B-/ APPROCHE PSYCHOSOCIALE
Plusieurs théories et modèles ont
été développés en psychologie sociale pour
expliquer comment les individus modifient leurs comportements. Cela permettait
d'identifier les principaux facteurs favorables au changement de comportement.
Ces études ont abouti à des conclusions selon lesquelles,
l'adoption des comportements sexuels à risque serait aussi sujette
à des considérations psychosociales.
Sida et comportements sexuels à risque chez
les femmes célibataires au Congo a-/ Les différents
modèles
v Le modèle des croyances relatives à la
santé ou "Health Belief Model"
Le modèle des croyances relatives à la
santé ("Health Belief Model") est le seul à avoir
été élaboré dans le domaine de la santé.
C'est l'une des théories explicatives les plus anciennes des
comportements sains. Elle a été mise au point par Rosenstock en
1974. Selon cette théorie chaque individu est capable de choisir des
actions susceptibles de prévenir une maladie du fait qu'il
possède des connaissances minimales en ce qui concerne sa santé,
et ceci dans la mesure où il considère la santé comme une
dimension essentielle de sa vie. Le modèle prédit que l'individu
va se protéger et promouvoir sa santé s'il croit :
· qu'il est susceptible d'avoir un problème
de santé ;
· que les conséquences du problème sont
graves ;
· que les démarches suggérées sont
bénéfiques à la solution du problème ;
· que les bénéfices des démarches
suggérées sont plus importants que les obstacles ou les
coûts y relatifs.
Dans le domaine particulier de la prévention du VIH/SIDA
l'individu utiliserait le condom s'il croit :
· qu'il y a un risque de contracter le VIH ;
· que les conséquences du VIH/SIDA sont
néfastes;
· que l'utilisation du condom est efficace pour
réduire considérablement le risque de contracter le VIH/SIDA ;
· que les bénéfices de l'utilisation du
condom sont plus importants que les coûts et obstacles potentiels.
v La théorie sociocognitive
La théorie sociocognitive a été
élaborée par Alfred Bandura au cours des années 70- 80.
Cette théorie fait appel à un aspect moins rationnel du
comportement humain : la confiance en soi
basée sur le sentiment d'auto-éfficacité. Bandura
définit le sentiment d'auto efficacité comme la conviction qu'a
un individu d'être capable d'organiser et de réaliser les actions
nécessaires à l'accomplissement d'une tâche.
Pour Bandura, (1980, 1989), il est indispensable de croire en
l'efficacité du comportement pour obtenir le résultat
souhaité et en la capacité personnelle à adopter
ce comportement. En effet, pour l'auteur, les croyances d'un individu à
l'égard de ses capacités à accomplir avec succès
une tâche ou un ensemble de tâches sont à compter parmi les
principaux mécanismes régulateurs des comportements. La
croyance en l'efficacité personnelle (self-efficacity) renvoie
« aux jugements que les personnes font à propos de leur
capacité à organiser et réaliser des ensembles d'actions
requises pour atteindre des types de performances attendus », mais
aussi « aux croyances à propos de leurs capacités
à mobiliser la motivation, les ressources cognitives et les
comportements nécessaires pour exercer un contrôle sur les
événements de la vie » (Wood et Bandura, 1989 ;
Bandura, 1986). Ces croyances constituent le mécanisme le plus central
et le plus général de la gestion de soi (personal
agency). Elle a un rôle direct en permettant aux personnes de
mobiliser et organiser leurs compétences. Elle a un rôle indirect
en influençant le choix des objectifs et des actions. Plus la croyance
en l'efficacité personnelle est positive envers un comportement
demandé, plus l'individu sera capable d'accomplir et de maintenir le
comportement en question.
·:* La théorie de l'action
raisonnée
Le modèle de l'action raisonné fut pour la
première fois développé par Fishbein et Ajzen (1975). Ce
modèle définit les liens entre les croyances, les attitudes, les
normes, les intentions et les comportements des individus. Il postule que les
choix comportementaux en matière de santé sont des choix
pensés, raisonnés et agis, et que la raison et la
volonté sont les moteurs du comportement. Selon ce modèle, le
comportement d'une personne serait déterminé par son intention
comportementale à l'adopter. Cette intention serait à son tour
déterminée par l'attitude de la personne et par ses normes
subjectives relatives au comportement en question. Fishbein et Ajzen (2005)
définissent les normes subjectives comme étant « la
perception de l'individu sur le fait que la plupart des personnes qui sont
importantes à ses yeux, sont d'avis qu'il devrait ou ne devrait pas
effectuer le comportement en question ».
Ce modèle se base sur le postulat selon lequel, les
stimuli externes influencent les attitudes et cela, en modifiant la structure
des croyances de l'individu. Les croyances sont définies par la
probabilité subjective de l'individu sur le fait qu'effectuer un
comportement particulier va produire des résultats spécifiques.
Selon la théorie de l'action raisonnée, l'attitude d'une personne
envers un comportement serait déterminée par ses croyances
envers
les conséquences de ce comportement multiplié
par son évaluation de ces conséquences. Par ailleurs, l'intention
d'effectuer un comportement est également déterminée par
les normes subjectives qui sont elles-mêmes déterminées par
les croyances normatives d'un individu et par sa motivation à se plier
aux normes. Ce modèle introduit la notion des conditions
extérieures à l'individu facilitant ou compliquant l'adoption du
comportement souhaité.
La théorie de l'action raisonnée postule
également que tous les autres facteurs qui influencent le comportement
le font uniquement de manière indirecte, et cela, en influençant
l'attitude ou les normes subjectives.
La théorie de l'action planifiée
La théorie de l'action planifiée est une
extension de la théorie de l'action raisonnée (Ajzen, 1985 ;
1991). Selon l'auteur (Ajzen), la nécessité de ce nouveau
modèle provient des limitations liées aux comportements sur
lesquels les individus n'avaient qu'un contrôle partiel. Il a de ce fait
rajouté à son modèle une troisième variable qui,
selon lui, influencerait l'intention d'effectuer un comportement, à
savoir la perception du contrôle sur le comportement ("perceived
behavioral control"). La perception du contrôle sur le comportement
se réfère aux ressources dont dispose l'individu, à ses
propres capacités, aux opportunités disponibles ainsi qu'à
la perception de l'importance d'arriver à accomplir les
résultats. Le concept de perception du contrôle sur le
comportement se rapproche le plus du concept d'auto-efficacité
de Bandura (1989). En effet, les croyances d'un individu sur son
auto-efficacité peuvent avoir une influence sur son choix
d'activités, sur sa préparation pour l'activité et
finalement sur l'effort qu'il met en place durant l'activité en
question. Autrement dit, les intentions d'un individu sont à la base du
changement du comportement si celui-ci lui apporte plus de contrôle.
Ainsi, si par exemple deux individus ont la forte intention d'apprendre une
nouvelle langue, celui qui pense qu'il parviendra à le faire aura
tendance à persévérer davantage que celui qui doute de ses
capacités (Ajzen, 1991). Ce modèle part donc du principe que
trois variables (l'attitude, les normes subjectives, et la perception du
contrôle) influencent directement les intentions d'adopter un
comportement. Ces intentions influencent à leur tour le comportement.
Sida et comportements sexuels à risque chez
les femmes célibataires au Congo b-/
L'impulsivité
Les comportements sexuels des individus ne sont pas toujours
directement guidés par les motivations d'intérêts
financiers ou matériels. Dans une étude menée au Burkina
Faso en 2004 par The Alan Guttmacher Institute, il ressort
que : "chez 39% des filles de 15-19 ans, c'est le mariage qui explique la
survenue du premier rapport sexuel. Par contre pour 50% de ces filles et 89%
des garçons du même âge, le premier rapport sexuel est
« arrivé comme ça » tandis que pour 5% des filles et 3%
des garçons la raison principale est que le partenaire a insisté
". Ces résultats confortent la thèse selon laquelle les premiers
rapports sexuels chez les adolescents seraient spontanés (Daga,
2007).
Les raisons les plus souvent évoquées dans les
discours des adolescents pour justifier l'activité sexuelle
précoce sont : curiosité, "l'amour", le désir, la peur de
perdre son partenaire, l'influence des pairs, l'insistance du copain.
(Rwengé, 1999 ; Calvès, 1999 ; Dembélé, 2004).
Aussi, d'autres études qualitatives ont tenté de confirmer
l'hypothèse des désirs sexuels sans intérêt
financier ou matériel en montrant que la recherche du plaisir, la preuve
de sa virilité, la recherche de plusieurs copines comme
prévention d'une déception, la facilité d'avoir un copain
sont autant de raisons évoquées pour justifier le multi
partenariat (Rwengé, 1999 ; Beat-Songué, 1999; Savage, 1999).
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