L'analyse de la dynamique de l'athlète issue de la
mesure des actions mécaniques permet de quantifier les différents
paramètres susceptibles d'influencer sa performance de départ, et
en particulier sa performance sur 100 m (§-V). La qualité des
mesures, du traitement et du calcul est vérifiée suite à
des procédures d'étalonnage, de correction et de contrôle
de paramètres tels que la constante d'accélération
gravitationnelle lors de la phase aérienne du sujet (juste après
son éjection). Suite à cette validation, la comparaison de
plusieurs méthodes de détermination de l'instant de mise en
action de l'athlète est effectuée.
Cette confrontation a mis en question la détection
automatique des faux départs et a démontré tout
l'intérêt de choisir judicieusement un seuil limite à
partir duquel l'athlète est considéré en mouvement. Ainsi,
la définition de ce seuil doit prendre en compte la précision de
l'outil de mesure dynamométrique utilisé ainsi que
l'instabilité de l'athlète, autrement l'athlète peut
être sanctionné à tord.
L'IAAF est parfaitement consciente de cet enjeu majeur, et
c'est pour cette raison qu'elle a instauré une règle exigeant
l'immobilité30 de l'athlète lors de la position
Prêt afin de remédier à ce défaut de moyens
techniques. Toutefois, la détermination des faux départs ne prend
pas en compte la variation des forces exercées au niveau des mains qui
peuvent devancer celles des pieds de 50 ms. Cette variation brusque de l'action
des mains doit être la cause de l'accélération du tronc.
Une analyse cinématique segmentaire fine permettra de vérifier
cette hypothèse.
La mesure des forces exercées distinctement au niveau
de chaque appui lors du départ de course vitesse offre une
quantité d'information difficile voire même impossible à
assimiler par l'entraîneur qui cherche à trouver rapidement des
indices justes et précis, afin d'orienter son choix et ses prises de
décision lors des séances d'entrainement. Une analyse en
composante principale (ACP) est donc effectuée pour créer un
nombre réduit de nouveaux critères synthétiques traduisant
l'ensemble des 91 variables mesurées et calculées.
30 Règle 162.2 « Le départ de toutes les
courses se fera au coup de feu d'un pistolet du Starter ou d'un appareil de
départ approuvé, tiré vers le haut, dès que le
Starter aura vérifié que tous les athlètes sont immobiles
et dans la position de départ correcte ».
Toutefois, l'élaboration d'ACP a rendu compte de la
nature indépendante des variables étudiées. Étant
peu structurées (faibles corrélations), les 91 variables
cinématiques, dynamiques et temporelles recueillies ne peuvent pas
être modélisées en une quantité réduite de
critères synthétiques. Cet échec de modélisation,
contraint l'observateur à prendre en compte le plus grand nombre de
variables possibles afin d'effectuer une analyse globale et objective du
geste.
De ce fait, vu le nombre réduit des
corrélations, il importe d'être attentif aux liaisons inter
variables existantes. L'étude de la variation des forces exercées
au niveau des mains a permis de quantifier leurs contributions dans le geste de
départ. L'écartement horizontal du centre de gravité par
rapport au point d'application de la résultante des forces
exercées au niveau des pieds est proportionnel à
l'intensité des forces exercées verticalement au niveau des
mains.
Contrairement à ce que supposent les études
précédentes (§-II.2.2), cela n'est pas en relation directe
avec l'intensité des forces réactives exercées au niveau
des pieds. Cette contradiction est certainement due au niveau d'expertise des
populations étudiées. La synergie segmentaire n'étant pas
forcément la même, les mêmes contraintes de départ
n'engendrent donc pas les mêmes grandeurs finales. Ce constat est en
partie expliqué par la mauvaise corrélation obtenue suite
à l'étude de régression (§-II.figure 45 et 46) entre
la norme de la vitesse à l'éjection et la position horizontale du
centre de gravité par rapport au centre de pression des mains.
Aussi, la force maximale exercée par les pieds sur les
blocs ne renseigne pas sur l'intensité de la vitesse d'éjection.
Cela reste vrai même en considérant le produit de la force
maximale par la durée de l'impulsion. Il n'est donc pas possible de
simplifier l'évaluation de la vitesse d'éjection à la
mesure des seules forces maximales et de la durée d'impulsion.
Enfin, d'après les résultats de cette
étude, l'exploitation de l'intensité de la vitesse
d'éjection ne permet pas à elle seule l'évaluation de la
qualité d'un départ. Ce paramètre utilisé comme
l'indice de performance dans les études précédentes ne
présente pas dans le cas de notre étude de relations
linéaires avec les différents paramètres de départ
tels que le délai d'éjection, la position du centre de
gravité avant et après l'impulsion, ou encore l'angle
d'éjection. Il convient donc d'élargir la définition d'un
bon départ et prendre en compte d'autres paramètres susceptibles
d'influencer la performance.