E. APPROCHES FAMILIALES
Dans la littérature, quatre approches permettent
d'appréhender l'influence du type d'environnement familial sur la
sexualité et la fécondité des adolescentes : la
théorie du capital social de la famille (Coleman, 1998 cité par
M. Yode et T. LeGrand, 2007), l'approche de la socialisation, l'approche du
contrôle parental et l'approche de l'instabilité conjugale ou
familiale (Haurin et Mott, 1990 ; Albrecht et Teachman, 2003 ; M.
Yode et T. LeGrand, 2007). Selon la première approche, le capital social
de la famille intervient dans le développement des enfants et se
réalise dans les relations entre les parents ainsi que les autres
membres de la famille et les enfants. Les membres adultes de la famille
disposent de connaissances et d'expériences qui participent à la
formation des aptitudes des enfants à l'action.
La seconde approche, quant à elle, considère que
la socialisation sexuelle et reproductive débute dès la naissance
de l'enfant ; elle est facilitée par la proximité entre les
enfants et les parents. Ce sont les adultes qui orientent les enfants vers les
valeurs sexuelles socialement acceptables et saines. Selon l'approche de la
socialisation, le comportement de l'adolescente dépendra de la relation
et de la communication entre parents et enfants. Une bonne relation entre
parents et enfants crée une atmosphère favorable à
l'acceptation des valeurs parentales de la sexualité et de la
procréation. Ces parents représentent également une
meilleure source d'informations sur la sexualité et la reproduction
qu'ils peuvent transmettre aux adolescentes par le biais d'une communication
(Sieving et al., 2002, Swain et al., 2006 ; Amuyunzu-Nyamongo, Sieving et
al., 2002, Yode et LeGrand, 2007). En Afrique, les parents biologiques ne sont
pas les seuls acteurs de la socialisation sexuelle de l'adolescente ; la
famille étant le plus souvent élargie, son capital social est
plus étendu et englobe aussi bien la fratrie que les autres adultes
apparentés ou non.
Les modèles de contrôle parental sont
fondés sur une relation hiérarchique entre les parents et les
adolescentes dans laquelle les parents jouent le rôle de responsable
(Dishion et McMahon, 1998 cités par Yode et LeGrand, 2007). Ce
contrôle s'effectue au moyen des opportunités ou des restrictions
offertes à l'adolescente et, par le suivi de ses activités et de
ses lieux de fréquentation. Il permet aux parents d'être des
facilitateurs ou des inhibiteurs du comportement sexuel de l'adolescente. La
supervision parentale réduit les risques d'une entrée
précoce en sexualité des adolescentes et permet d'éviter
les contacts entre l'adolescente et ses paires aux comportements à
risque ; ceci dépend également de l'héritage culturel
des parents.
Les auteurs de la dernière approche se sont
orientés vers l'instabilité et le changement pour étudier
les comportements sexuels des adolescents dont les parents ont connu la rupture
d'union ou le remariage. Pour eux ces situations d'instabilité sont
sources de perturbations et de contraintes sociale, émotive et
psychologique pour les adolescentes qui augmentent la susceptibilité
d'entrée précocement en sexualité et en
maternité.
Généralement, les processus familiaux sont
mesurés par le « contrôle social » et
l'évocation des sujets relatifs à la sexualité et à
la procréation avec les membres de la famille ; chacun de ces
éléments étant rattachés à (au moins) l'une
des approches théoriques susmentionnées. Un élément
se rapporte à l'approche de la socialisation (discussion sur la
planification familiale avec les parents), un autre rend compte de l'approche
du contrôle social (exposition à la télévision), le
sexe du chef de ménage se rapporte à l'instabilité
conjugale ou familiale et, le niveau de vie du ménage relève
à la fois de l'approche du capital social de la famille, de la
socialisation et du contrôle social.
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