I.3- Différents types d'allo immunisation
I.3.1- Allo immunisation transfusionnelle
Classiquement, l'allo immunisation transfusionnelle se
manifeste par la synthèse d'anticorps dirigés contre les
antigènes portés par les hématies, les leucocytes, les
thrombocytes, et quelques fois, certains déterminants des
immunoglobulines.
Ainsi, du fait du polymorphisme de ces antigènes, toute
transfusion de sang est forcément incompatible, exceptée celle
pratiquée entre deux (2) jumeaux monozygotes et celle faite en
autotransfusion. [33]
I.3.1.1- Causes de l'allo immunisation
L'allo immunisation est globale : elle concerne aussi
bien les antigènes HLA (Human Leucocyte Antigen) que les multiples
autres antigènes de groupes sanguins érythrocytaires.
En effet, l'analyse des anticorps dans le sérum des
polytransfusés démontre que les anticorps anti-HLA sont les plus
fréquents et les premiers à apparaître.
L'apparition des anticorps immuns dépend de
plusieurs facteurs dont l'immunogénicité de l'antigène du
donneur, le nombre et le rythme des transfusions, le phénotype
érythrocytaire du receveur, l'état immunitaire du receveur, le
sexe du receveur, le déterminisme génétique de la
réponse immunitaire.
a-) Immunogénicité de l'antigène du
donneur
Elle exprime la capacité d'un antigène à
induire une réponse immunitaire. L'immunisation résulte donc de
l'expressivité de l'antigène et du pouvoir antigénique. Ce
pouvoir est donné par la formule suivante :
Nombre
d'anticorps observés
Pouvoir antigénique (%) =
------------------------------------ ×100
Nombre d'anticorps attendus.
b-) Nombre et rythme des stimulations
Il est admis que le risque d'immunisation
croît proportionnellement au nombre et au rythme des stimulations. L'allo
immunisation transfusionnelle est « tous azimuts » et
s'étend à de nombreux systèmes de groupes sanguins.
[34]
c-) Phénotype érythrocytaire du
receveur
De toute évidence, l'allo immunisation ne
peut se faire contre les antigènes communs au donneur et au receveur.
Cependant, les receveurs de phénotype partiellement ou totalement
silencieux, et ceux n'ayant pas d'antigènes publics représentent
une situation particulièrement redoutable. L'allo immunisation peut
alors « exploser » et aboutir à un blocage
transfusionnel. [14 ; 16 ; 46]
d-) Sexe du receveur
Il a été constaté en France
par SALMON, à propos de 2909 polytransfusés, que la femme
s'immunise deux fois plus souvent que l'homme [32]. Cette constatation a
été faite au Bénin par COMPAORE FELICITE dans son
mémoire de fin de cycle [25]
e-) Etat immunitaire du receveur
Certaines maladies prédisposent le sujet
receveur à l'allo immunisation par la transfusion. Nous citons les
cirrhoses ; la maladie de HODGKIN ; les aplasies
médullaires ; les leucémies lymphoïdes chroniques et
aiguës ; la drépanocytose. [32]
f-) Déterminisme génétique de
réponse immunitaire
L'immunisation ou non d'un sujet contre un
antigène résulte du déterminisme génétique
de la réponse immunitaire. En effet, il existe un gène de
réponse immune (Ir) situé dans la région D du
système HLA (HLA-D) pouvant coder pour des molécules de classe
II. Ces molécules présentes sur les macrophages, les lymphocytes
B et les lymphocytes T helper activés sont indispensables à la
coopération cellulaire en vue de la synthèse d'anticorps. Le
gène dominant Ir confère ainsi au sujet le caractère de
répondeur (R) et son allèle récessif, le caractère
de non répondeur (NR). [14 ;16 ;46]
L'allo immunisation ne s'installe pas
immédiatement après une transfusion incompatible. En effet, un
temps de latence est nécessaire à la stimulation du
système immunitaire.
Les allo anticorps deviennent détectables
dans le sérum entre le huitième (8ième) et le
quinzième (14ième) jours après la transfusion
incompatible.
L'évolution des anticorps se présente comme
suit :
Figure n° 4 :
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