II.1.2.3. Les facteurs socioéconomiques
Ces facteurs mettent l'accent sur les motivations
financières qui modulent les comportements sexuels des adolescentes. De
ce fait, le comportement sexuel des adolescentes et leur
fécondité seraient influencés, d'une part, par un souci
rationnel de satisfaire des besoins existentiels ou d'élargir son
capital social et, d'autre part, par l'incapacité économique des
parents à subvenir à ces besoins. Les facteurs
socioéconomiques souvent mis en exergue sont le milieu de
résidence et le niveau de vie du ménage dans lequel évolue
l'adolescente, mais vu que l'influence de ce dernier sur la sexualité et
la fécondité à l'adolescence est plus perceptible en tant
qu'élément de l'environnement familial, seul le milieu de
résidence sera considéré dans notre étude comme
élément de l'environnement socioéconomique.
a) Le milieu de résidence
De nombreux auteurs ont identifié le milieu de
résidence en tant que facteur socioculturel ou socioéconomique
(ou les deux à la fois). D'une part le milieu de résidence
constitue (comme le milieu de socialisation) un élément important
d'identification sociale et, d'autre part, il affecte les opportunités
économiques. Vivre en ville ou à la campagne ne donne pas le
même accès à l'infrastructure (sanitaire, scolaire,
économique, etc.) et à la superstructure (médias,
télévision, radio, loisirs, sports, etc.). Ces différences
entre milieux urbain et rural affectent le statut des filles, leur
socialisation économique et leur entrée dans la vie sexuelle et
maternité. Il apparaît clairement dans plusieurs études que
dans les pays d'Afrique subsaharienne, la baisse de la fécondité
a d'abord commencé dans les couches sociales les plus favorisées,
résidant en milieu urbain (UNFPA, 2005b). Dans le cadre de la RDC,
Kibali et al. (2004) affirment que le milieu rural est favorable aux
premiers rapports sexuels précoces. Et, Akoto et al. (2005) aboutissent
au résultat suivant : « Dans tous les pays
considérés - Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire et
Togo -, les adolescentes ayant déjà eu à porter une
grossesse sont 1,5 fois plus nombreuses en milieu rural qu'en milieu
urbain. » Aussi, dans l'étude comparative de l'UNFPA
(2005b) il apparaît qu'en dehors du Burundi, de la Namibie et dans une
moindre mesure du Rwanda, des Comores et du Tchad, c'est en milieu rural que
l'on retrouve les plus fortes proportions d'adolescentes ayant
déjà débuté leur vie reproductive. Et, les auteurs
attribuent le cas « atypique » observé dans les pays
suscités, par exemple au Burundi où la proportion d'adolescentes
déjà fécondes est plus élevée en milieu
urbain qu'en milieu rural (respectivement 24% et 5%), au relâchement du
contrôle social tendant à prévenir la sexualité
(grossesse) précoce et/ou hors mariage et à l'éducation,
plus prononcé en milieu urbain qu'en milieu rural.
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