Chapitre I :
INTRODUCTION GENERALE
I.1.
Contexte et problématique
Malgré la mise en oeuvre des plans quinquennaux en
début des années 60, l'économie
camerounaise a connu au milieu des années 80 une
récession qui l'a conduite à adopter à
partir de 1988 les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) .
1
2
3
années 1980, la longue et profonde crise sociopolitique
et économique combinée aux effets
de la baisse des cours mondiaux des matières
premières et la baisse du cours du dollar ont
4
entraîné une aggravation de cette situation.
La surévaluation du franc CFA par rapport au
Dollar américain ($US), devise dans laquelle
est libellée la plupart des exportations
camerounaises, et les déficiences structurelles du
pays ont été en grande partie responsables
de la crise économique.
En effet, l'économie du Cameroun s'est bien
portée jusqu'à la seconde moitié des
années 80, lorsque les cours mondiaux de ses
exportations ont chuté. Vers la fin de ces
Suivant la précarité de la situation
économique et les chutes de revenus émanant de la
crise, le gouvernement, sous les auspices des institutions
de Bretton Woods - Banque
Mondiale (BM) et Fonds Monétaire International (FMI)
- a abandonné les programmes de
long termes en cours depuis 1961 (plans quinquennaux)
pour adopter les programmes de
moyen termes appelés Programmes d'Ajustement
Structurel dans le but de restaurer
l'équilibre macroéconomique et d'améliorer
la croissance et l'efficience de l'économie. Une
série de mesures de réduction des dépenses a
ainsi été engagée, les entreprises publiques ne
dégageant pas de profit ont été
liquidées et celles ayant un profit marginal ont été
privatisées.
1 Ces programmes avaient pour but d'aider les pays en
crise à atteindre une stabilisation macroéconomique et
une transformation structurelle de l'économie
équilibrées et durables. Elles ont été
adoptées au Cameroun en
1988.
2 Il s'agit des biens que le Cameroun exporte ; en
l'occurrence les produits agricoles (café, cacao, banane, etc.) et
les matières premières (pétrole, etc.).
3 Il s'agit de l'instabilité politique et les
événements qualifiés de « villes mortes » qui
ont précédé les élections
présidentielles de 1992 au Cameroun.
4 Pour la Zone CEMAC, FCFA signifie franc de la
Coopération Financière en Afrique centrale tandis que pour
l'UEMOA, FCFA signifie franc de la Communauté
Financière Africaine.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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Mathématique et Econométrie
14
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
5
une baisse d'ensemble dans les coûts de production, ce qui
devrait relancer l'économie (Baye
et Fambon, 2001).
Les dépenses publiques en matière
d'éducation et de santé ont été compressées.
L'année 1993
a vécu une double baisse des salaires dans le service
public, ceci ayant pour objet d'amener
Cependant, cinq ans après, l'économie
camerounaise est restée stagnante. C'est
pourquoi le Cameroun et les autres membres de la Zone Franc ont
dévalué le FCFA (Franc de
la Coopération Financière en Afrique Centrale) de
50% par rapport au FF (Franc Français) le
12 janvier 1994. Etant la pièce centrale de
l'ajustement, la dévaluation avait pour but de
freiner la consommation des biens importés et de
réaffecter les ressources des biens non
commercialisés vers les biens commercialisés,
notamment les exportations agricoles.
En outre, ces politiques et reformes ne sont pas
demeurées sans incidences sur la
situation économique et sociale du Cameroun,
notamment la montée des inégalités et de la
polarisation des revenus de la population. Les effets de
la hausse des prix résultant de la
dévaluation, la confusion dans le sous-secteur
produit due à sa libéralisation et les maigres
salaires ont contraint et forcé plusieurs
camerounais à adopter des comportements de
débrouillardise. Parmi ces comportements, on
relève par exemple le travail au noir (secteur
informel), les changements des tendances
régionales d'activité, les changements dans
l'occupation des structures, la baisse de la
productivité et l'adoption des « innovations
comportementales » comme la corruption et autres vices
de la société. Ces adaptations ont
défini des tendances spécifiques de
distribution de revenu, marquées par les inégalités
entre
leurs niveaux et la concentration entre les mains d'un petit
nombre de personnes de la quasi-
totalité des revenus distribués.
La crise a donc eu pour conséquence majeure la
recrudescence de la pauvreté dont la
lutte passe par une amélioration de la croissance
et une réduction des disparités. En fait,
l'analyse économique traditionnelle a
longtemps considéré qu'une politique de
développement devait se concentrer sur la
croissance économique afin d'entraîner une
élévation générale du niveau de vie
susceptible de réduire la pauvreté. L'analyse récente tend
à mettre en avant le rôle que peut jouer
une politique de redistribution et de réduction des
inégalités dans la croissance économique et
donc la réduction de la pauvreté (Valier, 2000 et
5 Une en janvier et l'autre en novembre (ces baisses
s'élevant à une moyenne de 60%).
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Bourguignon, 2000). Nous allons dans cette étude
analyser et comparer les évolutions de la
polarisation et de l'inégalité au
Cameroun afin de mieux décrypter les différences et
similitudes qui existent entre elles ; notre souci étant
de proposer un moyen de lutte contre la
pauvreté par l'approche de réduction de
l'inégalité et de la polarisation.
I.2.
Questions de recherche
La question principale analysée ici est de savoir comment
ont évolué l'inégalité et la
polarisation pendant les différentes périodes de
réformes économiques au Cameroun ?
Plus spécifiquement, il s'agit de déterminer :
-
-
-
Quelle a été l'évolution des
inégalités au Cameroun pendant et après les PAS?
Comment a évolué la polarisation au Cameroun dans
les périodes 1996 et 2001 ?
S'il existe une différence significative entre les
trends de la polarisation et de
l'inégalité au Cameroun pendant ces deux
périodes ?
I.3.
Objectifs de l'étude
L'objectif principal de cette étude est d'analyser
et de comparer les évolutions de la
polarisation et de l'inégalité au Cameroun
pendant et après les PAS afin de proposer un
moyen de lutte contre la pauvreté qui tienne compte de ces
phénomènes.
Trois objectifs spécifiques sont poursuivis :
-
-
-
Evaluer le trend de l'inégalité spatiale en
utilisant le coefficient de Gini et la classe
des mesures d'entropie généralisée.
Analyser empiriquement l'évolution de la polarisation au
Cameroun de 1996 à 2001
aux moyens de l'indice Duclos-Estéban-Ray et de l'indice
Foster-Wolfson.
Comparer ces deux évolutions dans le but de faire
ressortir les différences et
similitudes entre elles au Cameroun.
I.4.
Hypothèses de recherche
Pour aborder la problématique de notre étude
avec tact, nous formulons l'hypothèse
générale suivante qui va avec la pensée de
Duclos, Esteban et Ray (2004) : la polarisation est
un concept largement différent de
l'inégalité.
Plus spécifiquement, nous avons les hypothèses
ci-dessous :
H1
H2
: L'inégalité a augmenté au Cameroun pendant
et après les PAS.
: La polarisation a évolué de manière
croissante entre 1996 et 2001 au Cameroun.
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16
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
H3
: L'inégalité et la polarisation ont suivi des
évolutions différentes pendant et après
les PAS au Cameroun.
I.5.
Importance de l'étude
Importance théorique :
Depuis plusieurs années, un grand
intérêt s'est porté sur l'impact des reformes
économiques sur la pauvreté et
particulièrement sur la distribution du bien-être dans les
sociétés africaines. L'échec des PAS
introduit au Cameroun depuis 1988 suscite des débats
quant à l'effet qu'a eu les reformes des
institutions de Bretton Woods sur les politiques de
redistribution au Cameroun. Notre étude évalue les
trends de l'inégalité et de la polarisation
des dépenses des ménages au Cameroun sur la
période des reformes économiques et celles
d'après. Elle contribue à la littérature
existante de trois manières :
-
D'abord, l'analyse des effets de ces mesures d'ajustement
sur la redistribution n'a
pas été effectuée de manière
intensive et rigoureuse jusqu'ici. A notre connaissance,
6
très peu d'études sur le Cameroun analysent
l'évolution de la polarisation et de
l'inégalité de revenu, utilisant
simultanément les deux bases de données de 1996 et
2001.
Ensuite, notre étude se concentre sur la dynamique
spatio-temporelle de l'inégalité
et de la polarisation au Cameroun dans le but d'aider à
comprendre leurs évolutions
à différentes étapes de la situation
économique du pays.
Enfin, cette étude introduit le concept de polarisation
dans la distribution de revenu,
chose encore inexplorée dans le dialogue du
bien-être au Cameroun.
-
-
Importance empirique :
Les études empiriques menées ici sont
d'une importance considérable pour les
décideurs politiques dans la mesure où elles
permettent d'identifier simultanément la structure
de la polarisation et de l'inégalité des
revenus et la nature des changements de celles-ci au
cours du temps. Munies des ces informations, les autorités
gouvernementales peuvent prendre
des mesures spécifiques en vue d'améliorer la
distribution des revenus entre les différentes
couches de la population. De plus, se baser uniquement
sur le trend de l'incidence de la
pauvreté comme on l'a toujours fait jusqu'ici, peut
ne pas nous permettre d'avoir une vue
globale sur la situation de la pauvreté au Cameroun.
L'inégalité (évolution des disparités dans
6 Comme étude de ces phénomènes
sur le Cameroun on peut citer Baye, 2008.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
la distribution des revenus) et la polarisation nous donnent des
résultats significatifs pour une
bonne appréhension de la pauvreté.
I.6.
Méthodologie
Nous utilisons dans cette étude une approche qui
décompose l'inégalité par groupe.
Une décision sur l'unité d'analyse s'impose
de même que les mesures d'inégalité et de
polarisation qui reflètent la distribution totale des
revenus ou dépenses. Ainsi, une analyse de
l'inégalité et de la polarisation entre les
dépenses par équivalent-adulte est choisie comme
indiquées par les données des enquêtes
de 1996 et 2001. Nombres de mesures ont été
proposées dans la littérature pour
caractériser la polarisation (Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson,
1994 ; Tsui et Wang, 1998 ; Zhang et Kanbur, 2001) et
l'inégalité dans la distribution des
revenus (Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ; Fields, 1980 ; Theil,
1979 ; Sen, 1973 ; Shorrocks,
1984 et Litchfield, 1999).
Nous allons procéder par une décomposition
statique par sous-groupe, l'inégalité
totale étant exprimée comme une moyenne
pondérée de la même mesure pour différents
groupes constitués (composante intra-groupe) plus la
mesure d'inégalité de l'échantillon dans
sa totalité, chaque membre ayant la dépense moyenne
de son groupe particulier (composante
inter-groupe). Certaines mesures d'inégalité
comme la classe des indices d'entropie
généralisée sont facilement
décomposable en composantes intra et inter groupes :
Itotale=Iintra+Iinter
(Litchfield, 1999 ; Cowell, 1995 et Ahuja et al, 1997).
La popularité de
l'indice de Gini garantit son inclusion dans chaque
étude de l'inégalité. Les variantes de la
7
classe des indices d'entropie généralisée
sont la déviation logarithmique moyenne, l'indice de
Theil et la variance du logarithme qui n'est autre que
la moitié du carré du coefficient de
variation. Ainsi, une baisse de l'inégalité dans
l'un des sous-groupes conduira à une baisse de
l'inégalité totale.
Les mesures de polarisation doivent être
caractérisées par leur sensibilité locale à
l'interaction entre l'aliénation
(hétérogénéité inter-groupe) et
l'identification (homogénéité
intra-groupe). L'analyse de la polarisation se fera
à l'aide de la classe des mesures Duclos-
Estéban-Ray et de l'indice Foster-Wolfson. Ces mesures
sont sensibles à la concentration des
7 L'indice de Gini est décomposable par groupe
seulement si les partitions ne chevauchent pas dans le vecteur de
revenus / dépenses. Il est cependant décomposable
par sources de revenus.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
individus autour de leurs revenus respectifs. C'est ce que
Duclos, Esteban et Ray (2004) ont
appelé identification.
L'analyse dans cette étude est basée sur les
données de l'Enquête Camerounaise
auprès des Ménages de 1996 (ECAM I)
réalisée par la Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun et de
l'Enquête Camerounaise auprès des
Ménages de 2001 (ECAM II) réalisée par
l'Institut National de la Statistique (INS) du
Cameroun. Les résultats empiriques seront
obtenus à partir du logiciel d'analyse de
distribution appelé DAD.
I.7.
Définition des termes clés
Pour faciliter la compréhension de notre travail,
il est judicieux de définir quelques
termes clés.
8
ainsi essentiellement l'étendue totale de la distribution
des niveaux de vie. Il met l'accent sur
la déviation par rapport à la moyenne globale et
ignore le regroupement autour des moyennes
locales.
L'inégalité.
L'inégalité est un phénomène de
distribution qui capture les disparités qui existent
entre les niveaux dans une distribution de bien-être.
L'inégalité des revenus peut être définie
comme la différence entre le revenu des riches et des
pauvres au sein d'un même pays. Celle-
ci est généralement mesurée à l'aide
de l'indice de Gini, chiffre situé entre 0 et 1, la valeur la
plus faible indiquant une plus grande égalité
(Loungani, 2003) . Un indice d'inégalité mesure
La polarisation
La polarisation est un phénomène de distribution
qui capture l'étendue par laquelle la
population devient regroupée, de sorte qu'à
l'intérieur de chaque groupe, les membres sont
semblables mais entre les groupes les membres sont
très différents (Fedorov, 2002). Les
mesures de polarisation cherchent donc une évidence de
regroupement en bas et au sommet
de la distribution de bien-être. La polarisation
diffère de l'inégalité en ce sens que la dernière
n'impose aucune condition de regroupement à
l'intérieur de la distribution. Les mesures de la
8 D'autres mesures d'inégalité
consistent en l'indice d'Atkinson, la classe des indices d'entropie
généralisée,
etc., pour les mesures numériques et la courbe de Lorenz
comme mesure graphique.
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19
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
polarisation capturent le regroupement autour des moyennes
locales, aspect ignoré par les
mesures d'inégalité.
Les PAS
L'ajustement structurel est défini comme une «
série de mesures tendant à restaurer
l'équilibre des agrégats macroéconomiques de
manière à relancer et à soutenir le processus de
croissance et de développement ». Les Programmes
d'Ajustement Structurel visaient avant
tout à rétablir la balance extérieure
courante et un niveau de dépenses viables, de façon
à
réduire les baisses de production à court
terme et à préserver la capacité de
l'économie à
poursuivre sa croissance (Pagni, 1988). Ces programmes sont des
plans de développement de
moyen termes institués par le FMI et la BM aux
pays qui sont entrés dans la récession du
milieu des années 80 afin de les aider à faire face
à celle-ci.
I.8.
Portée et limite de l'étude
Portée de l'étude
Les débats récents sur les possibles
différences entre inégalité et polarisation suscitent
l'intérêt de comparer les résultats des
mesures de ces deux concepts qui ont été proposées
dans la littérature. Cette étude essaye de
faire ces comparaisons en utilisant les données de
deux enquêtes ménages distincts. Elle prend en
compte les enquêtes ECAM I de 1996 et
ECAM II de 2001. En s'étendant sur ces différentes
enquêtes, cette étude intègre deux phases
différentes de l'évolution économique du
Cameroun marquée par la crise des années 80 et la
reprise qui s'en est suivie.
Limite de l'étude
Considérant le fait qu'il existe d'autres sources de
données comme celles de la Banque
Mondiale qui auraient pu être utilisées pour
augmenter la praticabilité et l'appréhension de
cette étude, le choix de ces deux enquêtes
auprès des ménages camerounais peut procurer des
résultats peu robustes.
Cependant, l'enquête étant une photographie
à une période particulière, les données
d'enquêtes en un temps donné et à
une période donnée ne peuvent guère
être assez
différentes. Les données utilisées ici
peuvent donc être considérées comme satisfaisantes.
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20
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
I.9.
Organisation du travail.
Après une mise au point au chapitre introductif,
la suite de notre étude s'articule
autour de cinq chapitres. Le deuxième chapitre
présente les réformes macroéconomiques,
l'inégalité et la polarisation au Cameroun. Le
troisième chapitre présente le cadre conceptuel
et la revue de la littérature relative à
l'inégalité et de la polarisation. Le chapitre quatrième
nous situera sur la méthodologie de l'étude
qui nous permettra dans le chapitre cinq de
procéder à l'analyse empirique de la
décomposition de l'inégalité et de la polarisation
des
dépenses totales et leur évaluation en
utilisant le coefficient de Gini, la mesure d'entropie
généralisée, la mesure
Duclos-Estéban-Ray et la mesure Foster-Wolfson. En dernier
ressort,
une conclusion nous résumera les principaux
résultats de l'étude et nous permettra de faire
quelques recommandations de politiques de lutte contre les
inégalités, la polarisation et la
pauvreté.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Chapitre II :
REFORMES MACROECONOMIQUES, INEGALITE ET
POLARISATION AU CAMEROUN
II.1. Introduction
Au milieu des années 1980, le Cameroun est entré
dans une phase de turbulences. Dix
ans plus tard, il n'en était toujours pas sorti. La
longueur et la durée de la crise qu'a connu ce
pays amène à s'interroger sur l'origine et les
déterminants d'une telle remise en question du
régime de croissance antérieur que tous
reconnaissent comme exemplaire et que l'on a même
pu qualifier de « miracle camerounais »(Aerts et al,
2000).
II.2. Les réformes macroéconomiques et
leurs conséquences au Cameroun
Au regard des indicateurs de performances économiques
comme ceux qui cherchent à
cerner la cohésion des politiques économiques,
le Cameroun a perdu son statut de modèle
régional pour figurer parmi les « mauvais
élèves » stigmatisés par les rapports des
institutions
multilatérales (Banque Mondiale, 1994). Depuis
l'indépendance, trois régimes de croissance
ont pu être identifiés. Ces trois régimes
couvrent aussi trois périodes de réformes différentes.
Le premier correspond à la période 1960-1984
marquée par l'implémentation des plans
quinquennaux de développement. Elle est
caractérisée par une croissance modérée
et
équilibrée au début, suivi d'une forte
croissance due à la découverte et à l'exploitation
de
pétrole. Le second régime fondé sur la crise
s'ouvre en 1985 / 86 avec la chute des cours des
principaux produits de rente, la baisse du dollar et
l'épuisement progressif des ressources
pétrolières. C'est au lors de ce régime que
le Cameroun sous les auspices de la BM et du FMI
a adopté et a mis sur pied les PAS. Et le
troisième régime sanctionné par la reprise d'une
économie fondée sur la demande qui prend cours
après la dévaluation du FCFA par rapport à
sa monnaie de référence, le FF. Ce
régime est sanctionné vers sa fin par l'atteinte du
point
d'achèvement de l'Initiative de réduction de la
dette des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
II.2.1.
L'économie
camerounaise
pendant
les
Plans
Quinquennaux
de
Développement
Tout juste après les indépendances, les Etats
africains ont adoptés et réalisés différents
plans de développement en vue de renforcer les acquis
issus de la colonisation. Au Cameroun,
de 1961 à 1986, cinq plans de développement
ont été mis en oeuvre, le sixième ayant
été
interrompu par le retournement brutal de la situation
économique du pays.
Le premier et le second plan (1961-1970) étaient
destinés à consolider l'indépendance
nouvellement acquise. Une multitude d'institution ont
été crées pour gérer le secteur agricole
à l'instar du « Marketing Board » dans la
région anglophone et le Fonds de stabilisation dans
la région francophone. On observera ici une forte
intervention étatique dans les secteurs
agricoles et infrastructurels.
Durant les troisième et quatrième plans
(1971-1980), on a noté un accroissement de
l'intérêt de l'Etat pour le secteur agricole.
Cette période a été surtout marquée par une
augmentation dans la procuration et la distribution des inputs
agricoles (engrais, insecticides,
etc.), la création des organes de centralisation
des décisions, la division des programmes
d'extension agricole en deux systèmes parallèles
(un piloté par le ministère de l'agriculture et
l'autre par les institutions de développement
régional intégrées) et l'augmentation de la
taxation indirecte des paysans à travers les retraits
effectués par le Fonds de stabilisation et le
« Marketing Board »(Baye et Fambon, 2001).
Le cinquième plan (1981-1985) a été
marqué par une augmentation considérable des
revenus de pétrole (40% des exportations totales). Les
revenus du pétrole étaient utilisés pour
améliorer les infrastructures, substituer le secteur
agricole qui souffrait de la chute des prix
mondiaux et améliorer la production et l'exportation du
cacao et du café, ceci en réduisant les
taxes à l'exportation et en mettant sur pied un
mécanisme de stabilisation.
Le sixième plan de développement qui devrait
englober une période allant de 1986 à
1991, a été endommagé par la chute des prix
des exportations des biens, la baisse du cours du
dollar américain qui est la principale
monnaie de dénomination des exportations
camerounaises et les faibles politiques
macroéconomiques mises en place par le
gouvernement. En 1988, la sévérité de
la crise va amener les dirigeants camerounais à
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23
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
abandonner ce plan pour adopter les plans de
développement de moyens termes des
institutions de Bretton Woods appelés Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS).
Le Cameroun, au contraire de nombreux pays d'Afrique
Subsaharienne (ASS), a
longtemps été considéré comme un
modèle de prospérité économique. Dans les
années 1960,
tout juste après l'indépendance, bien que
très dépendant de la production des produits
primaires, le dynamisme du Cameroun repose sur un tissu
économique assez diversifié et une
main d'oeuvre relativement bien adaptée à ses
besoins. Cette phase de développement est
caractérisée par une croissance
modérée mais équilibrée, exempte de
distorsions des prix
relatifs et des déficits externes ou internes
insoutenables.
De 1965 à 1977, la croissance atteint un
rythme moyen annuel d'environ 4%,
permettant une lente amélioration du Produit
Intérieur Brut (PIB) par tête. De 1968 à 1976, la
croissance des quatre grands secteurs (agriculture,
industrie extractive, manufacturière et
secteur tertiaire) est relativement harmonieuse. La
structure par secteurs reste stable. En
volume, l'agriculture compte pour 30% du PIB, l'ensemble
de l'industrie 20% (répartis à
égalité entre l'industrie
manufacturière et le secteur minier) et le tertiaire
50%. Cette
évolution relativement uniforme est manifeste tant
en volume qu'en valeur, l'indice de prix
relatif agriculture / industrie restant constant durant
toute la période (Aerts et al, 2000 ;
Tableau 1 et Figure 1).
Tableau 1 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun avant les PAS
(en million de $US)
Période
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
PIB
814
853
934
1 053
1 152
1 160
1 234
1 431
1 759
2 256
2 753
Exportations Importations Consommation
193
179
193
233
269
304
284
292
364
574
624
198
201
211
259
263
286
335
373
422
514
703
716
761
824
939
1 023
956
1 080
1 251
1 467
1 811
2 282
Investissement
(%PIB)
13
13
14
13
11
16
17
18
20
17
20
Epargne
(%PIB)
12
11
12
11
11
18
13
13
17
20
17
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
3 077
3 366
4 410
5 811
6 741
7 636
7 323
7 382
697
844
1 043
1 225
1 880
1 670
2 432
2 244
842
936
1 240
1 641
1 829
2 170
2 117
2 163
2 681
2 500
3 229
4 570
5 275
6 138
5 158
5 377
18
28
31
29
21
27
25
26
13
26
27
21
22
21
30
27
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la Banque Mondiale 2005
Figure 1 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1965 et 1983
PIB au prix du marché entre 1965-1983
(million de $US courant)
Exportations totales entre 1965-1983 (million
de $US courant)
10000
8000
6000
4000
2000
0
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Importations totales entre 1965-1983 (million
de $US courant)
Consommation totale entre 1965-1983
(million de $US courant)
2500
2000
1500
1000
500
0
8000
6000
4000
2000
0
Investissement intérieur brut entre 1965-
1983 (%GDP)
Epargne intérieure brute entre 1963- 1983
(%GDP)
40
30
20
10
0
35
30
25
20
15
10
5
0
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 1
La découverte, puis l'exploitation de
pétrole inaugurent un second régime de
croissance de l'économie camerounaise,
caractérisé par une forte croissance qui dure jusqu'en
1985. En effet, une hausse significative de la production de
pétrole, débutant dans la fin des
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
25
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
années 1970, a doublé la croissance du PIB,
atteignant 15% en 1980 et environ 8% dans la
moitié des années 1980. Tout au long de
cette phase de décollage, le PIB réel par tête a
augmenté à près de 1100 $US,
plaçant le Cameroun dans la catégorie des pays à
revenu
intermédiaire selon la classification de la Banque
Mondiale. Le rythme élevé de la croissance
se traduit par une amélioration sensible des niveaux de
vie, comme en témoigne indirectement
l'élévation de la consommation privée par
tête.
La croissance du PIB s'accélère très
fortement (elle triple) sous l'effet d'un bond en
avant spectaculaire du PIB minier lié à la
découverte et à l'exploitation des gisements
pétroliers. La contribution de cette branche à la
croissance totale passe ainsi de 5 à 30% de la
première à la seconde période. La
richesse ainsi dégagée provoque un fort effet
d'entraînement sur les autres secteurs, via les
revenus distribués par le secteur public : le
rythme de croissance triple dans l'agriculture et l'industrie
manufacturière, tandis qu'il double
dans les services. La croissance moyenne de ces trois secteurs se
situe autour de 10%. En fait,
les bonnes performances de l'agriculture proviennent
entièrement du secteur vivrier, qui
progresse de 13,5% par an. Les volumes produits par l'agriculture
de rente, qui était jusque-là
la principale source de richesse du pays restent à la
traîne, sans toutefois régresser (+2,9%).
De 1982 à 1985, la croissance globale baisse de
régime tout en restant soutenue (+8%
par an). Même si le rythme d'extraction
pétrolière faiblit, cette décélération est
imputable à la
faible dynamique des industries manufacturières (+2,5%)
et, surtout à la quasi-stagnation du
secteur agricole (+1,2%). Dans l'agriculture, le secteur vivrier
s'effondre avec une croissance
proche de zéro, sans pour autant que les
exportations prennent le relais. Ces derniers
continuent leur lente progression (+2,4% par an).
Seuls les services poursuivent leur
expansion (+13% par an). D'aucuns pouvaient voir en cette
poussée du secteur des services
un début de « Syndrome Hollandais », du
moment où la manne pétrolière commence à
s'atténuer. Mais les symptômes d'une telle «
maladie » restent embryonnaires dans la mesure
où l'appréciation du taux de change effectif
réel du Cameroun reste limitée.
Il faut aussi noter des changements dans la dynamique de
croissance. Les moteurs de
la croissance de l'économie camerounaise se
modifient radicalement : tirée par la
consommation au début, la croissance est soutenue
par les exportations à la fin de cette
période après une phase intermédiaire
d'investissement intense. Ainsi, les modifications des
aspects sectoriels de la croissance se manifestent tout
d'abord par une forte poussée de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
26
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
9
termes de l'échange du pétrole qui ne compense que
progressivement la dégradation de ceux
des produits primaires non énergétiques, font que
le Cameroun connaisse au début des années
1980 une prospérité forte et rapide au contraire de
la plupart de ses pays voisins qui sont en
phase d'ajustement (Tableau 1 et Figure 1).
l'absorption, sous l'effet de l'investissement, puis par
une importante contribution du solde
extérieure à la croissance qui devient
à peu près égale à celle de l'absorption.
L'envolé de
l'investissement est due à la mise en place des forages
pétroliers. Son volume triple pendant
que la croissance de la consommation augmente
également (+50% en volume sur la même
période). Le réinvestissement des ressources
pétrolières joint à l'évolution favorable
des
Cependant, cette prospérité s'interrompt
brutalement au milieu de la décennie 80 à
cause de la chute des cours mondiaux des principaux produits
d'exportation du Cameroun.
II.2.2.
Le Cameroun face à la crise (1985-1993) : la
nécessité des PAS
C'est dans la période d'expansion
pétrolière de la production et de la consommation
que se développent les facteurs de
vulnérabilité structurelle de l'économie camerounaise. La
progression proportionnelle des dépenses publiques
induite par cette hausse des revenus
pétroliers s'est traduite par une dépendance forte
de l'économie à l'égard du secteur pétrolier.
Cette dépendance est plus visible en raison de la
croissance moins que proportionnelle des
exportations du secteur non pétrolier
10
du fait notamment de la tendance à la baisse des
exportations agricoles traditionnelles (Tableau 2 et Figure
2). Ce phénomène connu sous le
nom de « Syndrome Hollandais », bien que
Aerts et al (2000) aient précisé que ses
symptômes étaient encore embryonnaires au Cameroun,
est venu se greffer à l'accumulation
des mauvaises performances des entreprises publiques
dont les subventions leur étant
octroyées exerçaient une ponction grandissante sur
les finances publiques (FMI, 1988) .
11
9 De 1980 à 1985, le poids des dépenses
de l'Etat, mesuré en part du PIB, passe de 14% à 22% tandis que
les
recettes augmentent de 15% à 20%, après avoir
atteint un maximum de 24% en 1983 et 1984 où l'on enregistre
un excédent budgétaire.
10 3% en moyenne durant la période.
11On estime à 150 milliards de F.CFA le montant
des subventions versées aux entreprises publiques en 1984/85
(FMI, 1988).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
27
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 2 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun pendant les
PAS (en million de $US)
Période
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
PIB
7 802
8 148
10 621
12 303
12 493
11 140
11 152
12 434
11 396
11 891
7 866
Exportations
2 612
2 725
2 473
2 054
2 003
2 307
2 251
2 487
2 342
2 032
1 737
Importations
2 418
2 573
2 414
2 538
1 994
1 980
1 931
1 820
2 087
1 904
1 534
Consommation
5 571
5 975
7 858
9 720
9 873
8 905
8 845
9 695
9 512
9 798
6 456
Investissement
(%PIB)
26
25
26
25
21
17
18
17
14
17
15
Epargne
(%PIB)
29
27
26
21
21
20
21
22
17
18
18
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la Banque Mondiale 2005
Figure 2 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1984 et 1994
PIB au prix du marché entre 1984-1994
(million de $US courant)
Exportations totales entre 1984-1994 (million
de $US courant)
15000
10000
5000
0
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
Importations totales entre 1984-1994
(million de $US courant)
Consommation totale entre 1984-1994
(million de $US courant)
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
Investissement intérieur brut entre 1984-
1994 (%GDP)
Epargne intérieure brute entre 1984-1994
(%GDP)
30
25
20
15
10
5
0
40
30
20
10
0
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 2
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
28
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Pires encore, à partir de l'exercice fiscal 1985 / 86, le
Cameroun se trouve confronté à
une évolution extérieure extrêmement
défavorable à la suite de la baisse persistante et
concomitante du dollar
12
et des cours de ses principaux produits d'exportation que
sont le
pétrole , le cacao, le café et le coton. A cela
s'ajoute une gestion macroéconomique laxiste.
13
Malgré un rythme de croissance soutenu et une apparente
santé financière, le Cameroun entre
brutalement en crise pour n'en sortir que 10 ans plus
tard à la faveur du réajustement
monétaire intervenu en janvier 1994.
14
baisse drastiquement en 1987, passant de 8% en termes
réels en 1986 à 2,6% en 1987. Ce
recul inhabituel traduit une dépression économique
générée par le fléchissement total de 38%
entre 1986 / 87 et 1987 / 88, avec cependant une
baisse beaucoup plus prononcée pour
l'investissement public (52% contre 26% pour
l'investissement privé). Après un excédent
record de 424 milliards de francs CFA en 1984 / 85, la balance
s'équilibre en 1985 / 86 (+28
milliards de francs CFA) et enregistre un déficit de 174
milliards de francs CFA un an plus
tard. Le pays ne rétablit son équilibre
extérieur qu'en 1988 / 89 et cet excédent n'est
définitivement acquis qu'à partir de 1990 / 91, au
prix d'un ajustement « par le bas », signe
plutôt d'une récession que d'une véritable
amélioration de la situation économique du pays.
L'économie Camerounaise est frappée en deux ans
seulement par une baisse de 40%
de ses termes de l'échange globaux, après
cinq années de stabilité . La croissance du PIB
De 1986 / 87 à 1989 / 90, les prix à
l'exportation en franc CFA des sources
essentielles de revenus agricoles perdent près de la
moitié de leur valeur (40% pour le cacao,
entre 65 et 70% pour le café robusta et arabica). A
l'opposé, plusieurs secteurs agricoles, dont
la situation plutôt mauvaise dans la première
moitié des années 1980 a provoqué des mesures
de restructuration, résistent mieux à la
crise. Il s'agit du coton dont la part dans les
exportations d'agriculture de rente passe de 3,5% en 1983
/ 84 à 8,6% en 1986 / 87 pour
atteindre 21% en 1992 / 93. Cependant, la valeur de ces
exportations demeure limitée, 26
milliards de francs CFA, soit le niveau le plus bas des
exportations de cacao et de café. La
12 La dépréciation du dollar par rapport
au FCFA est de l'ordre de -18% durant les deux années 1985 / 86 et
l'année suivante.
13 En monnaie nationale, le prix à
l'exportation des produits pétroliers perdent 42% en 1985 / 86 et
à nouveau
39% l'année suivante. En dollar, la diminution du cours
international du baril du pétrole atteint -29% en 1985 /
86 et -26% l'année suivante. Cette
dégradation apparaît comme la conjonction de deux
phénomènes
concomitants : la baisse des prix exprimés en dollars sur
le marché mondial et la dépréciation du taux de change
nominal du dollar par rapport au franc CFA.
14 Cette baisse atteint même 50% pour les biens
considérés seuls à l'exclusion des services.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
29
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
banane quant à elle, bénéficie de
circonstances particulièrement favorables, en particulier le
libre accès au marché européen dans la
limite de 200 000 tonnes, soit une quantité trois fois
supérieure au volume d'exportation enregistrée en
1984 / 85 (60 000 tonnes). La bonne tenue
de ses cours sur le marché européen, jointe
à l'accroissement rapide des volumes exportés à
partir de 1988 / 89, fait passer la valeur de ces exportations de
6 à 26 milliards de francs CFA
de 1984 / 85 à 1991 / 93 (Tableau 2 et Figure 2).
A partir de l'exercice 1987 / 88, le gouvernement
met en oeuvre des sévères
restrictions budgétaires. Malgré ces
mesures, le retard accumulé et le recours à un
refinancement extérieur se traduisent par un
déficit chronique et une expansion très rapide de
la dette. Les principaux rouages de l'économie
camerounaise sont donc déréglés par ces chocs
externes, entraînant un déséquilibre
durable des finances publiques et une récession brutale
dans la plupart des secteurs productifs que l'ajustement
structurel ne corrigera pas. Des
efforts de reformes sont entrepris au Cameroun dès
1987 et avec l'appui des organisations
internationales à partir de 1988, pour résoudre les
désordres macroéconomiques constatés. Il
s'agit de la reforme de la fonction publique, la
libéralisation du régime commercial, la
liquidation et la privatisation des entreprises publiques, la
restructuration du secteur bancaire,
etc. Tout ceci regroupé sous l'appellation Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS).
Les PAS constituent un ensemble de dispositions dont
certaines agissent sur la
conjoncture et d'autres sur les structures et qui
résultent d'une négociation entre un pays
endetté et le FMI pour recourir à des
financements de cet organisme (Azam, 1995 ; Ali,
2003). Ces crédits sont dénommés
entre autres prêts d'ajustement structurel ou prêts
d'ajustement sectoriel. Les PAS ont été
adoptés au Cameroun en 1988, suite aux désirs du
FMI, de la BM et du gouvernement de relancer
l'économie en plein dans la récession. Les
étapes du suivi des PAS sont appelées
conditionnalités. Les institutions de Bretton Woods
imposent au pays sous ajustement :
-
-
La réduction des dépenses publiques à
travers la mise en place des politiques
d'austérité ;
L'augmentation des recettes publiques par la privatisation des
entreprises d'Etat : le
but est soit d'élaguer les entreprises qui
pèsent sur le budget de l'Etat par leurs
déficits chroniques, soit de réaliser l'actif
pour diminuer l'endettement pour les
entreprises rentables ;
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
30
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
-
-
L'amélioration de la gouvernance : elle passe par le
combat contre la corruption et
la non-discrimination de l'investissement à travers
l'augmentation des droits des
investisseurs étrangers ;
La mise en place des politiques de croissance en
adoptant des réformes visant à
supprimer les entraves au développement économique.
Les PAS ont un objectif double : la restauration de
l'équilibre budgétaire, préalable à
l'aménagement de la dette et le retour à
la viabilité extérieure du pays. Au Cameroun, les
réformes mises en place dans le cadre des PAS consistaient
en :
-
-
-
-
-
La réforme fiscalo-douanière qui avait pour but
d'accroître les recettes fiscales par
l'accroissement des taux. En fait, depuis 1994, le budget
a bénéficié des réformes
structurelles importantes telles la TCA (Taxe sur le
Chiffre d'Affaires), introduite
par la réforme fiscale et douanière de juin 1993 et
remplacée par la TVA (Taxe sur
la Valeur Ajoutée) en 1999. cela a permis à
la fois une augmentation et une plus
grande transparence des rentrées fiscales non
pétrolières.
La réorganisation de la fonction publique et la
réduction des effectifs.
La libéralisation économique ;
L'investissement dans l'éducation et la santé ;
L'investissement dans les infrastructures.
Malgré ce diagnostic, ces reformes ont été
lentes (à l'exception de la libéralisation des
échanges) et insuffisantes pour stopper la
détérioration économique. C'est ainsi que la
persistance des difficultés aggrava le solde de la
balance courante en 1990 et l'effort de
fiscalisation initié conduisit à un amenuisement
des recettes budgétaires qui baissèrent de 50
milliards de FCFA en valeur absolue entre 1989 et 1990. Au total,
le PIB se contracta de plus
du quart entre 1984 et 1993 et le revenu réel par
tête de plus de la moitié tandis que le taux
d'investissement brut chutait de près de 27%
à moins de 11%. Compte tenu des résultats
mitigés obtenus sur le front de l'ajustement
réel, le recours au réaménagement du dispositif
monétaire de la zone Franc s'avérait indispensable
pour le rétablissement de la croissance.
Les besoins de financement public et extérieur ont
été tout juste stabilisés en francs
courants à des niveaux très
élevés ; la dette extérieure représente
plus de deux ans
d'exportation, la dette publique plus de trois ans de
recettes fiscales. L'une et l'autre
continuent de s'accroître rapidement malgré les
annulations par le Club de Paris et les remises
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
31
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
dues à l'atteinte du point d'achèvement de
l'initiative pour les Pays Pauvres Très Endettés
(PPTE). La production stagne, l'emploi régresse
alors que les demandes non satisfaites
s'accroissent à tous les niveaux de qualification.
II.2.3.
La reprise économique : de la
dévaluation du FCFA à l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE
L'ajustement du taux de change de janvier 1994 a
été l'un des facteurs clés du
renversement de la situation économique du Cameroun. Le
secteur des biens échangeables a
répondu favorablement au changement des prix relatifs
comme l'a démontré l'expansion des
exportations, lesquelles sont passées de 1737
millions de $US en 1994 à 2048 millions en
1996 (Tableau 3 et Figure 3). Parallèlement, le
manque de vitalité de la demande intérieur
résultant de la chute marquée du revenu disponible
a contribué à fléchir les importations. Le
taux de croissance en termes réels est redevenu
positif au cours du deuxième trimestre de
1994, même si l'inflation mesurée par l'indice
des prix à la consommation à Yaoundé s'est
élevée à 48%.
Les finances publiques ne sont pas restées en
marge et l'on y a noté une hausse des
recettes budgétaires, lesquelles sont passées
à 648 milliards de FCFA en 1995 et à plus de
1100 milliards en 1996, soit près du double du niveau
d'avant dévaluation. Dans l'ensemble,
l'impact de cette dévaluation sur les agrégats a
été significatif. Ainsi, dès le premier semestre
de l'exercice 1994 / 95, on notait (Fambon et al, 2005) :
-
-
-
-
-
-
Une amélioration des activités agricoles
liée à la forte demande étrangère à des prix
intéressants et aussi aux effets de la
libéralisation qui permettent aux producteurs de
bénéficier directement des retombés de
l'embellie des cours mondiaux ;
La progression des exportations aussi bien des produits
d'origine agricole que des
produits industriels à forte utilisation des
matières premières locales ;
L'expansion du transport ferroviaire et portuaire ;
L'amélioration des recettes fiscales ;
Le payement de la dette publique intérieure ;
La reprise des investissements.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
32
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 3 : Evolution de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun après les PAS
(en million de $US)
Période
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
PIB
7 963
9 108
9 115
8 686
9 187
8 879
8 591
9 855
12 491
Exportations
2 045
2 048
2 306
2 306
2 241
2 729
2 736
2 704
3 189
Importations
1 645
1 867
2 041
2 176
2 268
2 383
2 506
2 852
3 173
Consommation
6 399
7 528
7 375
7 032
7 496
7 073
6 836
8 197
10 354
Investissement
(%PIB)
15
15
16
18
19
16
18
18
17
Epargne
(%PIB)
20
17
19
19
18
20
20
17
17
Source : Compilé par l'auteur à
partir des données de la BM 2005
Figure 3 : Evolution graphique de quelques
agrégats macroéconomiques au Cameroun entre
1995 et 2003
PIB au prix du marché entre 1995-2003
(million de $US courant)
Exportations totales entre 1995-2003 (million
de $US courant)
15000
10000
5000
0
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Importations totales entre 1995-2003 (million
de $US courant)
Consommation totale entre 1995-2003
(million de $US courant)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Investissement intérieur brut entre 1995-
2003 (%GDP)
Epargne intérieure brute (%GDP)
20
15
10
5
0
21
20
19
18
17
16
15
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Source : Construit par l'auteur à partir
des données du Tableau 3
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
33
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Avec la dévaluation de janvier 1994, le Cameroun a
enregistré un regain de croissance
avec des taux avoisinant 4 à 5% or la croissance
démographique n'a été que de l'ordre de
2,7% sur la période, ce qui implique un accroissement du
PIB par habitant compris entre 1,5%
et 2,7%. Depuis 1996, le Cameroun connaît des
résultats satisfaisants avec un taux de
croissance supérieur à 4% et une inflation
modérée (inférieure à 3%). Ce taux va atteindre 5%
en 2002 / 03, ceci dû à l'accroissement des
exportations dont la moyenne est de 5,7% en
volume et 8,7% en valeur. Le pays présente en outre des
statistiques éducatives et médicales
meilleures que celles des autres pays d'ASS.
La forte hausse du cours du baril en 2000 a
renforcé le poids du pétrole dans
l'économie camerounaise en doublant quasiment la
contribution de celui-ci au PIB courant.
Elle est passée de 5,6% en 1998 / 99 à
presque 11,5% en 2000 / 01. Cette hausse des prix
marque néanmoins un repli net du secteur en volume
(-4,7%). Au sein du secteur secondaire,
le bâtiment et travaux publics et le secteur
manufacturier ont connu une croissance
appréciable en 2000 liée à la reprise de
l'investissement public et à la remise à niveau de la
consommation (Banque Africaine de Développement, BAD,
2004). C'est cependant le secteur
tertiaire qui semble avoir apporté la contribution la plus
conséquente à la croissance du PIB en
2000 / 01 avec une statistique de 4,5% sur les 5,4%
enregistrés au total. Avec la crise
économique, le secteur informel a pris une importance
croissante au Cameroun.
A partir de 2000 / 01, la croissance non pétrolière
est soutenue essentiellement par la
demande interne. Les améliorations de salaires dans la
fonction publique (suite à l'épurement
progressif des arriérés et aux hausses de 1997 et
2000) ont parallèlement permis une certaine
relance de la consommation. L'investissement a amorcé son
redressement passant de 16,5%
en 1993 à 18,3% en 2001 / 02 pour retomber
à 17,3% en 2002 / 03. Cette reprise est
cependant réduite en raison de la stagnation des
revenus agricoles et d'un chômage urbain
important.
Depuis juillet 1997, année de la signature
d'une FASR, Facilité d'Ajustement
Structurel Renforcée triennal (juillet 1997 / juin 2000),
avec le Fonds Monétaire International,
FMI, le pays a accompli de réels
efforts d'ajustement. Une nouvelle FRPC, Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et la Croissance,
signée avec le FMI en décembre 2000 pour 3 ans
(octobre 2000 / septembre 2003) ainsi que le
troisième crédit d'ajustement structurel de la
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
34
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Banque Mondiale permettent de poursuivre le soutien
à la croissance et aux réformes
structurelles, orientées désormais vers la
lutte contre la pauvreté. Les réformes structurelles
sont destinées, dans un souci d'efficacité,
à libéraliser certains secteurs, notamment via un
programme de privatisations, et à stimuler
l'initiative privée. Les privatisations de la
Socapalm, de Camsuco, d'Hévécam, de Camrail et de
la Sonel (Electricité) ont ainsi déjà été
menées à terme. La libéralisation du secteur
des télécommunications a conduit à l'attribution
de deux licences de téléphonie mobile.
Reste à présent à accélérer le
processus de
privatisation d'entreprises stratégiques: Snec (eau),
Camtel (téléphonie fixe), CDC (agro-
industrie) et CAMAIR (transport aérien).
Ainsi, après dix années de
récession ininterrompue (1985-1995), l'économie
camerounaise croît depuis 1996 au rythme moyen de 4,5%
l'an. Ce retournement de tendance,
ajouté à un net redressement des finances
publiques est intervenu dans un contexte marqué
par les principaux faits suivants (Agence Française de
Développement, AFD, 2002) :
-
-
-
Remise d'un Document de Stratégie de Réduction de
la Pauvreté (DSRP) provisoire
en août 2000 et franchissement du point de décision
pour l'initiative Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE) renforcée le 11 octobre
2000. Le DSRP définitif a été remis
en novembre 2002 et le point d'achèvement a
été atteint en avril 2006,
Signature d'un accord de rééchelonnement du Club de
Paris le 23 janvier 2001,
Accord du Club de Londres en mai 2002 pour le rachat
de la dette commerciale
avec décote.
Lancée au Sommet du G7 à Lyon en septembre
1996, l`initiative de réduction de la
dette en faveur des Pays Pauvres Très
Endettés, a pour but de venir en aide à ces pays afin
qu`ils retrouvent certaines marges de manoeuvre
budgétaire pour mener à bien des
programmes de lutte contre la pauvreté. C'est ainsi
que les 37 milliards dont a bénéficié le
Cameroun par l'atteinte du point d'achèvement vont
être dirigés sur l'amélioration des
infrastructures afin de rehausser l'économie du pays.
La réhabilitation des infrastructures, dont l'entretien
avait été laissé à l'abandon durant
la décennie de la crise, constitue aussi un enjeu
majeur pour l'économie camerounaise via
l'abaissement du coût des transports. Avec le soutien de
plusieurs bailleurs de fonds et la mise
en place d'un fonds routier destiné à assurer les
coûts récurrents, le réseau routier s'étend et sa
gestion s'organise. Les populations ont d'ailleurs
souligné l'importance de l'amélioration des
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
35
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
infrastructures dans la lutte contre la pauvreté. Les
dépenses qui sont entrain d'être engagées
dans ce secteur dans le cadre de l'initiative PPTE contribuent
notamment au désenclavement
des zones rurales et à la réhabilitation des
voiries de Yaoundé et Douala. La libéralisation de
certaines activités du port de Douala et la mise en place
du Guichet Unique des opérations du
Commerce Extérieur (GUCE) devraient en outre
favoriser l'abaissement des coûts de
transport et de transit internationaux.
La reprise d'une santé économique doit
être suivie d'une justice distributive qui
contribue à l'efficacité économique. Il
est donc nécessaire de savoir comment a évolué la
répartition des revenus au Cameroun durant ces
périodes.
II.3. Inégalité et polarisation au
Cameroun
La longue et profonde crise socio-économique du
milieu des années 80 a eu pour
conséquence majeure la montée des disparités
dans la redistribution dans l'ensemble des pays
d'ASS.
II.3.1.
Disparités dans la distribution des revenus et
l'inégalité au Cameroun
Le Cameroun n'a pas été
épargné par la recrudescence des disparités
dans la
distribution des revenus, caractéristique
d'inégalités. Les valeurs des indices de Gini de 0,42
et de Theil = 0,297 (pour alpha = 0) montrent
clairement que l'inégalité est réelle même si
comparativement aux autres pays à l'instar de la
Côte d'Ivoire , le Cameroun est plus
égalitaire.
15
En effet, pour l'ensemble du pays, les dépenses
totales réelles par équivalent-adulte
des ménages ont diminué d'environ 40% entre
1984-1996 suivant ainsi la même tendance que
la croissance négative du PIB observée pour la
même période. La répartition régionale suit la
même tendance. La profonde crise a appauvri davantage le
Cameroun. Le pourcentage de la
16
population vivant en dessous du seuil de pauvreté a
augmenté de 40% en 1984 à 53,3% en
1996 avant de retomber à 40,2% en 2001 du fait
de la reprise économique de l'après
dévaluation. Cette lente réduction du niveau de
pauvreté n'a pas été suivie par une réduction
des inégalités. Le coefficient de Gini montre que
malgré le ralentissement de la pauvreté, les
15 La valeur de l'indice de Gini pour la Côte
d'Ivoire est de 0,44 calculé sur la base de l'enquête ivoirienne
LSMS (Glewwe, 1986, 1991).
16 Les seuils de pauvreté ont varié de
68 800FCFA en 1984 à 185 490FCFA en 1996 et 232 547FCFA en 2001.
Ces seuils ont été estimés à partir
de la consommation des ménages à différentes
périodes concernées.
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Mathématique et Econométrie
36
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
inégalités sont demeurées constantes et
ont dans certains cas augmenté (Tableau 4). Par
exemple, en 1996, les 20% plus riches de la population ont
consommé sept fois plus que les
20% les plus pauvres. En 2001, le ratio était de huit pour
un.
Tableau 4 : Inégalité des revenus
: Indice de Gini et dépense moyenne par quintile
Indice de Gini
Urbain
0.449
1996
Rural
0.345
Total
0.406
Urbain
0.406
2001
Rural
0.369
Total
0.408
Dépense moyenne par quintile (CFA francs)
Pauvres (plus bas 20%)
Riches (plus haut 20%)
Total
77,824
663,805
332,421
80,398
491,856
200,805
79,724
585,168
243,240
94,166
758,960
408,115
83,956
600,618
233,734
85,495
693,882
294,403
Source : INS (2002), Rapport sur la
pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001
L'observation spatiale du Cameroun montre une importance relative
des inégalités en
milieu urbain comparativement à l'inégalité
en milieu rural et à l'inégalité totale (Tableau 4).
Yaoundé et Douala sont des régions avec de
fortes inégalités. La situation inégalitaire s'est
améliorée en milieu urbain mais s'est
détériorée davantage en milieu rural en termes de
fluctuation. Cependant, l'inégalité est
restée prépondérante en milieu urbain. Ceci s'explique
en partie par l'exode rural qui suscite une ruée vers les
villes des populations pauvres et sans
qualification qui viennent s'agrouper dans des
quartiers périphériques avec une misère
galopante.
II.3.2.
La disparition de la classe intermédiaire et la
polarisation au Cameroun
La disparition de la classe intermédiaire, surtout dans
les grandes villes (Yaoundé et
Douala) où l'on observe une poussée des
bidonvilles à côté des quartiers résidentiels,
est
devenue un phénomène réel au Cameroun.
La situation distributive du Cameroun montre une
concentration de la quasi-totalité
des revenus entre les mains des 20% plus riches de la
population. La situation des dépenses
vient confirmer cette concentration et l'on remarque
aisément que les plus riches consomment
sept fois plus que les plus pauvres (1996) et huit fois
plus en 2001. Cette concentration des
revenus et dépenses sanctionnent une disparition presque
réelle de la tranche de population à
revenus moyens. La polarisation place beaucoup d'emphase
sur la concentration. Plusieurs
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Mathématique et Econométrie
37
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
phénomènes, comme la disparition de la
classe intermédiaire et la concentration aux
extrémités de la distribution, peuvent
être décrits comme la polarisation (Zhang et Kanbur,
2001).
Au Cameroun, la concentration aux deux
extrémités de la distribution est devenue
réelle, et, la disparition de la classe
intermédiaire un fait. La montée des comportements
malsains tels la corruption et autres vices de la
société camerounaise a favorisé la disparition
de la classe des populations à revenus moyens, ce
qui insinue une recrudescence du
phénomène de la polarisation. La polarisation est
plus importante en milieux urbain et semi-
urbain que dans le pays entier (Tableau 5). Celle-ci a
pris de l'ampleur en milieu rural et a
fortement baissé en milieu semi-urbain.
Tableau 5 : Polarisation dans la distribution
des niveaux de vie au Cameroun
Mesure
Périodes
Indice de Wolfson
Urbain
0.392
1996
Semi-Urbain
0,398
Rural
0,248
Total
0,360
Urbain
0.326
2001
Semi-Urbain
0,293
Rural
0,280
Total
0,335
Source : Baye, M. F. (2008)
Contrairement à la situation inégalitaire
qui s'est détériorée au Cameroun, la
polarisation a baissé et cette baisse est attribuable aux
milieux urbain et semi-urbain. Ces deux
phénomènes diffèrent de part leur
évolution au niveau du pays tout entier mais sont similaires
de part leur baisse et leur augmentation simultanées
respectivement en milieu urbain et rural.
II.4. Conclusion
En somme, la pauvreté qui sévit au Cameroun
depuis la crise des années 80 a été
capitale pour la poussée des inégalités
entre les populations. La double baisse des salaires a
entraîné un développement des innovations
comportementales comme la corruption qui a eu
un impact énorme dans la concentration des
revenus. Ces comportements malsains
contribuent à creuser l'écart entre pauvres
et riches et une concentration de la quasi-totalité
des revenus entre les mains des plus riches qui continuent de
s'enrichir au détriment des plus
pauvres, ce qui amplifie la polarisation au Cameroun.
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Mathématique et Econométrie
38
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Chapitre III :
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE
III.1. Introduction
Les inégalités dans le monde ont augmenté
considérablement ces dernières années. La
pauvreté devient de plus en plus insoutenable,
affirme Valier (2000), expliquant un regain
d'intérêt face à ce
phénomène qui alimente nombres de débats. La question
des inégalités
tient en fait une place centrale dans les
débats sur
bouleversements économiques et sociaux
entraînés par
légitimes que dans la mesure où ils
stimuleraient
la mondialisation. En effet, les
la mondialisation ne semblent
les processus de développement
et
permettraient des processus de rattrapage notamment au
bénéfice des pays les plus pauvres.
Ainsi, la réduction de la pauvreté est
un objectif majeur ; cependant, l'influence d'un
processus de croissance sur la résorption
de la pauvreté dépend non seulement de
l'accroissement des revenus moyens mais aussi de la forme
de la distribution des revenus ;
autrement dit de l'ampleur des inégalités.
La lutte contre la pauvreté passe donc par une
réduction des inégalités car le niveau de
pauvreté extrême dans lequel est plongé
certaines régions du globe terrestre, en occurrence
l'ASS, contraste avec le degré de richesse mondiale qui
s'avère être au plus haut niveau. Pire
encore, on assiste à une quasi-bipolarisation du
monde. Les pays industrialisés, dont la
richesse ne fait qu'augmenter, sont côtoyés au
quotidien par les pays que l'on dit « en
développement » où la pauvreté
évolue de manière galopante. Cette situation se retrouve aussi
bien à l'intérieur des pays industrialisés
qu'à l'intérieur de ceux en développement où riches
et pauvres jonchent ruelles et avenues faisant naître aux
côtés de faubourgs, des bidonvilles où
misères et pauvretés extrêmes font partie du
quotidien. Il est donc judicieux de s'intéresser à
la manière par laquelle les inégalités
et la polarisation ont évolué depuis le XIX
déterminer ensuite comment ces deux réalités
se comportent mutuellement ?
ème
siècle et
Mémoire présenté et soutenu
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
39
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
De nombreuses études théoriques
17
et empiriques
18
ont été menées dans le but
d'apporter une réponse à ces questions. Elles
nous aiderons à proposer un essai de réponse
aux différentes préoccupations posées en
allant d'une analyse conceptuelle (1) à une revue de
la littérature tant théorique qu'empirique (2).
III.2. Cadre conceptuel
III.2.1. Concept et mesures de
l'inégalité
On conceptualise l'inégalité comme la
dispersion de la distribution des attributs des
indicateurs de bien-être de la population, comme le
revenu et la dépense. L'inégalité est
inversement liée aux écarts de
préservation moyenne égalitaires ; c'est-à-dire que
dans une
distribution donnée, si l'on effectue un ensemble
de transferts de revenu d'une personne
quelconque à une autre avec un revenu
inférieur, cela conduit à une distribution moins
inégale. Ceci ne requiert pas forcement que le donneur
soit riche (à droite de la distribution) et
que le bénéficiaire soit pauvre (à gauche de
la distribution) mais simplement que l'un soit plus
riche que l'autre.
Nonobstant le fait qu'il existe plusieurs
manières de mesurer l'inégalité, de
nombreuses mesures apparemment sensibles se comportent de
façons perverses. Par exemple,
la variance, qui peut être l'une des plus simples mesures
de l'inégalité, n'est pas indépendante
de l'échelle des revenus : en doublant simplement
tous les revenus, l'on quadruplerait cet
estimateur de l'inégalité. Pour remédier
à cette situation, plusieurs mesures ont été
proposées
pour caractériser l'inégalité dans la
distribution de revenu (Kakwani, 1980 ; Glewwe, 1986 ;
Fields, 1980 ; Theil, 1979 ; Sen, 1973 ; Shorrocks, 1984
et Lietchfield, 1999). D'après ces
auteurs, un indicateur approprié
d'inégalité doit généralement satisfaire aux
cinq propriétés
suivantes :
17 On peut citer les théories
économiques classiques à savoir celles de Smith (1776),
de Ricardo (1817), de
Malthus (1798) et de Mill (1873), qui considèrent dans une
certaine mesure que les inégalités sont nécessaires
pour l'enrichissement économique. Les théories
socialistes de Proudhon (1840), de Marx (1862) et de Mises
(1938) qui décrivent la manière dont les richesses
sont reparties chez les capitalistes et considèrent ce mode de
répartition comme étant à l'origine de la
misère dans le monde. Les théories de Keynes (1936) qui viendront
réconcilier les deux écoles de pensées
précédentes en proposant l'interventionnisme étatique pour
palier aux
imperfections des mécanismes du marché...etc.
18 Bourguignon et Morrison (1992), Montaud (2002),
Fambon et Baye (2002), Lachaud (2005).
Mémoire présenté et soutenu
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Mathématique et Econométrie
40
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
a) L'indépendance par rapport à la moyenne :
cette condition est satisfaite lorsque la
multiplication de tous les revenus par une constante
positive laisse invariante la
mesure de l'inégalité.
b) L'indépendance par rapport à la taille de la
population : cette condition est réalisée
si la baisse ou l'augmentation de la population d'une
même proportion à travers
toutes les classes de revenus n'affecte pas la mesure de
l'inégalité.
c) La sensibilité aux transferts de
Pigou-Dalton : cette condition est respectée
lorsqu'un transfert de revenu d'une personne moins pauvre
à une personne plus
pauvre entraîne une baisse dans la mesure de
l'inégalité sans changer le rang relatif
de ces personnes.
d) La symétrie : La propriété de
symétrie suppose que la mesure de l'inégalité doit
être indépendante de n'importe quelle
caractéristique des individus autre que leur
revenu ou dépense.
e) La décomposition : cette propriété
signifie que l'inégalité totale peut s'exprimer
comme la somme de deux composantes ; la composante
intra-groupe et la
composante inter-groupe. Les groupes s'identifient à
des catégories de ménage,
définies sur la base de critères de
différentiation qui peuvent être géographiques
(régions ou zones écologiques),
socio-économiques (niveau d'instruction, âge,
sexe du chef de ménage, taille du ménage). La
décomposition peut aussi prendre la
forme de décomposition par sources de revenus ou
à travers les parts de revenus
des ménages.
a. Le coefficient de Gini (G
)
Le coefficient de Gini est basé sur la courbe de
Lorenz ; cette courbe de fréquence
cumulative qui compare la distribution d'une variable
spécifique (exemple, le revenu) à celle
de la distribution uniforme qui représente
l'égalité.
Pour construire la courbe de Lorenz, on représente
les pourcentages cumulés des
individus ou ménages sur l'axe horizontal et les
pourcentages cumulés des dépenses ou
revenus sur l'axe vertical. Le coefficient de Gini est
défini par le ratio de l'aire de la zone
entre la diagonale d'égalité parfaite et la courbe
de Lorenz sur la somme de celle-ci et l'aire de
la zone à l'extérieur de la courbe de Lorenz.
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Mathématique et Econométrie
41
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
b. Les mesures d'entropie
généralisée ( GE )
Il peut être démontré que toute
mesure I ( y) qui satisfait tous les axiomes auxquels
doivent satisfaire toute mesure appropriée
d'inégalité est un membre de la classe des mesures
d'entropie généralisée (GE)
d'inégalité (Cowell, 1980, 1995, 2006).
Les mesures d'entropie généralisée avec les
paramètres 0 et 1 deviennent par la règle
de l'hôpital, les deux mesures de Theil
d'inégalité (Theil, 1967, 1979) ; la déviation
logarithmique moyenne et l'indice de Theil respectivement.
c. Les mesures d'inégalité d'Atkinson
( A )
Une autre classe de mesures d'inégalité a
été proposée par Atkinson. Cette classe
dispose aussi d'un paramètre de pondération
(qui mesure l'aversion à l'inégalité) et
certaines de ses propriétés théoriques sont
similaires à ceux de l'indice de Gini.
d. Le ratio de dispersion inter-décile
La mesure simple et plus largement utilisée est le
ratio inter-décile de dispersion qui
présente le ratio de la consommation moyenne de
revenu des 10% les plus riches de la
population sur le revenu moyen des 10% les plus pauvres. Ce ratio
peut aussi être calculé pour
d'autres centiles. Le ratio inter-décile est
directement interprétable comme il exprime le
revenu des 10% les plus riches comme un multiple de
celui des 10% les plus pauvres.
Cependant, il ignore les informations concernant les
revenus du milieu de la distribution et
n'utilise pas aussi les informations concernant la
distribution à l'intérieur des déciles
considérés.
En outre, il faut noter que les mesures d'inégalité
n'ont pas de signification précise en
termes de concentration. En particulier, ils n'ont aucun lien
direct avec le rapport masse sur
effectif alors que ce rapport pour un groupe donné est une
mesure indiscutable de son état de
concentration : plus ce rapport augmente, plus la masse se
concentre sur ce groupe.
Pour appréhender l'évolution de
l'inégalité dans cette étude, on fera recours à la
classe
des mesures d'entropie généralisée (
GE ) et le coefficient de Gini ( G ).
Mémoire présenté et soutenu
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Mathématique et Econométrie
42
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
III.2.2.
Concept et mesures de polarisation
La polarisation est un phénomène de distribution
qui capture l'étendue par laquelle la
population devient groupée de sorte qu'à
l'intérieur de chaque groupe les membres sont
similaires, mais entre les groupes les membres sont
très différents (Fedorov 2002). Une
distribution est polarisée lorsque les revenus sont
concentrés dans les deux quintiles extrêmes,
celui des plus riches et celui des plus pauvres. Il y a donc
disparition de la classe intermédiaire
c'est-à-dire ceux disposant des revenus moyens. La
polarisation concentre donc la distribution
de revenu sur plusieurs modes polaires et implique la disparition
de la classe médiane.
En outre, la polarisation n'est pas un phénomène
lié seulement au revenu. Aux Etats
Unis (USA) par exemple, le regroupement des niveaux de revenus
des noirs et blancs est tout
aussi explicatif de la disparition de la classe
du milieu. Il en va de même pour le
regroupement géographique (cas de la Chine, du
Ghana, etc.) et régional. La possibilité
qu'une société soit divisée en
différents groupes avec une homogénéité
intra-groupe mais une
hétérogénéité entre les
groupes souligne la nécessité de mesurer la polarisation.
Des phénomènes comme « la disparition
de la classe intermédiaire » ou « le
regroupement autour des extrêmes » n'apparaissent pas
être capturés de manière aisée par les
mesures standard d'inégalité. C'est pour
caractériser ces phénomènes qu'Esteban et Ray
(1994), Wolfson (1994), Tsui et Wang (1998) et Zhang et
Kanbur (2001) ont proposé des
indices alternatifs de la polarisation dans la distribution de
revenu en bas et au sommet de la
distribution.
a. La mesure d'Esteban et Ray (1994)
Plusieurs mesures proposées pour capter le
phénomène de polarisation sont positives.
La mesure d'Esteban et Ray (ER) a une essence
normative en elle, pour ses prétentions de
capter quelques implications comportementales à
travers la dérivation axiomatique. Les
mesures d'Esteban et Ray sont basées sur deux axiomes
(identification et aliénation) dont les
principes essentiels sont :
-
La polarisation augmente lorsque
l'hétérogénéité entre les groupes
augmente. La
polarisation augmente lorsqu'une classe extrême
s'éloigne de la classe centrale, si et
seulement si l'autre classe ne se déplace dans le
même sens.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
43
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
-
-
Lorsque la classe centrale gagne du poids, la polarisation
baisse.
La polarisation maximale est obtenue lorsque la
distribution est partitionnée en
deux groupes homogènes, chacun comportant la moitié
de la population et situé aux
extrémités de la distribution.
b. Extension d'Esteban, Gradin et Ray (1999)
Cette extension traite les problèmes suivants de la
mesure ER :
-
-
-
Sensibilité à la formation des groupes,
qui dépend presque toujours de la
disponibilité des données.
Manque d'identification croisée entre groupes.
Le paramètre d'aversion est neutralisé
lorsqu'on normalise la taille de chaque
groupe c'est-à-dire lorsqu'on utilise les déciles
comme groupes.
La nouvelle mesure est la mesure ER
corrigée par le terme d'erreur basé sur le
regroupement. Le terme d'erreur est la différence entre
l'inégalité dans la société et
l'inégalité
hypothétique qui aurait été, si l'on suppose
que tous les individus dans chaque groupe ont un
même revenu égal au revenu moyen du groupe. Le terme
d'erreur peut être interprété comme
un manque d'identification intérieur. L'indice
Esteban-Gradin-Ray ( EGR ) a les mêmes
avantages que l'indice ER mais il ne peut être
utilisé que lorsque la fonction de densité de la
distribution de revenu est calculée auparavant.
c. Mesure de Foster et Wolfson
(W )
Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont
proposé un indice de polarisation
lorsqu'ils discutaient des différences conceptuelles
entre polarisation et inégalité. Esteban,
Gradin et Ray (1999) note que la mesure de Foster et
Wolfson est la transformation de
l'indice EGR lorsque les groupes adjacents sont
de même taille. La polarisation maximale
serait ainsi atteinte lorsque la moitié de la population
possède un revenu nul et l'autre moitié
possède deux fois la moyenne.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
44
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
d. Mesure de Tsui et Wang (1998)
Tsui et Wang (1998) ont généralisé la
nouvelle classe des indices basés sur la mesure
de Wolfson. Ils utilisent les deux axiomes d'ordre partiel :
l'augmentation de la polarisation et
l'augmentation de l'étendue de la polarisation.
e. L'indice de Zhang et Kanbur (
ZK )
Zhang et Kanbur (1999) ont suggéré un nouveau moyen
d'appréhender la polarisation
et l'ont appliqué dans l'évolution des
disparités régionales en Chine, principalement les
milieux intérieurs et côtiers. L'une des
motivations de Zhang et Kanbur était le fait que les
indices de polarisation les plus populaires ont
évolué de près avec les indicateurs
d'inégalité.
Ils ont considéré une façon
différente de penser à la polarisation argumentant que ce nouveau
moyen de mesure est venu palier aux manquements des autres.
L'indice de Zhang et Kanbur (ZK ) est
basée sur la décomposition des mesures
d'inégalité et est donnée par le ratio de la
composante inter - groupe de la classe GE sur sa
composante intra - groupe.
f. La mesure de Duclos-Esteban-Ray
(DER)
Duclos, Esteban et Ray (2004) ont développé la
théorie de la mesure de la polarisation
où les distributions sont décrites par les
fonctions de densité. Elle est une extension naturelle
de la mesure ER dans le cas des densités
continues.
La classe des mesures Duclos-Esteban-Ray ( DER )
et l'indice Foster-Wolfson (W )
sont les des deux mesures de la polarisation qui seront
utilisées dans cette étude.
III.2.3.
Lien entre inégalité et polarisation
Dans les années récentes, il y a eu un
regain d'intérêt face au phénomène de la
polarisation. Les débats sur les possibles
différences entre inégalité et polarisation ont
attiré
l'attraction des chercheurs depuis les années 1990
(Esteban et Ray, 1994 ; Wolfson, 1994 ;
Wolfson, 1997 ; Zhang et Kanbur, 2001 ; Rodriguez et Salas, 2003
; Duclos et al, 2004). Ces
deux concepts ont été affirmés capter
des caractéristiques différentes de la distribution. Par
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
45
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
exemple, les phénomènes comme « la
disparition de la classe intermédiaire » ou « la
concentration autour des extrêmes » apparaissent ne
pas être captés par les mesures standard
d'inégalité. Les indices d'inégalité
mesurent essentiellement l'étendue totale de la distribution
des niveaux de vie. Les indices de polarisation quant
à elles cherchent une évidence de
regroupement en bas et au sommet de la distribution de
bien-être.
Une importante motivation de soulignant
l'inégalité est l'axiome Pigou-Dalton qui
stipule que tout transfert du riche au pauvre, toute
chose égale par ailleurs, baisse toujours
l'inégalité. La polarisation met plus d'emphase sur
le « regroupement » ou la « disparition de
la classe intermédiaire » qui sont des
phénomènes qui ne respectent pas forcement l'axiome
Pigou-Dalton. Par exemple, une redistribution du
bien-être de la classe intermédiaire aux
individus situés à l'extrémité
basse de la distribution peut certes réduire
l'inégalité mais
rendre la société plus polarisée.
Ravallion et Chen (1997) ont essayé de faire
ressortir cette différence en comparant
pour un ensemble de pays croisés, l'indice de Gini
à l'indice de Wolfson, et ont abouti a la
conclusion selon laquelle « il y a étonnamment une
correspondance très rapprochée entre ces
deux mesures pour ces données ». La
polarisation n'est autre chose qu'une manifestation
d'inégalité où il y a presque
disparition de la classe intermédiaire. Wolfson (1994) stipulera
que la distribution la plus bipolarisée est
très éloignée du milieu, de sorte qu'il y a peu
d'individus ou de familles avec un niveau de revenu
médian. En addition, cet écart est associé
à une tendance bimodale ; un entassement des niveaux de
revenus médians soit au niveau des
revenus faibles, soit au niveau des revenus élevés.
Duclos, Esteban et Ray (2004) pensent que la polarisation
est un concept largement
différent de l'inégalité et que ces
deux concepts peuvent en principe être liés par
différents
aspects de changements sociaux, économiques et
politiques. D'après ces derniers, la
polarisation est expliquée par l'aliénation
que des individus ou groupes peuvent ressentir
chacun des autres, mais cette aliénation est
alimentée par des notions d'identité intra-groupe
(Duclos et al, 2004 ; Esteban et Ray, 1991, 1994). Ces auteurs
définissent « un antagonisme
effectif de la société »
basé sur l'addition de deux fonctions comportementales
:
l'identification et l'aliénation. La polarisation est
une fonction croissante de l'homogénéité
intra-groupe (identification) et de
l'hétérogénéité entre les groupes
(aliénation). En fait, les
axiomes des deux effets impliquent que les transferts progressifs
qui traversent la médiane de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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Mathématique et Econométrie
46
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
la distribution augmentent la polarisation alors que cette
dernière baisse si ces transferts
prennent place dans chaque moitié de la distribution
divisée par la médiane.
L'inégalité à la différence
de la polarisation est expliquée par une aliénation
interpersonnelle, mais capture un aspect de la polarisation, ce
qui explique un rapprochement
entre ces deux notions. En effet, si deux groupes sont de plus en
plus séparés par une distance
économique croissante, l'inégalité et la
polarisation vont vraisemblablement croître ensemble.
Cependant, une égalité locale des
différences de revenus à deux niveaux différents de
la
distribution de revenu peut baisser l'inégalité
mais accroître la polarisation.
De nombreuses études empiriques viennent
réaffirmer ces différences et similitudes
entre les concepts de polarisation et d'inégalité
tout en laissant entrevoir une recrudescence de
ces fléaux tant au niveau des pays
développés, qu'en développement.
III.3. Revue de la littérature
III.3.1. Revue théorique
III.3.1.1. Théories sur les
inégalités
« Les riches s'enrichissent, les pauvres
s'appauvrissent » telle est
l'expression
qu'utilise Loungani (2003) pour qualifier la situation
désastreuse et en perpétuelle croissance
des inégalités mondiales. Si l'on se
réfère à l'analyse de Bourguignon et Morrison (2002), le
phénomène d'inégalité est aussi
vieux que le monde. Celui-ci a pris de l'ampleur avec la
révolution industrielle du XVIII
ème
Siècle. En effet, cette révolution a
contribué à diviser la
population en deux classes : une classe ouvrière à
très faible revenu et une classe capitaliste
détentrice des propriétés et à
très haut revenu. Le débat à cette époque
tournait autour des
méthodes de partage du revenu de la production,
principale cause de l'enrichissement de la
classe bourgeoise et de l'appauvrissement de la classe
prolétaire.
Sen (2000) a rappelé l'obligation pour la
communauté mondiale de s'appesantir sur le
problème d'inégalité pour une
meilleure intégration des plus pauvres dans le village
planétaire. Il s'agit pour lui d'analyser les causes
profondes des inégalités et d'établir le lien
entre l'inégalité, la répartition, la
croissance et la pauvreté dans le but de faire prévaloir dans
le cadre des politiques économiques un peu plus
d'équité et de justice sociale au nom de
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publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
47
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
19
degré d'équité de la distribution des
revenus, ou une redistribution progressive des revenus et
le taux de croissance de l'économie. Ces dernières
années, plusieurs auteurs sont arrivés à la
conclusion selon laquelle, en raison de
l'inefficacité inhérente aux économies réelles,
une
relation positive existerait entre le degré
d'équité de la distribution des actifs productifs et des
revenus dans une économie et son taux de croissance.
« l'idéal égalitaire » prôné
par les théories démocratiques. Les progrès
considérables réalisés
ces dernières années nous ont permis de mieux
comprendre les relations théoriques pouvant
exister entre l'inégalité et la croissance.
Il y a environ vingt-cinq ans, le courant dominant
affirmait l'existence d'une relation inverse, due à un
mécanisme kaldorien simple, entre le
En effet, la pensée classique soucieuse d'accroître
la richesse mondiale préconisait un
mode de répartition des fruits de la
révolution par essence inégalitaire. Pour les tenants de
cette école, les ouvriers ne doivent avoir droit qu'au
salaire de subsistance et la grande partie
de la richesse créée est destinée aux
capitalistes qui vont réinvestir pour accroître la richesse
de la nation. Ce mode de répartition est à
l'origine des inégalités criardes et une bipolarisation
du monde entre prolétaires et bourgeois. Malthus
(1978) dans son Essai sur le principe de
population s'appesantira sur les méfaits de
la redistribution tout en affirmant qu'aider les
pauvres c'est encourager la misère. Smith (1776) et
Ricardo (1817) à travers leurs théories
respectivement des avantages absolus et des
avantages comparatifs justifieront un
comblement de l'écart au niveau de la
répartition ou des distributions initiales par le
commerce ou l'échange.
C'est Mill (1873) qui, dans ses Principes d'économie
politique proposera un mode de
répartition qui s'éloigne un peu de ceux de ses
prédécesseurs. Pour lui, les profits naissent non
seulement pas du jeu des échanges et de l'accroissement du
capital, mais aussi de la puissance
productive du travail. Il préconise ainsi le
partage de la valeur ajoutée entre salariés et
capitalistes à travers un interventionnisme
étatique vue que le marché est incapable d'assurer
ce partage. Il s'oppose avec énergie à toute
idée d'égalitarisme, mais tolère une justice sociale
19 Pour l'école de pensé classique, la
croissance économique est basée préalablement sur le
degré d'accumulation
du capital où un niveau élevé du
profit constitue aussi bien une source d'épargne qu'une
incitation à
l'investissement (Kaldor, 1957). Toute politique de
réduction des inégalités à travers une
redistribution des
revenus des riches entraînerait une baisse du taux de
l'épargne et, de ce fait, celle du taux de croissance de
l'économie.
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Mathématique et Econométrie
48
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
dans un capitalisme tempéré et
préfère la liberté à l'égalité.
Les théoriciens néoclassiques
expliquent l'inégalité de revenus par
l'inégalité de salaires qui est due aux différences
de
productivité car la rémunération se fait
à la productivité marginale.
Les idées de Mill bien qu'annonçant la thèse
socialiste quant à la redistribution ne font
guère de lui un précurseur de la pensée
socialiste. L'un des pionniers de la pensée moderne
socialiste est l'économiste français Proudhon. Ce
dernier, en 1840, s'oppose farouchement à
l'exploitation ouvrière par le système de
propriété. Pour lui, « la propriété c'est
le vol » et
c'est l'appropriation de la force collective par les capitalistes
qui est à l'origine des inégalités
de revenus. La plus grande critique de l'économie
politique et de l'orthodoxie économique
présentée par la branche classique est l'oeuvre de
Marx (1862). Pour ce dernier, c'est le mode
de répartition capitaliste qui est responsable
des inégalités. Marx prédit la chute du
capitalisme par l'instabilité de son évolution
(baisse tendancielle du taux de profit). Le
capitalisme sera donc renversé par un soulèvement
des prolétaires et une instauration de leur
dictature qui mettra fin à la misère du monde. Le
problème du socialisme est en fait celui de la
répartition et son but en économie est de
parvenir aux lois qui régissent une répartition
égalitaire et harmonieuse dans une société.
La crise de 1929 viendra atténuer l'opposition
entre classiques et socialistes. De
même, les idées de Keynes (1936) apporteront un
tempérament aux controverses classiques -
socialistes. Keynes considère en effet la
vision classique du marché comme mode de
régulation de l'activité économique mais
recommande l'intervention de l'Etat pour rétablir les
grands déséquilibres causés par les
imperfections des mécanismes du marché. Cette théorie de
l'interventionnisme de l'Etat dans la redistribution des
revenus a aussi été défendu par les
économistes de l'école du choix qui ont
affirmé la nécessité de donner des moyens à
l'Etat
pour mettre sur pied un système de redistribution
qui permette à la fois de ne pas trop
perturber les mécanismes du marché et les
incitations qu'il offre aux individus tout en
préservant les vertus d'égalité.
Banerjee et Newman (1993), Galor et Zeira (1993), Aghion et
Bolton (1997) mettront
en évidence la relation négative entre la
croissance et l'inégalité à travers la
théorie de
l'imperfection du marché du capital. D'après
cette théorie, dans un pays caractérisé par une
grande inégalité, seul un petit nombre d'individus
ont la possibilité d'entreprendre des projets
rentables (puisque l'accès à un projet
dépend de la richesse initiale). Redistribuer les richesses
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Mathématique et Econométrie
49
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
d'un individu riche à un individu ayant un capital
d'un montant juste inférieur au seuil est
susceptible d'accroître le pourcentage total des
individus qui investissent ce qui accélère
indéniablement la croissance.
III.3.1.2.
Théories sur la polarisation
De manière heuristique, la polarisation requiert que
les membres de la société soient
classés en de groupes différents. Chaque
groupe est caractérisé par la ressemblance des
attributs de ses membres. Ces attributs diffèrent
entre les groupes. Pendant que l'inégalité
régionale s'intéresse à la distribution
totale d'un indicateur régional particulier, la polarisation
régionale assigne ces régions à une
catégorie spécifique basée sur nombres de
caractéristiques
communes et mesure alors les différences entre ces
catégories (Fedorov, 2002). Cet auteur
veut ainsi montrer la nécessité de prendre des
mesures qui, en plus des inégalités vont lutter
efficacement contre la polarisation dont les conséquences
sont plus aiguës sur la croissance et
la pauvreté.
En effet, la polarisation est source d'instabilité et de
violence politique dans la société.
Il est plus difficile à l'Etat de maintenir la
stabilité et la démocratie lorsque les majeures
sources de gains économiques sont distribuées de
manière inégale et surtout lorsque la société
est polarisée. Il est possible que la
réduction de l'inégalité conduise à moins de
violence.
Cependant, cette prédiction peut ne pas tenir si la baisse
de l'inégalité est accompagnée d'une
augmentation de la polarisation. Par conséquent, la
polarisation est une source potentielle de
nouvelles informations sur la distribution de richesse dans la
société et son impact sur d'autres
issues politiques et économiques telles
l'instabilité, la croissance et le développement.
Alesina et Parotti (1993), par l'approche
politico-économique
20
montreront qu'il y a
une corrélation positive entre
l'inégalité, la polarisation et le degré
d'instabilité politique et
aussi entre ces derniers et le niveau
d'investissement. Ainsi, pour eux, la polarisation
engendre l'instabilité politique, qui à son
tour déprime le niveau d'investissement et donc
retarde la croissance.
20 Le modèle « d'économie politique
» représentant la relation négative, résultant d'un
processus de décision
public, entre le taux de croissance de l'économie et le
degré d'inégalité de la distribution du capital humain
et/ou
physique, et par conséquent celui de la distribution des
revenus est représentatif de la première vague de travaux
récents sur la relation entre la croissance,
l'inégalité et la polarisation. Il a été
initié par Bertola (1993), Alesina
et Rodrick (1994) et Persson et Tabellini (1994).
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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Mathématique et Econométrie
50
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Persson et Tabellini (1994) ont, à leur tour,
montré en utilisant le modèle politico-
économique de croissance et intégrant les
données statistiques de 56 pays pour la période
1960-1985, qu'il existait une relation négative
entre l'inégalité, la polarisation et la
croissance. En effet, la polarisation suscite des pressions de la
couche la plus défavorisée de la
société ce qui amène les
autorités gouvernementales à adopter des politiques
économiques
populistes qui ne tiennent pas compte des droits de
propriété et qui ne permettent pas une
totale appropriation privée des bénéfices de
l'investissement.
Cependant, l'approche politico-économique a
été remise en question parce qu'il existe
des pays où la distribution des revenus est
inéquitable et polarisée mais pas d'instabilité
politique. Les partisans de cette approche répondent
à cette critique par le fait qu'il existe
deux sortes de polarisation : la polarisation
légitime c'est-à-dire celle qui est socialement
acceptable et donc le degré varie selon les
sociétés et la polarisation illégitime qui est souvent
marquée par l'existence d'une pauvreté
très rependue et qui est source d'instabilité. C'est
cette dernière qui nuit à la croissance.
III.3.2.
Revue empirique
III.3.2.1.
Evolution des inégalités dans le monde
Les études empiriques relatives aux
inégalités sont nombreuses. Elles nous permettent
de réaliser à quel point les
inégalités ont augmenté dans le monde et combien la
pauvreté est
devenue insoutenable.
21
années quatre-vingt, la quasi-totalité des 60% les
plus pauvres de la population mondiale, qui
ne perçoivent que 5,6% du revenu mondial, vit dans
les pays du Tiers-monde. Les 20% les
plus pauvres ne se partagent que 1,4% du revenu mondial, alors
que les 20% les plus riches,
quasi-intégralement composés d'une population
vivant dans les pays développés se partagent
82,7% de ce revenu. On assiste donc à de très
fortes inégalités qui se sont accentuées depuis
30 ans : les 20% les plus riches de la population mondiale
avaient en 1960 un revenu 30 fois
supérieur à celui des 20% les plus pauvres, en
1995, ce rapport était de 82 . En 1997, les 225
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD) , à la fin des
22
21Programme des Nations Unies pour le
Développement (1992), Rapport mondial sur le développement
humain,
Economica, p. 97 et suivante.
22PNUD, (1998), Rapport mondial sur le
développement humain, Economica, p.32
Mémoire présenté et soutenu
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Mathématique et Econométrie
51
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
plus grosses fortunes du monde représentent
l'équivalent du revenu annuel des 47%
d'individus les plus pauvres de la population mondiale (2,5
milliards de personnes).
23
On note à travers les travaux de Valier (2000), une forte
augmentation de la pauvreté
et de l'inégalité en Amérique Latine
durant la décennie quatre-vingt. Ceci est due à la crise
économique des années 80 qui a eut un
triple effet : accroissement du nombre de pauvres
faisant suite à la baisse des années 70,
approfondissement de leur pauvreté, en particulier celle
des couches déjà plus pauvres - la
brèche de pauvreté se creuse - et l'accentuation des
24
inégalités entre riches et pauvres et entre pauvres
eux-mêmes. Une étude de la Commission
Economique pour l'Amérique Latine (CEPAL) de
l'Organisation des Nations Unies (ONU)
montre que durant les phases de récession des
années 80, sur quinze cas observés en
Amérique latine, les revenus des 40% les plus pauvres
diminuent quinze fois tandis que ceux
des 10% les plus riches augmentent dans huit cas.
25
Pour l'ensemble de l'Amérique latine,
durant la décennie quatre-vingt, les 10% les plus riches
de la population voient leur part dans
le revenu augmenté de plus de 10% tandis que
celle des 10% les plus pauvres diminue de
15%.
26
En Asie, dans les années 80, la croissance est encore
forte. Par ailleurs, l'inégalité dans
la répartition des revenus est beaucoup moins ample
en Afrique qu'en Amérique latine.
Dans une étude réalisée à partir
de données de la seconde
27
moitié des années 80, la
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement (CNUCED) a classé les
pays selon le degré d'inégalité dans
la répartition des revenus. On voit donc que dans le
groupe des pays le plus inégalitaire, où les
20% les plus riches reçoivent plus de 60% du
revenu, et les 40% les plus pauvres, 10%, il y a
quatorze pays tous africains ou latino-
américain à l'exception de la Thaïlande, le
Brésil arrivant en tête des inégalités. Au
contraire,
on constate que la plupart des pays d'Asie, Hong Kong,
Singapour, Corée du Sud, Taïwan,
23Ibid., p.33. Le chiffre est significatif même
si l'on tient compte que dans un cas, il s'agit d'un stock, et l'autre
de flux. Ces 225 fortunes se répartissent ainsi : 143 dans
les pays de l'OCDE, 43 en Asie, 22 en Amérique latine
et Caraïbes, 11 dans les pays arabes, 4 en Europe de l'Est
et dans la CEI, 2 en ASS.
24Les coefficients de Gini passent en Argentine de
0,365 en 1980 à 0,423 en 1990, au Brésil de 0,5944 en 1979
à
0,6331 en 1989.
25 Les mêmes politiques qui aggravèrent
la pauvreté, fournirent à ceux qui disposaient de revenus
élevés des
possibilités de s'enrichir, en souscrivant à des
titres publics indexés au cours du Dollar.
26 Banque Interaméricaine de
développement, Rapport 1998, pp.14-15.
27 Les coefficients de Gini, en 1988, sont de 0,32 en
Asie de l'Est, 0,31 en Asie du Sud, 0,44 en Afrique, 0,49 en
Amérique latine.
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Mathématique et Econométrie
52
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Indonésie, figurent dans les deux groupes les moins
inégalitaires, où les 20% les plus riches
reçoivent 40 à 50% du revenu, et les 40% les plus
pauvres, 20%.
Les études de Giddens (2000) révèlent une
augmentation des inégalités aux Etats-Unis
entre 1960 et 1996. Pour cet auteur, cette
recrudescence des inégalités est due aux
changements technologiques, à l'accroissement
démographique, aux changements du modèle
de travail au sein des familles et à l'esprit des
revenus financiers. Moins de 30% de
l'augmentation des inégalités aux USA entre
1969 et 1992 sont liés aux inégalités entre les
travailleurs.
En France, Fitoussi et Rosanvallon (1996) ont noté la
présence des inégalités dans de
nombreux domaines tels que l'emploi, la santé et le
logement. Il faut noter en ce qui concerne
les pays développés que la nette
amélioration du niveau de bien-être cache une certaine
persistance de l'inégalité. Ainsi, les
inégalités existent dès la naissance, persistent tout au
long
de la hiérarchie professionnelle et se prolongent pendant
les années de retraite.
Les inégalités dans les pays en
développement et en particulier celles de l'ASS sont
plus prononcées que dans les pays
développés. Nombres d'études ont été
axées sur les
inégalités et la polarisation dans cette
région. Nous pouvons citer entre autre celles de
Lachaud (2005) au Burkina Faso qui note une
réduction de l'inégalité de niveau de vie des
ménages et des autres membres du groupe et
l'amélioration du taux d'emploi par ménages.
Les études de Montaud (2002), qui analysent
l'évolution des inégalités dans quatre
pays de l'ASS, aboutissent aux résultats selon lesquels
les composantes démographiques et les
revenus primaires contribuent largement à renforcer les
inégalités de vie urbaines alors que les
revenus de transfert semblent jouer un rôle marginal.
Baye (2008) dans son étude, trouve que
l'inégalité nutritionnelle et l'inégalité de
revenu évoluent de manière contradictoire au
Cameroun. Pour cet auteur, l'inégalité de
nutrition a augmenté de 27 points de pourcentage pendant
que l'inégalité de revenu a baissé
de 2,7 points de pourcentage. Il trouve aussi que selon les deux
dimensions (revenu et santé)
considérées, les évolutions
d'inégalité sont plus une inquiétude rurale
qu'urbaine au
Cameroun quoiqu'en termes de niveaux, l'inverse soit vrai dans la
dimension revenu.
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53
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Baye et Fambon (2002) nous permettent dans leur
étude sur la décomposition de
l'inégalité dans la distribution du niveau de
bien-être de constater de grandes inégalités dans
la distribution des revenus associés aux faibles ratios de
pauvreté au Cameroun.
Ainsi, l'inégalité, que l'on se place du
côté des pays développés, en transition ou en
développement, à eu une évolution
similaire qui va de manière croissante. Cette évolution
croissante est aussi marquée par une
disparition progressive de la classe des revenus
intermédiaires et une division bimodale des revenus,
caractéristique de la polarisation.
III.3.2.2.
Evolution de la polarisation dans le monde
Plusieurs études empiriques ont été
faites pour mettre en exergue l'évolution de la
polarisation au fil du temps. Ainsi, certaines
études dédiées à l'inégalité dans
les pays de
Nafta,
28
ont alimenté les discussions non
nécessairement sur l'inégalité mais sur
l'évolution
de la polarisation. D'après elles les changements dans la
distribution des gains aux USA dans
les années 80 et 90, sont caractérisés
par une croissance des parts de revenus des ménages
recevant les salaires les plus hauts et les plus bas. Ceci
reflète donc l'acception populaire de
disparition de la classe intermédiaire discutée ces
dernières années, et qui est caractéristique
du phénomène de polarisation.
Plus récemment, les observations similaires ont
été faites sur la distribution de revenus
dans les pays en transition. Il a été
démontré que la distribution des revenus en Russie est
devenue bimodale, avec un nombre assez important de la population
groupé autour du niveau
de revenu faible, une disparition de la classe
médiane, et une augmentation de la classe des
riches ; « les nouveaux Russes ».
La polarisation n'a pas été qu'un
phénomène propre aux économies
développées.
Ainsi, Li (1996) dans son étude a montré
que la chine est devenue une société polarisée en
deux dimensions : rural-urbain et interne-côtier. En effet,
les écarts internes-côtiers et ruraux-
urbains sont devenus inquiétants en chine.
29
Modéré au début des reformes dans les
années
1970, ils ont cru considérablement dans les années
1980 et 1990.
28 North American Free Trade Agreement, anglicisme de
ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Americain).
29 Lyons, 1991 ; Tsui, 1991, 1996 ; Chen et Fleisher,
1996 ; Jian et al, 1996 ; Jalan et Ravallion, 1998 et Zhang et
Kanbur, 1999).
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Mathématique et Econométrie
54
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Alby (2006) dans son étude sur l'inégalité
et la polarisation de l'économie formelle de
la Côte d'Ivoire arrivera à la conclusion
selon laquelle la polarisation a augmenté sur le
marché de travail formel ivoirien et que la
catégorie de travailleurs apparaît comme le
déterminant principal du niveau de polarisation
observé. Dans le même ordre d'idées,
Awoyemi et al (2006) ont examiné
l'évolution et l'origine de la polarisation, de la
bipolarisation et de l'inégalité dans la
distribution régionale du revenu par tête et comment ces
derniers contribuent à la pauvreté au
Nigeria. Leur étude montre une relation positive entre
l'inégalité, la polarisation et la
découverte des puits de pétrole au Nigeria. Au Ghana,
par
contre, Vanderpuye-Orgle (2002) montre que la polarisation
est un phénomène spatial. Les
résultats de son étude établissent que la
population ghanéenne est regroupée et la polarisation
y est croissante.
Baye (2008) note qu'en termes de niveaux, la polarisation est
plus un problème urbain
et semi urbain que rural au Cameroun. Cependant,
l'évolution de ce phénomène montre une
augmentation de la polarisation en milieu rural. Cet
auteur vérifie que l'inégalité et la
polarisation sont plus corrélées que distinct
au Cameroun. La montée des comportements
malsains tels la corruption et autres vices de la
société camerounaise a favorisé la disparition
de la classe des populations à revenus moyens, ce
qui insinue une
phénomène de la polarisation.
recrudescence du
En outre, que ce soit dans les pays développés, en
transition ou en développement, la
polarisation est un phénomène réel qui
prend de plus en plus de l'ampleur. Elle est souvent
source de conflit et de rébellion
(Garcia-Montalvo et Reynal-Querol, 2002) et son
comportement de même que celui de
l'inégalité vis à vis de la croissance
détermine son
aptitude à être combattu.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
55
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 6 : Récapitulatif de quelques
travaux empiriques sur l'inégalité et la polarisation
Auteurs
Année
Travaux
Période
Pays
Mesures
Taux
Varia-
tion
CNUCED
1988
Inégalité
Années 80
Canagarajah et
al.
1997
Mesure de
l'inégalité
1985-1992
Asie de l'Est
Asie du Sud
Afrique
Amérique
latine
Nigeria
Gini
Gini
Gini
Gini
Gini
0,32
0,31
0,44
0,49
44,9%
+6,8%
Valier
2000
Inégalité
1980-1990
Argentine
Brésil
Hourriez et
Roux
2000
Inégalité
1970-1997
France
INS
Baye et Fambon
2002
2002
Baye et Fambon
2002
Vanderpuye-
Orgle
2002
Inégalité
Inégalité
Inégalité
dans la
distribution
des niveaux
de vie
Inégalité,
polarisation
1996-2001
1984-1996
Cameroun
Cameroun
1996
Cameroun
1987-1998
Ghana
Andalon et
Lopez-Calva
2002
Inégalité et
polarisation
Années 90
Mexique
Lachaud
2005
Inégalité
Années 80
Burkina
Faso
Alby
2006
Inégalité et
polarisation
1999-2002
Côte
d'Ivoire
Gini
Gini
Gini
Theil
A (0,25)
A (0,25)
Gini
Gini
Entropie
GE(1)
GE(0)
G (2)
Gini
GE(0)
Gini
Theil
GE(0)
ZK
W
Gini
Gini
CV
Theil
Wolfson
0,423
0,633
0,25
0,11
0,12
0,08
0,408
0,406
0,269
0,3170
0,2694
0,4060
0,418
0,300
0,441
0,389
0,341
0,019
0,413
0,472
0,539
1,307
0,530
0,635
+0,158
+0,038
-0,07
-0,06
-0,08
-0,04
+0,002
-0,016
-0,029
+0,036
+0,064
+0,072
+0,048
+0,086
+0,00
+0,028
+0,045
-0,009
-0,108
-0,038
+0,006
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Dayioglu et
Baslevent
2006
Inégalité et
polarisation
1990-2000
Turquie
Araar et
Awoyemi
2006
Inégalité
Années 90
Nigeria
Baye
2008
Pauvreté,
Inégalité et
Polarisation
1996-2001
Cameroun
Gini
CV
A (1)
Gini
Gini-Revenu
Gini-Santé
GE(1) -
Revenu
GE(1) -
Santé
Wolfson
DER(1)
0,556
21,36
0,399
0,46
0,429
0,404
0,016
+3,93
+0,021
-0,027
+0,270
0,364
-0,035
0,428
+0,417
0,360
0,214
-0,025
-0,018
Source : Compilé par l'auteur
III.4. Conclusion
En somme, la place qu'occupe le problème
d'inégalité
et de polarisation dans
l'élaboration des politiques de lutte contre la
pauvreté amène les chercheurs en économie, de
même que la classe politique à s'interroger
sur la manière la plus efficace de résorber ces
derniers pour une efficience des politiques de
redistribution adoptées. L'inégalité et la
polarisation ont donc pris de l'ampleur sur la scénette
internationale, le fossé entre riches et
pauvres s'est profondément creusé au fil du
temps. Les nouvelles théories qui mettent en
exergue la relation négative entre
l'inégalité, la polarisation et la croissance contrairement
à
l'ancienne conception font de l'inégalité
et la polarisation des problèmes cruciaux de
l'économie qu'il faille résoudre pour une
meilleure équité dans le développement. La
croissance des pays en développement, dont le
Cameroun, est liée à une réduction des
inégalités et de la polarisation.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Chapitre IV :
METHODOLOGIE ET DONNEES D'ANALYSE
IV.1. Introduction
De façon générale, pour comparer
l'inégalité et la polarisation au cours du temps, l'on
doit non seulement disposer des séries
d'enquêtes consécutives auprès des ménages,
mais
également adopter une méthode qui rende les
mesures comparables et qui reflète le coût
différencié de la vie des régions, secteurs
et dates. Le cadre d'analyse de l'inégalité et de la
polarisation requiert une décision sur deux
problèmes importants : l'unité d'analyse et le
choix de différentes mesures qui reflètent
l'entière distribution des revenus ou dépenses. Les
données d'enquête ECAM I et ECAM II nous
amènent à considérer la distribution des
dépenses par équivalent-adulte comme mesure
de bien-être. Nous allons donc mesurer
l'inégalité et la polarisation entre les
dépenses par catégorie de ménages.
IV.2. Mesures d'inégalité et de la
polarisation et leur décomposition
IV.2.1. Mesures de l'inégalité
Comme nous l'avons souligné dans le chapitre
précédent, plusieurs mesures on été
proposées dans la littérature pour
caractériser l'inégalité dans la distribution des
revenus /
dépenses. Nombres de ces mesures satisfont aux quatre
premiers axiomes définis pour toute
mesure appropriée d'inégalité à
savoir l'indépendance à la moyenne, l'indépendance
à la taille
de la population, la sensibilité au principe de
transfert Pigou-Dalton et la symétrie. Le
cinquième axiome (la décomposition) n'est pas
toujours satisfait par certaines mesures. La
classe des indices d'entropie
généralisée satisfait à cet axiome de
part ses propriétés
d'invariance à l'échelle et d'invariance
à la reproduction (Shorrocks, 1980, 1984). Cowell
(1995) montre que toute mesure I ( y) qui
satisfait tous les axiomes décrits plus haut, est un
membre de la classe des mesures d'entropie
généralisée d'inégalité (GE) .
La popularité de l'indice de Gini garantit son inclusion
dans chaque étude d'inégalité.
Cet indice, bien que très populaire ne peut
être décomposable que lorsque les revenus des
différents sous-groupes formés ne chevauchent pas.
En d'autres termes, l'indice de Gini n'est
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Mathématique et Econométrie
58
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
décomposable que lorsque les revenus d'un sous-groupe
inférieurs sont tous inférieurs à ceux
de l'autre sous-groupe.
a. Le coefficient de S-Gini
La mesure simple d'inégalité la plus
largement utilisée est le coefficient de Gini.
Celui-ci est basé sur la courbe de Lorenz ; cette courbe
de fréquence cumulative qui compare
la distribution d'une variable spécifique (exemple :
le revenu, la dépense, etc.) à celle de la
distribution uniforme qui représente
l'égalité.
Pour construire la courbe de Lorenz, on représente
les pourcentages cumulés des
individus ou ménages (partant des pauvres aux riches) sur
l'axe horizontal et les pourcentages
cumulés des dépenses ou revenus sur l'axe vertical.
Le coefficient S-Gini est donné par la formule :
1
G () = [p L (
p)]k( p; )dp
0
Où
- L ( p) est la courbe de Lorenz pour une
distribution des dépenses (ou de revenu) x .
x
Elle indique le pourcentage des dépenses totales d'une
société qui sont détenues par les p%
individus les plus pauvres. Sa définition
formelle est la suivante pour des valeurs de
percentiles p variant de 0 à 1 :
F
1
x
( p)
L ( p) =
x
1
x
y .dF ( y)
x
0
(2)
x
x
(1)
F
1
x
( p) est la fonction inverse de répartition
des dépenses, la fonction de répartition
des dépenses étant notée par p
= F ( y) ;
x
- est la moyenne des dépenses ;
x
- k( p; ) est une fonction qui
génère à différents percentiles p ,
des poids éthiques
applicables aux distances entre les courbes de
Lorenz et la ligne de 45°. Sa forme
fonctionnelle est donnée par :
30
k ( p;) = ( 1)(1 )
( 2)
(3)
30 Cette forme fonctionnelle a été
proposée par Yitzhaki (1983, 1994) et Donaldson et Weymark (1980).
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Mathématique et Econométrie
59
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
qui ne dépend que de la valeur du seul paramètre
31.
Plus la valeur de est élevée, plus les poids
éthiques se déplacent vers les percentiles
p les plus faibles. Pour des valeurs de
tendant vers l'infini, on ne mesure la distribution
des dépenses qu'à partir du sort
réservé aux plus pauvres. Plus L ( p)
s'éloigne de p , plus
x
( p) augmente.._
x
Si = 2 , on obtient le coefficient de Gini
standard32
qui est l'un des indicateurs
d'inégalité le plus utilisé et se
calcule facilement à partir de la courbe de Lorenz. Par
définition et en terme de graphique, ce coefficient
est définie par le rapport A ( A + B)
,
A étant l'aire de la zone entre la diagonale
d'égalité parfaite et la courbe de Lorenz et B l'aire
de la zone à l'extérieur de la courbe de
Lorenz. Certains auteurs proposent que l'on se
contente d'une valeur approchée de ce coefficient en
évaluant l'aire de la région délimitée par
la courbe de Lorenz et la diagonale d'égalité
parfaite qu'on multiplie par deux .
33
Une formule générale de calcul du coefficient de
Gini pour une distribution de dépense
entre n individus est donnée par l'expression
suivante (Morrisson, 1996) :
G =
1
2n 2
y y
i
(4)
j
Où est la dépense moyenne de la
population totale et y et y sont les
dépenses
i j
des individus i et j . Le calcul du
numérateur est plus aisé si l'on organise les informations
en une matrice carrée d'ordre (H*H) dont
l'élément (i, j) mesure la valeur absolue
de la
différence entre la dépense de la ligne i
et celle de la colonne j .
Lambert (1993) a proposé une formule
équivalente à la précédente dans le cas
où n
est suffisamment grand. Lorsque les unités de
dépense sont classées par ordre croissant du
niveau de dépense, cette formule est donnée par :
31 Pour une généralisation à deux
paramètres de cette forme, voir Duclos (1997).
32 Si G = 1ce qui signifie que la
répartition est complètement inégalitaire. Il est
impossible d'avoir G = 1car si
tel est le cas, cela suppose qu'un des segments constituants la
courbe de Lorenz aurait une pente non définie, ce
qui est impossible, les pentes étant différentes de
0. SiG = 0 ce qui signifie que la répartition est
égalitaire (il
n'y a donc pas d'aspect de concentration).
33 Les proportions cumulées varient de
zéro à un et l'aire en dessous de la diagonale est égale
à 1 2 ; d'où
G = 2A = 1 2B
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APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
G = 1+
H
1
2 ( y + 2y
H
H 1
+ 3y
H 2
+K + Hy 1)
(5)
H 2
Où H est le nombre d'individus.
Lerman et Yitzhaki (1989) ont démontré que le
coefficient de Gini peut être calculé à
partir de la covariance entre le niveau de revenu et leurs rangs.
On a :
G = cov (F ( p), p)
2
1
(6)
Une propriété intéressante du coefficient de
Gini standard est qu'il est égal à la moitié
de la moyenne normalisée de la distance moyenne entre tous
les niveaux de vie. Ainsi, si le
coefficient de Gini obtenu est de 0,3 ,
l'interprétation est que la distance moyenne entre les
niveaux de vie de cette distribution est de l'ordre de 60% de
la moyenne.
Le coefficient de Gini n'est pas décomposable ou additif
en sous-groupes c'est-à-dire
que le Gini total n'est pas égal à la somme des
Gini des sous-groupes.
b. La classe des indices d'entropie
généralisée
La classe des mesures d'entropie
généralisée est donnée par la formule
générale
suivante :
n
?
GE( ) =
1
?
?
1
? y ?
1) n
(
?
?
? ? 1?
i 1
=
i
? ?
y
? ?
?
?
(7)
Où n est le nombre d'unité dans
l'échantillon, y est la dépense par équivalent
adulte
i
n
dans le ménage i , i = 1,2,K,
n et y =
1
y est la moyenne arithmétique des
dépenses.
n i
i
=1
Les valeurs des mesures GE varient entre 0 et , avec
zéro représentant des niveaux
de dépenses égales c'est-à-dire que toutes
les dépenses sont identiques et les valeurs élevées
de GE représentant des hauts niveaux
d'inégalité. Le paramètre dans la classe GE
représente le poids donné aux distances entre
dépenses à différentes parties de la distribution,
et peut prendre toute valeur réelle. Pour des faibles
valeurs de , GE est plus sensible aux
variations dans le voisinage de l'extrémité gauche
de la distribution et pour des valeurs élevé
de , GE est plus sensible aux changements qui
affectent le côté riche (extrémité droite).
Les valeurs communément utilisées de sont 0, 1
et 2. Ainsi, la valeur = 0 accorde plus
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Mathématique et Econométrie
61
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
de poids aux distances entre les dépenses du voisinage de
l'extrémité gauche de la distribution
(faibles dépenses), = 1 applique des poids
égaux à travers la distribution, tandis que la
valeur = 2 donne proportionnellement plus de poids aux
écarts à l'extrémité droite de la
distribution où les dépenses sont
élevées.
-
Les différentes variantes des mesures d'entropie
généralisée sont :
Pour = 0 , on a la déviation logarithmique moyenne. Elle
est ainsi appelée parce
qu'elle donne l'écart type de log( y) . On a :
n
(8)
GE(0) =
1
n
log? ?
i=1
i
? ?
? y ?
? y ?
-
Pour = 1, on a l'indice de Theil qui est donnée par :
n
T = GE(1) =
-
1
n i
y
i log? i ?
? y ?
? ?
? y ?
=1
y
(9)
La mesure GE avec le paramètre = 2 devient
la moitié du carré du coefficient de
variation (CV ) . On a :
GE(2) =
var(y )
i
2y 2
1 ?1
?
y n
?
n
= 1 (CV 2)
2
(10)
1
et CV =
i
i =1
2 ?
?
2
( y y) ?
(11)
Cette mesure d'inégalité est décomposable
exactement en groupes, ce qui est très utile
dans notre étude. En effet, les mesures
d'inégalité décomposables en groupes ont l'avantage
d'être utilisées pour diviser une
inégalité globale en inégalité au sein des
différents groupes et
les inégalités entre ces groupes afin
d'identifier l'effet potentiel sur l'inégalité globale des
stratégies visant à réduire les
disparités entre ces groupes.
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Mathématique et Econométrie
62
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
34
La décomposition par sous-groupes requiert que
l'inégalité totale soit liée de manière
35
consistante aux sous-groupes dans la partition (Bourguignon,
1979) . La mesure d'inégalité
pour toute la population doit être exprimable comme
une moyenne pondérée de la même
mesure pour les différents groupes (composante
intra-groupe), plus la mesure d'inégalité pour
toute la population où chaque membre reçoit
le revenu moyen de son groupe (composante
inter-groupe).
c. Décomposition statique de
l'inégalité des dépenses
36
dans cette étude puisque les données relatives aux
dépenses dans nos deux bases de données
sont insuffisantes pour étudier le niveau de vie.
La décomposition de l'inégalité des
dépenses par sources de revenu est inappropriée
Pour cette étude, nous allons mettre l'accent sur
la déviation logarithmique de Theil
GE(0) , la mesure de Theil GE(1) et la
variance du logarithme des dépenses GE(2) .
Lorsque l'inégalité totale (I
totale
) est décomposée en sous-groupes de
population, la
classe d'entropie généralisée peut
s'exprimer comme la somme de l'inégalité inter-groupe
(I ) et de l'inégalité intra-groupe
(I
int er
int ra
) .
k
= w GE( ) , avec
j
j
j =1
L'inégalité intra-groupe peut être
définie par :
1
= v f
j
j
I
int ra
w
j
, où f est la portion de population
correspondant au groupe j , j = 1,2,K, k et
j
v est la part de dépenses de chaque
partition j .
j
L'inégalité inter-groupe est définie par
l'expression suivante:
34
Nous n'utiliserons pas dans ici la décomposition
dynamique qui décompose l'inégalité totale en trois
composantes : l'effet d'allocation (qui est obtenu en
faisant varier le nombre de ménages dans différentes
partitions), l'effet revenu (qui vient des changements dans les
revenus relatifs entre les partitions) et finalement
l'effet d'inégalité pure (qui est obtenu en faisant
varier l'inégalité à l'intérieur des partitions).
L'arithmétique est
ici compliquée pour certaines mesures, donc cette
décomposition est de manière usuelle appliquée uniquement
à
GE(0) (Mookerjee et Shorrocks, 1982).
35 D'autres formes de décomposition ont
été proposées par des auteurs tels Chameni, 2006,
Shorrocks, 1982, etc.
36 La décomposition par source ne divise pas la
population en plusieurs groupes. Elle divise plutôt le revenu de
tout le monde en plusieurs sources. Dans ce cas,
l'inégalité totale pourrait être divisée en
somme pondérée
d'inégalités par sources de revenu, en tenant
compte explicitement ou implicitement de la covariance entre les
sources de revenu.
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Mathématique et Econométrie
63
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
? k
I
int er
=
1
( 1)
? f ? ? 1?
?
?
j
j
=1
j
? ?
y
? ?
?
?
? y ?
?
(12)
où y est la moyenne de la dépense de
chaque partition j .
j
Cowell et Jenkins (1995) ont montré que les
composantes inter et intra groupes de
l'inégalité sont liées à
l'inégalité totale par la relation simple suivante :
I = I + I
totale
int ra
int er
(13)
Par conséquent, ils ont suggéré une mesure
synthétique R , du montant de l'inégalité
b
expliqué par les différences entre
groupes avec une caractéristique particulière ou un
ensemble de caractéristiques. R s'exprime par
la formule suivante :
b
R =
b
I
I
int er
totale
(14)
Ainsi, nous pouvons conclure que si x% de
l'inégalité totale est expliquée par les
inégalités inter-groupes, alors (100
x)% est expliquée par les inégalités
intra-groupes
(Cowell et Jenkins, 1995 ; et Ahuja et al, 1997). En augmentant
le nombre de partitions, nous
pouvons mettre en évidence les effets d'un grand nombre de
facteurs.
IV.2.2.
Mesures de la polarisation
a. La mesure de Foster-Wolfson
Foster et Wolfson (1992) et Wolfson (1994) ont
proposé un indice de polarisation
(W ) lorsqu'ils discutaient des différences
conceptuelles entre polarisation et inégalité.
W =
2 (2T Gini)
m
tan
(16)
Où T = 0,5 L(0,5)
L (0,5) est la part de revenu de la moitié
inférieure de la population (la population est
divisée en deux groupes séparés par la
valeur médiane) et m
moyenne.
est le ratio de la médiane sur la
tan
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Mathématique et Econométrie
64
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Wolfson (1994) normalise l'indice arbitrairement de sorte qu'il
prend des valeurs entre
0 et 1.
Estéban, Gradin et Ray (1999) note que la mesure
de Foster et Wolfson est la
transformation de l'indice EGR si les groupes
adjacents sont de même taille.
Une façon alternative d'exprimer W d'après
Zhang et Kanbur (1999) est :
W =
2 ( * L )
m
(17)
Où * est le revenu moyen corrigé (* = (1
Gini)). est le revenu moyen de la
première moitié de la population et m
est la médiane de la population.
La polarisation maximale serait ainsi atteinte lorsque la
moitié de la population
possède un revenu nul et l'autre moitié
possède deux fois la moyenne.
b. La mesure de Duclos-Estéban-Ray
(DER)
Duclos, Estéban et Ray (2004) ont développé
la théorie de la mesure de la polarisation
où les distributions sont décrites par les
fonctions de densité.
Ces auteurs partent des lacunes que présente la mesure
Estéban-Ray (ER) . La mesure
ER est basée sur un ensemble fini et
discret des groupes de revenu situé dans un espace
ambiant continu des valeurs de revenu possibles. Ceci
génère deux problèmes majeurs : l'un
conceptuel et l'autre pratique. Au niveau conceptuel, la
mesure ER présente une discontinuité
désagréable due au fait qu'elle est
basée sur une population distribuée sur un nombre de
points discrets et distincts. La difficulté pratique est
que la population est supposée avoir déjà
été concentrée dans des groupes
appropriés. Cette caractérisation rend la mesure moins utile
pour plusieurs problèmes intéressants.
La mesure DER est une extension naturelle de
la mesure ER dans le cas des
distributions continues. Elle résout par
conséquent les deux problèmes posés par la mesure
ER et est donnée par :
L
P ( f ) = T ( f
(x), x y )f (x). f (
y)dxdy
(18)
Mémoire présenté et soutenu
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Avec f (.) la fonction de densité de la
distribution, x et y sont les niveaux de
dépenses de deux individus tels que l'individu
situé à x ressente une aliénation monotonique
à la distance x y vis-à-vis
de l'autre localisé à y .
Un individu localisé à un niveau de
dépense x éprouve un sens d'identification qui
dépend de f (x) la densité
de x .
T (i, a) est une fonction non
négative qui représente l'antagonisme de x
envers y
(sous f ), avec i = f
(x) et a = x y .
T est croissant en son deuxième argument et
T (i,0) = T (0, a) = 0 .
La polarisation telle que mesurée par l'indice
DER n'est rien d'autre que la somme
proportionnelle de tous les antagonismes effectifs. En effet, en
contraste avec l'inégalité, les
indices de polarisation doivent être
caractérisés par leur sensibilité locale à
l'interaction entre
l'aliénation et l'identification qui forme ce
que Duclos, Esteban et Ray appellent
« antagonisme » (Araar, 2008).
Cependant, la mesure DER à ce stade n'est ni
très utile, ni opérationnelle bien qu'elle
prenne en compte la structure
identification-aliénation. Tout dépend en fait de la forme
fonctionnelle de T . Celle-ci dépend des quatre
axiomes suivants :
AXIOME 1)
Si la distribution est composée d'une seule
densité de base, alors la
compression de cette dernière ne peut augmenter la
polarisation.
Soit f une densité de base avec la moyenne
et soit [0;1], la -compression de
1 ? x [1 ] ?
f est une transformation de la forme f
= f ?
?
(19)
?
?
Cet axiome présente cependant une
ambiguïté parce que la compression à ce niveau
crée la réduction de l'aliénation
interpersonnelle mais augmente l'identification pour la
mesure positive des agents localisés au centre de la
distribution. L'ancien impact positif sur la
polarisation peut donc être contré par le nouvel
impact négatif.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
AXIOME 2)
Si une distribution symétrique est composée
de trois densités de base
avec la même racine et des supports
mutuellement disjoints, alors une compression
symétrique des densités situées aux
extrémités ne peut réduire la polarisation.
Cet axiome argumente qu'une compression « locale »
(opposée à la compression
« globale » de la distribution totale de l'axiome
1) ne doit pas baisser la polarisation. A ce
stade, il y a un écart explicit par rapport à la
mesure de l'inégalité.
AXIOME 3)
Si une distribution symétrique est composée de
quatre densités de base
avec la même racine et des supports mutuellement
disjoints, alors un élargissement vers
l'extérieur des deux densités du milieu (en
gardant toujours tous les supports disjoints)
augmentera la polarisation.
AXIOME 4)
Si P(F) P(G) et
p f 0 , alors P( pF) P( pG) ,
avec pF et pG
les multiples identiques des populations de F et
G respectivement.
Cet axiome n'est rien d'autre que le simple principe
d'invariance à la population. Il
stipule que lorsqu'une situation exhibe une grande polarisation
que l'autre, il doit continuer de
l'être si la population dans les deux situations
augmente ou baisse d'un même montant, en
maintenant les distributions relatives inchangées.
La mesure P , telle que décrite plus haut
satisfait les axiomes 1 à 4 si et seulement si
elle est proportionnelle à :
P ( f ) = f (x)
+
1
f ( y) y x dydx
(20)
Avec [0.25, 1]. Les auteurs montrent que pour satisfaire les
axiomes précédents, le
degré du paramètre de sensibilité
à la polarisation doit être compris entre 0,25 et 1.
plus ce
paramètre est grand, plus large est l'écart
entre l'indice DER et le coefficient standard de
Gini et vice versa. Il est vérifié que la
mesure DER est égale au coefficient de Gini lorsque le
paramètre est fixé à 0.
En normalisant tous les revenus par leur moyenne, P
( f ) devient homogène de degré
zéro.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
c. Estimation et inférence statistique
En associant les questions d'inférence statistique
à l'estimation de la mesure DER , on
obtient :
P ( f ) = f ( y
) a( y)dF( y)
y
y
Avec a( y) = + y(2F(
y) 1) 2 xdF(x)
(21)
(22)
Supposons alors que nous voulons estimer P
(F) en utilisant un échantillon aléatoire
de n observations de dépenses
indépendamment et identiquement distribuées y i ,
i = 1,2,K, n
tirées de la distribution F( y)
et classées de sorte que y 1 y 2 K y
n . Un estimateur
naturel de P (F) est :
n
à
P ( àF) = n
1
f ( y ) aà(y
)
i
i
(23)
i=1
Où aà(y ) est donnée
par :
i
aà(y ) = à + y
(n (2i 1) )1 n ? 2
1
1
i
i
?
?
?
i1
y
j =1
j
?
+ y ?
i ?
?
Où à est la moyenne de
l'échantillon et àf ( y )
i
(24)
est estimé de manière non
paramétrique en utilisant les procédures
d'estimation à noyau . Ces procédures utilisent une
fonction à noyau symétrique
K(u) définie telle que
K (u)du = 1 et
K(u) 0 (Le noyau
37
Gaussien est utilisé dans l'illustration).
L'estimateur f ( y) est alors défini par :
n
à(f y) n
1
K ( y y )
h
i
i =1
à
(25)
h
pour sélectionner un h optimal consiste
à minimiser l'erreur carrée moyenne de l'estimateur
étant donné la taille de l'échantillon
n . Une formule de routine qui peut être utilisée dans ce
contexte est :
h * ? 4,7n 0 ,5
0 ,1
(26)
Avec K (z) h K (z h)
, h étant le paramètre de grandeur. Une
technique usuelle
1
Facilement calculée, cette formule donne bien avec
la distribution normale dès lors
qu'elle ne peut s'éloigner de plus de 5% du
h* qui minimise vraiment l'erreur carrée
37 La littérature sur l'estimation de la
densité à noyau est large - voir par exemple Silverman (1986),
Härdle
(1990) et Pagan et Ullah (1999).
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
moyenne. Pour un compression plus grande (plus de 6%),
la formule approximative la plus
robuste de h * est donnée par :
h * ? n 0, IQ5
(3,76 +14,7 )
ln
(1+1,09.10 )
4
(7268+15323 )
(27)
ln
Où IQ est l'interquartile et la variance
des logarithmes des dépenses.
ln
Le produit n ,
N(0;V ) avec
V
0 5
(P ( àF) P
(F ))
suit une distribution asymptotiquement normale
= var?(1+ ) f ( y) a( y)
+ y f (x) dF(x) + 2
(x y) f (x) dF(x
?)?
f y )
(
?
y
?
?
(28)
IV.3. Données et logiciel d'analyse
IV.3.1. Données d'analyse
L'analyse de la distribution des dépenses, ici, est
basée sur les données des enquêtes
ECAM I la Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale (DSCN) du Cameroun
(DSCN, 1997a, 1997b, 2002) et d'ECAM II
réalisée par l'Institut National de la Statistique
(INS, 2002).
Les données relatives aux dépenses nominales
provenant de ces enquêtes sur les
régions sont converties en termes réels en
les corrigeant dans le temps et l'espace et par
rapport à une région et à une
période donnée. La réalisation de cet exercice
nécessite non
seulement que les différentes bases de
données soient comparables du point de vue de la
méthode de sondage, mais qu'on ait également
la possibilité de neutraliser rigoureusement
l'effet de l'inflation par l'utilisation d'indices des prix
régionaux et temporels dans le but de
tenir compte de la variation du niveau de vie d'une région
à une autre et d'une période à une
autre.
a. ECAM I
L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages
de 1996 (ECAM I) est la deuxième
enquête de grande envergure réalisée par la
DSCN du Cameroun après l'EBC de 1983 / 84.
Elle a duré trois mois, couvrait les dix provinces du pays
et concernait un échantillon de 1 731
ménages urbains et ruraux. Elle visait trois principaux
objectifs à savoir mesurer les effets de
la crise et de mesures d'ajustement sur le niveau et les
conditions de vie des ménages ; établir
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Mathématique et Econométrie
69
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
les interrelations entre les dimensions des niveaux de
vie ; et analyser les tendances et les
évolutions par rapport aux autres sources de
données.
Il s'agissait d'une enquête stratifiée à
deux degrés à Yaoundé et à Douala et
à trois
degrés dans les autres villes du pays avec la distinction
urbaine-rurale.
b. ECAM II
L'Enquête Camerounaise auprès des Ménages
(ECAM II) est la troisième enquête
d'envergure toujours réalisée au Cameroun par l'INS
en 2001. Cette enquête a été initiée pour
corriger les erreurs faites à la précédente.
Elle concernait 11 553 ménages desquels 10 992 ont
été réellement visités. Les objectifs
principaux de ECAM II étaient :
- De proposer une méthodologie adéquate pour
calculer les niveaux de vie des
ménages et déterminer une ligne de
pauvreté qui serait accepté par la majeure partie des
partenaires de développement et qui servira de
référence pour des analyses futures ;
- D'analyser la pauvreté monétaire, la
pauvreté en termes de niveau de vie de la
plupart des ménages et la pauvreté potentielle et
essayer d'établir la corrélation entre elles ;
- L'extension des analyses passées à
l'échelle régionale et nationale en isolant les deux
grandes villes (Douala et Yaoundé) et en
distinguant les milieux de résidence (urbain et
rural) ;
- Et enfin la production d'une base de
données adéquates pour les différentes
statistiques, notamment la consommation des ménages dans
les comptes nationaux et la mise
à jour des calculs utilisés pour déterminer
les indices de prix.
L'enquête ECAM II a été
réalisée dans dix provinces. La ligne de pauvreté
de
référence ainsi que le niveau de vie de
référence ont été construites, de même
que la
consommation annuelle finale des ménages.
c. Comparaison des différentes bases de
données
La comparaison de l'inégalité et de la polarisation
entre 1996 et 2001 doit partir de la
comparaison entre ECAM I et ECAM II . Une première
étape doit consister à structurer de la
même façon les deux bases de données.
38
38 La comparaison entre ces deux bases de
données a été réalisée par l'Institut
National de la Statistique avec
l'assistance d'une mission de la Banque Mondiale du 17 juin au 1
er juillet 2002.
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Mathématique et Econométrie
70
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Les dépenses entre les différentes périodes
doivent être ramenées à la même base. Les
données de 2001 ont été retraitées de
manière à considérer la même période de
collecte qu'en
1996, soit sept jours dans chaque milieu (urbain et rural). Un
facteur multiplicatif d'oubli a
été utilisé pour corriger les
déclarations des ménages ruraux.
39
Concernant les dépenses de non consommation entre ces deux
enquêtes, les dépenses
similaires collectées sur la même période de
référence et basées sur la taille d'échantillon ont
été regroupées et calibrées par un
indicateur de niveau de vie de la population. Les dépenses
ayant un niveau élevé de disparité entre ces
périodes d'enquête n'ont pas été pris en compte
par cet indicateur. Rendues comparables, les
dépenses ont été corrigées des fluctuations
temporelles et spatiales des prix. L'année 2001 a
été considérée comme année de
référence de
part sa crédibilité. Pour égaliser les
dépenses de 96 à celles de 2001, l'indice des prix
temporel a été construit en considérant
le mois d'octobre 2001 comme mois de référence
(INS, 2002).
Sur le plan spatial, la ville de Yaoundé a
été retenue comme région de référence pour
les deux enquêtes. Pour déflater les
dépenses, l'indice spatial de 2001 a été
utilisé pour les
deux opérations, sous l'hypothèse que le coût
de la vie relatif entre les différentes régions ne
s'est pas beaucoup modifié. L'indice de Paasche a
été utilisé pour déflater les dépenses
utilisées pour la comparaison au niveau des
régions, parce qu'il tient compte des pondérations
de chaque régions (INS, 2002).
40
avec l'âge et le sexe a été
préférée aux autres échelles.
Pour tenir compte de la taille des
ménages, l'échelle d'équivalence RDA
(Recommended Dietary Allowances) qui pondère le niveau
de consommation de l'individu
IV.3.2.
Logiciel d'analyse
Les résultats empiriques, ici, seront obtenus en
utilisant le logiciel d'analyse de
distribution DAD version 4.5, développé par les
chercheurs du CREFA de l'Université Laval
(Duclos et al., 2000 ; Duclos et Araar, 2004). DAD est un
logiciel qui facilite les analyses et
les comparaisons de bien-être, d'inégalité,
de la pauvreté et de l'équité entre les distributions
39 Selon Chris Scott, après trois jours, il
faut corriger les dépenses par un facteur d'oubli de 2,9% par jour (INS,
2002).
40 Pour plus de précisions, voir ECAM II :
Document de méthodologies ; Tome 4, INS, 2002.
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
de niveaux de vie. Ses caractéristiques incluent
l'estimation d'un large nombre d'indices et de
courbes qui sont importants pour des comparaisons
des distributions de même que la
provision des erreurs types asymptotiques qui
permettent l'inférence statistique. Ses
caractéristiques incluent aussi les statistiques
descriptives de base et fournissent des simples
estimations non paramétriques des fonctions de
densité et de régression.
IV.4. Conclusion
En somme, notre étude utilise un indicateur
de bien-être qui intègre toutes les
catégories de dépense des ménages. Ceci
étant, la dépense par équivalent-adulte est un
estimateur fiable du revenu des ménages. Parmi les
mesures utilisées pour l'inégalité, nous
accordons plus de poids à la classe d'entropie de
part sa complète décomposabilité. Plus de
poids sont accordés à la classe des mesures
Duclos-Esteban-Ray qui prend en compte la
structure identification-aliénation chère à
la polarisation. Elle se distingue des autres mesures
par son approche axiomatique et son obéissance
à l'ensemble des propriétés désirables des
mesures de polarisation. Il s'agit du fait qu'elle soit
définie sur une fonction continue de
revenu, elle ne requiert pas que les groupes soient
identifiés par un revenu fixe, elle est
normalisée par la taille de la population et peut
être normalisée par l'échelle de revenu. Ceci
facilite les comparaisons entre les distributions pour tout
phénomène de distribution comme la
pauvreté, l'inégalité et la
polarisation. Le logiciel DAD 4.5 nous donne les
résultats
empiriques nécessaires pour notre analyse
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Mathématique et Econométrie
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Chapitre V :
RESULTATS EMPIRIQUES
V.1. Introduction
Dans ce chapitre, nous utiliserons successivement l'indice
S-Gini G() et la classe
des indices d'entropie généralisée
GE( ) pour mesurer la variation de l'inégalité
des
dépenses totales par équivalent adulte entre
1996 et 2001 au Cameroun. Pour mesurer la
variation de la polarisation des mêmes
dépenses, nous utilisons l'indice Foster-Wolfson
(W ) et la mesure Duclos-Esteban-Ray DER(
) . Les calculs sont obtenus par le logiciel
d'analyse de distribution appelé DAD. Ces calculs
sont faits en tenant suivant le milieu de
résidence du chef de ménage d'une part et d'autre
part de sa région de résidence. Suivant le
milieu de résidence du chef de ménage,
l'échantillon est séparé en milieux urbain et
rural.
Selon la région de résidence du chef de
ménage, l'échantillon est divisé en six strates :
Yaoundé, Douala, les Autres villes, la région
Rurale Forêt, la région Rurale Hauts Plateaux et
la région Rurale Savane.
V.2. Evolution de l'inégalité et de la
polarisation au Cameroun entre 1996
et 2001
Nous traitons dans cette section l'évolution de
l'inégalité et de la polarisation sur la
période 1996-2001 en utilisant des mesures basées
sur les dépenses .
41
Le Tableau 7 présente les dépenses totales
réelles par équivalent adultes des ménages,
les mesures d'inégalité et de la polarisation pour
les périodes 1996 et 2001.
Pour l'ensemble du pays, les dépenses totales
42
réelles par équivalent adultes des
ménages ont augmenté d'environ 15% suivant ainsi la
reprise de la croissance du PIB du pays
amorcée après la dévaluation de 1994. La
répartition régionale suit la même tendance.
41 Une alternative serait de mesurer
l'inégalité et la polarisation des revenus ou autres
actifs qui sont plus
efficients que la consommation (donnée par la
dépense). Cependant, le revenu comme ces autres actifs sont
difficiles à être quantifiés et leurs
données ne sont pas disponibles dans ECAM I et ECAM II. En
plus, la
consommation dans certains cas peut être une mesure plus
appropriée du niveau de bien être d'un individu.
42 Celles-ci sont calculées en fonction de la
moyenne des dépenses mensuelles des ménages urbains et ruraux.
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Mathématique et Econométrie
73
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 7 : Inégalité et
polarisation au Cameroun en 1996 et 2001
Concepts
Dépense moyenne par
équivalent adulte
Mesures
Inégalité
Polarisation
Coefficient de Gini = 2
Déviation logarithmique de
Theil GE(0)
Indice de Theil GE(1)
Variance du logarithme des
dépenses GE(2)
Indice Foster-Wolfson
Indice Duclos-Esteban-Ray
DER(0,5)
DER(1)
1996
310,494
0,4062
(0,0169)
0,2722
(0,0227)
0,3174
(0,0300)
0,5442
(0,0786)
0,3325
(0,0219)
0,2462
(0,0116)
0,1976
(0,0158)
2001
356,315
0,4078
(0,0078)
0,2906
(0,0141)
0,3163
(0,0154)
0,5556
(0,0527)
0,3466
(0,0081)
0,2422
(0,0031)
0,1874
(0,0036)
Variation
(en%)
+14,76
+0,39
Différence
+6,76
-0,35
+2,09
+4,24
-1,67
-5,16
0,0016
(0,0186)
[0,0860]
0,0184
(0,0830)
[0,2217]
-0,0011
(0,0337)
[-0,0326]
0,0114
(0,0947)
[0,1204]
0,0141
(0,0233)
[0,6052]
-0,0041
(0,0120)
[-0,3417]
-0,0102
(0,0162)
[-0,6296]
Notes : -Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types et les valeurs entre crochets sont les
z-statistiques.
-Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à
5% et 2,576 à 1%.
-Les différences marquées de *, ** et *** sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués
par l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées
respectivement par la DSCN et l'INS.
L'inégalité tout comme la polarisation sont
des phénomènes réels au Cameroun. Le
coefficient standard de Gini ( = 2) pour le pays est
estimé à 0,4062 en 1996 et à 0,4078 en
2001. L'indice de Foster-Wolfson estimé à 0,3325 en
1996 et à 0,3466 en 2001 rassure de la
présence du phénomène de polarisation
dans la distribution des dépenses au Cameroun
(Tableau 7). Plus les valeurs de ces mesures tendent
vers zéro, moins inégale ou moins
polarisée est la distribution des dépenses, alors
que lorsque ces valeurs tendent vers un, plus
inégale et plus polarisée est la distribution des
revenus.
La valeur du coefficient standard de Gini de 0,4062 en 1996
implique que la distance
entre les niveaux de vie au Cameroun est de l'ordre de 82% de la
moyenne du niveau de vie
standard du pays. En 2001, cette valeur
s'élève à 0,4078 témoignant ainsi une
légère
augmentation de l'inégalité dans l'ensemble.
Cependant, l'inégalité n'est pas un phénomène
très poussé au Cameroun comparativement aux autres
pays en développement. Les valeurs du
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
74
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
coefficient de Gini de 0,4062 en 1996 et de 0,4078 en 2001 et des
indices de Theil de 0,3174
en 1996 et de 0,3163 en 2001 montrent que le Cameroun
possède une distribution assez
égalitaire lorsqu'il est comparé aux autres pays de
l'ASS tels que la Côte d'Ivoire et le Ghana
dont les coefficients de Gini respectifs sont estimés
à 0,530 en 2002 et 0,454 en 1998 (Alby,
2006 ; Vanderpuye-Orgle, 2002).
Par ailleurs, en dehors de l'indice de Theil ( =
1) , toutes les autres mesures
d'inégalité considérées montrent
que l'inégalité des dépenses totales par
équivalent adulte a
augmenté au Cameroun sur la période
1996-2001. Le coefficient de Gini montre une
augmentation moins importante (+0,39%) que celle fournies par les
mesures d'inégalité de la
classe d'entropie. La déviation logarithmique de
Theil GE(0) fournit le pourcentage le plus
élevé d'augmentation en valeur absolue (+6,76%)
suivie de la variance du logarithme GE(2)
qui procure une augmentation de +2,09%. Ceci indique que
l'augmentation de l'inégalité est
obtenue soit lorsque l'on accorde plus de poids aux
dépenses situées en bas de la distribution,
soit lorsque l'on accorde plus d'importance aux
dépenses situées en haut de la distribution.
Cependant, les variations dans ce dernier cas sont moindres.
En ce qui concerne la polarisation, les indices de
Foster-Wolfson et de Duclos-
Esteban-Ray nous montrent que c'est un phénomène
présent au Cameroun. Les valeurs de ces
indices toutes plus proche de 0 que de 1 prouvent que le
phénomène est encore dérisoire au
Cameroun (W = 0,3325en 1996 et W =
0,3466 en 2001, DER(0,5) = 0,2462 en 1996 et
DER(0,5) = 0,2422 en 2001, DER(1) =
0,1976 en 1996 et DER(1) = 0,1874 en 2001).
Comparativement aux autres pays de l'ASS et de l'Amérique
latine tels que la Côte d'Ivoire
et le Mexique dont les valeurs de l'indice Foster-Wolfson sont
respectivement 0,635 et 0,413,
le Cameroun est moins polarisée en terme de
dépenses.
La mesure Foster-Wolfson fait état d'une
augmentation de la polarisation au
Cameroun de 1996 à 2001 (+4,24%). La polarisation
évoluant ainsi dans le même sens que
l'inégalité. Les mesures Duclos-Esteban-Ray
pour = 0,5 et = 1 quant à elles nous
indiquent plutôt une baisse de la polarisation
durant cette période (-1,67% et -5,16%
respectivement). Ces résultats nous montrent une
différence dans les sens de variation de
l'inégalité et de la polarisation. En valeur, le
coefficient de Gini et tous les indices d'entropie
sont supérieurs à l'indice Duclos-Esteban-Ray
quelle que soit la valeur du paramètre et
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publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
75
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
l'année considérée. Ceci témoigne
de l'ampleur de l'inégalité face à la polarisation
au
Cameroun. Duclos et al. (2004) montrent que la
corrélation entre l'ordre de classement des
entités baisse clairement lorsque la distance entre les
paramètres d'aversions augmente 43.
Pour eux, la polarisation et l'inégalité
sont naturellement corrélés, mais sont aussi
empiriquement distincts. Plus encore, l'étendue
avec laquelle les comparaisons de la
polarisation ressemblent à celles de
l'inégalité dépend du paramètre , qui
capture
essentiellement l'ampleur de l'effet d'identification.
Au regard de l'indice Foster-Wolfson, du coefficient de Gini et
de la classe d'entropie
pour = 0 et 2 , on assimilerait la polarisation
à l'inégalité de part leur évolution. En fait ces
deux phénomènes augmentent simultanément
si l'on considère le coefficient de Gini (de
0,2722 en 1996 à 0,2906 en 2001), les mesures d'entropie
lorsque plus de poids sont accordés
aux extrémités de la distribution (GE(0)
varie de 0,2722 en 1996 à 0,2906, GE(2) varie de
0,5442 en 1996 à 0,5556 en 2001) et la mesure de
Foster-Wolfson (W varie de 0,3325 en
1996 à 0,3466 en 2001).
V.3. Variation de l'inégalité et de la
polarisation au Cameroun entre 1996
et 2001
V.3.1. Evolution des dépenses totales selon
les milieux de résidence au Cameroun
Le milieu de résidence du chef de ménage peut
constituer un déterminant important
d'inégalité et de la polarisation des
dépenses par équivalent adulte. Les populations sont
divisées suivant leurs différents milieux
de résidence : les populations urbaines et les
populations rurales. Les données des enquêtes ECAM I
et ECAM II nous amènent à constater
une large concentration des revenus entre les mains de
la population urbaine (Tableau 8 et
Figure 4)
En 1996, la population urbaine qui ne représentait que
34,89% de la population totale
détenait plus de 128% de la moyenne des revenus du pays
estimés ici par la dépense moyenne
par équivalent adulte. La population rurale plus
nombreuse (65,11%) n'avait droit qu'à
81,84% de la moyenne des dépenses. Le ratio urbain
/ rural des dépenses égale à 1,777
témoigne d'un grand écart des revenus entre
les populations urbaines et rurales. Ce ratio se
43 En fait, le coefficient standard de Gini (
= 2) peut être assimilé à la valeur DER(0)
; cependant, les
arguments de cette mesure ne peuvent exister pour p 0,25 (Duclos
et al, 2004).
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
trouve modéré en 2001 (1,566 en 2001 contre 1,777
en 1996) mais cache une recrudescence
de la part des dépenses des populations urbaines qui
détiennent 128,17% de la moyenne des
dépenses contre seulement 78,65% destinées aux
populations rurales qui constituent 65,21%
de la population totale (Tableau 8 et Figure 4).
Tableau 8 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996-2001
Milieux
Moyenne des dépenses (en
millier de FCFA)
1996
397 953
254 123
310 494
1,777
2001
497 896
280 233
356 315
1,566
Part de dépense (en %
de la moyenne du pays)
1996
128,17
81,84
2001
139,73
78,65
Proportion de population en
%
1996
34,89
65,11
100
2001
34,79
65,21
100
Urbain
Rural
Cameroun
Ratio
(Urbain/Rural)
Source : Calculé par l'auteur à
partir des données d'ECAM I et II
Figure 4 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent-adulte selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996-2001
600 000
500 000
400 000
300 000
1996
2001
200 000
100 000
0
Urbain
Rural
Cameroun
Source : Construit par l'auteur à partir
du Tableau 8
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Mathématique et Econométrie
77
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
V.3.1.1.
2001
Inégalité selon les milieux de
résidence au Cameroun entre 1996 et
Les données du Tableau 9 montrent, au regard du
coefficient de Gini, que l'inégalité
des dépenses totales qui valait 40,62% en 1996 a
augmenté légèrement par la suite pour se
situer à 40,78% en 2001. Les estimateurs de ce coefficient
montrent en général que l'inégalité
est plus élevée en milieu urbain (0,4490 en
1996 et 0,4060 en 2001) qu'en milieu rural
(0,3459 en 1996 et 0,3690 en 2001).
En 1996, les valeurs du coefficient de Gini indiquent que
l'inégalité est plus élevée en
milieu urbain (44,90%) que dans le pays tout entier
(40,62%). En 2001, elle est restée
sensiblement la même en milieu urbain et le pays dans
l'ensemble. En milieu rural par contre,
l'inégalité a toujours été faible
comparativement à tout le pays. L'on remarque aussi aisément
que l'inégalité a fortement baissé en
milieu urbain entre 1996 et 2001 (-9,6%) mais a
augmenté en milieu rural (+6,7%). Celle-ci s'est
accrue dans le pays pris dans l'ensemble
quoique cette augmentation reste faible (+0,4%).
Le Tableau 9 nous fournit aussi une décomposition de la
classe des indices d'entropie
en composantes intra et inter groupes en utilisant les
valeurs 0, 1 et 2 pour le paramètre
d'aversion . D'après cette classe,
l'inégalité totale est passée de 0,2722 en 1996 à
0,2906 en
2001, soit une augmentation de 6,8% si l'on accorde plus
de poids aux dépenses situées au
bas de la distribution ( = 0) . La composante inter-groupe ici
qui captait 9,73% de l'inégalité
des dépenses totales en 1996 a augmenté d'environ
trois points de pourcentage en 2001. La
composante intra-groupe a connu une décroissance d'environ
trois points de pourcentage (de
90,27% en 1996 à 87,32% en 2001).
Si les mêmes poids sont accordés aux
dépenses le long de la distribution( = 1) , la
classe GE nous fait état plutôt
d'une diminution dans l'inégalité totale (-0,3%). La
composante inter milieux captait environ 8,6% de
l'inégalité des dépenses totales par
équivalent adulte en 1996 et a augmenté de plus de
trois points de pourcentage en 2001. La
composante intra-milieu a connu une baisse passant de 0,914 en
1996 à 0,8796 en 2001, soit
une diminution marginale de plus de deux points de pourcentage
sur la période de l'étude.
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Mathématique et Econométrie
78
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 9 : Evolution de
l'inégalité selon les milieux de résidence au Cameroun en
1996 et 2001
Milieux
Proportion de
population
1996 2001
1996
Gini ( = 2)
2001
?(%)
Contribution
absolue
GE( ) j
Contribution
relative
Urbain
Contribution
absolue
GE() j
Contribution
relative
Rural
GE()
j
0,3489
(0,0428)
0,3479
(0,0235)
Urbain
0,4490
(0,0203)
0,4060
(0,0096)
-9,6
0,6511
(0,0428)
0,6521
(0,0235)
Rural
0,3459
(0,0274)
0,3690
(0,0086)
+6,7
Inégalité
inter
groupe
Inégalité
intra
groupe
Cameroun
Contribution
relative
GE()
j
Contribution
relative
GE()
j
1
(0)
1
(0)
0,4062
(0,0169)
0,4078
(0,0078)
+0,4
1996
0,1181
(0,0166)
0,4339
(0,0489)
0,3384
(0,0308)
0,1276
(0,0212)
0,4688
(0,0685)
0,1960
(0,0310)
0,0265
(0,0011)
0,0973
0,2457
(0,0504)
0,9027
0,2722
(0,0227)
GE(0)
2001
0,0968
(0,0078)
0,3332
(0,0259)
0,2783
(0,0132)
0,1569
(0,0117)
0,5400
(0,0287)
0,2407
(0,0161)
0,0369
(0,0008)
0,1268
0,2538
(0,0240)
0,8732
0,2906
(0,0141)
?(%)
-18,0
-23,2
-17,8
+23,0
+15,2
+22,8
+39,2
+3,3
+6,8
1996
0,1740
(0,0272)
0,5483
(0,0564)
0,3763
(0,0397)
0,1161
(0,0246)
0,3657
(0,0804)
0,2160
(0,0367)
0,0273
(0,0008)
0,0860
0,2901
(0,0299)
0,9140
0,3174
(0,0300)
GE(1)
2001
0,1547
(0,0136)
0,4890
(0,0274)
0,3207
(0,0206)
0,1236
(0,0078)
0,3906
(0,0301)
0,2387
(0,0115)
0,0381
(0,0005)
0,1204
0,2782
(0,0153)
0,8796
0,3163
(0,0154)
?(%)
-11,1
-10,8
-14,8
+6,5
+6,8
+10,5
+39,6
-4,1
-0,3
1996
0,3787
(0,0825)
0,6959
(0,0547)
0,6178
(0,0932)
0,1371
(0,0386)
0,2519
(0,0396)
0,3090
(0,0641)
0,0284
(0,0004)
0,0522
0,5158
(0,0786)
0,9478
0,5442
(0,0786)
GE(2)
2001
0,3838
(0,0521)
0,6908
(0,0318)
0,5741
(0,0653)
0,1320
(0,0108)
0,2376
(0,0127)
0,3212
(0,0203)
0,0398
(0,0001)
0,0716
0,5158
(0,0527)
0,9284
0,5556
(0,0527)
?(%)
+1,3
-0,7
-7,1
-3,7
-5,7
+3,9
+40,1
+0,0
+2,1
Note : Les valeurs entre parenthèses sont
les écarts-types et ?(%) représentent des variations en
pourcentage.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
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Econométrie
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INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Lorsque l'on accorde maintenant plus de poids en haut de la
distribution ( = 2) , la
classe GE nous montre que
l'inégalité dans l'ensemble s'est accrue d'un pourcentage
de
2,1% ( GE(2) est passée de 0,5442 en 1996
à 0,5556 en 2001). L'inégalité inter groupe qui
représentait 5,22% en 1996 a augmenté en
2001 pour atteindre 7,16%. L'inégalité intra
groupe a baissé de près de deux points de
pourcentage durant la période.
En 1996, le milieu urbain ne représentant que 35% de la
population totale détenait plus
de 128% de la moyenne des dépenses totales et
contribuait de 43, 55 à 70 points de
pourcentage à l'inégalité intra milieu
conformément aux trois valeurs du paramètre .
En 2001, ce milieu dont la population est restée
sensiblement la même détenait près de
140% de la moyenne des dépenses totales et a
contribué de 33, 49 à 69 points de pourcentage
à l'inégalité intra groupe (pour des valeurs
de = 0, 1 et 2 ). Les estimateurs de la classe GE
ici, nous indiquent que l'inégalité a fortement
baissé dans le milieu urbain et ceci de manière
grandiose si l'on accorde plus de poids au bas de la
distribution.
Le milieu rural quant à lui, plus fourni en
termes de population (plus de 65%) ne
détenait qu'environ 82% de la moyenne des
dépenses. Cette part s'est détériorée en 2001
passant ainsi à 79% alors que la population est
restée sensiblement la même. La contribution
du milieu rural à la composante intra zonale
décroît en 1996 selon que l'on accorde plus de
poids au bas ou en haut de la distribution. Elle sera ainsi de
46,88% pour = 0 , elle devient
36,57% pour = 1 et 25,19% pour = 2 . Cette tendance à
la baisse reste vérifiée en 2001
où pour = 0 , la contribution est de 54% ; elle
passe à 39,06% lorsque = 1 et si = 2 ,
elle baisse à 23,76%
Les composantes de l'inégalité entre ces deux
différents milieux restent très faibles en
1996 (9,73% pour = 0 , 8,60% pour = 1 et 5,22% pour
= 2 ). Celles-ci augmentent
légèrement en 2001 (12,68% pour = 0 ,
12,81% pour = 1 et 7,16% pour = 2 ) mais
restent cependant très faibles. Ceci montre que toute
mesure de politique économique visant à
égaliser les revenus ou les dépenses
entre ces deux régions sera insignifiante dans la
modification de l'inégalité totale. Les
composantes intra-milieux quoique ayant baissé entre
1996-2001 (quel que soit la valeur attribuée
à ) restent fortes (supérieures à 87%). Ceci
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Diplôme
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Mathématique et Econométrie
80
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
révèle l'efficience de toute mesure de
réduction de l'inégalité totale dont l'objectif
serait
orienté vers la réduction de
l'inégalité à l'intérieur des différents
milieux
V.3.1.2.
Polarisation selon les milieux de résidence
au Cameroun sur la
période 1996-2001
Dans les sections précédentes, nous avons
traité de l'évolution de l'inégalité sur la
période 1996-2001. Maintenant, nous nous tournons vers le
phénomène de polarisation durant
la même période. Pour cette fin, nous
utilisons les mesures Foster-Wolfson et Duclos-
Esteban-Ray basées sur la dépense des
ménages, et centrons notre analyse sur le Cameroun
comme un tout en addition aux milieux ruraux et urbains (Tableau
10).
Les résultats des mesures de la polarisation entre
les milieux urbains et ruraux
récapitulés dans ce tableau font état d'une
importance relative de ce phénomène dans les deux
différents milieux au Cameroun. La polarisation est
plus développée en milieu urbain qu'en
milieu rural. Les valeurs des différentes mesures
utilisées le prouvent. En 1996, la valeur de la
mesure Foster-Wolfson qui n'est que de 0,2810 en milieu rural est
de 0,4132 en milieu urbain.
La polarisation est plus poussée en milieu urbain
que dans le pays entier (0,3325). En 2001
ces grandeurs sont sensiblement les mêmes, la polarisation
ayant baissé en milieu urbain alors
qu'elle augmente dans le pays tout entier et dans la zone
rurale. On note tout de même une
faiblesse relative de la polarisation en milieu rural par
rapport au pays entier. Les mesures
Duclos-Esteban-Ray nous montrent aussi une portée
importance de la polarisation en milieu
urbain par rapport non seulement au milieu rural mais
aussi au pays tout entier. Cette
affluence n'est pas aussi large que lorsque l'on mesure
la polarisation par l'indice Foster-
Wolfson. Les écarts ne varient en général
que de l'ordre d'un à deux points de pourcentage.
La faiblesse de la polarisation reste observée en milieu
rurale quel que soit la valeur attribuée
à dans la mesure DER .
L'examen minutieux du Tableau 10 indique une
différence dans l'évolution de la
polarisation au Cameroun selon que l'on utilise comme mesure
l'indice Foster-Wolfson où les
mesures Duclos-Esteban-Ray.
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d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
81
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 10 : Evolution de la polarisation au
Cameroun selon les milieux de résidence en 1996 et 2001
Milieux
Proportion de
population
1996
0,3489
(0,0428)
0,6511
(0,0428)
1
(0)
2001
0,3479
(0,0235)
0,6521
(0,0235)
1
(0)
Mesures Duclos-Esteban-Ray
?sig
-0,0187***
(0,0064)
[-2,9219]
0,0034
(0,0435)
[0,0782]
-0,0041
(0,0120)
[-0,3417]
?(%)
-7,09
+1,52
-1,62
1996
0,2053
(0,0068)
0,1793
(0,0427)
0,1976
(0,0158)
2001
0,1963
(0,0039)
0,1723
(0,0036)
0,1874
(0,0036)
Indice Foster-Wolfson
2001
0,3360
(0,0083)
0,3225
(0,0102)
0,3466
(0,0081)
?sig
-0,0773***
(0,0290)
[-2,6665]
0,0415
(0,0289)
[1,4360]
0,0141
(0,0233)
[0,6052]
DER(0,5)
2001
0,2452
(0,0032)
0,2265
(0,0039)
0,2422
(0,0031)
Urbain
Rural
Cameroun
1996
0,4132
(0,0278)
0,2810
(0,0270)
0,3325
(0,0219)
?(%)
-18,68
+14,77
+4,24
1996
0,2639
(0,0055)
0,2231
(0,0434)
0,2462
(0,0116)
DER(1)
?sig
-0,0091
(0,0078)
[-1,1667]
-0,0070
(0,0429)
[-0,1632]
-0,0102
(0,0162)
[-0,6296]
?(%)
-4,38
-3,90
-5,16
Notes : -Les valeurs entre
parenthèses sont les écarts-types, les valeurs entre
crochets sont les z-statistiques, ?sig représente les
différences et ?(%) représente de
variations en pourcentage.
-Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576
à 1%.
-Les différences marquées de *, ** et *** sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et
Econométrie
82
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Ainsi, d'après la mesure Foster-Wolfson, la
polarisation s'est accrue au Cameroun
entre 1996 et 2001, passant de 33,25% à 34,66%, soit une
augmentation de +4,24% du niveau
de polarisation de 1996. Son évolution est donc similaire
à celle de l'inégalité durant la même
période lorsque cette dernière est mesurée
par le coefficient de Gini et la classe des mesures
d'entropie pour les valeurs de paramètre = 0 et
2 . Cependant, considérant la mesure DER
respectivement pour = 0,5 et 1, la
polarisation a relativement baissé au Cameroun
( DER(0,5) varie de 0,2462 en 1996 à
0,2422 en 2001 et DER(1) régresse de 19,76% à
18,74% pendant la même période). Cette baisse est
donc beaucoup plus forte (-5,16%) lorsque
la population a une aversion forte à la polarisation ( =
1) .
La différence dans l'évolution de la polarisation
étant données les mesures se ressent
aussi dans le milieu rural. La valeur de l'indice
Foster-Wolfson indique une forte
augmentation de la polarisation en milieu rural (+14,77%).
L'augmentation reste faible pour
la mesure DER lorsque = 0,5 , la mesure
variant ainsi de 22,31% en 1996 à 22,65% en
2001. On note plutôt une baisse dans la polarisation
lorsque le paramètre d'aversion augmente
c'est-à-dire lorsque = 1 ; ceci contrairement à
l'évolution de l'inégalité qui augmente dans
ce milieu quel que soit la mesure considérée.
En milieu urbain par contre, la polarisation baisse
durant la période quel que soit la
mesure considérée. Cette baisse est d'autant
importante que la mesure Foster-Wolfson baisse
de 41,32% en 1996 à 33,60% en 2001, soit une
diminution de plus de douze points de
pourcentage. Considérant les mesures DER , la
baisse est plus forte pour = 0,5 (-7,09%) et
modérée pour = 1 (-4,38%). Dans ce milieu,
l'inégalité et la polarisation évoluent dans le
même sens. Ceci peut dans une certaine mesure s'expliquer
par le développement du secteur
informel en milieu urbain qui fait naître des
ménages à revenus intermédiaires atténuant
l'antagonisme qui existait entre les quintiles à faibles
et ceux à hauts revenus.
Au regard de ces résultats, on peut penser que la
polarisation est un phénomène
d'urbanisation. Ceci peut s'expliquer par la forte concentration
des dépenses entre les mains
des populations urbaines (128,17% en 1996 et 139,73% en 2001). La
polarisation reste tout de
même un phénomène qui n'est pas
très important au Cameroun. Les valeurs des indices
Foster-Wolfson et Duclos-Esteban-Ray sont faibles et proches de
zéro (la plus grande valeur
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
83
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
étant de 41,32%). Les valeurs des mesures
DER sont les plus faibles comparativement aux
valeurs de la mesure W .
En outre, on peut aisément remarquer que
l'inégalité et la polarisation ne sont pas liées
à l'accroissement du niveau de vie. En effet pendant que
la part de revenus des ménages des
milieux urbains s'accroît, l'intensité de
l'inégalité baisse dans ce milieux durant les périodes
1996-2001. Cette intensité augmente dans les milieux
ruraux alors que la part de revenus des
ménages s'est améliorée. Ces deux
phénomènes se comportent ici soit de façon similaire, soit
de façon différente. Leur comportement
dépend des mesures utilisées.
Considérant la mesure de Foster-Wolfson pour la
polarisation, on se rend compte que
l'inégalité et la polarisation évoluent dans
le même sens durant les périodes 1996-2001. Les
deux baissent simultanément en milieu urbain mais
à des degrés différents. Ils augmentent
aussi simultanément en milieu rural et dans le pays entier
lorsque l'on accorde plus de poids
aux dépenses situés aux extrémités de
la distribution. Les amplitudes ne sont pas identiques.
Dans tous les cas, l'amplitude est plus grande dans
l'évolution de la polarisation que de
l'inégalité. La similitude entre l'indice
Foster-Wolfson et le coefficient est toute naturelle et
peut s'expliquer par le fait que le premier est fonction du
second.
Les évolutions de ces deux phénomènes
diffèrent lorsque l'on change la mesure de la
polarisation. En utilisant les mesures de Duclos, Esteban
et Ray, on assiste à une baisse
d'ensemble de la polarisation au Cameroun. Par contre, on assiste
plutôt à une augmentation
de l'inégalité lorsque plus de poids sont
accordés aux dépenses en bas ( = 0) et en haut
( = 2) de la distribution. La seule similitude apparaît
lorsque les mêmes poids sont accordés
à tous les revenus le long de la distribution. En
milieu urbain, la polarisation tout comme
l'inégalité ont diminué plus qu'au niveau
national. En milieu rural, on assiste à une hausse de
la polarisation lorsque l'aversion à celle-ci est faible
et une forte baisse de celle-ci lorsque le
paramètre d'aversion augmente. L'inégalité
quant à elle augmente quel que soit l'aversion de
la population à cette dernière. La
différence entre inégalité et polarisation est donc
attribuable
aux différentes mesures utilisées.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
84
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
V.3.2.
Inégalité et polarisation selon les
régions au Cameroun en 1996 et 2001
Tout comme le milieu, la région de résidence peut
constituer un déterminant important
de l'inégalité et de la polarisation des
dépenses par équivalent adulte des ménages. Le Tableau
11 et la Figure 5 nous donnent une répartition
des dépenses entre les populations des six
différentes régions prises en compte par
l'indicateur des dépenses élaboré par l'INS en 2002.
Il s'agit de Yaoundé, Douala, les Autres villes (d'au
moins cinquante mille habitants selon les
estimations de 1995), la région cacao dite «Rurale
Forêt» (localités rurales des provinces du
Centre, du Sud, et de l'Est), la région café dite
«Rural Hauts plateaux» (localités rurales des
provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral)
et la région coton - élevage
dite «Rurale savane» (localités rurales des
provinces septentrionales : Extrême Nord, Nord et
Adamaoua).
Dans le Tableau 11 et sur la Figure 5, l'on remarque
qu' en 1996, la population de
Yaoundé qui ne représentait que 7% de la
population totale détenait presque 129% de la
moyenne des dépenses du pays. Cette part
évolue et passe à plus de 168% de la moyenne
alors que la proportion de population dans cette ville
ne s'est accrue que de moins de deux
points de pourcentage.
La population de Douala estimée à presque
10% de la population totale en 1996
détenait environ 155% de la moyenne des dépenses du
pays. Cette part a régressée en 2001
passant ainsi à presque 147% quoique la population
soit restée sensiblement stable. Les
populations des Autres villes détenaient aussi une part de
dépenses supérieures à la moyenne
(118,6%) et représentaient environ 13% de la population
totale. La population dans ces villes
s'est légèrement accrue en 2001 de même que
leur part de dépense qui est passée à 124,7%.
Les régions rurales quant à elles,
représentant en 1996 plus de 70% de la population ne
détenaient que 63% de la moyenne des
dépenses totales pour la région Rurale Forêt, 85%
pour la région Rurale Hauts Plateaux et 93% pour
la région Rurale Savane. La part de
population de ces régions a baissé en 2001 en
raison de l'exode rural des jeunes de même que
les différentes parts de revenu des régions
Rurale Hauts Plateaux et Rurale Savane qui ont
fortement baissé. La part des dépenses
de la région Rurale Forêt a plutôt
légèrement
augmenté.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
85
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 11 : Evolution des dépenses
totales par équivalent adulte des ménages au Cameroun
selon les régions de résidence
Régions
Yaoundé
Douala
Autres villes
Rurale Forêt
Rurale Hauts Plateaux
Rurale Savane
Cameroun
Moyenne des dépenses (en
millier de FCFA)
1996
400 396
480 552
368 144
196 350
262 890
290 217
310 494
2001
565 112
522 947
444 292
276 335
279 146
283 902
356 315
Part de dépense (en % de la
moyenne du pays)
1996
128,95
154,77
118,57
63,24
84,67
93,47
2001
158,60
146,77
124,69
77,55
78,34
79,68
Proportion de
population en %
1996
7,10
9,76
12,85
18,16
27,91
24,22
100
2001
8,72
9,70
16,37
14,47
26,25
24,50
100
Source : Calculé par l'auteur à
partir des données d'ECAM I et II
Figure 5 : Evolution de la dépense
moyenne par équivalent adulte selon les régions de
résidence au Cameroun entre 1996-2001
600 000
500 000
400 000
300 000
1996
2001
200 000
100 000
0
Yaoundé
Douala
Autres
villes
Rurale
Forêt
Rurale
Hauts
Plateaux
Rurale
Savane
Cameroun
Source : Construit par l'auteur à partir
du tableau précédent
V.3.2.1.
Variation de l'inégalité selon les
régions de résidence au Cameroun
entre 1996 et 2001
Le Tableau 12 fait état de la décomposition
de l'inégalité des dépenses selon les
régions mesurée par la classe d'entropie. Il
donne également les contributions inter et intra
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Mathématique et Econométrie
86
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
groupes à l'inégalité totale pour les
valeurs de paramètre = 0, 1 et 2 . Ce tableau fait
aussi
état de l'évolution de l'inégalité
des dépenses à travers le coefficient de Gini.
L'examen de ce tableau montre que les valeurs des
indices d'entropie augmentent
naturellement avec l'accroissement du paramètre
d'aversion , traduisant ainsi plus
d'inégalité. Par ailleurs, Yaoundé et
Douala sont des régions avec les plus fortes
inégalités.
Les coefficients de Gini et les valeurs de la classe GE
y sont les plus élevés. Cette situation
peut être expliquée par le fait que les
ménages les plus fortunés du pays sont concentrés dans
la capitale politique aux côtés des
ménages les plus pauvres inondant les bidonvilles.
L'inégalité a fortement baissé dans chacune
de ces régions entre 1996 et 2001. La valeur du
coefficient de Gini qui était de l'ordre de 48,69% en 1996
à Yaoundé a diminué de plus de 5
points de pourcentage en 2001. Celle-ci est passée
à Douala de 48,45% à 41%, soit une
diminution de plus de 7,5 points de pourcentage. Les
valeurs d'entropie sont passées de
39,58%, 46,34% et 85,36% à 31,68%, 37,85% et
72,21% pour la ville de Yaoundé
respectivement pour = 0, 1 et 2 . Pour ces mêmes
valeurs de paramètre à Douala, les valeurs
de la classe GE sont passées de 40,26%,
41,39% et 58,48% à respectivement 28,14%,
32,90% et 58,51% durant la période.
L'inégalité au niveau national est plus
élevée que dans les strates Autres villes, Forêt,
Hauts Plateaux et Savane. Le coefficient de Gini et les
trois -valeurs indiquent que c'est
dans la région Rurale Forêt que
l'inégalité des dépenses par équivalent adulte
est la plus
faible. Celle-ci a baissé dans les Autres villes
et la région Rurale Savane mais a plutôt
augmenté dans les régions Rurale Forêt,
Hauts Plateaux et le pays entier durant la période
1996-2001. Les diminutions de l'inégalité dans les
strates Autres villes et Rurale Savane n'ont
pas été consistantes (-4,77% et -6,66%
respectivement d'après le coefficient de Gini). Les
augmentations d'inégalité ont été
plus fortes en régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux
que dans le pays entier (+31,33% en Forêt, +15,12%
dans les Hauts Plateaux et seulement
+0,39% au Cameroun selon le coefficient de Gini).
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Mathématique et Econométrie
87
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 12 : Décomposition de
l'inégalité selon les régions de résidence au
Cameroun (1996 et 2001)
Régions
Proportion de
population
1996 2001
1996
Gini ( = 2)
2001
?(%)
GE( )
j
Yaoundé
0,0710
(0,0096)
0,0872
(0,0056)
Contribution
relative
Yaoundé
GE( )
j
0,4869
(0,0478)
0,4327
(0,0203)
-11,13
Douala
0,0976
(0,0141)
0,0970
(0,0062)
Contribution
relative
Douala
GE( )
j
0,4845
(0,0302)
0,4100
(0,0196)
-15,38
Autres
villes
0,1285
(0,0193)
0,1637
(0,0166)
Contribution
relative
Autres villes
GE( )
j
0,3966
(0,0218)
0,3777
(0,0090)
-4,77
Rurale
Forêt
0,1816
(0,0224)
0,1447
(0,0216)
Contribution
relative
Rural Forêt
GE( )
j
0,2869
(0,0168)
0,3768
(0,0179)
+31,33
Rurale
Hauts
Plateaux
0,2791
(0,0397)
0,2625
(0,0277)
Contribution
relative
Rural Hauts
Plateaux
0,3460
(0,0259)
0,3983
(0,0150)
+15,12
1996
0,0281
(0,0070)
0,1033
(0,0236)
0,3958
(0,0797)
0,0393
(0,0079)
0,1444
(0,0255)
0,4026
(0,0549)
0,0341
(0,0050)
0,1254
(0,0196)
0,2656
(0,0287)
0,0241
(0,0025)
0,0884
(0,0109)
0,1325
(0,0152)
0,0547
(0,0092)
0,2009
(0,0339)
0,1959
(0,0316)
GE(0)
2001
0,0276
(0,0032)
0,0951
(0,0104)
0,3168
(0,0297)
0,0273
(0,0029)
0,0939
(0,0097)
0,2814
(0,0270)
0,0394
(0,0046)
0,1355
(0,0164)
0,2406
(0,0113)
0,0386
(0,0098)
0,1328
(0,0307)
0,2668
(0,0499)
0,0733
(0,0090)
0,2521
(0,0290)
0,2792
(0,0241)
?(%)
-1,78
-7,94
-19,96
-30,53
-34,97
-30,10
+15,54
+8,05
-9,41
+60,17
+50,23
+101,3
+34,00
+25,49
+42,52
1996
0,0422
(0,0158)
0,1331
(0,0454)
0,4634
(0,1147)
0,0662
(0,0167)
0,2087
(0,0438)
0,4139
(0,0569)
0,0479
(0,0088)
0,1509
(0,0295)
0,2961
(0,0380)
0,0169
(0,0021)
0,0534
(0,0088)
0,1405
(0,0168)
0,0478
(0,0091)
0,1505
(0,0328)
0,2161
(0,0338)
GE(1)
2001
0,0524
(0,0084)
0,1656
(0,0227)
0,3785
(0,0434)
0,0477
(0,0077)
0,1507
(0,0213)
0,3280
(0,0410)
0,0511
(0,0065)
0,1617
(0,0207)
0,2576
(0,0155)
0,0273
(0,0048)
0,0863
(0,0151)
0,2532
(0,0264)
0,0580
(0,0066)
0,1833
(0,0217)
0,2785
(0,0210)
?(%)
+24,17
+24,42
-18,32
-27,95
-27,79
-20,75
+6,68
+7,16
-13,00
+61,54
+61,61
+80,21
+21,34
+21,79
+28,88
1996
0,0998
(0,0579)
0,1833
(0,0513)
0,8536
(0,3098)
0,1535
(0,0524)
0,2820
(0,0448)
0,5848
(0,0946)
0,1036
(0,0308)
0,1904
(0,0286)
0,5088
(0,1104)
0,0138
(0,0025)
0,0254
(0,0027)
0,1726
(0,0247)
0,0525
(0,0131)
0,0965
(0,0136)
0,3001
(0,0603)
GE(2)
2001
0,1586
(0,0387)
0,2854
(0,0320)
0,7221
(0,1281)
0,1275
(0,0352)
0,2294
(0,0301)
0,5851
(0,1233)
0,0930
(0,0161)
0,1673
(0,0154)
0,3860
(0,0420)
0,0283
(0,0058)
0,0510
(0,0057)
0,3523
(0,0530)
0,0632
(0,0084)
0,1137
(0,0086)
0,3829
(0,0365)
?(%)
+58,92
+55,70
-15,41
-16,94
-18,65
+0,05
-10,23
-12,13
-24,14
+105,1
+100,7
+104,1
+20,38
+17,82
+27,59
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Econométrie
88
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
GE( )
j
Rurale
Savane
0,2422
(0,0310)
0,2450
(0,0281)
Contribution
relative
Savane
GE( )
j
0,3539
(0,0385)
0,3304
(0,0107)
-6,64
Inégalité
inter
groupe
Inégalité
intra
groupe
Cameroun
Contribution
relative
GE( )
j
Contribution
relative
GE( )
j
1
(0)
1
(0)
0,4062
(0,0169)
0,4078
(0,0078)
+0,39
0,0512
(0,0116)
0,1881
(0,0383)
0,2114
(0,0452)
0,0407
(0,0023)
0,1495
0,2315
(0,0480)
0,8505
0,2722
(0,0227)
0,0446
(0,0056)
0,1535
(0,0214)
0,1821
(0,0117)
0,0398
(0,0009)
0,1371
0,2508
(0,0234)
0,8629
0,2906
(0,0141)
-12,89
-18,39
-13,86
-2,21
+8,34
+6,76
0,0548
(0,0175)
0,1728
(0,0547)
0,2233
(0,0462)
0,0415
(0,0023)
0,1306
0,2759
(0,0295)
0,8694
0,3174
(0,0300)
0,0379
(0,0049)
0,1199
(0,0175)
0,1881
(0,0121)
0,0419
(0,0008)
0,1325
0,2744
(0,0153)
0,8675
0,3163
(0,0154)
-30,84
-30,61
-15,76
+0,96
-0,54
-0,35
0,0776
(0,0335)
0,1425
(0,0331)
0,3116
(0,0656)
0,0435
(0,0025)
0,0799
0,5008
(0,0782)
0,9201
0,5442
(0,0786)
0,0402
(0,0057)
0,0724
(0,0061)
0,2420
(0,0197)
0,0449
(0,0008)
0,0808
0,5107
(0,0527)
0,9192
0,5556
(0,0527)
-48,20
-49,19
-22,34
+3,22
+1,98
+2,09
Notes : Les valeurs entre parenthèses
sont les écarts-types, ?(%) représente des variations en
pourcentage et les GE( ) représentent les contributions
absolues à l'inégalité.
j
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et
Econométrie
89
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
La tendance observée pour le coefficient de Gini est aussi
saisie par la classe GE qui
montre notamment que l'inégalité a diminué
dans les grandes villes Yaoundé et Douala, les
Autres villes, la région Rurale Savane, et a
augmenté dans le reste de régions de même qu'au
niveau national. Suivant la décomposition de cette classe
d'indice, Yaoundé qui ne comptait
que 7,10% de la population totale en 1996, capturait
environ 129% de la moyenne des
dépenses totales et contribuait environ 10, 13 et 18
points de pourcentage à l'inégalité intra-
région conformément aux valeurs respectives
du paramètre d'aversion ( = 0, 1 et 2
respectivement). Quoique la part des dépenses de
cette région ait augmenté (158,6%), la
contribution de celle-ci à l'inégalité
intra-région en 2001 n'a baissé que pour les
dépenses
situées en bas de la distribution ( = 0) mais a
augmenté de 3 à 10 points de pourcentage
selon que l'on accorde les mêmes poids aux dépenses
le long de la distribution ( = 1) ou que
l'on accorde plus de poids aux dépenses situées en
haut de la distribution ( = 2) .
De manière similaire, Douala qui ne
représente que 9% de la population a vue ses
dépenses baisser de 154,77% à 146,77% et sa
contribution à l'inégalité intra-région qui
était
respectivement de 14,44%, 21% et 28% a chuté de
près de 5 points de pourcentage quel que
soit la valeur du paramètre . Il en est
de même pour les Autres villes où malgré
l'augmentation de la part de population de plus de 3%
et un accroissement de la part des
dépenses de plus de 6%, ces villes réunies
ne contribuant que 12, 15 et 19 points de
pourcentage à l'inégalité intra-groupe en
1996 (respectivement pour les trois valeurs 0, 1 et 2
de ) ont connu une augmentation de presque 1% lorsque = 0
et 1 mais a connu une baisse
de plus de 2% lorsque s'est accru durant 2001.
Parmi les régions rurales, uniquement la région
Rurale Savane a connue une baisse de
sa contribution à l'inégalité
intra-région. Constituée de plus de 24% de la population,
la
région Rurale Savane qui capturait moins de 93% de la
moyenne des dépenses en 1996 a vue
cette part diminuer d'environ 14 points de pourcentage en 2001.
Sa contribution à l'inégalité
totale a chuté de 3, 6 et 7 points de pourcentage pendant
et après les PAS respectivement pour
les trois valeurs de considérées. Les
régions Rurale Forêt et Rurale Hauts Plateaux, au
contraire ont vu leur part dans l'inégalité
intra-groupe progresser. La région Rurale Forêt où la
part des dépenses a augmenté de plus de 15% s'est
vue doter d'un poids plus important dans
l'explication de l'inégalité
intra-région. Ses parts ont varié ainsi de 9, 5 et 3
points de
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
90
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
pourcentage pour les valeurs respectives de 0, 1 et 2 de
à 13, 9 et 5 points de pourcentage,
soit une augmentation moyenne de 3%. La région Rurale
Hauts Plateaux quant à elle, déjà très
importante au départ dans l'explication de cette
même composante intra-régionale a vu ce
poids s'accroître d'environ 2 à 5%. Sa contribution
à l'inégalité totale est passée ainsi de 20,
15 et 10% à respectivement 25, 18 et 11% selon que = 0,
1 ou 2 .
Suivant les valeurs respectives de , l'inégalité
entre les différentes régions se situe
respectivement entre 15, 13 et 8% de l'inégalité
totale en 1996. Ceci implique que les mesures
de politique économique ayant pour but de
réduire l'inégalité entre ces régions vont
certes,
être importantes dans la réduction de
l'inégalité totale mais seront moins effectives.
Cependant, l'inégalité intra-groupe
représentait cette année environ 85, 87 et 92% de
l'inégalité totale suivant les valeurs
respectives du paramètre d'aversion . Ainsi, toute
stratégie de réduction de
l'inégalité intra-région sera plus efficace dans
l'éradication de
l'inégalité totale. Les variations en 2001
n'ont pas été les mêmes suivant les -valeurs. La
décomposition de l'inégalité totale
révèle que la contribution intra-régionale
explique
incontestablement l'augmentation de l'inégalité
entre 1996 et 2001 avec des contributions
variant de 85,05% à 86,29% pour = 0 et de 91,92%
à 92,01% pour = 2 . Cette tendance
change de sens lorsque le paramètre d'aversion
à l'inégalité prend la valeur 1. La
contribution intra-régionale expliquant plutôt une
tendance à la baisse de l'inégalité avec des
contributions variant de 86,94% à 86,75% pour = 1.
C'est donc plutôt les composantes inter-régionales
qui, de part leur hausse respectives,
expliquent la hausse de l'inégalité lorsque =
0 et 1. Il faut cependant noter que lorsque l'on
attribue les mêmes poids aux dépenses le
long de la distribution c'est-à-dire = 1, la
contribution intra-régionale tendant à baisser
l'inégalité totale l'emporte sur la contribution
inter-groupe, ce qui se résume par une baisse de
l'inégalité totale.
Une observation importante qui peut être
déduite de ces résultats, et qui semble être
vérifier sur toute l'analyse est que plus la
dépense moyenne est élevée dans une région, plus
celle-ci est inégale et vice versa. L'implication
de ceci est qu'au Cameroun, la pauvreté est
inversement liée à l'inégalité.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
91
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
V.3.2.2.
Polarisation selon les régions de
résidence au Cameroun sur la
période 1996-2001
Les résultats des mesures de polarisation selon les
régions de résidence récapitulés
dans le Tableau 13 indiquent que la polarisation est un
phénomène présent au Cameroun et
dont la variation pendant et après les PAS n'est
pas uniforme si l'on considère différentes
mesures de celle-ci.
Ainsi, d'après l'indice Foster-Wolfson, en 1996, les
grandes métropoles (Douala et
Yaoundé) et les Autres villes constituaient les
régions les plus polarisées du pays avec un
niveau de polarisation supérieur à celui du pays
tout entier. Douala qui détenait moins de 10%
de la population et dont la part des dépenses était
la plus élevée (154,77% de la moyenne) se
situait au sommet avec un niveau de polarisation de
49,37% suivie de Yaoundé (7% de
population et 129% de la moyenne des dépenses)
avec 45,67%. Les régions rurales étaient
celles les moins polarisées avec chacune un taux
de polarisation inférieur d'au minimum 1
point de pourcentage à celui du pays. La région
Rurale Forêt était la zone la moins polarisée
de toute (24,83%) suivie par la région
Rurale Hauts Plateaux (27,63%). Ce niveau
relativement faible de polarisation peut s'expliquer par
le fait que les populations de ces
régions, généralement tournées
vers les secteurs agricole et informel, ont des revenus
sensiblement similaires.
La tendance a sensiblement changé en 2001. La polarisation
a baissé dans les grandes
métropoles, les Autres villes et la région Rurale
Savane. Cette réduction plus intense à Douala
et à Yaoundé a ramené le degré de
polarisation de ces villes presque au niveau de celui des
autres régions où l'on a plutôt vécu
une augmentation des index de polarisation. On est ainsi
quitté de 49,37% à 33,14% à Douala et de
45,67% à 35,69% à Yaoundé.
La baisse de la polarisation a été moindre
dans les Autres villes et dans la région
Rurale Savane (-4,84% et -3,57% respectivement). La région
Rurale Savane est ainsi devenue
en 2001, la région la moins polarisée du pays du
fait de l'augmentation de la polarisation dans
les autres régions rurales.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie
Mathématique et Econométrie
92
INEGALITE ET POLARISATION AU CAMEROUN PENDANT ET
APRES LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Tableau 13 : Evolution de la polarisation selon
la région de résidence du chef de ménage au Cameroun (1996
et 2001)
Régions
Proportion de
population
1996
0,0710
(0,0096)
0,0976
(0,0141)
0,1285
(0,0193)
0,1816
(0,0224)
0,2791
(0,0397)
0,2422
(0,0310)
1
(0)
2001
0,0872
(0,0056)
0,0970
(0,0062)
0,1637
(0,0166)
0,1447
(0,0216)
0,2625
(0,0277)
0,2450
(0,0281)
1
(0)
Mesures Duclos-Esteban-Ray
?sig
-0,0263**
(0,0124)
[-2,1210]
-0,0369***
(0,0124)
[-2,9758]
-0,0090
(0,0103)
[-0,8738]
0,0273
(0,0254)
[1,0748]
0,0149
(0,0554)
[0,2690]
-0,0113
(0,0565)
[-0,2040]
-0,0041
(0,0120)
[-0,3417]
?(%)
-9,14
-12,81
-3,69
+13,40
+6,60
-4,92
-1,62
1996
0,2287
(0,0125)
0,2207
(0,0096)
0,1870
(0,0104)
0,1715
(0,0186)
0,1833
(0,0462)
0,1754
(0,0426)
0,1976
(0,0158)
2001
0,2126
(0,0097)
0,2051
(0,0121)
0,1832
(0,0031)
0,1766
(0,0069)
0,1805
(0,0068)
0,1720
(0,0050)
0,1874
(0,0036)
Indice Foster-Wolfson
2001
0,3569
(0,0183)
0,3314
(0,0148)
0,3263
(0,0120)
0,3288
(0,0196)
0,3564
(0,0217)
0,2867
(0,0136)
0,3466
(0,0081)
?sig
-0,0997
(0,0651)
[-1,5315]
-0,1623***
(0,0549)
[-2,9563]
-0,0167
(0,0365)
[-0,4575]
0,0805***
(0,0240)
[3,3542]
0,0800**
(0,0382)
[2,0942]
-0,0106
(0,0574)
[-0,1847]
0,0141
(0,0233)
[0,6052]
DER(0,5)
2001
0,2616
(0,0081)
0,2511
(0,0091)
0,2346
(0,0028)
0,2311
(0,0048)
0,2407
(0,0089)
0,2165
(0,0064)
0,2422
(0,0031)
DER(1)
?sig
-0,0161
(0,0159)
[-1,0126]
-0,0156
(0,0154)
[-1,0130]
-0,0038
(0,0109)
[-0,3486]
0,0050
(0,0199)
[0,2513]
-0,0028
(0,0467)
[-0,0600]
-0,0034
(0,0429)
[-0,0793]
-0,0102
(0,0162)
[-0,6296]
Yaoundé
Douala
Autres
villes
Rural
Forêt
Rural
Hauts
plateaux
Rurale
Savane
Cameroun
1996
0,4567
(0,0624)
0,4937
(0,0529)
0,3429
(0,0345)
0,2483
(0,0138)
0,2764
(0,0314)
0,2973
(0,0558)
0,3325
(0,0219)
?(%)
-21,85
-32,87
-4,84
+32,42
+28,94
-3,57
+4,24
1996
0,2879
(0,0093)
0,2880
(0,0084)
0,2436
(0,0100)
0,2038
(0,0250)
0,2258
(0,0547)
0,2277
(0,0561)
0,2462
(0,0116)
?(%)
-7,04
-7,07
-2,03
+2,97
-1,53
-1,94
-5,16
Notes : -Les valeurs entre
parenthèses sont les écarts-types, les valeurs entre
crochets sont les z-statistiques, ?sig représente les
différences et ?(%) représente de
variations en pourcentage.
-Pour un test bilatéral 2001-1996, les valeurs critiques
pour la z-statistique sont : 1,645 à 10%, 1,96 à 5% et 2,576
à 1%.
-Les différences marquées de *, ** et *** sont
respectivement significatives à 10%, 5% et 1%.
Source : Les calculs sont effectués par
l'auteur sur la base des enquêtes ECAM I et ECAM II,
réalisées respectivement par la DSCN et l'INS.
Mémoire présenté et soutenu
publiquement par NGOUDJI TAMEKO Charlie Yves en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etudes Approfondies ( DEA) en Economie Mathématique et
Econométrie
93
En fait, la région Rurale Forêt a battu le
record en termes d'augmentation de la
polarisation passant de 24,83% en 1996 à 32,88% en 2001 et
se hissant de ce fait devant les
Autres villes lorsqu'on classe par ordre décroissant
les régions en termes de degré de
polarisation. La hausse de la polarisation dans la
région Rurale Hauts Plateaux (de 27,64 à
35,64%) l'a propulsé en 2001 au deuxième rang des
régions les plus polarisées du pays juste
après Yaoundé qui a pris le dessus sur Douala.
Au regard des mesures Foster-Wolfson et de Gini, il est facile de
noter que l'inégalité
et la polarisation se sont comportées de
façon similaire à savoir une diminution dans les
grandes métropoles, les Autres villes et la région
Rurale Savane mais plutôt une augmentation
dans les autres régions rurales. Cependant, les taux
d'accroissement de ces deux phénomènes
ne sont pas les mêmes. Ils sont plus intenses pour les
mesures de la polarisation que pour les
celles de l'inégalité. Cette similitude entre
l'évolution de la polarisation et de l'inégalité reste
observée en grande partie lorsque ces
dernières sont mesurées respectivement par l'indice
Foster-Wolfson et la classe d'entropie.
Considérant les mesures Duclos-Esteban-Ray, on se
rend compte que la polarisation
reste un phénomène important dans les
régions de résidence au Cameroun. Comme pour
l'indice Foster-Wolfson, la mesure DER (pour = 0,5
) classe la polarisation sensiblement
dans le même ordre que celui fait par la mesure
précédente. Ce classement diffère légèrement
lorsque le paramètre d'aversion s'accroît.
Pour = 0,5 , l'indice DER classe Douala et
Yaoundé au sommet des zones les plus
polarisées avec un taux de 28,8% en 1996 suivie
des Autres villes (24,36%). Les deux
grandes métropoles Douala et Yaoundé
étaient plus polarisées que le pays pris dans
l'ensemble. En 2001, la polarisation a baissé dans les
régions urbaines, ceci de manière plus
intense à Douala (-12,81%). Yaoundé est devenue de
là, la région la plus polarisée suivie de
Douala. Tout comme avec l'indice Foster-Wolfson, la
région Rurale Forêt est devenue la
région la moins polarisée en 1996 avec un
taux de 20,38%. En 2001, la polarisation a
augmenté dans les régions Rurale Forêt et
Rurale Hauts Plateaux et a baissé en région Rurale
Savane, faisant de cette dernière, la nouvelle
région la moins polarisée.
94
Lorsque le paramètre s'accroît, l'ordre de
classement de la polarisation diffère un
peu du précédent mais cette différence
reste légère. La différence fondamentale se situe
au
niveau de la région Rurale Hauts Plateaux où
l'on enregistre une baisse de la polarisation
entre 1996-2001, contrairement à l'indice
DER(0,5) et à l'indice Foster-Wolfson. Les
mesures DER avec les valeurs de
paramètre = 0,5 et 1 révèlent une
baisse de la
polarisation dans le pays entier contrairement à la mesure
Foster-Wolfson.
Considérant donc la mesure DER , la
polarisation peut être appréhendée comme un
phénomène distinct de l'inégalité
de part leurs évolutions différentes au niveau du pays.
En
effet, pendant que la mesure DER indique une baisse de
la polarisation, le coefficient de Gini
et la classe GE nous font plutôt état
d'une hausse de l'inégalité au niveau du pays entier, ceci
lorsque l'on accorde plus de poids aux dépenses des
extrémités de la distribution.
Dans les régions de résidence,
l'inégalité et la polarisation ont une évolution similaire
si l'on considère que ces deux phénomènes
sont mesurées respectivement par le coefficient de
Gini et la mesure DER pour = 0,5 . Pendant que
ces deux phénomènes diminuaient dans
les régions Douala, Yaoundé, les Autres villes et
la région Rurale Savane durant les PAS, on
enregistrait plutôt une hausse de ceux-ci dans les
régions Rurale Hauts Plateaux et Rurale
Forêt. Lorsque la polarisation est mesurée par
l'indice DER avec le paramètre = 1,
inégalité et polarisation suivent toujours les
mêmes sens d'évolution dans les régions de
résidence à l'exception de la région Rurale
Hauts Plateaux où l'inégalité augmente tandis que
la polarisation baisse. Cette différence est aussi
observée au niveau national où inégalité et
polarisation évoluent en opposition de phase. La baisse de
la polarisation proportionnellement
plus intense est sanctionnée par une légère
hausse de l'inégalité.
En mettant en commun les mesures DER pour la
polarisation et la classe des mesures
d'entropie d'inégalité, on se rend compte que
l'inégalité et la polarisation restent presque
similaires en termes d'évolutions régionales. Les
différences très peu signifiantes se situent au
niveau de la région de Douala où il y a contraste
entre hausse d'inégalité mesurée par l'indice
GE(2) et la baisse de la polarisation. Il en est de
même pour la région Rurale Hauts Plateaux
dans laquelle la forte augmentation de
l'inégalité d'après la classe GE est
suivie d'une
augmentation de la polarisation lorsque le paramètre
d'aversion est faible mais celle-ci
changeant de tendance lorsque le paramètre
s'accroît. Par contre, inégalité et polarisation
95
baissent simultanément lorsque l'indice GE(1)
est utilisé pour mesurer l'inégalité. L'intensité
de la baisse est en faveur de la polarisation qui connaît
une forte diminution quel que soit la
valeur du paramètre (-1,62% lorsque = 0,5 et -5,16%
lorsque = 1).
La décomposition de l'inégalité et de la
polarisation selon les milieux urbains-ruraux
ne donne pas des résultats différents de
ceux donné par cette décomposition selon les six
régions ou zones agroécologiques
(Yaoundé, Douala, Autres villes, région Rurale Forêt,
région Rurale Hauts Plateaux et région Rurale
Savane). On a enregistré une baisse de
l'inégalité et de la polarisation en milieu
urbain. Ce résultat a été retrouvé dans les
strates
Yaoundé, Douala et Autres villes qui sont en fait les
constituants du milieu urbain. Le milieu
rural ainsi que les régions Rurale Forêt et
Rurale Hauts Plateaux ont toutes connu une
augmentation de leurs niveaux d'inégalité et
de polarisation entre 1996 et 2001. Ce n'est
qu'en région Rurale Savane où les résultats
ont été quelque peu différents. L'on y a enregistré
plutôt une baisse de l'inégalité et de la
polarisation.
V.4. Conclusion
L'inégalité est un phénomène plus
intense au Cameroun que la polarisation de part
leur niveau relatif. Il en est de même lors de leur
répartition au niveau des milieux et régions
de résidence. On constate aisément que ces deux
phénomènes qui semblaient en 1996 être liés
à l'urbanisation ne le sont pas en
réalité. En 2001, polarisation et inégalité
sont d'autant
élevées dans les grandes villes que dans certaines
régions rurales comme les Hauts Plateaux et
la région Forêt. Elles peuvent être
liées au niveau de richesse car l'on remarque que celles-ci
ont pris de l'ampleur dans les régions où
les parts de dépenses ont augmenté et ont baissé
dans le cas contraire. En outre, la distinction entre
les deux phénomènes de part leurs
évolutions, est liée aux différentes mesures
utilisées pour les appréhender.
Ainsi, il est facile de remarquer que la mesure
Foster-Wolfson utilisée pour la
polarisation se rapproche plus du coefficient de Gini
d'inégalité puisqu'ils font état d'une
évolution similaire des deux phénomènes.
Les mesures qui donnent une évolution de la
polarisation différente de celle de
l'inégalité sont les mesures Duclos-Esteban-Ray
(DER) .
Cette mesure est basée sur le double principe
d'identification-aliénation. Duclos et al (2004)
stipulent en effet que la polarisation est liée
à l'aliénation que les individus ou groupes
ressentent réciproquement l'un de l'autre mais cette
aliénation est alimentée par les notions
96
d'identité intra-groupe. L'inégalité, de
part son aliénation interpersonnelle ne capture qu'un
aspect de la polarisation. Ces deux phénomènes ne
varient dans le même sens que lorsque la
distance économique qui sépare les groupes de
dépenses de la distribution considérée est
grande.
97
|