CHAPITRE V : RECHERCHE DES DETERMINANTS DE
LA MALNUTRITION DES ENFANTS
Le chapitre précédent a mis en évidence
des associations entre certaines variables explicatives et la malnutrition des
enfants. L?objet de ce chapitre est de confirmer ou non ces relations, cela
dans une perspective explicative permettant d?identifier les
déterminants de ce phénomène.
Compte tenu de la nature dichotomique de la variable
dépendante (1=malnutrition ; 0= sinon) et du faible poids de la
modalité valide (10,7%), la régression logistique apparaît
comme la technique d?analyse la plus indiquée. L?application de cette
technique se fait selon les étapes suivantes :
- constitution des modèles de régression pour
chacun des trois groupes de facteurs explicatifs présentés dans
le modèle conceptuel. Pour chaque modèle de régression,
analyse des effets bruts et nets des variables du groupe
considéré ;
- Constitution d?un mod~le intégrant les variables
intermédiaires. Comme à l?étape
précédente, analyse des effets bruts et nets de chacune des
variables ;
- Constitution d?un mod~le global intégrant tour
à tour les trois groupes de facteurs explicatifs et les variables
intermédiaires, appréciation du comportement des variables
explicatives en l?absence puis en présence des variables
intermédiaires.
Pour sélectionner et hiérarchiser les facteurs
de risque de la malnutrition des enfants, nous avons utilisé la
procédure lroc du logiciel STATA. Celle-ci permet
d?évaluer la contribution de chaque facteur à la
prédiction totale (Modèle final) et à dégager ainsi
une structure hiérarchique des prédicteurs (Boquier,
1996)8. Le lancement de cette procédure sur STATA en
particulier se fait à la suite de la commande « logistic ». On
obtient à la suite un tracé de la courbe ROC9. Plus le
tracé est courbe vers le coin en haut à gauche du graphique,
meilleure est la prédiction. Un modèle sans pouvoir de
prédiction aurait une courbe tracée à 45°
8 L?ANALYSE DES ENQUETES BIOGRAPHIQUES à l?aide
du logiciel STATA.
9 Recever Operating Characteristic : le terme, qui
provient de la théorie de détection des signaux, est
utilisé par convention.
qui se confondrait alors avec la diagonale sur le graphique.
La surface au-dessous de la courbe serait de 0,50. Un modèle avec un
pouvoir total de prédiction (PPT) aurait pour courbe ROC une droite
verticale le long de l?axe de sensibilité. La surface au dessous de la
courbe serait de 100%. Mais comme cette procédure fournit plutôt
le pouvoir prédictif total (PPT), le pouvoir
prédictif réel (PPR) s?en déduit à
l?aide de la formule suivante :
On désigne par ÄPPR, l?apport d?un facteur ou un
groupe de facteurs dans le mod~le de régression suivant, il se calculera
comme suit : ÄPPRPPRi-PPRi-1 où i est le nombre de modèles
de régression logistique (i1, 2, 3, n).
V-1 : Influence des facteurs environnementaux
Les résultats du modèle de régression
constitué par les facteurs environnementaux sont cosignés dans le
tableau 10.
Tableau 10 : Risque de malnutrition chez les enfants en
fonction des facteurs environnementaux
VARIABLES
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Odds ratio « rapport de côtes »
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Modèle 0 (effets bruts)
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Modèle1
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Modèle2
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Région
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- Basse Guinée
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1,32 ns
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1,32 ns
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1,31 ns
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- Moyenne Guinée
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1,98***
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1,98***
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1,94***
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- Haute Guinée
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1,63***
|
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1,63***
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1,61**
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- Guinée Forestière
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r
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r
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|
r
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- Conakry
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1,63**
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1,63**
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1,76**
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PPR=26,46%
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Milieu de résidence
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- Urbain
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0,98 ns
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0,90 ns
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- Rural
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r
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|
r
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PPR=22,86%
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Signification
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***
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***
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***
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PPR (%)
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26,46
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26,48
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ÄPPR (%)
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0,02
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(*) prob =0,10; (**) prob =0,05; (***) prob =0,01; (ns) non
significatif ; r désigne la modalité de
référence.
Parmi les deux variables sélectionnées pour
rendre compte des facteurs environnementaux, seule la région de
résidence influence significativement (effets brut et net) la
malnutrition des enfants. Quant au milieu de résidence, il n?agit pas
sur ce
phénomène. La non-pertinence de cette variable
s?aperçoit au niveau de sa contribution quasi nulle (0,02%) au pouvoir
prédictif du modèle qui la contient avec la région. Notons
toutefois que la prise en compte du milieu de résidence dans l?analyse
(Mod~le2) modifie l?effet de la région naturelle. A Conakry par exemple,
la considération du milieu de résidence augmente le risque de
malnutrition de 12 points, sachant que la valeur initiale de ce risque (effet
brut) est de 63% plus élevé Guinée foresti~re. Bien que
qu?invariable en haute Guinée, le risque de malnutrition y perd une
partie de sa signification statistique (passant du seuil de 1% à celui
de 5%) sous l?effet du milieu de résidence. Dans l?ensemble, les
résultats d?analyse montrent que le risque pour un enfant d?être
malnutri est relativement plus faible en Guinée forestière que
dans les autres régions naturelles. Mais ce risque ne varie pas
significativement lorsqu?on compare la situation nutritionnelle des enfants de
cette région à celle des résidents de la basse
Guinée.
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