CONCLUSION ET SUGGESTIONS
Conclusion
L'étude de la dynamique de la matière
organique d'Acacia auriculaeformis et de l'influence
de la fertilisation organique et minérale dans les systèmes
à base de maïs sur les sites des forêts classées de
Pahou, de Sèmè et de Ouèdo où Acacia
auriculaeformis occupe plus des 2/3 des superficies
plantées, a montré que l'espèce produit une biomasse
abondante. Elle a aussi permis d'obtenir des résultats relatifs aux
aspects écologiques, agroforestiers du système à base de
maïs et de soulever ceux de renouvellement des forêts
plantées par voie de régénération naturelle
générative impliquant des populations riveraines.
Il a été remarqué que les
populations riveraines de ces forêts sont de plus en plus
impliquées dans leur gestion sur la base d'une stratégie
participative de gestion retenue par le gouvernement. Ainsi, dans une approche
Tungya, c'est à dire dans les liens de la faim de terre agricole, les
populations s'adonnent alors à la culture du maïs entre les coupes
et les remises en forêt. Des travaux antérieurs de recherches
d'accompagnement ont permis de connaître la productivité en bois
d'Acacia auriculaeformis et même des tables de
production de l'espèce ont été
établies.
Les impacts écologiques explorés ont
contribué à suivre la dynamique de la matière organique du
sol sous influence de plantations d'Acacia
auriculaeformis établies, de quoi avoir une vision
prospective de l'évolution de sol en cas de remplacement de la
forêt naturelle par une forêt plantée
d'Acacia.
Le suivi de l'évolution des
éléments physico-chimiques des sols sous les plantations
d'âges variés d'Acacia auriculaeformis
fait apparaître en ce qui concerne la matière organique du sol et
l'azote total pour les horizons de surface une tendance à
l'accroissement. Des corrélations positives sont observées entre
les teneurs en matière organique du sol et l'azote total et l'âge
des plantations. Des corrélations positives ont été aussi
établies entre le carbone du sol et certaines caractéristiques
physiques (texture limon + argile) et chimique de sol (Ca2+, SCE et
CEC). On en déduit que ces données physico-chimiques de sol
vérifient le modèle de prédiction de la tendance de
séquestration de carbone dans le sol (stockage).
La biomasse abondante d'Acacia
auriculaeformis a certes une influence prépondérante
sur ce relèvement de fertilité de sol à Pahou. Des
propriétés agronomiques des litières et émondes des
plantations, principales sources d'amendement organique et d'engrais
agro-biologiques des systèmes agroforestiers ont été
étudiées à partir des taux de matière sèche
et d'azote. De même les teneurs en éléments
biogéo-chimiques (N, P, K, Mg, Ca et lignine) de ces litières et
émondes ont été étudiées. Ainsi, en ce qui
concerne la teneur moyenne en azote (N total), les émondes
d'Acacia auriculaeformis sont deux fois plus fournies
en azote que la litière de l'espèce. En effet, les émondes
sont la plus importante source d'azote biologique utilisée dans les
systèmes de cultures agroforestières.
De faibles taux de décomposition sont
signalés comme un handicap à l'utilisation d'Acacia
auriculaeformis dans les systèmes de production
agroforestiers associant à l'arbre, une culture annuelle de base. Des
paramètres de meilleure gestion ont été
déterminés tels que des constantes K et la demi- vie des
émondes dans les stations forestières de Pahou sur sols
ferrugineux tropicaux, de Sèmè sur sols minéraux brutes et
de Ouèdo sur sols ferrallitiques. Ce qui a permis de classer par ordre
d'importance les facteurs qui agissent sur la minéralisation des
substrats organiques d'Acacia auriculaeformis comme
suit : enfouissement > station >ombrage. Ainsi, les sols ferrugineux
tropicaux décomposent les émondes d'Acacia
auriculaeformis plus vite que les sols minéraux bruts du
cordon littoral pour libérer les éléments nutritifs.
D'ailleurs, les concentrations en azote des litières et émondes
dépendent pour la plupart de la légumineuse.
Les capacités symbiotiques des plants
d'Acacia auriculaeformis étudiées ont
montré que la nodulation a commencé avec tous les substrats au
bout de 12 semaines après semis. Mieux, 24 semaines après semis,
en ce qui concerne la détermination du potentiel symbiotique stationnel,
il ressort que le nombre de nodules par plant est significativement plus
élevé sur les substrats des plantations
d'Acacia que sur les sols de la
végétation naturelle. De même, la méthode de
différence d'azote a confirmé la tendance de potentiel
symbiotique stationnel déjà observée.
Les premières implications pour les aspects
pratiques sont l'utilisation des substrats de dessous des anciennes plantations
pour améliorer la croissance des plants d'Acacia
auriculaeformis en pépinière ; il s'agit
d'inoculation avec la terre d'empotage (remplissage des pots de
pépinière) prélevée sous les anciennes plantations
de la légumineuse.
La gestion appropriée des litières et
des émondes d'Acacia auriculaeformis
(zéro labour et labour d'enfouissement) avec ou sans apport
complémentaire d'urée sur maïs, a montré en station
et en 1ère saison sur terre de barre, qu'il n'y a pas eu de
différence significative entre les 2 formes d'engrais organiques
(émondes et litière), leur gestion en mode paillis ou par labour
d'enfouissement. Toutefois, la plus forte dose d'urée utilisée
(60 kg.ha-1) a permis une augmentation de rendement de 1,2 t.
ha-1 en maïs grain comparée à la dose zéro
d'urée. Par contre en 2ème saison, des
différences significatives ont été observées pour
les émondes et les litières, puis entre les deux modes de gestion
de la biomasse, paillis et labour d'enfouissement. Cependant, il n'y a plus eu
de différence significative entre les deux doses d'urée
(zéro et 60 kg.ha-1). En milieu réel et en
1ère saison au cours des essais avec la litière et les
deux doses d'urée, la réponse à l'apport d'urée (60
kg.ha-1) est significativement supérieure à celui de
zéro urée.
La comparaison entre la pratique
améliorée de gestion de la litière, des émondes et
la culture sur brûlis paysanne, n'a pas donné de différence
significative entre les litières et les émondes contre le
brûlis de la litière des abatis d'Acacia
auriculaeformis.
Le rendement maïs grain à partir du
brûlis de litière d'Acacia
auriculaeformis a été observé
supérieur au rendement moyen national des dix dernières
années. Pourtant, au plan sylvicole, le brûlis
contrôlé ou «feu forestier » a présenté
quelques avantages notamment en ce qui concerne la
régénération naturelle d'Acacia
auriculaeformis dans le système agroforestier.
Des inventaires de semis naturels d'âge 3-5 mois
d'Acacia auriculaeformis sur les stations
forestières du Sud-Bénin ont révélé un
potentiel séminal édaphique important de l'espèce. Les
régénérations naturelles évaluées
ont
présenté un potentiel de production
caractéristique pour chacune des trois stations forestières
étudiées.
On déduit de l'abondance des semis que la
régénération naturelle par voie générative
supplée les difficultés de propagation végétative
qui caractérise l'espèce pour un aménagement en
régime taillis.
La régénération artificielle par
plantation (RAP) a montré de meilleures caractéristiques
structurales et de productivité pour la
régénération naturelle par voie générative
(RNG). La tendance à la formation de tiges multicaules est plus
importante avec la RAP qu'avec la RNG. La RNG promet une production plus accrue
comparée à la RAP.
De l'étude des aspects d'adoption de la
technologie d'agroforesterie dans les exploitations agroforestières, il
a été constaté que les plantations d'Acacia
auriculaeformis gagnent du terrain au niveau des planteurs des
zones périurbaines du Sud-Bénin. Cependant, l'accroissement des
superficies plantées est plus corrélé avec les besoins de
sécurisation foncière qu'avec les objectifs de production de
bois. Les femmes planteurs sont moins nombreuses. Pour certaines des
technologies installées par l'administration forestière comme les
écartements de plantation, les planteurs ont d'abord adapté les
écartements à leurs besoins (production de branchages pour la
pisciculture aux « Acadja » très pratiquées dans les
plans d'eau du Sud-Bénin) avant leur adoption. Ce qui signifie que le
processus d'adoption de technologie par les populations n'est pas un simple
processus d'appropriation.
Il conviendrait de signaler quelques limites aux
résultats des présents travaux qui concernent successivement la
décomposition de la MO d'Acacia
auriculaeformis, l'évaluation de la production de
litières, les limites des travaux de microbiologie d'inoculation et
d'évaluation de potentiel séminal édaphique. En effet, les
valeurs de K ont été déterminées seulement sur des
substrats frais ou émondes feuilles alors que la litière
abondante sous les plantations est constituée de feuilles et
débris végétaux divers morts. L'évaluation de la
production de litière à partir d'échantillonnage de
placeaux d'inventaire dans les plantations ne permet pas de suivre
l'évolution saisonnière de ladite production, ainsi que la
qualité de celle-ci selon les périodes de l'année. Cette
forme d'évaluation n'informe pas non
plus sur la phénologie de chute de feuilles de
l'espèce. Une autre méthode d'évaluation pourrait
être explorée, celle qui utilise le piégeage des chutes de
litières (litter-trap).
Par ailleurs, les aspects de microbiologie de fixation
de l'azote pourraient être plus approfondis aux fins d'isolement de
souches locales pures et efficientes pour la production d'inoculum. Pour la
RNG, la détermination de potentiel séminal édaphique
à partir d'un simple inventaire de jeunes semis pourrait être
complétée par des travaux en laboratoire et sous serre sur des
échantillons de sols prélevés des quadrats
inventoriés jusqu'aux épuisements des germinations tardives. La
méthode utilisée sous-évalue le potentiel séminal
édaphique mais a l'avantage d'être rapide et sans grand
écart pour la levée des semis des graines viables.
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