2- Présentation du projet de Jatropha de
proximité
2.1- Présentation générale
Le cas d'étude est un projet de plantations de Jatropha
localisé dans le département de Foundiougne (confère carte
en annexe). Les acteurs directs de ce projet sont la Fédération
des groupements de Producteurs de Tabanani (Jatropha) de Foundiougne (FPTF)
composée de 10 groupements de 400 agriculteurs et la
société Performances qui est un cabinet spécialisé
dans le conseil pour un développement durable.
Ce partenariat entre la structure sénégalaise de
conseil (Performances) et l'association de producteurs a abouti à
l'initiative du programme dénommé « Energie Eau
Solidarité Foundiougne (EESF) » murie et portée depuis 2007.
Son objectif est « de créer les conditions d'une
amélioration significative et durable des conditions de vie dans le
département de
18 SBE est le nom de la Société
Boulonnerie Europe S.p.A, société faisant partie du groupe
Vescovini
Foundiougne (Région de Fatick,
Sénégal) : les revenus générés par la
valorisation de la production de plantations de Jatropha (Tabanani en langue
locale) permettront de développer et de pérenniser l'accès
des populations à des services d'eau et d'électricité de
qualité. ». Il se veut « porteur de valeurs de
solidarité et d'équité, sans lesquelles il ne peut y avoir
de développement durable. » (EESF, 2009).
La stratégie retenue est le développement d'une
filière courte de production d'huile végétale pure
à base de Jatropha contrôlée par les acteurs ruraux
eux-mêmes à savoir les producteurs, les transformateurs et les
promoteurs de produits et services dérivés. Ainsi, le programme
s'est structuré autour d'une trentaine de pôles de
développement, zones de production regroupant 5 à 10 villages.
Le programme EESF lancé en juin 2008, a fait ses premiers
pas selon la chronologie suivante :
? la mise en place de la structure de gestion du programme en
l'occurrence la SOPREEF (Société pour la Promotion de
l'Accès à l'Energie et à l'Eau dans le département
de Foundiougne), société à responsabilité
limitée (SARL) de droit sénégalais créée par
les deux protagonistes cités supra. Le capital de la
société est ouvert à d'autres partenaires. Seulement, la
signature d'une convention d'associés est un préalable à
l'entrée de tout nouvel associé au capital de SOPREEF.
? La mobilisation de 400 agriculteurs de la
Fédération des Producteurs de Tabanani pour la réalisation
des premières plantations;
? L'identification des 5 premiers pôles de
développement, la définition de leur mode de gestion et
l'étude de faisabilité pour l'établissement d'une
première plateforme multifonctionnelle dans un pôle.
Les instigateurs entendent donner à SOPREEF le cachet
d'une entreprise solidaire au sein de laquelle l'ensemble des acteurs sont
représentés et bénéficient d'une méme
capacité de participation aux processus de décision. C'est ainsi
qu'ils ont arrêté que les paysans et les experts décident
à voix égales au sein du conseil d'administration.
Néanmoins, les experts mettent souvent à profit leur savoir-faire
et leurs relations au service de l'entreprise commune pour « faire avancer
les choses ».
Les premiers acquis du programme EESF capitalisés dans les
rapports 2008-2009 sont les suivants :
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Mémoire Master Amadiane DIALLO
? Expression d'un engagement fort, de chacune des parties
impliquées, à réaliser le programme : le programme a
été entièrement autofinancé jusqu'en fin
février 2009, et le niveau de cohésion est très
élevé entre la FPTF et le concepteur du projet, la
société Performances. L'investissement réalisé par
ses promoteurs représente à cette date environ 50 Millions
FCFA.
? Contribution active à la promotion d'un modèle
de développement durable : le programme diffuse sur le site internet
du RIAED (Réseau International d'Accès aux Energies Durables) les
connaissances qu'il a capitalisées (notes relatives à la culture
du Jatropha, à la conception d'une unité de trituration
villageoise, à la relation entre biocarburants et développement
durable, sécurité alimentaire notamment...).
? Etablissement de partenariats pour le développement
des connaissances sur la culture du Jatropha : partenariat avec ADG (qui
met déjà en oeuvre un programme d'expérimentation sur la
culture du Jatropha au Sénégal, avec l'appui de la Faculté
d'Agronomie de Gembloux) et GERES (ONG française animant un
réseau régional de porteurs de projets de production d'huile
végétale pure).
? Recrutement d'un technicien agricole : sa mission
à court terme est d'accompagner les producteurs de la FPTF afin de
maximaliser le taux de réussite dans l'établissement des
plantations et de capitaliser leur expérience.
? Etablissement d'un partenariat avec le Programme National
Plateformes Multifonctionnelles financé par le PNUD : l'objectif est
d'installer au niveau de 5 pôles de développement, des plateformes
fonctionnant à l'huile Jatropha équipées d'un moteur de 20
cv, d'un broyeur et d'un " décortiqueur » à
céréales, d'un alternateur (recharge de batteries, soudure) et
d'une presse à huile.
Le programme EESF a aussi prévu l'installation d'une
huilerie polyvalente de trituration de Jatropha, d'arachide et de sésame
au niveau central du département. Un des objectifs sera de produire des
huiles alimentaires de première extraction à froid, avec option
« label bio » en plus de la production de biodiésel. Ce qui
implique une logique de production globale avec des consommations
énergétiques minimes (pas d'engrais minérales, ni de
pesticides...). En plus, il sera établi au niveau de chaque zone de
production une petite huilerie locale de même type pour favoriser la
" production au niveau des pôles de développement ruraux
d'huile végétale brute et son utilisation au niveau local pour
générer de la force motrice ou de l'électricité
».
Ainsi, le programme met en oeuvre des activités qui
visent « à développer les capacités locales
à trois niveaux : intégration de plantations villageoises de
Jatropha dans les systèmes agricoles existants, gestion des
investissements réalisés dans les zones de production, et
techniques de transformation et de commercialisation. Sa stratégie est
de décentraliser les activités de transformation afin de
maximiser les revenus générés directement au niveau
villageois. »
Le lancement du programme EESF a été
facilité par :
? les premiers investissements du principal promoteur qu'est le
cabinet Performance
? la mise en place du cadre de gestion du programme (EESF) qui a
bénéficié d'un appui financier de la Fondation Veolia pour
ses 6 premiers mois d'activité.
? L'établissement d'une convention cadre qui
définit les partenariats stratégiques sur lesquels s'appuiera le
programme EESF ; elle a été officiellement validée par
l'Agence Sénégalaise d'Electrification Rurale (ASER), le
Programme Régional Energie Pauvreté (PREP), le Programme Eau
Potable et Assainissement pour le Millénaire (PEPAM), le Conseil
Régional de Fatick (CRF), le programme AREED de l'ONG ENDA Tiers
Monde.
? la distribution de semences de Jatropha curcas auprès de
10 groupements de
producteurs pour la plantation d'environ 400 ha dans une
vingtaine de villages.
Le démarrage opérationnel du volet «
biocarburant » du programme EESF a été effectif en fin juin
2008 avec le début des plantations de Jatropha.
2.2- Les modes de plantation du Jatropha
suggérés aux exploitations agricoles familiales Trois
modes de plantations ont été recommandés aux producteurs
pour la plantation du Jatropha.
? En culture pure : la première recommandation est de
semer dès les premières pluies afin de bénéficier
d'une période de croissance la plus longue possible. Les
écartements préconisés sont de 2,5 x 2,5 m pour une
densité de semis de 1600 plants/ha.
? En culture associée : il a été
conseillé d'alterner, dans une même parcelle, le Jatropha et la
culture annuelle de préférence l'arachide avec des
écartements entre les lignes de Jatropha de 10 m et 2,5 m sur la ligne.
Ce qui va donner une densité de 400 plants à l'hectare. Les
lignes de semis de l'arachide doivent aussi être espacées de
celles du
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Mémoire Master Amadiane DIALLO
Jatropha d'au moins 50 cm. C'est le mode de plantation qui a
été le plus conseillé par le projet.
? En haie vive : le Jatropha doit être planté en
deux rangées espacées de 0,50 m avec des écartements de 1
m entre les plants. Ce qui donne l'équivalent de 800 plants pour la
clôture d'une parcelle d'un ha ou 2000 plants sur une haie d'un km.
Les semis directs ont été encouragés
dès la première année. Mais, face aux attaques
dévastatrices des iules et des sautereaux au stade plantule, le recours
aux pépinières a été l'alternative salvatrice. Le
traitement avec le «margousier» ou «neem» (Azadirachta
indica) est préconisé pour lutter contre les éventuelles
attaques.
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