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Acteurs et interactions autour des ressources halieutiques du Parc National de la Salonga. Cas de l'exploitation de la rivière Luilaka en RDC

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par Billy Kambala Luadia Tshikengela
Université catholique de Louvain - Master complémentaire en développement environnement et sociétés 2009
  

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Chapitre 3 ANALYSE DU CONFLIT DU PARC

Ce chapitre est consacré à l?analyse du conflit entre PNS et les populations riveraines en territoire de Monkoto. Elle montrera d?abord comment les populations riveraines accèdent aux ressources halieutiques selon leur tradition. Ensuite viendront les différentes stratégies des acteurs institutionnels utilisées pour implanter le PNS (déplacement forcé des populations du territoire) et pour sa protection (gestion unilatérale et non-implication de la population riveraine dans cette gestion).

Sera également abordée la situation économique de la région à partir des différents événements qui ont affecté dans le passé les changements dans l?utilisation courante des ressources naturelles, par les populations riveraines de Monkoto et perturbé les conditions socio-économiques des populations riveraines de ce territoire.

L?analyse s?achèvera par les réactions locales des populations comme réponses aux actions extérieures du milieu, c'est-à-dire aux actions des acteurs institutionnels et leurs partenaires; la perception de la masse populaire vis-à-vis du PNS, ainsi que la désobéissance civique et la non-reconnaissance de l?autorité de l?organe protecteur du PNS

Enfin, la conclusion tentera de proposer un mode de gestion que le protecteur et l?utilisateur des ressources halieutiques du PNS accepteront en vue de diminuer le conflit qui existe déjà entre ces acteurs et/ou prévenir un conflit qui pourra éclater suite au manque d?un modèle négocié de gestion et d? utilisation des ressources halieutique du PNS.

3.1. Accès aux forêts et aux ressources locales

Rappelons que l?autorité au village est représentée par le chef de village. Celui-ci est désigné par le chef de groupement qui est le détenteur du pouvoir coutumier pour tout le clan. Le chef de village est entouré des « notables » chez qui réside le pouvoir de décider comment la communauté doit préserver son passé et organiser son devenir, il peut être responsabilisé par l?administration et devient chef de localité avec pouvoir politico-administratif. Le groupement correspond spatialement à un ensemble des villages dirigé par plusieurs chefs de village. Quant au chef de groupement, son autorité est coutumière; l?administration entérine son titre en lui accordant un pouvoir politico-administratif.

Les ménages locaux ont libre accès aux ressources naturelles situées dans les forêts et les eaux de leur village. Ces secteurs traditionnels comprennent également l?emplacement précédent du village, tel que l?emplacement avant l?ère coloniale où les gens non seulement chassent et pêchent, mais récoltent des fruits et autres produits plantés par leurs ancêtres. Les villageois peuvent défricher la forêt pour leurs activités agricoles partout, à l?exception des cimetières et des jachères d?autrui.

3.1.1. Mécanismes traditionnels d'accès aux ressources

Comme mécanismes traditionnels d?accès, notons que les chefs traditionnels continuent à contrôler l?accès de la communauté à la forêt et aux ressources d?eaux douces. Les individus des villages voisins et les étrangers souhaitant accéder à la terre et aux ressources, doivent solliciter la permission des autorités traditionnelles qui ont également le pouvoir de refuser l?accès aux individus. Selon le village et la ressource, l?accès peut être accordé avec ou sans paiement.

Dans une étude sur les aspects socio-économiques de l?utilisation et de la gestion des ressources naturelles dans le paysage Salonga-Lukenie-Sankuru, les répondants aux « focus groups » des hommes et femmes dans 10 villages de la localité de Monkoto, ont été interviewés sur les mécanismes d?accès pour l?agriculture, la chasse, la pêche et la cueillette de produits forestiers non ligneux. La figure ci-dessous montre les niveaux de restriction pour toutes ces catégories d?accès.

Figure 6. Niveaux d'accès aux foréts et aux ressources locales de Monkoto (10 villages)

0= accès libre, 1= permission, 2= Payement, 3= Pas d?accès.

06

Source: Traitement personnel à partir des données de l?étude de Colomb A. (2006)

La lecture de cette figure laisse voir que la restriction la plus stricte pour des voisins concerne l?accès à la chasse, suivie de l?agriculture et de la pêche. A Monkoto pour les activités de chasse, l?accès est plus restrictif pour des voisins que pour des étrangers. Tandis que l?accès aux forêts de villages pour la collecte de produits forestiers non ligneux, pour l?usage de subsistance, est libre aux voisins et aux étrangers.

Il ressort d?une étude des activités de pêche sur les rivières bordant le PNS qu?à la question de savoir « à qui appartient la rivière Luilaka du côté de la rive opposée au parc », la majorité de personnes interrogées à Monkoto (71%) avait répondu « à tout le monde », insistant sur la nature d?accès libre qui caractérise la ressource, tout au moins dans la perception que les populations locales en ont.

L?Etat Congolais, responsable de jure de ces ressources, n?est cité qu?en deuxième position avec seulement un quart (25%) des réponses150.

Quant à l?accès aux zones de pêche (rivières et étangs), la plupart des personnes interrogées affirment que l?accès à la rivière Luilaka (cours d?eau principal) est libre (99% des réponses) alors que l?accès aux étangs se fait après demande d?autorisation (92% des réponses), la plupart de temps, aux propriétaires ou au chef de village.

En général, ces propriétaires sont des descendants des premiers habitants des villages environnants ayant découvert et s?étant approprié les étangs en question, le plus souvent la demande de permission s?accompagne du payement d?un droit d?accès (généralement une partie de capture comprise entre 10% et 30%). Ces droits d?accès sont également perçus lorsque les étangs se trouvent du côté du parc.

Les conflits sont aussi possibles avec les droits d?accès traditionnel. Notons que les populations locales acceptent et respectent ces règles locales qui régulent de facto l?accès aux étangs privés. Ainsi toute modification des réglementations doit se faire en tenant compte de l?existence de droits coutumiers ancestraux régulant l?accès aux étangs privés si l?on veut éviter tout conflit avec le droit d?accès traditionnel., il y a une forte cohésion de la population locale vis-à-vis du respect de ces règles; laquelle cohésion doit être observée à chaque fois que la possibilité de négocier se présente.

150 BÉNÉ C. et al. (2006). Op.cit.

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