1.4- Statut actuel des populations des deux
échassiers étudiés dans la région de Batna
1.4.1- Statut actuel des populations de la Cigogne
blanche
Nous n'avons pas fait une estimation de la taille de la
population de la Cigogne blanche dans la région de Batna. Très
récemment, un recensement de nids de C. ciconia a
été réalisé dans la wilaya par DJADDOU et BADA
(2006) qui l'ont estimé à 490 nids avec 7 nids non
occupés. Ces nids sont répartis sur un ensemble de 15 daïras
visités couvrant un total de 45 localités. Ainsi, la plus
importante colonie rencontrée dans le territoire de la wilaya de Batna
est celle d'El Madher avec 50 nids occupés et 3 nids non occupés,
ce qui représente 10,8 % de la population de la wilaya. En
deuxième position se classe la population de la ville de Batna avec 35
nids occupés et un nid non occupé et en troisième lieu
vient la colonie d'Ain Touta avec 33 nids occupés (DJADDOU et BADA,
2006).
Selon ces derniers auteurs, l'occupation spatiale des colonies
montre que la Cigogne blanche colonise beaucoup plus la partie Nord-est de la
wilaya (plaines d'El Madher et d'Ain Touta) et à un degré moindre
la région nord (plaine de Belezma), par le fait que ces régions
offriraient les meilleurs milieux d'alimentation habituellement
fréquentés par l'espèce.
Les recensements, aussi exhaustifs, réalisés en
en collaboration entre le département de Biologie (Association
scientifique Biologie, Biodiversité et Durabilité) et la
conservation des forêts de la wilaya de Batna, montrent une
évolution des effectifs ces dernières années, qui sont
estimés à 593 en 2007 nids et 670 nids en 2008.
1.4.2- Statut actuel des populations du Héron
garde-boeufs
Les résultats de l'enquête locale menée
dans une vingtaine de lieux dans le territoire de la wilaya de Batna nous ont
révélé d'importantes informations sur la date
d'installation de B. ibis, sur sa bio- écologie et sa relation
avec l'homme dans cette région.
En effet, cette enquête a montré que
l'espèce est à installation récente dans cette
région et les dates de première observation vont, selon les
régions, de 1995 à 2005. Les premières villes investies
par l'espèce sont Ain Touta en l'an 1995, Ras Layoun en l'an 2000,
Merouana, El Madher et Tazoult en l'an 2002 et N' Gaous en l'an 2003.
La récente installation du garde-boeufs expliquerait
l'absence d'une dénomination locale de l'espèce, où nous
avons enregistré un pourcentage important de réponses (85,7 %)
qu'il n'a pas d'appellation. Certains ont donné l'appellation de «
l'oiseau de la mer » « Farkh Labhar » tout en racontant qu'ils
ont l'habitude de le voir sur les régions littorales, ou « la poule
d'eau » « Djaj El Ma » parce qu'ils l'ont observé
fréquentant des milieux humides de la région (Oueds,
barrages...).
Concernant son statut phénologique, les personnes
interrogées habitant près de ses colonies de reproduction ont
rapporté qu'il est sédentaire nicheur, alors que celles habitant
loin de ses colonies ont rapporté qu'il est sédentaire sans
préciser sa nidification. Plus de 54 % de gens questionnés,
rapportent qu'il est observé durant toute l'année, confirmant
ainsi son statut d'espèce sédentaire.
La première année de nidification de B.
ibis dans la région de Batna est notée en l'an 1995 à
Ain Touta (RIGHI Y., cadre au Parc National de Belezma, com. pers.). A
partir de cette année, l'expansion du garde-boeufs dans la région
d'étude n'a pas cessé d'augmenter. Le nombre de dortoirs est
actuellement estimé à 16 et le nombre de colonies à 10.
Ceci démontre l'augmentation importante des effectifs nicheurs durant
ces dernières années et l'implantation de l'espèce en tant
que sédentaire nicheuse.
Concernant la relation de l'oiseau avec l'homme, les personnes
interrogées dans cette enquête semblent ne pas donner une grande
importance à l'espèce, étant donné que la
moitié d'entre eux (48,8 %) rapportent qu'il n'est ni utile ni nuisible
ou peut être auxiliaire à l'agriculture. Il est toutefois
considéré importun dans les dortoirs et colonies parce que c'est
une espèce bruyante et qui a des fientes nauséabondes et acides
qui dessèchent le support végétal qu'il utilise. Cette
enquête a révélé aussi que le Héron
garde-boeufs n'est pas dissuadé ni chassé ou consommé dans
la région de Batna.
Ceci est contrairement à ce qu'a
révélé une enquête similaire réalisée
à Béjaia par SI BACHIR (2007), qui a conclu que le garde-boeufs
dans la Kabylie de la Soummam, connu depuis les années quarante, a une
multitude de nominations : « Agtit El Male » « oiseau du
bétail », « Tayazite El Male » « poule du
bétail ».... Cette étude a montré également
qu'il pourrait porter préjudice à la qualité du sol par le
prélèvement excessif de vers de terre ou même causer des
dégâts aux cultures de Cucurbitacées (pastèque et
melon) en les picorant lors de la capture d'insectes. En effet, ce dernier
auteur a confirmé l'utilisation de moyens de dissuasion (pièges
divers, coups de feu, tir de pierres...) par les paysans de la région
pour l'éloigner de leurs champs.
A l'image de son expansion géographique mondiale
(KUSHLAN et HANCOCK, 2005), en Algérie, l'expansion de l'espèce
est signalée à partir des années 1992-1993 ;
l'implantation de nouvelles colonies est notée en Kabylie, sur les hauts
plateaux et en descendant jusqu'aux zones semis arides (Sétif, Batna) et
mêmes aux régions arides (Biskra) (MOALI et ISENMANN, 1993 ;
MOALI, 1999 ; ISENMANN et MOALI, 2000 ; SI BACHIR, 2007).
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