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Sexualité et VIH/ sida

( Télécharger le fichier original )
par Berry Francis Mélaine Xavier Yapi
Université d'Abidjan- Cocody - Maà®trise de sociologie option santé 2008
  

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II-2- Jeunesse et risque d'infection au VIH/SIDA

Les représentations que les jeunes se font du VIH/SIDA et de leur vie sexuelle ont une influence sur leur degré de protection et de risque d'infection. A ce propos, Marta Antunes Maia (2004)8(*) constate que sous prétexte de normalité sociale, les jeunes se sentent hors de danger de contamination. Elle démontre que ce sentiment est lié à l'idée dépassée mais qui subsiste chez les personnes informées au sujet du SIDA, que «  seuls les marginaux (toxicomanes, homosexuels, prostitués...) risquent d'être atteints par le virus »9(*) ainsi, les adolescents adoptent une pluralité de logique préventive dans le sens de se mettre dans la norme pour ainsi se mettre hors de danger, et qui vont de la stratégie d'évitement de partenaire «potentiellement dangereux» à celle d'une «sélection» des enquêtes amoureuses basée sur un jugement esthétique ou éthique de l'autre. Marta Antunes Maia met aussi en relief la conscience protectrice qui est liée à l'opinion des jeunes et qui est d'une grande influence sur leur vie sexuelle. L'adhésion au préservatif est souvent mesurée par son utilisation au premier rapport, mais ce n'est pas toujours celui-ci qui représente un risque. Le premier rapport ne constitue pas forcement un baromètre de l'utilisation du préservatif, car celui-ci est parfois sacrifié justement après le rituel du premier rapport (souvent protégée surtout s'il n'est pas précoce)

qui symbolise la porte d'entrée pour une relation de confiance. Ce déni du risque va de paire avec la croyance en la fidélité et à la confiance mutuelle.

A l'exception de quelques garçons, particulièrement dans les milieux défavorisés, qui ont des rapports sans être amoureux de leur partenaire, la sexualité est conçue comme une expression de l'affectivité, un échange mutuel, un don de soi, un engagement et une preuve de confiance. Il faut donc noter ici que le préservatif est alors interprété par les jeunes comme un geste pour «se préserver de l'autre» et une réaction de méfiance, de démarche qui est contraire à leur représentation de l'amour. Ainsi, leur connaissance sur le VIH/SIDA ne se traduit pas toujours en pratique rationnelle d'évitement du risque. Le savoir reste parfois coupé de la pratique. Il n'est alors pas rare que les multipartenaires qui ne font pas toujours le lien entre sentiments amoureux et pratiques sexuelles soient ceux qui se protègent le plus. En effet en l'absence d'un remède de guérison vis-à-vis de l'infection au VIH/SIDA, il est préconisé l'usage du préservatif pour réduire les risques de contamination. Plusieurs études ont été effectuées afin de voir l'impact de ce moyen de prévention sur la population et sur les jeunes en particulier.

François DENIAUD (1995) a mené une enquête auprès des jeunes d'Abidjan et de Dabou sur les préservatifs, leur utilisation et sur l'image culturelle que ces jeunes ont du préservatif. Cette étude avait pour but de développer u programme d'éducation mutuelle des jeunes citadins sur le VIH/SIDA, les MST et les contraceptions, associés à la vente subventionnée de préservatifs par des jeunes.

Selon DENIAUD (1995) « L'utilisation des préservatifs doit être vue comme une alternative réaliste et sans danger à l'abstinence et à la fidélité

ou comme un solution d'attente avant la réduction du nombre de partenaires sexuels »10(*). L'auteur souligne que l'aspect culturel de la perception du préservatif par les jeunes est très important car si le préservatif « peut être un médicament accepté, il est socialement et culturellement difficilement acceptable, en ce sens qu'il est perçu comme un corps étranger qui risque de gêner l'individu et de déstabiliser la société »11(*) (1995). Il montre également que « le préservatif provoque une crise de conscience chez son utilisateur ou son futur utilisateur » parce qu'il impose des ruptures à l'acte amoureux, frustre le plaisir attendu, fait perdre le sperme comme dans la masturbation, culpabilise vis-à-vis de la partenaire par laquelle l'usage du préservatif peut équivaloir à une méfiance ou un refus d'engagement.

Abondant dans le même sens, Mendès LEITE (1993) écrit que le préservatif est interprété par les jeunes comme un geste pour « se préserver de l'autre » chose qui constitue une réaction de méfiance. Pour les jeunes, l'amour a pour pilier fondamental la confiance, alors s'il y a la confiance, le besoin d'utiliser le préservatif ne se fait plus sentir, même si le test de prévalence à VIH/SIDA n'a pas été fait. Toujours selon Mendès LEITE (1993) pour les jeunes "le préservatif est synonyme de méfiance, de doute, de crainte, sentiments qui sont antipodes de l'amour et par conséquent uniquement le temps que l'inconnu devienne connu et que la confiance s'installe"12(*).

Alors, l'abandon du préservatif sans test de dépistage préalable est connu comme une preuve de confiance et d'engagement. La jeune fera confiance en la personne dont il est amoureux et laissera tomber le préservatif même s'il ne connaît ni son passé encore moins son statut sérologique.

NAMBOGONA Thibaud (1997) estime que le milieu de vie des jeunes à savoir leurs amis du quartier ou d'école et leur milieu familial exerce sur eux une influence qui oriente leurs comportements sexuels. Cependant pour lui, les jeunes reconnaissent au VIH/SIDA une certaine influence sur leur sexualité mais pour eux "le rôle premier du préservatif est de servir de moyen contraceptif"13(*). Cette situation s'explique par le fait que les jeunes ne voient pas ou minimisent le risque immédiat de la contraction d'une MST ou d'une contraction à VIH/SIDA par rapport à celui de la grossesse dont l'évolution est souvent perçue comme un drame dans la famille. Pour l'auteur, les jeunes se soucient peu du VIH/SIDA et de son caractère incurable car au lieu de voir "le préservatif comme un moyen d'éviter la mort (SIDA), les jeunes le voient plutôt comme un moyen d'éviter des problèmes de paternités ou maternités". Le port du préservatif devient alors facultatif. Toujours selon NAMBOGONA (1997), le port du préservatif par les jeunes est justifié dans un premier cas par une "situation de doute, de peur et de crainte de contracter une MST ou une grossesse non désiré". Dans cette situation de peur ou de doute quelques soient le désir et l'attirance que chacun éprouve à l'égard de l`autre, c'est la prudence qui est de rigueur. Alors, lorsque le préservatif venait à manquer "le désir d'accomplissement de l'acte sexuel est automatiquement inhibé par cette prudence vis-à-vis de l'autre observé". Dans un second cas, le port du préservatif est précédé par des pratiques sexuelles à risque. En effet, les partenaires sexuels font précéder "la phase de la pénétration vaginale par les préliminaires parce qu'ils supposent que l'autre serait sain".

Ces préliminaires consistent selon l'auteur en des "caresses buccales, manuelles ou en des frottements de la verge en érection contre les parties génitales de la fille et ce n'est que plus tard quand les partenaires ressentent le désir de s'accoupler réellement que l'homme porte le préservatif". Force est de faire remarquer que cette pratique est à risque car "le sexe du garçon n'est pas protégé lors de ces attouchements avec les parties génitales de sa partenaire ainsi il peut se voir soit contaminer par celle-ci ou lui-même être contaminé par sa partenaires à travers le contact des parties génitales nues qui favorisent le mélange des sécrétions génitales avec le sang par les micro blessures causées par le frottement des poils contre les fragiles parois des parties génitales". L'auteur relève qu'un troisième cas de figure se présente face à l'utilisation du préservatif, c'est celui "des couples stables", c'est-à-dire les jeunes garçons et filles qui déclarent avoir un partenaire sexuel fixe et régulier. Dans ce cas, le processus d'abandon de l'utilisation du préservatif commence par le fait qu'après "trois ou six mois de vie commune, au nom d'une confiance mutuelle, ils abandonnent le préservatif et s'exposent alors aux risques de se contaminer". En somme, la confiance dont parlent les jeunes et que l'auteur qualifie "d'aveugle", constitue un frein à l'utilisation du préservatif lors des rapports sexuels. Cette situation est une "porte ouverte au VIH/SIDA" puisque ne vivant pas maritalement, ces jeunes n'ont aucun moyen efficace de se contrôler réciproquement de manière à être sure de la fidélité de l'un ou de l'autre.

* 8 Marta Antunes Maia (2004) : représentation du Sida et comportement à risque chez les étudiants scolarisé. Thèse ne Anthropologie sociale et ethnologie, sous la direction de M. E Handman, Paris, EHESS.

* 9 Idem

* 10 DENIAUD François (1995), Sida, Préservatif et Jeunesse urbaine en Côte d'ivoire. Bulletin liaison CNDT, Page 49-69

* 11 Idem

* 12 LEITE Mendes (1993), «des révolutions sexuelles» à l'ère du SIDA : bascule et reconstruction(s) des sexualités», sociétés, Numéro 39, Gauthier-Villars, pp 21-27

* 13 NAMBOGONA Thibaud (1997)

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo