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Gestion, mesure et communication sur les risques au sein des établissements de crédit au regard du contexte tunisien et des standards internationaux

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par Zied LOUKIL
Université du 7 novembre Carthage - Diplôme d'expert comptable 2010
  

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1.2. Les impacts de l'adoption des normes IFRS

Les normes sectorielles tunisiennes spécifiques aux banques, à savoir ; les NCT 21 à 25, présentent de divergences significatives avec les normes IFRS relatives à la comptabilisation, l'évaluation et l'information financière à produire au titre des instruments financiers et de la gestion des risques, à savoir ; les normes IAS 32, IAS 39 et IFRS 7.

Dans le cadre ce paragraphe, nous allons étudier les principales conséquences d'une telle réforme en matière de règles et méthodes comptables et de modalités opérationnelles de mise en oeuvre.

Les principales nouveautés apportées par les normes IFRS qui pourraient avoir des conséquences considérables sur les comptes des établissements de crédit tunisiens sont :

· l'application élargie du principe de juste valeur,

· l'évaluation des créances au coût amorti selon la méthode du taux d'intérêt effectif (TIE) et l'activation des coûts de transaction,

· la dépréciation individuelle et collective des créances,

· l'introduction de la comptabilité de couverture,

· et le renforcement de l'information financière.

D'autres normes IFRS, tel que la norme IAS 19 « avantages au personnel » et IFRS 2 « paiements fondés sur des actions », pourraient avoir également des impacts significatifs sur les états financiers des établissements de crédit. Néanmoins, n'étant pas spécifiques à l'activité bancaire, les impacts de ces normes ne seront pas étudiés dans le cadre de ce mémoire.

1.2.1. L'application élargie de la juste valeur

L'application élargie de la juste valeur par les établissements de crédit tunisiens, conduira à plus de volatilité des résultats et des capitaux propres.

Un tableau comparatif des modalités de classification et d'évaluation des instruments financiers selon IAS 39 « Instruments financiers : comptabilisation et évaluation » et selon la NCT 25 « Portefeuille titres dans les établissements bancaires » est présenté en Annexe 25.

En effet, la norme IAS 39 élargit le champ d'application de la juste valeur et de prise en compte des plus values latentes, soit en résultat pour le portefeuille de trading (HFT), soit en capitaux propres pour les titres disponibles à la vente (AFS). Les titres détenus jusqu'à l'échéance (HTM) ainsi que les prêts et créances (L&R) quant à eux sont comptabilisés au coût amorti selon la méthode du taux d'intérêt effectif (TIE).

L'élargissement de l'application du principe de juste valeur est susceptible d'avoir des impacts à la hausse des bilans et des capitaux propres des établissements de crédit.

Les études d'impact du passage aux normes IFRS sur les établissements de crédit réalisés, à l'échelle européenne par le CECB380 sur l'ensemble des établissements de crédit européens, et en France par la Commission Bancaire sur trois établissements de crédit français, ont conclu que l'application des normes IFRS a entraîné une hausse des bilans des établissements de crédit, respectivement à hauteur de 9% à l'échelle européenne et de 12,6% à l'échelle française, résultant essentiellement de l'intégration des instruments dérivés au bilan à la juste valeur.

380 : Committee of European Banking Supervisors (CEBS), «The impact of IAS/IFRS on bank's capital and main balance sheet items«, 16 february 2006.

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Par ailleurs, ces études confirment l'impact à la hausse sur les capitaux propres résultant de l'intégration des plus values latentes sur les titres disponibles à la vente (AFS), respectivement chiffré à une hausse de 9% des réserves de réévaluation381 à l'échelle européenne et à une hausse de 5,8% des capitaux propres à l'échelle française.

Les études du CECB et de la Commission Bancaire ont mis en évidence la diminution du ratio de solvabilité des établissements de crédit suite à leur passage aux normes IFRS, résultant des effets de la première application de ce référentiel.

L'autorité de surveillance bancaire doit donc tenir compte des impacts de l'adoption aux normes IFRS sur les fonds propres réglementaires des établissements de crédit tunisiens, et doit mettre en place des règles prudentielles permettant de conserver un niveau de fonds propres satisfaisant.

Les impacts du passage aux normes IFRS sur les bilans et les fonds propres réglementaires des établissements de crédit européens, résultant d'un comparatif des états financiers établis en normes nationales en date du 31 décembre 2004 et en normes IFRS en date du 1er janvier 2005, extraits du rapport du CECB, sont présentés en Annexe 26.

Par ailleurs, la comptabilisation des instruments financiers à la juste valeur peut induire à des difficultés d'application en période d'inefficience des marché ou en cas d'absence de marché liquide. Cette situation peut également avoir des impacts sur la fiabilité des méthodologies et des évaluations retenues et engendrer des disparités entre les pratiques retenues par les établissements de crédit.

La crise financière a mis en évidence les difficultés d'application du principe de juste valeur en période d'illiquidité et en l'absence d'une valeur de marché pertinente et fiable, ce qui a poussé le FASB et l'IASB à agir rapidement en apportant des précisions complémentaires et détaillées sur les modalités d'application du principe de juste valeur en situation d'illiquidité des marchés.

Ces précisions, ainsi que l'ensemble des mesures prises et des recherches réalisées dans ce domaine, permettront d'atténuer les difficultés et les disparités liées à l'application de ce principe.

L'application de la norme IAS 39, implique une matérialisation de l'intention de gestion par les établissements de crédit pour justifier la classification comptable des instruments financiers et par conséquent leur méthodologie d'évaluation.

Les établissements de crédit doivent mettre en place une procédure de suivi et de collecte des valeurs de marché pour les instruments financiers comptabilisés à la juste valeur, et doivent être en mesure de se prononcer sur la fiabilité et la pertinence de ces valeurs.

La validation des valeurs de marché au niveau de l'établissement de crédit se fait, soit à travers la validation des valeurs collectées avec des sources externes d'information financière pour les produits financiers qualifiés de simples (cours de bourse pour les titres cotés, valeurs liquidatives obtenues de la part des sociétés de gestion pour les OPCVM....), soit à travers la mise en place en interne d'un dispositif de contre valorisation des produits financiers qualifiés de complexes.

En cas d'absence d'un marché actif (mark to market), les établissements de crédit seront amenés à utiliser des modèles d'évaluation interne (mark to model), qui nécessitent le recours à des méthodologies actuarielles d'évaluation nécessitant des compétentes techniques spécifiques.

L'audit interne dans le cadre de la conduite de ses missions, doit apporter une attention particulière au processus de mise en place, de suivi et de validation des modèles d'évaluation interne, pour assurer la fiabilité des valeurs retenues.

Les modèles internes d'évaluation doivent également faire l'objet de tests de résistance à posteriori (back testing), et doivent être correctement documentés avec une piste d'audit bien identifié.

381 : L'impact global sur les capitaux propres des établissements de crédit européens est une baisse de 5%, résultant essentiellement de la comptabilisation des engagements de retraite.

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La mise en place de ces modèles nécessite le recours à des compétences techniques spécifiques, en particulier à des actuaires, au niveau des établissements de crédit, ainsi qu'au niveau des cabinets de commissaires aux comptes et de l'autorité de surveillance pour pouvoir porter un jugement sur la pertinence et la fiabilité de ces modèles d'évaluation.

1.2.2. L'évaluation des créances au coût amorti selon la méthode du TIE et l'activation des coûts de transaction

La norme IAS 39 préconise l'évaluation des prêts et créances (Loans & Receivables) au coût amorti selon la méthode du taux d'intérêt effectif.

Le taux d'intérêt effectif correspond au taux qui actualise les flux futurs de trésorerie sur la durée de vie prévue de l'actif ou du passif financier avec sa valeur nette comptable.

La valeur nette comptable d'un actif ou d'un passif financier intègre les coûts de transaction, à savoir ; les coûts marginaux directement attribuables à l'acquisition de ces instruments, dans la valeur initiale d'acquisition.

Selon le référentiel comptable tunisien, les prêts et créances sont comptabilisés pour leur montant effectif. Les titres sont comptabilisés à leur coût d'acquisition hors frais et charges, à l'exception de ceux inclus dans le coût des titres de participation.

L'évaluation des actifs et passifs financiers au coût amorti selon la méthode du taux d'intérêt effectif et l'intégration des coûts de transaction dans la valeur d'acquisition de l'instrument financier, auront dont un impact non négligeable sur le traitement des créances au sein des établissements de crédit tunisien.

En effet, l'application de la méthodologie d'IAS 39, implique l'activation des frais directement liés l'octroi des crédits (frais de dossier, commissions, honoraires...) dans la valeur nette comptable initiale qui servira de base à la détermination du taux d'intérêt effectif.

L'activation des frais directement liés à l'octroi des crédits aura un impact à la hausse sur le bilan des établissements de crédits tunisiens, résultant de l'augmentation des créances. Par ailleurs, ces frais seront intégrés au résultat sur la durée du crédit selon la méthode du taux d'intérêt effectif et non pas sur l'exercice de leur engagement.

Le taux d'intérêt effectif est calculé sur la base des flux futurs prévisionnels de trésorerie et non pas sur la base des flux contractuels (tableau d'amortissement du crédit). Dans le cas d'un crédit à taux variable, le taux d'intérêt effectif est recalculé à chaque modification de taux.

La révision à la hausse des flux futurs de trésorerie, se traduira par une révision du taux d'intérêt effectif à compter de la date du changement d'estimation. Une révision à la baisse des flux futurs de trésorerie se traduira par un ajustement à la baisse de la valeur comptable de la créance.

La méthode du coût amorti selon le taux d'intérêt effectif, constitue une méthode d'évaluation et d'ajustement de la valeur comptable des créances en fonction du risque de contrepartie et des perspectives de remboursement.

Cette méthodologie est sensiblement différente des règles de classement et de provisionnement des créances douteuses applicables aux établissements de crédits tunisiens et fixées par la BCT.

Lorsque des crédits sont octroyés à des conditions inférieures aux conditions de marché, une décote correspondant à l'écart entre la valeur nominale de la créance et la somme des flux de trésorerie futurs actualisés au prix de marché, est comptabilisé en diminution de la valeur nominale du crédit en contrepartie du compte de résultat. Le taux d'intérêt effectif inclut les décotes et permet leur étalement sur la durée de vie du crédit.

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Dans le cas où des crédits sont octroyés à des conditions supérieures aux conditions de marché, une surcote est comptabilisée en augmentation de la valeur nominale en contrepartie du résultat et sera amortie sur la durée de vie du crédit selon la méthode du taux d'intérêt effectif.

La comptabilisation des créances selon la méthode du taux d'intérêt effectif, implique la mise en place de développements informatiques spécifiques au sein des établissements de crédit permettant :

· le calcul des surcotes / décotes sur les crédits octroyés en dehors des conditions de marché,

· l'actualisation des flux futurs de trésorerie pour le calcul du taux d'intérêt effectif, au moment de l'octroi du crédit, et sa révision en cas de changement d'estimation,

· l'actualisation des flux futurs de trésorerie pour l'estimation de la valeur recouvrable du crédit, à chaque date d'arrêté des comptes ou lorsqu'il existe un indice objectif de dépréciation,

Les établissements de crédit doivent mettre en place un dispositif de détection des indices de dépréciation de valeur et adopter une approche prospective de mesure du risque de contrepartie sur la base de la valeur recouvrable.

Les modalités de calcul et comptabilisation des pertes de valeur sur les crédits, sont présentés dans le paragraphe suivant.

1.2.3. La dépréciation individuelle et collective des créances

Le risque de crédit constitue le risque majeur de l'activité bancaire, le mode de dépréciation des créances à la clientèle au titre de ce risque constitue donc un enjeu significatif pour les établissements de crédit.

La norme IAS 39 définit les modalités de calcul et de comptabilisation des pertes de valeur constatées sur les créances à la clientèle, et distingue deux types de dépréciations :

· les dépréciations sur base individuelle : à chaque date de clôture où s'il existe une indication objective de dépréciation, l'établissement de crédit doit estimer la valeur recouvrable de la créance, qui correspond à la valeur actualisée au taux d'intérêt effectif d'origine des flux futurs prévisionnels, et la comparer la valeur comptable.

Dans le cas où la valeur recouvrable est inférieure à la valeur comptable de la créance, une dépréciation est comptabilisée en résultat, après prise en compte de la garantie.

L'effet actualisation relatif à la méthodologie de calcul des dépréciations sur la base de la valeur actualisée des flux futurs devrait induire mécaniquement à une augmentation du niveau des dépréciations de créances au sein des établissements de crédit tunisiens.

· les dépréciations sur base collective (ou sur base de portefeuille) : les dépréciations sur base collective couvrent des risques non avérés sur base individuelle, sur un portefeuille de créances présentant des caractéristiques homogènes en matière de risque de crédit.

La norme IAS 39, ne présente pas de méthodologie spécifique pour le calcul des dépréciations sur base collective, ce qui peut engendrer des divergences de pratiques entre les établissements de crédit.

En pratique, ces dépréciations sont calculées sur des groupes de créances ou de contreparties ayant les mêmes notations internes ou ayant subi une dégradation du risque de crédit ou des incidents de paiement depuis l'origine, sans que ces événements ne nécessitent une dépréciation sur base individuelle.

Des approches complémentaires peuvent également être retenues, à travers une analyse sectorielle ou géographique des portefeuilles de créances.

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Après la définition des groupes homogènes de créances, qui constituent l'assiette de calcul de la dépréciation, une probabilité de défaut est estimée sur la base des données historiques mais également sur la base des prévisions futures.

La dépréciation sur base collective est donc évaluée et comptabilisée sur la base d'une approche prospective, qui nécessite la définition d'une méthodologie de calcul fiable et pertinente au sein des établissements de crédit.

L'application des normes IFRS par les établissements de crédit tunisiens, aura donc des impacts sur leurs systèmes d'information afin de les adapter aux calculs actuariels nécessaires pour le calcul des valeurs récupérables des créances (dépréciation sur base individuelle) et leur dispositif interne de gestion et de mesure des risques, notamment pour la mise en place d'un modèle de provisionnement collectif (dépréciation sur base collective).

Les deux méthodologies de dépréciation des créances proposées par IAS 39 devraient amener à une hausse du niveau de provisionnement des créances au sein des établissements de crédit tunisiens. Cette hausse sera compensée par les éventuelles reprises des provisions générales ou forfaitaires constituées par les établissements de crédit, qui ne sont pas permises dans le référentiel IFRS.

L'impact de l'application des normes IFRS sur le niveau de provisionnement des créances au sein des établissements de crédit qui doit faire l'objet d'une attention particulière de la part de l'autorité de supervision bancaire lors du passage au nouveau référentiel comptable, pour s'assurer de son adéquation avec les risques réellement encourus.

La revue de la méthodologie de dépréciation sur base collective et de sa pertinence, rentre dans le cadre des diligences professionnelles des commissaires aux comptes.

1.2.4. L'introduction de la comptabilité de couverture

L'introduction de la comptabilité de couverture, constitue l'une des principales évolutions apportées par la norme IAS 39.

Selon la norme IAS 39, les instruments dérivés sont comptabilisés par défaut au bilan dans la catégorie actifs financiers à la juste valeur (HFT) avec une comptabilisation des variations de valeur en résultat.

Néanmoins, la norme offre la possibilité de comptabiliser ces dérivés selon une comptabilité dite de couverture, sous réserve de respecter un certain nombre de critères, permettant ainsi de neutraliser la volatilité des résultats que pourrait engendrer la classification des dérivés en HFT et traduire ainsi l'intention de gestion de couverture des risques.

Une opération de couverture est caractérisée par la désignation d'un ou de plusieurs instruments de couverture de sorte que leur variation de juste valeur (ou de flux de trésorerie) compense, intégralement ou en partie, la variation de juste valeur (ou de flux de trésorerie) d'un élément couvert.

La comptabilité de couverture est donc une comptabilité d'exception permettant, sous couvert du respect de certains critères de documentation et de comptabilité, de limiter la variation de juste de valeur de l'élément couvert.

La norme définit les règles d'éligibilité des instruments financiers (éléments couverts et instruments de couverture) à la comptabilité de couverture et les types de relations possibles, à savoir ;

~ La couverture de juste valeur (Fair Value Hedge) vise couvrir les variations de prix d'un actif ou d'un passif financier ou d'un engagement ferme.

La variation de juste valeur du dérivé est inscrite en résultat symétriquement à celle de l'élément couvert, et l'inéfficacité éventuelle est comptabilisée en résultat.

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· La couverture de flux de trésorerie (Cash Flow Hedge) vise à couvrir le risque de variations de flux futurs (actifs ou passifs financiers à taux variables).

La variation de juste valeur du dérivé est inscrite en réserve de réévaluation pour la partie efficace. La partie inefficace est comptabilisée au compte de résultat.

· La couverture d'un investissement net (Net Investment Hedge) visa à couvrir les variations de change sur un investissement en devises.

A la date de la désignation d'une relation de couverture, l'établissement de crédit doit mettre en place une documentation formalisée décrivant l'instrument de couverture, la transaction, la nature du risque couvert, le type de couverture choisi et la manière dont on évaluera l'efficacité de l'instrument de couverture à compenser les variations de juste valeur ou de flux de trésorerie de l'élément couvert.

Le lien d'adossement entre l'élément couvert et l'instrument de couverture doit également être mis en évidence sur la durée de vie de la relation.

L'établissement de crédit doit démonter l'efficacité de la relation de couverture de manière prospective et rétrospective :

· à l'initiation de la relation de couverture et pendant toute sa durée, les variations de juste valeur ou de flux de trésorerie de l'élément couvert sont presque intégralement compensées par les variations de l'instrument de couverture (test prospectif),

· si les résultats réels de cette compensation, observée au minimum à la date de chaque arrêté, se situent dans un intervalle compris entre 80% et 125 % (test rétrospectif).

A chaque arrêté comptable, l'établissement de crédit doit démonter l'efficacité de la relation, dont le ratio de variations de valeur doit être compris entre 80% et 125 %.

Si la relation de couverture n'est pas efficace, le dérivé est déqualifié à partir de la date où la relation de couverture n'est plus efficace.

La mise en place de la comptabilité de couverture au sein des établissements de crédit est soumise à des règles strictes et exigeantes en matière d'éligibilité, de documentation, d'adossement et de démonstration prospective et rétrospective de l'efficacité des relations.

A noter que la version de la norme IAS 39 adoptée par l'Union européenne ne reprend pas certaines dispositions concernant la comptabilité de couverture, jugées incompatibles avec les stratégies de réduction du risque de taux d'intérêt mises en place par les banques européennes.

Le « carve out » de la norme IAS 39 a permis aux banques européennes de couvrir des ressources contractuellement à vue mais économiquement à moyen et long terme (dépôts à vue), des passifs rémunérés et le portefeuille de crédits à la clientèle.

Aujourd'hui, l'exposition des banques tunisiennes au risque de change et au risque de taux est relativement limitée, résultant d'une réglementation protectionniste sur le change et de l'indexation des taux de crédit au TMM.

Néanmoins, la poursuite de la modernisation du secteur bancaire tunisien, de la libéralisation des services et l'ouverture sur l'international, aura certainement des impacts sur l'exposition des établissements de crédit aux risques de taux et de change, et sur leurs stratégies de couverture.

Par ailleurs, la marco couverture telle que appliquée par les banques européennes, pourrait répondre aux besoins des banques tunisiennes, car elle se rapproche de la gestion du bilan (ALM) et limite la volatilité des capitaux propres et des résultats.

L'application de la macro couverture est soumise également à des règles d'efficacité et de documentation :

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· le portefeuille désigné comme étant l'élément couvert, doit présenter une maturité contractuelle et un encours supérieurs à ceux des swaps désigner en couverture,

· l'établissement de crédit doit toujours être en situation de sous couverture par rapport à l'encours couvert,

· l'établissement de crédit doit réaliser un test d'assiette pour démontrer la sous couverture, à l'initiation de la relation et à chaque date d'arrêté comptable.

La justification de la relation de couverture, nécessite la mise en place de lois d'écoulement des portefeuilles d'actifs et de passifs financiers couverts (dépôts à vue, crédits immobiliers...). Pour les crédits, une hypothèse de remboursement anticipé doit également être retenue.

La mise en place de ces lois d'écoulement, nécessite la disposition de données historiques suffisantes et fiables, et le développement de modèles mathématiques prévisionnels.

1.2.5. Le renforcement de l'information financière

Les normes IFRS et la norme IFRS 7 « Instruments financiers : informations à fournir » en particulier, dont les apports et les principales dispositions ont été présentés dans le chapitre 1 « Principales réglementations internationales » de la deuxième partie de ce mémoire, permettront d'améliorer l'information financière sur les instruments financiers des entreprises et des établissements de crédit.

Les informations à fournir demandées par IFRS 7 (quantitatives et qualitatives) apporteront plus de transparence sur la gestion des risques, la détermination de la juste valeur et la gestion du capital au sein des établissements de crédit.

L'information financière communiquée par les établissements de crédit tunisiens à ce stade, semble insuffisante pour donner une vision pertinente sur les dispositifs internes en matière de gestion et de mesure des risques.

L'application des dispositions de la norme IFRS 7, en phase avec le pilier 3 de Bâle II « Discipline de marché », présenté également ci avant, impliquera un renforcement de la transparence en matière de gestion des risques de la part des établissements de crédit tunisiens.

Certaines informations financières relatives aux risques ou à la juste valeur, nécessitent la mise en place d'une documentation et d'une piste d'audit adéquates par les établissements de crédit pour permettre leur validation par les commissaires aux comptes et par l'autorité de surveillance bancaire en cas de contrôle.

Une étude réalisée par le Cabinet KPMG382 sur la communication financière des banques européennes au 31 décembre 2007, conclut à ce que toutes les banques ont fourni une meilleure information sur la qualité de leurs risques de crédit et de liquidité, et que le renforcement en matière d'information financière et la complexité accrue des normes comptables ont conduit à un accroissement des volumes des rapports annuels résultant des exigences de publication de la norme IFRS 7.

Néanmoins, cette même étude relève que la structure et la qualité des informations fournies dans les rapports annuels demeurent hétèrogénes du fait de l'absence de format précis préconisé par les normes IFRS, ce qui rend difficile leur comparabilité.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo