II.4.2. Nécessité du rôle
joué par l'Eglise dans le processus de socialisation juridique en RD
Congo
L'expérience de la Province du Sud - Kivu de 1990
à nos jours, rend incontestable le rôle joué par
l'Eglise124 dans le domaine de la démocratisation et du
développement du pays. Elle a été consultée en
matière de décisions politiques, de planification et de mise en
oeuvre des projets tant au niveau local que national. Elle offre souvent de
nouvelles perspectives et possède une grande expérience dans les
domaines tels que le développement de la base, la protection de
l'environnement, la défense des DH et la protection des groupes
défavorisés.
Au Sud- Kivu par exemple, l'Eglise (Catholique et Protestante)
est plus active et mieux informée sur les cas de violation des DH et sur
les besoins de la
124 Le mot Eglise implique ici tant les ONGDH créés
par l'Eglise que celles créés par les chrétiens
Laïcs.
population que les organes de l'Etat. Cela s'est
matérialisé par la création de plusieurs Organisations Non
Gouvernementales des DH d'obédience chrétiennes telles HJ, GJ,
CDJP., APRODEPED, ICJP, Justice pour tous, CJP, CADHOM et AED, pour ne citer
que celles là.
Employant des juristes qualifiés, ces ONGDH de l'Eglise
disposent d'un large éventail de connaissances, de données
juridiques et statistiques fiables, sur la situation des DH dans la Province.
Ils sont le reflet d'un réel engagement de l'Eglise dans la promotion et
la protection des droits des citoyens les moins pourvus. C'est pourquoi, en RD
Congo en général, l'Eglise influence de plus en plus le
gouvernement, mobilise la population à la base par le renforcement de
ses institutions et accroît ses compétences jusqu'à avoir a
une influence sur elle que le gouvernement est souvent accusé par
celle-ci de « défaillant125 ». Par l'information,
la sensibilisation et la formation de la population sur les lois, l'Eglise
contribue beaucoup, à travers ces ONGDH, directement ou indirectement
à la socialisation juridique de la population au Sud- Kivu.
Comme chez les juifs à l'époque de Jésus,
la conception de la paix et des moyens d'y accéder n'est pas les
mêmes au Sud -Kivu. L'on peut dès lors constater des similitudes
entre la population juive et Congolaise en matière de moyen de la
construction de la paix :
- La position des Zélotes qui avaient opté pour
la guerre et la violence comme moyen d'établir la paix, était la
même que celle des mouvements de résistance locale
dénommé Maï Maï en RD Congo ;
- La position des esséniens qui ont trouvé la
solution dans la vie de prière et de sanctification, s'est fait
remarquer dans plusieurs mouvements de réveil spirituel et chez ceux qui
fréquentaient les chambres de prière, et qui
interprétaient la crise congolaise comme punition de Dieu aux Congolais
qui se sont livrés à l'idolâtrie pendant la deuxième
République ;
125 Sur ce plan, voir le rôle joué par l'Eglise
pendant la période de l'incursion Ougando -Rwandaise à l'Est de
la RDC ; le rôle joué par l'Eglise Congolaise pour la
réussite de la transition (La commission électorale
indépendante, la commission vérité et
réconciliation et le Sénat ont été, pendant la
transition, dirigés par les Leaders Chrétiens sans
considérer autant de Laïcs animateurs des ministères) ; et
son rôle dans la sensibilisation pour la paix et la réussite des
élections organisées en juillet et octobre 2006 dans le pays.
- La position des Organisations chrétiennes des Droits
Humains était celle des Sadducéens et Pharisiens qui ont
opté pour la promotion et la protection des droits humains comme moyen
de construction de la paix.
Telle est la situation à laquelle, nonobstant les
tracasseries administratives, les expropriations, les législations
politisées, les groupes d'intérêts formés par les
composantes, les politiciens, l'armée et la police, font face tant
l'Eglise que les ONGDH depuis 1990.
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