5. CAS CLINIQUE
Mme A est âgée de 64 ans. Elle a
été hospitalisée au service de neurologie en septembre
2008 pour méningite. Après bilan, elle est
transférée en service de psychiatrie pour un état
maniaque.
L'histoire de la maladie remonte au séjour en
neurologie marquée par la survenue en quelques jours des troubles du
comportement sous forme d'agitation, d'agressivité et une
désinhibition sexuelle avec une humeur exaltée, un traitement
à base de Zyprexa® 10 mg prescrit par la psychiatrie de
la liaison. L'examen clinique, la ponction lombaire de contrôle et un
scanner cérébral sont sans particularité hormis un
syndrome inflammatoire persistant.
Devant l'absence d'amélioration du tableau clinique
après une semaine de traitement, la patiente a été
transférée en service de psychiatrie. L'évolution en
psychiatrie, sur une semaine, est marquée par l'atténuation
rapide des symptômes « maniaque » avec l'apparition d'un
état de somnolence, un important ralentissement psychomoteur et une
pauvreté de la pensée, motivant l'arrêt du traitement
neuroleptique/antipsychotique. L'examen clinique et biologique standard sont
normaux.
Un transfert a nouveau en neurologie a été
organisé pour approfondir le diagnostic étiologique d'une
confusion mentale hypoactive.
Un bilan étiologique basé sur l'arbre
décisionnel d'un syndrome inflammatoire persistant (Cf annexe 4) a mis
en évidence la présence des anticorps anti-Yo et anti-HU souvent
associés aux cancers gynécologique. Une néoplasie de
l'ovaire est mise en évidence.
Au total, le diagnostic d'un syndrome paranéoplasique avec
une expression psychiatrique chez une personne âgée secondaire
à un cancer gynécologique (de l'ovaire).
6. DISCUSSION
La confusion [16] du sujet âgé pose un
problème diagnostique fréquent et difficile de par la
multiplicité des facteurs pouvant sous-tendre ce dysfonctionnement
cognitif aigu et aussi par sa manifestation atypique par rapport aux sujets
adultes plus jeunes.
Certaines étiologies telles le fécalome, la
rétention vésicale d'urine, les pathologies infectieuses, les
troubles ioniques et métaboliques, une pathologie
cérébrale aiguë ou la décompensation aiguë d'une
pathologie chronique sont fréquents chez le sujet âgé et
devront être systématiquement recherchées.
Dans ce cas clinique, la recherche étiologique
classique « standard » était négative et le diagnostic
a été attribué initialement à une origine
psychiatrique. Mais, devant les éléments suivants :
> L'age
12
Wassim CHEHADE-Diplôme Interuniversitaire
« Psychopathologie De La Personne Agée »
TOURS
> l'absence d'amélioration des symptômes
psychiatrique malgré le traitement
> le mode d'installation
> l'absence d'antécédent psychiatrique
le diagnostic de confusion mentale a été
évoqué.
Comme dans notre observation, la confusion mentale
était l'expression neuropsychiatrique (méningite et accès
manique) d'une pathologie d'origine immunologique suite à une tumeur
gynécologique ce qui vient illustrer et souligner la complexité
du diagnostic d'une part et les difficultés du retard du diagnostic
étiologique d'autre part.
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