8- Ecologie trophique
8.1- Composition du régime alimentaire
De nombreux auteurs dans le monde ont montré que le
Héron garde-boeufs se nourrit essentiellement d'insectes : KADRY-BEY
(1942) en Egypte, IKEDA (1956) au Japon, BURNS et CHAPIN (1969) en Louisiane
(U.S.A.), SIEGFRIED (1966b, 1971c, 1978) en Afrique du sud, FOGARTY et HETRICK
(1973) en Floride (U.S.A.), BREDIN (1983, 1984) en Camargue (France) et RUIZ et
JOVER (1981) en Espagne, RICHARDSON et TAYLOR (2003) en Australie.
En Algérie, les résultats les plus notables,
obtenus suite à l'analyse des pelotes de réjection des adultes ou
des régurgitats de poussins montrent que l'espèce a
principalement un régime alimentaire insectivore. Selon la région
d'étude et la période de l'année, l'espèce se
nourrit essentiellement d'orthoptères et de coléoptères
(DOUMANDJI et al., 1992-1993 ; BENTAMER, 1998 ; HARIZIA, 1998 ;
BOUKHEMZA et al., 2000-2004 ; SI BACHIR et al., 2001).
Le garde-boeufs est un oiseau insectivore par excellence.
Toutefois, au sein d'une même région, sa nourriture subit des
variations au cours des différentes saisons et des variations au cours
des années. Parmi les invertébrés non aquatiques,
SIEGFRIED (1966b-1971c), note l'importance qu'ont les vers de terre dans
l'alimentation du garde-boeufs pendant la saison des pluies en Afrique du sud.
En période de gel, les vers de terre, indisponibles, sont
remplacés par des petits mammifères en Camargue (BREDIN,
1983-1984) et dans le delta Del Ebro en Espagne (RUIZ, 1985).
Des données assez ponctuelles, signalent
également la prédation sur des poissons, des reptiles, des
oiseaux et des mammifères (DUXBURY, 1963 ; CUNNINGHAM, 1965 ; HERRERA,
1974 ; TAYLOR, 1979). La consommation d'ectoparasites telles les tiques
paraît également très occasionnelle voire même
exceptionnelle (BATES, 1937 ; BEVEN, 1946 ; HOLMAN, 1946 ; SKEAD, 1963).
8.2- Milieux d'alimentation
Contrairement aux autres Ardéidés, le
Héron garde-boeufs est un oiseau semiaquatique et dans certaines
régions il est essentiellement «terrestre». Parmi les milieux
aquatiques fréquentés, seuls les zones d'eau douce ou
légèrement saumâtres sont exploitées. Selon VOISIN
(1978), aucun garde-boeufs n'a jamais été vu dans les salins
(exploitations de sel) de Camargue ; l'espèce niche pourtant non loin de
là. Le garde-boeufs chasse et pêche, le plus souvent, dans des
milieux pourvus d'une végétation assez abondante.
Le Héron garde-boeufs fréquente principalement
les marais, les garrigues dégradées, les dépôts
d'ordures, les champs labourés, les cultures basses, les mares
temporaires, les plaines basses, les deltas ou les larges vallées,
où cet échassier jouit des ressources abondantes pendant toute
l'année, comme il fréquente les prairies, les zones
boisées et les marécages (ETCHECOPAR et HÜE, 1964 ; DORST,
1971a ; VOISIN, 1979-1991 ; BREDIN, 1983 ; FRANCHIMONT, 1986b ; DOUMANDJI et
al., 1988). Cela n'exclut nullement l'exploration des collines et des
zones arides quand elles sont parcourues par le bétail (GEROUDET, 1978).
L'espèce fréquente également des lieux d'importance
mineure, comme les jardins cultivés près des
agglomérations (CRAUFURD, 1965) ainsi que les bords des ruisseaux. Ces
derniers ne sont fréquentés que pour s'alimenter en eau
(FRANCHIMONT, 1986b).
Dans plusieurs régions du monde, les
dépôts d'ordures sont de plus en plus fréquentés par
le garde-boeufs (HAFNER, 1977 ; RENCUREL, 1972 ; DEAN, 1978 ; FRANCHIMONT,
1986b ; DOUMANDJI et al., 1988 ; BOUKHEMZA, 2000 ; YORIO et GIACCARDI,
2002 ; SI BACHIR, 2007).
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