1.4. Notions de conservation des ressources
naturelles
Le concept de conservation n?a pas
bénéficié d?une définition dans la Convention sur
la diversité biologique adoptée lors du Sommet de la Terre
à Rio de Janeiro en 1992, alors qu?il fait partie des 3 buts principaux
du traité international à savoir la conservation de la
biodiversité, l?utilisation durable de ses éléments et le
partage juste et équitable des avantages découlant de
l?exploitation des ressources génétiques.
A cet effet, le concept peut contenir une diversité de
définitions. Pour notre part, nous épousons la définition
de la stratégie globale pour l?environnement biophysique et la
biodiversité qui parle de la conservation comme étant <<
la gestion de l'utilisation par l'homme de la biosphère permettant
aux
118 FAIRHEAD et al. (1994). << Représentations
culturelles africaines et gestion de l?environnement» in: L?homme et la
nature en Afrique. Politique africaine, Ed. Karthala, France, 11-25
119 LEDANT, J-P. (2007) Op.cit
120 LEDANT J-P (2007) Op.cit, p6
générations présentes de profiter des
bénéfices durables tout en maintenant son potentiel de
répondre aux besoins et aspirations des générations
futures >>121.
Le secteur de la conservation de la nature est soutenu par des
organisations internationales de conservation de la nature telles que l?UICN
qui a pour mission d?influencer, d?encourager et d?assister les
sociétés dans le monde entier, dans la conservation de
l?intégrité et de la diversité de la nature, ainsi que de
s?assurer que l?utilisation de ces ressources naturelles est faite de
façon équitable et durable, et le WWF qui assure la conservation
de la nature, en préservant la diversité génétique,
en veillant à ce que l?utilisation des ressources naturelles soit
durable, dans l?immédiat comme à long terme, en encourageant des
mesures visant à réduire la pollution et le gaspillage dans
l?exploitation et la consommation des ressources et de l?énergie.
Le secteur dispose également d?une large base de
financement international. Au nombre des acteurs clés figurent la Banque
Mondiale, la FAO, le FMI, le PNUD, le PNUE et l?UE, ainsi que quelques ONG
internationales.
Tous ces acteurs dominants prônent, d?une part, la
participation des populations locales dans la conservation et gestion des
ressources naturelles et, d?autre part, ils ont chacun leur vision de la
conservation; laquelle vision va souvent à l?encontre des attentes des
populations locales dépendantes de ces ressources naturelles.
En RDC, la conservation des ressources naturelles se
conçoit en termes des aires protégées plutôt que des
espèces à protéger. Conformément à l?article
1er de l?ordonnance-loi n°69-041 du 22 août 1969,
<< toute partie du territoire national peut être constituée
en réserve naturelle intégrale lorsque la conservation de la
faune, de la flore, du sol, des eaux et, en général, d?un milieu
naturel, présente un intérêt spécial et qu?il
importe de soustraire de ce milieu toute intervention susceptible d?en
altérer l?aspect, la composition et l?évolution
>>122.
Les forêts, la faune et la biodiversité de la RDC
sont des ressources stratégiques. Elles représentent une
source irremplaçable de protéines animales, de
médicaments, d?énergie domestique, de matériel de
construction et de revenus monétaires, et jouent de ce fait un
rôle
121 <<The management of human use of the biosphere so
that many yield the greatest sustainable benefit to current generations while
maintaining its potential to meet the needs and aspirations of future
generations: Thus conservation in positive, embracing preservations,
maintenance, sustainable utilisation, restoration and enhancement of the
natural environment.>> "Global Biodiversity Strategy: Guidelines for
Action to Save, Study, and Use Earth's Biotic Wealth Sustainably and
Equitably", 1992
122 Voir l?ordonnance-loi n°69-041 du 22 août 1969
important dans la vie d?environ 40 millions de Congolais,
spécialement des populations rurales et autochtones123.
Par conséquent, la manière dont l?Etat, les
populations, la société civile, le secteur privé et
d?autres acteurs interagissent dans l?accès à ces ressources
naturelles, dans le partage des responsabilités de gestion, du maintien
des droits coutumiers et de la jouissance des bénéfices
économiques, n?est pas équitable.
De nombreux problèmes de gestion des
écosystèmes naturels dans les aires protégées et en
dehors de celles-ci se posent; entre autre l?inefficacité du suivi et du
contrôle de l?application de la réglementation régissant
l?exploitation des ressources biologiques (effectifs insuffisants, peu
formés, sous-équipés), la démotivation du personnel
due à l?insuffisance et à la modicité du salaire, des
primes et autres avantages sociaux, la non-implication des populations locales
et riveraines des aires protégées dans les programmes de gestion
et d?aménagement des écosystèmes naturels, le cadre
institutionnel de gestion mal adapté et aux contours souvent mal
définis124.
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