CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE
2.1. Cadre conceptuel
Un concept est une représentation mentale,
générale et abstraite d'une catégorie de
phénomènes. Un même concept peut avoir plusieurs sens,
d'où la nécessité de bien définir le concept
utilisé et le sens qui lui est donné dans l'étude (Daane
et al. ; 1992). Les concepts retenus ici sont : variabilité et
changements climatiques, perception, savoirs locaux, stratégies
paysannes d'adaptation aux changements climatiques et
vulnérabilité.
2.1.1. La variabilité climatique et les changements
climatiques
> Distinction entre la variabilité climatique
et les changements climatiques
La variabilité climatique désigne des variations
de l'état moyen et d'autres statistiques (écarts standards,
phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les
échelles temporelles et spatiales au-delà des
phénomènes climatiques individuels. Elle est due à des
processus naturels au sein du système climatique (IPCC,
2001).
Les changements climatiques désignent par contre, une
variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de
sa variabilité, persistant pendant de longues périodes
(généralement, pendant des décennies ou plus). Ces
changements climatiques peuvent être dus à des processus naturels
ou à des changements anthropiques persistants de la composition de
l'atmosphère ou de l'affectation des terres (IPCC, op.cit).
Il se dégage donc que variabilité climatique et
changements climatiques désignent des phénomènes tout
à fait distincts. Ainsi, la variabilité climatique se
réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du
climat, tandis que les changements climatiques désignent une
modification irréversible du climat attribuée directement ou
indirectement aux activités humaines qui altèrent la composition
de l'atmosphère globale et qui s'ajoutent à la variabilité
climatique naturelle observée sur des périodes de temps
comparables.
Toutefois, la difficulté de dissocier
variabilité et changements climatiques, en particulier dans le contexte
africain, peut conduire à des débats complexes et interminables
(Dorsouma, et Requier-Desjardins, 2009). Prenant en compte cette
spécificité, Afouda et al., (2004) propose de
considérer les changements climatiques comme la modification ou la
variation significative du climat, qu'elle soit naturelle ou
due aux facteurs d'origine anthropique.
Plus précis, Ogouwalé (2006) mentionne que les
changements climatiques sont des modifications des statuts de
précipitations et une augmentation prononcée des
températures au cours du temps (généralement des
décennies). En effet, dans la région intertropicale, les deux
facteurs du climat les plus déterminants pour l'agriculture pluviale
sont les précipitations et les températures (Boko, 1988).
Le climat se définissant comme la synthèse des
phénomènes météorologiques observés sur
l'ensemble d'une période statistiquement longue pour pouvoir
établir ses propriétés statistiques d'ensemble à
savoir : valeurs moyennes, variances, probabilités des
phénomènes extrêmes, etc. (Pedelaborde, 1970 et Leroux,
1980 cités par Boko, 1988).
Pour ce qui nous concerne, c'est la définition de
Ogounwalé (2006) à la quelle nous ajoutons, les modifications du
vent qui deviennent récurrentes et affectent l'agriculture ; qui est
adoptée pour notre étude. Ainsi pour notre travail, les
changements climatiques désigne une modification des statuts de
précipitations mais aussi des vents et une augmentation prononcée
des températures au cours de la normale des trente (30) dernières
années.
Si la cause naturelle de la variabilité climatique ne
fait l'objet d'aucun doute, la cause des changements climatiques est parfois
l'objet de controverses dans le monde scientifique.
> Causes des Changements climatiques
Le climat est caractérisé par une tendance
stable sur une longue période de caractéristiques
météorologiques propres à un milieu géographique
donné (GIEC, 2007). Mais cette stabilité est très souvent
rompue pour des causes diverses (très souvent naturelles),
entraînant une modification durable que l'on nomme : changement
climatique. De ce fait, le climat de la terre a déjà subi
plusieurs modifications et autres évolutions cycliques au cours des
âges géologiques comme l'attestent de nombreuses études
paléo climatologiques (Bergonzini, 2004).
Néanmoins, depuis une trentaine d'années, la
préoccupation est devenue plus forte à propos des
éventuels impacts des émissions industrielles de certains gaz
(CFC, CH4, CO2, N2O) sur le devenir du climat de la terre (GIEC, 2007). C'est
le problème du réchauffement global dû aux gaz à
effet de serre (GES).
Les GES ont un rôle important dans la régulation
du climat. Sans eux, la température moyenne sur terre serait de - 18
°C au lieu de + 15 °C et la vie n'existerait peut-être pas
(Bergonzini, 2004). Toutefois, depuis le XIXe siècle, les
activités humaines ont considérablement accru la quantité
de GES présente dans l'atmosphère : entre 1970 et 2007 les
émissions globales de gaz à effet de serre ont augmenté de
70 % (GIEC, 2007). C'est l'origine des changements climatiques actuels
(Bergonzini, op.cit).
Pour Ogouwalé (2006), qui partage ce même point
de vue, les GES sont les principales causes des changements climatiques et les
pays industrialisés sont les grands producteurs de ces GES. Il souligne
par ailleurs que le dioxyde de carbone (CO2) est le GES le plus important et
est responsable à plus de 60% de l'effet de serre.
Au Bénin, les principales sources de GES en
équivalent de CO2 sont les secteurs de l'agriculture et de la foresterie
et la contribution du premier secteur évaluée à 70% est
essentiellement due aux émissions de méthane de ce secteur (MEPN,
2008). Le dioxyde de carbone vient en deuxième position après le
méthane dans l'ordre d'importance des gaz émis par le secteur
agriculture.
Outre les émissions des GES, le PNUD (2007) remarque
que la déforestation est aussi l'une des causes des perturbations
climatiques des régions tropicales. Au Bénin, parmi les causes
anthropiques du réchauffement climatique global, figure en très
bonne partie la déforestation généralisée,
imposée par les besoins croissants des populations en terres agricoles
et en divers produits ligneux (MEPN, 2008).
L'augmentation des concentrations atmosphériques des
GES due aux activités humaines constitue donc, à
côté de la déforestation, la cause fondamentale des
changements climatiques actuels.
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