RESUME
Les sources principales de richesse d'un pays sont les
exportations. Par contre, la raison principale de l'appauvrissement d'un pays
est la quantité de produits importés (Saïzonou, 2003). Pour
qu'un pays soit économiquement stable, il faut qu'il y ait, à
défaut de la grande exportation, un équilibre entre les volumes
(en terme monétaire) des importations et celui des exportations. Pour
obtenir cet équilibre nécessaire de la balance commerciale, il
faut limiter les produits importés à ceux qui son absolument
impossibles de produire sur place. Il se trouve malheureusement que jusqu'en
2004, le Bénin a importé 236,563 tonnes de riz1, un
produit qui prend de plus en plus de l'importance dans les habitudes
alimentaires. D'un autre côté, le Bénin reçoit sous
forme d'aide budgétaire une importante quantité de riz que
commercialise chaque année l'ONASA à un prix relativement bas.
Dans le même temps, notre pays regorge de terres de bas-fond et
vallées inondables dont les potentialités en production rizicoles
sont aujourd'hui connues mais inexploitées. Pour amener la population
rurale à véritablement s'adonner à cette activité
et pour corriger les habitudes alimentaires du béninois en
matière de consommation de riz, il est indispensable que le riz
localement produit puisse répondre aux aspirations des consommateurs. Il
est donc nécessaire de connaître quelles sont les
préférences de ceux-ci et qu'est-ce qui motive leur choix.
Les critères de choix orientant les consommateurs vers
le riz importé sont aujourd'hui mal connus. C'est pour combler cette
lacune que cette étude a été initiée et vise
à identifier et analyser les facteurs déterminant les
préférences et les motivations des consommateurs pour le riz
importé ; et de proposer des approches de solutions ou des mesures
alternatives idoines au renversement de la tendance en faveur du riz local.
Pour atteindre cet objectif principal, la recherche s'est fixée trois
objectifs spécifiques à savoir :
- Etudier l'influence du prix d'achat du riz sur le type de riz
consommé ;
- Analyser les facteurs socio-économiques et
démographiques du ménage influençant le choix du type de
riz consommé ;
- Analyser les qualités organoleptiques et physiques
orientant le choix du consommateur.
La collecte des données a été faite en
deux phases. Une phase exploratoire qui a permis de mieux spécifier les
sites d'enquête, d'identifier des personnes devant faire partie de
l'échantillon et de mieux affiner les hypothèses et le
questionnaire. La deuxième phase qui s'est déroulée
courant Juillet-Août 2006, a été réalisée par
questionnaire structuré. Cette
1 Une bonne partie étant destinée
à la réexportation
enquête a couvert six (6) villages/quartiers de ville
repartis dans deux (2) départements du Sud et Centre Bénin. Au
total, 233 consommateurs du riz ont été enquêtés.
Plusieurs méthodes d'analyse à dominance
quantitative ont été utilisées. Il ressort de l'analyse
les résultats qui suivent :
Le riz local est vendu moins cher que le riz importé
sur le marché. En effet, au cours de l'année 2005, le kilogramme
du riz local est vendu à un prix moyen de 281,26 (#177;44,76) FCFA alors
que celui du riz importé est livré à un prix moyen de
312,70 (#177;21,32) FCFA dans la commune de Glazoué. A Cotonou, le prix
moyen du riz local est de 353,12(#177;59,84) FCFA alors que celui du riz
importé est de 401,87(#177;51,78). Face à ce résultat,
nous pouvons conclure que le prix élevé du riz importé
comparativement au riz local n'empêche pas les consommateurs à le
préférer au riz local. Il existe alors d'autres raisons qui
justifieraient ce penchant des consommateurs pour le riz importé.
Considérant les critères de choix du riz
consommé (toutes catégories confondues), le goût constitue
le premier critère de sélection des ménages. 23% des
personnes enquêtées préfèrent consommer le riz
à cause de son goût. Après la blancheur et la
capacité de gonflement (respectivement 12 et 10%), l'arôme, le
prix et l'absence de corps étrangers sont d'autres critères de
choix les plus considérés par les consommateurs (9% ; 8% et 7%
respectivement). Dans la commune de Glazoué, l'arôme est
relativement moins pris en compte lors de l'achat du riz (5%), alors
qu'à Cotonou, il constitue le quatrième critère de choix ;
la capacité de gonflement étant reléguée au
neuvième (9ème) rang. Les autres
caractéristiques du riz orientant le choix des consommateurs suivant
leur importance sont : la facilité de cuisson, la forme des grains, la
disponibilité toute l'année, l'emballage, la cohésion des
grains après cuisson, la conservation après cuisson, le taux de
brisure et la texture du riz.
L'estimation des modèles révèle qu'il
existe une différence significative entre les facteurs qui
déterminent la demande du riz local et ceux déterminant la
demande du riz importé. La valeur de Chow test (4,27) est hautement
significative au seuil de 1%. Il existe donc une différence
significative entre les facteurs déterminant la demande du riz local et
ceux déterminant la demande du riz importé. Autrement dit, le
comportement des consommateurs et leurs attitudes sont différents selon
qu'ils soient face au riz local ou au riz importé. L'étude
comparative du comportement des consommateurs du riz local et du riz
importé montre de façon globale que les attributs favorables
à la demande du riz importé sont généralement
défavorables à la demande du riz local. En effet, les attributs
tels que atri2 (absence de corps étrangers), atri3
(blancheur), atri4 (taux de brisure), atri5
(cohésion des grains après cuissons) et dispo
(disponibilité du riz toute l'année) sont
défavorables à la demande du riz local car
négativement corrélées ; alors que ces
variables (sauf atri5) sont positivement corrélées avec
la quantité de riz importé consommée.
Il ressort de l'estimation du modèle hédonique
que les principaux attributs affectant le prix du riz importé sont
l'absence de corps étrangers, la disponibilité durant toute
l'année, la blancheur, l'arôme, la cohésion des grains
après cuisson et le revenu total du ménage. Ces variables autant
qu'ils sont, influencent positivement le prix du riz importé dans les
marchés. Ainsi les prix marginaux implicites sont de 45,3FCFA pour
l'absence de corps étrangers, 46,2FCFA pour la disponibilité
toute l'année, 51,66 FCFA pour la blancheur, 16,21FCFA pour
l'arôme et 14,11FCFA pour la cohésion des grains.
Quant au riz local, les consommateurs ont un consentement
marginal à payer pour bénéficier des attributs tels que la
cohésion (18,88 FCFA) et la forte capacité de gonflement
(13,84FCFA). Pour les autres attributs tels que la disponibilité en
période pré récolte, la disponibilité en
période de récolte ou de post-récolte et le goût,
les prix marginaux implicites sont négatifs : -48,24 ; -39,94 et
-51,56FCFA respectivement. Plusieurs efforts restent donc à faire pour
changer cette tendance.
En définitif, les résultats obtenus montrent que
le riz local présente plusieurs insuffisances comparativement au riz
importé, ce qui justifie l'attachement des consommateurs pour le riz
importé. Pour renverser cette tendance en faveur du riz local, plusieurs
efforts impliquant des acteurs à différents niveaux restent
à mener. Ainsi, toute action pour la promotion de la filière riz
doit être orientée vers l'amélioration des techniques
post-récoltes.
Mots clés : Déterminants,
Demande, LES, Prix hédoniques, Attributs, Riz local, Riz
importé.
|