2-2 La présence des autres membres du G20 en
l'amérique latine
Inaugurée il y a trente-trois ans, la réunion
annuelle du club des pays riches avait vieilli. Le cercle était devenu
trop étriqué, trop occidental, trop cossu. Au départ,
l'Asie n'y était représentée que par le Japon,
généralement muet ; l'Amérique latine et l'Afrique
n'y figuraient pas. Chute des murs, basculement du monde, village global,
dialogue des cultures : le groupe des Six (G6) de 1975, devenu G7
l'année suivante (avec l'arrivée du Canada), puis G8 en 1997
(après l`entrée de la Russie), s'est métamorphosé
en G20 dès 1999.
Avec l'irruption du Brésil, de l'Argentine, de l'Afrique
du Sud, de l'Inde, de la Chine, le G20 allait, chambouler un ordre
international vermoulu, donner la parole aux pays du Sud, sonner le glas du
« consensus de Washington ».
En novembre 2008, l'occasion paraissait rêvée.
La pression populaire était forte, et l'urgence économique
offrait l'occasion de tout mettre à plat, de tout
« refonder » dans la polyphonie du nouveau monde.
Ces dix
dernières années, l'Amérique latine a affiché une
croissance économique remarquable. Selon la CEPAL, le PIB de la
région a progressé de 5,7 % en 2007. En dépit du
ralentissement qui se dessine actuellement au niveau mondial, malgré une
baisse à 4,7 % en 2008. C'est la sixième année
consécutive de croissance soutenue, soit la plus forte expansion
économique au niveau régional observée depuis quarante
ans.
Au cours de la dernière décennie, l'insertion des
pays du Sud dans la mondialisation a dû faire face aux crises
financières, au fardeau grandissant de la dette extérieure et
à la paupérisation des populations dans les pays les moins
développés.
Premiers financiers du monde "en développement", la
Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont parfois
accusés d'être responsables des échecs du
développement. Prenant acte de ces échecs, de nouvelles
stratégies de développement émergent, axées
notamment sur la lutte contre la pauvreté.
En même temps, le système international se
caractérise par une forte aggravation des inégalités : un
des problèmes cruciaux, selon Amartya Sen, prix Nobel d'économie
1998, est celui du partage des bénéfices potentiels de la
mondialisation, entre pays riches et pauvres, mais aussi entre les divers
groupes humains à l'intérieur des nations. Les institutions
financières internationales, Banque mondiale et FMI sont au coeur de ces
contradictions. Crises financières mettant à mal
l'orthodoxie financière, dette pharaonique de certains pays, crise de
l'aide, difficultés économiques des pays industrialisés
revoyant leur aide publique au développement à la baisse, les
années 2000 voient les pays du Sud confrontés à de
nouveaux bouleversements nés de la mondialisation. Devant les
conséquences souvent dramatiques des plans drastiques d'ajustement
structurel mis en place dans les années 80, les institutions
financières internationales ont dû chercher une nouvelle approche
socio-économique, en adoptant notamment une politique de lutte
prioritaire contre la pauvreté.
Les politiques du FMI et de la Banque mondiale sont,
depuis quelques années, soumises à des critiques, de la part des
réformateurs et des conservateurs, critiques relayées par les
organisations non gouvernementales, mais aussi par les pays émergents,
demandeurs de plus en plus insistants de réformes structurelles.
Dans cette optique, nombre de dirigeants regrettent que pour
l'heure actuelle, le continent ne soit représenté au G20 que par
les voix du Brésil, de l'Argentine et du Mexique. Plusieurs pays
latino-américains appellent à une refondation des institutions
internationales et de leur représentativité.
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