|
Création et organisation
|
dans 8 zones, il y a eu
|
inscrits dans ces groupes de travail.
|
des groupes de travail au
|
création et organisation
|
Ce travail est rotatif d'une durée de
|
sein de chaque comité
|
des groupes d'entraides.
|
4 heures en fonction des activités
|
local des zones ADEAC
|
|
agricoles des zones
|
Source : rapport d'activités ADEAC (2006, 2007)
Le programme agricole
Plusieurs activités ont été
prévues dans ce programme relatif au conseil. Travaillant en partenariat
avec le SAILD et l'IRAD de Yaoundé, ADEAC a complété et
révisé les modules proposés par le projet Duras. Ainsi ces
activités visent une amélioration des techniques de production,
une méthodologie appropriée de suivi des parcelles, une
augmentation de la productivité agricole. Ces activités
permettront aux paysans d'avoir une meilleure maîtrise de leurs
parcelles. Le tableau 10 ci après présente les activités
de conseil prévues dans le programme agricole et leur niveau de
réalisation.
Tableau 10: Activités de conseil prévues et
réalisées dans le programme agricole de l'ADEAC
Activités prévues
|
Activités réalisées
|
Observations
|
Formation des paysans sur
|
Les animateurs ont formé
|
La quantité des besoins en
|
le Prévision de campagne
|
les paysans sur ces trois
|
intrants diminue, le montant
|
(PPC), Suivi technique
|
modules.
|
de crédit accordé augmente
|
(ST), et analyse économique
|
|
|
(AE)
|
|
|
Traitement des parcelles de
|
Des cacaoyères (900 ha)
|
La plupart des cacaoculteurs
|
cacao contre la pourriture
|
sont traitées dans toutes les
|
traitent leurs parcelles.
|
brune et les capsides
|
zones ADEAC.
|
|
Création des champs
|
Des champs semenciers ont
|
Les paysans n'ont plus de
|
semenciers paysans de maïs, de macabo et de manioc
|
été créés dans 5 zones
|
problèmes de semences de manioc et de macabo pour
|
dans chaque zone.
|
|
leurs parcelles
|
Formation des paysans sur
|
46 paysans répartis dans 4
|
48 ha de bananier plantain
|
la technique de
|
zones ont été formés et ont
|
ont été créés. Cette
activité
|
multiplication des semences
|
construit des Bacs.
|
constitue une source de
|
de plantain
|
|
revenu pour les paysans
formés (50-100 FCFA/rejet)
|
Formation sur la culture du
|
19 paysans ont été formés
|
9 ha de piment et 19 ha de
|
piment et de la tomate dans
|
dans 4 zones
|
tomate ont été créés. Les
|
les zones ADEAC
|
|
paysans intègrent
progressivement le
maraîchage dans leurs habitudes culturales
|
Source : ADEAC (2006)
Le programme miro finance
Dans ce programme les activités de conseil ont
été appliquées à deux niveaux, à savoir au
niveau de la caisse à travers l'identification des besoins réels
de financement des activités et au niveau des activités à
travers la capitalisation des besoins réels en intrants. Le plan de
prévision de campagne et l'analyse économique sont très
importants pour la micro finance de l'ADEAC car selon les responsables, ils
sont complémentaires des activités initialement prévues.
C'est dans cette optique que les responsables de l'ADEAC ont prévu
plusieurs activités de conseil dans ce programme. Ces activités
se sont déroulées au travers des formations de 2006. Le tableau
11 présente les activités prioritaires de conseil prévues
et réalisées dans le programme de micro finance.
De ce tableau, il ressort que la valeur de la quantité
de besoins en intrants détermine approximativement le montant de
crédit. Or selon les responsables de l'ADEAC, « un paysan
prenait plusieurs fois le crédit intrant. C'est-à-dire que
après distribution des intrants à crédit, certains paysans
se rendaient parfois compte que la quantité demandée était
soit en excès soit insuffisant pour la majorité. Les paysans de
cette deuxième catégorie venaient encore demander un autre
crédit ce qui était difficile pour nous de leur satisfaire
». Dans ce tableau, nous remarquons également que toutes les
demandes de crédit ne sont pas toujours octroyées. Les
responsables des caisses soulignent que, avant le CEF, ADEAC voulait que chaque
paysan soit satisfait de ses services. Ce qui l'obligeait d'octroyer le
crédit à tous les membres qui sollicitait. Mais après les
ventes groupées à la fin de la campagne, le montant des recettes
de certains paysans était presque équivalent ou
légèrement supérieur au montant de leur dette. Ne voulant
pas laisser les paysans sans argent, les responsables prélevaient juste
une partie. Ce qui a été à l'origine des faibles taux de
recouvrement (40-60 %) dans la plupart des zones. De nos jours ADEAC pense que
l'analyse des comptes (bilan, budget et répartition du revenu) des
paysans a permis de déterminer leur solvabilité ce qui aurait
favorisé le recouvrement des crédits dont le taux est
estimé à 90 %.
Tableau 11 : Activités prévues et
réalisées dans le programme de micro finance de
l'ADEAC
Activités prévues Activités
réalisées Observations
|
Estimation des besoins réels
|
Les paysans sont formés sur
|
La valeur de la quantité des
|
en intrants
|
l'estimation de leurs besoins
|
besoins en intrants détermine
|
|
en intrants.
|
approximativement le
montant de crédit.
|
Formation sur l'analyse des
|
Les responsables sont formés
|
Toutes les demandes de
|
demandes de crédit
|
sur l'analyse de la demande
|
crédit ne sont pas toujours
|
|
de crédit à base du budget ou
|
satisfaites. Les responsables
|
|
du revenu des spéculations des paysans
|
sont stricts dans leur travail,
|
Formation des paysans sur
|
Les paysans de toutes les
|
Les budgets et bilans
|
l'élaboration des budgets et
|
zones sont formés sur
|
élaborés permettent
|
comptes d'exploitation
|
l'élaboration du budget et du
|
d'octroyer les crédits aux
|
|
bilan.
|
paysans.
|
Formation des responsables
|
Les responsables des caisses
|
Le taux de recouvrement des
|
sur le suivi du crédit et le
|
des zones concernées sont
|
crédits est de 90%. Les
|
recouvrement.
|
formés sur le suivi du crédit
|
crédits sont utilisés pour
|
|
octroyé.
|
l'objet du prêt.
|
Sensibilisation des paysans
|
Tous les paysans sont
|
L'épargne moyenne des
|
sur l'épargne
|
sensibilisés et accèdent
|
membres passe de 5000 Fcfa
|
|
facilement aux services de
|
à 6000 Fcfa et 70% des
|
|
microfinance
|
besoins de crédit sont
|
Formation des paysans sur la
|
Les paysans de certaines
|
financés.
|
gestion et la répartition du
|
zones sont formés sur la
|
Près de 80% des paysans
|
revenu du ménage.
|
répartition du revenu.
|
allouent une somme aux
dépenses du ménage.
|
Source : ADEAC (2007 :15)
Les écarts de réalisation des activités
du CEF pourraient s'expliquer par le fait que ADEAC n'avait pas prévue
un budget pour le suivi des activités du CEF. Ceci pourrait
également être dû au non respect du chronogramme des
activités que ADEAC avait planifiées pour les animateurs. Pour
mieux comprendre ces écarts, il est important de voir ce que les
animateurs ont réellement fait au niveau des villages dans le cadre du
CEF.
4.2 Le CEF et l'animateur paysan
4.2.1 Profil des animateurs paysans à Akonolinga
Les animateurs paysans de l'ADEAC sont des jeunes hommes et
femmes de 37 ans en moyenne ayant au moins le CEPE. Ces animateurs sont
élus par les paysans membres de l'ADEAC pour une durée de deux
ans renouvelable. Pour être animateur paysan d'une zone ADEAC, les
postulants doivent remplir les conditions suivantes :
- être membre de l'ADEAC régulièrement
inscrit depuis au moins deux ans et
être régulier aux réunions ;
- être originaire du village concerné et avoir une
résidence permanente au dit
village ;
- avoir une expérience en agriculture (formation en
agriculture ou avoir travaillé
dans une structure de développement local) ;
- être physiquement apte ;
- être responsable.
D'autres critères tels que la disponibilité, la
tolérance, la situation matrimoniale, la bonne moralité sont
laissées à l'appréciation des paysans
(électeurs).
Les élections sont indépendantes de la centrale.
Elles sont organisées dans chaque zone qui informe au préalable
la Centrale ADEAC. Ces élections sont présidées dans
chaque zone par un représentant de la centrale chargé de
coordonner les élections, installer le bureau et surtout préciser
les attributions de chacun. En ce qui concerne les animateurs, ils sont
chargés de :
- rassembler, organiser et animer les paysans ;
- représenter les paysans à toutes
cérémonie, forum, atelier concernant
l'agriculture ;
- former continuellement les paysans sur les différents
modules du CEF ;
- informer les paysans des nouvelles innovations techniques
concernant
l'agriculture ;
- sensibiliser les paysans membres et, si possible, les paysans
non membres sur
l'importance du CEF ;
- veiller au suivi des activités agricoles des paysans de
chaque zone ;
- recueillir les doléances des paysans et les soumettre
à la centrale ;
- s'assurer de l'application effective du CEF dans sa zone
d'intervention.
Ces attributions rejoignent les articles de Daouda (2002) et
Havard (2003) qui stipulaient qu'un bon conseiller est celui qui est capable de
remplir les fonctions de formateur, animateur, vulgarisateur et conseillers
proprement dit.
Les animateurs enquêtés étaient tous des
hommes, mariés (67%) ou fiancés (33%) tous titulaires d'un CEPE
et ayant séjourné en ville pendant au moins 5 ans. Ils
résident pour la majorité (75%) au village depuis au moins 10
ans, s'exprimant tous en français et en langue locale, dépendant
de leur ethnie (67% sont des Yebekolo et 33% les Nvognyengue). Ils
étaient élus depuis au moins 3 ans car certains sont animateurs
depuis la création de l'ADEAC et ont été renouvelés
lors des dernières élections de 2006. Ces animateurs sont selon
les paysans des hommes de confiance, disponibles, ouverts, tolérants,
compatissants, qui soutiennent les paysans quand il le faut. Ces qualificatifs
des paysans concordent avec leur culture car tous sont des chrétiens,
père de famille ayant tout au moins une expérience de la vie,
aptes en agriculture parce qu'ils ont pour la plupart suivi une formation en
agriculture ou ont travaillé avec une structure agricole (SODECAO).
Chacun exerce une activité agricole soutenue par d'autres
activités comme la chasse, la couture, l'enseignement comme vacataire,
l'artisanat et le commerce.
4.2.2 Mise en place de la démarche CEF par les
animateurs à Akonolinga
4.2.2.1 Les activités de conseil mises en
place
La démarche CEF se résume en trois modules
essentiels à savoir, le Plan de Prévision des Campagnes (PPC), le
Suivi Technique (ST) et l'Analyse Economique (AE). Tous les animateurs ayant
pris part aux formations ont traité tous ces modules. Mais la formation
au niveau des villages n'a pas été faite telle que prévue.
Le tableau 12 ci après fait ressortir les différents modules
enseignés au niveau des villages.
60
Tableau 12: Points essentiels de chaque module
enseigné dans les villages enquêtés
|
Mvan
|
Ndibidjeng
|
Mingeumeu
|
Ondeck
|
Ndéllé
|
modules
|
Points essentiels traités
|
démarche
|
S N
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
S N
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
S N
|
NP
|
Plan de prevision des Campagnes
|
Estimation des besoins en intrants (semences, outillage,
produits, phytosanitaire)
|
Animation
en groupe
de travail,
et
formation, ateliers, Exemple
sur les
cultures de la zone Conseil individuel
|
|
5
|
Animation en
groupe de
travail, et
formation,
ateliers,
Exemple sur les cultures de la zone
Conseil
individuel
|
|
0
|
Animation en
groupe de
travail, et
formation, ateliers,
Exemple sur
les cultures
de la zone
Cons
eil individuel
|
|
5
|
Animation en
groupe de
travail, et
formation, ateliers,
Exemple sur
les cultures de la zone
Cons
eil individuel
|
|
5
|
Conseil individuel,
|
|
|
Ressources disponibles (travail, terre, capital)
|
Sources du
capital (propre ou emprunté)
|
Objectifs de production (augmentation ou diminution des
superficies, introduction d'autres cultures)
|
Adéquation entre objectifs et ressources)
|
Suivi Technique
|
Respect des écartements
|
Exemple
|
|
0
|
Explication
|
|
0
|
Animation de
groupe et
individuel
|
|
5
|
Groupe de
travail
Animation de
groupe
Cons
eil individuel
|
|
0
|
Estimation
densité de semis
|
Calcul : sup/ sv
|
Calcul et
exemple
|
Remplissage fiches de suivis
|
Animation
|
|
5
|
Groupe
animation et
individuel
|
|
5
|
Itinéraire technique des cultures
|
Groupe d'entraide
|
|
0
|
Groupe d'entraide
|
|
5
|
Groupe d'entraide
|
Groupe d'entraide
|
5
|
5
|
61
|
Organisation du travail dans le ménage
|
Séance en de travail en groupe
|
|
0
|
Séance en
travail
groupe
|
de en
|
|
5
|
Formation groupe
|
de
|
|
|
Formation groupe individuel
|
de et
|
|
|
|
|
|
Respect calendrier agricole
|
Explication
en
groupe
|
Groupe individuel
|
et
|
|
5
|
Groupe
|
|
Travail groupe
|
de
|
Analyse Economique
|
Détermination du profit net
|
RT-DT
|
|
0
|
RC- PID
|
|
|
5
|
RT-DT
|
|
RT-DT
|
|
|
5
|
|
|
|
Rentabilité d'une culture
|
RC- PID
|
Analyse
|
|
RC- PID
|
|
|
5
|
RC- PID
|
|
|
Choix d'une culture rentable
|
Analyse
|
Besoins prioritaires
|
|
Analyse
|
|
Analyse
|
|
Répartition du revenu
|
Besoins prioritaires
|
Explication exemple
|
et
|
Besoins prioritaires
|
|
Besoins prioritaires
|
|
Elaboration du bilan et budget
|
Explication et exemple
|
|
|
Animation groupe
|
de
|
|
|
Explication exemple
|
et
|
|
|
Explication exemple
|
et
|
Sensibilisation à l'épargne
|
Animation de groupe
|
Groupe individuel
|
et
|
Animation groupe
|
de
|
Animation groupe
|
de
|
NP : Nombre moyen de paysans ayant participé
NS : Nombre de séances RT : recette totale
DP : dépenses Totales PID : prix intrants direct RC :
Recette de la culture Sup : superficie
Sv : surface vitale d'une plante (surface occupée par une
plante
Après les formations, le conseiller de
Ndéllé n'a pas enseigné ce qu'il a appris aux paysans
parce qu'il estime ne pas être motivé tant par la centrale ADEAC
que par les paysans. La mise en place du CEF s'est faite dans cette zone par le
biais du Technicien de l'ADEAC. Sur les trois modules enseignés, seuls
les animateurs de Mvan et Ndibidjeng ont enseigné effectivement les
paysans sur les modules tels que prévu. Ceci s'expliquerait sans doute
par le fait que ces deux zones ont été choisies comme les zones
pilotes du projet Duras et où se sont déroulées certaines
formations sur le CEF surtout sur le suivi technique et l'analyse
économique.
- Le Plan de prévision des campagnes
Les animateurs expliquent aux paysans comment faire des
prévisions en début de chaque campagne. Cette prévision
repose sur la quantité totale des intrants (semences, produits
phytosanitaires, petits outillages) nécessaire pour chaque culture en
fonction des superficies. Ceci permet aux animateurs paysans d'avoir une
idée de la quantité totale des besoins en intrants de sa zone
afin de permettre à la centrale ADEAC de faire des commandes. Cette
stratégie permet aux paysans d'éviter de se déplacer mais
aussi de faire des économies de transport. La formation sur ce module a
été faite beaucoup plus en animation de groupe de paysans. Les
animateurs expliquaient sur des tableaux ou des formats A0 comment faire ces
petits calculs. Tous communiquaient en langue locale. Chaque animateur prenait
la peine de préparer la formation et se basait sur des exemples relatifs
à la zone, comme il leur était demandé.
- Le suivi technique
Ce module repose sur un diagnostic de certaines parcelles de
l'exploitation, en vue d'aider les paysans à suivre l'évolution
de chaque culture mise en place. Les principaux points abordés dans ce
module sont la détermination et le respect des écartements entre
les plantes, l'estimation de la densité de semis, l'élaboration
des fiches de suivi par cultures (voir annexe), les techniques culturales
(itinéraire technique du maraîchage, association des cultures
telle que le macabo et banane plantain), création des champs semenciers
notamment de bananier plantain, de mais de manioc et de macabo, la prise en
compte dans les calculs de la main d'oeuvre familiale et toutes autres
dépenses liées à la place d'une nouvelle culture de la
préparation du sol jusqu`à la vente.
Tous ces points ont été abordés dans
toutes les zones. Mais les conseillers des zones de Mingeumeu,
Ndéllé et Ondeck, ont associé le module prévision
des campagnes et celui du suivi technique. Car ces deux modules sont
complémentaires et similaires. Au terme de la détermination des
écartements entre les plantes, les paysans peuvent déjà
estimer la densité de
semis or cette densité précise la
quantité approximative de semences et à partir de cette
quantité et sa superficie, déterminer la quantité de
pesticides nécessaire surtout pour le maraîchage. Les prix
unitaires de chaque produit représenteront les coûts de chaque
type d'intrants. Les fiches de suivi ont été
élaborées conjointement entre les conseillers et les responsables
de l'ADEAC inspirées sur le modèle CEF du Nord Cameroun. Au cours
des formations, les animateurs ont montré aux paysans comment les
remplir surtout en conseil individuel car chaque paysan avait une fiche
d'exemple (annexe 7). La création des champs semenciers et les
enseignements sur les itinéraires techniques des cultures ont
été faits théoriquement en groupe lors des réunions
et pratiquement pendant des journées de démonstration sur les
sites choisis et qui généralement, étaient le champ de
l'animateur et/ou d'un autre membre du groupe. Le suivi technique des parcelles
est un point très important pour les paysans car la mise en pratique des
enseignements de ce module conditionne la production de chaque culture.
C'est pour cette raison qu'il reste le seul module où
les conseillers ont mis plus de temps pour la formation et l'on fait tant en
conseil de groupe qu'en conseil individuel.
- L'analyse économique
Ce module repose essentiellement sur les calculs du profit net
de l'exploitation ; de la rentabilité de chaque culture qui aidera le
paysan à prendre une décision en début de la prochaine
campagne, soit de reconduire ou pas la dite culture, d'étendre ou de
réduire les superficies. Il s'intéresse également à
l'élaboration des budgets (partiel pour chaque culture et global), la
répartition du revenu net au sein de l'exploitation.
Dans ce module les animateurs de Mvan et Ndibijeng ont juste
fait la restitution de ce qu'ils ont appris lors de la formation en deux et
trois séance de travail avec les paysans respectivement. Ceci est
dû au fait que les animateurs estiment qu'ils n'avaient pas bien compris
ce qu'ils devaient faire dans ce module. Dans les autres zones, la plupart des
conseillers (75 %) se sont juste attardés sur le calcul du profit net,
le choix des spéculations rentables et la répartition du revenu.
D'autres notamment celui de Ondeck ont abordé étapes par
étapes tous les points de ce module.
Les formations se sont faites beaucoup plus en groupe
(même si les animateurs ont travaillé individuellement avec
certains paysans) à partir d'exemples concrets. Les animateurs ont
beaucoup travaillé sur ce module puisqu'ils avaient eu des
difficultés de compréhension lors des formations. Ceci peut se
comprendre parce que c'est un module basé essentiellement sur les
calculs compliqués et tous les animateurs bien qu'étant un peu
expérimentés pour la
plupart n'ont que le CEPE. Or d'après Daouda (2002), et
Djamen et al. (2004), ce module requiert au moins le niveau BEPC pour
être maîtrisé.
Remarque : le conseil individuel dans le cas présent ne
se fait qu'à la demande des paysans. Il est différent du conseil
individuel du PRASAC qui se fait en troisième année du conseil.
Il est important ici de savoir comment le CEF s'est mis en oeuvre au niveau des
villages. Comment les animateurs de chaque village ont procédés ?
Quand ont-ils mis en oeuvre le CEF ?
65
Tableau 13 : Chronogramme des activités dans
chaque village
|
|
Mvan
|
Djibidjeng
|
Mingeumeu
|
Ondeck
|
Ndéllé
|
Activités
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
4 T
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
2006
|
Animation de groupe
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Prévision de campagne
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Suivi technique
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
Analyse économique
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Recapitulatif des besoins
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Champs semencier
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Multiplication rejet plantain
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Création filière maraîchage
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
2007
|
Animation de groupe
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Prévision de campagne
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
|
Suivi technique
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
|
Analyse économique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
Recapitulatif des besoins
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Champs semencier, multiplication plantain
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
2008
|
Itinéraire technique piment, tomate, macabo- plantain
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Remplissage des fiches élaborées ( ST, AE)
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Remplissage des fiches de bilan et de suivi
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Récapitulatifs des besoins
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
Plan de campagne
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
Multiplication rejet plantain
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
4.2.2.2 Facteurs limitant la mise en place de la
démarche CEF à Akonolinga
Au terme de l'étude, quatre facteurs limitant la mise en
place de la démarche CEF ont été identifiés :
- la vaste étendue des villages constitués d'au
moins quatre hameaux ne favorise
pas le regroupement en un seul lieu pour les formations. La
formation des animateurs relais dans chaque hameau constituerait un atout
à la mise en place de la démarche ;
- l'absence des moyens de locomotion rend pénible le
déplacement des
animateurs d'un hameau à l'autre. En plus, les
vélos qu'ils avaient reçus en 2002 ne sont plus en bon
état ;
- la réticence des paysans face au changement car les
paysans ont tendance à
penser que l'ADEAC doit les forcer afin qu'ils suivent les
formations. D'autres pensent que ADEAC se sert d'eux pour remplir leurs poches
et ces insultes retombent sur les animateurs considérés comme
intermédiaire. Ce comportement pousse certains paysans à ne pas
prendre le CEF au sérieux même si d'autres sont conscients de son
importance ;
- l'absence de rémunération des animateurs; c'est
ce qui est à l'origine du
désintéressement du conseiller de
Ndéllé face à la mise en place du CEF dans cette zone. Les
autres animateurs l'on fait pour des raisons personnelles telles que
l'enrichissement de leur culture, l'approfondissement de leurs connaissances en
agriculture et en gestion puisqu'ils appliquent aussi cela dans leurs
parcelles. Mais ces animateurs estiment qu'une rémunération d'au
moins 10000 Fcfa/mois pourra renforcer leur motivation.
- le taux d'encadrement des paysans par les animateurs est
très faible. En effet, il
s'est avéré que chaque animateur a en moyenne 150
paysans à encadrer, ce qui ne leur permet pas de répondre
à toutes leurs attentes.
4.2.2.3 Evaluation de la capacité des conseillers
à maîtriser le CEF et sa démarche. Afin de mieux
apprécier les performances des animateurs à la mise en place de
la démarche CEF à Akonolinga, trois critères ont
été utilisés:
- la connaissance de la définition d'un conseiller et du
conseil ;
- le niveau de compréhension des modules et de sa
démarche ;
- le nombre moyen de paysans encadrés.
Pendant les enquêtes il a été demandé
à chaque animateur de donner une définition d'un conseiller et du
CEF. Deux définitions du conseiller ont ainsi été
enregistrées :
- 1) « Un conseiller c'est quelqu'un qui doit avoir le CEPE,
il doit savoir écouter
les paysans et travailler avec eux. Il doit les aider à
appliquer ce qu'on a enseigné et leur donner des conseils». Cette
définition est une synthèse des idées de 50 % des
animateurs d'Akonolinga.
- 2) « Un conseiller est une personne qui doit
être grand avoir au moins 35 ans,
il doit avoir au moins le BEPC, connaître
l'agriculture, savoir tolérer les choses, savoir encadrer les paysans et
les aider à comprendre comment fonctionne son champ, comment calculer
son bénéfice, et comment gérer son argent ».
Cette deuxième définition donnée par
l'autre moitié des animateurs est plus appropriée dans ce
contexte et est même similaire au profil des conseillers de la SODECOTON
tel que rapporté par Havard et al.(2002).
Bien que tous les conseillers d'ADEAC n'ont que le CEPE, ils
reconnaissent que ce travail nécessite un niveau d'éducation
élevé. Car que ce soit pour le plan de campagne ou pour le suivi
technique, il faut que l'animateur soit attentionné et capable de faire
les calculs qui n'interviennent pas seulement dans l'analyse économique.
Ceci permet de conclure que tous les conseillers enquêtés
maîtrisent parfaitement la définition d'un conseiller et surtout
ont compris le rôle du conseiller.
En ce qui concerne la définition du CEF, chaque animateur
en a formulé une. Les deux définitions se présentent ainsi
qu'il suit :
- « le CEF c'est quelque chose qui montre aux paysans
comment faire pour
avoir une bonne production et un bon revenu ».
- « le CEF est une démarche qui se fait étapes
par étapes pour amener les
paysans à savoir quoi produire ».
Djoukam (2003) et Djonnéwa et al. (2004),
précisaient que le CEF est un outil d'aide à la décision
(savoir quoi produire, comment produire, et quand produire) avec pour objectifs
de professionnaliser les agriculteurs (maîtriser le fonctionnement de
leur exploitation). Les deux définitions du CEF telles que
proposées par les animateurs sont complémentaires et comprises
dans la définition ci-dessus.
Les animateurs d'ADEAC ont une bonne idée de qu'est le CEF
et du profil du conseiller. Mais ils ont encore des difficultés dans la
maîtrise des outils et de la démarche.
Qu'est-ce que les animateurs ont parfaitement
maîtrisé sur les modules de la démarche ?
Il était question de savoir ce que chaque animateur avait
compris et s'il est capable d'en faire la restitution même s'il
était amené à faire par surprise une formation quel que
soit
le lieu. Si un animateur a retenu au moins deux des trois
modules enseignés (surtout le suivi technique et le plan de
prévision des campagnes), il peut être capable d'en restituer sans
problème.
zone d'intervention
Mvan Djibijeng minguemeu Onedck Ndellé
Pour-cent
100,0%
40,0%
60,0%
20,0%
80,0%
0,0%
ST-PPC- AE ST- AE ST et PPC
qu'est ce que vous avez parfaitement compris du cef
?
Figure 7: Modules parfaitement maîtrisés par
les animateurs.
Chaque animateur a bien maîtrisé au moins deux
modules. Certains animateurs ont regroupé le suivi technique et le Plan
de prévision des campagnes. Seul l'animateur de Ondeck semble avoir
compris l'essentiel du CEF. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'il soit le
plus âgé et le plus ancien des animateurs car selon lui, il est
animateur depuis la création de la FOPANYM (ancienne appellation
d'ADEAC) en 1992. La figure 7 montre que les animateurs le l'ADEAC seraient
capables de diffuser l'essentiel du CEF en toutes circonstances. Or
l'étude montre que tous demandent à être reformés
parce qu'ils rencontrent encore des difficultés (calculs et
méthodes) pour mettre en oeuvre les activités du CEF. Donc pour
vérifier cela, il serait mieux de faire un suivi dans le temps et les
voir en pleine activité avec les paysans.
Le nombre de paysans encadrés par un conseiller est
capital pour une mise en oeuvre de la démarche CEF. Selon Faure et
al. (2004), lorsqu'un conseiller encadre un nombre élevé
de paysans, cela montre que ce conseiller fait bien son travail, et de ce fait
est sollicité par ces derniers en conseil individuel. Or à
Akonolinga, le conseil individuel n'est pas similaire à celui du Nord
qui repose sur l'élaboration des projets et la gestion des
activités. Il s'agit ici
Age moyen (années)
Taille des exploitations (nombre de personnes)
Nombre d'actifs
agricoles
|
Moyenne
Minimum Maximum Ecart types
Moyenne
Minimum Maximum Ecart types
Moyenne
|
39 24 71 11
8 2 50
7
5
|
|
|
|
d'un conseil individuel en vue de mieux comprendre ce qui a
été fait en groupe ou en vue de faire un diagnostic. Le
degré de sollicitation des animateurs n'est pas élevé mais
chaque animateur fait en moyenne trois conseils individuels par mois dans les
zones d'Ondeck, Mingeumeu et Ndibidjeng. Les animateurs des autres zones ne le
font pas parce qu'ils estiment perdre leur temps sans aucun pourboire.
Cependant, les animateurs estiment qu'ils travaillent
régulièrement avec 35 paysans en moyenne en conseil individuel.
Le CEF est initié à Akonolinga depuis deux ans seulement. Pour un
début ce nombre est encourageant et amène à conclure que
les animateurs s'efforcent à bien faire leur travail pour une
véritable mise en oeuvre de la démarche CEF.
4.3 Caractérisation du CEF à
Akonolinga
Cette section présente les caractéristiques
socio économiques et culturelles des exploitations
enquêtées (taille du ménage, activités, revenus
nets, répartition du revenu) et leur niveau de compréhension des
enseignements reçus.
4.3.1 Caractéristiques des exploitations en conseil
à Akonolinga.
Les exploitations enquêtées sont toutes membres
de l'ADEAC dont les principaux occupants sont résidants dans l'une des
zones d'interventions de la Centrale ADEAC. Le Tableau 14 présente
quelques caractéristiques de ces exploitations.
Tableau 14 Caractéristiques des exploitations
enquêtées à Akonolinga
Caractéristiques
|
Exploitation
|
|
Minimum Maximum Ecart types
|
1
45
6
|
Niveau d'éducation
|
Scolarisé Alphabétisé
|
3
97
|
Activités principales
|
Agriculture
|
87,5
|
(%)
|
Commerce
|
5,5
|
|
Fonctionnaire/vacation
|
7
|
Activités secondaires
|
Aucune
|
37,5
|
(%)
|
Agriculture
|
7
|
|
Commerce
|
15
|
|
Autres
|
40,5
|
Objectifs de production
|
Consommation
|
5
|
(%)
|
Commercialisation
|
20
|
|
Consommation et
|
75
|
|
Commercialisation
|
|
Sources de revenus (%)
|
Produits de rentes
|
54
|
|
Produits vivriers
|
24
|
|
Produits maraîchers
|
3
|
|
Activités extra agricoles
|
19
|
Superficie cultivée (ha)
|
Culture de rentes
|
3,5
|
|
Cultures vivrières
|
2
|
|
Cultures maraîchères
|
1
|
Ethnie (%)
|
Makia
|
15
|
|
Mvognyengue
|
33
|
|
Yebekolo
|
52
|
Religion (%)
|
Chrétien
|
98
|
|
Animiste
|
2
|
Situation matrimoniale
|
Marié
|
65
|
des chefs d'exploitations (%)
|
Célibataire
|
11
|
|
Divorcée
|
4
|
|
Fiancée
|
14
|
|
Veuf (ve)
|
6
|
|
Dépenses
|
obligatoires
|
Scolarité- santé- nutrition
|
61
|
(%)
|
|
|
Investissement- scolarité-
nutrition
|
36
|
|
|
|
Habitat- scolarité- nutrition
|
3
|
Les paysans sont jeunes (39 ans en moyenne),
alphabétisés ayant chacun des objectifs de production car 75%
produisent pour satisfaire en même temps leurs besoins alimentaires et
aussi se procurer un revenu pour couvrir les autres charges du ménage.
La disponibilité de la main d'oeuvre (environ 5 actifs par
ménage) correspondant aux superficies cultivées représente
également un atout certain pour le respect du calendrier agricole et un
bon suivi des parcelles. Ces caractéristiques sont similaires à
celles obtenues au terme d'une étude menée par Daouda (2002) au
Nord Cameroun bien que le taux d'alphabétisation soit plus
élevé à Akonolinga. Ces atouts des exploitations de la
zone d'étude sont favorables pour la mise en place d'une démarche
de conseil.
4.3.2 Les exploitations et le CEF
La formation sur le CEF repose sur trois modules applicables
dans les exploitations agricoles volontaires des zones ADEAC. Les exploitations
ayant suivi le CEF présentent des caractéristiques
différentes et ont des niveaux de compréhension du CEF qui
changent d'une exploitation à l'autre et selon les modules ou
thèmes traités. Le tableau 15 ressort le comportement des
exploitations vis-à-vis du CEF.
Tableau 15: Comportement des exploitations des zones
d'étude vis-à-vis du CEF
Information sur la CEF Exploitations (%)
Avez-vous suivi le Oui 74
CEF Non 26
Qu'avez-vous fait en PPC-ST-AE 51
groupe ? PPC-ST 31
PPC-AE 18
Qu'avez-vous fait PPC 33
individuellement ? ST 37
AE 30
Nombre de Moins de 5 38
formations suivi sur le CEF Plus de 5 62
Motivation CEF Obligé en tant que 100
membre
application CEF Oui 100
Raison non CEF Pas de formation 100
Recours conseiller Oui 87
Non 13
Satisfaction après Oui 96
discussion Non 4
A Akonolinga, près des 3/4 des paysans ont pris part
aux différentes formations animées par les animateurs de chaque
localité. Ceux qui n'ont pas suivi (1/4) sont les paysans de Mengos
où l'animateur n'avait pas pris part aux formations et de
Ndéllé où les animateurs n'ont pas restitué aux
paysans les connaissances qu'ils ont acquises. Ces raisons laissent penser que
si les animateurs faisaient leur travail, tous les paysans membres de l'ADEAC
auraient suivi le CEF. Puisque les paysans qui ont pris part aux formations se
disent obliger de le suivre en tant que membre. Or ces raisons sont
plutôt contraires aux principes du CEF car il repose sur le volontariat
des paysans faisant partie ou pas d'un groupe organisé.
Les paysans ont suivi à la fois le conseil en groupe et
le conseil individuel et les deux englobaient trois modules (PPC, ST, et AE).
La plupart des paysans (62 %) ont suivi toutes les séances de formation.
Ceux n'ayant suivi que quelques séances avaient été soit
malades, soit hors du village pendant les formations. Tous les paysans ont mis
en application les enseignements reçus sur l'un des modules du CEF. En
cas de difficultés, la plupart d'entre eux (87 %) ont eu recours aux
animateurs et en sont ressortis satisfaits (96 %).
Remarque : A Ndéllé, bien que
les animateurs n'aient pas mis en place le CEF, quelques paysans (15 %) ont
assisté à au moins trois séances de formation avec les
techniciens de l'ADEAC en conseil individuel.
4.3.2.1 Le Plan de prévision des campagnes
Ce module permet aux paysans d'identifier leurs besoins en
intrants (semences, pesticides) pour chaque spéculation. A Akonolinga,
il était basé sur deux points essentiels à savoir,
l'estimation des quantités de semences et de pesticides et l'estimation
de la valeur monétaire de chaque intrant. Ce deuxième point
s'attarde aussi sur le coût de transport au cas où le paysan irait
lui-même faire ses achats en ville. Au terme des enquêtes, 75 % des
paysans affirment avoir traité les deux points essentiels de ce module
et 25 % disent avoir traité
uniquement l'estimation des besoins en intrants. Après
les formations, chaque paysan sait qu'il est important de faire une
prévision des campagnes. Parmi eux, 72 % savent estimer les
quantités de semences et surtout de pesticides pour chaque
spéculation et le coût des différents intrants et 28 %
savent estimer le coût des intrants. Les paysans de la deuxième
catégorie sont des personnes âgées (65 %) qui ont pour
cultures de base le cacao et le café.
Mais quelques jeunes (35 %) pensent que c'est le montant
d'argent dont on dispose qui détermine les quantités exactes
d'intrants à acheter. Pour eux, le coût des intrants
représente le montant du crédit qu'ils peuvent avoir à la
caisse. Même si 89 % des paysans ont bien compris ce qu'ils ont fait en
matière de prévision des campagnes, 11 % d'entre eux ont encore
des difficultés pour estimer les besoins en semences et en pesticides
parce qu'ils n'ont pas bien compris comment prendre en compte les
incertitudes
Les connaissances acquises au terme de ce module ont
été valorisées puisque l'étude montre que 95 % des
paysans ont mis en application le PPC sous forme de budget partiel en
début de campagne (40 %), sous forme de compte d'exploitation
prévisionnelle pour chaque spéculation (23 %), ou en faisant
simplement un inventaire des besoins d'intrants direct. Les paysans qui n'ont
pas mis en application le PPC sont ceux qui pratiquent la culture de
subsistance. Ce sont des personnes âgées, hommes et femmes,
polygames ou veuf(ve)s ayant au moins 15 personnes à charge. Tous les
paysans de chaque zone ont appliqué le PPC excepté 4 % de ceux de
la zone de Ndibidjeng.
4.3.2.2 Le Suivi Technique
Ce module comprend la détermination de la
densité de semis à partir de la mesure des écartements
entre les plantes, l'importance des cultures pures, l'élaboration des
fiches de suivi des parcelles. La culture pure ici englobe la prise en compte
des charges et les coûts liés à la mise en place d'une
parcelle, la conversion de sa main d'oeuvre personnelle et familiale en valeur
monétaire. Les formations axées sur ces aspects dépendent
des zones d'intervention (Figure 9).
Dans toutes les zones d'intervention, les paysans ont
traité tous les points de ces modules. Mais ceux qui n'ont pas suivi
toutes les formations ont manqué certains points. Certains se sont
rattrapés chez les animateurs même si la formation ne s'est plus
faite dans les mêmes conditions. Seuls les paysans de Ndibidjeng ont
traité avec leur animateur le point sur l'estimation des coûts et
charges liés à la mise en place d'une culture comme un module
à part entière. Ceci parce que l'animateur a estimé que ce
point était très important et pour ce faire, devrait être
traité plusieurs fois surtout en prenant des exemples. Dans les autres
zones, il a été
abordé dans les cultures pures. Seuls quelques paysans de
zones de Mvan (10 %), de Minguemeu (15 %) et de Ndibidjeng (10 %), ont
traité juste un point dans ce module.
100,0%
80,0%
60,0%
40,0%
20,0%
0,0%
Pour-cent
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Mengos Ondeck Ndéllé
Légende :
1-2-3 : densité de semis, écartements et culture
pure
1-2-3-4 : densité de semis, écartements, culture
pure et respect des fiches techniques 4et 5 : estimation coût de
production et respect des fiches techniques.
Figure 8: Points essentiels traités dans le suivi
technique suivant les zones
Le degré de compréhension des points de ce
module semble être fonction du niveau d'éducation des
enquêtés. Puisque le graphe montre que seuls 32 % des paysans ont
bien compris la culture pure basée presque sur les calculs des
écartements et de la densité de semis et l'élaboration des
fiches de suivi. Parmi eux, 45 % sont titulaires d'un probatoire, 30 % du CEPE
et 25 % du BEPC. Trente pourcent des paysans ayant bien compris la
détermination de la densité de semis à partir de la
détermination des écartements, et l'élaboration de la
fiche de suivi sont en majorité les titulaires d'un probatoire (55
%).
L'application du suivi technique s'est faite de manière
progressive. Chacun a apporté une modification (74 %) par rapport
à ce qu'il a appris suite aux difficultés qu'il rencontre lors de
sa mise en oeuvre. Ainsi, 37 % estiment que le calcul de la densité de
semis est compliqué par les unités de conversion, 24 % pensent
qu'il est difficile de considérer son propre travail comme main d'oeuvre
rémunérée, 21 % estiment qu'il est très
pénible de
respecter les écartements lors des travaux et 18 %
pensent que la prise en compte des charges et des coûts des
activités est difficile à estimer dans les systèmes de
polyculture dominants dans les zones. Pour contourner ces difficultés,
certains paysans estiment les distances sans aucune référence de
mesure, d'autres ont développé des stratégies
d'application du suivi technique dans leurs exploitations. D'aucuns ont
fabriqué des gabarits pour respecter les écartements, d'autres
ont élaboré leurs propres fiches de suivi. Ainsi, notre
étude montre que 32 % utilisent leurs fiches de suivi, 9 % utilisent les
fiches proposées par les animateurs. Ce sont les personnes
âgées de plus de 50 ans, 59 % utilise les gabarits et/ou
respectent les instructions des fiches techniques et suivent le calendrier
agricole.
4.3.2.3 L'analyse économique
La mise en oeuvre de ce module n'a pas été
facile tant pour les animateurs que les paysans. Puisqu'il fait appel aux
calculs surtout arithmétiques et à une grande vigilence. Ce
module s'articule autour de la détermination du profit, le choix des
spéculations rentables, la répartition du revenu dans le
ménage, l'élaboration du budget, du bilan et du compte
d'exploitation prévisionnelle. Le choix des cultures a été
fait à la fin d'une série de calculs des marges brutes de chaque
spéculation. Les critères de choix des cultures étaient :
la durée du cycle végétal, le nombre de jour de travail,
le coût total de production, et le revenu total de la culture. Les
paysans considèrent comme culture rentable, celle qui a un cycle
végétal relativement court, occupant moins de temps et bon
marché c'est-à-dire est vendu à temps à un bon
prix.
Tous les points importants de ce module ont été
enseignés. Puisque, 64 % ont traité la détermination du
profit, le choix des spéculations rentables et l'élaboration du
budget, du bilan et du compte d'exploitation. 21 % ont traité uniquement
la répartition du revenu, 6 % ont traité uniquement la
détermination du profit, 3 % uniquement le choix des spéculations
et seuls 2 % des paysans ont traité tous les points de ce module. Les
paysans ayant traité tous les points de ce module sont tous de
Mingeumeu. Aussi, 4 % des paysans, tous de Mvan et Ndibidjeng, n'ont rien fait
de ce module. La figure 9 ci après présente une
répartition des points traités en fonction des zones
d'interventions.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
100,0%
80,0%
20,0%
0,0%
Pour-cent
60,0%
40,0%
Légende :
1 et 2 : détermination du profit, choix des
spéculations, élaboration du budget, bilan et compte
d'exploitation.
1-2 et 3 : tous les points prévus dans ce module
Figure 9: Points essentiels traités par les
paysans dans le module analyse économique
Chaque paysan a retenu quelque chose dans ce module. Mais ce
sont les plus éduqués qui ont le plus retenu. Ceci est dû
aux opérations de calcul qui dérangent la plupart de ces paysans.
Ainsi 73 % des paysans savent comment déterminer le profit net,
établir un budget, bilan et compte d'exploitation, et choisir les
cultures les plus rémunératrices. Parmi ces paysans, se trouvent
ceux qui ont le probatoire, près de 85 % des titulaires du BEPC et 45 %
titulaires du CEPE. Neuf pourcent des paysans enquêtés savent
calculer leur profit et élaborer leur budget ; parmi eux, 5 % ont le
BEPC et 15 % ont le CEPE. Huit pourcent d'entre eux ont retenu soit comment
déterminer le profit, soit comment élaborer le budget et le
bilan, soit comment choisir une culture rentable. Parmi eux, 10 % ont le BEPC
et 20 % ont le CEPE. Enfin 10 % des paysans n'ont rien compris sur ce module
tous ayant le CEPE et représente 20 % des titulaires du CEPE.
Au terme de la formation, la plupart des paysans (87 %) ont
déclaré avoir mis en pratique les enseignements reçus et
les autres (13 %), affirment ne pas voir estimer
l'importance de connaître son profit ou faire le budget.
Les paysans appartenant à cette deuxième catégorie sont
les personnes âgées ayant plusieurs personnes à charge et
qui cultivent d'abord pour l'autoconsommation. Bien que la majorité des
paysans appliquent les connaissances acquises dans ce module, tous affirment
rencontrer des difficultés lors de leur application. Parmi ces
dernières, ils ont cité la difficulté de considérer
la main d'oeuvre familiale comme rémunérée, la
difficulté de déterminer les jours de travail consacrés
à une culture donnée, la difficulté dans l'estimation de
la proportion de récoltes qui est autoconsommée, etc. C'est
à cause de ces difficultés que chaque paysan a apporté des
modifications par rapport à ce qui a été
enseigné.
Quatre vingt quatorze pourcent des paysans ont dit avoir
modifié les fiches proposées par les animateurs parce que
jugées trop complexes et difficiles à comprendre surtout les
fiches de recettes et de dépenses. Ces paysans ne tiennent donc pas
compte de la valeur de leur main d'oeuvre ni de celle du terrain qu'ils
exploitent ; ils remplacent tout ceci par le coût du défrichage,
de l'abattage et du dégagement. D'autres ne tiennent pas compte des
intérêts sur leur épargne.
Les paysans appliquant l'analyse économique dans leur
exploitation ont en majorité (70 %) un registre où ils
mentionnent toutes les transactions (des récoltes et d'argent). Certains
évaluent le profit uniquement pour les cultures vivrières (ce
sont les jeunes et les femmes) ou uniquement pour les cultures de rente (cacao
et café pour les vieillards et banane plantain pour les jeunes et les
femmes) ceci parce que ce sont les cultures qui leur génèrent le
plus de revenu.
En cas de difficultés dans l'application de ce module,
seuls 9 % des paysans retournent chez l'animateur ; chacun essayant à
son niveau de les résoudre. Certains négligent juste ce qui
dérange tels que l'inclusion de la main d'oeuvre comme
rémunérée. Ce faible pourcentage peu s'expliquer par le
fait que les paysans n'aiment pas qu'une autre personne connaisse ce qu'ils
gagnent.
En somme le CEF à Akonolinga n'a pas été
mis en place comme dans le Nord Cameroun. La formation des paysans s'est faite
en un temps très court, ce qui n'a pas permis aux uns et aux autres de
se rattraper. Trois modules ont été enseignés et mis en
application par les paysans même si la majorité des paysans ont du
mal à appliquer l'analyse économique dans leurs exploitations.
L'application du CEF s'est véritablement faite en début de
campagne 2007 puisque en 2006, les paysans suivaient encore les formations. Il
n'y a que quelque uns qui ont appliqué le CEF à la seconde
campagne de 2006. Ce n'est donc qu'à la fin de la
campagne 2007 et en début de l'année 2008 que les
paysans perçoivent les premiers effets du CEF.
4.4 Estimation des effets du CEF sur les exploitations
agricoles d'Akonolinga
Après deux ans seulement d'expérience, il est
difficile de mesurer les effets du CEF sur les exploitations. Mais à
partir des connaissances mises en pratiques, quelques changements sont
déjà observables. Les critères d'appréciation
utilisés sont qualitatifs et quantitatifs. Les critères
qualitatifs reposent sur les différences observées par les
paysans quant aux pratiques. Les critères quantitatifs s'appuient sur
les variations des quantités d'intrants directs (semences et pesticides)
en fonction des superficies cultivées au cours des années 2007 et
2008.
4.4.1 Les effets qualitatifs
L'étude montre que 10 % des paysans ayant suivi le CEF
estiment que le CEF n'a apporté aucun changement dans leur exploitation.
Par contre 90 % estiment que le CEF a apporté un changement dans leurs
habitudes culturales et leur façon de penser. Ainsi, parmi eux, 60 % ont
affirmé avoir soit augmenté la superficie des cultures rentables
et réduire celle des cultures moins rentables, soit diminué le
montant de crédit pris à la caisse d'épargne (grâce
à la diminution de la quantité d'intrants), soit pris l'habitude
d'élaborer un budget en début de campagne dans un registre
où ils ont relevé les entrées et les sorties. Et 40 % ont
estimé avoir soit adopté la culture pure ou l'association d'au
plus deux cultures (Banane plantain et macabo), soit respecté les
écartements entre les plantes surtout pour les cultures vivrières
et les céréales, soit intégré les groupes de
travail, soit organisé mieux leur travail en définissant les
tâches à faire et en aménageant pour certains, deux jours
de repos par semaine.
L'étude a également montré que parmi ces
paysans ayant affirmé avoir observé un changement dans leurs
pratiques, près de 25 % pratiquent déjà les cultures
maraîchères (piment, tomate). Il est important de signaler que
près de 80 % de ces paysans prévoient après la
récolte une quantité destinée à l'auto-consommation
(arachide, pistache, maïs). En ce qui concerne le macabo, le plantain et
le manioc, ils délimitent dans leurs parcelles une partie
réservée pour leur consommation. La récolte de cette
partie se fait progressivement sauf pour le macabo qui est
récolté et conservé à la cuisine dans un coin
obscur. On a aussi remarqué que certains paysans ciblent les gros
régimes de plantain pour vendre et ne consomment que les petits.
4.4.2 Les effets quantitatifs
Les effets quantitatifs du CEF ont été
estimés en terme de performance de production, notamment les rendements
obtenus en 2007, des variations des besoins en intrants entre les années
2007 et 2008 et d'élaboration du bilan (Tableau 16).
NB : Dans cette partie, nous avons utilisé les
performances moyennes des différentes cultures des exploitations
enquêtées pour faire les calculs à partir des
données obtenues pendant les enquêtes.
Tableau 16: Performance fin 2007 des exploitations
après application du CEF
Types de cultures
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
15,00
|
1,8558
|
2,77478
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (sacs)
|
,00
|
35
|
2,9865
|
5,47952
|
Cacao
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (sacs)
|
,00
|
35
|
2,9865
|
5,47952
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
1443750
|
134510,58
|
235591,232
|
|
Superficie
|
,00
|
3,00
|
,9087
|
,64365
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (régimes)
|
0
|
2300
|
678,94
|
509,882
|
Banane-
|
|
|
|
|
|
plantain
|
Production vendue (régimes)
|
0
|
2000
|
505,33
|
426,917
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
2000000
|
514365,38
|
450442,006
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
3,00
|
1,1394
|
,81712
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (bacots)
|
0
|
120
|
43,12
|
31,772
|
Macabo
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (bacots)
|
0
|
100
|
31,21
|
25,349
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
1015000
|
172048,08
|
174839,878
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
Manioc
|
(ha)
|
,00
|
2,00
|
,2548
|
,52741
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (filets)
|
0
|
100
|
12,21
|
24,880
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (filets)
|
0
|
80
|
9,13
|
20,857
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
800000
|
61413,46
|
162502,993
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
2,50
|
,4808
|
,58336
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (filets)
|
0
|
12
|
3,06
|
3,449
|
Pistache
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (filets)
|
,00
|
7,00
|
1,6731
|
2,04576
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
800000
|
56865,38
|
119323,917
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
1,50
|
,0962
|
,29768
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (filets)
|
0
|
25
|
1,65
|
5,179
|
Maïs
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (filets)
|
0
|
10
|
,44
|
1,731
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
,00
|
375000
|
24423,0769
|
79942,71139
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
,50
|
,0192
|
,09709
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (cageots)
|
0
|
35
|
1,35
|
6,796
|
Tomate
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (cageots)
|
0
|
30
|
1,15
|
5,826
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
150000
|
4903,85
|
25156,186
|
|
Superficie
|
|
|
|
|
|
(ha)
|
,00
|
,50
|
,0433
|
,13757
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
totale (cageots)
|
0
|
25
|
2,06
|
6,521
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
Production
|
|
|
|
|
|
vendue (cageots)
|
0
|
25
|
1,92
|
6,116
|
|
Revenu
|
|
|
|
|
|
(FCFA)
|
0
|
150000
|
10769,23
|
34362,323
|
Bacots : appellation des sacs utilisés
pour mesurer les sacs de macabo (1 bacot = 3 sacs de marché = environ 35
Kg)
Les cultures de cacao, banane plantain, macabo, manioc et
pistache présentent de meilleures performances. Selon les paysans, ces
rendements sont meilleurs par rapport à ceux obtenus en 2005 et 2006.
Comme autres effets du CEF, il y a le fait que les paysans se
débrouillent déjà à calculer leurs revenus nets et
à les répartir entre les dépenses prioritaires. Le tableau
17 ciaprès ressort un exemple du calcul du revenu disponible des paysans
ayant suivi la formation en CEF
Tableau 17 : Exemple d'élaboration du bilan et
estimation du revenu des paysans en CEF
Bilan : Recettes / dépensescampagne 2007
|
Campagne en cours (2008)
|
Recettes activités
|
Montant (en FCFA)
|
Dépenses activités
|
Montant (en FCFA)
|
Produits de
|
Minimum
|
0
|
Intrants directs
|
0
|
rente
|
Maximum
|
2300000
|
|
288000
|
|
Moyenne
|
654500,94
|
|
63722,64
|
|
Ecart type
|
490078,151
|
|
55772,356
|
Produits
|
Minimum
|
0
|
Intrants directs
|
0
|
vivriers et céréales
|
Maximum
|
1015000
|
|
225000
|
|
Moyenne
|
315433,96
|
|
25971,70
|
|
Ecart type
|
248124,582
|
|
34190,560
|
Produits
|
Minimum
|
0
|
Intrants directs
|
0
|
maraîchers
|
Maximum
|
472000
|
|
25000
|
|
Moyenne
|
27962,26
|
|
1283,02
|
|
Ecart type
|
88946,173
|
|
4302,849
|
PFNL
|
Minimum
|
0
|
Intrants directs
|
0
|
|
Maximum
|
50000
|
|
0
|
|
Moyenne
|
943,40
|
|
0
|
|
Ecart type
|
6868,028
|
|
0
|
Prêts des terres
|
Minimum
|
0
|
Main d'oeuvre
|
0
|
|
Maximum
|
0
|
|
300000
|
|
Moyenne
|
0
|
|
69245,28
|
|
|
|
|
|
|
|
Ecart type
|
0
|
|
61169,659
|
Remboursement
|
Minimum
|
0
|
Remboursement
crédit
|
|
0
|
dettes
|
Maximum
|
450000
|
|
562500
|
|
Moyenne
|
45547,17
|
|
16933,96
|
|
Ecart type
|
88631,164
|
|
80034,009
|
Activités extra
|
Minimum
|
0
|
Location
|
des
|
0
|
agricoles
|
Maximum
|
6000000
|
terres
|
|
35000
|
|
Moyenne
|
294528,30
|
|
|
660,38
|
|
Ecart type
|
849612,618
|
|
|
4807,620
|
Intérêt sur
|
Minimum
|
0
|
Petits
|
|
0
|
l'épargne
|
Maximum
|
100000
|
équipements
|
|
250000
|
|
Moyenne
|
3175,47
|
|
|
64518,87
|
|
Ecart type
|
15273,039
|
|
|
74406,366
|
Recette totale
|
Minimum
|
310000
|
Dépenses
|
|
50000
|
(RT)
|
Maximum
|
3168000
|
totales (DT)
|
|
843000
|
|
Moyenne
|
1185974,53
|
|
|
279179,25
|
|
Ecart type
|
573269,125
|
|
|
63848,278
|
Revenu
|
Minimum
|
|
151000
|
|
|
disponible (RD)
|
Maximum
|
|
2853000
|
|
|
|
Moyenne
|
|
910709,43
|
|
|
RD= RT-DT
|
Ecart type
|
|
492064,193
|
|
|
Les cultures les plus rentables des exploitations
enquêtées sont les cultures de rente mais il est important de
mentionner que ce montant élevé est dû au revenu obtenu de
la vente du plantain qui représente environ 79 % du montant global.
C'est pour cette raison que la plupart des exploitations augmentent les
superficies de plantain chaque année (de 0,8 ha en 2007 et à 1,2
ha en 2008). Nous remarquons également que les paysans intègrent
progressivement les cultures maraîchères dans leurs pratiques. En
2007, les paysans ont cultivé de petites superficies des cultures
maraîchères qu'ils ont augmentées en début de
campagne de l'année 2008 (voir tableau annexe 4)
4.5 Mesure de l'impact du CEF
4.5.1 Impact Social
Le CEF à Akonolinga a un impact positif sur
l'organisation sociale et le renforcement de la solidarité. Grâce
au CEF, ADEAC a organisé les femmes pour qu'elles puissent discuter de
leurs problèmes. Cette organisation est rendue possible grâce
à la création en 2006 d'une cellule féminine dans les
zones de Mvan, Ndibidjeng, Ndéllé et Ondeck ayant pour objectifs
d'aider les femmes à développer les AGR au sein de leurs
ménages. En effet, selon les responsables de l'ADEAC, lors de la
présentation du CEF au Nord Cameroun, les présentateurs ont
montré que le regroupement des femmes au Nord a permis à ces
dernières de résoudre certains problèmes (scolarité
des enfants, nutrition etc) de leurs ménages. C'est grâce à
cette présentation qu'ils ont eu l'idée de regrouper les femmes
de leur zone d'intervention. En vue de réduire la
pénibilité du travail et constituer une main d'oeuvre permanente,
le CEF a favorisé la création des groupes d'entraide au sein des
communautés. L'aide apportée à chacun ne se limite pas aux
activités des champs car selon eux en cas de problème ils ont
d'abord recourt à un membre du groupe ou de la caisse. Par exemple
certains paysans permutent les tours de travail en fonction des
activités culturales. Cette attitude renforce la solidarité au
sein des communautés.
4.5.2 Impact Technique
Après les formations, le CEF a eu un impact positif sur
les techniques de production des paysans. Soixante dix pourcent des paysans
formés sur le CEF affirment respecter le calendrier de lutte contre les
capsides et la pourriture brune puisque avant ils pulvérisaient au
hasard sans tenir compte des périodes de vulnérabilité
(Juillet-Août) des insectes (mirides, capsides). Le CEF a favorisé
l'introduction des cultures maraîchères qui n'étaient pas
encore pratiquées. Les paysans adoptent les cultures pures même si
sur une même parcelle il y a plusieurs cultures, chaque culture est
répartie en sole. Les paysans aujourd'hui savent qu'ils peuvent eux
mêmes produire leurs propres semences car le CEF a formé des
paysans sur la création des champs semenciers de maïs, plantain,
macabo et manioc. Les paysans formés maîtrisent surtout la
multiplication des rejets de plantain. Soixante quinze pourcent des paysans
estiment qu'ils s'organisent mieux dans leurs travaux champêtres et
respectent de plus en plus les écartements entre les plantes puisque
avant ils semaient au hasard.
4.5.3 Impact économique
La sensibilisation des paysans quant à l'importance de
l'épargne constitue un avantage en ce qui concerne le
développement des institutions de micro finance dans les villages. Car
ADEAC précise que le montant d'épargne annuel est passé de
5000 FCFA à 6000 FCFA entre 2005 et 2007. Grâce au CEF, les
paysans ont déjà pris l'habitude de répartir leurs revenus
entre les dépenses du ménage (65% des paysans considèrent
la santé, l'éducation et la nutrition comme étant les
dépenses prioritaires de leurs ménages). A partir des
données de l'enquête, nous avons considéré la
répartition moyenne du revenu des paysans pour une vision
générale de la répartition du revenu dans la zone
d'étude (tableau 18)
Tableau 18: Répartition du revenu disponible entre
les dépenses au sein du ménage.
Sources de dépenses
|
Montant (FCFA)
|
Pourcentages
(%)
|
Scolarité
|
|
219774
|
24
|
Santé
|
|
84906
|
9
|
Nutrition
|
|
208302
|
23
|
Habitat
|
|
187778
|
21
|
Réinvestissement
champ
|
en
|
169812
|
19
|
Epargne
|
|
7835
|
1
|
Autres
|
|
32302
|
3
|
Total
|
|
910709
|
100
|
L'éducation, la santé et la nutrition sont les
charges qui absorbent la grande partie du revenu (environ 56 %). En effet, les
enfants fréquentent en ville et les parents doivent en plus de payer des
frais de scolarité, louer une maison ou une chambre, ravitailler les
enfants en vivres.
4.5.4 Impact environnemental
Le CEF prône l'adéquation entre les objectifs des
paysans et les moyens dont ils disposent par le biais des formations sur les
itinéraires techniques des cultures. Mais l'impact environnemental n'a
pas encore concerné le CEF, et le peu de temps depuis que le CEF est
appliqué à Akonolinga, ne permet pas encore de mettre en
évidence l'impact du CEF sur l'environnement.
4.6 Perception du CEF à Akonolinga
La population de l'échantillon a montré une
perception plutôt positive concernant le CEF. Tous les acteurs (paysans,
animateurs et responsables de l'ADEAC) perçoivent ainsi le CEF à
son applicabilité.
Le CEF à Akonolinga est perçu comme une approche
de développement indispensable à l'amélioration du niveau
de vie des paysans, en ce sens qu'il prend en compte tout le fonctionnement
global de l'exploitation. Les paysans interrogés ont indiqué que
si le CEF était mis en application tel que présenté par
les animateurs, on enregistrera de très bonnes performances. Cette
approche leur apporte une nouvelle vision au fonctionnement global des
exploitations et leur permet de mieux réfléchir leurs
décisions. Cependant, d'aucun pense que, bien que le CEF soit un outil
approprié et adapté à la situation des paysans, il est
difficile à appliquer. Même si la plupart des paysans
intègrent progressivement le CEF, ils rencontrent d'énormes
difficultés surtout au niveau des calculs. Cette difficulté de
mise en pratique du CEF est due au faible niveau de scolarisation des paysans
et à leurs habitudes culturales.
4.7 Diffusion du CEF et possibilité d'adoption
par les non membres.
Les critères utilisés pour caractériser la
diffusion du CEF par les paysans membres de l'ADEAC après des autres
paysans sont :
- la discussion du CEF avec les paysans non membres ;
- la connaissance des paysans ayant apporté un changement
dans leurs pratiques
suite à la discussion ;
- la connaissance des raisons du changement des pratiques des
paysans non
membres.
4.7.1 Expérience du CEF avec les paysans non
membres
Dans chaque zone d'intervention de l'ADEAC où
l'étude a été menée, au moins 75 % des paysans
entretiennent des discussions concernant le CEF avec les membres de leurs
familles et/ou les voisins (figure 13). La discussion repose entièrement
sur le CEF puisque 49 % des paysans parlent des modules traités lors des
formations notamment le suivi technique et l'analyse économique. 38 %
discutent de l'importance du CEF dans la vie d'un agriculteur puisque certains
paysans non membres pensent qu'ils n'ont pas besoin de conseil pour produire
car selon eux, « l'agriculture est un art par conséquent un don
naturel ». Afin de les convaincre, (13 %) des paysans ont dit qu'ils
sont obligés de leur livrer leurs secrets en leur parlant de leurs
expériences personnelles et des méthodes qu'ils adoptent.
Les paysans membres qui ne discutent pas du CEF avec leurs
voisins ou familles affirment qu'ils ne comprennent pas pourquoi ceux là
n'intègrent pas le groupe afin de bénéficier aussi des
formations. Par conséquent, ils ne peuvent pas perdre leur temps pour
eux.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
Pour-cent
100,0%
40,0%
20,0%
80,0%
60,0%
0,0%
oui non
entretenez vous le cef avec vos voisins ,
Figure 10: Entretien des paysans membres sur le CEF avec
les paysans non membre dans chaque zone.
4.7.2 Changement des pratiques des paysans non membres
Au terme d'une discussion entre les paysans ayant suivi le CEF
et ceux ne l'ayant pas suivi, chaque partie prenante en tire des enseignements.
C'est le cas à Akonolinga où certains paysans qui
n'étaient pas au courant du CEF ou n'accordaient pas une importance
particulière à celui-ci au terme des discussions n'avaient plus
la même perception. Quatre vingt dix pourcent des paysans affirment en
effet que certains viennent les contacter régulièrement pour en
savoir plus sur le conseil. Ainsi certains de ceux ayant acquis des
connaissances sur le CEF ont décidé de les mettre en pratique. La
figure 11 ci-après, montre que dans toutes les zones, chaque paysan non
membre a apporté un changement dans ses habitudes ou pratiques
culturales. Quatre vingt dix sept pourcent des paysans enquêtés
disent connaître les paysans non membres qui ont apporté des
modifications dans leurs pratiques à l'issue des discussions et des
formations qu'ils ont faites.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
Pour-cent
100,0%
40,0%
80,0%
60,0%
20,0%
0,0%
oui non
certaines personnes ont-elles changées
?
Figure 11: Changements des pratiques agricoles par les
paysans non membre.
4.7.3 Les nouvelles pratiques adoptées et les
raisons de cette adoption
Les paysans non membres pensent comprendre la prévision
des campagnes et le suivi technique. D'après 11 % des paysans
enquêtés, les paysans non membres ont adopté la culture
pure, 16 % disent connaître les paysans qui respectent les
écartements entre les plantes, 35 % connaissent les paysans qui essaient
d'élaborer leur plan prévisionnel de campagne, et 38 % ont
aidé certains paysans à mettre en pratiques trois points
cités plus haut.
Cette adoption timide et progressive du CEF s'explique par le
fait que certains paysans veulent satisfaire leur curiosité (61,5 %)
tandis que d'autres (38,5 %) ont remarqué quelques changements dans
l'exploitation des paysans membres tels que la bonne organisation du travail,
le respect du calendrier (cultivent tout à temps), la diminution de la
peine du travail (car la plupart des travaux sont effectués par les
groupes d'entraide).
4.8 Test des hypothèses
La présente étude était basée sur
quatre hypothèses de recherches :
- HR1 : les activités de conseil sont
complémentaires des activités et
programmes de l'ADEAC
- HR2 : Le profil du conseiller est déterminant dans la
maîtrise de la démarche
conseil
- HR3 : Les outils du CEF sont facilement assimilés par
les acteurs
- HR4 : La perception du CEF varie selon les objectifs des
acteurs concernés
4.8.1 Vérification de HR1
Avant l'arrivé du CEF à Akonolinga, ADEAC
assurait le suivi des activités des paysans par le biais des animateurs
qui étaient chargés d'évaluer les besoins en intrants des
paysans. La centrale ADEAC se chargeait d'octroyer les crédits intrant
à ces paysans. Les activités des programmes agricoles et surtout
de microfinance cherchaient à renforcer les capacités techniques
des paysans et améliorer leur niveau de vie mais il leur manquait juste
une méthodologie appropriée. Selon les responsables de l'ADEAC,
le CEF leur a servi de guide pour la réalisation de leurs objectifs et
n'a influencé en aucun cas ses activités tout au contraire est
complémentaire de ses programmes. De même, les animateurs avaient
déjà pour rôle d'informer les paysans sur
l'évolution des systèmes agricoles, le CEF a plutôt
approfondi leurs connaissances et renforcé leurs capacités de
diagnostic. Wambo (2000) avait déjà mentionné que les
activités de conseil sont sensées épouser les objectifs
globaux des structures d'encadrement. Ceci nous amène à accepter
HR1 qui stipulait que les activités de conseil sont
complémentaires des programmes de l'ADEAC.
4.8.2 Vérification de HR2
Les animateurs paysans d'Akonolinga sont tous des responsables de
famille ayant le CEPE. La moitié a pensé que le conseiller doit
avoir au minimum le BEPC et les autres estiment qu'il doit avoir au minimum le
CEPE. D'après eux, la maîtrise de la démarche CEF requiert
un bon niveau d'éducation et une expérience dans le domaine
agricole et l'encadrement des paysans. Même si les animateurs paysans se
débrouillent à comprendre le CEF, plusieurs d'entre eux ont du
mal à maîtriser parfaitement les calculs. Cette façon de
penser rejoint l'hypothèse selon laquelle le profil du conseiller, son
expériences en animation de groupe, sont déterminants pour une
bonne maîtrise de la démarche. Ce qui va dans le sens de Legile
(2006), qui stipule que la spécialisation du conseiller ou son niveau
d'étude n'aurait pas une influence majeure sur la maîtrise de la
démarche ; certains techniciens d'agriculture maîtrisent mieux le
CEF que certains ingénieurs. De plus, pour Havard (2002) le profil des
conseillers varie en fonction des tâches qui leur sont assignées.
Pour le même auteur, en années 1 et 2, le CEF basé sur le
travail de groupe, l'estimation des besoins en intrants, et le suivi technique,
le conseiller doit avoir au minimum le BEPC et de bonnes connaissances en
animation de groupe et en agriculture. Mais en année trois le CEF
étant basé sur l'analyse, la
gestion de la trésorerie, l'analyse économique,
requiert un conseiller de niveau baccalauréat au minimum et de bonnes
connaissances en agriculture. A Akonolinga, les animateurs de niveau CEPE ont
été soumis au thème de l'année 1 et 2 du CEF
nécessitant selon Havard (2002) le niveau du BEPC au minimum.
L'étude a montré que bien que les animateurs
estiment avoir maîtrisé certains modules, ils rencontrent encore
des difficultés dans la maîtrise des outils et de la
démarche. Donc HR2 est acceptée.
4.8.3 Vérification de HR 3
Les outils de base du CEF sont des fiches
élaborées conjointement entre les paysans et les animateurs et
par les discussions sur le terrain. Ces fiches servent de support et de
modèle pour les paysans. A Akonolinga, les fiches ont été
élaborées entre les techniciens de l'ADEAC et les animateurs, les
paysans étant exclus du système. L'étude montre que 83 %
des paysans éprouvent des difficultés lors du remplissage des
fiches de suivi. Soixante seize pourcent d'entre eux estiment que ces fiches
sont trop complexes et constituées de beaucoup de calcul. La
majorité se font aider par l'animateur ou leurs enfants
alphabétisés ou par les autres paysans qui s'en sortent (ce sont
les plus éduqués ayant au moins le BEPC). Lorsque l'animateur les
enfants ou les autres paysans seraient absents ou indisponibles, certains
paysans ne pourront pas faire les calculs ou remplir les fiches.
Les animateurs quant à eux, pensent que le CEF est une
approche constituée de plusieurs étapes qui ne sont pas faciles
à comprendre si l'on ne lui l'accorde pas plus de temps et d'attention.
Donc HR 3 est rejetée puisque les fiches utilisées dans le cadre
du CEF à Akonolinga ne sont pas facilement assimilées par les
acteurs (animateurs et paysans). Ceci peut s'expliquer par le fait que les
responsables de l'ADEAC avaient conçu ces fiches sans une discussion
préalable avec les paysans et en plus il n' y a pas eu de séance
d'explication de ces fiches. ADEAC voulaient atteindre un double objectif :
avoir une idée du diagnostic global de l'exploitation et aider les
paysans à mieux évaluer leurs besoins en intrants.
4.8.4 Vérification de HR 4
Selon ADEAC, le CEF est une approche de développement
local. Pour les personnes enquêtées, le CEF est venu renforcer
leurs activités et leur capacité de diagnostic des exploitations
agricoles. De nos jours ADEAC pense mieux percevoir les problèmes des
paysans. Les animateurs pensent que le CEF est une approche qui responsabilise
les paysans
en enrichissant leurs connaissances. Selon eux en tant que
formateur et médiateur, le CEF a approfondi leur connaissance, les a
éclairés sur les étapes d'un diagnostic. Aujourd'hui, ils
ont une bonne réputation et considération dans leurs villages
respectifs. Tous les paysans estiment que le CEF répond à leurs
attentes ceci dans la mesure où il leur a « ouvert les yeux
».
Pour-cent
40,0%
50,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
aborde ce qui me m'apporte une nouvelle me permet de bien
gérer
manquait vision et faire le bon choix
si oui comment le cef répond t-il à vos
attentes ? Figure 12: Perception des effets du CEF par les paysans.
La perception des effets du CEF dépend des
difficultés que rencontrent les paysans. Près de la moitié
des paysans ont eu une nouvelle vision sur le fonctionnement global de leur
exploitation, 32 % cherchaient comment gérer mieux les revenus. Seuls 18
% estiment que le CEF aborde ce qui leur manquait (gestion du revenu,
utilisation des superficies cultivables, culture des spéculations les
plus rentables, développement des AGR, etc.)
Chaque acteur pense que le CEF peut les aider à
atteindre certain objectif en fonction des difficultés qu'il rencontre.
Face à ces perceptions positives du CEF à Akonolinga, quelle
pourra être son importance dans le plan stratégique de
développement du secteur agricole à Akonolinga ?
4.9 Enjeux et perspectives du CEF à
Akonolinga
4.9.1 Les potentialités agricoles de la zone
d'étude
La zone d'étude regorge d'un potentiel agricole assez
important et suffisant pour entreprendre un investissement dans le secteur
agricole. Les sols sont encore bien fertiles pour la mise en valeur des
cultures de rente (cacao, café, banane plantain et palmier à
huile), vivrières (macabo, manioc et ignames),
céréalières (arachides, pistaches et maïs)
maraîchères (tomate et piment) et fruitières (avocatier,
manguier, oranger, safoutier et goyavier).
Les exploitations de la zone compte en moyenne 5 actifs
agricoles pour des superficies moyenne de 4,5 ha soit 0,9 ha/ actifs ceci peut
permettre une bonne gestion des périmètres cultivés. Le
travail en groupe constitue également une source potentielle de main
d'oeuvre pouvant permettre aux paysans de respecter le calendrier agricole de
la zone.
4.9.2 Les potentialités locales en matière de
gestion des exploitations
Comme le pense Misté (2008), sans conseil les paysans
prendront quand même des décisions. Il est donc important pour
cette étude de savoir comment les paysans s'en sortaient, quelles sont
les techniques et les approches qu'ils utilisaient pour gérer leur
exploitation. Pour répondre à ces questions, l'étude s'est
appuyée sur les méthodes utilisées par les paysans pour
estimer leurs besoins en intrants (semences et produits phytosanitaires), pour
suivre l'évolution de leurs parcelles et pour déterminer leur
profit.
En début de chaque campagne, chaque paysan sait
pertinemment qu'il doit faire un budget. Même s'il ne le
matérialise pas, il le fait dans l'abstrait. Afin de pouvoir financer
leurs activités agricoles, 52 % obtenaient un crédit intrants
à la caisse de la zone soit en moyenne une somme de 45000 FCFA. Cette
somme, selon eux, était suffisante pour la mise en place d'une parcelle.
La quantité de pesticides pour les cacaoculteurs était
déterminée à partir des fiches techniques qu'ils avaient
reçues depuis 1999-2000 de la SODECAO. Quarante cinq pourcent des
paysans respectaient le calendrier agricole.
Les paysans avaient une technique locale pour
déterminer les écartements entre les plants. Les
écartements étaient estimés en terme de pas (pas de
marche). Par exemple pour la culture de macabo, la distance est d'un pas entre
les plantes. Pour le plantain, chacun fait entre 5-7 pas entre les pieds en
fonction de la taille. Pour des personnes de petite taille (1,5 m environ) il
faut en faire 7, pour les personnes de taille moyenne (1,65 m environ), c'est
entre 5 et 6 pas et enfin 5 pas pour les personnes de grande taille (plus de
1,75 m). Selon eux, après de nombreuses années
d'expérimentation, ils estimaient, que pour mettre sur pied une
superficie de 1 ha de macabo, il fallait au plus 12 « bacots » de
semence, pour la même
superficie de pistache ou d'arachide, il fallait 2 seaux de
5litres de semence (arachides décortiquées). Les
prévisions de campagne se faisaient à partir de ces estimations
qu'ils ont utilisées comme standard jusqu'à l'arrivée du
Conseil. Cependant, l'étude montre que environ 10% des paysans ayant
suivi le CEF utilisent encore cette méthode pour faire leurs
prévisions puisque selon eux, le CEF « embrouille avec les calculs
et ses fiches ».
L'étude montre que 52 % des paysans faisaient un bilan
en fin de campagne, c'est-à - dire une estimation des dépenses et
des recettes pour les cultures commercialisées. Cependant certains
paysans (66 %) faisaient leurs bilans en estimant juste les recettes sans
toutefois penser aux dépenses. Seuls 34 % faisaient le bilan dans son
sens strict mais les dépenses pour eux se limitaient aux coûts de
défrichage (25000 FCFA) et d'abattage (20000 FCFA) de la parcelle en
première année de création.
Près de 77 % des paysans enquêtés
déterminaient à leur façon leur profit. Ainsi trois
méthodes locales étaient utilisées pour savoir si les
activités sont rentables. Afin de mieux cerner ce que les paysans
faisaient, les moyennes des performances des exploitations enregistrées
en 2007 (tableau 16) ont été appliquéest à leurs
méthodes afin de faire des comparaisons avec celles enseignées
dans le cadre du CEF
- 1) Profit = recettes totales des cultures principales
(cacao, plantain,
macabo) - montant de crédit pris à la
caisse
P = (134510 + 514365 + 172048) - 100000 (montant maximum
de crédit autrefois octroyé)
= 720923 FCFA
Profit = 720923 FCFA
Cette méthode était utilisée par 23 % des
paysans enquêtés pour l'estimation de leurs revenus.
- 2) Profit = Recettes totales des cultures principales -
coûts du défrichage
et d'abattage
P = (134510 + 514365 + 172048) - 4 (25000 +
20000)
= 640923 FCFA
Profit = 640923 FCFA
Remarque : les cultures principales occupaient
une superficie de quatre hectares.
24 % des paysans se basaient sur cette méthode pour
déterminer leur profit. Après la première année de
culture les paysans considéraient toujours le coût de
défrichage et
d'abattage car selon eux, ceci leur permettait d'avoir les fonds
pour l'extension des parcelles ou la création des nouvelles.
- 3) Profit = Recettes de chaque culture - coût de
production (défrichage,
abattage et autres frais liés à
l'entretien)
P = 989296 - 5(45000 +25000)
= 639296 FCFA
Remarque : les résultats montrent que
la superficie moyenne cultivée par exploitation est de 5 hectares. Les
paysans ont estimé à 25000 FCFA la somme qu'ils pouvaient
dépenser par an pour la main d'oeuvre. Il faut noter également
que les frais liés à l'entretien inclut le temps, la main
d'oeuvre familiale et la main d'oeuvre rémunérée. Mais les
paysans de notre zone d'étude ne considéraient pas tous ces frais
dans le calcul de leur profit juste parce qu'ils n'avaient pas encore
reçu de formation sur la gestion des exploitations avant l'arrivé
du CEF.
Cette méthode s'utilisait uniquement pour la culture du
plantain et du macabo. Vingt cinq pourcent des paysans la pratiquaient. Mais
certains considéraient plusieurs fois le coût de défrichage
et d'abattage c'est-à-dire que sur une parcelle en culture mixte de
macabo et d'arachide, le profit des arachides se calcule en soustrayant des
recettes le coût de l'abattage et du défrichage, il en est de
même pour le macabo alors que les deux cultures sont sur une même
parcelle défrichée et abattue une seule fois. Selon eux cette
méthode leur permettait de savoir à peu près ce qu'ils
gagneraient en culture pure.
Certains paysans (28 %) estimaient sans calcul leur profit
surtout de macabo, pistache et arachides. Selon eux, s'ils mettent en terre 10
sacs de semence de macabo et en récoltent 20, ils ont eu un profit de 10
sacs.
Ces méthodes, montrent que les paysans effectuent des
calculs économiques partiels, incomplets, répondant à
certains de leurs besoins tout aussi partiels. Il est donc important
d'organiser avec les paysans des séances d'animation de groupe sur les
questions économiques en rapport avec leurs cultures, leurs
activités, et leur exploitation. C'est-à-dire qu'est-ce que l'on
peut calculer pour une parcelle, une culture, une activité, une
exploitation pour en faire quoi ? Les paysans qui utilisaient la
première formule, ont affirmé que le montant de crédit
qu'ils prenaient était utilisé pour la mise en place des
parcelles cultivées. En plus le revenu disponible d'une exploitation
prend en compte toutes les activités du ménage raison pour la
quelle Wambo (2000) et Daouda (2002) ont précisé que, une
exploitation agricole est considérée comme un système
où la négligence d'une activité fausserait les
résultats de cette exploitation. L'approche globale de l'exploitation
avait été utilisée dans le
cadre du CEF pour aider les paysans à déterminer
leur revenu disponible puisqu'il a pris en compte toutes les activités
génératrices de revenu des exploitations (tableau 18).
NB : Avec la méthode proposée
par le CEF, les paysans perçoivent mieux leurs revenus disponibles. Le
revenu maximal enregistré avec l'une des méthodes des paysans est
de 720923 FCFA contre 910709 FCFA soit un écart de 189786 FCFA. Mais
alors cet écart serait d'autant meilleur si la méthode
enseignée par les animateurs tenait compte des revenus issus des sous
produits ou des produits dérivés de leurs exploitations. Puisque
pendant les enquêtes, nous avons remarqué par exemple que les
paysans ne tiennent pas compte du revenu issu de la vente des semences du
macabo et rejetons de banane plantain. (1000 FCFA/sac de macabo et 50
FCFA/rejeton de banane plantain). En plus dans les zones de Mingeumeu, Ondeck,
Mvan et Ndibidjeng, les paysans vendent parfois les noix de palmes et les
palmistes mais ne considèrent pas ces revenus dans le calcul de leur
profit alors que ceuxci ne sont pas négligeables (500-1000 FCFA le
régime noix de palme et 1000 FCFA/ corbeille de palmiste
séché).
Après avoir déterminé ou estimé
leur profit, 45 % des paysans élaboraient un budget pour les cultures
principales (macabo, banane plantain, cacao, manioc). Lorsque le montant
prévu ne correspondait pas à ce qu'ils possédaient, 36 %
d'entre eux prenait un crédit (caisse, tontine ou particulier), 12 %
donnaient la priorité aux dépenses obligatoires et 31 % se
débrouillaient avec le montant qu'ils possédaient en
réduisant parfois les montants affectés aux dépenses non
obligatoires.
4.9.3 Les attentes des conseillers et des paysans
vis-à-vis du CEF
4.9.3.1 Attentes des conseillers
Les animateurs ont exprimé leurs attentes vis-à-vis
du CEF dans leur localité.
- 100 % demandent d'être pris en charge par l'ADEAC et/ou
les paysans ;
- 30 % ont besoin d'une moto ou d'un vélo pour se
déplacer dans les hameaux ;
- 85% souhaitent la formation des animateurs relais pour
réduire leurs champs
d'investigation ;
- 100 % souhaitent la reprise du CEF ;
- tous demandent la mise en place d'un suivi permanent dans les
villages au
moins une fois par trimestre pour un recyclage et une
évaluation
4.9.3.2 Attentes des paysans
Pour les paysans le conseil doit :
- faire un renforcement des capacités ;
- s'appuyer sur les nouvelles méthodes de lutte contre la
pourriture brune et les
capsides ;
- appuyer les paysans en leur octroyant des crédits
intrants et scolaire ;
- former les paysans sur l'élaboration des demandes de
crédit auprès des
banques ou des IMF ;
- former aussi les femmes sur le CEF pour qu'elles soient
conseillères.
Toutes ces attentes ont une influence directe sur la mise en
place d'un dispositif de conseil dans la localité. Mais, ADEAC leur
structure d'encadrement a eu une rupture de contrat avec son partenaire
financier. Les activités de conseil ont été
stoppées depuis six (Mars 2008) mois. Tous les paysans pensent que pour
une reprise de conseil, il faut que chaque zone soit réorganisée,
et que le CEF apporte un appui financier à chacun. Puisque certain n'ont
pas réalisé leurs objectifs prévus en début de
campagne parce qu'ils n'ont pas eu de crédit intrants auprès de
l'ADEAC. Cette idée d'apport d'un appui financier de la part du CEF
serait peut être due au fait que d'autres projets opérant dans la
zone à l'instar du SAILD, ont souvent eu l'habitude de donner un appui
financier aux paysans choisis pour la valorisation d'une nouvelle technique de
production ou de multiplication des semences.
4.10 Discussion
4.10.1 Le conseiller au centre de CEF
A l'issue des entretiens avec les paysans, les animateurs et
les responsables de l'ADEAC, il ressort plusieurs propositions en ce qui
concerne le rôle et profil d'un animateurconseiller. La mise en place de
la démarche conseil dépend fortement des caractéristiques
du conseiller. A Akonolinga, l'animateur est titulaire d'un CEPE, il doit avoir
une expérience en agriculture, des connaissances sur les techniques de
production des principales cultures de la zone, être responsable et
résident au village. Ce dernier est élu par les paysans. Legile
(2006) souligne que le niveau d'éducation du conseiller et son niveau de
connaissances en agronomie ne conditionnent toujours pas la maîtrise
d'une démarche CEF. Contrairement à cette affirmation, Havard
(2002) précisait que l'influence du niveau d'éducation du
conseiller et du degré de ses connaissances en agronomie sur la
maîtrise du CEF dépendait des thèmes traités
(minimum BEPC pour le PPC et le ST, et Bac pour l'analyse
économique).
Par contre, la mise en place de la démarche CEF
à Akonolinga n'a pas pu prendre en compte tous ces aspects puisque les
animateurs d'Akonolinga ont été formés sur les modules
nécessitant pour certains le niveau BEPC et les autres le niveau BAC
alors que tous n'ont que le CEPE. Ces animateurs ont quand même retenu
certaines choses. Il est donc judicieux de
penser comme Légile. Toutefois, la mise en place de la
démarche CEF doit tenir compte de ces aspects afin de connaître le
profil des animateurs à qui on a à faire et quels sont les points
à aborder.
Au nord Cameroun un animateur encadre seul 5 à 6
groupes seul ; il en est de même à Akonolinga où chaque
animateur-paysan couvre 4 à 5 hameaux ayant en moyenne 30 paysans
chacun. Face à cette situation, la formation des animateurs relais dans
chaque hameau s'avère être une nécessité.
4.10.2 Le CEF et les autres approches de vulgarisation
Les politiques agricoles visant à augmenter la production
agricole et alimentaire, ont toujours mis en accent sur la diffusion des
innovations techniques. L'approche « Formation et Visite »
initiée par la Banque Mondiale avait longtemps été
utilisé en Afrique comme une approche de vulgarisation de masse.
Limité par sa démarche et ses principes
caractérisés de
« top down » c'est-à-dire excluait les paysans
dans le processus de construction de l'innovation, plusieurs autres approches
participatives (CEF, Farm Field School)ont été mises sur pied par
des projets et des organismes. Ces approches diffèrent les uns des
autres par leurs objectifs et leurs démarches comme indiquées
dans le tableau 19 ci-après
Tableau 19 : Comparaison du Training & Visit System,
du CEF et le FFS
Caractéristiques
|
T&V
|
CEF
|
FFS
|
Formations sont essentielles
|
Agents
|
Technicien Spécialisé En cascade
|
Tous les agents « horizontalement »
|
Agent spécialisé en lutte intégrée
|
Une fois/mois, 1 jour
|
Deux fois/an, 1 semaine
|
Deux fois/ an,
|
En salle
|
En salle et sur le terrain
|
En salle et sur le
terrain
|
Paysans
|
De façon descendante des vulgarisateurs aux paysans, puis
de façon participative au niveau des groupes de contact
|
De façon participative
- Entre conseiller et groupe de
Cdg,
- Entre paysans-animateurs et groupes de proximité
|
De façon participative
- entre spécialiste et paysans en séance de
travail
|
Oral
|
Ecrit et oral
|
Écrit et oral
|
Thèmes retenus suite à une enquête
auprès des paysans
|
Thèmes décidés à partir d'une
réflexion commune entre agents et paysans
|
Choisi par les spécialistes en fonction du type d'attaque
dans la
zone
|
Tous les 15 jours
|
Tous les 15 jours
|
Chaque mois
|
Groupe cible
|
- Paysans contacts choisis par l'agent
- Extension au sein des groupes de contact
|
- Paysans alphabétisés volontaires
- Extension à des groupes de proximité volontaires,
avec paysan- animateur
|
- paysans volontaires
- entension au
sein des paysans volontaires
|
|
Démonstrations
|
Champs écoles collectifs
|
Champs des participants Cdg
|
Champs des participants
|
Visites
|
|
|
Essentielles
|
Intra-village
|
Aux champs écoles
|
Aux champs des participants
|
Champs des participants
|
Inter-village
|
Aucune
|
Avant introduction de nouveaux thèmes
|
|
Thèmes
|
- 1 à 2
- Essentiellement sur les cultures.
|
- Plusieurs, en fonction des
groupes
- Gestion exploitation, cultures, élevage,
et aménagement de l'espace
|
- lutte intégrée
contre les pestes
- prévention des
maladies
|
Logistique
|
Fourniture intrants
|
- Absente
- Supposée assurée spontanément par
opérateurs économiques et les banques...
|
- Limitée, mais essentielle
- Intermédiation.
- Appui à un approvisionnement
organisé localement, par
groupes
de paysans.
Appui direct limité selon modalité à
fixer
|
- limité
- appui aux groupes organisés (GIC) en produits
phytosanitaires
|
Collecte production
|
Aucune
|
Intermédiation, et recherche de solution au niveau
local
|
Aucune
|
Source : Djomo (2007) et Lapbim et al.,(2005)
L'approche Formation et Visite est une approche basée sur
la diffusion des thèmes techniques conçus pour les paysans. Par
contre le CEF est basé sur la co-construction des outils entre les
conseillers, les animateurs et les paysans. Les thèmes sont choisis
à la demande des paysans et en fonction des difficultés qu'ils
éprouvent. Contrairement à la Formation et Visite, le FFS et le
CEF sont coûteux pour une véritable mise en oeuvre.
Particulièrement, le CEF, nécessite un bon niveau
d'éducation pour être maîtrisé. C'est peut être
pour cette raison que certain paysan du Nord Cameroun considéraient que
le CEF est fait pour les paysans riches et scolarisés (Djamen et
al., 2004).
La démarche CEF mise en oeuvre à Akonolinga est
complémentaire des autres approches de vulgarisation mise en oeuvre par
d'autres projets.
4.10.3 Intérêt du CEF pour l'ADEAC
En insérant le CEF au sein de ses programmes, ADEAC
visait deux objectifs à savoir mieux estimer les besoins en intrants et
avoir une meilleure connaissance du fonctionnement et des performances des
Exploitations Familiales Agricoles (EFA) de sa zone d'intervention. Mais
l'étude a montrée que ses objectifs ont partiellement
été atteints. Pour une meilleure
appropriation de la démarche, il faudra un accompagnement
de l'ADEAC et de ses animateurs.
Le profil des animateurs de l'ADEAC reste encore faible par
rapport aux animateurs des zones cotonnières du Nord cameroun.
Cependant, ces animateurs sont aptes à faire le conseil sur le suivi
technique et économique des parcelles mais en ce qui concerne l'analyse
économique, ils ont besoin d'un niveau d'éducation plus
élevé. Donc pour une mise en oeuvre de la démarche,
l'ADEAC a besoin des animateurs ayant un niveau scolaire élevé
(au moins le BEPC comme ceux du PRASAC ou de la SODECOTON).
La rémunération des animateurs est un facteur qui a
favorisé la non application du CEF dans certaines zones de l'ADEAC, il
se pose donc une question de prise en charge des animateurs. Qui s'occupera
d'eux ? Est-ce les paysans ? Est-ce l'ADEAC ?ou alors les deux ? Pour
répondre à ces questions il serait plus aisé d'estimer le
gain annuel d'un conseiller ayant au moins le niveau du BEPC
Le coût annuel du conseil peut se décomposer en
coût direct (le conseiller et son déplacement) et en coût
indirect (les moyens mobilisés pour exécuter son travail). A ce
stade ne sont pas pris en compte les autres coûts que sont la formation
du conseiller et autre appui. En supposant que le conseiller a un salaire de
50000 FCFA/mois et possède une moto pour son déplacement d'un
hameau à l'autre. A partir de ces hypothèses on peut estimer le
coût annuel du conseil.
Coût direct :
Salaire du conseiller/an : 600.000 FCFA
Amortissement de sa moto 300.000 FCFA
Carburant et entretien de sa moto 400.000 FCFA
Sous-total 1.300.000 FCFA
Coût indirect
Carnets et documents divers 200.000 FCFA
Organisation des échanges et atelier 300.000 FCFA
Sous-total 500.000 FCFA
TOTAL 1.800.000 FCFA
D'après les résultats de l'enquête à
Akonolinga, chaque animateur encadre en moyenne 35 paysans. Sur cette base,
essayons de calculer le montant à payer par chaque paysan.
Coût par paysans en conseil (35 paysans membres) : 51.500
FCFA/an soit environ 4.300 FCFA/mois.
Vu le montant du revenu disponible (910.709 FCFA en moyenne) des
paysans et sa répartition entre les dépenses du ménage, on
remarque que les dépenses pour imprévus s'élèvent
à 32.300 FCFA et que leur épargne moyenne annuelle est de 7.835
FCFA. Suite à la répartition de ce revenu entre les
dépenses du ménage, les paysans d'Akonolinga ne seront pas
prêts à payer 51.500 FCFA /an pour le CEF. Par contre si le nombre
de paysan encadré par l'animateur augmente à 80 par exemple comme
estimer au Nord-Cameroun, chacun aura à payer environ 22.500FCFA/an.
Cette somme peut être prise en compte par les paysans d'Akonolinga car
elle est inférieure à la somme affectée aux
imprévus.
Après ces deux années d'expérimentation du
CEF, ADEAC n'est pas encore en mesure de prendre en charge le suivi des paysans
et des animateurs ; raison pour laquelle elle a besoin d'un appui technique et
financier.
4.10.4 Mise en évidence des critères
d'estimation des effets du CEF
Il n'est pas évident de percevoir les effets du CEF
après deux années d'expérimentation seulement et surtout
que les formations ont été brèves. Cependant quelques
effets directs peuvent être perceptibles à court terme :
- le changement des habitudes culturales qui n'est pas toujours
estimé en terme
de quantité ;
- la prise de décision n'est possible que dans une
situation où il y a plusieurs
alternatives. Ceci permet au paysan de bien
réfléchir, analyser chaque alternative, ressortir les principaux
avantages et inconvénients afin de prendre une décision. La prise
de décision est fortement influencée par les moyens (contraintes
et opportunités) dont dispose le paysan ;
- il est difficile d'estimer les effets isolés du CEF
sur les exploitations puisque les performances d'une exploitation sont la
résultante de plusieurs actions combinées. Dans la zone
d'étude par exemple, avant l'arrivée du CEF, les paysans avaient
suivi des formations avec d'autres structures à l'instar de la SODECAO,
l'ICRAF, le CIFOR, le MINADER pour ne citer que celles-ci ;
- les perceptions des effets du CEF peuvent être
quantifiées (performances
technico-économiques) mais après deux années
de mise en oeuvre, ces perceptions sont plus qualitatives et concernent les
changements de pratiques.
Ces mêmes critères avaient déjà
été mis en évidence par Daouda (2002) sous le terme grille
d'analyse des effets du conseil de gestion. Cette grille cherche à
mettre en évidence les
changements observés dans le processus de prise de
décision du paysan qui est déterminant sur les performances de
l'exploitation en terme de production et de revenu. Dans le cas précis
de l'évaluation du CEF à Akonolinga, la méthode
proposée par Rebuffel en 1996 semble être appropriée pour
une caractérisation des effets du CEF puisqu'elle tient aussi compte des
résultats et des pratiques des exploitations qui ne sont pas en conseil.
Cette méthode propose que, pour faire une évaluation des effets
du CEF, il faut suivre un groupe de paysan en CEF et un autre qui n'est pas en
CEF au moins sur trois années.
4.10.4 Le CEF et la croissance pro pauvre
L'éradication de la pauvreté est au centre de
plusieurs politiques de développement du secteur rural. La
pauvreté est beaucoup plus vue sous son angle économique telle
que la pauvreté monétaire (faible consommation), pauvreté
des conditions de vie (insécurité alimentaire, difficultés
d'accès à l'éducation et aux soins de santé). La
pauvreté économique caractérisée par un faible
capital, une faible épargne, un faible investissement, et un faible
revenu, constitue ce que Nuske a appelé cercle vicieux de la
pauvreté.
La construction d'une bonne base de décision
(décision de production) peut aboutir à un bon résultat
(amélioration de la production et du revenu). Or Balep (2005) a
montré que l'amélioration de la production entraîne une
amélioration du revenu qui à son tour améliore
l'épargne et enfin augmente le niveau d'investissement. Miste (2008)
montre que le CEF a un impact positif sur la croissance pro pauvre. Les
résultats de ces deux auteurs ont permis de mettre en évidence
l'action du CEF sur la réduction de la pauvreté en milieu rural
(figure 13).
Amélioration de la production agricole
Prise de décision
Changements de
pratiques
Suivi des cultures
Choix des spéculations Investissements
Augmentation du revenu
Sécurité alimentaire
Satisfaction besoins de base (santé,
éducation, nutrition)
Epargne (sensibilisation à l'épargne)
|
Stabilité du ménage
|
|
Prise de
conscience Raisonnement Acquisitions des
connaissances
|
|
|
|
Formation ADEAC en CEF (stimule la
réflexion)
|
Moyens :
contraintes et opportunités
|
Exploitation
Figure 13: Action du CEF sur la réduction de la
pauvreté. Source : Adapté de Misté (2008 : 45)
Chaque exploitation a des objectifs à atteindre
même s'ils ne sont pas parfois matérialisés. Le CEF stimule
la réflexion chez les paysans, ce qui amène ces derniers non
seulement à prendre conscience mais aussi à enrichir leurs
connaissances. L'étude montre que, à Akonolinga, l'application du
CEF a eu une influence positive sur la façon de penser de certains
paysans. Près de 74% des paysans ont suivi les formations sur le CEF
parmi lesquels 94% ont mis en application les connaissances acquises. Ceci nous
amène à constater que ces paysans ont pris conscience et ont
apporté un changement dans leurs pratiques agricoles. Au terme de
l'enquête, il ressortait que chaque paysan avait perçu un
changement dans son exploitation notamment l'augmentation du rendement et du
revenu. Ces paysans ont affirmé qu'ils répartissent mieux leur
revenu entre les dépenses du ménage. D'après les
responsables
des caisses de l'ADEAC, les paysans se familiarisent
progressivement à l'épargne car selon eux, l'épargne
moyenne annuelle est estimée aujourd'hui à 6000 FCFA contre 5000
FCFA en 2005-2006.
Ces données laisseraient penser que le CEF à une
action positive sur la réduction de la pauvreté à
Akonolinga. Mais comme l'a souligné Havard (2002), l'impact du CEF sur
les exploitations n'est perçu qu'à moyen et long terme. En plus
Misté (2008) précise que l'action du CEF sur la croissance
pro-pauvre ne peut être estimé qu'à long terme. . Donc dans
le cas spécifique d'Akonolinga où le CEF n'est que à deux
années d'expérimentation, et vu les difficultés que chaque
acteur a pour s'approprier la démarche, il n'est pas possible de mettre
en évidence un impact positif du CEF sur la croissance pro-pauvre. Seuls
des études plus approfondies s'étalant sur des années
d'application effective du CEF pourront tirer des conclusions à ce
sujet.
Chapitre 5 : Conclusion et recommandations
5.1 Conclusion
Les activités de conseil sont bien
insérées dans les différents programmes de l'ADEAC, et se
sont avérées complémentaires des activités
existantes. L'organisation sociale et le travail de groupe constituaient une
activité supplémentaire dans le programme renforcement des
capacités, le module concernant le suivi technique était
intégré dans le programme agricole enfin l'estimation des besoins
en intrants et l'analyse économique (élaboration bilan, budget,
compte d'exploitation) ont fait partie du programme micro finance.
Les fiches de suivi économique proposées par le
projet Duras, modifiées et adaptées, par l'ADAEAC et ses
animateurs, ont été jugées trop complexes par les paysans.
Au terme des formations, les enquêtes montrent que les animateurs (80 %
contre 20 %) ont à leur tour formé les paysans sur l'un des trois
modules, soit en groupe, soit individuellement pour ceux qui sollicitaient
l'animateur. Parmi les paysans ayant suivi la formation, plus de 62 % ont
été présents à plus de cinq séances. 90 %
contre 10 % des ces paysans ont mis en pratique les connaissances acquises,
parmi lesquels 87 % contre 13 % ont eu recourt aux animateurs en cas de
difficultés. Ceci montre donc qu'il existe une relation de
proximité et même de solidarité entre les animateurs et les
paysans. La perception du conseil à Akonolinga varie selon les attentes
et les objectifs des acteurs (paysans, animateurs et responsables ADEAC).
Chacun adopte le CEF parce qu'il estime que le CEF va contribuer à la
réalisation de ses objectifs ou à la résolution de ses
problèmes. Les résultats montrent que des effets du CEF sont
déjà perceptibles sur le changement de pratiques des paysans.
Ainsi 90 % affirment avoir adopté un nouveau comportement dans leurs
exploitations (pratique de la culture pure, respect des écartements,
élaboration du bilan et du budget, achat d'un registre, l'organisation
du travail etc.).
Soixante quinze pourcent des paysans parlent du CEF avec leurs
familles ou leurs voisins lors des discussions dans les clubs de boisson (vin
blanc et vin fort) et lors des visites de courtoisie chez ceux-ci. Quatre vingt
dix sept pourcent affirment connaître au moins un paysan qui a
changé ses pratiques (adoption de la culture pure, estimation des
besoins en intrants). Tous ces acteurs souhaitent la reprise du conseil qui
doit aborder les méthodes de lutte contre les capsides et la pourriture
brune, apporter un appui financier (crédit intrant), former les femmes
conseillers. La caractérisation des exploitations montre que la zone
d'Akonolinga est propice pour une mise en place d'un dispositif CEF. Les effets
directs du CEF laissent croire que c'est un allié favorable pour le
développement pro pauvre. Mais une
étude plus approfondie doit être menée pour
déterminer les effets isolés du CEF sur la vie des paysans et
leurs performances agricoles.
5.2 Recommandations
Dans l'optique de vulgariser la démarche CEF et
s'assurer de sa mise en place effective des recommandations ont
été faites au gouvernement, au projet Duras, à l'ADEAC,
aux animateurs paysans, aux paysans et aux chercheurs.
Au gouvernement, il est suggéré ce qui suit :
L'ACEFA est déjà une initiative de vulgarisation
de la démarche conseil, mais afin de s'assurer de l'effectivité
de cette approche, les responsables du MINADER et MINEPIA doivent former les
conseillers et créer des cellules CEF dans leurs services,
considérer le CEF comme un diagnostic préalable aux
stratégies de développement du secteur agricole et de
l'augmentation de la productivité nationale. L'Etat doit créer au
sein des écoles de formation d'agricultures des
spécialités sur le conseil en vue d'avoir des cadres nantis de
bonnes connaissances sur le CEF.
Au projet Duras, il est recommandé de :
- recycler les animateurs paysans à Akonolinga en
sélectionnant parmi les
paysans, d'autres ayant au moins le niveau du BEPC ;
- développer un système de
rémunération des animateurs (ils seront ainsi plus
motivés à suivre les formations et à faire
leur travail s'ils y trouvent un intérêt) ; ceci permettra
d'éviter d'avoir les zones sans conseil (cas de Ndéllé)
;
- faire un suivi permanent des activités au moins une fois
par trimestre sur trois
ans afin de s'assurer de l'appropriation de la démarche
tant par les paysans que par les animateurs ;
- réviser les fiches proposées en les adaptant au
niveau d'éducation des
conseillers et des paysans et adapter ces fiches aux pratiques
culturales de la zone ;
- s'appuyer si possible sur les connaissances locales en
matière de gestion des exploitations pour développer une
nouvelle méthodologie ou de nouveaux outils ;
- rechercher des financements accessibles aux paysans ou
développer un système de micro finance dans la zone qui pourra
octroyer les crédits intrants et scolaires aux paysans.
A l'ADEAC, il est suggéré de :
- réorganiser chaque zone et renouveler les bureaux ;
- faire un suivi permanent dans les zones et exiger un rapport
d'activités
mensuelles à chaque bureau et en particulier aux
animateurs paysans ;
- mettre en oeuvre le système de
rémunération des animateurs tel que prévu dans
les statuts des zones ;
- Développer au niveau de la centrale des activités
génératrices de revenu qui
pourront servir de support financier pour le suivi des
activités de conseil.
Aux animateurs, il est recommandé :
- de ne pas chercher à enseigner à tout prix aux
paysans ce qu'ils ont fait lors des
formations, mais d'enseigner uniquement ce qu'ils
maîtrisent parfaitement ;
- de choisir dans leur zone un paysan volontaire pour jouer le
rôle d'animateur-
relais.
Aux paysans, il est recommandé :
- d'être réceptifs et ouverts envers les
responsables et les animateurs car toute
action de développement local est conçue pour eux
et de ce fait ne peut contribuer qu'à l'amélioration de leur
condition de vie ;
- de ne mettre en oeuvre que ce qu'ils ont bien compris sans
toutefois chercher à
faire automatiquement comme leurs voisins ;
- de ne pas sous-estimer les animateurs sous le prétexte
qu'ils sont plus éduqués
que ces derniers, et de suivre les formations sans aucun
complexe
Aux chercheurs, il est suggéré :
- d'étendre leurs recherches sur les effets isolés
du CEF au sein des exploitations
familiales agricoles afin de mieux percevoir ses performances.
- d'approfondir des études sur la gestion des
récoltes (auto-consommation et
vente) par les paysans d'Akonolinga.
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Terry G.R., Franklin S.G., 1985. Les principes
du management, série politique générale, finance et
marketing, Economica, Paris, 696P.
Tournier J., 1989. Les bases économiques
et humaines de l'activité agricole, Paris, 256P Treillon R.,
1992. L'innovation technologique des paysans du Sud: cas de
l'agroalimentation, Khartala, Paris.
Vall E., Djamen P.et Havard M., 2001.
Expérimentation d'une méthode de conseil individuel
à l'équipement de traction animale. IRAD/PRASAC/CIRAD/PGT,
Garoua, 5P Vennetier P., 2000 Altas de l'Afrique,
édition du Jaguar, Paris, 207P.
Vernon M.D., 1971. The psychology of perception,
2nd edition, Fenguin bools.
Violas D. et Gouton P., 2001. Le conseil
à l'exploitation familiale, facteur principal d'émancipation de
l'agriculteur béninois, actes de l'atelier de Bohicon, Bénin,
CIRAD/IRAM/Inter-réseaux.
Violas D. et Zinsé A.P., 2003. Le
rôle du secteur privé dans les activités de conseil
appuyés par le Padse du Bénin, rapport d'évaluation,
25P.
Wambo Y.A., 2000. Analyse du fonctionnement
des exploitations agricoles en zones cotonnière du Nord-Cameroun :
contribution à la mise en place d'opération de conseil de gestion
à Gadas, mémoire de fin d'étude, FASA, UDs, 93P.
Wey J., Havard M., Djonnéwa A., Faikréo
J.et Tankoua S., 2007. Module pédagogique de sensibilisation du
conseil agricole: le conseil à l'exploitation agricole en zone
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Will R., 1980. Putting excellence into
management business, in business week, 21 July, 196P.
Annexes
1-Guide d'entretien adressé aux cadres de
l'ADEAC
1- informations relatives au type d'association (nom, type
d'organisation, localisation)
2- Genèse et évolution et organisation de
l'ADEAC
3- Description du fonctionnement global de l'ADEAC (son
personnel, paysans ou groupements de paysans, conditions d'intégration,
ses zones d'intervention, ses partenaires, ses activités principales,
ses résultats, sources et mode de financement)
4- Quelles sont les perspectives de l'ADEAC ?
5- Comment s'insère le conseil dans les activités
de l'ADEAC ? Quelle est la place du conseil au sein de l'ADEAC ?
6- Pourquoi l'ADEAC a-t-il souhaité développer le
conseil ?
7- Avez-vous modifié la démarche du CEF ? si oui
pourquoi ?
8- Description du profil des conseillers (conditions à
remplir, ses fonctions, ses responsabilités, sa
rémunération)
9- Quels sont les changements apportés par le CEF dans la
structure après ces deux années d'intégration ?
10- Vu ses changements, que pensez-vous du CEF ?
(efficacité, impact sur le développement rural)
Merci de votre aimable collaboration
2-Guide d'entretien adressé aux
conseillers/animateurs
A- Informations générales
1- Noms et prénoms
2- Zone d'intervention ou village :
3- Age ou année de naissance
4- Sexe : 1- masculin 2- féminin
5- Situation matrimoniale : 1- marié(é) 2-
célibataire 3- divorcé(e) 4- veuf
6- Origine ethnique
7- Niveau d'éducation : 1- pas d'école 2- CEP 3-
BEPC 4- BAC 5- Supérieur
8- Métier exercé ou formation : 1- fonctionnaire
2- agriculteur 3-éleveur 4- autres
9- Expériences professionnelles.
B- Informations relatives aux CEF
10- Depuis quand jouez-vous ce rôle de conseiller ?
11- Avez-vous suivi une formation préalable ?
12- Quels sont les modules que vous avez traitez pendant votre
formation ?
13- Quels sont ceux que vous avez mis en oeuvre ?
14- Pour chaque activité mise en oeuvre faites une
description de la démarche (rôle principal, déroulement,
technique utilisée, approche, outil, langue de communication,
activités concrète mises en place
15- Qu'est-ce qui vous a empêché de mettre en
oeuvre tout ce qu'on vous a appris lors des formation avec ADEAC ?
16- Comment faites-vous le conseil individuel ?
17-
18- Quelle est la différence avec le conseil de groupe
?
19-
20- Lequel préférez-vous et pourquoi ?
21- Qu'est-ce qui vous intéresse dans le conseil ?
22- Qu'est-ce que vous comprenez ?
23- Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ?
24- Que faut-il faire pour l'améliorer ?
25- Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la
mise en oeuvre du CEF
dans votre localité ?
26- Que proposez-vous pour les résoudre ?
27- Comment vous sentez-vous dans votre fonction de
conseiller-animateur ? ...
28- Quel est le nombre moyen de paysans que vous entretenez dans
votre zone ?
29- Avez-vous parfois recours aux conseiller des autres zones
pour quelque chose
que vous ne comprenez pas ?
30- Si oui votre entretien vous apporte t-il satisfaction ?
précisez comment
31- Comment qualifiez-vous cette approche conseil ?
32- Pensez-vous que cela aide les paysans ?
33- Si oui comment s'approprient-ils la démarche ?
34- Si non quel est à votre avis le point de blocus ?
35- En tant que conseiller-animateur, pouvez-vous donnez une
définition de
l'animateur ?
36- Si oui, qu'est-ce qu'un conseiller-animateur ?
37- A votre avis, quelles devrait être les tâches et
les fonctions des conseillersanimateurs ? ...
38- En vous basant sur les modules que vous avez traités
lors de vos formations, quel serait selon vous le profil d'un bon
conseiller-animateur ? (niveau d'éducation, culture
générale, statut social, caractéristiques
socio-économique)
C- Informations relatives à la motivation
39- Qu'est ce qui vous motive d'exercer cette fonction ?
40- Avez-vous un contrat avec l'ADEAC ou avec une autre
structure ?
41- Qui s'occupe de votre rémunération ?
42- Comment se fait la rémunération ?
(mensuellement, par séance de travail)
43- Quelle est la part de responsabilité des paysans en
ce qui concerne votre rémunération ? ....
44- A votre avis, comment pouvez-vous estimer le coût du
conseil ?
45- Votre rémunération a-t-elle une quelconque
influence sur votre travail ?
Merci de votre franche collaboration
3-Questionnaire adressé aux paysans membres de
l'ADEAC ayant suivi le CEF
Préambule : ce questionnaire est
élaboré dans le cadre d'une étude sur l'évaluation
socio-économique et la mesure des effets sur conseil aux exploitations
familiales à Akonolinga. Les informations obtenues seront strictement
confidentielles et seront exclusivement utilisées pour la
rédaction du mémoire d'ingénieur agronome.
A- Identification de l'enquêté
1- Zone d'intervention :
2- Nom de l'enquêté
3- Age ou année de naissance .
4- Village
5- Sexe : 1) Masculin, 2) Féminin
6- Situation matrimoniale : 1) Célibataire, 2)
Marié, 3) Divorcé, 4) Veuf (ve)
7- Nombre de personnes en charge: .
8- Nombre des actifs ( +12ans) :
9- Ethnie :
10- Réligion : 1) Musulman, 2) Chrétien, 3)
Animiste, 4)
Autre :
11- Niveau d'étude : 1)Analphabète, 2)
Scolarisé, 3) Alphabètisé :
Niveau
12- Activité principale : 1) Elevage, 2) Agriculture, 3)
Commerçant, 4) Autre
(à préciser) :
13- Activité secondaire :
B: Impact du Conseil sur les exploitations
14- Depuis quand êtes-vous membre de l'ADEAC ?
15- Quel est votre rôle dans cette association ?
16- Avez-vous suivi le conseil ? 1)oui, 2) Non,
17- Si oui qu'est-ce qui vous a motivé à suivre le
CEF ?
18- Quelle est la définition que vous donnez au CEF ?
19- Qu'est ce qui a été fait en groupe?
20- Que faites vous en conseil individuel ?
21- Combien de réunions ou de séances de formation
avez-vous suivi ?
Plan Prévisionnel de campagne
22- Qu'avez-vous fait sur le module prévision des
campagnes ?
23- Qu'est-ce que vous avez retenu ?
24- Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ? et pourquoi ?
25- Avez-vous mis en oeuvre exactement ce que vous avez appris ?
26- Si non qu'avez-vous modifié et pourquoi ?
27- Si oui comment avez-vous mis en oeuvre ce que vous avez
appris aux séances
de formation dans votre exploitation ?
28- Avez-vous parfois recours au conseiller de votre zone pour
plus d'information en cas de difficultés ?
29- Si oui êtes-vous satisfaits ?
30- Si non pourquoi ?
Effet du plan de prévision des campagnes sur
l'exploitation
31- Comment organisiez-vous votre campagne avant le conseil
(estimation des
besoins en intrants) ?
32- Quelles étaient vos pratiques ?
33- Faisiez-vous un bilan à la fin d'une campagne en vue
de préparer la campagne
prochaine ? 1. oui 2. non
34- Si oui comment le faisiez-vous ?
35- Depuis que vous avez appliquez ce module de prévision
des campagnes dans
votre exploitation qu'est-ce qui a changé ?
36- Pour vous qu'est-ce que ces changements ont
entraîné ?
37- Qu'est-ce que vous constatez de différent dans
l'implantation des cultures, dans l'organisation du travail, dans les
performances techniques et économiques, dans l'estimation des besoins en
intrant et en crédit ?
38- Quels étaient vos besoins en intrant l'année
dernière ? complétez le tableau
Besoins culturaux pour la campagne 2007
|
Cultures
|
sup(q)
|
Semences (Kg)
|
Engrais et urée (sacs)
|
Traitements/insectici de
|
Moyen matériel
|
Coûts
|
Cacao
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à huile
|
|
|
|
|
|
|
Bananie r
Plantain
|
|
|
|
|
|
|
polycult ure
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
Coûts
|
|
|
|
|
|
Total :
|
39- Votre plan de campagne mis en place correspond-il à ce
que vous aviez prévu
en début de cette d'année? complétez le
tableau
Besoins culturaux pour la campagne 2008
|
Cultures
|
up(q)
|
Semences (Kg)
|
Engrais et urée (sacs)
|
Traitements/insectici de
|
Moyen matériel
|
Coûts
|
cacao
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à
huile
|
|
|
|
|
|
|
Bananier plantain
|
|
|
|
|
|
|
polycultur e
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
Coûts
|
|
|
|
|
|
Total :
|
Suivi technique des parcelles de chaque
spéculation
40- Qu'est-ce que vous avez traité sur le suivi de
l'itinéraire technique des parcelles ?
41- Comment s'est faite la formation ? en groupe ou
individuellement ?
42- Qu'est-ce que vous avez compris ?
43- Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ? et pourquoi ?
44- Avez-vous mis en application ce que vous avez appris en
formation dans votre
exploitation ?
45- Si non pourquoi ?
46- Si oui, avez-vous appliquez exactement ce qui a
été appris ?
47- Si non, qu'est ce que vous avez modifiez ?
48- Pourquoi avez-vous fait ces modifications ?
Effet du suivi technique des parcelles sur les
exploitations en CEF
49- Comment faisiez-vous le suivi technique des parcelles de
chacune de vos
cultures avant l'arrivé du conseil ?
50- Depuis que vous faites le suivi de vos parcelles, qu'est-ce
qui a changé dans
votre exploitation ? .
51- Qu'est-ce que ce changement a apporté ?
52- Que constatez-vous de différent sur les performances
techniques de votre
exploitation (rendement de chaque spéculation) ?
53- Montrez nous à partir de ce tableau comment vous
faites le suivi de vos parcelles (uniquement pour la culture principale)
Travail effectué
|
Date ou période
|
Type de travail
|
Main d'oeuvre
|
Coût ou charges
|
Nettoyage
|
20 fev au 1
Mars
|
Familiale
|
3 personnes 2 J
|
0 francs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NB : le type de main d'oeuvre peut être une machine
louée, la main d'oeuvre payée, la voiture ou le pousse pour le
transport. A chaque fois préciser le coût
54- Quelle était la performance de vos activités
agricoles la campagne passée ?
(Complétez le tableau)
Production végétale : Données de la
campagne 2007
|
Cultures
|
Sup (q)
|
Productio n (sac, Kg/)
|
Consommatio n
(sacs)
|
Coûts
|
Vente (sacs)
|
Montant
total
|
Stock
restant
|
cacao
|
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à huile
|
|
|
|
|
|
|
|
Polycultu re
|
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
|
autres
|
|
|
|
|
|
|
|
Analyse technico-économique
55- Comment faisiez-vous avant pour savoir si votre
activité vos apporte un bénéfice ? ...
56- Qu'est-ce que vous avez appris concernant
l'évaluation du profit de vos activités lors de vos formations en
CEF ?
57- Qu'avez-vous compris ? .
58- Comment est-ce que vous avez mis en oeuvre ce que vous avez
appris ?
59- Avez-vous apportez des modifications ?
60- Pourquoi ?
61- Qu'est-ce qui vous parait difficile dans la
détermination du profit de vos
activités ?
62- Comment faites vous pour contourner ces difficultés ?
63- Quels était les bénéfices que vous avez
enregistrez pendant la campagne
précédente (2007) ? remplir le tableau
Estimation Bilan Recettes/dépenses CE
|
Campagne en cours
|
Recettes activités
|
Montant
|
Dépenses activités
|
Montant
|
Ventes productions de rentes
|
|
Achat intrants directs
|
|
Vente des productions
vivrières
|
|
Achats intrants directs
|
|
Vente des productions
maraîchères
|
|
Achats intrants directs
|
|
Ventes des PFNL
|
|
Achat intrants directs
|
|
Prêts des terres
|
|
Main d'oeuvre
|
|
Remboursement dettes
|
|
Dettes et crédits
|
|
Bénéfices activités extra-
agricoles
|
|
Location des terres
|
|
Dons perçue
|
|
Achat des terres
Achat des équipements
ou réinvestissement
Total dépense activités (DA)
|
|
Intérêts sur épargne
|
|
|
Total recettes activités (RA)
|
|
|
Revenu monétaire disponible =RA-DA =
|
64- Avez-vous budgétisé vos imprévus ? 1.
Oui 2. Non
65- En cas de déficit que faites-vous ?
66- Comment repartissiez-vous vos postes de dépenses
familiales ? (complétez le tableau)
Type de dépenses
|
Dépenses obligatoires
|
Dépenses pouvant être reportées
|
Période
|
Montant
|
Scolarité
|
|
|
|
|
Santé
|
|
|
|
|
Habitat
|
|
|
|
|
réinvestissement
|
|
|
|
|
Nutrition
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
67- Partagez-vous l'expérience du CEF avec toute la
famille ? 1. Oui 2. Non
Pourquoi ?
Conseil et exploitations voisines
68- Avez-vous des entretiens avec vos voisins et amis concernant
le CEF? 1) Oui, 2) Non
69- Si oui où et de quoi parlez vous ?
70- Si non pourquoi ?
71- Comment vous considèrent-ils ?
72- Pensez-vous qu'ils ont changé certaines de leurs
pratiques? 1. Oui 2. Non
73- SI oui Lesquelles ?
74- Saviez-vous pourquoi ils ont changé? 1. Oui 2. Non
75- SI oui précisez les motifs
C- Impact sur le dispositif
76- Souhaiteriez-vous que le conseil reprenne ces modules sur le
plan prévisionnel
et l'analyse technico-économique ? 1. Oui 2. Non et
pourquoi ?
77- Qu'est ce que ces modules n'ont pas traité et qui
vous intéresse ?
78- Est-ce que le CEF répond à vos attentes ? 1.
oui 2. Non
79- Si oui comment ?
et Non pourquoi ?
80- Avez-vous des difficultés pour la mise en application
du CEF ? 1. Oui 2 Non
81- Si oui les quelles ?
82- Lequel des deux types de conseil suivant
préférez-vous ? 1. conseil
individuel 2. conseil en groupe
83- Pourquoi ?
84- Quelles sont vos relations avec les conseillers ?
85- A votre avis, le CEF peut-il assurer le développement
de votre localité ? 1. Oui 2. Non
86- pourquoi ?
Merci de votre aimable collaboration
4 -/ variation de l'estimation des besoins en
intrants au cours
des années 2007 et 2007
Types de cultures
|
|
2007
|
2008
|
Cacao
|
Superficie.(ha)
|
1,6
|
1,6
|
Qté pesticides (litres))
|
9
|
11
|
Coût (FCFA)
|
11323
|
11000
|
Café
|
Superficie.(ha)
|
0,5
|
0,4
|
Qté pesticides.(en litres)
|
0,7
|
0,8
|
Coût.(FCFA)
|
1944
|
2323
|
Plantain
|
Superficie.(ha)
|
0,8
|
1,2
|
Qté semences
(rejetons))
|
883
|
1019
|
Coût (FCFA)
|
38562
|
42327
|
Arachide
|
Superficie.(ha)
|
0,5
|
0,33
|
Qté semence(seau de 10L)
|
0,8
|
0,7
|
Coût (FCFA)
|
3514
|
3090
|
Pistache
|
Superficie.(ha)
|
0,4
|
0,38
|
Qté semence(seau de 5L)
|
0,8
|
0,8
|
Coût(FCFA)
|
3000
|
2929=30000
|
Macabo
|
Superficie(ha)
|
1
|
1,03
|
Qté semence(sac
bacots)
|
8
|
4
|
Coût(FCFA)
|
10125
|
4687
|
Manioc
|
Superficie.(ha)
|
0,25
|
0,2
|
Qté semence (bacots)
|
0
|
0
|
Coût.(FCFA)
|
250
|
0
|
Tomate
|
Superficie.(ha)
|
0,06
|
0,4
|
Qté semences.(Kg)
|
0,7
|
0,7
|
Qté pesticides(sachet)
|
7
|
8
|
|
Coût (FCFA)
|
6950
|
7270
|
Piment
|
Superficie.(ha)
|
0,06
|
0,08
|
Qté semences.(Kg)
|
0,11
|
0,13
|
Qté pesticides.(litres)
|
0,6
|
0,8
|
Coût (FCFA)
|
1056
|
1361
|
Maïs
|
Superficie.(ha)
|
0,1
|
0,09
|
Qté semences.(Kg)
|
0,35
|
0,12
|
Coût (FCFA)
|
356
|
243
|
Ananas
|
Superficie.(ha)
|
0,08
|
0,09
|
Qté semences.(Kg)
|
0,11
|
0,06
|
Qté pesticides(litreS)
|
2
|
2,01
|
Coût (FCFA)
|
2656
|
1987
|
129
5/ Fiche d'analyse du mode de conduite des parcelles
des paysans
Campagne 2007
Type de sol :
|
|
Superficie paysan : 1 ha
|
Mesurée : 9000 m2
|
Cultures 2006 : arachide, manioc
|
|
Culture 2007 : macabo, maïs, igname
|
Production 2006 : 10
arachide
28 sacs manioc
|
sacs
|
Production 2007 : 3 tonnes macabo 500 kg maïs, 4 sacs
igname
|
Travaux effectués
|
Date (période)s
|
Types
|
Quantité
|
Coût (charges)
|
Nettoyage parcelle
|
1 au 20
février
|
Famille
|
3 pers 2 j
|
0
|
Tronçonnage
|
2 au 7
février
|
Location machine
|
4 j
|
40 000
|
Travail sol
|
15 au 30
mars
|
MO salariée
|
10 j
|
30 000
|
Semis maïs
|
2-3 avril
|
Famille
|
2 pers 1 j
|
0
|
Sarclage
|
1 au 15 mai
|
Manuel
|
3 pers 2 j
|
10 000
|
Récolte maïs
|
10 au 15
juillet
|
Manuel
|
3 pers 2 j
|
4 000
|
Récolte macabo
|
Famille
|
4 pers 2 j
|
0
|
Récolte igname
Transport récolte maïs
13 et 15
Pousse
6 voyages
3 000
juillet
Total
65 000
6/ Organnigramme de l'ADEAC
Coordination
Conseil d'Administration
Assemblée Générale
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
|
Bureau
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
|
local
|
Zone 1
|
|
Zone 2
|
|
Zone 3
|
|
Zone 4
|
|
Zone 5
|
|
Zone 6
|
|
Zone 7
|
|
Zone 8
|
|
Zone 9
|
128
7 / Fiches de suivi adaptée par les
responsables de l'ADEAC et les animateurs
Zone de : période du .... Au
Nom de l'animateur :
activités
|
Action prévues
|
Objectifs (
chiffres)
|
date
|
Activités réalisées
|
Explication de l'écart
|
Cacao
|
|
|
|
|
|
Palmier
|
|
|
|
|
|
Polyculture
|
|
|
|
|
|
Petit élévage
|
|
|
|
|
|
Brigade phytosanitaire
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
Vie associative
|
|
|
|
|
|
Fiche d'abattage pour champ des
spéculations
Campagne 2007 Zone de .....
N°
|
Noms de l'adhérant
|
village
|
superficie
|
Montant de crédit
|
Fiche de suivi mensuel des
spéculations
Zone de
Animateur
Nom du groupe ou de paysans
1) spéculation en cours : .
2) Etat de la parcelle (pépinière, parcelle
cultivée ect)
- solide - assez solide - peu solide
- désherbée - peu d'ombre -assez d'ombre - trop
humide
3) Nombre de feuille
4) couleurs des feuilles
5) Feuilles attaquées
6) type d'attaque : - Insectes -escargots - rongeurs
- chenilles
7) nombre de pertes
Autres problèmes
1)
2)
3)
Crédits contracté pour la parcelle
Montant du crédit
Intérêts
Total à rembourser
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1er
remboursement
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2ème
remboursement
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3ème
remboursement
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4ème
remboursement
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5ème
remboursement
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Date
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Montant
prévue
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Montant remboursé
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Solde
cumulé
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