1.3- Evolution des effectifs des deux espèces
Nous avons distingué principalement quatre phases
d'évolution des effectifs correspondant aux phases phénologiques
des modèles biologiques étudiés : période
d'hivernage, période de pré-reproduction, période de ponte
et couvaison et période de post reproduction.
1.3.1-Evolution des effectifs de la Cigogne
blanche
Pendant la période de ponte et couvaison, nous avons
noté un nombre important de cigognes dans les deux zones d'étude,
à Merouana et à El Madher. En période d'élevage,
nous avons enregistré une diminution des effectifs des cigognes dans les
milieux d'alimentation, ceci revient au fait que les cigognes ne
s'éloignent pas des colonies de reproduction et se concentrent sur les
gagnages les plus proches des sites de nidification.
Pendant la phase de post reproduction (juillet-août),
les effectifs de cigognes ont augmenté à El Madher et ont
diminué à Merouana. Ceci serait en relation avec la dispersion
des adultes et des jeunes de l'année dans les gagnages.
1.3.2-Evolution des effectifs du Héron
garde-boeufs
Pendant la période d'hivernage
(novembre-décembre), nous avons noté un grand effectif de
hérons garde-boeufs à El Madher (208 individus) et à
Merouana (110 individus) ce qui serait probablement dû à
l'arrivée de migrateurs hivernants qui se joignent aux populations
autochtones. Ces deux régions sont situées dans la zone des
hautes plaines ce qui leur procurent une nourriture niche et variée
même pendant cette période à basses températures.
Dans le complexe des zones humides d'El Kala, le nombre de garde-boeufs diminue
en période d'hivernage sous l'effet des pluies intenses qui inondent la
plupart des milieux d'alimentation (CHALABI-BELHADJ, 2008).
Durant la période de pré-reproduction
(janvier-février-mars), les effectifs des gardeboeufs diminuent par le
fait que la population hivernante part vers d'autres sites de reproduction et
il ne reste dans la région d'étude que les reproducteurs
locaux.
L'augmentation des effectifs des garde-boeufs pendant la
période d'hivernage et leur diminution en période de
pré-reproduction est constatée aussi par FRANCHIMONT (1986b) au
Maroc et par SALMI (2001) à Béjaia.
En période de ponte et couvaison (avril-mai-juin), les
effectifs des garde-boeufs dans les gagnages diminuent par le fait que les
colonies de reproduction sont investies et la majorité des individus se
concentrent au voisinage des sites de reproduction.
La période d'élevage est
caractérisée par une activité de chasse très
intense que montre les adultes nicheurs pour satisfaire leurs besoins
alimentaires et ceux de leur progéniture et ne s'éloignent pas,
de ce fait, des sites des colonies. Ceci expliquerait l'importance des
effectifs de garde-boeufs en cette période à El Madher (265
individus) et à Merouana (240 individus), sachant notamment que les
itinéraires choisis couvrent une aire importante des principaux milieux
fréquentés et passent non loin des colonies de reproduction.
Selon CHALABI-BELHADJ (2008), durant la saison de nidification
de hérons gardeboeufs dans le complexe de zones humides d'El Kala, la
dispersion des individus devient moins lâche et on assiste à un
regroupement plus important et une concentration des individus sur les gagnages
proches des sites de nidification situés dans les secteurs du marais de
la Mekhada et du Lac Tonga.
Pendant la phase de post-reproduction (août-septembre),
les effectifs de B. ibis diminuent légèrement. Cette
phase correspondrait à la fin de la période de nidification, donc
à la dispersion des jeunes de l'année et des adultes. Ces
résultats sont similaires à ceux obtenus par CHALABI-BELHADJ
(2008), qui a noté des effectifs relativement importants de gardeboeufs
en cette période.
L'évolution des effectifs saisonniers de la Cigogne
blanche et du Hérons garde-boeufs sur les itinéraires choisis,
dépendrait non seulement du cycle biologique de l'espèce, mais
également des conditions du climat et des activités humaines.
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