4.2.3- Une estimation du rendement jugée
raisonnable :
"Une étude réalisée par
l'IFEU6 (Reinhardt, 2008), à partir des données du
Central Salt and Marine Chemicals Research Institute (Inde) et de
l'Université de Hohenheim (Allemagne), donne des prédictions de
rendements en graines sèches selon 3 scénarios de production : un
scénario actuel, un scénario « optimisé », et un
scénario « idéal ». Il ressort que le rendement de 5
t/ha de graines sèches, souvent annoncé comme facilement
réalisable, est en réalité à considérer
comme un niveau de rendement optimal avec des techniques culturales
optimisées et des écotypes performants et adaptés à
la zone considérée".
Les données de cette étude sont reprises dans le
tableau ci-après.
Tableau 1 : Rendement en graines sèches à
5,8% d'humidité (kg/ha/an) selon 3 scénarios de
culture
Scénario
|
Année 1
|
Année 2
|
Année 3
|
Année 4
|
Année 5- 20
|
Moyenne
|
1
|
0
|
268
|
803
|
1 606
|
1 606
|
1 418
|
2
|
0
|
535
|
1 606
|
2 676
|
2 676
|
2 382
|
3
|
496
|
991
|
2 974
|
4 956
|
4 956
|
4 436
|
Source : IFEU, 2007
NB :
1 : scénario reflétant les conditions actuelles de
culture du Jatropha (sans optimisation)
2 : scénario avec optimisation de l'itinóaire
technique
3 : scénario avec optimisation de l'itinéraire
technique et amélioration variétale
4.2.4- Extraction de l'huile :
"Traditionnellement, l'huile de Jatropha était
extraite par des procédés simples : les graines étaient
d'abord décortiquées, puis les amandes bouilles dans l'eau.
L'huile surnageant dans le récipient était alors facile à
récupérer.
6 Institut Für Energie- und Umweltforschung (Allemagne)
11
Mémoire Master Amadiane DIALLO
Pour l'extraction de graines oléagineuses à
des fins commerciales, on utilise le pressage mécanique ou l'extraction
par solvant. La première méthode permet d'extraire entre 90 et 95
% de l'huile de la graine avec une presse, et la seconde 99 % ".
4.2.5- Impact potentiel sur l'environnement :
Malgré les intérêts potentiels que
présente le Jatropha pour la production de biocarburant surtout au
bénéfice des collectivités locales, il n'en demeure pas
moins des questions à prendre en compte quant à son impact
potentiel sur l'environnement.
? Jatropha et biodiversité : dans
plusieurs pays comme l'Archipel des Comores, l'Est du Mozambique, l'Australie
occidentale, le Jatropha a été classé comme une plante
à caractère invasif où sa présence est
considérée comme problématique (LOW et al, 2007). La
difficulté à le contrôler a ainsi conduit l'Australie
occidentale à interdire sa culture en 2006. Mais le caractère
invasif du Jatropha n'est pas prouvé, et dépend des conditions
pédoclimatiques des zones considérées. La question de la
difficulté à contrôler son expansion peut toutefois se
poser en cas de développement à grande échelle. D'autre
part, la culture sur des zones plus ou moins dégradées est
susceptible de se substituer à d'autres espèces
végétales et des espèces animales associées. Il y
existe donc un réel risque de perte de biodiversité si de vastes
superficies sont implantées en Jatropha.
? Risques phytosanitaires avec une mise en
culture de grandes superficies Jatropha sur les cultures vivrières comme
le manioc qui appartient à la même famille des
euphorbiacées. L'emploi éventuel de produits phytosanitaires
à grande échelle pour contrôler ces ravageurs aura
également un impact sur la faune locale spécifique de ces
zones.
? La pollution due à la
toxicité du tourteau est à prendre en compte en cas de son
utilisation comme engrais organique. Mais aucune étude n'est aujourd'hui
disponible sur les risques de contamination du sol, des nappes
phréatiques, ou des cultures alimentaires par les substances toxiques
présentes dans le tourteau. Ce fut le cas du tourteau de ricin qui est
utilisé comme engrais organique en agriculture biologique en France
alors qu'aucune étude de toxicité n'a été
réalisée préalablement (MAURA cité par DOMERGUE
& FIROT, 2008).
? Ressource en eau : une étude
réalisée en Afrique du Sud par Holl et al (2007) sur l'impact de
la culture de Jatropha sur le milieu naturel a évalué les besoins
en eau de la culture par un suivi régulier de la consommation de plants
de 4 et 12 ans. Il s'avère que dans la plupart des cas, la consommation
de la culture (entre 200 et 1200 mm) est largement inférieure à
celle de la végétation en place sur un pas de temps annuel.
L'étude en déduit que
12
Mémoire Master Amadiane DIALLO
le risque de diminution de débit en eau des bassins
versants n'est pas à retenir et que, de ce point de vue, la culture
pluviale du Jatropha n'aura pas d'impact négatif sur l'environnement.
L'irrigation de telle culture n'étant pas envisagée, l'auteur
considère que, pour être économiquement
intéressante, elle ne peut s'envisager qu'à partir d'une
pluviométrie minimale de 800 mm.
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