6- Migration, erratisme et sédentarisation
Il est difficile de distinguer la migration et la dispersion
chez les garde-boeufs, car ces derniers ont une tendance marquée pour le
vagabondage. Cette tendance est sans doute en grande partie responsable de la
forte extension de l'aire de distribution qui peut être
caractérisée par des incursions répétées,
des colonisations temporaires, des régressions et, selon les conditions,
l'établissement dans des régions de plus en plus distantes
(HANCOCK et KUSHLAN, 1989).
Les garde-boeufs se déplacent du sud-ouest de l'Europe
vers le sud pour hiverner en Afrique du Nord (HANCOCK et KUSHLAN, 1989). Dans
les principaux quartiers de reproduction, tels la Péninsule
Ibérique ou le sud de la France, l'espèce est aujourd'hui
largement sédentaire et ne s'éloigne qu'en automne par des
distances relativement faibles, quelques centaines de kilomètres au plus
(KUSHLAN et HAFNER, 2000 ; SARASA et al., 1994). Le détroit de
Gibraltar constitue le seul endroit où des mouvements de migration sont
observés entre l'Europe et l'Afrique du Nord mais les migrateurs
espagnols ne dépassent vraisemblablement pas le Maroc (HEIM DE BALSAC et
MAYAUD, 1962).
Les reproducteurs nord-africains sont considérés
comme résidants mais certainement pas sédentaires. Ils se
dispersent en direction du sud le long de la bande côtière,
suivant peut être davantage les fluctuations des ressources alimentaires
qu'un logique schéma migratoire saisonnier. Dans leurs
déplacements, les populations nord-africaines ainsi que celles de
l'Ethiopie évitent le Sahara (HANCOCK et KUSHLAN, 1989 ; HEIM DE BALSAC
et MAYAUD, 1962). Selon HEIM DE BALSAC et MAYAUD (1962), les quelques sujets
observés au Sahara ou en deçà des Atlas ne
représentent que des cas d'erratisme.
(A)
(B)
Figure 5- Evolution de l'aire de nidification avec
importance des colonies (A) et répartition hivernale du Héron
garde-boeufs en Algérie (B) (SI BACHIR, 2007).
7- Biologie de la reproduction
7.1- Maturité sexuelle
Selon BREDIN (1983), les garde-boeufs sont
généralement monogames et sont capables de se reproduire
dès la première année d'âge. Pour SIEGFRIED (1971a
et b), la maturité sexuelle de B. ibis est atteinte à
l'âge d'un an alors que le plumage adulte n'est pas encore
complètement acquis. Toutefois, la proportion d'oiseaux se reproduisant
dès cet âge n'est pas connue.
7.2- Choix des colonies de nidification et du site du
nid
Comme les dortoirs, les colonies de nidification sont
situées dans des arbres et une colonie peut accueillir plusieurs
milliers de couples de B. ibis uniquement ou de plusieurs
espèces de Ciconiiformes (HAFNER, 1977 ; BLAKER, 1969).
En Camargue, d'après TOURENQ et al. (2004), le
Héron garde-boeufs choisi les sites de reproduction et
préfère ceux entourés de rizières, milieux
utilisés en alimentation.
En dehors de la période de reproduction, la colonie est
soit désertée soit utilisée comme dortoir (BLAKER, 1969 ;
GEROUDET, 1978). Toutefois, les colonies de nidification ne sont construits que
dans des sites sécurisés contre les aléas climatiques et
les prédateurs, généralement à proximité de
milieux de gagnages et où des branches sèches procurent des
matériaux de construction (FRANCHIMONT, 1985 ; SIEGFREID, 1972 ; SI
BACHIR, 2007).
Les essences d'arbres utilisées diffèrent d'une
région à une autre. La héronnière peut
s'établir sur des jujubiers épineux (GEROUDET, 1978), parfois
dans des bosquets de Pins, d'Eucalyptus et même de Chêne
liège (ETCHECOPAR et HÜE, 1964). Parmi les arbres porteurs de nids
on trouve aussi le Peuplier blanc, l'Ormeau, le Frêne ainsi que le
Figuier, en Camargue (HAFNER, 1980) ; des Caroubiers, des Pistachiers et des
Oliviers à Asjène, au Maroc (FRANCHIMONT, 1985). Ils s'installent
sur l'Acacia (Acacia confusa) et l'Eucalyptus, (Eucalyptus
sp.) en Chine (LIANG et al., 2006) ; l'Eucalyptus, le Platane, le
Frêne, le Cyprès et l'Araucaria en Algérie (BOUKHEMZA et
al. 2006).
Selon HAFNER (1980), SAMRAOUI et al. (2007) et SI
BACHIR et al. (2008) l'installation des nids dans les arbres de
reproduction a lieu d'abord dans les zones centrales ensuite elle
s'étale vers la périphérie. Ces derniers auteurs rajoutent
que le centre offre de meilleures conditions aux nicheurs ainsi qu'une
meilleurs protection pour leurs nouveaux nés.
En Inde, HILALUDDIN et al. (2003), et en Camargue,
DAMI et al. (2006), dans une colonie mixte du héron
garde-boeufs et de l'Aigrette garzette, le garde-boeufs occupe les meilleurs et
les plus hauts emplacements et déplace l'aigrette aux zones
périphériques.
SI BACHIR (2007), démontre que lors de leur
nidification, les garde-boeufs s'installent de préférence sur les
arbres les plus hauts dans la position la plus haute et la plus proche du tronc
et réussissent, de ce fait, à avoir un meilleur succès de
reproduction.
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